:
Oui, je vais commencer.
Merci beaucoup. C'est pour moi un plaisir que d'être parmi vous aujourd'hui. Je vous suis reconnaissant de m'avoir invité.
Je m'appelle Sean Whittaker et je suis vice-président, Politiques, à l'Association canadienne de l'énergie éolienne. Aujourd'hui, je vais vous faire un bref exposé sur l'état du programme écoÉNERGIE, particulièrement en ce qui a trait à l'énergie éolienne.
J'ai une série de diapositives dont je distribuerai des copies aux membres du comité plus tard.
[Français]
Je vais faire ma présentation en anglais. Toutefois, si vous désirez poser des questions en français, n'hésitez pas à le faire.
[Traduction]
Tout d'abord, je vais vous donner un aperçu de la situation actuelle et vous dire où se concentre la production d'énergie éolienne à l'échelle planétaire. Il y a environ 160 000 mégawatts d'éoliennes installées un peu partout dans le monde. Près d'un demi-million de personnes travaillent dans l'industrie éolienne, que ce soit dans la production, le développement ou les services de soutien.
En 2009, fait intéressant, les Européens et les Américains ont créé plus de capacité éolienne que n'importe quelle autre nouvelle source de production d'électricité, de sorte que l'énergie éolienne se classe au premier rang en Europe et aux États-Unis pour la capacité de génération d'électricité nouvellement installée.
Ici, au Canada, nous avons eu des courbes de croissance similaires au cours des six dernières années. L'augmentation du nombre de mégawatts installés a été multipliée par 10. Aujourd'hui, nous comptons approximativement 3 400 mégawatts sur le terrain qui fournissent de l'électricité à environ un million d'habitations et comblent près de 2 p. 100 de la demande en électricité au pays.
Il est intéressant de noter qu'au coeur de la dernière récession économique mondiale, en 2009, nous avons enregistré un nombre record d'installations, tant au Canada qu'aux États-Unis. Cela démontre qu'en période de bouleversements économiques, le dynamisme et les avantages que suscite le développement de l'énergie éolienne sont tels qu'ils ont permis de maintenir la croissance sur sa lancée.
Chose certaine, l'énergie éolienne a un avenir très prometteur. Au niveau mondial, selon des estimations plutôt conservatrices, on prévoit que d'ici 2020, autour d'un billion de dollars en investissements seront injectés dans l'industrie éolienne. Cette popularité de l'énergie éolienne se manifeste de deux façons. D'abord, il y a les aides directes accordées au moyen d'initiatives comme le programme écoÉNERGIE et, aux États-Unis, le crédit d'impôt à la production; dans ce pays, on établit également des normes de pourcentage d'énergies renouvelables. Ce sont donc des mesures incitatives directes. Ensuite, il y a les incitatifs indirects, représentés essentiellement par l'établissement du prix du carbone, les cadres réglementaires destinés à fixer le prix du carbone. Et les deux se complètent.
Au Canada, les perspectives de croissance sont extrêmement bonnes. Si vous additionnez tous les engagements que les différentes provinces ont mis en oeuvre, vous arrivez à environ 12 000 mégawatts d'ici 2015. Mais nous croyons vraiment que cela ne représente qu'une infime partie de ce qu'il est possible de faire. L'Association canadienne de l'énergie éolienne a présenté un cadre conceptuel en vertu duquel l'énergie éolienne pourrait permettre de satisfaire 20 p. 100 de l'ensemble de la demande en électricité au Canada d'ici 2025, et c'est d'ailleurs ce cap qui a déjà été atteint par des pays comme le Danemark. Si nous y parvenons, cela représentera environ 80 milliards de dollars d'investissements, près de 52 000 emplois et des réductions de gaz à effet de serre de l'ordre de 17 mégatonnes par année environ.
Revenons maintenant à notre sujet du jour, je veux parler du programme écoÉNERGIE. Je dois vous dire très franchement que ce programme a été de loin l'initiative la plus réussie. Honnêtement, si le programme écoÉNERGIE n'avait pas existé, l'énergie éolienne n'aurait jamais été aussi développée qu'elle l'est aujourd'hui. Ce programme s'est révélé très efficace pour relancer l'industrie et stimuler la croissance partout dans le pays. En fait, il a été victime de son succès. Son financement devait se poursuivre jusqu'en mars 2011, mais tous les fonds qui lui étaient destinés ont été totalement engagés une année à l'avance. Ainsi, tous les nouveaux projets prévus pour mars 2011 seront privés de financement.
Dans le budget fédéral de 2010, malheureusement, aucune nouvelle enveloppe n'a été prévue pour le programme écoÉNERGIE, ce qui laisse croire, comme je viens de le dire, qu'après mars 2011, aucun nouveau projet ne sera financé.
Le ministre Prentice a indiqué que selon le gouvernement, la meilleure voie à suivre serait de créer des cadres réglementaires pour soutenir les énergies renouvelables, particulièrement au moyen de l'établissement d'un prix pour le carbone. Je vais y revenir un peu plus tard.
Pendant ce temps, les États-Unis ont adopté des mesures incitatives, dans le sillage de la Loi sur la reprise économique, d'une envergure trois fois supérieure à celle du programme écoÉNERGIE. Non seulement elles sont trois fois plus importantes, mais elles seront en vigueur jusqu'à la fin de 2012. Par conséquent, les États-Unis ont mis en place des mesures incitatives trois fois supérieures aux nôtres et qui dureront beaucoup plus longtemps. Alors que l'engagement du Canada envers le programme écoÉNERGIE faiblit, celui des États-Unis envers des mesures semblables augmente très rapidement.
Cela nous amène à nous poser la question fondamentale de savoir pourquoi le programme écoÉNERGIE est important pour le développement de l'industrie éolienne au Canada. Cela tient à quatre raisons essentielles. Premièrement, ce programme jette les bases en vue de l'établissement futur d'un prix pour le carbone. Je crois que tout le monde reconnaît que d'ici trois ou quatre ans, nous verrons se développer en Amérique du Nord une approche en matière de marchés du carbone. Nous croyons qu'une fois en place, les marchés du carbone auront pour effet de réduire le manque à gagner entre les technologies éoliennes et conventionnelles ou de production de combustibles fossiles. L'écoÉNERGIE est en fait un pont entre la situation actuelle et le moment où il y aura des marchés de carbone. Mais si cette mesure incitative n'existe plus lorsque les marchés de carbone feront leur apparition, nous risquons d'être pris au dépourvu.
Deuxièmement, l'écoÉNERGIE aide vraiment le Canada à se disputer les investissements dans le secteur de la production d'énergie éolienne. Très franchement, l'Amérique du Nord est perçue comme le prochain grand lieu de production éolienne. Nous faisons directement concurrence aux États-Unis pour l'obtention de ces investissements, et comme je l'ai dit, ce pays accroît son aide pendant que nous la réduisons. Cela va nuire à notre compétitivité.
Troisièmement, l'écoÉNERGIE représente une mesure de stimulation assortie de bénéfices nets qui viendront grossir les coffres du gouvernement fédéral. Les services financiers de GE ont analysé le programme écoÉNERGIE et sont arrivés à la conclusion que pour chaque dollar qu'investit le gouvernement fédéral dans ce programme, il est retire environ 1,30 $ en impôts sur le revenu et recettes connexes. Pendant la durée de vie de ce programme, vous obtenez un taux de rentabilité interne positif de 5 p. 100, ce qui représente un bon investissement.
Et quatrièmement, ce programme vient appuyer l'objectif du gouvernement de générer 90 p. 100 de l'énergie au Canada à partir de sources non polluantes d'ici 2020. Il existe trois façons d'atteindre cet objectif: passer au gaz naturel, faire des économies d'énergie et exploiter l'énergie éolienne.
Même si le programme écoÉNERGIE a été et continue d'être un élément extrêmement important pour appuyer la production d'énergie éolienne, ce n'est pas le seul moyen par lequel nous croyons que le gouvernement fédéral peut encourager ce secteur. Il en existe trois autres que je vais vous décrire. Le premier consiste à clarifier les règles entourant les marchés de carbone. Nous croyons véritablement qu'une fois que le marché du carbone sera en place, il ne sera plus nécessaire d'adopter des mesures incitatives directes pour favoriser la production d'énergie éolienne; cela permettra de couvrir le manque à gagner. Mais il n'en demeure pas moins que le gouvernement doit se montrer proactif et réfléchir à la forme que prendra ce marché, en plus de donner des garanties quant aux règles du jeu de base appliquées une fois que le marché du carbone sera créé. Cela donnera un signal clair et une garantie aux investisseurs, de sorte que le Canada pourra continuer d'attirer des investissements.
Par ailleurs, nous considérons que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle central en accordant son soutien à la création de lignes de transport d'énergie. Je me souviens avoir assisté à une conférence, une fois, où on avait dit que si on s'intéresse à l'énergie éolienne, il faut aussi s'intéresser au transport de cette énergie. Les provinces n'ont pas fait d'investissements conséquents à ce chapitre au cours des 30 dernières années; nous devrons donc nous atteler à la tâche, quoi qu'il arrive. Le coût supplémentaire associé à la création de lignes de transport d'énergie éolienne est extrêmement bas. Mais il demeure élevé pour les provinces qui cherchent à obtenir de l'aide du gouvernement fédéral. Est-ce que cela peut prendre la forme d'un réseau est-ouest? Les options sont multiples.
Enfin, le gouvernement pourrait appuyer la recherche et le développement dans les provinces. L'un des grands domaines qui mériterait qu'on fasse de la recherche est celui des impacts économiques de l'intégration de grandes quantités d'énergies renouvelables dans le réseau. Cela ne peut pas se limiter purement et simplement aux provinces. Il faut adopter une stratégie pancanadienne. C'est donc un domaine dans lequel l'aide du gouvernement fédéral serait la bienvenue.
J'aimerais ajouter que Ressources naturelles Canada vient de publier un excellent document intitulé Feuille de route technologique sue l'énergie éolienne qui présente toute une série de recommandations sur les mesures que le gouvernement fédéral pourrait prendre en matière de recherche et de développement.
Avant de conclure, j'aimerais casser trois mythes que l'on véhicule souvent. Il me semble que la discussion s'y prête.
Le premier mythe dont nous entendons souvent parler à l'égard de l'énergie éolienne, particulièrement dans les discussions entourant le programme écoÉNERGIE, est que la production d'énergie éolienne coûte beaucoup plus cher que la production classique. Il est important de comprendre que les nouvelles méthodes de production d'énergie classique sont bien plus onéreuses qu'il y a 20 ou 30 ans. L'époque où le kilowattheure coûtait 3,5 ¢ est bel et bien révolue. Les nouveaux projets hydroélectriques dans le Nord reviennent à 10 ¢ le kilowattheure. Les centrales alimentées aux combustibles fossiles, évidemment, augmentent leurs prix en fonction de la hausse du coût de ces combustibles, de sorte que de manière générale, la tendance est à la hausse, alors que la tendance des coûts de production de l'énergie éolienne est à la baisse. Et le manque à gagner sera comblé une fois que l'on aura fixé le prix du carbone.
Le deuxième mythe que je tenais à déboulonner est que l'énergie éolienne a besoin de 100 p. 100 d'alimentation de réserve. Nous avons découvert que la variabilité du vent est grandement réduite par la dispersion géographique et les prévisions. N'importe quel service public qui offre une certaine quantité d'électricité produite à partir d'énergie éolienne sur son réseau vous dira que le coût d'alimentation de réserve pour l'éolienne n'est pas de 100 p. 100. En fait, il représente moins de 10 p. 100 des coûts de production de l'énergie éolienne. L'expérience le prouve.
Le troisième mythe que je voulais faire tomber est que l'énergie éolienne permettrait de combler les besoins du Canada en électricité. Nous avons toujours soutenu que l'énergie éolienne ferait partie d'un ensemble équilibré de production énergétique dans l'avenir. Cela fonctionne très bien, mais il nous faut de nouvelles formes de production énergétique. L'hydroélectricité est un complément particulièrement bon puisqu'elle permet de produire 60 p. 100 de l'énergie au Canada.
Pour conclure, je dirais que le programme écoÉNERGIE a été incroyablement populaire, mais comme il tire à sa fin, le Canada sera extrêmement désavantagé dans sa lutte contre les États-Unis pour attirer des investisseurs étrangers. Cela représente une énorme occasion d'accroître les investissements dans le secteur manufacturier, d'enrichir les communautés rurales et d'atteindre l'objectif du gouvernement de produire 90 p. 100 de l'énergie à partir de sources non polluantes d'ici 2020.
Il existe de nombreuses autres façons, pour le gouvernement fédéral, de soutenir la production d'énergie éolienne: être transparent à l'égard des marchés du carbone, appuyer la recherche et le développement, et investir dans les lignes de transport d'énergie. Mais dans tous ces cas, le Canada doit agir très rapidement s'il veut tirer parti de l'expansion croissante de la production d'énergie éolienne dans le monde.
Monsieur le président, je vous remercie beaucoup.
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Merci, monsieur le président et chers membres du comité. Je suis ravi d'être ici. J'espère pouvoir vous aider dans vos travaux et vos efforts destinés à élaborer une politique en matière d'énergies renouvelables. Comme 10 minutes passent plutôt vite, je vais commencer tout de suite.
Maritime Tidal Energy Corporation a été fondée et constituée en personne morale, à Halifax, en 2006. Nous aimons nous considérer comme ceux qui ont facilité, défendu et stimulé le développement de l'énergie marémotrice commerciale dans les eaux de Nouvelle-Écosse. Nous aimons aussi penser que nous sommes des gens intéressés au développement de l'énergie marémotrice ou de l'industrie de production d'énergie marine dans ces eaux où les marées sont très impressionnantes.
La plupart d'entre vous savent que nous avons actuellement, en Nouvelle-Écosse, une centrale marémotrice. Elle fonctionne grâce à un système de barrage qui retient l'eau. Lorsque la marée monte, puis qu'elle redescend, l'eau passe par une turbine qui produit environ 20 mégawatts d'énergie marémotrice. Dans les années 1980, on envisageait d'étendre cela à des estuaires beaucoup plus vastes, mais les investisseurs ont renoncé au projet parce que les dépenses en immobilisations étaient extrêmement élevées — elles se chiffraient en milliards — et que les dommages environnementaux seraient un énorme problème.
Récemment, est apparue sur le marché une nouvelle technologie. Elle repose sur des turbines marémotrices qui ressemblent beaucoup à des éoliennes, sauf qu'elles fonctionnent sous l'eau. On peut les installer séparément ou dans des fermes sous-marines, tout comme on le ferait sur terre avec des éoliennes.
Cela présente de nombreux avantages, évidemment. En raison de leur modularité, les énormes coûts en capital associés aux barrages sont inexistants. Les expériences et démonstrations réalisées jusqu'à présent ont révélé que ces installations sont assez respectueuses de l'environnement. Elles sont pratiquement invisibles, parce qu'elles sont fixées sous l'eau et en-dessous des zones de trafic maritime. Elles font peu de bruit à la surface, au moins, et elles ne produisent aucun gaz à effet de serre. Elles constituent une solution viable. Tant que la Lune tournera autour de la Terre et que la Terre tournera autour du Soleil, il y aura des marées.
Tout cela aura pour effet, à long terme, de stabiliser les coûts de l'énergie et d'améliorer la sécurité de l'offre, parce que nous pourrons nous alimenter localement et que la Nouvelle-Écosse n'aura plus à importer des énergies non renouvelables.
Compte tenu de tous ces avantages, que fait-on pour l'énergie marémotrice dans le monde? Eh bien, je suis incapable de vous le dire, mais j'aimerais quand même vous parler de deux initiatives extrêmement importantes.
La première concerne le Royaume-Uni. Là-bas, ils ont installé trois turbines d'essai et prévoient en installer une autre au cours de l'année à venir. Deuxièmement, au Canada, nous avons installé deux turbines d'essai, la première à Race Rocks et la seconde dans la Baie de Fundy. Nous comptons en installer deux autres dans la Baie de Fundy en 2012.
Les Britanniques ont été vraiment enthousiasmés par ce qu'ils ont appris de ces projets pilotes. La Grande-Bretagne est entourée d'eau, tout comme la Nouvelle-Écosse. La sécurité de l'offre est quelque peu problématique, comme chez nous. Les Britanniques ont examiné le potentiel que cela présentait et ont conclu qu'au cours des 10 prochaines années, ils pouvaient produire 1 gigawatt d'énergie marémotrice. Cela signifie qu'ils devront installer environ 1 000 turbines. Actuellement, il n'y en a qu'une qui est raccordée au réseau en Grande-Bretagne.
L'Écosse a vraiment pris de l'avance. Elle est très emballée. Elle envisage même de louer des fonds marins ou des propriétés à des promoteurs d'installations marémotrices en échange de la production de 600 mégawatts pendant les 10 prochaines années. Elle va donc de l'avant.
Au Canada, nous avons une bonne longueur d'avance par rapport aux autres pays, sauf peut-être le Royaume-Uni, grâce à nos projets de démonstration; il n'y a toutefois aucune activité commerciale pour l'instant. Compte tenu de la situation, il n'y a aucune raison pour que nous puissions installer une capacité de production d'énergie marémotrice d'environ 600 mégawatts au cours des 10 prochaines années.
Nous pensons que l'énergie marémotrice fera une forte concurrence à l'énergie éolienne. De toute évidence, nous devons baisser nos prix. L'instauration de multiples centrales fera descendre la courbe. À mesure que s'améliorera notre courbe d'apprentissage, le prix diminuera.
La raison pour laquelle nous croyons que le prix de cette forme d'énergie se situera dans les environ de celui de l'énergie éolienne, c'est qu'il faut beaucoup moins d'acier pour construire une turbine marémotrice produisant la même quantité d'énergie qu'une éolienne. Comme l'un des principaux coûts de cette turbine vient de l'acier, nous croyons que nous pouvons y arriver. Je ne suis pas le seul à l'affirmer; c'est également l'avis de bien des gens qui ont réalisé des analyses très exhaustives.
Que devons-nous faire pour nous engager dans la voie de l'énergie marémotrice au Canada? Nous devons comprendre les occasions qui s'ouvrent à nous sur les deux côtes — ainsi que sur la Côte-Nord, à bien y penser. Nous devons définir nos objectifs pour tirer parti de ces occasions. Ensemble avec le gouvernement, nous devons appuyer l'industrie de l'énergie de la mer et l'industrie maritime en général en leur accordant notre soutien et notre confiance. Nous devons comprendre les règles, qui doivent être claires. Le processus d'autorisation doit être facile. Ce n'est pas une mince tâche, compte tenu des ordres multiples de gouvernement et de la multitude d'approbations ministérielles qui doivent être obtenues pour construire une installation sur le plancher océanique.
Enfin, nous devons offrir des incitatifs suffisants pour que les premiers investisseurs puissent réaliser un profit raisonnable. Ces investisseurs pionniers nous permettront de donner suite à l'initiative dont nous avons fait preuve dans les projets de démonstration. Notre pays, tout comme l'Écosse, pourrait, s'il y mettait l'énergie et la volonté, devenir dans le domaine de l'énergie marémotrice ce que le Danemark et l'Allemagne ont été dans le secteur de l'énergie éolienne et solaire.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de cette question.
Il ne fait aucun doute qu'écoÉNERGIE est efficace; nous avons consulté nos membres à plusieurs reprises pour leur demander quel était le meilleur incitatif à la production d'énergie éolienne au pays, et toujours le nom de ce programme est revenu.
L'avantage du programme écoÉNERGIE, c'est qu'il plaît pour deux raisons. Tout d'abord, il est très équitable. Qu'il s'agisse d'une turbine isolée, d'un groupe communautaire, d'une municipalité ou d'un important développeur canadien ou étranger, écoÉNERGIE était accessible à tous. Il est donc considéré comme très équitable. Il était également bien conçu et stable, fournissant du financement pendant 10 ans.
Pour ce qui est du programme américain, le crédit fiscal à la production qu'il accordait était affligé de deux problèmes. Tout d'abord, seuls ceux qui avaient un gros appétit fiscal pouvaient y accéder. Il était donc réservé aux gros joueurs. De plus, il s'appliquait par intermittence: lorsqu'il était renouvelé, on construisait à la tonne, mais quand on l'abandonnait, il ne se passait plus rien, et les choses reprenaient quand on le renouvelait.
La Recovery Act a apporté deux modifications au crédit fiscal à la production. Elle l'a tout d'abord rendu remboursable, pour que tous, de l'agriculteur à la grande société, puissent s'en prévaloir. La loi a également prolongé le programme jusqu'en 2012. Le programme s'est approprié tous les avantages d'écoÉNERGIE et a redoublé d'efforts, ce qui lui a donné un effet boeuf.
Pour ce qui est d'écoÉNERGIE, c'est un fait que les projets en cours que ce programme finance continueront de recevoir des fonds pour 10 ans, mais après mars 2011, les projets canadiens ne recevront aucun fonds d'écoÉNERGIE. Or, le même développeur pourrait se rendre aux États-Unis, y dépenser 100 millions de dollars dans un projet d'éolienne et recevoir 30 millions de dollars d'incitatifs du gouvernement fédéral.
Dans la Recovery Act, l'énergie éolienne est clairement considérée comme un moteur de réforme économique, particulièrement en période difficile. Le gouvernement américain comptait sur son industrie pour répondre à la demande croissante, ce qu'elle a fait. Au cours de la dernière année, 44 nouvelles usines de production éolienne ont été construites aux États-Unis, principalement dans la grande région manufacturière, et leur capacité de production a reçu un véritable coup de fouet. Ce mécanisme est d'une efficacité redoutable, et nous aimerions beaucoup qu'il continue.
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Nous vous remercions de nous donner l'occasion de participer à ces délibérations. Nous profitons de chaque occasion qui nous est donnée de nous adresser à ce comité.
Permettez-moi de commencer par passer en revue quelques faits techniques concernant l'énergie solaire. L'énergie solaire ne fournit pas seulement de l'électricité; elle est aussi utilisée pour le chauffage de l'eau et de l'air, et elle le sera bientôt pour la climatisation. C'est une ressource très évolutive. Elle s'adapte aux résidences, aux installations industrielles et au développement à grande échelle. Elle peut être mise en place rapidement et utilisée dans presque toute application énergétique, et je tiens à souligner que le Canada possède un bon potentiel d'ensoleillement. Nous avons vu le soleil presque toute la semaine, sauf aujourd'hui. C'est beaucoup mieux que l'Allemagne, que l'on associe très souvent à la stratégie intégrée d'énergie de remplacement.
Nous sommes ici aujourd'hui dans le cadre de votre examen des changements possibles au programme écoÉNERGIE et de son annulation. Nous sommes aussi pragmatiques parce que nous savons que pour le Canadien moyen, il existe deux enjeux: l'économie et l'environnement. La bonne nouvelle, c'est que chaque dollar investi dans l'énergie propre, comme l'énergie solaire, profite au secteur manufacturier canadien, aux entreprises locales et aux ménages. Après tout, il s'agit d'une ressource locale.
Le Canada accuse actuellement un retard par rapport à ses partenaires commerciaux industriels en ce qui concerne l'investissement dans l'énergie solaire propre, et même s'il est vrai que bien d'autres pays ne sont pas aussi riches que nous sur le plan des ressources naturelles, nous partageons tous le même avenir environnemental. Par conséquent, le Canada a la possibilité de prendre son avenir en main et de commencer à investir dans l'innovation et dans les technologies fondées sur les énergies propres et de remplacement, à mesure que nous nous dirigeons vers une économie sans carbone. Au bout du compte, c'est ce que nous voulons, en tant que Canadiens: la chance de renforcer notre économie et de nous assurer un avenir viable.
CanSIA est consciente des responsabilités financières du gouvernement du Canada; nous le remercions de se montrer prudent sur le plan financier. Nous savons qu'il investit des centaines de millions de dollars dans la capture et le stockage du carbone afin d'assainir notre environnement et d'en assurer la durabilité. L'énergie solaire s'ajoute à l'ensemble des options dont le gouvernement fédéral dispose pour continuer de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Aujourd'hui, notre message concernant l'investissement dans les énergies de remplacement au Canada pour l'avenir, en particulier l'énergie solaire, porte sur cinq principes clés: la responsabilité financière, la création d'emplois, l'innovation, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et l'incidence sur les ménages et les petites entreprises.
Phil.
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Selon une étude menée récemment par le C.D. Howe Institute, les chauffe-eau et les réchauffeurs d'air solaires, pour employer des termes simples, s'avèrent l'investissement le plus rentable dans les énergies renouvelables au Canada, ainsi que le moyen le plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par dollar dépensé.
L'initiative écoÉNERGIE a misé sur ces technologies, et cela s'est avéré une façon efficace d'atteindre les objectifs en matière d'environnement, tout en maximisant la valeur économique de l'argent des contribuables canadiens. Par exemple, depuis la création du programme écoÉNERGIE Rénovation, on a investi environ 2,2 millions de dollars, permettant ainsi de réduire les émissions de dioxyde de carbone d'environ 3 000 tonnes par année. Je crois que quelques calculs nous permettraient de constater que de tous les programmes offerts, c'est celui qui offre le meilleur rendement économique quant aux réductions des émissions de dioxyde de carbone. Si on pense que les programmes de chauffe-eau solaires auront une durée de vie d'au moins 20 ans, cela signifie que l'investissement total aura été d'environ 40 $ la tonne. Il suffit de comparer ces résultats avec ceux obtenus grâce à d'autres technologies pour constater que ce genre de programme offre un rendement nettement supérieur, et c'est une très bonne chose pour le Canada.
Les programmes écoÉNERGIE ont aussi été un bon moyen pour créer de l'emploi. Ils ont stimulé l'investissement dans le secteur manufacturier au Canada, qui a dû employer des gens de métier et des ingénieurs locaux. Des systèmes ont été installés un peu partout au Canada dans les foyers et les collectivités, mais aussi dans de nombreuses entreprises et industries. Le marché a grimpé d'environ 25 à 50 p. 100 au cours des cinq dernières années. Ma petite entreprise, EnerWorks, a pris de l'expansion au moins 13 fois durant cette période, créant ainsi des emplois en Ontario, mais aussi à l'échelle du Canada, dans le domaine de l'isolation, de la recherche-développement, et du génie. C'est une époque très stimulante pour nous. Nous avons aussi réussi à prendre des parts du marché occupées par des concurrents américains et des grands joueurs européens dans ce domaine.
Selon l'enquête sur la population active menée par le Conseil sectoriel de l'électricité, la croissance de l'emploi sera d'environ 100 p. 100 par année après 2011 dans l'industrie de l'énergie solaire au Canada. Évidemment, ces calculs ont été faits en présumant qu'il y aurait un programme comme celui d'écoÉNERGIE en place. En plus d'offrir ces avantages, l'industrie de l'énergie solaire du Canada commence aussi à se tailler une place de choix au sein de la collectivité commerciale mondiale, puisqu'une grande partie de nos revenus proviennent maintenant des exportations à l'extérieur du Canada.
Les fonds obtenus dans le cadre de l'initiative écoÉNERGIE ont été utilisés entre autres pour investir dans l'homologation CSA des produits solaires. C'est une avancée extrêmement importante, et le Canada a été un leader dans l'élaboration d'un processus d'homologation adéquat en fait de sécurité et de rendement pour les produits à énergie solaire. Ce processus a permis d'homologuer les produits d'environ 10 entreprises aux fins de leur mise en marché.
Ceci dit, de nouveaux investissements sont nécessaires pour simplifier le processus d'homologation. C'est un secteur avec lequel le gouvernement fédéral peut vraiment nous aider. Notre compétitivité se trouve réduite en ce moment, simplement parce que beaucoup des entreprises qui veulent mettre en marché de nouveaux produits ne peuvent pas faire évaluer et homologuer leurs produits. Concrètement, cela signifie qu'un entrepreneur peut attendre un an et demi avant de pouvoir mettre un produit en marché, et ce n'est rien pour aider l'innovation.
Le succès des programmes écoÉNERGIE a aussi été bonifié par les efforts de l'ensemble, ou presque, des provinces et des territoires du Canada, qui ont mis en place des programmes complémentaires pour tirer profit des forces administratives de Ressources naturelles Canada, et pour s'assurer que des vérifications en matière d'énergie font partie du processus. Par exemple, le programme écoÉNERGIE Rénovation a offert du soutien à des milliers de foyers canadiens. Il n'est donc pas seulement question de produire de l'énergie solaire; il s'agit d'accroître l'efficacité énergétique, de réduire les coûts mensuels d'énergie, de réduire les émissions de dioxyde de carbone, et de créer des emplois au Canada.
Les programmes écoÉNERGIE ont été très efficaces également pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Les bases de l'industrie solaire sont solides, puisque toutes les technologies solaires continuent d'évoluer à un rythme bien plus grand...
Merci beaucoup de m'avoir invité.
Je vous prie de m'excuser à l'avance, car je vais devoir improviser un peu aujourd'hui. Je suis en vacances depuis deux semaines, et ce n'est que vendredi que j'ai été mis au courant de votre invitation. Techniquement, je suis encore en vacances, alors j'ai trouvé une gardienne pour mes enfants ce matin, mais je tenais vraiment à être ici aujourd'hui. Compte tenu de tout cela, je vais devoir improviser un peu.
Heureusement, j'ai eu quelques années pour me préparer à mon témoignage d'aujourd'hui, car c'est un secteur sur lequel je concentre mon travail. Mon travail à l'Institut Pembina consiste à étudier les politiques sur l'énergie renouvelable au Canada. Il y a environ huit ans, j'ai entrepris des études doctorales sur le développement de l'énergie éolienne dans les régions éloignées de l'Arctique, et j'ai commencé à poser des questions aux gens de l'industrie, à savoir quels étaient les problèmes techniques qu'il fallait résoudre, et c'est de cette façon que je suis atterri à l'institut. Je suis ingénieur en mécanique de métier.
J'ai rapidement compris que la technologie n'était pas ce qui faisait obstacle au développement de l'énergie renouvelable. Les politiques nous mettent des bâtons dans les roues et ralentissent le développement; que ce soit en Arctique, ou que l'on parle de l'énergie solaire ou encore de pompes géothermiques, c'est véritablement les politiques qui ralentissent le processus, pas les technologies. Donc, depuis huit ou neuf ans, je me penche sur les problèmes posés par les politiques, et j'essaie de faire avancer les choses.
Je suis heureux de pouvoir témoigner devant vous aujourd'hui, et c'est formidable de pouvoir examiner les programmes écoÉNERGIE. Il est dommage que nous n'ayons pas pu faire cela l'an dernier, car il faut maintenant tenir compte que tous ces programmes seront périmés à la fin de l'année. Même si le budget de l'an prochain pourrait prévoir le renouvellement de certains d'entre eux, il y aura inévitablement une période d'attente entre l'annonce du budget et la mise en oeuvre des programmes annoncés.
Non seulement nous nous dirigeons vers une interruption pour certains de ces programmes, mais nous n'avons pas su non plus profiter des occasions d'investissements qui se sont multipliées au cours des deux dernières années dans le cadre du programme de relance. Et voilà que nous entrons dans une période de contraintes budgétaires. Je crois donc que nous sommes passés à côté d'une excellente occasion. Je pense qu'il est néanmoins important de se pencher sur ces programmes, et de voir ce que l'on pourrait faire et faire mieux. Il existe toutes sortes de programmes. Je sais que la série écoÉNERGIE comprend environ huit ou neuf programmes.
J'aimerais toutefois seulement vous parler aujourd'hui du programme écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable. Ce n'est pas que je veuille exclure d'autres sujets de discussion, mais je sais que le temps nous presse. Si je crois que ce programme précis est important, c'est qu'il est essentiel de parler de l'ampleur des développements qui devront s'opérer au Canada au cours des 10 prochaines années. Ce gouvernement s'est fixé l'objectif ambitieux de recourir à des sources non émettrices pour satisfaire 90 p. 100 des besoins en électricité au Canada d'ici 2020. C'est dans 10 ans seulement, et dans le langage de l'électricité, aussi bien dire que c'est demain. Nous devons mettre en place des programmes qui nous permettront d'atteindre cet objectif, et il faut agir aujourd'hui si nous voulons vraiment y arriver. Et ce ne sera pas une mince affaire.
Je pense qu'il est aussi important de parler de ce qui est techniquement possible. D'autres pays nous ont prouvé qu'il était faisable d'atteindre ce genre d'objectif en 10 ans, mais pour ce faire, le gouvernement doit se montrer déterminé. Le Danemark en est un bon exemple: il est passé de zéro ou d'environ 2 p. 100 d'énergie éolienne à quelque 20 p. 100 en 10 ans approximativement. À l'heure actuelle, le Texas recourt trois fois plus à l'énergie éolienne que l'ensemble du Canada. C'est donc une technologie qui peut être déployée très rapidement et être intégrée à très grande échelle, si c'est ce que nous voulons.
Ce qui pose notamment problème au Canada, toutefois, particulièrement en ce qui a trait à l'interruption des programmes écoÉNERGIE, c'est que nous n'avons plus vraiment de politique nationale cohésive. Des fabricants m'ont demandé directement pourquoi ils voudraient investir au Canada quand ils doivent traiter avec 10 administrations différentes, plutôt que de pouvoir le faire grâce à un cadre national. Je crois donc que ce qui fait défaut au Canada, c'est qu'il n'y a pas de stratégie nationale ni de politique fédérale sur le développement renouvelable.
J'aimerais soulever quatre points en ce qui a trait à la voie à suivre au cours des prochaines années.
Tout le monde sait qu'il faudra inévitablement imposer une taxe sur le carbone, et il faut reconnaître le fait que nous ne pouvons pas continuer à se servir de l'atmosphère comme d'une poubelle. Mais nous n'en sommes pas encore là, et nous n'y serons pas non plus avant quelques années. À ce moment-ci, on dirait que nous attendons de voir ce que les Américains vont faire avant de nous décider à mettre un prix sur le carbone. D'ici à ce que nous n'ayons plus le choix de faire autrement, au cours des quatre à cinq prochaines années, nous devrons continuer à soutenir ces technologies si nous voulons être en mesure d'atteindre nos objectifs en matière de changements climatiques, de même que les objectifs du gouvernement concernant l'énergie renouvelable.
Il est aussi essentiel selon moi d'avoir à tout le moins une stratégie nationale. Nous en avons un bon exemple avec le Conseil des ministres de l'énergie, qui se penche sur l'efficacité énergétique. Je pense qu'il serait important de former un groupe semblable pour étudier la question de l'énergie renouvelable.
Dans les prochaines années, je crois que nous devrons aussi envisager des investissements stratégiques dans des solutions qui ne nous sont pas encore à portée de main.
En ce moment, l'initiative écoÉNERGIE finance les projets d'énergie éolienne, d'énergie solaire, de bioénergie et des technologies qui sont relativement commerciales et accessibles. Dans le cas de l'énergie éolienne, par exemple, toutes ces technologies ont été élaborées pour les secteurs les plus venteux. Nous devrons maintenant mettre en place des programmes qui nous permettront d'appuyer l'énergie éolienne dans des secteurs qui sont moins venteux, ou dans des régions qui auront besoin d'un réseau de distribution plus grand ou d'un peu plus de soutien.
Selon moi, c'est cette direction que les programmes doivent suivre pour que nous puissions pousser les technologies un peu plus loin.
Finalement, la dernière chose que je considère importante, c'est de voir à l'Arctique et à l'énergie renouvelable dans les régions éloignées. On dénombre quelque 200 collectivités éloignées en ce moment, et la plupart d'entre elles dépendent du diesel. Il en coûte extrêmement cher de transporter des sources d'énergie jusque-là, tellement que cela devient insoutenable pour ces collectivités. On met actuellement au point une technologie canadienne pour fabriquer des appareils hybrides alimentés à l'énergie éolienne et au diesel, par exemple, et la majeure partie des produits conçus sont exportés vers l'Alaska à l'heure actuelle.
Quand Sarah Palin était la gouverneure de l'Alaska, elle a investi 250 millions de dollars dans le développement de l'énergie éolienne. En ce moment, environ 30 projets sont en cours là-bas. Nous avons une installation d'énergie éolienne en activité au Canada, et une autre sera érigée aux Territoires du Nord-Ouest. Essentiellement, nous exportons des technologies canadiennes à l'Alaska, mais nous ne les utilisons pas dans notre propre territoire. J'estime que c'est là une autre grande possibilité que nous devons envisager.
Je crois que je vais conclure maintenant. Le point que je tenais à faire valoir à ce moment-ci, c'est que c'est un moment stratégique pour faire des investissements. Les investissements nécessaires dépassent largement les sommes symboliques investies actuellement, et nous ne pourrons plus traiter l'énergie renouvelable comme un marché marginal ou secondaire. Il faut sérieusement envisager d'investir dans les sources d'énergie renouvelable selon leur potentiel: 10 p. 100, 20 p. 100 ou 30 p. 100 de notre approvisionnement total en électricité. Les sources d'énergie renouvelables pourraient largement contribuer à l'atteinte de l'objectif du gouvernement de recourir à des sources non émettrices pour satisfaire à 90 p. 100 des besoins en électricité d'ici 2020.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je remercie le comité de m'avoir invité ici ce matin. Je vous présente toutes mes excuses pour mon retard; il y avait un bouchon de circulation à la sécurité.
Mon nom est Steven Guilbeault. Je suis coordonnateur général adjoint d'Équiterre. Je suis également coprésident du Réseau action climat international, un regroupement de plus de 500 organisations non gouvernementales qui intervient auprès des Nations Unies sur la question des changements climatiques. De plus, je préside, au nom de la ministre des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, Mme Nathalie Normandeau, une équipe spéciale sur les énergies renouvelables émergentes — mais ce n'est pas à ce titre que je suis ici ce matin. Le débat qui vous anime m'anime personnellement et professionnellement depuis plusieurs années, mais particulièrement depuis plusieurs mois, dans le cadre de ce mandat.
J'aimerais faire écho à ce que M. Weis disait plus tôt. J'aimerais toutefois partir d'un peu plus loin pour arriver plus près de nous. Quand on étudie la situation mondiale, depuis le début des années 1990, on constate que les formes de production d'énergie qui connaissent le plus fort taux de croissance, que ce soit en matière d'emplois ou d'investissements, sont les énergies renouvelables — l'énergie éolienne, l'énergie solaire.
La Banque HSBC a fait un rapport, en février 2009, dont vous avez sûrement entendu parler. Ce rapport étudiait les plans de relance de l'économie des principaux pays du G20. Le rapport a constaté qu'en moyenne, dans les pays industrialisés, les investissements dans les énergies vertes, dans le cadre des plans de relance de l'économie, sont autour de 15 p. 100. Par contre, ce que cache cette réalité, c'est le fait que les pays qui investissent le plus, en montants absolus ou en montants relatifs, ne sont pas les pays industrialisés, mais ce sont présentement les pays en émergence comme la Chine et la Corée du Sud.
La Corée du Sud va investir 82 p. 100 de son plan de relance de l'économie dans l'économie verte — les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, le transport durable et les technologies propres. La Chine, quant à elle, investit 36 p. 100. En termes absolus, la Chine est en train de faire l'investissement le plus important dans les technologies propres jamais vu dans l'histoire. C'est encore plus important que ce qui se fait aux États-Unis ou même en Europe — ce sera de 55 p. 100 en Europe.
Où se situe le Canada? On est à la moitié de la moyenne des pays industrialisés. Selon le rapport de HSBC, le Canada n'est pas le pire pays: il est au quatrième rang des moins mauvais pays en matière d'investissements dans les énergies renouvelables. C'était avant le dernier budget fédéral, dans lequel on n'a pas renouvelé l'argent pour le programme écoÉnergie. En conséquence, j'imagine que si HSBC refaisait son étude, le Canada perdrait encore du terrain dans cette course à l'innovation technologique qui se déroule devant nous. La Deutsche Bank a rendu public un rapport très semblable, il y a à peu près trois semaines.
Quelle est la conclusion de ces grands groupes de recherche, de ces banques d'investissement et de l'Agence internationale de l'énergie? Essentiellement, c'est que l'économie du XXIe siècle sera une économie propre et durable ou elle ne le sera pas. Des investissements massifs sont faits partout — j'ai évoqué la Corée du Sud plus tôt. Entre 2009 et 2011, on va créer 150 000 emplois dans le secteur des technologies propres. C'est un peu comme si la Corée du Sud avait pris la quasi-totalité des dépenses de programme du dernier budget de M. Flaherty et qu'elle avait investit tout ça dans les énergies renouvelables, dans les technologies propres, dans l'efficacité énergétique.
Ce qui est en train de se passé, c'est que le Canada est en train de perdre rapidement... En fait, c'est une catastrophe écologique, bien entendu, parce que les sources de production d'énergie dans l'ensemble du Canada demeurent encore largement basées sur les combustibles fossiles. Comme le mentionnait Tim, si on veut respecter notre objectif d'obtenir 90 p. 100 de nos sources de production d'électricité sous des formes non émettrices de CO2 d'ici 2020, c'est possible de le faire, mais il faut rapidement mettre en place les mesures pour le faire. Tim a donné l'exemple du Danemark, mais il y a plusieurs exemples intéressants de pays qui l'ont fait.
C'est exactement ce que nous avons fait dans le cadre des travaux du comité que je préside pour le gouvernement du Québec. On a observé ce qui se passait à l'échelle mondiale, quels étaient les exemples les plus intéressants et on s'est demandé comment adapter ça à la réalité québécoise. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose à l'échelle canadienne. Il faut regarder quelles sont les occasions d'affaires en matière de développement technologique, de création d'emplois et de mise en place de ces technologies notamment dans les secteurs industriels, [Note de la rédaction: inaudible]. Quand on parle d'énergie propre, il y a évidemment les technologies de l'eau, le sol. Il y en a beaucoup qui s'attaquent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. D'ailleurs, c'est là que se retrouve la majorité des investissements. Ce qui est sidérant, c'est de voir à quel point le Canada est complètement absent de ça présentement. On est en train de manquer le bateau.
On pourrait toujours dire que ce n'est pas le rôle du gouvernement fédéral, mais quand on regarde des exemples — Tim parlait du Danemark — comme l'Allemagne, on constate que ce pays a travaillé avec ses régions pour mettre en place un important, massif et gigantesque programme de développement des énergies renouvelables et l'a fait en l'espace de 10 ans. Dans le pire des cas, au cours des 10 dernières années en Allemagne, peu importe le type de technologies — que ce soit le chauffage solaire, les biocarburants, l'éolien, le solaire photovoltaïque —, les Allemands ont doublé leur capacité de production d'il y a 10 ans. Dans le meilleur des cas, on a augmenté de 300, 400 et parfois même de 500 p. 100 la production de ces formes d'énergie.
Tout à l'heure, je vous parlais de la Chine. Il y a deux ans, lors d'une rencontre des Nations Unies, j'ai eu l'occasion de rencontrer le plus riche industriel chinois. Il nous racontait qu'à la fin de ses études universitaires, avec des copains, ils avaient décidé de se lancer dans une compagnie de fabrication de panneaux solaires. Or, depuis sa création, cette compagnie connaît un taux de croissance annuel de 100 p. 100. Suntech est aujourd'hui le plus important fabricant de panneaux solaires au monde. J'ai construit une petite maison écologique qui fonctionne en partie à l'énergie solaire. Une partie des panneaux solaires sont effectivement fabriqués en Chine. On les retrouve maintenant dans plusieurs de nos quincailleries. Vous allez chez Canadian Tire ou Rona et vous allez trouver des panneaux solaires qui sont souvent fabriqués en Chine. Alors, nous pourrions faire partie de cette course. Il y a même un panneau solaire sur le toit de ma maison qui est fabriqué par une petite compagnie dont vous avez peut-être déjà entendu parler et qui s'appelle Shell.
Le monde de l'énergie est en train de changer très rapidement. Dans le monde tel que nous le connaissons, l'économie et l'énergie deviennent de plus en plus très étroitement liés. Hélas, le Canada n'est pas à la table. Le gouvernement fédéral peut jouer un rôle d'appui très important aux initiatives provinciales, comme le font d'autres gouvernements. Les Britanniques le font, par exemple, dans le cadre d'un prêt sans intérêt pour l'installation d'un système solaire sur le toit des maisons. Le système va rester avec la maison puisque les gens ne vont évidemment pas partir avec celui-ci.
La Wallonie, qui a à peu près 25 p. 100 moins de potentiel solaire que l'ensemble du Canada, a depuis 2006 une nouvelle réglementation où toutes les nouvelles constructions domiciliaires doivent être équipées de systèmes solaires, soit pour le chauffage de l'eau, de l'air ou encore pour la production d'électricité.
Alors, il y a un rôle très important que le gouvernement fédéral peut jouer et qu'il ne joue pas présentement. Évidemment, cela a des conséquences désastreuses sur nos émissions de gaz à effet de serre, sur la qualité de vie des Canadiens et Canadiennes, sur la qualité de notre environnement. Mais en plus de tout ça, cela aura des conséquences désastreuses sur l'avantage compétitif du Canada au cours des prochaines années.
Merci beaucoup.