:
Merci, monsieur le président.
Permettez-moi de vous mettre en contexte. Noble Corporation, qui a son siège social à Genève, est membre de l'Association internationale des entrepreneurs de forage, elle-même établie à Houston. Noble Drilling Canada ltée est une filiale canadienne de Noble Corporation. Son siège social est situé à St. John's, et elle fait partie de la Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors, qui est établie à Calgary. L'Association internationale des entrepreneurs de forage est une association commerciale représentant les intérêts des entrepreneurs en forage de partout dans le monde, ce qui englobe quelque 700 unités mobiles de forage en mer. La CAODC est une association commerciale qui représente les intérêts des entrepreneurs en forage du Canada, ce qui englobe environ 800 appareils de forage et 1 100 plates-formes de maintenance. Noble Drilling Canada effectue des travaux de forage sur la plate-forme Hibernia depuis 13 ans, c'est-à-dire depuis son inauguration.
Je suis gestionnaire de division des activités de Noble au Canada. Je suis diplômé de l'Université Memorial en génie mécanique, et je travaille dans l'industrie du forage depuis 32 ans, ce qui m'a amené à travailler dans la mer de Beaufort pendant six ans, dans la mer du Nord, ainsi que dans l'océan Atlantique — au large de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve — pendant 18 ans. Je dirige depuis deux ans la division mexicaine de Noble. J'occupe aussi le poste de président de la division Atlantique de la CAODC.
Noble et l'Association internationale des entrepreneurs de forage considèrent que l'incident du Deepwater Horizon était un événement tragique mais évitable. Nous pleurons la perte de nos 11 collègues de l'industrie, et nous déplorons les dommages environnementaux qui continuent de s'aggraver.
Étant issu de la culture opérationnelle de Noble, où il n'y a aucune tâche si importante qu'elle ne peut être exécutée de manière sécuritaire, j'ai beaucoup de difficulté à comprendre la série d'événements qui se sont produits le 20 avril — plusieurs éléments de sécurité intégrée essentiels ont été ignorés, ce qui a mené à l'explosion. Il nous est aussi très difficile de nous expliquer pourquoi les employés expérimentés n'ont pas fait cesser les activités non sécuritaires qui pouvaient causer — et qui ont causé — la perte de vies humaines ainsi que d'importants dommages environnementaux. Nous devrons attendre les résultats de l'enquête finale pour comprendre les causes premières, tirer des leçons et établir s'il est effectivement opportun pour nous d'améliorer notre système réglementaire ainsi que nos pratiques opérationnelles.
Parlons maintenant de la responsabilité et de l'obligation de rendre des comptes. Dans notre secteur, le contrat de forage entre le titulaire de permis —l'opérateur — et l'entrepreneur en forage est le document juridique qui établit l'obligation de rendre des comptes et la responsabilité des parties. L'opérateur loue le terrain, prépare le programme de forage et obtient de l'organisme de réglementation l'autorisation de forer le puits, puis il signe un contrat avec l'entrepreneur en forage et de nombreux autres entrepreneurs afin qu'ils construisent un conduit tubé — le puits — par lequel le pétrole et le gaz seront pompés pour être traités. Il incombe à chaque entrepreneur de s'acquitter des tâches qu'il s'est engagé à effectuer. Les contrats de forage typiques reconnaissent que c'est à l'opérateur qu'il revient de rendre des comptes à l'organisme de réglementation et de démontrer la conformité et le rendement du puits par rapport au plan présenté.
Passons maintenant aux mesures d'intervention en cas d'urgence. Au Canada et ailleurs dans le monde, les contrats de forage standards rendent l'opérateur responsable de la pollution et des déversements provenant du puits — il doit ainsi se charger des plans d'urgence et des mesures d'intervention connexes. L'entrepreneur en forage doit assumer la responsabilité de la pollution causée par les appareils et l'équipement de forage, sous réserve des indemnités et des plafonds fixés d'un commun accord. Les règlements qui s'appliquent au forage en mer au Canada exigent une capacité d'intervention à trois paliers, qui est coordonnée par l'opérateur — qui fait normalement appel à des spécialistes de l'extérieur — et des services grand public.
Nous croyons que le système réglementaire du Canada est très solide et que les processus de prévérification et d'émission des permis sont bien réglementés. Pour être conformes aux règlements qui s'appliquent au forage et à la production, les demandes d'autorisation présentées par les opérateurs doivent inclure un plan de sécurité, un plan de protection de l'environnement et un plan d'urgence. Les régimes réglementaires ailleurs dans le monde se dirigent vers des modèles moins prescriptifs et axés davantage sur les objectifs. Selon nous, cela ne devrait pas réduire les normes, mais promouvoir des pratiques plus efficaces et novatrices. L'opérateur doit toujours assumer ses décisions et assurer la conformité des plans, l'entrepreneur en forage doit respecter les termes de son contrat et de son entente de service, et les organismes de réglementation doivent veiller au respect des objectifs dans le cadre de l'exécution des plans de production et de forage approuvés.
Lorsque l'on met l'accent sur les outils dont nous disposons pour prévenir les déversements, on constate que la gestion efficace des risques est vitale tant pour l'opérateur et l'entrepreneur en forage que pour les organismes de réglementation. L'objectif premier de l'entrepreneur en forage doit être la gestion des risques opérationnels afin de prévenir la perte de contrôle du puits et éliminer ainsi les risques pour les gens et pour l'environnement.
Pour gérer les risques liés au contrôle des puits, nous disposons de cinq outils principaux qui doivent obligatoirement être utilisés pour assurer la prestation de services professionnels à nos contractants. Ces cinq outils sont les suivants.
Nous conservons toujours deux cloisons indépendantes pendant les activités de forage, et nous veillons à ce que l'opérateur et les sous-traitants appuient et respectent cette obligation, conformément aux exigences du permis de forage.
Nous employons un solide programme de vérification des compétences pour corroborer la formation et l'expérience des personnes occupant des postes clés; nous voulons ainsi nous assurer qu'elles sont en mesure de déceler les problèmes potentiels et de les éviter.
Nous effectuons régulièrement des exercices de forage et de contrôle des puits pour vérifier les compétences des employés et entretenir leur rigueur.
Nous administrons un programme efficace d'entretien préventif pour assurer le bon fonctionnement de l'équipement essentiel.
Finalement, nous appliquons aussi un système de gestion globale des aspects liés à la santé, à la sécurité et à l'environnement qui permet de cerner les risques et d'y remédier sans délai, et qui donne le droit aux employés de refuser d'exécuter toute tâche non sécuritaire. Ainsi, le personnel considère qu'il n'y a aucune tâche si importante qu'elle ne peut être exécutée de manière sécuritaire.
Merci de nous avoir invités à rencontrer le comité aujourd'hui.
Nous appuyons cette initiative, et nous sommes entièrement disposés à vous aider — vous, les organismes de réglementation et les opérateurs — à améliorer les processus utilisés pour exploiter nos ressources pétrolières et gazières de manière responsable et sécuritaire.
Je connais les manières de faire de ce comité, alors j'ai essayé d'être concis, sachant que nous allions faire partie d'un large groupe d'intervenants. Au début de ma carrière, j'ai passé 10 ans dans le domaine de la conception et de la construction de blocs obturateurs et de systèmes de contrôle des puits. Si je puis vous aider à comprendre l'un ou l'autre de ces aspects, je serai ravi de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président et membres du comité. C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui. Je tiens à remercier le comité de m'avoir invitée à participer à ce processus très important.
Mon exposé portera principalement sur trois éléments essentiels du régime réglementaire de Terre-Neuve-et-Labrador, à savoir la transparence, le conflit qui existe entre l'Accord atlantique et la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, et le chevauchement de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers — l'OCTHE — et de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs.
Examinons tout d'abord le contexte dans lequel s'effectue l'exploitation pétrolière et gazière dans les Grands Bancs de Terre-Neuve. L'Atlantique Nord-Ouest est un habitat important pour près de 30 à 40 millions d'oiseaux de mer migrateurs, dont certains viennent du Groenland, de l'Antarctique et du golfe du Mexique. Les oiseaux de mer sont une ressource locale; ils attirent le tourisme, et les habitants chassent certaines espèces. Les évaluations environnementales portant sur la production pétrolière et gazière en mer ont déterminé que les oiseaux de mer étaient un « élément important de l'écosystème » et qu'ils constituaient le groupe le plus vulnérable en cas de pollution par le pétrole.
Les gouvernements fédéral et provinciaux estiment que la transparence est importante. On considère qu'un processus est transparent lorsqu'il peut faire l'objet d'un examen public, ce qui n'est pas le cas en ce qui a trait à la gestion de l'exploitation pétrolière et gazière dans l'Est du Canada. J'avais l'intention d'étayer mon affirmation à l'aide d'un seul exemple, mais comme j'en ai trois et que je dispose d'un peu plus de temps, je vous en présenterai deux.
Mon premier exemple est le suivant: entre 2006 et 2007, nous avons présenté, conjointement avec les organisations non gouvernementales établies à Terre-Neuve qui avaient participé à l'examen des évaluations environnementales des trois projets de production pétrolière et gazière en mer, quatre demandes d'accès à l'information à l'OCTHE. Toutes ces demandes portaient soit sur les polluants contenant des hydrocarbures ou des substances connexes, soit sur les déversements de pétrole. Nous voulions déterminer dans quelle mesure les opérateurs respectaient les lignes directrices concernant le traitement des déchets et établir des liens entre les prévisions des évaluations environnementales et les effets réels. Nous avons présenté une demande à cet effet, précisant que nous voulions ainsi déterminer dans quelle mesure l'exploitation pétrolière et gazière en mer pouvait constituer une menace pour les oiseaux marins.
L'approbation des projets pétroliers et gaziers en mer est assujettie à une évaluation des risques pour l'environnement, qui sont présentés dans les évaluations environnementales. Une fois l'évaluation environnementale acceptée, l'autorité responsable — l'OCTHE — approuve ce que l'on appelle un programme de surveillance des effets environnementaux. Ces programmes sont cruciaux, puisqu'ils vérifient — ou devraient vérifier — quels sont les effets réels. Les évaluations environnementales constituent un exercice purement théorique dont on ne peut tirer aucune leçon si on ne les associe pas à des programmes de surveillance des effets environnementaux. Notre compréhension des écosystèmes marins est limitée; la transparence est donc de mise si nous voulons l'améliorer.
Ces quatre demandes de renseignements ont été refusées.
Mon deuxième exemple de manque de transparence touche une autre demande que nous avons présentée à l'OCTHE en 2007. Nous ne voulions pas obtenir des données, mais connaître les méthodes utilisées pour déterminer les effets d'un déversement de pétrole sur la faune.
Cette demande a aussi été refusée.
Ainsi, toutes ces demandes de renseignements — cinq en tout — ont été refusées aux intervenants qui avaient examiné les évaluations environnementales. L'OCTHE a justifié son refus en citant le paragraphe 119(2) de l'Accord atlantique. Les opérateurs ne voulant pas que ces renseignements soient divulgués, il leur était impossible de donner suite à notre requête.
Ce manque de transparence en ce qui a trait à l'Accord atlantique suscite d'autres problèmes. L'un de ces problèmes se rapporte à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, qui exprime un engagement à « favoriser la participation de la population à l'évaluation environnementale des projets [...] ainsi qu'à fournir l'accès à l'information sur laquelle se fonde cette évaluation ».
La Loi canadienne sur l'évaluation environnementale prescrit l'exécution de programmes de suivi liés aux évaluations environnementales par l'entremise de ces programmes de surveillance des effets environnementaux. Comme le montrent les exemples que j'ai fournis, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale s'oppose directement au paragraphe 119(2) de l'Accord atlantique. De plus, l'OCTLHE est également en conflit, car il est lui aussi censé favoriser la mobilisation du public au moyen de ces processus d'évaluation environnementale, mais qu'il refuse l'accès aux données qui s'y rapportent.
Enfin, je tiens à souligner que l'OCTLHE se considère comme un organisme indépendant du gouvernement, tout en étant l'organisme décisionnaire lorsqu'il s'agit des questions liées à la protection des oiseaux migrateurs. La mise en oeuvre de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs fait partie du mandat d'Environnement Canada. Or, selon les termes d'un protocole d'entente conclu entre Environnement Canada et l'OCTLHE en 1988, Environnement Canada est devenu un organisme de consultation pour toutes les questions liées aux hydrocarbures et au gaz extracôtiers. Je n'ai pas le temps de présenter tous les détails — peut-être pourrais-je en fournir quelques-uns pendant les questions de suivi —, mais selon les résultats d'une recherche menée par mes collègues et moi-même, ce protocole compromet les obligations internationales du Canada envers la protection des oiseaux de mer migrateurs.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, il me semble qu'il s'agit d'une question très grave pour laquelle je recommande d'obtenir de l'aide juridique.
Pour terminer, je dirais que le transfert des compétences fédérales relatives à la protection de l'environnement à des organismes spéciaux tels que les offices des hydrocarbures nécessite, selon mon avis professionnel, un examen. La structure juridique actuelle n'offre pas à l'environnement marin une protection complète ni ne permet de bien comprendre les activités extracôtières concernant les hydrocarbures et le gaz. Les accords atlantiques présentent des lacunes, qui se manifestent par un manque de transparence. Le plus urgent serait de modifier les articles de l'Accord atlantique traitant de transparence, notamment le paragraphe 119(2) et aussi l'article 122 de l'Accord Canada-Nouvelle-Écosse. Je recommanderais également le recours à une tierce partie indépendante composée de biologistes et de techniciens observateurs pour toutes les opérations pétrolières et gazières.
Dans le régime actuel, la transparence n'est pas un droit du public, mais plutôt un privilège accordé par l'industrie qui décide si elle veut ou non publier l'information. Il ne peut y avoir de saine gestion — ce qui est, j'imagine, le but de ce comité — sans transparence, qui est une valeur fondamentale. J'ajouterais que pour remédier à ces questions, il faut faire un examen approfondi de la législation connexe.
Merci.
:
Je ne peux pas vous dire exactement ce qui a mal tourné dans le golfe du Mexique, mais nous essayons tous de glaner de l'information ici et là. Nous soupçonnons que le système à double barrière est l'un des principaux éléments à l'origine de ce fiasco.
Le concept de base du contrôle des puits, c'est qu'il y a toujours deux moyens de contenir la pression du pétrole et du gaz. Il y a la boue de forage, puis le tubage et le ciment. Dans le cas de l'incident survenu dans le golfe du Mexique, les travaux liés au ciment et au tubage de même que la liaison du ciment au mur devant assurer l'intégrité du système de pression semblaient suspects. Malgré ces soupçons, l'entreprise a entrepris de retirer — de déplacer — le fluide hydraulique lourd qui devait servir de deuxième barrière pour contenir la pression. Le retrait de cette deuxième barrière a entraîné le débit non maîtrisé.
Nous ne comprenons pas comment cela pourrait se produire, parce que, au Canada, pour obtenir l'approbation d'un programme de forage, vous devez toujours avoir deux barrières. Au Canada, à chaque rapport quotidien et à chaque rapport permanent sur le tubage, l'organisme de réglementation a l'occasion de voir et d'observer le fonctionnement des installations sur la plate-forme. De notre point de vue, si vous étiez sur le point d'éliminer cette deuxième barrière, il y aurait une intervention aussi bien de la part des membres de l'équipage, qui ont suivi une formation de base relative au contrôle des puits, que de la part de l'organisme de réglementation, qui vous dirait que vous ne pouvez pas faire cela.
D'après mon expérience, les organismes de réglementation interviennent et observent de façon beaucoup plus rigoureuse.
:
Merci pour vos témoignages.
Je suppose que la question dont est saisi le comité, et je pense que c'est la question que bien des Canadiens se posent, c'est de savoir si ce qui s'est produit dans le golfe du Mexique pourrait se produire au Canada.
Les deux principaux endroits qui nous intéressent sont la côte Est, où les puits forés sont plus profonds que les puits forés par Deepwater Horizon, et l'Arctique, où l'on attribue des droits d'exploration, qui mènent, on le suppose, au forage dans les conditions de l'Arctique. C'est la question générale que nous devons étudier aujourd'hui.
J'ai une question précise à poser à M. Roche. Quand vous arrivez à des profondeurs de 5 000, 8 000 ou 10 000 pieds, la géologie souterraine est-elle différente de ce qu'elle est à 50 ou 100 pieds? Je parle ici de la subsurface. Lorsque vous commencez à forer, y a-t-il quoi que ce soit de différent, par exemple la pression ou les matériaux avec lesquels vous devez composer?
:
Il présente un certain intérêt, parce qu'on y soulève un certain nombre de préoccupations touchant les événements en cours.
Dans une lettre destinée à Ken Salazar, ministre de l'Intérieur, que vous avez rédigée au nom de votre organisation en date du 4 juin, vous avez écrit que les 30 installations de forage en eau profonde du golfe du Mexique respectaient les pratiques optimales établies de l'industrie et on y met en application les meilleures pratiques possibles à l'égard de la sécurité et de la protection de l'environnement.
On entend toujours dire que le Canada s'est doté des meilleures règles et réglementations du monde. Votre association entretient la même conviction à l'égard des règles et de la réglementation qui régissent les pratiques en usage au Mexique. C'est nettement insuffisant. Les pratiques ne sont pas tout, il faut également la vigilance.
Je voudrais revenir à Mme Fraser un instant, parce que vos propos au sujet de la capacité du public — la capacité des intéressés — d'obtenir de l'information au sujet des déversements et de ce qui se passe en temps réel du côté des sociétés pétrolières m'inquiète. Vous avez dit qu'il y avait une mise en garde au paragraphe 119(2) de l'Accord atlantique. Essentiellement, l'OCTHE doit s'adresser à l'entreprise pour lui demander si elle souhaite communiquer son information. Invariablement, la société répond par la négative, puis l'Office se tourne vers le public et les groupes d'intérêt pour leur demander la même chose.
Est-ce exact?
Mais je pourrais mettre un bémol en disant qu'il faut comprendre ce que cette situation a à nous enseigner. Ce que je dis, c'est que si on a une autorisation de forer qui rend obligatoire la présence en permanence de deux barrières, jamais au grand jamais un élément de la chaîne de commandement ne devrait revenir en arrière et décider de ne mettre en place qu'une seule barrière; c'est ce qui s'est produit dans le cas du bloc obturateur. Il y a beaucoup de confusion et d'informations contradictoires au sujet de ce qui est arrivé au bloc obturateur. Nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire. Mais si l'adhésivité du ciment est faible au départ — c'est la barrière en place quand on est prêt à quitter les lieux... Prenez un trou tubé; on est censé mettre en place des centreurs dans la colonne de tubage pour faire en sorte que le ciment reste à l'extérieur du tubage. Si le tubage s'incline d'un côté parce qu'il n'est pas correctement centré, et si le ciment n'a pas été mis en place sur toute la longueur quand vous êtes prêt à quitter le puits, la boue à l'intérieur du tubage se trouve déplacée et laisse fuir les fluides de formation. Ce qui arrive alors, c'est que tout ce qui se trouve dans le puits peut être projeté vers l'obturateur de puits et paralyser tous les dispositifs de sécurité.
Il y a six mâchoires d'obturateur. Pour répondre à la question qui a été posée tout à l'heure, le bloc obturateur de puits ne fait pas que fermer le puits, il ferme également un certain nombre de sections dans lesquelles prennent place les outils que nous utilisons. Par sa conception, le bloc obturateur offre donc six redondances supplémentaires. Mais en cas de projection à l'intérieur du bloc obturateur attribuable à un défaut de cimentation, c'est la catastrophe, parce que le mécanisme de dernier recours ne peut se refermer sur cette section parce qu'il n'a pas été conçu pour un diamètre de plus grande taille; impossible de l'enserrer.
:
Merci, monsieur le président.
Ce n'est jamais facile de passer après M. Allen et M. Cullen quand on parle de questions techniques de ce genre.
Monsieur Roche, les témoignages entendus jusqu'ici et les observations concernant les événements du golfe ont amené le comité à penser que la construction d'un puits de secours pourrait être un moyen d'intervenir efficacement en cas de défaillance de la technologie à deux barrières dont vous avez parlé. Vous avez cependant ajouté que les problèmes reliés à la trajectoire du puits de forage à creuser aux profondeurs dont il est question ici militeraient à l'encontre d'une interface unique. Pourtant, dans le golfe, c'est le seul mécanisme de dépannage qui semble possible à ce stade-ci. Tout le reste a échoué et on envisage la construction d'un puits de secours à l'intérieur d'une même saison. Dans l'Arctique, ce genre d'intervention pourrait présenter certaines difficultés.
Sur les plans technique et professionnel, comment mariez-vous la réalité illustrée par les événements du golfe et l'incongruité de votre réponse aux questions sur la trajectoire? Ne diriez-vous pas que le problème de la trajectoire, par rapport à toutes les autres options et en cas de défaillance du système de protection à deux barrières, touche à ce qui constitue la seule solution de rechange, et que d'un point de vue professionnel d'ingénieur, vous devriez trouver une solution à ce problème et procéder au forage d'un puits de secours en eau profonde?
:
Je me représente la construction d'un puits de secours comme la construction d'un puits ordinaire. Le puits de secours consiste essentiellement en un conduit supplémentaire qui permet de faire baisser la pression dans le puits qui est entré en éruption pour qu'il soit possible de réparer les dégâts. C'est de la haute technologie. Si on pouvait fermer les blocs obturateurs par où les hydrocarbures s'échappent actuellement, et considérant le débit de la fuite, on pourrait en fait empirer la situation parce que les boues seraient projetées sous le bloc obturateur et il sera alors impossible de réparer ce conduit.
Devant une telle série de pannes de tous les systèmes de redondance mis en place, et au stade où on en est maintenant, la construction d'un puits de secours est nécessaire parce que tout le reste est assorti d'autres risques.
Mais si on s'arrête à y penser, si vous forez un puits à tel endroit et un autre, un mille plus loin, les deux puits présentent le même problème éventuel, à savoir que si on ne suit pas la procédure, il peut y avoir une éruption du puits de secours. Nous voilà donc aux prises avec deux éruptions. Que fait-on alors? Est-ce qu'on construit un autre puits de secours qui rejoindrait les deux premiers?
Ce que je peux dire, c'est que d'un point de vue technique, il faut mettre l'accent sur la prévention d'abord. C'est une règle fondamentale de notre secteur industriel. On ne retourne jamais à un système de protection à barrière unique. Si vous faites cette erreur — il faudrait comprendre pourquoi on a agi ainsi — il faut décider comment on va réparer les dégâts.
:
En ce qui concerne une exploitation flottante en mer, il faut se rendre sur place, forer un trou de 30 pouces de diamètre et installer une colonne de surface. À cette étape-ci tous les outils sont gros et imposants. Ensuite on met en place le BOP et commence à forer des trous de plus en plus petits. On creuse jusqu'à 200 pieds de profondeur un trou d'un diamètre de 30 pouces pour ensuite continuer à forer des trous de diamètre de plus en plus petit (sept ou huit pouces et demi, cinq pouces) et à creuser jusqu'à 35 000 pieds de profondeur. Il faut tuber chaque section du trou à partir des 30 pouces ensuite 20 pouces, 13, 12, 9 et cinq huitièmes, sept pouces jusqu'en bas à cinq pouces, une colonne perdue descend jusque-là. Il faut cimenter les colonnes de tubage le long des parois et ensuite percer des trous afin de pénétrer la formation. C'est comme ça qu'on obtient que le pétrole et le gaz remontent à la surface.
L'eau a une masse de 8,3 livres par gallon. La pression de la formation peut aller jusqu'à 16 livres par gallon dans le sens inverse. Pendant que l'on fore le trou et que l'on installe ces tuyaux pour créer une canalisation résistante à la pression, on se sert d'un mélange — de baryte et d'autres produits chimiques — pour augmenter la masse de l'eau à 18 livres le gallon. On introduit ce mélange dans le puits en même temps que l'on fore le trou. La force de 16 livres par gallon du pétrole et du gaz qui cherchent à sortir, est retenue par la boue qui a une masse de 18 livres par gallon. Il s'agit là de la première barrière.
Pendant le forage, la deuxième barrière est le BOP. Tant que l'on maintient la boue de 18 livres par gallon dans le puits, le pétrole ne peut s'échapper. Il reste là. Afin d'obtenir que le pétrole surgisse à la fin, il faut installer des valves spéciales. Celles-ci servent à réduire la masse de la colonne de fluide et de la contrôler afin que le fluide de la formation remonte lentement. On envoie ce fluide ensuite dans le train de production. C'est là l'essentiel des opérations.
À chaque fois que l'on installe une colonne de tubage on retient le pétrole avec la masse de la boue, et lorsque c'est fait, on cimente l'extérieur ce qui donne une sorte de gros bouchon à travers lequel on perce encore. À chaque fois que l'on fore à travers le bouchon de ciment, il y a alors une autre série de mâchoires dans le BOP qui referment les tubes de différentes grandeurs qui ont servi à percer le trou.
Le BOP a quatre séries de mâchoires qui sont fixées à différentes grandeurs, mais il y a également un obturateur annulaire qui peut refermer tous les tubes, de 18 pouces à trois pouces et demi. Ces mâchoires sont redondantes, cependant, c'est ce qui permet de réduire la pression retenue, alors que les plus grandes mâchoires et les cisailles sont ce qui retiennent les pressions de 10 000 ou 15 000 livres.
Vous avez donc là les barrières: la masse de la boue, le ciment, le tubage et de plus les BOP.
Le concept d'une troisième barrière... J'imagine que vous voulez parler du puits d'intervention.
:
Nous allons reprendre la séance.
Pour la deuxième heure, nous avons deux témoins du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest: l'honorable Robert McLeod, ministre de l'Industrie, du Tourisme et de l'Investissement et Peter Vician sous-ministre de l'Industrie, du Tourisme et de l'Investissement. Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Après le premier exposé, nous entendrons par vidéoconférence, de l'Université Memorial à Terre-Neuve, Mme Kelly Hawboldt, professeure agrégée, faculté d'ingénierie et des sciences appliquées.
Les témoignages suivront l'ordre du jour. Commençons avec le ministre de l'Industrie, du Tourisme et de l'Investissement des Territoires du Nord-Ouest.
Allez-y s'il vous plaît, monsieur le ministre.
:
Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici au côté de mon député ainsi que du député des territoires voisins qui siègent à ce comité.
Nous aimerions vous remercier, ainsi que les membres du comité, d'offrir au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest la chance de faire part de notre point de vue sur une question qui préoccupe tant de Canadiens aujourd'hui: les interventions d'urgence entourant le forage de pétrole et de gaz en mer.
La séance d'aujourd'hui est très importante et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest est heureux que ce comité soit proactif dans la récolte de renseignements entourant une question qui est si importante aux yeux des Canadiens et des habitants des Territoires du Nord-Ouest. Je crois que ce sont des interventions comme celles-ci qui vont aider à améliorer les mesures utilisées pour nous protéger des risques qu'implique le forage en mer, afin que les terribles événements qui se déroulent depuis deux mois dans le golfe du Mexique ne surviennent jamais au Canada.
Monsieur le président, lorsque j'ai été invité à me présenter à ce comité, une chose était bien claire pour moi: le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest devait être entendu sur cette question. Alors que le ministre des Affaires indiennes et du Nord, le ministre de l'Environnement et l'Office national de l'énergie ont tous, à différents degrés, une certaine responsabilité en matière d'exploitation pétrolière et gazéifière au large de Beaufort, aujourd'hui je représente le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, un gouvernement élu par les habitants des Territoires du Nord-Ouest. Les habitants des Territoires du Nord-Ouest s'en remettent à notre gouvernement pour faire preuve de leadership, d'engagement et pour intervenir dans les dossiers qu'ils jugent importants. Et c'est clairement ce dont il s'agit ici.
Ce dont notre gouvernement se soucie le plus, en matière d'exploration pétrolière et gazéifière en mer, c'est la mer de Beaufort. Le potentiel pétrolier de cette région est considérable et représente beaucoup pour l'avenir de notre territoire. Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest est conscient de cette opportunité et a toujours soutenu l'exploration pétrolière et gazéifière dans notre région, tant sur terre qu'en mer, en autant que cela soit fait de manière responsable et que les habitants des Territoires du Nord-Ouest bénéficient au maximum des retombées.
À notre avis, cette exploration est essentielle au développement de notre économie. Notre territoire doit diversifier son économie. Nous avons besoin d'emplois et d'occasions d'affaire pour les habitants de toutes nos régions et collectivités. C'est pourquoi nous avons appuyé l'exploration responsable du pétrole et du gaz. Ce secteur va nous permettre, ainsi qu'à nos collectivités et à notre peuple, de devenir plus autonome.
Cependant, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ne soutient pas l'exploration pétrolière et gazéifière à n'importe quel prix. Les tragiques événements ainsi que le déversement de pétrole qui s'en est suivi dans le golfe du Mexique démontrent la gravité des risques environnementaux potentiels que comporte l'exploration d'hydrocarbure en mer. Ces risques seront encore plus élevés dans la mer de Beaufort, où les conditions d'exploitation sont souvent ardues et l'éloignement de la région rend l'accès difficile.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ne veut pas répéter l'expérience du golfe du Mexique à Beaufort. Les gens que nous représentons non plus. Ils nous l'ont exprimé haut et fort au cours des dernières semaines. Nous avons également entendu cette plainte de la part de l'ancienne première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Nellie Cournoyea, ainsi que du peuple inuvialuit qui ont des liens très forts avec la région de la mer de Beaufort. C'est pourquoi le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest veut s'assurer que la technologie utilisée pour protéger l'écosystème de la mer de Beaufort est satisfaisante avant que tout forage en mer ne soit lancé.
À quoi s'attend le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest en matière de surveillance du forage en mer dans Beaufort? Premièrement, laissez-moi vous assurer que nous avons confiance dans la capacité de l'Office national de l'énergie, qui est responsable de la surveillance réglementaire des forages en mer dans l'Arctique canadien, d'adopter les mesures nécessaires pour rassurer les habitants du Nord au sujet des forages dans la mer de Beaufort. L'ONE est l'un des meilleurs dans son domaine au monde et nous en sommes conscients.
L'ONE en a fait la preuve en décidant de tenir un examen public global sur la sécurité dans l'Arctique et les exigences environnementales en matière de forage en mer et en refusant toute opération de forage en mer tant que cet examen ne sera pas terminé.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest est en faveur de cet examen et se réjouit de la tenue d'un débat public entre des représentants du gouvernement, des organismes de réglementation et de l'industrie ainsi que d'autres parties concernées sur ce sujet qui revêt une importance cruciale pour nos gens. Nous avons aussi l'intention de participer activement à ce débat.
L'incident survenu dans le golfe du Mexique a attiré notre attention sur la nécessité de mieux comprendre ce qui a mal tourné là-bas et ce qui pourrait mal tourner dans la mer de Beaufort. Comme je l'ai mentionné plus tôt, je ne saurais trop insister sur le fait que nous ne pouvons pas nous permettre de répéter dans la mer de Beaufort l'incident survenu dans le golfe du Mexique. Les effets sur l'écosystème et nos gens seraient trop considérables. Il est donc nécessaire d'avoir une discussion franche et ouverte sur la façon dont le gouvernement, les organismes de réglementation et l'industrie pourraient empêcher une telle catastrophe. On doit prouver aux habitants du Nord que les mesures d'atténuation prises en cas d'explosion d'une plate-forme et les technologies d'assainissement d'un déversement de pétrole peuvent être salutaires dans la mer de Beaufort et l'Arctique.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest est également d'avis que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle plus actif en assurant la sécurité dont les résidents du Nord ont besoin si des activités de forage sont entreprises dans la mer de Beaufort. Plus particulièrement, le gouvernement fédéral doit prendre des mesures adéquates en matière de protection de l'environnement dans la mer de Beaufort et l'Arctique canadien. Pour ce faire, le gouvernement fédéral pourrait investir dans les secteurs qui amélioreront l'accessibilité et l'infrastructure dans l'Arctique, notamment en améliorant le transport maritime dans le nord, en aménageant des ports et des barges ainsi qu'en établissant de nouvelles capacités de déglaçage.
Ces investissements pourraient se traduire par l'amélioration des routes, des ponts et des aéroports ou par un effort renouvelé visant à former et à outiller les habitants du Nord afin qu'ils puissent remédier aux accidents mettant en cause des gisements d'hydrocarbure dans l'Arctique, un secteur, soit dit en passant, dans lequel le Canada était un chef de file dans les années 1970 et 1980, lorsque l'exploration dans la mer de Beaufort battait son plein.
Monsieur le président, je viens de participer à une série de réunions à Washington avec des représentants de l'industrie du gaz et du pétrole ainsi que des membres du Congrès et des sénateurs américains, comme Dan Boren, Lisa Murkowski et Mark Begich. J'avais pour objectif de promouvoir l'importance du projet gazier dans le fleuve Mackenzie et de l'exploitation gazière dans l'Arctique en général pour l'économie et l'environnement de l'Amérique du Nord. Il est évident, cependant, que la façon de protéger les écosystèmes au large des côtes et l'exploitation responsable des ressources gazières et pétrolières étaient des sujets qui préoccupaient tous mes interlocuteurs à Washington. Cela m'a non seulement confirmé la gravité de la situation aux États-Unis, mais aussi ce qui est en jeu dans la mer de Beaufort et l'Arctique.
L'incident survenu aux États-Unis n'a que renforcé la volonté du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest de continuer à s'assurer que les activités de prospection de gisements d'hydrocarbure et d'exploitation dans la mer de Beaufort, et dans les faits dans l'ensemble des Territoires du Nord-Ouest, sont pratiquées d'une façon qui profite à nos gens et à notre économie, ainsi qu'aux générations futures.
Monsieur le président, je terminerai là-dessus. Merci du temps que vous m'avez consacré.
Je n'étais pas certaine de ce que j'allais dire parce que j'en suis à ma première comparution devant un comité permanent, et j'ai tendance à parler rapidement... je vais donc faire des efforts.
En tant qu'ingénieure chimique, j'effectue des recherches sur la transformation durable et écologique des ressources naturelles; la transformation du pétrole et du gaz, en particulier les activités de transformation qui ont lieu au large des côtes, dans l'environnement inhospitalier de l'Arctique; les effets sur l'environnement, les activités de surveillance et de détection dans cet environnement; ainsi que les biocombustibles qui ne sont pas liés à cet environnement.
J'ai pensé vous fournir des renseignements sur la base de connaissance dans ce domaine, puis je répondrai à vos questions. Comme je l'ai mentionné, je n'étais pas certaine de l'information que je devais présenter.
Comme vous l'avez probablement entendu au cours des derniers jours, l'exploration pétrolière et gazière se fait de plus en plus dans les sources non conventionnelles. Le mot conventionnel signifie simplement que le pétrole ou le gaz est plus difficile à extraire parce qu'il est situé en profondeur, ou qu'il s'agit parfois de sables bitumineux et d'autres sources de ce genre.
Étant donné que ce type d'exploration et de production entraîne des impacts sur l'environnement, nous devons concevoir nos systèmes un peu différemment pour tenter de prévenir et d'atténuer les conséquences.
Lorsque des accidents comme des déversements de pétrole ou des éruptions de puits se produisent, l'intervention en milieu marin est plus difficile qu'en région continentale, puisqu'il est possible sur terre d'appliquer des mesures correctives et de confinement, alors qu'en mer, le confinement pose des problèmes.
Les mesures de contrôle qui visent à empêcher le pétrole de se répandre et les mesures de prévention qui visent à confiner et à nettoyer les fluides font partie intégrante d'un plan d'intervention d'urgence mis en place par un partenaire de l'industrie. Ce type d'intervention dépend de nombreux facteurs: le type de fluide pétrolier en cause; l'état de la mer; le lieu en question — en eaux libres par opposition au littoral; et la sécurité du personnel. Il est probable que cette intervention se déroule en plusieurs phases, de sorte que l'installation d'une barrière flottante seulement ne sera probablement pas suffisante.
Lorsque le pétrole s'est déversé dans l'environnement — il peut s'agir de pétrole sous forme de condensat ou encore de pétrole lourd — la façon de le transporter et dont il peut transformer l'environnement dépend du type de pétrole en cause. Comme je l'ai mentionné, l'état de la mer, les conditions climatiques et bien d'autres facteurs doivent être pris en considération.
L'intervention peut prendre plusieurs formes: mécanique, lorsque des barrières flottantes sont utilisées; chimique, lorsque des dispersants sont utilisés; thermique, lorsque le pétrole est incendié; ou même biologique. Le type d'intervention dépend vraiment de l'endroit du déversement. Il faut aussi bien peser tous les risques.
C'est tout ce que j'avais à dire. Je pense que vous pouvez maintenant me poser vos questions ou me faire part de vos commentaires.
J'espère ne pas avoir parlé trop rapidement; du moins c'est ce que j'ai tenté de faire.
Je suis content de vous revoir, Peter et Robert. Nous avons discuté de nombreuses choses ensemble. Je pense que nous sommes tous sur la même longueur d'ondes. Nous avions demandé un moratoire il y a déjà longtemps. Les quatre groupes d'Inuits ont tous — nous sommes d'accord et vous êtes d'accord, jusqu'aux règlements de sécurité... Nous sommes aussi ravis que l'ONE examine l'ensemble du régime de sécurité.
Il y a un an, j'ai indiqué aux membres de ce comité que les scientifiques ont prouvé qu'il n'existait aucune façon de nettoyer le pétrole pouvant s'échapper sous la glace et dans la glace, si rien n'est fait depuis un certain temps. J'ai incité le gouvernement à faire un suivi et à mener des recherches sur le sujet afin que nous puissions réaliser des activités de forage là-bas, mais aucune mesure n'a été prise.
Êtes-vous préoccupé par le fait que nous n'effectuons pas les recherches nécessaires sur le nettoyage d'un déversement de pétrole qui pourrait se produire dans la glace ou sous la glace?
:
Je ne suis pas spécialiste des risques de toxicité, mais je sais que des études ont été faites sur des dispersants. Hier, j'ai envoyé un document présentant quelques-unes des études qui ont été faites.
Le problème que posent les dispersants, c'est qu'ils ne sont qu'une solution à court terme. Il n'est vraiment pas idéal d'utiliser des dispersants pendant une longue période. Les dispersants sont surtout efficaces pour accroître l'étendue à gérer, puisqu'ils fractionnent les nappes de pétrole et en accélèrent la biodégradation. Je dirais qu'on utilise un dispersant quand on juge que la toxicité chimique et la toxicité physique du pétrole seraient plus néfastes que la toxicité chimique du dispersant.
Pour ce qui est des effets de ces produits sur l'environnement, ils sont vraiment difficiles à évaluer, tout spécialement en haute mer, à cause de la grande étendue où ils sont dispersés. Je dirais probablement que la seule façon — et là encore, les biologistes s'opposeront vivement à ce que je vais dire — serait de se rendre là-bas et d'assurer une surveillance des effets environnementaux, par exemple en pêchant des poissons ou des espèces qui ne se promènent pas dans la zone, comme des crustacés, des palourdes ou des huîtres, et en évaluant le taux de dispersants qu'ils renferment.
Je ne sais pas si cela répond vraiment à votre question.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame et monsieur.
Ce qui me frappe depuis qu'on parle de ce sujet à la table du comité, c'est qu'il y a beaucoup d'intervenants lorsqu'il y a un drame comme celui qui s'est produit dans le golfe du Mexique. Pas plus tard que mardi dernier, quelqu'un de la Garde côtière canadienne nous mentionnait qu'en cas de drame, le ministère des Transports pouvait être concerné, tout comme le ministère de la Défense nationale et l'entrepreneur. Ça fait beaucoup de gens. De plus, il y a les représentants des territoires, comme vous, et aussi des provinces. On sait que le Québec, en raison de sa côte, peut être un joueur concerné.
Dans vos rêves les plus fous, quel serait le meilleur scénario possible, en cas d'urgence, pour gérer une crise? Est-ce que c'est le gouvernement fédéral qui devrait prendre en charge la gestion de la crise? Sinon, devrait-on laisser l'entreprise privée gérer cette crise, comme c'est le cas présentement dans le golfe du Mexique?
:
Merci, monsieur le président.
C'est une très bonne question. Dans les Territoires du Nord-Ouest, nous n'avons pas beaucoup d'infrastructures. Dans le golfe du Mexique, on fore en moyenne 4 000 puits par année, tandis que dans les Territoires du Nord-Ouest, au cours des 10 dernières années, on n'a foré que deux puits en eaux littorales. Voilà qui est bien peu si l'on compare avec le golfe du Mexique pour une même saison et des puits d'intervention similaires. Beaucoup des appareils de forage et des plates-formes de forage du golfe du Mexique pourraient être utilisés dans le Nord, à moins d'indication contraire. Vous pourriez avoir à faire beaucoup de route, et cela vous prendrait beaucoup de temps, pour obtenir un autre appareil à cet endroit.
À mon avis, et aussi l'avis du gouvernement, les coûts de l'intervention doivent être assumés par l'exploitant ou par la personne qui a obtenu la concession et qui est responsable du forage. Je crois que cela doit se combiner au rôle du gouvernement, qui a la responsabilité de s'assurer qu'il existe des infrastructures permettant la gestion d'une fuite accidentelle ou d'un incident. Dans les Territoires du Nord-Ouest, du côté de Beaufort, nous n'avons aucun accès ni aucun matériel pour gérer une fuite de pétrole. Ainsi, les organes de réglementation devraient obliger les exploitants à prendre certaines mesures. Et je crois que le gouvernement a certainement un rôle à jouer en garantissant qu'il existe une infrastructure qui faciliterait la gestion des incidents.
:
Merci, monsieur le président.
Comme vous vous en doutez sûrement, j'aimerais remercier mes compatriotes. Je souhaite indiquer au ministre McLeod que nous étions loin de nous douter, lorsque nous étions tous ensemble dans le cours de sciences de 9e année, que nous allions un jour nous trouver ici, au Parlement, pour parler de ce genre de dossier. Je suis toutefois fort heureux de la chose. Je crois que c'est ce qui est fantastique au Canada.
Pour ce qui est des éruptions incontrôlées dans la mer de Beaufort, il y a eu le violent jaillissement incontrôlé qui s'est produit sur l'île King Christian, dans les années 1970. Ce n'était pas la première fois qu'une catastrophe du genre survenait. Ç'a été l'un des jaillissements incontrôlés qui ont duré le plus longtemps. Je crois qu'en fait, il a établi une sorte de record. Est-ce que je me trompe?
:
Merci, monsieur Bevington.
Monsieur le ministre, lorsque nous étions ensemble avec M. Bevington en 9e année, pensez-vous que s’il avait été plus attentif en classe, il serait peut-être ici en tant que conservateur et non comme néo-démocrate?
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Voilà un président impartial!
Le président: Je déclare que cette question n'est pas recevable.
Quoi qu'il en soit, nous allons donner la parole à M. Anderson, pour sept minutes.
Oui, jusqu’ici, tout va bien. Au départ, avant que se produise ce déversement, l’intention était d’examiner la condition exigeant le forage d'un autre puits au cours de la même saison dans la mer de Beaufort, qui est différente des autres zones extracôtières du Canada. Mais après l’accident du golfe du Mexique, il a été décidé de cesser les opérations et de procéder immédiatement à un examen. Cela nous paraît très important.
Comme je l’ai mentionné à d’autres collègues ici, un territoire n’est pas la même chose qu’une province. Le gouvernement fédéral — du moins dans les Territoires du Nord-Ouest — assume encore la responsabilité à l’égard du pétrole et du gaz, situation qui est différente de celle du Yukon, qui a obtenu la dévolution de ces droits.
Nous sommes donc satisfaits de posséder la capacité de participer à ce processus en qualité d’intervenant, si nous désirons le faire, et c'est ce que nous allons demander.
:
Nous avons fait beaucoup de recherches et d'analyses. Nous considérons que le pipeline Mackenzie est un projet qui va permettre l’exploitation de ce bassin. Le pipeline offrira comme principal avantage la possibilité d’intensifier les activités d’exploration, parce qu'une fois le pipeline construit, l’industrie sera sûre de pouvoir exporter ce qu’elle trouvera, si elle décide de rechercher du pétrole et du gaz.
Le pipeline est un projet de 16,2 milliards de dollars. Il offrira des avantages et des possibilités considérables. La construction du pipeline exigera, à elle seule la création de près de 220 000 emplois. Les Territoires du Nord-Ouest ne comptent que 42 000 habitants; il faudra donc faire venir beaucoup de main-d’œuvre de l’extérieur des Territoires.
D’après notre analyse, ce sont les provinces du Sud qui seront les principales bénéficiaires. L’Ontario verra son PIB augmenter de 5,5 milliards de dollars. L’Alberta en retirera le principal bénéfice, son PIB augmentant de 9,1 milliards de dollars. Le gouvernement fédéral percevra 86 milliards de dollars de taxes et impôts.
Il faut savoir que les Territoires du Nord-Ouest et la mer de Beaufort offrent des possibilités très importantes en matière de ressources. Ce projet serait donc très avantageux non seulement pour les Territoires du Nord-Ouest, mais pour le Canada, d’après nous.
:
Merci, monsieur le président.
J’aimerais commencer par dire que les gens qui sont assis de ce côté de la table ont noté que votre rôle de président ne vous a pas empêché de montrer vos couleurs politiques, mais je dirais que dans ce cas-ci c’était assez drôle.
Le président: Merci. C'est inhabituel.
M. Geoff Regan: C’était drôle cette fois-ci, d’autres fois ce l’était moins, mais dans ce cas-ci, c’était vraiment drôle.
Pour parler de votre professeur de sciences de 9e année, monsieur le ministre et M. Bevington, je ne sais pas ce qu’il dirait à votre sujet, mais je suis certain que, si mon professeur de sciences de 9e année me voyait m’occuper de questions scientifiques, il serait à la fois inquiet et préoccupé — et étonné. J’espère qu’il est en train de jouer au golf ou en train de se promener aujourd’hui, et en bonne santé.
Je vais m’adresser à Mme Howboldt. Revenons à cette question. Vous avez été nommée à la présidence de l’Office national de l’énergie. Félicitations! Je pense que vous touchez un assez bon traitement.
:
Sur les côtes, cela se fait de façon très extensive. Si vous voulez nettoyer un sol contaminé par le pétrole, ou même un sol contaminé par les eaux de surface, vous pouvez utiliser soit des micro-organismes qui existent à l'état naturel et ajouter ensuite des substances nutritives, comme le nitrogène et aérer le sol; il faut donner suffisamment d'aliments aux micro-organismes pour qu'ils puissent se multiplier et fragmenter les hydrocarbones. Tout ce qu'elles font est fragmenter la molécule pour fabriquer, nous l'espérons, du gaz carbonique et de l'eau; habituellement, c'est une fragmentation partielle. et ce sont ensuite d'autres microbes qui prennent la relève. C'est donc un processus de biodégradation qui prend quelques semaines, quelques heures ou quelques années.
Sur l'eau, dans un environnement salin, la situation est un peu différente parce qu'il n'est pas possible de confiner le pétrole, ou si vous le pouvez, c'est un confinement limité. Il ne s'est pas fait autant de recherche sur le volet biologique dans les régions extracôtières pour cette raison. De toute façon, il y a un processus de biodégradation tout à fait naturel. C'est la raison pour laquelle on ajoute des dispersants, pour augmenter la superficie de façon à ce que les microbes puissent attaquer. Plus le pétrole est lourd, plus les microbes ont du mal à le fragmenter. Ces micro-organismes se trouvent naturellement dans l'environnement marin, mais si vous voulez renforcer leur action, c'est beaucoup plus difficile, parce que si l'on veut ajouter des nutriants ou un autre élément susceptible d'accélérer la croissance microbienne, cela est très difficile, parce que tout ce, que vous ajoutez se disperse dans l'océan.
Il y a donc beaucoup moins d'études sur les zones extracôtières, mais c'est très courant sur les côtes. Est-ce que cela répond à votre question?
:
Merci, monsieur Hiebert.
La période prévue pour le deuxième groupe de témoins est terminée. J'aimerais vous remercier tous — madame Hawboldt, monsieur le ministre McLeod et monsieur le sous-ministre Vician. Merci des témoignages que vous nous avez livrés aujourd'hui. Tout cela nous a été fort utile.
J'aimerais également dire avant de nous quitter encore une fois merci à Carol, qui est notre greffière depuis plus de 30 ans. C'est un exploit et nous vous en remercions.
Des voix: Bravo, Bravo!
Le président: J'aimerais également remercier sincèrement le comité. Notre comité a très bien fonctionné pendant toute l'année, grâce à la collaboration de tous ses membres et je remercie également notre personnel qui se tient là-bas en avant. Je vous remercie donc pour tout cela.
C'est peut-être notre dernière séance avant l'automne et si c'est le cas, encore une fois, je dois vous dire que j'apprécie ce que nous avons fait et que les Canadiens l'apprécient également. Merci.
La séance est levée.