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Merci et bonjour à vous, monsieur le président ainsi qu'aux membres du comité. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous présenter mes points de vue dans le cadre de votre étude sur la sécurité énergétique au Canada, et plus précisément sur le rôle que peuvent jouer les sables bitumineux. Je suis désolé de n'avoir pas pu me rendre sur place, mais je me réjouis de pouvoir comparaître par téléconférence.
Canadian Oil Sands est le principal partenaire de la coentreprise Syncrude, un projet d'exploitation des sables bitumineux. Syncrude est l'un des pionniers de cette industrie et mène des activités dans la région depuis plus de 30 ans. Syncrude a actuellement la capacité de produire 350 000 barils de pétrole léger non sulfuré par jour.
Je vais partir de l'hypothèse que les membres du comité sont conscients de l'ampleur de cette ressource, de son importance potentielle pour la sécurité énergétique en Amérique du Nord et de ses retombées économiques favorables, tant au Canada qu'aux États-Unis. Tous ces éléments ont été maintes fois mis de l'avant par bien des gens, y compris moi-même. La plupart des Canadiens reconnaissent maintenant que les sables bitumineux constituent une ressource considérable qui est cruciale pour notre économie, particulièrement dans la conjoncture actuelle. Les sables bitumineux comptent pour 97 p. 100 de nos réserves en pétrole au Canada et pour 50 p. 100 de notre production pétrolière actuelle.
Sans eux, notre production pétrolière serait à la baisse et notre pays serait un importateur net qui devrait acheter son pétrole principalement de pays qui semblent moins se préoccuper des questions d'intendance environnementale, de responsabilité sociale ou de partage des avantages économiques. Il ne fait aucun doute que les sables bitumineux peuvent contribuer à la sécurité énergétique du Canada, et ils y contribuent effectivement. Je crois que vous cherchez à déterminer s'il devrait en être ainsi.
Il faut d'abord s'interroger au sujet de l'utilisation du pétrole. Il y a un groupe, restreint mais très actif, d'intervenants qui estiment, pour différents motifs environnementaux et sociaux, que le monde devrait se débarrasser complètement du pétrole. C'est un point de vue qui a ses mérites, même si je ne crois pas que cela soit réalisable.
Pour aborder la question de façon réaliste, il faut examiner le paysage énergétique mondial. L'Agence internationale de l'énergie estime que la demande mondiale en énergie connaîtra une hausse de 36 à 47 p. 100 d'ici 2035. Cette augmentation sera principalement attribuable à la croissance de la population et à l'expansion économique dans les pays en développement. Cette réalité concrète et inéluctable nous oblige à développer davantage toutes les formes d'énergie. Non seulement devons-nous exploiter dans une mesure beaucoup plus grande nos sources d'énergie renouvelable, mais nous avons aussi besoin d'un effort concerté pour accroître notre approvisionnement en carburants fossiles. Si nous voulons discuter en toute franchise de ces enjeux, nous devons nous dissocier des arguments avancés par les critiques du pétrole qui soutiennent que ce doit être l'un ou l'autre. En fait, nous avons besoin d'énergie en provenance de toutes les sources et en quantités toujours plus grandes.
Toutes les sources d'énergie doivent être exploitées de manière responsable, car nous devons reconnaître que tous les projets de génération d'énergie, y compris les énergies renouvelables, ont des conséquences tant sur l'environnement que l'économie. La plupart des gens ignorent que le pétrole, le gaz naturel et le charbon comptent aujourd'hui pour environ 80 p. 100 de l'apport énergétique planétaire et que, même suivant un scénario relativement conservateur, cette proportion se maintiendra entre 70 p. 100 et 80 p. 100 d'ici 2035. Parallèlement à cela, les chiffres publiés au sujet de la production pétrolière mondiale indiquent une diminution moyenne d'au moins 7 p. 100. Alors que les régions pétrolières arrivent difficilement à maintenir leur niveau de production, il n'est pas vraiment question qu'elles puissent l'accroître.
Pour ce qui est plus précisément de l'exploitation des sables bitumineux, nous sommes pleinement conscients des impacts de notre industrie sur l'environnement et les collectivités locales. Nous savons que pour demeurer prospères, nous devrons pouvoir présenter sans cesse de meilleurs bilans en matière d'environnement et de responsabilité sociale.
Les représentants de l'Association canadienne des producteurs pétroliers ont déjà comparu devant votre comité au nom de l'industrie dans son ensemble en vous fournissant les compléments d'information requis. Dans ce contexte, je vais vous entretenir de quelques-uns des succès et des défis qui jalonnent le parcours de Syncrude.
Comme le reste de l'industrie, Syncrude a démontré sa capacité à améliorer ses modes de fonctionnement en même temps que son bilan environnemental et social. Pour ce qui est de l'utilisation des terres, Syncrude a remis en état 22 p. 100 des terres endommagées et a planté cinq millions d'arbres tout en devenant le premier exploitant de sables bitumineux à obtenir une certification gouvernementale pour une terre récupérée, connue sous la dénomination de Gateway Hill.
La directive 074 adoptée en 2010 par le gouvernement de l'Alberta établit des exigences poussées qui abrègent considérablement les délais pour la remise en état des bassins de résidus. Syncrude a réagi en mettant en oeuvre toute une série de nouvelles technologies, y compris la centrifugation, pour gérer les résidus actuels et potentiellement réduire la nécessité de créer de nouveaux bassins. L'industrie continue d'explorer ces possibilités technologiques et de mettre en commun les pratiques qui font leurs preuves.
Syncrude a fait oeuvre de pionnier en menant une initiative qui a permis la création de nouvelles terres humides dans le cadre de ses efforts de remise en état des sols. Du côté de l'air, les émissions de gaz à effet de serre de Syncrude proviennent de son utilisation d'énergie, surtout de gaz naturel, pour la production de pétrole brut. Depuis 1982, Syncrude a toutefois réduit de 39 p. 100 la quantité d'énergie utilisée par baril de pétrole produit.
Syncrude a également diminué ses émissions de dioxyde de soufre par baril d'environ 60 p. 100 depuis le début des années 1980. En outre, Syncrude terminera en 2011 la construction d'une usine de réduction des émissions de soufre d'une valeur de 1,6 milliard de dollars, ce qui permettra d'abaisser d'encore 60 p. 100 ses émissions par rapport aux niveaux actuellement approuvés et de diminuer en outre de 50 p. 100 l'émission de particules, malgré l'accroissement de la production.
Par ailleurs, Syncrude recycle 85 p. 100 de l'eau utilisée par l'entreprise, le reste étant perdu par voie d'évaporation. Syncrude a réduit de plus de la moitié la demande en eau de ses processus par rapport aux niveaux de 1980. De concert avec d'autres entreprises, nous continuons de chercher de nouvelles méthodes d'extraction pour lesquelles l'eau ne serait pas nécessaire.
Du point de vue communautaire, Syncrude est l'une des entreprises qui emploient le plus d'Autochtones au Canada; ils comptent pour 8 p. 100 de notre main-d'oeuvre. En outre, Syncrude a eu des échanges commerciaux d'une valeur de plus de 1,2 milliard de dollars avec des entreprises autochtones locales depuis 1992, en plus de verser plus de 18 millions de dollars pour des projets communautaires depuis 2005.
Nous sommes également conscients que nous devons en faire davantage. Dans toute l'industrie des sables bitumineux, Syncrude est la seule entreprise à avoir une installation consacrée aux activités de recherche et développement. Nous dépensons actuellement plus de 50 millions de dollars par année à cette fin. C'est ainsi que nous avons été à l'origine de bon nombre des nouvelles technologies utilisées par l'industrie pour améliorer ses modes de fonctionnement et réduire ses impacts environnementaux. Nous allons d'ailleurs continuer d'investir d'importantes sommes dans de nouvelles technologies permettant de diminuer les répercussions environnementales de nos activités. C'est un engagement auquel Syncrude souscrit depuis plus de 30 ans et l'histoire nous a démontré que l'innovation est la clé de l'amélioration du rendement.
Nous devons nous assurer que les systèmes de mesure et contrôle sont efficaces et transparents, et qu'on les améliore sans cesse. Nous devons continuer de communiquer avec les parties intéressées et répondre aux critiques biaisées qui les induisent en erreur avec des renseignements incomplets. En outre, Canadian Oil Sands participe aux discussions en cours concernant une stratégie énergétique canadienne qui serait fondée sur des solutions applicables dans toute l'économie en mettant l'accent à parts égales sur l'industrie et les consommateurs, sur l'offre et la demande en matière énergétique.
Les gouvernements ont aussi un rôle à jouer. Ils doivent notamment assurer le maintien d'un système réglementaire de calibre mondial et faire valoir l'efficacité du Canada en matière de protection de l'environnement. Ils doivent accroître les investissements technologiques, élargir les marchés aux États-Unis comme ailleurs dans le monde, et offrir un cadre fiscal et réglementaire suffisamment concurrentiel pour attirer les investisseurs et le talent.
J'aimerais conclure en réitérant ma conviction que les sables bitumineux peuvent et devraient contribuer à la sécurité énergétique du Canada. En fait, c'est la meilleure possibilité qui s'offre à nous. Une grande partie des interventions au sujet de l'énergie et de l'environnement mettent l'accent sur la nécessité de renoncer graduellement à l'utilisation du pétrole en Amérique du Nord pour se convertir aux énergies renouvelables. Comme je l'ai déjà indiqué, les énergies renouvelables ont leur importance et je crois à leur développement. Mais le pétrole brut, surtout produit à partir des sables bitumineux, pourrait servir de pont vers un avenir où les énergies renouvelables prendront une place beaucoup plus grande. Étant donné qu'au cours des prochaines décennies encore, de 70 p. 100 à 80 p. 100 des besoins énergétiques mondiaux seront satisfaits à partir du charbon, du gaz naturel et du pétrole, le Canada a la possibilité et, en fait, le devoir, de donner accès à cette source d'énergie et de le faire de façon responsable.
Le pétrole brut continuera de jouer un rôle essentiel dans l'économie planétaire et le Canada est donc très chanceux de pouvoir compter sur les sables bitumineux. Il ne faut pas se le cacher, c'est un trésor national.
Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie pour le temps que vous m'avez consacré. Je vais m'efforcer de répondre à toutes vos questions.
Merci de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Gillian McEachern et je suis directrice de programme, Climat et énergie, pour Environmental Defence, une organisation nationale sans but lucratif qui oeuvre dans un large éventail de dossiers, y compris le climat et l'énergie, les produits toxiques et l'utilisation des terres.
On nous a demandé de vous parler de sécurité énergétique, plus particulièrement dans le contexte du rôle du gouvernement fédéral relativement aux sables bitumineux. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la sécurité énergétique se définit comme étant la disponibilité physique ininterrompue d'énergie à un prix abordable, dans le respect des préoccupations environnementales. D'après l'AIE, la sécurité énergétique doit donc obligatoirement passer par la prise en compte des questions environnementales et économiques associées à la production et à la consommation d'énergie.
Nous ajouterions qu'en plus de tenir compte des impacts environnementaux locaux de la production énergétique, il faut intégrer la notion de sécurité climatique. Tout plan fédéral visant à répondre aux besoins en sécurité énergétique doit tenir compte des risques possibles d'un changement climatique. Il ne serait plus question de sécurité énergétique dans un scénario de bouleversement total des conditions climatiques. Nous utilisons donc une définition de travail de la sécurité énergétique qui englobe l'aspect sécurité climatique et traite des impacts économiques et environnementaux de la production d'énergie.
Les risques environnementaux associés à l'exploitation des sables bitumineux augmentent et ne sont pas limités à la seule région où l'exploitation a cours. Ils touchent également les Territoires du Nord-Ouest, la côte du Pacifique et d'importants bassins hydrographiques aux États-Unis.
Mon collègue, Simon Dyer, de l'Institut Pembina, est venu vous parler la semaine dernière d'un rapport que nous avons produit conjointement au sujet des obligations du gouvernement fédéral relativement aux sables bitumineux. Je ne vais pas répéter ce qu'il vous a déjà dit, mais je souhaiterais simplement faire écho à ses commentaires concernant les répercussions climatiques de l'expansion prévue dans l'exploitation des sables bitumineux — comment cette expansion, même dans un scénario optimiste de capture et stockage du carbone, fera exploser le budget carbone du gouvernement et obligera d'autres secteurs à faire davantage que leur part.
Je vais vous parler plus en détail de deux éléments soulevés dans notre rapport: le risque d'un déversement majeur de résidus; et les conséquences économiques de notre actuelle politique énergétique inavouée qui se traduit par un accroissement rapide de l'exploitation des sables bitumineux et des exportations en la matière.
Les immenses lacs de résidus formés dans le nord de l'Alberta constituent une menace pour la santé humaine, l'environnement et l'économie, étant donné le risque de rupture des digues qui empêchent les résidus toxiques de se déverser dans les rivières avoisinantes. Ces lacs renferment actuellement près d'un milliard de mètres cubes de résidus toxiques. Ils couvrent plus de 130 kilomètres carrés, une superficie supérieure à celle de la ville de Vancouver.
Les résidus contiennent des produits chimiques nocifs pour les êtres humains et les organismes aquatiques, y compris des acides naphténiques, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des métaux lourds et de l'arsenic. Ces produits contaminés sont contenus par des digues de terre sans revêtement pouvant atteindre 300 pieds de hauteur. À l'échelle planétaire, il a été établi que les risques de rupture étaient 10 fois plus élevés qu'avec les autres types de digues et il y a déjà eu des problèmes associés avec certains barrages de résidus des sables bitumineux.
Étant donné que les étangs sont situés à proximité de la rivière Saskatchewan en aval et des Territoires du Nord-Ouest, un déversement important aurait des impacts transfrontaliers, car les résidus de sables bitumineux se retrouveraient dans la rivière Athabasca pour se rendre jusqu'à son delta, un site du patrimoine mondial et une importante aire de nidification pour les oiseaux migratoires de tout le continent. Il y aurait également des répercussions sur le bassin du fleuve Mackenzie, qui draine environ le cinquième des réserves en eau du Canada en plus d'être le territoire traditionnel de dizaines de communautés autochtones.
Malgré ce risque potentiel, le gouvernement fédéral ne dispose actuellement d'aucun plan d'intervention d'urgence en cas de déversement majeur et ne s'occupe à peu près pas des mesures à prendre pour sécuriser les digues afin d'empêcher qu'un tel déversement se produise. Le gouvernement de l'Alberta indique que les entreprises ont des plans d'intervention d'urgence en cas de rupture des digues de résidus, mais aucun de ces plans ne peut faire l'objet d'une évaluation indépendante permettant de déterminer dans quelle mesure ils seraient efficaces s'il y avait effectivement rupture.
Nous avons pu constater les conséquences néfastes que peut avoir la rupture de digues semblables tout récemment en Hongrie et il y a quelques années au Tennessee. Tant que le gouvernement fédéral n'aura pas fait le nécessaire pour empêcher une catastrophe de ce genre, les résidus de l'exploitation des sables bitumineux posent des risques graves pour la sécurité des gens vivant en aval.
Aux impacts possibles d'un déversement d'importance, il faut bien sûr ajouter le phénomène de la fuite continue de résidus. On estime à 11 millions de litres la quantité de résidus qui s'échappent chaque jour des étangs.
À la lumière des risques encourus, il est difficile de parler d'une source d'énergie exploitable en toute sécurité.
Je vais maintenant vous entretenir de quelques-uns des impacts économiques associés à l'exploitation des sables bitumineux. Il ne fait aucun doute que cette industrie procure des avantages économiques sous forme d'emplois et de recettes gouvernementales; on ne le conteste pas. En revanche, on entend très rarement parler des répercussions économiques négatives qu'entraîne l'augmentation des exportations de pétrole sur les autres secteurs de l'économie canadienne. Il n'y a pas eu jusqu'à maintenant de véritables efforts de discussion, d'analyse et d'intervention à ce chapitre.
Jeff Rubin, l'ancien patron de Marchés mondiaux CIBC, se demandait récemment si le Canada pouvait se permettre l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta, étant donné que le dollar canadien est en train de devenir dans une large mesure une pétrodevise. La hausse des prix du pétrole et de la production à partir des sables bitumineux continuera de renforcer le dollar canadien ce qui, dans le contexte d'une économie américaine toujours en difficulté, aura un impact sur d'autres secteurs de l'économie canadienne, et surtout sur l'industrie manufacturière.
Si les sables bitumineux en viennent à occuper une place encore plus importante dans l'économie canadienne, nous risquons de succomber à ce qu'on appelle le syndrome hollandais, à savoir que l'exploitation accrue de nos ressources naturelles aura des répercussions sur notre devise, ce qui augmentera les coûts d'exportation de nos autres produits. De fait, on peut déjà observer au Canada certains symptômes associés au syndrome hollandais. Dans une étude publiée l'an dernier, Serge Coulombe de l'Université d'Ottawa a constaté qu'entre 2002 et 2007, 42 p. 100 des pertes d'emploi dans le secteur manufacturier au Canada qui étaient attribuables à la valorisation de notre devise résultaient du syndrome hollandais causé par nos exportations de pétrole. Cet impact se faisait surtout ressentir en Ontario et au Québec, les deux provinces où l'on retrouve les secteurs les plus touchés par le syndrome hollandais.
Comme le disait récemment Dan Trefler, qui dirige la chaire de recherche sur la compétitivité et la prospérité de l'École de gestion Rotman:
Le Canada régresse. Il est temps de prendre un peu de recul pour nous demander si c'est ce que nous voulons vraiment. À nous de choisir: Ou bien nous nous croisons les bras pendant que la demande mondiale risque de nous noyer dans nos propres résidus, ou bien nous réagissons de façon dynamique et stratégique.
La Norvège, troisième plus grand exportateur de pétrole au monde, est l'exemple d'un pays qui a su réagir de façon dynamique et stratégique à un boom dans son secteur des ressources. La Norvège a établi le fonds de pension du gouvernement, dont la valeur dépasse maintenant les 400 milliards de dollars. La vaste majorité des revenus provenant du pétrole sont investis à l'étranger afin d'éviter de faire grimper la valeur de la devise, et seulement 4 p. 100 de ses revenus sont dépensés à chaque année. Le PIB par habitant de la Norvège est presque le double de celui du Canada. Le secteur manufacturier est en pleine effervescence. Le revenu disponible des Norvégiens est parmi les plus élevés de la planète. Et lorsqu'on aura épuisé les réserves pétrolières, on pourra compter sur un fonds de fiducie très bien garni pour moduler l'avenir énergétique du pays.
C'est au gouvernement fédéral qu'il incombe d'examiner ces impacts, aussi bien positifs que négatifs, afin d'en tirer un plan équitable pour toutes les régions du pays. Cela n'a pas encore été fait.
Quelques décennies plus tard, le Canada ressent toujours les contrecoups du Programme énergétique national. Ce programme nous a empêchés de planifier notre avenir énergétique. En l'absence d'un plan ou d'une politique guidant les efforts en faveur de la sécurité énergétique au Canada, nous avons mis tous nos oeufs dans le même panier: celui des sables bitumineux. Le gouvernement fédéral permet à l'exploitation des sables bitumineux de croître rapidement en accordant son approbation pour de nouvelles mines et de nouveaux projets. Il permet également la mise en place d'imposantes nouvelles infrastructures pour le transport du pétrole produit vers les consommateurs, et un certain nombre d'emplois vont suivre le chemin tracé par ces nouveaux pipelines pour quitter le pays.
Alors que le gouvernement fédéral devra bientôt décider s'il approuve ces nouvelles installations d'exploitation et de transport ou s'il va autoriser la présence de pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique, il est temps de prendre du recul pour établir l'orientation de notre avenir énergétique, plutôt que de nous laisser piéger dans des décennies de production accrue de carburant fossile au moment même où les autres pays reconnaissent la nécessité de faire la transition du pétrole vers des énergies plus propres. Il nous faut déterminer le rythme et l'ampleur qui conviennent pour l'exploitation des sables bitumineux.
Le témoin qui m'a précédé a parlé d'un petit groupe d'intervenants qui préconisent l'abandon du pétrole. Je lui dirais que l'on retrouve dans ce petit groupe le président des États-Unis, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et des dirigeants de bien d'autres pays du monde.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
À titre de président de l'Alberta Federation of Labour, je représente beaucoup d'Albertains qui, depuis une dizaine d'années, travaillent grâce au levier économique incroyable que créent les sables bitumineux. Par exemple, nous représentons des milliers de travailleurs d'usines qui fabriquent les tuyaux et les modules utilisés dans les projets d'exploitation des sables bitumineux. Nous représentons des milliers de travailleurs qui transportent ces produits d'infrastructure par train et par camion jusqu'à divers endroits isolés du Nord de notre province. Nous représentons des milliers de fondeurs, de soudeurs, d'électriciens et d'autres travailleurs de la construction qui mettent ces pièces ensemble pour construire l'un des projets industriels les plus grands jamais vus au monde. Nous représentons aussi des milliers d'opérateurs et de préposés à l'entretien qui assurent le bon fonctionnement des nouvelles et des anciennes installations. Nous représentons des milliers de travailleurs du secteur public dans des domaines comme la santé, l'éducation et les municipalités, dont le travail est financé au moins en partie par les produits du développement de la ressource. Enfin, nous représentons des milliers de travailleurs des secteurs des services et du détail qui bénéficient des retombées du secteur de l'énergie.
De loin, le géant économique que nous avons créé en Alberta est extrêmement impressionnant. Notre taux de chômage est bas. Notre PIB per capita est de 75 p. 100 supérieur à la moyenne canadienne, et nos salaires sont de 30 p. 100 supérieurs à la moyenne du reste du pays. Mais comme c'est souvent le cas de ce qu'on regarde de loin, si l'on y regarde d'un peu plus près, les fissures deviennent évidentes. Ainsi, les travailleurs de l'Alberta, les membres de notre fédération, y ont regardé de plus près et ont constaté des fissures assez troublantes.
J'aimerais vous en parler aujourd'hui. Compte tenu des limites de temps qui nous sont imposées, je vais me concentrer sur trois éléments: premièrement les emplois à valeur ajoutée; deuxièmement les redevances; troisièmement un ramassis d'autres enjeux que je vais englober sous l'appellation des conséquences involontaires. Je vais conclure en vous proposant brièvement quelques solutions.
Pour ce qui est des emplois dans le domaine des sables bitumineux, la grande inquiétude de notre fédération, c'est que le Canada en général et l'Alberta en particulier s'apprêtent à perdre une chance historique de monter dans l'échelle de valeur. Jusqu'à tout récemment, plus des deux tiers du bitume extrait en Alberta étaient affinés dans la province, ce qui signifie qu'il était transformé en pétrole brut synthétique ou raffiné en produits à valeur ajoutée comme l'essence, le diesel ou le carburant aviation. Du coup, les usines de valorisation et de raffinage créées dans des endroits comme Fort McMurray, Fort Saskatchewan et Edmonton offraient des emplois très payants à des milliers de personnes soutiens de famille et soutiens de la collectivité.
Pour avoir une idée du nombre d'emplois créés, pensez aux deux premiers exploitants de sables bitumineux de l'Alberta, Suncor et Syncrude. Les deux ont des mines et des usines de valorisation dans la région de Fort McMurray, qui emploient chacune environ 5 000 personnes en opérations directes et des milliers de plus au moyen de contrats d'entretien, sans compter les retombées dans d'autres secteurs. Toutefois, depuis quelques années, le ratio entre la valorisation du bitume pour la production à valeur ajoutée et les exportations de produits bruts non transformés a commencé à chuter. Selon les chiffres et les prévisions publiés récemment par l'Alberta's Energy Resources Conservation Board, la proportion de bitume valorisée au Canada est déjà passée d'environ 70 à 63 p. 100, et l'on s'attend à ce que ce déclin se poursuive jusqu'à 48 p. 100 en 2019.
Malheureusement, c'est exactement ce que l'AFL a prédit lors de ses cinq comparutions devant l'Office national de l'énergie au cours des quatre dernières années, pour s'opposer à la construction de gigantesques nouveaux pipelines pour l'exportation du bitume. C'est également ce que nous avions prévu il y a un an et demi, quand nous avons publié une étude intitulée Lost down the Pipeline, dont je vais remettre une copie aux membres du comité. Dans cette étude, nous présentons 10 raffineries des États-Unis qui ont été équipées pour traiter le bitume extrait des sables bitumineux et ainsi créer une capacité de raffinage totale de 2,8 millions de barils par jour. Nous soulignons également que l'ONE a approuvé le projet de deux grands pipelines de bitume vers les États-Unis, plus particulièrement les pipelines de Keystone et d'Alberta Clipper, qui ont une capacité conjointe d'exportation de 1,4 million de barils de bitume brut par jour des raffineries de l'Alberta vers les États-Unis. Nous faisons état de six autres pipelines prévus, qui devraient nous donner une capacité d'exportation de 2,3 millions de barils de bitume brut de l'autre côté de la frontière chaque jour.
La taille et le nombre des raffineries américaines ainsi que la taille et le nombre des pipelines destinés au marché américain sont considérables, parce que cela signifie que les raffineries américaines vont avoir la capacité d'absorber toutes les hausses attendues dans l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta au cours des 10 prochaines années et probablement au-delà. Autrement dit, nous vous avons déjà mis en garde et nous continuons de le faire: si nous les laissons à elles-mêmes, les sociétés énergétiques pourraient décider qu'elles n'ont plus besoin de nouvelles usines de valorisation en Alberta, même lorsque l'économie mondiale sera rétablie et que les prix internationaux du pétrole auront rebondi.
C'est exactement le scénario que nous voyons se déployer en Alberta en ce moment. Presque tous les projets de valorisation qui étaient dans l'air avant la récession ont été mis au rancart ou abandonnés, même si les prix du pétrole sont remontés et que l'investissement dans les sables bitumineux commencent à reprendre.
Presque tous les nouveaux 250 000 barils de bitume extrait par jour en 2009 a été exporté de l'Alberta sous forme brute. Même des inconditionnels comme Suncor et Syncrude, qui valorisaient tout leur bitume en Alberta avant, exportent des quantités de bitume brut de plus en plus importantes.
Un autre exemple sur lequel j'aimerais attirer votre attention fait les manchettes aujourd'hui, la première page de la section affaires du Globe and Mail. L'article porte sur Husky Energy, qui a décidé d'investir un autre milliard de dollars dans les sables bitumineux de l'Alberta. Il faut absolument souligner que le projet dont il est question dans l'article, le projet Sunrise, ne vise que l'extraction et qu'Husky va envoyer tout le bitume extrait de cette mine dans deux raffineries qu'elle a achetées en Ohio.
Si l'on n'augmente pas la valorisation effectuée en Alberta, le Canada va perdre des milliers de bons emplois en valorisation, en raffinage ainsi qu'en production pétrochimique en général. Nous allons perdre aussi des milliers d'emplois dans l'entretien des usines et les domaines connexes. Plutôt que de créer des emplois à long terme et à valeur ajoutée dans les endroits comme Fort McMurray, Fort Saskatchewan ou Edmonton, nous allons exporter ces emplois avec les pipelines jusqu'en Ohio et en Illinois, entre autres. Quand le pipeline Keystone XL sera prêt à entrer en fonction, beaucoup d'emplois vont migrer vers des endroits comme le Texas, le Mississippi et l'Alabama. C'est la première grande fissure dans l'économie de l'Alberta, et de notre point de vue, elle risque de devenir un immense gouffre.
La deuxième fissure dont je veux vous parler, c'est les redevances. Il faut d'abord et avant tout nous rappeler qui est propriétaire des ressources énergétiques de l'Alberta. Ce ne sont pas les sociétés qui les exploitent. Ce ne sont pas celles qui exploitent les pipelines. Malgré tout ce que le gouvernement américain peut affirmer avec ses stratégies continentales sur l'énergie, ce n'est pas lui. Nos ressources énergétiques appartiennent au public canadien. Le gaz, le pétrole et les sables bitumineux de l'Alberta appartiennent aux Albertains. Les redevances ne sont pas une chose que nous payons. Les redevances sont le prix que nous demandons aux entreprises pour exploiter et vendre les ressources. C'est extrêmement important. Les redevances ne sont pas une taxe. C'est un prix, un prix que nous recevons pour vendre une chose qui nous appartient, un prix que les entreprises exploitantes paient pour obtenir ce dont elles ont besoin pour faire des affaires.
Il faut aussi mentionner que ces entreprises ne paient de redevances qu'une fois qu'elles ont remboursé tous leurs coûts et qu'elles ont encaissé un profit normal d'environ 10 p. 100. Tout ce qui dépasse ce seuil correspond à ce qu'on appelle les bénéfices tirés des ressources. Le problème en Alberta, à notre avis, c'est que notre gouvernement provincial est trop laxiste dans ses mesures pour récolter des bénéfices auxquels il a droit à titre de propriétaires de la ressource.
À cet égard, j'aimerais porter à l'attention du comité une étude récente produite par le Parkland Institute, qui relève de la Faculté des arts de l'Université de l'Alberta. Dans son étude intitulée Misplaced Generosity, qui est sortie la semaine dernière, le Parkland Institute montre que le gouvernement de l'Alberta vise toujours à toucher entre 50 et 70 p. 100 de bénéfices tirés des ressources dans le secteur de l'énergie, mais qu'il n'atteint jamais ces objectifs.
Au cours des dernières années, il n'a jamais même atteint l'échelon inférieur de cette fourchette. Donc en moyenne, depuis 10 ans, le gouvernement albertain ne tire que 47 p. 100 des bénéfices qu'il pourrait tirer de ces ressources. Il en résulte qu'il laisse passer littéralement des milliards de dollars de recettes qu'il pourrait encaisser au nom des citoyens propriétaires de la ressource et qu'il pourrait épargner ou dépenser pour la prestation de services publics de qualité. Ces chiffres touchent l'industrie de l'énergie dans son ensemble.
La situation est encore pire pour ce qui est des sables bitumineux. En moyenne, depuis 10 ans, le gouvernement ne profite que de 14,6 p. 100 des bénéfices tirés des ressources.
Je vois que vous me faites signe de conclure, donc je vais laisser tomber la partie sur les conséquences involontaires, mais je vais encourager les membres du comité à me poser des questions à ce sujet en temps et lieu. Je vais plutôt vous présenter deux propositions de solutions et vous poser une question.
D'après nous, la première solution que les gouvernements provincial et fédéral devraient envisager serait de négocier la mise en place d'un plan national de l'énergie. Nous sommes parmi les rares pays producteurs d'énergie au monde qui n'ont pas de plan-cadre en matière d'énergie pour régir la création d'emplois, la construction d'installations, les incidences environnementales de l'exploitation et la création de débouchés pour l'énergie verte. Faute de plan, il y a des décisions qui se prennent, mais elles ne sont pas prises par les élus comme vous-mêmes, qui devez rendre des comptes au public; ce sont plutôt les dirigeants de l'industrie qui les prennent. Je serais porté à vous dire que ce qui est bon pour l'industrie n'est peut-être pas bon pour le public et que dans bien des cas, ce n'est pas bon pour lui.
La deuxième proposition que je voudrais vous faire est liée à la première: pour élaborer une politique de l'énergie qui protège l'intérêt public, les gouvernements provincial et fédéral devront cesser d'avoir peur de faire preuve d'interventionniste dans le domaine des sables bitumineux. En fait, je pense que le gouvernement de l'Alberta et le gouvernement fédéral devraient tirer des leçons du bilan de l'ancien gouvernement albertain de Peter Lougheed. Il a bâti une industrie pétrochimique en Alberta alors qu'il n'y en avait jamais eu avant grâce aux leviers de la politique publique économique pour créer des conditions favorables à l'investissement.
Pour terminer, j'aimerais poser une question. Compte tenu du bilan du gouvernement albertain dans ce domaine, est-ce qu'on peut laisser ce gouvernement à lui seul prendre des décisions qui vont avoir des répercussions non seulement sur l'Alberta, mais sur tout le pays? Nous formons une petite économie, une petite population, et je suis d'avis que de bien des façons, notre gouvernement provincial est devenu captif de l'industrie; il ne peut pas de lui-même prendre des décisions en matière d'exploitation de la ressource dans le vaste intérêt public.
Je vais m'arrêter là, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Eh bien, je pense que tout cela se résume à une décision idéologique prise par le gouvernement de l'Alberta. Par le passé, d'autres gouvernements conservateurs de la province, en particulier celui de Peter Lougheed, ont recouru à une combinaison de règlements et même, dans certains cas, à une nationalisation pour promouvoir la production à valeur ajoutée dans le secteur de l'énergie.
Plus récemment, les gouvernements albertains ont fondamentalement laissé aux forces du marché les décisions concernant l'investissement. C'est donc le marché qui décide, et pour un certain nombre de raisons, on a opté pour la construction d'installations de valorisation aux États-Unis. D'abord, il est dans certains cas moins coûteux de simplement réoutiller les raffineries existantes dans des régions comme le midwest américain et la côte du golfe — deux foyers importants de la pétrochimie aux États-Unis —, que de construire de nouvelles installations au Canada. On a également pris ces décisions à cause des pressions exercées en faveur du développement de pipelines. Donc, jusqu'à tout récemment, la capacité pipelinière, spécialement en ce qui concerne l'exportation de bitume brut, était limitée, mais à la suite de récentes autorisations accordées par l'Office national de l'énergie, nous avons maintenant ce que nous qualifierions d'autoroutes pour le bitume, qui emportent les ressources.
L'intérêt des entreprises américaines envers une stratégie continentale et la construction d'installations aux États-Unis, conjugué au fait que nous avons construit des conduits leur permettant d'acheminer le bitume là-bas, a incité les sociétés à expédier la ressource de l'autre côté de la frontière.
Notre position est que, même si les entreprises ont toutes sortes de bonnes raisons d'effectuer leur valorisation et leur raffinage aux États-Unis, cette décision ne sert pas nécessairement les intérêts de la population canadienne et n'est pas nécessairement une initiative que nous devrions appuyer ici.
Nous devrions tirer des leçons de l'ère Lougheed, en particulier. Il y a un parallèle très étroit à établir, en fait, entre ce qui s'était produit dans les années 1970 avec le gaz naturel et les produits pétrochimiques, et ce qui arrive maintenant avec le bitume. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement Lougheed avait fait face à un problème. Le gaz naturel était exporté à l'état brut et les liquides du gaz naturel, comme on les appelait, et surtout l'éthane, étaient expédiés aux États-Unis où ils servaient de matières premières pour des produits pétrochimiques, du plastique et autres choses du genre. Ce sont donc des usines de l'Est du Canada et des États-Unis qui obtenaient tous les emplois et qui en profitaient.
Peter Lougheed et son gouvernement avaient décidé que cela allait à l'encontre des intérêts de la population albertaine en général. Il avait donc recouru à un mélange de réglementation et d'investissements publics pour changer la situation. Par exemple, l'Alberta Energy Company Limited, qui est devenue Encana à la suite d'une privatisation, était une société publique mise sur pied par le gouvernement albertain pour utiliser ce précieux éthane et le transformer en produits pétrochimiques. On a donc créé une nouvelle industrie de plusieurs milliards de dollars.
La réponse brève à votre question, c'est que nous avons besoin qu'on considère ce qui n'est pas envisagé en ce moment, à savoir que le gouvernement joue un rôle actif pour répondre à notre besoin de réglementation et de contrôle public. Autrement, le marché continuera d'exporter littéralement des milliers et des milliers d'emplois à valeur ajoutée par le biais de ces pipelines.
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Merci de votre question.
D'après ce que j'ai compris, votre question concerne l'impact sur la biodiversité des forêts, de la faune, etc., mais aussi les produits chimiques qui se retrouvent dans l'eau de la rivière et les procédés auxquels nous recourons.
Nous faisons de l'extraction à ciel ouvert, alors nous dépouillons toutes les forêts de leurs arbres. Nous préservons toute la terre végétale. Puis, nous faisons nos opérations d'exploitation minière, et lorsqu'elles sont terminées, nous remettons en place cette terre végétale et replantons des arbres. Ce processus prend de 20 à 40 ans. Nous avons prouvé que nous pouvions le faire. Ainsi que je l'ai dit plus tôt, nous menons nos activités depuis assez longtemps — depuis 30 ans —, pour avoir pleinement remis en état et restitué à la province des terres certifiées. Donc, je pense que ce cycle fonctionne très bien.
Quant à votre autre question sur la toxicité de la rivière, rappelez-vous que celle-ci traverse la formation de sables bitumineux de l'Athabasca, et il en est ainsi depuis qu'elle a commencé à couler dans cette région, il y a de nombreux millénaires. Donc, le niveau de toxicité témoigne de ce qu'il y a au fond de la rivière, si vous voulez, et nous n'avons rien à y voir. L'industrie de l'exploitation des sables bitumineux ne rejette aucune eau traitée dans la rivière. Il y a bien un certain retour d'eau assainie qui est réalisé, mais c'est la même chose que dans n'importe quelle municipalité: il s'agit d'eau traitée. Toute l'eau traitée est contenue dans nos bassins de décantation des résidus, et nous la recyclons dans le cadre de notre processus. Donc, nous ne changeons rien aux caractéristiques chimiques de la rivière et nous extrayons seulement, en moyenne, 1 p. 100 du débit de la rivière.
Je pense que nos procédés sont très bien éprouvés. Ils sont assujettis à un examen strict par le gouvernement de l'Alberta et sont surveillés par deux conseils des eaux indépendants.
Pendant que j'y suis, si vous me le permettez, monsieur le président, je formulerai des commentaires sur d'autres questions ayant trait à l'eau. À ce que je sache, il n'y a eu aucune brèche dans les barrages en terre chez Syncrude ou ailleurs. Et s'il y en a eu, elles étaient probablement très mineures, ce qui expliquerait pourquoi je n'en ai jamais entendu parler. Je travaille dans ce domaine depuis plus de 10 ans. Les barrages sont étroitement surveillés par des experts en géotechnique qui travaillent pour l'industrie, mais aussi pour des tiers indépendants. Des puits ont été creusés autour de l'ensemble des bassins de résidus pour que nous puissions détecter tout écoulement dans le sol. Grâce à ces puits et à des fossés de crête, nous recueillerons tout écoulement qui pourrait provenir de ces barrages et le renverrons par pompage dans le bassin de résidus. Donc, l'eau est maintenue là, et continue d'être recyclée. Bien sûr, lorsqu'elle s'évapore, elle retourne dans l'atmosphère de façon très propre.
À long terme — et Suncor l'a prouvé — ces bassins deviennent remplis de sable et de sédiments, et eux aussi finissent par être recouverts de terre végétale et remis en état.
Je m'en tiendrai là, mais si vous le voulez, je vous parlerai avec plaisir des installations de valorisation ainsi que de la création de richesses dans l'avenir grâce à ces vastes activités d'exploitation.
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Merci, monsieur le président.
C'est un plaisir pour moi de vous revoir dans le cadre de ce comité. Je trouve malgré tout que depuis deux ans, les choses n'ont pas beaucoup évolué. On n'a toujours pas de plan sur la sécurité énergétique. Ma question s'adresse à M. McGowan, mais Mme McEachern pourra aussi y répondre.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'adopter un plan pancanadien. Il pourrait s'agir d'un plan régional. Quoi qu'il en soit, pensez-vous qu'il serait possible d'établir un plan de sécurité énergétique fondé uniquement sur les relations du marché? Autrement dit, on essaie d'obtenir la sécurité par le pétrole parce que son prix est élevé plutôt que de se concentrer, comme l'a dit ma collègue, sur l'efficacité énergétique. Il est essentiel, cependant, que cette efficacité nous amène à réduire notre consommation d'énergie.
Au Québec la semaine dernière, une scientifique a dit que la méthanisation artificielle nous permettrait, compte tenu de tout ce qui n'est pas utilisé au Québec, de répondre à 60 p. 100 de nos besoins en gaz, naturel ou artificiel.
Pouvez-vous nous suggérer des solutions pour remplacer le pétrole? Plutôt que de toujours revenir aux bassins de décantation, on les laisserait tels quels. On n'utiliserait pas davantage cette ressource. Pourriez-vous nous dire quelles solutions de remplacement un pays comme le Canada pourrait adopter dans le cadre d'un plan de sécurité énergétique équilibré?