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Merci, monsieur le président.
J'ose espérer que vous avez reçu les documents relatifs à mon exposé et que vous les avez sous les yeux. Je ne veux pas en faire la lecture, mais je vais vous présenter les faits saillants.
Parlons d'abord de l'Oil Sands Developers Group, qui a vu le jour en 1997. Vous voyez sur la première page notre structure de comités; nous nous intéressons principalement aux enjeux locaux qui ont une incidence sur les sables bitumineux, mais nous nous panchons également sur des enjeux qui touchent notre industrie ailleurs.
Je crois que la première chose que les gens devraient savoir, c'est que les besoins énergétiques sont stimulés par deux choses, que ce soit au Canada ou ailleurs: la population et le mode de vie. On constate à tous les égards une croissance. Je crois que j'aimerais que le mode de vie de tous les habitants de la terre, y compris les Canadiens, s'améliore.
Notre population continue à croître. La demande en énergie croît donc également, comme on le voit à la page 3. Vous pouvez constater que cette croissance est particulièrement forte dans les pays qui n'appartiennent pas à l'OCDE.
Même en tenant compte des sables bitumineux, il faudra trouver, d'ici 2030, une capacité additionnelle de 64 millions de barils environ, à l'échelle mondiale. Le taux mondial d'épuisement des réserves est d'environ quatre millions de barils par jour, chaque année. Or, on en découvre environ deux fois moins que cela.
Le bouquet énergétique mondial est dominé par le pétrole; il est quelque peu différent au Canada, surtout parce que l'énergie hydroélectrique, que nous sommes privilégiés d'avoir dans certaines régions du Canada, a supplanté le charbon. Vous remarquerez toutefois que nos besoins en pétrole sont comparables à ceux des autres pays; environ 32 p. 100 de notre énergie viennent du pétrole.
La septième diapositive est à mon avis instructive, puisqu'elle brosse le portrait des réserves par pays. Vous voyez que le Canada, dont les réserves de pétrole atteignent 178 milliards de barils, arrive au second rang. Vous noterez aussi que 95 p. 100 de ces réserves, soit 170 milliards de barils, sont, de fait, des sables bitumineux.
La question que l'on doit se poser est la suivante: si nous n'avions pas les sables bitumineux, où trouverions-nous notre pétrole? J'attire votre attention sur l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak, le Koweit et le Venezuela. C'est avec ces pays que nous ferions affaire si nous n'avions pas les sables bitumineux.
Je vais laisser de côté certains sujets que M. Levant va sûrement aborder. J'aimerais que vous sachiez en outre que ces pays s'intéressent de plus en plus aux marchés qui ne font pas partie de l'OCDE, qui sont plus proches et qui génèrent un revenu net plus élevé. Il est intéressant de savoir que l'expédition de pétrole de l'Arabie saoudite en Amérique du Nord semble ralentir au profit de ces autres marchés. C'est certainement le cas pour le Venezuela.
J'aimerais attirer votre attention sur deux choses. Premièrement, seulement 20 p. 100 des ressources contenues dans les sables bitumineux peuvent être extraites. On parle des sables qui se trouvent à moins de 70 mètres de profondeur. C'est la première ressource que l'on a commencé à exploiter, car on avait accès à la technologie nécessaire. Cela fait seulement 12 ou 13 ans que le gros des réserves de sables bitumineux, celles qui sont traitées sur place — 80 p. 100 des réserves sont trop profondes pour être extraites —, ont commencé à être commercialisées.
Passons maintenant aux projets en cours et aux projets proposés. À l'heure actuelle, les projets de mise en valeur ont une capacité de production de 1,7 million de barils par jour. L'an dernier, ces projets ont produit 1,4 million de barils. Un certain nombre de projets étaient encore en phase de démarrage. On est en train de construire des installations qui permettront de produire 600 000 barils supplémentaires. Les installations qui ont été officiellement approuvées ou qui font l'objet d'un examen à cette fin porteront notre capacité à trois millions et demi ou quatre millions de barils par jour.
Les sables bitumineux sont un moteur économique énorme pour le Canada. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de le rappeler. Essentiellement, selon le Canadian Energy Research Institute, ce secteur génère une part du PIB de l'ordre d'environ 1,7 billion de dollars et emploie 450 000 personnes, tous marchés confondus, au Canada.
Dans notre industrie, nous valorisons la création de bonnes relations d'affaires. Un de nos objectifs est d'augmenter la participation à l'échelle locale, et, à coup sûr, celle des entreprises autochtones. Quand nous avons formé notre groupe, nous avons réalisé un sondage — en 1997 — qui a révélé que nos membres faisaient affaire avec des entreprises autochtones pour environ 80 millions de dollars par année. Nous avons presque décuplé ce chiffre. L'an dernier, les marchés s'élevaient à 711 millions de dollars. Le nombre d'emplois a augmenté de la même manière; en 1998, les membres de mon groupe employaient 80 Autochtones déclarés. Aujourd'hui, les membres emploient directement plus de 1 600 Autochtones déclarés, et, bien sûr, le nombre d'employés des entreprises a également beaucoup grossi.
Notre industrie fait des dons substantiels à la collectivité, pour les hôpitaux, les loisirs et l'enseignement de la culture.
À la diapositive 13, vous voyez qu'au chapitre de la surveillance et de la gestion environnementales, notre industrie se compare avantageusement à celle des autres pays. Je ne connais pas de réseau de surveillance de la qualité de l'air plus important — par son champ d'application ou sa portée géographique —, que celui de la Wood Buffalo Environmental Association. Vous pouvez, sur son site Web, obtenir des données sur la qualité de l'air de n'importe quel secteur de la région.
Dans le même ordre d'idée, le Programme de surveillance aquatique consacre 4 millions de dollars par année à la surveillance des propriétés chimiques, physiques et biologiques des cours d'eau et de l'ensemble des effets cumulatifs; il élabore des cadres de gestion et présente des recommandations par le truchement de la Cumulative Environmental Management Association...
Selon les paramètres de Cambridge Energy Research Associates, cette industrie fait en outre l'objet de processus de réglementation de calibre mondial, ce qui comprend des organismes du gouvernement de l'Alberta, des organismes de réglementation quasi judiciaires de l'Alberta et des organismes du Canada.
Sur la diapositive 15, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que le développement de la technologie continuera d'être un important catalyseur de la croissance. Les réserves de 170 milliards de barils sont attestées par l'USSEC, ce qui veut dire que l'on pourra les exploiter de façon rentable avec les technologies d'aujourd'hui. Cela concerne environ 10 à 17 p. 100 de la ressource géologique. Pour ce qui concerne les ressources traitées sur place, mais aussi celles qui sont extraites, les nouvelles technologies sont abondantes. Pour ce qui est du traitement sur place, l'objectif est de diminuer le recours à l'énergie et à l'eau et d'augmenter le taux de récupération. Nous pourrions explorer un très vaste éventail de nouvelles technologies, mais nous ne pourrons pas le faire en sept minutes, alors je serais heureux de répondre à vos questions à ce sujet. En ce qui concerne l'extraction, la recherche s'attache surtout à l'utilisation des résidus — nous cherchons, bien sûr, à obtenir des déchets plus secs — et à la réduction du volume d'eau utilisé. Cela ne veut pas dire que la recherche ne vise pas d'autres buts.
Nous arrivons à la diapositive 16, nos recommandations et mes commentaires.
Premièrement, dans le but de faire progresser l'exploitation responsable des sables bitumineux, les membres de l'OSDG continueront à faire ce qu'ils font le mieux, c'est-à-dire solliciter et mettre en valeur l'investissement, puis exploiter nos installations de manière sûre, fiable et écologiquement responsable. Ce sera notre principale contribution à la sécurité énergétique et à la prospérité économique de notre province et de notre pays.
Deuxièmement, nous continuerons à communiquer avec tous les intervenants et à exercer notre responsabilité de consultation, en particulier avec les intervenants autochtones.
Troisièmement, nous allons continuer à mettre l'accent sur le développement technologique et l'innovation, principalement dans le but d'augmenter la proportion de la ressource que l'on pourra exploiter et d'améliorer notre rendement écologique. J'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'au moins quatre de nos membres ont établi leurs propres priorités en matière de recherche et financent la recherche à hauteur de plus de 100 millions de dollars par année. Il existe aussi, sur place, des entreprises très dynamiques qui insistent très fortement sur la technologie.
Nous allons continuer à travailler avec les municipalités régionales et la province pour veiller à ce que l'infrastructure physique et sociale requise soit en place pour répondre aux besoins de notre industrie. À ce chapitre, nous nous attachons en particulier, à l'échelle locale, aux transports, à l'infrastructure, au logement, aux soins de santé, et j'en passe. C'est bien clair lorsqu'on regarde la structure de notre organisme.
Nous allons continuer à contribuer au développement constant des collectivités des régions où nous travaillons en faisant des dons et en offrant du soutien à nos employés ainsi qu'aux installations éducatives, récréatives et culturelles. Nous allons également contribuer au perfectionnement de la main-d'œuvre de l'avenir. Nous avons mis sur pied et nous soutenons de nombreux organismes à cette fin. J'aimerais parler en particulier de l'organisme CAREERS: The Next Generation. Nous soutenons également, par exemple, le Collège Keyano, le NAIT/SAIT — les instituts de technologie du Nord et du Sud de l'Alberta — et des programmes d'apprentissage. Nous allons continuer de veiller à ce que la surveillance et la présentation de rapports dans la région soient transparentes et respectent les normes les plus élevées.
Pour finir, nous allons continuer à contribuer de manière constructive au dialogue qui a cours au Canada sur l'énergie et la politique environnementale, en général, et sur les sables bitumineux en particulier.
Quant à savoir quels devraient être les objectifs clés des gouvernements pour l'avenir, je dirais qu'à mon avis, ce devrait être d'abord et avant tout de diriger et d'alimenter un débat honnête sur l'énergie et l'environnement. Le fait est que nous devons tous être prêts à faire preuve de transparence par rapport aux choix réels que nous avons et aux délais associés à chacun de ces choix. Nous devons veiller à ce que les gens comprennent bien les répercussions de ces différents choix stratégiques et leur incidence sur les consommateurs d'énergie de partout au Canada.
J'aimerais que l'environnement stratégique du Canada reconnaisse nos particularités sur les plans de la géographie et de l'énergie. Notre pays est fondé sur une économie d'exportation. Il ne fait pas chaud à Edmonton aujourd'hui, et j'ignore quel temps il fait à Ottawa. Notre pays présente également une faible densité de population et sa superficie est énorme. Nous avons besoin d'une politique énergétique propice à l'équilibre, à la croissance de trois dimensions clés: premièrement, nos intérêts économiques; deuxièmement, la sécurité énergétique et la fiabilité de l'approvisionnement; troisièmement, bien sûr, le rendement écologique.
Nous avons besoin de politiques qui favorisent le libre-échange avec les États-Unis, notre principal partenaire commercial, et avec les marchés d'outre-mer. Nous avons besoin de politiques fondées sur des solutions qui s'appliquent à l'ensemble de l'économie, favorisent la compétitivité et stimulent l'investissement, en particulier l'investissement destiné à la mise en valeur de la technologie et de l'innovation.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir écouté. J'attends avec impatience vos questions.
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Je vous remercie, Monsieur Ie président, de permettre à la Première nation Athabasca Chipewyan de s'adresser à votre comité au sujet de ce sujet important qui aujourd’hui préoccupe notre peuple. C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui et de vous parler de quelques-unes des grandes questions pouvant avoir des répercussions sur la sécurité énergétique au Canada.
Comme vous Ie savez peut-être, les terres traditionnelles de la Première nation Athabasca Chipewyan englobent une grande partie des sables bitumineux, situés en surface ou en profondeur, de la région de l'Athabasca, dans Ie Nord de l'Alberta.
Lors de ses fameuses expéditions, Alexander Mackenzie, faisant comme ses guides dénés, a utilisé un peu de ces sables goudronneux, ramassés sur les rives de la rivière Athabasca, pour imperméabiliser ses canots.
Aujourd'hui, quelque 230 ans plus tard, la quantité de pétrole présente dans les sables bitumineux s'élèverait à des centaines de milliards de barils; ces réserves de pétrole arrivent au deuxième rang après celles de l'Arabie Saoudite. Bien que les estimations puissent varier, une chose est sûre: II y a suffisamment de pétrole pour combler les besoins énergétiques à venir du Canada tout en exportant de grandes quantités de ce produit. Ces réserves exercent un tel attrait que des sociétés et des gouvernements de partout dans Ie monde se ruent vers l'Alberta, et en particulier vers les terres ancestrales de la Première nation Athabasca Chipewyan, pour s’emparer de leur part de ce butin pétrolier. Ce projet est considéré par certains comme étant Ie plus grand chantier industriel sur terre, et le plus destructeur. On peut même voir de I'espace, à l’œil nu, les terres qui ont été ainsi dévastées.
Vous pourriez donc penser que tout va bien dans Ie meilleur des mondes économiques, mais il n'en est rien. Malheureusement, la fièvre de l’or noir a changé dramatiquement Ie visage de la région, et, fait plus important encore, elle a bouleversé nos droits issus de traités et notre utilisation des terres ancestrales.
De nouvelles propositions visent à doubler, voire à tripler Ie nombre de projets d'exploitation des sables bitumineux dans la région, de sorte que les conséquences seront encore plus lourdes et qu’il nous sera impossible d'exercer comme bon nous semble les droits qui nous ont été concédés par traité il y a plus d’un siècle.
L’enjeu du débat aujourd’hui est différent; nous avons assez de pétrole pour combler nos besoins. Il faut cependant assurer une exploitation et une production sûres, appropriées et équitables des réserves pétrolières existantes. La question est de savoir quels seront pour les Canadiens les coûts environnementaux et humains de ce pétrole. Est-ce que la PNAC et les autres Premières nations du Canada devront payer plus que leur juste part de ces coûts?
Ne posez pas la question à nos gouvernements, ils n’ont tout simplement pas la réponse. Le gouvernement de l’Alberta se fait tout petit quand il est question de nos droits issus de traités qui devraient nous permettre d’utiliser en toute sécurité nos territoires ancestraux. Nos droits sont donc menacés, mais le gouvernement du Canada n’est pas intervenu et n’a rien fait pour les protéger.
Les consultations de vive voix avec le gouvernement au sujet des sables bitumineux sont inexistantes, et la PNAC n’a d’autre choix que de recourir aux tribunaux ou d’organiser des campagnes dans les médias.
Des rapports techniques tout récents ont révélé de graves lacunes dans les processus de surveillance de l’exposition à des substances chimiques, et on ne cherche aucune solution au problème des effets cumulatifs.
L'honneur de l'État est en jeu. Au lieu de se réfugier derrière des arguments juridiques absurdes, les représentants de l’État, au niveau tant fédéral que provincial, devraient consulter les représentants de la Première nation Athabasca Chipewyan, en personne, de manière appropriée, d'un gouvernement à un autre, et ces négociations devraient prévoir des mesures d'adaptation et d'atténuation des retombées environnementales et économiques.
Faute de consultations adéquates, les projets d'exploitation des sables bitumineux pourraient être menacés, tout comme la production pétrolière qui en découle. Faute de consultations adéquates, les effets négatifs sur I'environnement pourraient être irréversibles et dévastateurs pour les collectivités autochtones du Nord de l’Alberta et jusqu’aux Territoires du Nord-Ouest.
Si vous vous interrogez au sujet des enjeux liés aux sables bitumineux du Canada en ce qui concerne la sécurité énergétique, la réponse se trouve dans les retombées énormes de ces projets sur les droits des Autochtones et sur I'environnement.
À l’heure actuelle, Ie processus de soutien aux consultations risque l’éclatement. Le gouvernement provincial est arrivé à déléguer à l’industrie ses responsabilités en matière de consultation, et ce, même à l’égard des dossiers régionaux et de questions portant sur des répercussions allant au-delà de la région.
En dépit d'appels continus à cet effet auprès des deux ordres de gouvernement, II n'y a eu aucune consultation directe de la part de l'État. En raison de cette lacune au chapitre des consultations, les droits de la Première nation Athabasca Chipewyan s'érodent peu à peu, et notre capacité à utiliser nos terres est réduite à néant; les résultats des analyses d’échantillons d'eau de la rivière Athabasca ont été contestés en raison de pratiques de surveillance douteuses; les retombées sur la santé humaine, surtout en ce qui a trait aux taux de cancers à Fort Chipewyan, constituent un problème majeur; et, en l’absence de toute mesure d'atténuation, les habitats et les sources de nourriture d’espèces menacées ainsi que d'autres habitats fauniques sont en danger.
L'absence de consultations minera d'autres batailles juridiques, comme celle des Premières nations de West Moberly, dans la région du Traité no 8, où un projet d'exploitation minière a été stoppé en raison d'un manque de consultation au sujet du caribou, une espèce menacée dans ce secteur. Le caribou des bois est maintenant menacé, et, dans le Nord de l’Alberta, il est en voie d’extinction. Cet animal est très important pour la PNAC des régions où sont exploités les sables bitumineux, car il fait partie de notre alimentation traditionnelle.
En résumé, la Première nation Athabasca Chipewyan affirme que la sécurité énergétique pétrolière consiste non pas à avoir suffisamment de pétrole, mais plutôt à exploiter de façon appropriée les immenses réserves pétrolières existantes.
La sécurité énergétique du Canada est menacée par l’incapacité de l'État à mener des consultations appropriées en ce qui a trait aux retombées massives du plus grand projet industriel du monde. Ce chantier se trouve dans notre cour; en ce qui concerne la Première nation Athabasca Chipewyan, Ie chantier n'est pas que dans la cour, puisque nous sommes dedans. Voila Ie type d'exploitation intensive à laquelle la Cour suprême du Canada faisait allusion lorsqu’elle a tenu l'État de consulter de façon étendue les peuples autochtones.
Nous demandons aux gouvernements du Canada et de l'Alberta de s'acquitter de leurs responsabilités constitutionnelles et, ce faisant, de protéger la sécurité énergétique du Canada.
Je vous remercie de m'avoir donné la chance de m'exprimer.
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Merci de m'avoir invité.
Nous allons peut-être, un jour, découvrir un combustible qui n'a aucun effet négatif sur l'environnement, qui est abordable et qui est commode; mais d'ici là, nous avons besoin de pétrole. Et pas seulement pour nous: il y a aussi les États-Unis, à qui nous vendons chaque jour 1,4 million de barils de pétrole extraits des sables bitumineux.
L'an dernier, pour la première fois, il s'est vendu plus d'automobiles en Chine qu'aux États-Unis. Les Chinois veulent eux aussi deux automobiles par famille. C'est la même chose en Inde et dans les autres pays en développement.
Nous ne pouvons pas choisir entre le pétrole extrait des sables bitumineux et un carburant de rêve. Nous devons choisir entre le pétrole extrait des sables bitumineux et le pétrole acheté d'autres pays, principalement les pays de l'OPEP. Je ne sais pas à quoi Dieu pensait lorsqu'Il a distribué les réserves de pétrole, mais Il les a toutes données aux salauds du monde entier — l'Arabie saoudite, l'Iran, le Venezuela et le Nigéria. Parmi les 10 pays qui possèdent les plus grandes réserves de pétrole, le Canada est la seule démocratie occidentale libérale.
Cela n'a pas d'importance pour ceux qui ne se préoccupent que de leur voiture; le pétrole brûle de la même façon, quelle que soit son origine. Mais qu'en est-il de l'éthique du pétrole? Dans mon livre, Ethical Oil — j'en donnerai avec plaisir un exemplaire à tout le monde, courtoisie de mon éditeur, après mon exposé —, je propose quatre valeurs libérales qui pourraient servir de paramètres de la moralité d'un baril de pétrole: le respect de l'environnement; la paix; un salaire équitable pour les travailleurs; les droits de la personne. Je compare le pétrole extrait des sables bitumineux au pétrole de l'OPEP en utilisant ces quatre paramètres. J'en arrive à la conclusion que les sables bitumineux sont le café équitable de l'industrie pétrolière mondiale.
Prenons l'environnement. Dans les images de propagande diffusées par Greenpeace, les sables bitumineux ont l'apparence du Mordor du Seigneur des anneaux. Mais les sables bitumineux ne sont exploités de cette façon que sur 2 p. 100 seulement du territoire, là où l'on retrouve 20 p. 100 de la ressource. Pour exploiter le reste des ressources in situ, en profondeur, il faut utiliser d'autres méthodes, qui n'endommagent pas la surface. Ces méthodes n'utilisent pas l'eau des rivières; de toute façon, le territoire qui aura été creusé, cette superficie de 2 p. 100, doit être remis en état par la suite. Plus de 60 kilomètres carrés ont déjà été remis en état. Comparez la situation avec celle du Nigéria, où 2 000 sites de déversement de pétrole toxique ne seront jamais nettoyés.
Il y a ensuite la question du dioxyde de carbone. Selon le modèle d'analyse du puits à la pompe du gouvernement Obama, le pétrole extrait des sables bitumineux a une empreinte carbonique semblable à celle du pétrole en provenance du Nigéria ou de l'Irak, dont les pertes en gaz naturel sont énormes. Mais l'empreinte carbonique du pétrole canadien est moins importante que celle du pétrole que les États-Unis importent du Venezuela et beaucoup moins importante que celle du pétrole produit dans l'État de Nancy Pelosi; on ne parle pas du « pétrole lourd de la Californie » pour rien.
Donc, si vous vous préoccupez des émissions de carbone, ne pensez-vous pas qu'il faudrait remplacer le pétrole à teneur élevée en carbone du Venezuela et de la Californie par notre pétrole, extrait des sables bitumineux, dont la teneur en carbone est moindre? Depuis 1990, l'empreinte carbonique du baril de pétrole moyen extrait des sables bitumineux a diminué de 38 p. 100. J'ai hâte de voir où nous en serons dans 10 ans.
Mais l'environnement n'est pas la seule mesure de l'éthique. Qu'en est-il de la paix?
C'est le Canada qui a inventé les missions de maintien de la paix. L'Arabie saoudite a inventé les attentats du 11 septembre. L'Iran utilise les profits tirés de son pétrole pour fabriquer une bombe nucléaire. Le Soudan utilise les profits tirés de son pétrole pour acheter des armes et poursuivre le génocide au Darfour. Il y a eu au Darfour 300 000 meurtres. Si vous multipliez ce nombre par 185, le nombre d'onces de sang dans le corps humain, et si vous divisez ce produit par le nombre de barils de pétrole que le Soudan a exportés pendant cette période, vous arriverez au résultat suivant: il y a 6,5 millilitres de sang dans chaque maudit baril. C'est la contenance d'un tube de rouge à lèvres.
Qu'en est-il maintenant des salaires équitables? Fort McMurray est la ville la plus riche du Canada — et c'est aussi la plus généreuse, selon Centraide. Les travailleurs pauvres de cette ville, ceux qui se situent au quartile inférieur, ont un pouvoir d'achat supérieur de 77 p. 100 à celui des travailleurs pauvres d'autres villes, comme Edmonton. Comparez ces données à la situation en Arabie saoudite, qui emploie des immigrants à bas salaire et ne leur donne aucun droit civil; ou à la situation au Nigéria, où les dictateurs comme les bureaucrates ont volé au Trésor public plus de 300 milliards de dollars, faisant de ce pays l'un des plus pauvres du monde.
Il y a ensuite la question des droits de la personne. Le maire de Fort McMurray est une jeune femme, Melissa Blake. Combien y a-t-il de mairesses en Arabie saoudite? Il n'y en a pas. La loi l'interdit. En Iran, les femmes sont lapidées à mort, si elles sont accusées d'adultère. Ahmadinejad affirme qu'il n'y a pas d'homosexuels en Iran. Et vous savez quoi, il ne ment pas, puisqu'il tue tous ceux qu'il trouve.
Il faut ajouter que l'industrie des sables bitumineux est le principal employeur d'Autochtones au Canada. En plus de leur offrir 2 000 emplois directs, elle fait gagner des milliards de dollars aux entreprises appartenant à des intérêts Autochtones.
Si la moralité ne vous intéresse pas, achetez donc du pétrole de l'Iran ou du Soudan. Il est d'aussi bonne qualité que le pétrole canadien. Mais si vous croyez qu'il est possible de vivre dans un monde meilleur, la morale vous oblige à remplacer le pétrole sans éthique de l'OPEP par du pétrole canadien qui est écologique, qui n'est pas une source de conflit, qui assure un salaire équitable et qui respecte les droits de la personne.
Le chef de l'opposition dit qu'il est important de commercer davantage avec la Chine et l'Inde. Je suis d'accord. À l'heure actuelle, ces pays sont forcés d'acheter leur pétrole à des terroristes, à des dictateurs, au Darfour, car nous ne vendons notre pétrole qu'aux Américains, actuellement. J'aime nos voisins du sud, mais il est dangereux de n'avoir qu'un seul client pour nos produits. Nous sommes à la merci du protectionnisme et des taxes, et on nous tient parfois pour acquis. C'est pourquoi le pipeline de la côte Ouest a une si grande valeur stratégique. Il fait de nous un pays indépendant, qui peut exercer des choix.
Je trouve très irritant de constater qu'un si grand nombre de militants qui s'opposent aux sables bitumineux sont financés par des groupes de lobbyistes américains comme la Tides Foundation. Bien sûr, il est dans l'intérêt des Américains qu'aucun autre consommateur ne puisse acheter le pétrole canadien, mais il est dans l'intérêt du Canada de pouvoir le vendre à qui il veut, et, sous l'angle de l'éthique industrielle, c'est aussi dans l'intérêt du monde.
Bien des gens observent la façon dont le Canada agit dans le dossier des sables bitumineux — les Canadiens, mais également l'ambassadeur des États-Unis. Il espère que les pipelines cesseront d'être utilisés, de façon à pouvoir conserver le pétrole pour lui tout seul. L'ambassadeur de l'Arabie saoudite nous observe lui aussi. Il nous observe peut-être ensemble, je ne sais pas. Il espère également que le pipeline sera fermé, de façon à ne pas perdre de parts de marché en Asie, puisqu'il a déjà perdu des parts de marché aux États-Unis. Mais pour tous ceux qui aiment le Canada, une plus grande exploitation des sables bitumineux est une bonne chose pour notre pays et pour tous ceux qui pensent mondialement et agissent localement, car chaque baril de pétrole extrait des sables bitumineux que nous vendons en Asie ou aux États-Unis est un baril de moins vendu aux terroristes et dictateurs du monde entier.
Merci.
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C'est une bonne question.
Nous avons signé le Traité no 8 en 1899. Il nous donnait le droit de chasser, de pêcher et de trapper. Aujourd'hui, il est à peu près impossible d'aller dans les régions où nous allions il y a 40 ans. Des lacs qui existaient encore il y a 20 ans ont disparu. Il y a des signes de contamination le long des berges, qui sont couvertes d'une drôle de substance mousseuse, pour laquelle les Aînés n'ont pas de nom, car ils n'avaient jamais vu cela auparavant.
Le chenal principal qui se rend jusqu'au lac Athabasca laisse une trace argentée. Le delta des rivières de la Paix et Athabasca reçoit plusieurs affluents; c'est l'un des plus importants deltas d'eau douce du monde. Nous utilisions beaucoup de ces affluents pour aller dans des régions qui aujourd'hui sont rendues inaccessibles par le manque d'eau.
L'industrie a besoin de quatre barils d'eau pour extraire un baril de pétrole du sol. Si on fait le calcul, je crois qu'en une seule journée, des millions de barils d'eau sont extraits de la rivière. Si l'Athabasca disparaît... C'est l'un des principaux cours d'eau, et nous l'utilisons depuis des siècles. Je vois déjà le jour où cette rivière ne sera plus qu'un tout petit ruisseau; on l'appellera le ruisseau Athabasca. Si l'exploitation minière se poursuit à ce taux infernal, je suis convaincu que la rivière Athabasca se transformera en ruisseau et que l'eau deviendra introuvable.
L'industrie utilise maintenant l'eau des nappes souterraines. Ils affirment qu'ils ne contamineront pas l'eau souterraine, mais, s'ils y touchent, il y aura une incidence sur les cours d'eau souterrains et, au bout du compte, sur la rivière Athabasca. Des affluents et des lacs qui existaient il y a 30 ou 40 ans ont aujourd'hui disparu. Des aînés pourraient vous amener à divers endroits; vous verrez des prairies là où il y avait des lacs. Vous pouvez aujourd'hui traverser à pied les lieux où il y avait autrefois de l'eau.
Le taux de cancer à Fort Chipewyan a quadruplé au cours de la dernière décennie. En un mois, nous avons enterré sept personnes, mortes d'un cancer très rare. Si rare, dans un cas, qu'il ne touche qu'une personne sur 100 000. La population de Fort Chipewyan, où j'habite, n'est que de 1 200 personnes. Alors, expliquez-moi pourquoi, en une seule année, deux personnes sont mortes de cette forme rare de cancer. D'où vient-il? Voilà les questions que l'on pose. La seule réponse que l'on ait trouvée, c'est que cela vient des méthodes utilisées aujourd'hui pour extraire le pétrole du sol.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir de représenter Alberta Innovates Technology Futures ici aujourd'hui. J'aimerais préciser à l'intention de ceux qui ne nous connaissent pas que nous nous appelions à l'origine l'Alberta Research Council. Il y a eu une restructuration, le 1er janvier 2010, dans le cadre de la restructuration provinciale du système d'innovation.
Ce domaine est très vaste et très complexe. Dans mon esprit, je suis un gars tout simple. Mon épouse dit de moi que je suis un gars très simple. Je vais donc m'en tenir à des faits très simples. La question de la sécurité énergétique est très vaste; on peut même avoir de la difficulté à la définir. Vous allez trouver de nombreuses définitions. Je suis convaincu que vous en avez entendu plusieurs pendant vos travaux. Mais, en termes simples, les Canadiens moyens veulent avoir de l'électricité lorsqu'ils actionnent un commutateur, ils veulent de l'eau chaude lorsqu'ils tournent le robinet, et ils veulent de l'essence lorsqu'ils vont à la station-service. Malheureusement, ils veulent tout cela à un prix raisonnable, peu importe ce que cela veut dire aujourd'hui. Ils veulent aussi que les méthodes de production d'énergie soient respectueuses de l'environnement — dans la mesure où cela ne coûte pas plus cher.
La réalité de la sécurité énergétique du Canada est très complexe. Nous importons et nous exportons de l'énergie sous toutes ses formes. Il s'agit parfois de matières brutes comme le pétrole, le charbon ou l'uranium. Mais nous avons aussi l'électricité, un vecteur énergétique qui nous permet de transmettre de l'énergie aux États-Unis et à d'autres provinces. Nous vivons dans un pays immense et peu peuplé où la température atteint des extrêmes extraordinaires. La construction de l'infrastructure nécessaire pour exploiter les ressources et fournir de l'énergie aux Canadiens a été l'un des projets les plus ambitieux et les plus complexes, sur le plan technique, de tous les temps. À mon avis, nous avons été très chanceux de pouvoir compter sur des gens qui ont relevé le défi et qui ont trouvé en eux l'énergie nécessaire pour agir.
Envisageons la sécurité énergétique dans son ensemble. Je suis d'accord avec les résultats présentés dans le rapport du séminaire Capstone de 2009-2010, publié par l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, où l'on dit que huit facteurs interdépendants influent sur la sécurité énergétique du Canada: la diversité du bouquet énergétique du Canada, le degré de transparence du marché, l'investissement, le libre marché dans le secteur énergétique canadien, l'infrastructure énergétique, l'intensité énergétique, l'environnement et les considérations géopolitiques.
Mais à mon avis, d'autres aspects plus complexes viennent brouiller les cartes de la sécurité énergétique et le rôle de soutien que les gouvernements doivent jouer. Tout d'abord, la gestion du risque. Notre rôle, en tant que gouvernement, consiste à gérer les risques et à les comprendre. Nous ne maîtrisons peut-être pas parfaitement la matière, mais nous pouvons gérer le niveau d'incertitude et atténuer les risques dans le cadre d'un processus continu.
Deuxièmement, la souveraineté. Prenons par exemple l'Arctique — la souveraineté sur les territoires de l'Arctique est contestée. À qui appartiennent-ils? À quel pays? Où est la ligne de démarcation?
Troisièmement, et j'en suis convaincu, nous devons devenir le chef de file mondial de la gouvernance énergétique et environnementale. Le Canada est-il une superpuissance énergétique ou un simple commerçant? Quelles mesures devons-nous prendre pour être reconnus comme une superpuissance énergétique plutôt que de nous contenter d'affirmer que nous le sommes?
Quatrièmement, il y a le problème des liens de cause à effet. Dans bien des cas, les pays qui produisent de l'énergie le font à grande échelle. Les conséquences sur l'environnement sont également énormes. Mais d'autres défis ont pour enjeu le bien-être social et économique des collectivités.
Pour terminer, l'innovation. On croit naïvement qu'on pourrait comprendre et gérer tous ces enjeux en innovant dans des secteurs comme le développement technologique, les cadres stratégiques et la gestion des services de santé. À mon avis, une stratégie en matière d'innovation est la clé de la sécurité énergétique. Les récents travaux du Conseil canadien des chefs d'entreprise donnent des exemples des possibilités d'un programme d'innovation. Il y aura toujours des conférenciers qui, en parlant d'innovation, affirmeront que les programmes d'innovation antérieurs ont échoué. Lorsque Herb Dhaliwal était ministre des Ressources naturelles, je me souviens l'avoir entendu dire que des lacunes au chapitre du transfert de connaissances minaient le débat sur l'innovation. Le gouvernement innove et l'industrie aussi. Mais que faut-il faire pour qu'ils innovent de concert?
Pourquoi avons-nous échoué? Premièrement, je crois que les gens qui ont conçu les programmes scientifiques et technologiques qui ont été mis en oeuvre n'avaient pas bien compris ni intégré la vue à long terme que l'innovation suppose. Deuxièmement, je crois que nous ne posons pas les bonnes questions. Qu'est-ce que l'innovation? Qu'essayons-nous de faire grâce à l'innovation? Est-ce qu'elle concerne l'environnement? Est-ce qu'elle concerne l'économie? Quelle est sa nature? Par quels moyens essayons-nous de comprendre cet aspect important?
Un troisième élément — peut-être le plus important dans le cadre de tout programme stratégique — est le leadership ou l'absence de celui-ci. Nous avons besoin d'un champion pour faire avancer ce programme. Cela n'arrivera pas du jour au lendemain — et probablement pas au cours des prochaines périodes électorales —, mais nous avons besoin d'un engagement à long terme pour veiller à ce qu'un programme d'innovation appuyant un programme de sécurité énergétique puisse être mis à exécution.
En Alberta, de nombreuses recommandations présentées récemment par le CCCE, comme le soutien offert aux entreprises en démarrage, l'amélioration des relations entre les entreprises et les universitaires, la création de bassins d'employés hautement qualifiés et la restructuration de cadres stratégiques en contribuant au développement de nouvelles entreprises, sont actuellement mises en oeuvre. Le nouveau nom de mon entreprise découle de la restructuration du système d'innovation — ma collaboration avec trois organisations soeurs des secteurs de la santé, de la bioindustrie et de l'énergie.
En ce qui concerne l'innovation sur le plan fédéral, la capacité d'orienter le programme est primordiale. La complexité du programme limite peut-être la capacité des organes chargés d'élaborer des politiques fédérales de tirer des leçons de programmes scientifiques et technologiques et de faire des progrès au défi de la sécurité énergétique.
Nous devons nous poser les questions de base: que faut-il faire? Qui doit le faire? Quand faut-il le faire? Quelles sont les ressources dont ils ont besoin pour mettre cela à exécution? Comment pouvons-nous les tenir responsables?
Même s'il est complexe, le long cycle naturel d'innovation a besoin de la contribution des universités et de groupes comme le Conseil national de recherches — où de grands projets scientifiques peuvent se réaliser dans le cadre d'un objectif national —, mais il suppose également une collaboration où les cadres régionaux établissent des liens avec diverses entités provinciales de recherche, comme le Conseil de la recherche et de la productivité du Nouveau-Brunswick, le Conseil de la recherche de la Saskatchewan, le Centre de technologie industrielle du Manitoba, le CRIQ à Québec et mon propre groupe Alberta Innovates Technology Futures. Nous comprenons les avantages de la compétence en matière d'énergie et lorsqu'il est question de l'environnement, et nous pouvons non seulement appuyer directement les entreprises pour stimuler l'économie, mais aussi comprendre et favoriser le bien-être de tous les Canadiens dans nos sphères de compétence provinciales.
Je suis optimiste et je crois fermement que les difficultés que nos ancêtres ont surmontées au tout début de la croissance énergétique au Canada constituent la force et la résolution dont nous avons besoin pour aplanir les difficultés d'aujourd'hui et les transformer en débouchés pour demain. Les ressources énergétiques canadiennes sont au coeur du développement du pays, mais elles viennent avec des responsabilités.
Les gouvernements au Canada doivent assurer une bonne gestion et un bon leadership en élaborant des cadres stratégiques et financiers qui permettent de déterminer quand ou si ces ressources devraient être exploitées et sous quelles conditions. À mon avis, le système de réglementation au Canada est robuste, approprié et responsable, mais il peut être amélioré. Nous devrions toujours chercher à améliorer nos systèmes, toujours nous demander si nous faisons la bonne chose pour les bonnes raisons et nous améliorer constamment.
Cela dit, je crois qu'au chapitre de la sécurité énergétique, le rôle fondamental du gouvernement est de faire preuve de leadership à l'échelle provinciale, nationale et internationale. Cela ne veut pas toujours dire qu'il joue un rôle de premier plan, mais cela suppose qu'il comprenne les risques et les gère; qu'il offre, au besoin, un soutien au chapitre des finances et des politiques; qu'il communique efficacement avec les intervenants pour comprendre leurs préoccupations au lieu de simplement leur transmettre un message; qu'il fasse avancer l'élaboration de politiques futures fondées sur de solides connaissances au chapitre de la science et de l'ingénierie; et qu'il sache à quel moment confier ce leadership à autrui; et qu'il fasse preuve d'innovation pour tirer avantage de mesures futures et d'une bonne gestion. Mais, tout comme nous tenons les politiciens responsables en votant pour eux, vous devez nous tenir responsables — en tant que représentants de l'industrie et groupes de recherche — de nos actions et de notre inaction.
Merci encore une fois, monsieur le président, de m'avoir donné l'occasion de témoigner. J'ai hâte de répondre à vos questions.
Je réside à Vancouver-Nord. Je suis titulaire d'une maîtrise en sciences de la nutrition et j'ai passé une bonne partie de ma vie à travailler pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance: six ans au Guatemala, et cinq en Indonésie.
Par souci de brièveté, je ne m'attarderai pas sur la façon dont je suis passée de l'UNICEF à la salmoniculture à l'examen approfondi de plus de 6 000 pages de déclarations de revenus aux États-Unis produites par des fondations de bienfaisance qui financent une campagne contre l'exploitation des sables bitumineux en Alberta. Mais je tiens à dire, d'entrée de jeu, que je ne reçois aucun financement et que je ne fais partie d'aucune industrie ni d'aucun parti politique.
J'aimerais également remercier la contribution grandement appréciée de mon collègue, Rob Scagel.
Mes observations mettront l'accent sur le financement étranger — provenant de fondations de bienfaisance américaines — de ce que j'appelle le « démarketing » du pétrole de l'Alberta. J'entends par démarketing la publicité dissuasive qui réduit ou détourne la demande pour un produit donné. Nous n'entendons pas beaucoup parler du démarketing, car le marketing vise surtout à vendre non pas moins, mais davantage. Mais, lorsqu'il est question du pétrole de l'Alberta, la publicité dissuasive est précisément ce que font les organismes environnementaux canadiens avec l'argent des fondations de bienfaisance américaines.
Le pétrole albertain n'est ni le seul ni le premier produit d'exportation canadien d'importance à faire l'objet d'une publicité dissuasive dans le cadre de campagnes financées par des millions de dollars américains. Le même sort a été réservé aux produits forestiers et à la salmoniculture au Canada. Si toutes les choses négatives qu'on a dites sur le pétrole de l'Alberta étaient vraies, je conviendrais qu'il faudrait faire du démarketing. Toutefois, comme nous l'avons entendu au cours de la séance précédente, certains propos sont de toute évidence faux.
Alors, je crois donc que la question suivante s'impose: y a-t-il des principes scientifiques de base fiables ou des arguments judicieux en faveur du démarketing du pétrole de l'Alberta? Si non, pourquoi fait-il l'objet d'une publicité dissuasive?
Selon mon analyse des déclarations de revenus aux États-Unis, des fondations de bienfaisance américaines ont accordé au moins 18 millions de dollars de dons expressément pour salir le pétrole albertain et pour contrecarrer l'industrie pétrolière canadienne. En passant, ce montant représente une hausse d'environ trois millions de dollars par rapport aux 15 millions de dollars dont j'avais parlé dans un article publié dans la page éditoriale du Financial Post en octobre. Certaines sommes visaient particulièrement à contrecarrer l'industrie pétrolière et gazière canadienne. À titre d'exemple, en 2006, le Rockefeller Brothers Fund a versé 200 000 $ à la Pembina Foundation et à West Coast Environmental Law « pour empêcher le développement d'un pipeline et d'un port pour pétroliers... », entre autres choses.
En 2009, la Bullitt Foundation a versé des fonds à la Tides Foundation pour la Dogwood Initiative « pour élargir la campagne de sensibilisation pour mobiliser les électeurs urbains en faveur d'une interdiction fédérale des pétroliers caboteurs... » Et la Brainerd Foundation — une autre fondation américaine — a financé la Dogwood Initiative « pour aider à accroître l'opposition publique afin de contrer le projet de pipeline d'Enbridge... ». Elles mènent des activités pour lesquelles elles ont été payées.
Le Rockefeller Brothers Fund a consenti au moins 105 000 $ précisément pour les Premières nations situées à l'embouchure du chenal marin de Douglas, où des pétroliers devront effectuer leur chargement aux fins d'exportation en Asie. Cette somme comprenait 70 000 $ versés pour la célébration d'un anniversaire en 2004 et 35 000 $ pour la tenue d'une cérémonie en 2006. Alors, parmi tous les Autochtones et tous les endroits du monde, pourquoi le Rockefeller Brothers Fund a choisi de verser plus de 100 000 $ aux Premières nations du village de Kitimat qui se trouve à l'embouchure du chenal marin de Douglas?
Je peux voir que ce qu'ils font, c'est protéger l'environnement. Je peux aussi voir que ce qu'ils font, c'est du protectionnisme au nom de l'environnement. Je crois qu'il importe d'envisager la campagne contre le pétrole albertain dans le contexte plus large des activités de financement de fondations américaines dans notre pays.
Selon mon analyse et mes calculs préliminaires, au cours de la dernière décennie, des fondations américaines ont dépensé près de 300 millions de dollars pour appuyer des initiatives canadiennes de conservation et de soi-disant réforme de nos industries d'exploitation des ressources naturelles — les industries forestière, minière, pétrolière et gazière et aquacole. Environ 50 millions de dollars sont allés directement aux Premières nations — plus particulièrement, celles vivant sur la côte de la Colombie-Britannique —, y compris, par exemple, un don de 27,3 millions de dollars. C'était un seul don.
Plus ou moins 80 p. 100 des 209 millions de dollars provenaient de cinq fondations: la Hewlett Foundation, la Packard Foundation, la Gordon and Betty Moore Foundation, les Pew Charitable Trusts et le Rockefeller Brothers Fund. Ce sont les fondations que je considère comme « Le club des cinq ». Elles possèdent 22 milliards de dollars d'actifs. Elles donnent chaque année 1,2 milliard de dollars. Leurs PDG respectifs gagnent de 600 000 à 700 000 $ par année. Les cadres supérieurs chargés de l'étude de l'environnement touchent une rémunération dans les 300 000 $. Certains de ces environnementalistes professionnels gagnent plus que le premier ministre du Canada.
Pour le reste de mon exposé, j'aimerais vous faire part des trois grandes conclusions que j'ai tirées de ma recherche et de mon analyse.
Tout d'abord, il n'y a aucun doute que les environnementalistes se soucient énormément de l'environnement, mais il y a beaucoup plus que cela. Certaines des fondations qui financent le démarketing du pétrole albertain ont octroyé du financement visant précisément à réduire la dépendance aux combustibles fossiles pour des raisons de sécurité nationale. Alors, de toute évidence, il ne s'agit pas que de l'environnement; d'autres intérêts sont en jeu.
Aux alentours de la même période où la Hewlett Foundation et la Packard Foundation — deux fondations distinctes — ont versé 83 millions de dollars à des initiatives environnementales au Canada, elles ont également versé plus d'un demi milliard de dollars à la ClimateWorks Foundation et à l'Energy Foundation.
L'Energy Foundation a un programme clair de « création d'un marché de l'énergie solaire robuste ». Depuis 2009, l'Energy Foundation a effectué au moins 33 dons qui visaient la réduction des obstacles à l'accès au marché pour la mise en valeur de l'énergie solaire, la promotion de l'énergie solaire à l'échelle des services publics, la conception de politiques sur l'énergie solaire et le soutien aux interventions réglementaires, à la planification de corridors de transmission à long terme et à l'élaboration de modèles de financement de l'énergie solaire.
Il faut plus que du soleil pour mettre sur pied un secteur de l'énergie solaire. Il faut aussi enlever des capitaux de placement à des industries concurrentes, surtout l'industrie pétrolière. La ressource solaire est peut-être infinie, mais ce n'est pas le cas des capitaux, et le fait de faire peur aux consommateurs, aux électeurs et aux investisseurs — ce qui est l'objectif des campagnes — est une façon d'influencer les investisseurs et d'attirer leurs capitaux.
Alors, la Hewlett Foundation finance l'Energy Foundation pour créer un marché de l'énergie solaire robuste et pour contrecarrer industrie du charbon tout en finançant la Tides Foundation et Tides Canada pour salir le pétrole albertain et contrecarrer l'industrie pétrolière et gazière canadienne.
De mon point de vue, le démarketing du pétrole albertain fait partie intégrante de la vaste et coûteuse initiative de Hewlett pour détourner le marché énergétique des combustibles fossiles et pour le diriger vers les ressources renouvelables.
Le problème du démarketing, c'est que vous vous retrouvez coincé, car, si vous avancez que vos produits et services sont meilleurs que ceux des concurrents — qui sont mauvais — et que vous commencez soudainement à changer vos propos sur vos concurrents, cela change non seulement ce que le marché pense des concurrents, mais aussi ce qu'on dit sur vous. Vous devez donc maintenir votre position, et c'est à ce moment-là que vous vous retrouvez coincé, car, même si vos concurrents procèdent à une réforme et apportent des améliorations, vous n'avez d'autre choix que de continuer à les attaquer et à les salir — c'est ce que nous constatons.
Deuxièmement, le militantisme environnemental n'est plus ce qu'il était. Le nouveau facteur, c'est l'argent — des millions et des millions de dollars. Tant que les organismes environnementaux sont payés pour mener des campagnes qui coûtent plusieurs millions de dollars, je crois qu'il est déraisonnable d'espérer qu'ils ne le feront pas.
Je vais terminer par une suggestion. Vu que des fondations américaines ont dépensé plus de 300 millions de dollars au Canada — plus particulièrement, 120 millions de dollars dans le cadre de l'initiative de la forêt tropicale de Great Bear et de l'initiative de la forêt boréale —, elles prennent visiblement au sérieux ce qu'elles font. J'espère donc que les dirigeants du gouvernement et de l'industrie vont s'entretenir directement avec les PDG de ces fondations.
L'exploitation du pétrole albertain est une possibilité qui vaut des milliards de dollars, et j'espère que nous allons profiter au maximum de cette possibilité en réduisant les risques à un niveau acceptable pour les Canadiens. Tant au pays qu'à l'étranger, nous pourrions faire beaucoup de choses à cet égard, de même qu'au chapitre de la sécurité énergétique. J'espère que nous réussirons.
Merci, monsieur le président.
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Mesdames et messieurs les membres du comité des ressources naturelles de la Chambre des communes, monsieur le président, merci beaucoup de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
J'ai présenté un mémoire avant la tenue de la séance, et il est trop long pour que je puisse le lire en sept minutes, alors, je vais relever les points saillants du mémoire. J'espère que vous aurez l'occasion de le lire plus tard.
Les Canadiens sont très choyés. Nous possédons un très grand territoire qui regorge de ressources naturelles, et notre population est relativement petite pour une si grande masse terrestre. À l'heure actuelle, nous utilisons 2,3 milliards de barils d'équivalent pétrole par année, et cette quantité augmentera de 34 millions de barils d'équivalent pétrole d'ici 2025, ce qui veut dire que nous aurons besoin de 2,9 milliards de barils d'ici 2025.
Nous avons un niveau de vie incroyable parce que nous sommes un pays choyé. Cela tient au fait que nous avons des ressources pour nous et que nous en avons suffisamment pour les exporter chez nos voisins. Le Canada est donc un pays très choyé, mais cela ne veut pas dire que nous pouvons nous reposer sur nos lauriers et dire: « C'est parfait, nous avons un très bel avenir qui nous attend. » Nous ne pouvons pas faire cela.
Nous devons faire exactement ce que le comité fait actuellement, c'est-à-dire essayer de comprendre et de prévoir et de gérer une combinaison raisonnable et durable au chapitre de notre approvisionnement énergétique futur. Actuellement, nous utilisons environ 30 p. 100 de pétrole, 27 p. 100 de gaz naturel, 8 p. 100 de charbon, 6,5 p. 100 d'énergie nucléaire et 28 p. 100 d'hydroélectricité. À la lumière de ces chiffres, vous pouvez constater que 65 p. 100 de notre énergie provient de combustibles fossiles.
Le fond du problème, c'est que, pour rendre cet approvisionnement durable, nous devons miser davantage sur nos ressources renouvelables. Nous sommes très chanceux de pouvoir produire de l'hydroélectricité, mais nous avons peu de capacités d'accroître la production d'hydroélectricité. Nous travaillons très dur sur la production d'énergie solaire, mais, à l'heure actuelle, la puissance installée pour la production d'énergie solaire n'est que de 120 mégawatts. Même au chapitre de la production d'énergie éolienne — sur laquelle nous travaillons très dur —, nous avons une production de 3 320 mégawatts. Cela ne représente que 0,2 p. 100 des besoins énergétiques du Canada. C'est très modeste. Nous produisons aussi de l'éthanol à titre d'énergie de remplacement, à raison de 5,8 millions de barils, ce qui représente 0,27 p. 100.
Si vous prenez la production totale d'énergie éolienne, d'énergie solaire et d'éthanol et que vous dites que vous allez simplement les adapter à la demande croissante jusqu'en 2025, il faudrait que vous augmentiez la production annuelle de ces secteurs de 300 p. 100 d'ici 2025. C'est un investissement incroyable que nous devons faire au chapitre des énergies renouvelables du Canada. De toute évidence, nous devons prendre des mesures à l'égard des combustibles fossiles au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers une société axée sur des ressources renouvelables.
Je crois que l'examen des sources non conventionnelles d'approvisionnement est très important. Nous avons bien sûr le méthane de houille, qui est une source non conventionnelle, et nous avons tous entendu parler du gaz de schiste, en vogue sur tout le continent. Et nous sommes très conscients du fait que nous avons 160 milliards de barils de pétrole et que près de 20 p. 100 de cette production seront récupérables. Nous faisons face à toutes sortes de problèmes pour que cela se réalise, et nous avons recours à de nouvelles méthodes de fracturation et d'autres façons d'exploiter cette ressource.
Je suis ici aujourd'hui pour vous dire qu'à mon avis, nous avons la chance incroyable au Canada de jouir d'une sécurité tant énergétique qu'environnementale; nous pouvons utiliser cette ressource non conventionnelle qu'on appelle le dioxyde de carbone pour accroître notre production énergétique. Je crois que nous avons comme atout le dioxyde de carbone que nous émettons dans l'atmosphère pour absolument aucune raison. Cela mine notre image; nous donnons l'impression de produire du pétrole sale, et je conviens que nous ne méritons pas cette réputation, mais, malheureusement, nous l'avons déjà. Le problème peut être facilement réglé si on extrait le dioxyde de carbone des sables bitumineux. Voici ma stratégie pour l'Alberta: extraire le dioxyde de carbone des chaudières de DGMV et l'utiliser pour accroître la récupération du pétrole provenant d'installations de pétrole conventionnel et lourd dans le centre et dans le Sud de la Saskatchewan et de l'Alberta.
Nous avons 170 milliards de barils de pétrole provenant des sables bitumineux. La production aura lieu, comme tout le monde ici présent l'a dit aujourd'hui — nous avons tous convenu que la production aura lieu. D'ici 2025, nous allons émettre plus de 60 millions tonnes de dioxyde de carbone en raison de l'ensemble de cette production. Pourquoi laisserions-nous cet atout s'envoler dans l'atmosphère lorsque nous pouvons nous en servir?
Nous savons tous que 80 p. 100 des sables bitumineux seront traités in situ — ce n'est pas une exploitation à ciel ouvert —, que la production in situ exige l'injection de vapeur dans un des puits horizontaux et que nous utilisons des générateurs de vapeur à passage direct pour produire de la vapeur. Ces générateurs produisent du dioxyde de carbone. Ce sont ces émissions dont je vous parle.
Pourquoi ne pas recourir au dioxyde de carbone pour la production non conventionnelle, que j'appelle la récupération assistée des hydrocarbures? Certaines personnes de l'industrie appellent cela une injection de fluides miscibles ou immiscibles. Il s'agit simplement de modifier la viscosité du pétrole; son volume augmentera, et vous pourrez le récupérer.
Concernant la production de pétrole conventionnel en Alberta, nous estimons que nous pourrions augmenter notre production de 3,5 milliards de barils de pétrole.
Je dois vous avouer qu'à la page 4 du mémoire que je vous ai présenté, je parle de « millions » plutôt que de « milliards ». Dans cette industrie, vous devez toujours vous assurer d'avoir la bonne unité parce que cela donne des chiffres très différents.
Alors, si nous misons sur cet atout — à savoir le dioxyde de carbone — que nous laissons partir dans l'atmosphère, ce sont 3,5 milliards de barils supplémentaires. Pourquoi ferions-nous cela? C'est insensé. Nous devons le capter et l'utiliser.
Le même principe s'applique au pétrole lourd que nous retrouvons au centre de l'Alberta et, en particulier, en Saskatchewan. C'est un autre milliard de barils de pétrole que nous pouvons produire grâce au dioxyde de carbone si nous l'injectons dans les champs de pétrole en question.
Nous avons donc une occasion unique, et l'une des choses sur lesquelles j'aimerais attirer votre attention — et j'ai réussi —, c'est le centre d'excellence pour le dioxyde de carbone qui se trouve à Regina. Il compte parmi les quelques centres d'excellence du monde entier. Je crois que nous devons en être très fiers. Notre entreprise utilise cette technologie. Elle peut être exploitée en Saskatchewan et en Alberta pour qu'on puisse récupérer le dioxyde de carbone des générateurs de vapeur à passage direct et extraire une quantité supplémentaire de pétrole que le Canada peut utiliser pour assurer sa sécurité.
Nous devons miser sur les ressources renouvelables et augmenter nos capacités nucléaires, je suis tout à fait d'accord. Mais, nous n'avons absolument aucune raison de ne pas produire une énergie propre à partir de combustibles fossiles. Cela est possible grâce à l'extraction du dioxyde de carbone des sables bitumineux. Cela a des répercussions importantes sur la prospérité du Canada.
J'aimerais inviter les membres du comité à venir à Regina, à jeter un coup d'œil au centre d'excellence que nous avons pour le dioxyde de carbone et à songer à la façon dont nous pouvons faire en sorte que le Canada gagne sur tous les tableaux.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui. Je suis ouverte à vos questions.
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Permettez-moi de vous présenter rapidement mes antécédents.
J'ai quitté le nid familial à 16 ans pour aller travailler sur la flotte marchande de Shell Oil avant de joindre les rangs de la Marine royale en tant qu'officier de la mécanique navale, puis je suis entré à l'université et j'ai obtenu mon doctorat en génie mécanique, qui met l'accent sur la conception de systèmes d'alimentation et de sous-marins. La conception de sous-marins dans la région des Prairies est plutôt particulière, sauf si vous vivez dans le West Edmonton Mall.
Au cours de la dernière décennie, j'ai concentré mes efforts sur les changements climatiques. J'étais le gestionnaire principal du groupe chargé des changements climatiques de l'Alberta Research Council. Je suis passé au développement durable, dans un cadre plus large où je m'occupais, entre autres choses, de la remise en état du terrain, de l'amendement des sols et de la production d'énergie à partir du fumier. Durant cinq ans, j'ai été vice-président — principalement — du groupe sur les hydrocarbures, jusqu'à ce que je prenne mon poste actuel en tant que chef de l'exploitation.
Je crois avoir participé à toutes les feuilles de route que le Canada a élaborées au cours de la dernière décennie au chapitre de l'hydrogène, des sables bitumineux, du pétrole et des ressources renouvelables. La capacité qu'ont les Canadiens à se mobiliser autour d'une feuille de route est incroyable. Leur capacité d'aller au-delà de cette feuille de route et de passer à l'action manque de leadership.
Je crois qu'il y a un désir de faire quelque chose. Je crois qu'il y a une soif, un esprit d'entreprise chez les Canadiens, et le désir de faire ce qu'il faut pour les bonnes raisons. Alors, selon moi, il y a une énorme impulsion qui n'attend qu'à se manifester pour régler ces problèmes.
Une seule technologie sera-t-elle le remède miracle? Non. Notre pays, notre environnement et nos sources énergétiques sont si diversifiés que nous aurons besoin de toute une série de technologies. Nous devons passer par diverses séquences de développement, passant du laboratoire à l'entreprise, à la mise en œuvre sur le terrain, au lancement de projets pilotes et à la démonstration sur une échelle qui permettra de réduire le risque d'investissement.
Le risque d'investissement constitue un élément crucial. Le fait d'avoir un cadre stratégique qui appuie ce risque d'investissement est crucial.
Alors, il y a beaucoup d'éléments interdépendants, mais je crois qu'au bout du compte, les Canadiens aiment le défi. J'aime le défi. C'est en fait ce qui me motive quotidiennement à aller travailler.
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Je vous remercie de la question.
Je suis en Alberta. Je travaille évidemment dans l'industrie des sables bitumineux. J'évolue dans le secteur pétrolier, mais je m'intéresse beaucoup aux ressources renouvelables. À mon avis, la source n'est pas nécessairement importante. J'ai besoin d'un produit fini. J'ai besoin d'électricité. J'ai besoin de quelque chose pour faire fonctionner ma voiture. Où puis-je l'obtenir? Où suis-je? Je suis en faveur d'un investissement dans toutes sortes de formes d'énergie, selon l'endroit où vous vous trouvez et ce dont vous avez réellement besoin.
Je crois que le vent est une très bonne source. Il y a des contraintes liées au moment où le vent souffle. À titre d'exemple, dans la province de l'Alberta, le vent est fort dans le Sud-Ouest. Il n'est donc pas pratique de subir des pertes durant le transport de l'énergie dans un long réseau pour, par exemple, que l'énergie éolienne se rende dans les installations d'exploitation des sables bitumineux, car il y a des fluctuations. Le réseau et la façon dont le réseau est géré et dont les harmoniques sont injectés dans le réseau posent problème.
Si je considère le Canada dans son ensemble, je ne vois aucune forme d'énergie que nous ne pourrions pas utiliser efficacement. Je suis donc d'accord. Je me suis penché sur les statistiques de l'Agence internationale de l'énergie sur les investissements énergétiques réalisés par les gouvernements canadiens — à l'échelon fédéral et provincial —, et j'ai constaté à quel point ils ont changé au cours des 30 dernières années. Vous pouvez voir les fluctuations. Différents groupes ont différentes raisons. Ils diront qu'il faut parler de la bioénergie aujourd'hui et du pétrole demain, et vous pouvez voir les fluctuations. L'énergie nucléaire y figure également.
Je crains seulement que la recherche soit fondée sur ce que j'appellerais la « saveur du mois ». La recherche a normalement une vue à long terme. Si je tiens compte du cheminement intégral, soit de la naissance d'une idée dans une université à la mise en œuvre sur le terrain — dans l'exploitation des sables bitumineux, si vous voulez —, il faut 15 ans. Vous avez besoin de ce programme à long terme. Si je m'interromps tous les trois ans, je ne vais jamais réaliser la mission réelle ni récolter le fruit de mes efforts. Il faut une continuité.
Je reviens donc à des groupes provinciaux. Je reviens à des groupes comme le Conseil national de recherches qui peuvent supporter les changements de régime dans les gouvernements et prendre des bonnes décisions à long terme et de façon durable.
Mais, je suis en faveur de toutes les formes d'énergie, tant que ce sont pour les bonnes raisons et aux bons endroits.
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Une augmentation énorme, oui.
La première observation que je voudrais faire porte sur la principale raison pour laquelle j'ai dit que l'écoactivisme n'est plus ce que c'était, car, si vous remontez à 10 ans auparavant — vers la fin des années 1990 —, les dons moyens étaient peut-être de 50 000 $. Vous voyiez beaucoup de dons de 10 000 $ ou de 12 000 $ ou même de moins de 10 000 $. Au milieu des années 1990, des dons d'un demi-million de dollars n'étaient pas du tout inhabituels. À présent, il n'est pas du tout inhabituel de voir des millions de dollars ou plusieurs millions de dollars pour un seul don. Nous sommes donc passés de dons à cinq ou six chiffres à des dons de sept chiffres. C'est ce que je constate.
Prenons le cas d'une fondation — la Tides Canada Foundation — qui, en 2001, avait des actifs équivalant à 1 million de dollars. À présent, ses actifs sont de 33 millions de dollars. Comment est-elle passée de 1 à 33 millions de dollars d'actifs? Vous pouvez en faire beaucoup avec ce que génèrent 33 millions de dollars.
Prenons l'exemple de la Hewlett Foundation qui, en 2004, a versé 70 000 $ à Tides Canada pour élaborer — et je cite — « un plan stratégique pour traiter le développement du pétrole et du gaz en C.-B. ». J'aimerais savoir quel était ce plan stratégique. Depuis, au cours des quatre dernières années... Après 70 000 $ en 2004, il y a eu un don de 250 000 $, puis 1,5 million de dollars en 2007, et, pour l'année suivante, les dons sont passés de 1,5 à 3 millions de dollars, puis, au cours des deux dernières années, 2 millions de dollars, et 2,4 millions de dollars cette année.
Alors, oui, nous constatons une augmentation très importante au chapitre du financement.