Bonjour, mesdames et messieurs les députés. C'est un plaisir pour nous d'être ici aujourd'hui et nous sommes très honorés d'avoir été invités à prendre la parole devant le comité concernant l'important sujet de l'approvisionnement en isotopes pour la médecine nucléaire du point de vue de l'entreprise privée.
Je m'appelle Cyrille Villeneuve et je suis vice-président et directeur général de Lantheus. Je suis accompagné de Bill Dawes, vice-président, production et chaîne d'approvisionnement.
Pendant le temps qui nous est alloué, je voudrais vous donner un bref aperçu de Lantheus Imagerie Médicale et de nos opérations canadiennes. Je voudrais aussi vous présenter une mise à jour de l'approvisionnement des isotopes utilisés en médecine nucléaire selon notre point de vue ainsi que de l'impact de cette crise sur nos clients et leurs patients. M. Dawes et moi-même serons prêts à répondre à vos questions après l'exposé.
Lantheus Medical Imaging est une entreprise internationale, appartenant à des intérêts privés américains, située à North Billerica, au Massachusetts, qui se spécialise dans l'approvisionnement de produits d'imagerie médicale utilisés pour le diagnostic des maladies cardiaques et vasculaires. L'entreprise est un chef de file de l'industrie de la médecine nucléaire depuis plus de 50 ans et était récemment connue sous le nom de la division d'imagerie médicale de Bristol-Myers Squibb.
Nous avons mis sur le marché des isotopes médicaux novateurs tels que le thallium et Cardiolite, qui sont tous les deux utilisés en médecine nucléaire pour diagnostiquer la maladie cardiovasculaire et nous croyons qu'ils sont les produits les plus utilisés à cet effet aujourd'hui. Cardiolite est le produit d'imagerie cardiaque le plus utilisé et le seul agent de perfusion myocardique à base de technétium qui a été utilisé chez plus de 40 millions de patients aux États-Unis seulement.
En plus de distribuer 10 produits, Lantheus a, dans son pipeline bien garni de produits en développement, des produits d'imagerie cardiovasculaire pour la détection de la maladie coronarienne et l'insuffisance cardiaque. Ces produits sont également à base d'isotopes médicaux.
Lantheus a plus de 600 employés dans le monde. Nous sommes une société intégrée ayant de grandes compétences en recherche et développement, avec des sites de production de calibre mondial, un réseau de distribution efficace et des employés dévoués. En tant qu'entreprise internationale, nous oeuvrons au Canada, à Porto Rico et en Australie.
[Français]
Au Canada, le principal bureau d'affaires de Lantheus Imagerie médicale est situé à Montréal. Lantheus compte 80 employés canadiens, incluant le personnel des ventes et du marketing, les représentants du service à la clientèle et les employés de nos radiopharmacies. Les opérations internationales de Lantheus sont gérées du Canada par des employés canadiens.
De plus, Lantheus exploite cinq radiopharmacies situées à Québec, à Montréal, à Mississauga, à Hamilton et à Vancouver. Dans ces radiopharmacies, nous préparons des unidoses, des doses prêtes à injecter, et les livrons deux fois par jour aux départements de médecine nucléaire et aux cliniques situés près de nos installations. Nous sommes présentement à mettre sur pied un réseau de sites de production radiopharmaceutique pour la tomographie par émission de positrons,TEP, qui permettra de distribuer les produits pour la TEP à la population canadienne.
Comme vous le savez déjà peut-être, Lantheus et d'autres fabricants ont besoin de l'isotope médical appelé molybdène-99 pour produire le nucléide de filiation, appelé technétium-99m. Le technétium-99m est l'isotope médical le plus utilisé dans le monde. Chaque année, il représente 82 p. 100 des injections de radiopharmaceutiques pour le diagnostic, soit plus de 18,5 millions de doses par année. Le technétium est une composante essentielle à plusieurs examens médicaux, incluant les scintigraphies cardiaques, les scintigraphies du cerveau, des os, des reins et de certaines tumeurs.
Chez Lantheus Imagerie médicale, nous utilisons le technétium dans nos générateurs TechneLite. Ces générateurs sont distribués aux hôpitaux et aux radiopharmacies comme sources de technétium pour les examens d'imagerie diagnostique. Le technétium est également utilisé avec le Cardiolite dans les examens d'imagerie cardiaque, afin d'aider à diagnostiquer les maladies coronariennes chez des patients qui pourraient en souffrir.
C'est donc dire qu'une pénurie grave et prolongée d'isotopes médicaux peut avoir d'importantes répercussions sur la santé et le bien-être d'un grand nombre de patients. Le fait que le réacteur NRU de Chalk River ait été fermé pour réparations depuis le mois de mai 2009 a eu un impact considérable sur nos opérations et sur nos clients en Amérique du Nord.
Lantheus a le privilège d'avoir une chaîne d'approvisionnement très diversifiée, et nous déployons tous les efforts possibles pour répondre aux besoins de nos clients et de la communauté médicale du Canada et des États-Unis en situation de pénurie mondiale de molybdène-99.
En tant qu'entreprise, nous avons modifié nos horaires de production afin d'être prêts, sur appel, lorsque l'approvisionnement est disponible. Nous travaillons sept jours sur sept, jours et nuits, et pendant les congés fériés, afin de fournir des générateurs de technétium à nos clients. Nous avons aussi l'avantage de posséder des cyclotrons, aux États-Unis, et nous avons de beaucoup augmenté notre production de thallium pour que les médecins aient un produit d'imagerie de remplacement s'il n'est pas possible d'avoir du technétium.
Nous travaillons étroitement avec nos clients pour les informer de l'approvisionnement courant et à court terme, par le biais de communications directes et de mises à jour que nous affichons sur notre site Web. De plus, nous sommes pratiquement en contact constant avec nos clients et la communauté médicale concernant la logistique et la distribution.
Plusieurs départements de médecine nucléaire ont modifié leur horaire, afin de maximiser la quantité de technétium qui leur est fourni par livraison. Ils utilisent des produits d'imagerie de remplacement comme le thallium. Ils doivent établir des priorités, quelquefois reporter des examens et parfois même restreindre le nombre de patients.
[Traduction]
Depuis le début de la pénurie des isotopes médicaux, la section canadienne de Lantheus a eu comme principal objectif de s'assurer que le maximum de patients reçoivent leurs traitements ou leurs examens de diagnostic. Afin d'atteindre cet objectif, nous avons identifié et mis sur pied un certain nombre de mesures.
Nous travaillons étroitement avec Santé Canada et les autres fabricants qui exploitent des radiopharmacies commerciales afin de nous assurer que le technétium et les doses unitaires sont utilisés de façon équitable. Nous coordonnons la distribution des doses unitaires afin que tous nos clients reçoivent une certaine quantité de produits pour leurs examens d'imagerie.
Nous continuons de collaborer avec les autorités provinciales en matière de santé afin de tenter de fournir une quantité de doses unitaires à un niveau comparable à celui que nous fournissons aux institutions médicales qui n'ont pas le service de radiopharmacie.
Dans le but de maximiser l'accessibilité aux doses unitaires, nous avons prolongé les heures de travail de nos radiopharmacies. Cela nous permet de produire des doses unitaires les soirs et les fins de semaine et d'optimiser la quantité de technétium disponible.
Nous avons beaucoup augmenté l'accessibilité au thallium, un produit fabriqué dans un cyclotron, qui agit en tant que produit efficace en remplacement des produits cardiaques à base de technétium comme Cardiolite. La vaste majorité de nos clients se sont tournés vers le thallium en période de pénurie de technétium, ce qui nous permet de croire qu'au moins un certain nombre d'examens cardiaques a été maintenu.
Les efforts importants que Lantheus déploie pour mettre sur pied, à travers le Canada, un réseau de sites de production de produits radiopharmaceutiques émetteurs de positrons auront un effet important sur l'accessibilité aux produits pour la TEP approuvés par Santé Canada pour la communauté médicale. Ils serviront également à préparer le marché à l'introduction de produits pour la TEP novateurs et de produits de recherche pour la TEP efficaces, tels que le fluorure de sodium et d'autres produits à base de F18 qui pourraient être utilisés dans le cadre de demandes d'essais cliniques.
La crise d'approvisionnement des isotopes a aussi eu pour effet d'augmenter l'intérêt vers d'autres techniques plus récentes et des modalités d'imagerie comme la tomographie par émission de positrons (TEP). Lantheus distribue déjà Gludef, (fluodésoxyglucose F18 pour injection), utilisé dans l'évaluation de patients chez qui l'on soupçonne un cancer. Nous fabriquons Gludef par le biais d'un partenariat avec l'Université de Sherbrooke. Lantheus est en train d'étendre l'accessibilité au Gludef dans d'autres régions du Canada et travaille activement à mettre en service deux autres sites de fabrication, soit l'Institut de neurologie de Montréal et la radiopharmacie de Lantheus située à Mississauga. Notre stratégie est d'étendre notre réseau de sites de production de radiopharmaceutiques pour la TEP dans d'autres régions du Canada afin de pouvoir mieux répondre aux besoins futurs de la communauté médicale.
[Français]
Compte tenu de nos opérations internationales installées à Montréal, Lantheus a plusieurs clients importants au Canada. Nous sommes tout à fait déterminés à répondre aux besoins du marché canadien et déployons tous les efforts possibles afin que le Canada reçoive la plus grande part possible de technétium disponible durant cette difficile période d'approvisionnement fragile en isotopes médicaux. Toutefois, la plupart des solutions dont nous avons déjà discuté sont des solutions à court terme mises en avant dans le but de combler le manque jusqu'à ce que l'approvisionnement des isotopes redevienne accessible.
Le fait de remettre le réacteur NRU en opération permettra grandement d'atténuer les effets de la pénurie globale d'isotopes, particulièrement en Amérique du Nord. Le réacteur HFR, dans les Pays-Bas, étant fermé en même temps que le réacteur NRU, nous assistons à une aggravation des effets de la pénurie des isotopes médicaux, ce qui démontre l'importance d'avoir accès à des sources d'approvisionnement diversifiées accessibles mondialement et l'importance de la collaboration entre l'industrie, les organismes de réglementation et les promoteurs de projets.
Nous croyons que la solution à court et moyen termes en vue d'assurer un approvisionnement en isotopes médicaux stable à la population canadienne est de réparer le réacteur NRU le plus rapidement possible et de soutenir financièrement les efforts afin que sa licence soit renouvelée jusqu'en 2016.
Chez Lantheus Imagerie médicale, nous tenons résolument à travailler avec nos clients et leurs patients, nos fournisseurs et les agences gouvernementales afin de nous assurer qu'un approvisionnement en isotopes médicaux plus stable sera accessible à court et à long termes pour la communauté médicale et pour les patients, pour qui nous travaillons tous.
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de parler avec vous aujourd'hui. Nous apprécions beaucoup ce privilège et nous serions heureux de répondre à vos questions.
Je vais faire une présentation plutôt brève, de façon à réserver beaucoup de temps aux questions. J'imagine que vous en avez probablement un bon nombre.
On est aux prises avec la pénurie d'isotopes à Sherbrooke, et au Québec particulièrement, depuis bientôt un an. Il s'agit d'une pénurie dont environ 30 p. 100 a été occasionné par l'arrêt du réacteur NRU. Il y a eu des effets bénéfiques sur le système de santé, mais ça a causé des problèmes également.
Pour ce qui est des effets bénéfiques, il s'agit surtout de l'optimisation de l'utilisation des radio-isotopes. Les isotopes n'étaient plus perdus du fait que si un patient ne se présentait pas, on en appelait un autre dont le nom figurait sur la liste d'attente. Une dose pouvait être coupée en deux, ce qui permettait de l'utiliser pour deux patients. Vu que ce produit se perd continuellement et qu'on en a le soir et même la fin de semaine, on était en fonction durant ces mêmes périodes, de façon à vraiment en optimiser l'utilisation. Voilà pour le bon côté de la pénurie.
Par contre, les alternatives créées pour répondre à la pénurie causent problème. On parle beaucoup du thallium, qui est un agent de perfusion myocardique. On l'utilise comme substitut au MIBI, mais ce n'est pas un substitut optimal. Comparativement au traceur de base, ce produit génère une dose de radiations beaucoup plus élevée chez le patient et il est beaucoup moins performant dans le cas de personnes souffrant de surpoids. Dans le cas de personnes souffrant d'un surpoids accru, les images générées sont de moins bonne qualité. En fin de compte, ça a des répercussions sur le système de santé.
On peut aussi utiliser d'autres technologies, par exemple la résonance magnétique et le tomodensitogramme. Or, même si elles sont disponibles, ces technologies sont relativement coûteuses. Il y a déjà une saturation, en fait d'utilisation, dans le cas de ces technologies. Si on transfère des examens de médecine nucléaire en imagerie par résonance magnétique, par exemple, on ne fait que changer le mal de place. Les appareils ne peuvent pas absorber le surplus qui leur est alloué.
D'un autre côté, plusieurs nouvelles alternatives ont été essayées. On s'intéresse beaucoup à la tomographie par émission de positrons, aujourd'hui. Selon moi et selon plusieurs spécialistes, c'est vraiment la technologie de l'avenir. Le problème est qu'environ 31 de ces appareils sont disponibles au Canada et que 15 d'entre eux se trouvent au Québec. Dans le cas de cette technologie, la répartition sur le plan géographique n'est pas adéquate. Elle peut être très bien utilisée au Québec. On s'en sert énormément. Je vous dirais qu'au Québec, la crise nous a probablement moins atteints, étant donné la disponibilité de ces tomographes par émission de positrons. Grâce à ceux-ci, on peut faire des scintigraphies osseuses, des études de perfusion myocardique et bien d'autres examens. À mon avis, c'est vraiment une technologie vers laquelle il faut se tourner et dont il faut certainement encourager le développement.
Par ailleurs, la mentalité des médecins veut qu'on ne prive jamais les patients de leurs examens. À elles seules, les lacunes reliées au NRU correspondaient à 30 p. 100 de la production mondiale, mais aucun patient n'a vraiment souffert de la pénurie. Certains examens ont été retardés, mais tout le monde a pu subir un examen et personne n'a vécu de situation vraiment négative.
Par contre, le réacteur de la Hollande étant maintenant en réparation, la pénurie d'isotopes se chiffre maintenant à 60 p. 100. Dans ces conditions, la pénurie va se faire sentir, et je crains vraiment que certains patients ne puissent pas subir leurs examens à temps. On va se creuser la tête et essayer de trouver des solutions, mais je vous dirais qu'actuellement, ces solutions sont peu nombreuses. De plus, on ne dispose vraiment pas de temps pour en trouver de nouvelles.
Je vous laisse la parole.
Cette semaine, nous entendons dire, comme on nous l'a dit encore une fois ce matin, que les approvisionnements en isotopes médicaux sont en train de diminuer considérablement. Nous entendons par ailleurs dire de nombreuses sources que des tests pour le cancer et des traitements pour les maladies cardiovasculaires devront être annulées ou reportées. Nous pouvons imaginer les conséquences dramatiques de cette situation pour les patients et leurs familles.
Aussi récemment que vendredi dernier, lorsque j'ai posé une question à ce sujet au gouvernement conservateur lors de la période de questions, ils ont continué à nier que la crise d'approvisionnement en isotopes médicaux s'intensifie.
Vous savez peut-être que le docteur Jean-Luc Urbain qui est le président de l'Association canadienne de médecine nucléaire a déclaré que l'approvisionnement en isotopes diminuera en moyenne de 25 p. 100 et naturellement les patients vont s'en ressentir. En fait, il parle même d'être obligé de couper le service. On nous en a un peu parlé ce matin également.
La Society of Nuclear Medicine aux États-Unis décrit cette pénurie comme étant l'une des ruptures d'approvisionnement les plus importantes de tous les temps, et selon les spécialistes de la médecine nucléaire, les isotopes médicaux seront plutôt rares au Canada pendant environ deux semaines. Les témoins pourraient peut-être nous en dire plus à ce sujet.
Les experts de Hamilton Health Sciences disent qu'ils s'attendent à ce que l'approvisionnement en isotopes chutent à 15 p. 100 d'ici vendredi.
L'Institut de cardiologie d'Ottawa a annulé le rendez-vous de sept patients aujourd'hui: « les hôpitaux sont touchés à divers degrés selon leurs arrangements avec les fournisseurs en isotopes ».
Donc j'aimerais entendre davantage M. Turcotte se prononcer sur cette question.
[Français]
Tout d'abord, j'aimerais que le Dr Turcotte nous parle de son expérience personnelle, dans le cadre de son poste, et des défis auxquels lui et ses collègues doivent faire face en vue de gérer cette crise.
C'est une excellente question. Les défis sont énormes. On nous demande actuellement de faire l'impossible avec un minimum. Parmi les défis importants, il y a le fait que la pénurie peut varier d'une journée à l'autre. Il devient très difficile de programmer les examens, même à l'intérieur de 24 heures. Étant donné que je ne sais pas quelle quantité de produits radioactifs mon département va recevoir le lendemain matin, il est difficile de dire la veille à un patient de se préparer pour un examen donné. Il y a vraiment un problème de logistique. Il peut arriver qu'on fasse venir des patients à l'hôpital, mais qu'il n'y ait pas de produit radioactif pour faire leurs examens. C'est vraiment le problème numéro un.
Deuxièmement, il y a une question de priorisation. Lorsqu'on ne dispose que de 15 p. 100 ou 20 p. 100 de la quantité de produit devant servir aux examens, il est clair que la priorité est donnée aux examens les plus urgents. Or il devient difficile de déterminer lesquels sont les plus urgents. Dans certains cas, ça peut être une question de vie ou de mort. On doit se fier au gros bon sens. Il faut toujours vérifier si l'examen du patient peut être retardé de quelques jours ou s'il est vraiment essentiel, par exemple si le patient doit subir une chirurgie ou un traitement de chimiothérapie dans les heures qui vont suivre. C'est un problème de logistique. Pour pallier ce dernier, il faut être en fonction le soir et les fins de semaine, de façon à ce que le département soit ouvert lorsque le produit est disponible.
Troisièmement, il s'agit d'étudier les choix pouvant être offerts aux patients. On peut faire une perfusion myocardique pour vérifier l'état des vaisseaux. Des examens comme la coronarographie et l'angiographie nous permettent de voir les vaisseaux. Le principal avantage de la médecine nucléaire est que les examens sont non invasifs. L'injection d'un produit radioactif constitue l'aspect le plus invasif de nos examens. En revanche, les alternatives proposées sont parfois plus invasives. Il peut être nécessaire d'installer un patient sur une table et d'utiliser des produits d'injection spéciaux. En fin de compte, il se peut que l'alternative comporte une incidence de mortalité plus élevée que l'examen en médecine nucléaire. En outre, il peut arriver que la sensibilité diagnostique soit inférieure dans le cas de l'alternative.
Nous offrons d'autres choix en nous assurant que ceux-ci vont donner un bon rendement diagnostique et qu'ils ne seront pas dommageables, tout en tentant de faire le maximum pour nos patients en médecine nucléaire. C'est un défi de tous les jours.
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La question est également très pertinente.
Étant donné que la situation est en vigueur depuis un an, les hôpitaux ont appris à vivre avec la pénurie de 30 p. 100 créée par l'arrêt du NRU. Il est certain qu'on a infligé un stress plus élevé au personnel et aux médecins parce qu'on a des heures d'ouverture très variables. Il a été possible, durant la dernière année, de pratiquer de la très bonne médecine et de bien s'occuper des patients. Le problème actuel provient du bris du réacteur des Pays-Bas, qui ajoute une pénurie additionnelle de 30 p. 100, ce qui fait vraiment mal. Le mince équilibre qu'on avait à 70 p. 100 de fonctionnement est tombé à moins de 30 p. 100. C'est très problématique.
Au sujet de la réparation du NRU, il est certain que tant que celui-ci sera en réparation en même temps que le réacteur de Petten, la situation va demeurer problématique. Actuellement, c'est encore pire, étant donné que d'autres réacteurs nucléaires font l'objet d'entretien durant la semaine. Cela nous fait vivre cette crise encore plus profondément. En réalité, tant qu'il y aura pénurie aux deux réacteurs importants, la situation sera très précaire en ce qui concerne nos examens.
Quant aux annonces touchant le progrès dans la réparation du réacteur NRU, honnêtement, dans le milieu médical, c'est devenu presque une farce de recevoir un rapport d'AECL qui nous parle de 30, 35 et 40 p. 100. Ça n'a même plus d'intérêt, du côté médical. On a seulement hâte que le réacteur soit de nouveau actif. L'annonce de dates qui sont reportées, depuis janvier, fait que nous ne prenons plus AECL au sérieux, en cette matière.
On a toujours espérance que le réacteur reprenne ses activités cet automne. C'est probablement plus réaliste de penser que ce sera à l'automne plutôt qu'au printemps.
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier nos témoins d'être ici.
Vous savez, cette situation est très préoccupante. Toutes les semaines, on entend parler de malades et de gens inquiets.
Docteur Turcotte, vous nous disiez qu'on a pu faire les examens, mais que vous pourriez citer des cas où certains examens ont été retardés, principalement chez des personnes âgées, chez vous. En tous les cas, cela demeure très inquiétant.
Monsieur Villeneuve, vous nous dites que l'arrêt du réacteur de Chalk River a eu des impacts considérables chez vous. Vous nous expliquez de quelles façons vous avez réussi à vous accommoder de la situation. J'aimerais avoir plus de détails sur les impacts.
J'aimerais vous poser une deuxième question. Vous nous dites avoir augmenté votre production de thallium. Le Dr Jean-Luc Urbain, président de l'Association canadienne de médecine nucléaire, nous disait que c'était une technologie du XXe siècle, donc une technologie pouvant faire l'affaire pour le moment mais quand même dépassée.
Comment voyez-vous l'avenir du thallium? Est-ce vraiment simplement une solution de remplacement ou pensez-vous qu'à long terme, ce sera une solution d'avenir, si la pénurie continue et que Chalk River demeure fermé pendant une longue période?
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La beauté de la technologie par positrons est, tout d'abord, qu'elle ne dépend pas du tout de réacteurs nucléaires. Pour fabriquer les isotopes, il faut un appareil, le cyclotron. Il y en a dans des hôpitaux et dans des universités. Il y en a un au Centre d'imagerie moléculaire de Sherbrooke, un à l'Institut neurologique de Montréal, un qui appartient à une compagnie privée, Pharmalogic, à Montréal. Il y en a aussi plusieurs en Ontario. Ces appareils fonctionnent à l'électricité. Il s'agit de mettre une cible, d'ouvrir l'électricité du cyclotron et des isotopes sont produits.
Le désavantage des isotopes fabriqués par le cyclotron est que ces isotopes sont à courtes demi-vies, des demi-vies de 10 minutes, 20 minutes, 110 minutes, trois heures. On est loin des 6 heures du technétium et encore plus loin des 66 heures du molybdène. Par conséquent, il faut en produire tous les jours où on en consomme.
Que faut-il ensuite, en plus du cyclotron, pour faire de l'imagerie par positrons? Il faut un appareil spécial. On ne peut pas utiliser les appareils SPECT, les gamma-caméras qui fonctionnent au technétium, pour utiliser du positron. Cela veut dire que les quelque 600 appareils SPECT disponibles au Canada ne peuvent pas fonctionner avec du positron. On est vraiment limité aux 30 appareils qui sont disponibles. Ce sont des appareils relativement coûteux. On parle d'une technologie d'environ 2,2 millions de dollars. La technologie SPECT, une technologie de 2010, qui fonctionne au technétium coûte quand même 1,1 million de dollars. L'appareil TEP n'est que deux fois plus cher.
Sur le plan du diagnostic, le rendement est vraiment supérieur. Les examens sont beaucoup plus courts. Ainsi, un examen de scintigraphie osseuse en médecine nucléaire peut durer 4 heures. Le patient va donc consacrer 4 heures à l'hôpital pour subir son examen. Le même examen fait au moyen de la technologie de positrons au fluorure de sodium va durer 45 minutes. Il y a donc plusieurs avantages, dont une meilleure résolution, un meilleur diagnostic, beaucoup moins de temps passé à l'hôpital, et beaucoup plus de patients par jour peuvent recevoir un diagnostic. C'est pourquoi cette technologie, dans 10 à 15 ans, va devenir la technologie prioritaire. Par contre, on n'en est pas là. Il n'y a pas assez de cyclotrons pour y parvenir.
De plus, j'aimerais souligner que les fameux cyclotrons peuvent fabriquer des isotopes par positrons. Ce sont les cyclotrons qui sauvent un peu la face durant la pénurie. Ils fabriquent le thallium et le gallium-67. Le réacteur nucléaire fait de l'iode-131 et du technétium-99, par l'intermédiaire du molybdène, pour la médecine nucléaire. Tout le reste des isotopes est fait par des cyclotrons. C'est donc une belle technologie hybride qui, un jour, peut faire de vieux isotopes et, demain, en faire de nouveaux.
Mes questions s'adressent au Dr Turcotte.
Docteur Turcotte, j'ai peu de temps. Veuillez me donner des réponses courtes, si possible, car j'ai plusieurs questions. Je vais commencer par mes trois premières questions, et je vous demanderai d'y répondre, et si nous avons encore du temps, j'en poserai quelques autres.
J'essaie de comprendre pourquoi — c'est dans le contexte plus large du rapport du groupe d'experts que vous n'avez pas tous abordé aujourd'hui —, étant donné le coût élevé, qui s'élève à au moins 0,5 milliard ou peut-être même à 1 milliard de dollars, et le long délai de production d'un réacteur de recherche polyvalent, le groupe d'experts semblait mettre l'accent sur cette option dans son rapport. Est-ce que le coût que vous avez envisagé incluait le stockage permanent des déchets nucléaires?
Étant donné la capacité excédentaire projetée à long terme par opposition aux pénuries à court terme que nous avons à l'heure actuelle, pourquoi envisage-t-on une telle option coûteuse et à long terme, étant donné le long délai de production? Lorsqu'il a pris sa décision, le groupe d'experts a-t-il tenu compte des risques importants que posent les déchets nucléaires pour la sécurité et pour l'environnement? Lorsqu'il a examiné le coût d'un nouveau réacteur, le groupe d'experts a-t-il tenu des dépassements de coûts importants que l'on a constatés par le passé dans une grande mesure lors de la remise en état ou de la construction de nouveaux réacteurs?
Nous avons entendu précédemment d'autres témoins experts et qui étaient beaucoup plus optimistes à l'idée d'avoir des accélérateurs nucléaires ou cyclotrons plutôt que d'utiliser la technologie nucléaire classique.
Pourriez-vous répondre à ces questions, s'il vous plaît?
:
Permettez-moi de commencer par répondre à votre question au sujet du délai de production. Je pense que bon nombre de ceux qui ont étudié cette question connaissent bien la chaîne d'approvisionnement mondiale. Il y a des fournisseurs internationaux de molybdène partout dans le monde. Ils produisent ou fournissent du molybdène à partir des réacteurs. Il s'agit notamment de Nordion, par l'entremise d'EACL au Canada; d'IRE, qui a un lien avec les trois réacteurs en Europe; et de Covidien qui a un lien avec un certain nombre de réacteurs en Europe. Par ailleurs, il y a aussi NTP, une entreprise en Afrique du Sud qui exploite le réacteur SAFARI.
Un nouveau réacteur mis en exploitation en Pologne promet d'assurer un approvisionnement additionnel d'isotopes à la communauté internationale. Un nouveau réacteur a été construit et est sur le point d'augmenter sa production. Il pourra donc contribuer à l'approvisionnement international de molybdène.
Voilà à quoi ressemble la chaîne d'approvisionnement des réacteurs à l'heure actuelle.
Pour ce qui est du moyen terme, nous envisageons un certain nombre de solutions qui, nous l'espérons, viendront s'ajouter à l'avenir. Il y a des solutions dans divers endroits géographiques, dont certaines sont proposées aux États-Unis à moyen et à long terme. D'autres sont proposées dans d'autres régions du monde. Soit ces réacteurs existent aujourd'hui, soit ils seront opérationnels à l'avenir et pour produire du molybdène, soit d'autres réacteurs seront construits dans d'autres régions.
Pour ce qui est du délai de production du molybdène ou de technétium, comme dans notre cas, c'est en fait une chaîne d'approvisionnement en temps réel. Lantheus produit normalement cinq fois par semaine, autrement, c'est moins que cela. Nous envisageons de nous approvisionner auprès de ces fournisseurs internationaux. Si le matériel vient du Canada, il nous faut environ une heure et demie pour le transporter du site de Nordion à notre site. Dans le cas de NTP et de l'Afrique du Sud, il faut plus de 24 heures pour transporter ce matériel du site du réacteur une fois le produit fini jusqu'à notre site à l'extérieur de Boston.
Une fois que ce matériel est livré à notre site, à 8 heures du matin ou à 8 heures du soir, selon le temps de fabrication ou le moment où commence notre fabrication, il nous faut ensuite entre huit et douze heures, selon le volume de fabrication et les différentes parties du processus de fabrication, pour produire, faire les tests de qualité et ensuite sortir ces générateurs. Ces derniers passent ensuite dans nos systèmes de logistique de distribution et sont distribués un peu partout en Amérique du Nord — notamment au Canada — et d'autres sont acheminés vers un petit nombre de points de vente internationaux.
Cette chaîne d'approvisionnement, et la partie logistique de la chaîne d'approvisionnement, permettent de boucler la boucle et de livrer une dose à un patient seulement 24 heures après à notre établissement principal de Billerica. Les doses qui ont commencé à être fabriquées par notre générateur à 8 heures du matin le lundi, par exemple, pourraient se retrouver chez un patient dès 8 heures du matin le mardi.
Il s'agit d'une chaîne d'approvisionnement en temps réel. Les doses ne sont pas gardées en stock en raison de la période radioactive et de la désintégration du produit, car le produit doit être très fiable afin de s'assurer que les patients obtiennent ce dont ils ont besoin et que les médecins ont ce dont ils ont besoin pour faire leur travail d'imagerie médicale.
Pour ce qui est de la façon dont nous garantissons l'approvisionnement au Canada, il est important que tout le monde comprenne que le Canada est pour Lantheus un client extrêmement important. Le Canada est un client extrêmement important pour notre entreprise. Nous faisons énormément d'efforts pour distribuer équitablement à nos clients, tant aux États-Unis qu'au Canada et à certains clients internationaux que j'ai décrits, le matériel que nous sommes en mesure d'obtenir de ces producteurs internationaux.
Nous avons une approche d'équité peu importe d'où provient l'approvisionnement. Nous veillons vraiment à ce que le plus grand nombre possible de nos clients et, en fin de compte, leurs patients peuvent être approvisionnés peu importe les circonstances qui existent à n'importe quel moment donné sur le plan de la chaîne d'approvisionnement.
Pourriez-vous répéter votre dernière question?
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Comme le président l'a dit, je me nomme Daniel Banks, et je suis ici à titre personnel. Plus précisément, je fais partie du mouvement de base composé de bénévoles regroupés sous la bannière de CREATE. Je suis accompagné aujourd'hui de Gord Tapp, qui est également un membre de CREATE.
Permettez-moi tout d'abord de vous expliquer ce qu'est CREATE. Il s'agit du Groupe de travail ad hoc des employés de Chalk River pour un laboratoire national. Certains affirment que l'acronyme est un peu maladroit, mais je préfère penser qu'il est plein d'originalité.
Comme je l'ai dit, CREATE est en fait un groupe populaire apolitique composé de bénévoles. Il regroupe des employés actuels et anciens de Chalk River. Je tiens à souligner que chacun parle en son propre nom et non au nom de l'employeur. En mai, Ressources naturelles Canada a annoncé une restructuration chez EACL. Quelques mois plus tard CREATE a été établi. Ce groupe est le fruit des efforts venant de la base pour proposer une vision de l'avenir de Chalk River à titre de laboratoire national qui comprendrait un nouveau réacteur multifonctionnel destiné à la recherche.
À l'automne, CREATE a mis au point et proposé son concept pour la mission future de Chalk River. Nous avons sollicité l'appui de notre concept dans le cadre de consultations avec d'autres membres du personnel de Chalk River. Des experts ont également revu ce concept. La révision découlait de ses consultations et de la rétroaction reçue par les membres du milieu et du personnel. Par conséquent, le fruit de ces efforts se retrouve dans notre rapport affiché sur notre site Web, www.futurecrl.ca. Nous avons remis quelques exemplaires du rapport au greffier du comité.
J'aimerais exposer brièvement cette vision.
Le futur Laboratoire national de Chalk River, ou LNCR, servirait à mobiliser le milieu scientifique et technologique dans l'intérêt du Canada pour en accroître largement la portée. En tant que laboratoire national, le LNCR servirait également les intérêts du Canada, plutôt que seulement ceux d'une seule société, comme c'est le cas pour les laboratoires d'entreprise. Nous souhaitons que le LNCR devienne le premier laboratoire au Canada dans le domaine nucléaire et autres sciences connexes.
Soit dit en passant, je vais interrompre mon exposé pour formuler une remarque au sujet de TRIUMF. Ce groupe est également représenté aujourd'hui. Il s'agit du Laboratoire national canadien de physique nucléaire et de physique corpusculaire. Même si la mission de ce laboratoire ressemble à celle que nous prévoyons pour notre propre laboratoire, en pratique, c'est très différent. Il n'y a pas de chevauchement entre Chalk River et TRIUMF, mais plutôt une complémentarité. Je veux que cela soit bien clair.
Revenons au Laboratoire national de Chalk River. Ce laboratoire constituerait une ressource pour les chercheurs dans un vaste éventail de domaines, des sciences fondamentales aux applications industrielles, sans oublier la recherche à l'appui du secteur de l'énergie nucléaire au Canada. En comparaison avec le laboratoire d'aujourd'hui, le LNCR serait davantage tourné vers l'extérieur en établissant des partenariats et son rayonnement se ferait sentir dans toutes les couches de la société canadienne. Cette ouverture sur le monde comprend plusieurs nouvelles fonctions, nouvelles pour Chalk River, dont la direction de divers programmes de recherche autres que dans le domaine de l'énergie nucléaire, de vastes partenariats avec des universités, industries et gouvernements ainsi qu'une commercialisation des connaissances par l'intermédiaire de sociétés essaimées de la haute technologie qui auraient pris naissance grâce à Chalk River ou encore, une commercialisation par un transfert de connaissances aux partenaires de l'industrie et l'incitation aux investissements des entrepreneurs dans cette optique.
De plus, dans le cadre des partenariats avec le secteur de l'éducation postsecondaire, le LNCR servirait à la formation de la prochaine génération canadienne de chercheurs et d'ingénieurs en leur fournissant un milieu de recherches encourageant la créativité ainsi qu'un équipement de recherches de calibre international.
Ce laboratoire national constituerait également un outil puissant pour encourager les jeunes à embrasser des carrières dans les milieux scientifiques et à favoriser une culture axée sur la science et la technologie.
En somme, le Laboratoire national de Chalk River constituerait un élément important dans la mosaïque élargie des institutions du Canada qui aidera à s'assurer un avantage concurrentiel national durable fondé sur la science et la technologie.
Nous constatons que l'occasion s'est présentée d'entamer une transition pour faire passer l'installation de Chalk River au Laboratoire national de Chalk River en établissant une orientation future, par exemple, celle que nous proposons, doté d'un modèle de gouvernance et d'affaires adéquat qui serait établi en consultation avec les partenaires et clients potentiels.
En parallèle, nous croyons également qu'il est très important de commencer une planification détaillée pour établir un réacteur de recherche multifonctionnel aux fins de la recherche et de la production d'isotopes en vue de remplacer et d'accroître les fonctions du réacteur NRU vieillissant à long terme. Nous croyons que la question d'établir un nouveau réacteur multifonctionnel est étroitement liée à la question de l'avenir de Chalk River dans son ensemble. Il est difficile de réfléchir à ces deux questions séparément.
Maintenant que j'ai présenté la vision de CREATE, je veux souligner quelques points.
Premièrement, en tant que laboratoire national, il faudra que Chalk River reçoive un financement fédéral de base, mais il faudra également que les revenus proviennent de différentes branches. Parmi les sources de revenu, nous envisageons des partenariats de recherche avec les industries, y compris la branche commerciale du CANDU qui sera créée à partir de la restructuration d'EACL. Le nouveau modèle de financement comprendra également des droits d'accès aux fins du recouvrement des coûts pour l'utilisation de ressources provenant de recherches exclusives pour la gestion des déchets ou la production d'isotopes. Nous croyons qu'il s'agit en effet d'un changement important. L'approche à recouvrement des coûts pour l'accès au produit de recherches exclusives dans les installations constituerait un très grand pas vers la durabilité s'inscrivant dans un réseau d'approvisionnement international fondé sur des concepts économiques sains de production d'isotopes.
Deuxièmement, l'avenir de Chalk River est une question qui dépasse l'approvisionnement en isotopes. Bien sûr, l'approvisionnement en isotopes médicaux est important au Canada, mais ce n'est pas là le seul enjeu. D'ailleurs, cela a été reconnu par le Groupe d'experts sur la production d'isotopes médicaux qui a déclaré « qu'un réacteur de recherche polyvalent représente la meilleure option pour créer une source durable de Mo-99, tout en reconnaissant que les autres missions du réacteur polyvalent jouent un rôle pour justifier les coûts ».
J'aimerais élaborer un peu plus sur le modèle d'affaires, parce que CREATE croit que les autres missions justifient les coûts.
La recherche et le développement en matière d'énergie nucléaire demeurera le principal secteur d'activités. L'investissement du Canada dans le réacteur NRU a rapporté considérablement grâce au rayonnement de l'industrie de l'énergie nucléaire canadienne, une industrie qui représente environ 6 milliards de dollars par année en ce moment et qui présente un très fort potentiel de croissance. Or, même si aucun réacteur nucléaire n'est construit au Canada, la recherche et le développement sera nécessaire pour appuyer la flotte actuelle de réacteurs nucléaires CANDU dans le monde.
Par exemple, un réacteur utilisé pour la recherche pourrait servir à obtenir des connaissances plus précises des conditions, qui ne peuvent être obtenues autrement, des matériaux se trouvant à l'intérieur des réacteurs nucléaires. Il est probable que cette précision des connaissances permettrait au Canada de prolonger en toute sécurité la durée de ses réacteurs. Le fait de prolonger la durée de vie de la flotte, ne serait-ce que de quelques années, permettrait probablement au Canada d'économiser des milliards de dollars en coûts de production d'électricité.
Toutefois, l'énergie nucléaire devrait prendre davantage de place dans le portefeuille énergétique du Canada à l'avenir qu'aujourd'hui, en partie en raison du besoin de sources d'énergie propre pour remplacer les réserves de carburant classique en appauvrissement. En pareil cas, la R-D dans le domaine nucléaire sera essentielle pour tirer avantage de l'énergie qui se trouve dans nos réserves d'uranium.
Sans compter tous les autres avantages qu'offre la recherche dans d'autres domaines, comme la biotechnologie et la nanotechnologie, permettant d'améliorer la fiabilité des composantes d'aéronef et des ponts. Il y a également des avantages à attirer et former des travailleurs hautement spécialisés. Les avantages sont donc plus importants que les répercussions économiques substantielles. Il y en a également dans les domaines de la santé, de l'énergie, de la sécurité, de l'éducation, de l'environnement ainsi que du bien-être général du Canada et du monde entier.
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Monsieur le président, distingués membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous.
Je tiens à vous féliciter d'avoir organisé ces tables rondes. La première portait sur l'intervention d'urgence et les premiers soins. À titre de témoins, nous nous soucions plutôt de ce qui arrive un peu plus en aval.
J'aimerais aussi remercier les citoyens du Canada de la confiance qu'ils ont témoignée envers TRIUMF, du fait que le budget 2010 du a annoncé l'affectation à notre endroit de crédits de fonctionnement de base. Cela permettra vraiment à notre laboratoire de faire quelque chose de marquant à l'avenir.
Aujourd'hui, il est question de l'état actuel et de l'avenir des isotopes médicaux au Canada. À cet égard, si je suis ici, c'est pour dire que la réparation du réacteur NRU n'est que la moitié de la solution. En effet, le Canada a besoin de beaucoup plus que d'un retour au statu quo.
Certains d'entre vous se souviennent peut-être des crises du pétrole des années 1960 et 1970. Le monde occidental a alors eu une idée de la précarité et de la vulnérabilité de ses approvisionnements en pétrole. Or, bien qu'il n'y ait pas de véritables analogies, la crise actuelle d'approvisionnement en isotopes médicaux produits par réacteur devrait tout de même nous ouvrir les yeux. Oui, il faut de toute urgence que le réacteur NRU recommence à fonctionner, mais y-a-t-il une autre leçon à retenir?
Heureusement, le Canada ne manque pas de solutions de rechange en ce qui a trait à la fabrication et à l'utilisation d'isotopes médicaux et des mesures prometteuses ont été prises pour en tirer parti. En fait, le Canada dispose d'un avantage à l'échelle mondiale et est en mesure de l'exploiter pour sauver des vies tout en conservant un rôle primordial sur ce marché international d'un milliard de dollars. Vous avez déjà entendu parler de certaines de ces solutions de la part de mes distingués collègues.
Permettez-moi de parler un peu du rôle que peut jouer TRIUMF là-dedans. En tant que laboratoire national appartenant à 15 des grandes universités canadiennes et exploité par elles, notre organisme s'est engagé à trouver des solutions à court et à moyen termes ainsi qu'à concevoir une conception à long terme de médecine nucléaire au Canada. D'autres témoins en ont parlé ce matin.
Cela fait 30 ans que nous collaborons avec MDS Nordion de Vancouver, entreprise qui produit 15 p. 100 des isotopes médicaux exportés chaque année par le Canada. Cela correspond à quelque 2,5 millions de doses individuelles.
TRIUMF est un centre d'excellence en physique, en chimie et en biologie des isotopes médicaux. Pour l'essentiel, nous sommes un laboratoire de recherche fondamentale et de développement. Nous élaborons des technologies en collaboration avec des partenaires commerciaux. TRIUMF ne produit pas des isotopes à des fins de vente commerciale; il s'occupe de concevoir les idées et les technologies dont les entreprises peuvent se servir.
En guise de solution à court terme, nous étudions la possibilité de recourir aux cyclotrons qui sont déjà à l'origine d'isotopes médicaux afin de produire du technétium-99m. Il s'agit de l'isotope dont on se sert présentement dans les produits radiopharmaceutiques.
Un peu plus tôt, le Dr Turcotte vous a renvoyé à son mémoire sur le sujet. Il a participé à un projet en collaboration qui, en octobre dernier a reçu 1,3 million de dollars, avec un appui du CRSNG, et du IRSC afin qu'on puisse examiner cette technologie. C'est TRIUMF et la B.C. Cancer Agency qui sont les fers de lance de cette initiative. Y collaborent également d'autres établissements y compris Sherbrooke en la personne du Dr Turcotte, le Cross Cancer Institute d'Edmonton, le Lawson Health Research Institute de London en Ontario ainsi qu'une petite entreprise.
Cette technologie se servirait de faisceaux de protons obtenus à même des cyclotrons commerciaux afin d'irradier une nouvelle matière-cible qu'on connaît sous le nom de molybdène-100 afin de produire le technétium. L'avantage de cette dernière est qu'elle nous permettra de tenir des essais cliniques chez les humains au plus tard 18 mois après le début des activités et sans qu'il soit nécessaire d'apporter d'importantes modifications au matériel déjà en service dans l'ensemble du Canada.
Le désavantage de cette solution, dont on vous a déjà parlé, et que les cyclotrons produisant des isotopes médicaux sont en nombre limité au Canada or, une fois produit, le technétium a une période radioactive de seulement six heures, ce qui limite ses possibilités de déplacement. Cela dit, ainsi qu'on le rappelle souvent la plupart des régions habitées du Canada sont concentrées à quelques centaines de kilomètres des grands centres démographiques.
Il y a aussi un autre avantage à cette technologie, si sa valeur est confirmée en laboratoire, c'est qu'on peut aisément autoriser son utilisation par voie de licence au secteur privé. Les établissements qui participent au projet se servent de cyclotrons construits au Canada ainsi que de modèles construits par General Electric. Par conséquent, cette technologie pourrait fonctionner non seulement dans notre pays, mais aussi dans le monde entier et ainsi faire l'objet de licence internationale.
TRIUMF se penche également sur une solution à moyen terme plus évolué, connue sous le terme de photofission, dont vous avez certainement entendu parler à maintes reprises et à laquelle le Dr Turcotte a fait référence plus tôt. Elle a tiré partie de percées canadiennes en matière de technologie des accélérateurs de particules et propose de prendre sa place de façon presque parfaite dans la chaîne d'approvisionnement des générateurs de molybdène-99.
Auparavant, on servait des réacteurs comme source la plus intense de particules pour des expériences. Maintenant, on se dirige vers le recours aux accélérateurs de particules dans certaines de ces applications parce que leur licence et leur fonctionnement sont plus faciles et moins coûteux.
Grâce à l'appui de la FCI — la Fondation canadienne pour l'innovation — et d'autres organismes, TRIUMF est en train de construire un nouvel accélérateur de recherche polyvalent. Cet appareil, qu'on appelle le e-linac ou accélérateur d'électron linéaire supraconducteur, servira à évaluer la proposition voulant qu'on produise du molybdène-99 au moyen d'un accélérateur linéaire alimenté à l'uranium naturel.
Une telle technologie comporte donc deux caractéristiques distinctes. Elle n'utilise pas d'uranium utilisable à des fins militaires ni d'uranium dilué de qualité militaire. Elle se sert de l'U238, l'isotope le plus répandu dans la nature et qu'on trouve dans le sous-sol, par exemple, en Saskatchewan. En second lieu, l'avantage concurrentiel dont le Canada jouit en ce moment du fait qu'il produit du molybdène-99, est la résultante du partenariat entre EACL et MDS Nordion, grâce auquel on réussit à séparer le molybdène-99 de l'uranium et des autres déchets. Par conséquent, la technologie de photofission par accélérateur de particules linéaires se servirait des mêmes moyens de séparation mécanique et chimique.
À l'heure actuelle, TRIUMF se consacre à la recherche fondamentale. En l'occurrence, il s'agit d'une démonstration de la technologie et d'une première car ce sera la première fois que nous ferons l'essai de ce nouvel accélérateur. Si la démonstration est à la hauteur des attentes, il y aura moyen de commercialiser la technologie et de l'attribuer par voie de licence d'ici 2015. Nous nous occupons présentement de fixer les points de référence du dossier commercial en collaboration avec MDS Nordion.
il importe de préciser qu'il y a eu quelques confusions au sujet de cette technologie et du fait qu'elle produit des déchets radioactifs. il est vrai qu'elle s'alimente à l'électricité mais non à une centrale nucléaire. En fait, on est en train de construire un accélérateur de particules beaucoup plus puissant en Suisse en utilisant une technologie semblable, et il sera entièrement alimenté par de l'énergie éolienne. C'est possible. Bien entendu, la Colombie-Britannique regorge d'énergie hydroélectrique. Nous nous occupons également de trouver d'autres solutions à court et à moyen terme.
Cela dit, notre conception à long terme nous incite à poser la question suivante: la crise des isotopes médicaux étant une question d'offre et de demande, combien de temps durera la demande internationale de molybdène-99? Vous avez déjà entendu l'avis de certains experts là-dessus. Quant à nous, nous estimons que la domination du marché du molybdène-99 durera à peu près une décennie et guère plus. L'avenir appartiendra à ce qu'on appelle les isotopes TEP et à leur technologies connexes, dont Lantheus Medical Imaging et le docteur Turcotte vous ont déjà longuement entretenu.
Les isotopes TEP permettent d'offrir de faibles doses de rayonnement aux malades, d'améliorer la résolution de la sensibilisation et, ce qui est peut-être moins connu, d'effectuer des examens beaucoup plus approfondis des voies biologiques et pathologiques du corps. Ainsi qu'on l'a déjà dit, la difficulté dans cela est de déployer les infrastructures de production et de balayage. Il existe 31 appareils de scintigraphie en TEP au Canada. Il y a aussi quelque 2 000 de ces appareils utilisant le technétium. Toutefois, pour la première fois en 40 ans, les ventes récentes d'appareils de scintigraphie en TEP ont dépassé celles des appareils de balayage au technétium. Nous nous trouvons donc à un tournant.
À l'heure actuelle, les Canadiens sont dans une situation précaire, étant donné la fermeture des réacteurs NRU et à flux élevé. Nos professionnels de la santé et nos spécialistes en médecine nucléaire ont cependant quasiment fait des miracles pour nous aider à passer à travers cette période difficile.
L'avenir nous réserve de nouvelle voies très stimulantes. Certains faits sont également très prometteurs, ainsi les crédits de 48 millions de dollars annoncés dans le budget de 2010, qu'on consacrera à la recherche et au développement afin de diversifier l'approvisionnement en isotopes médicaux. L'avenir s'annonce donc brillant et nous réservera beaucoup de travail.
Je vous remercie encore du temps que vous m'avez consacré.
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Merci, c'est une excellente question.
Selon certains philosophes qui s'intéressent à la technologie et à la science, pour toute véritable substitution d'éléments logistiques fondamentaux, il faut des générations parce que ceux d'entre nous qui grandissons avec une technologie doivent quitter le marché du travail. Pensons aux turbines à vapeur des centrales au charbon, qu'on ne peut pas mettre au rancart du jour au lendemain. Depuis combien d'années travaillons-nous à mettre l'hydrogène au service du transport? Les voitures hybrides font partie de la transition.
Je veux simplement signaler que la résistance au changement, pour passer de la technologie SPECT, que je définirai dans un instant, à la nouvelle génération de technologie TEP ne cause pas de retard indu dans un secteur ou un autre, que ce soit l'aspect commercial ou clinique. Il s'agit simplement de l'application du principe de précaution au sein du milieu médical et des organismes de réglementation qui veillent sur les intérêts des Canadiens.
Nous sommes en effet à l'aube d'une ère ou les techniques de l'avenir deviendront prédominantes. Pour la tomographie par émission de positrons, comme nous l'ont dit les experts précédents, les coûts deux fois plus élevés pour l'obtention du matériel d'imagerie constituent le problème, pour les cliniques. C'est aussi une difficulté à surmonter pour les systèmes de soins de santé dont les coûts vont croissants. Pourtant, la mise en oeuvre de cette technologie pourrait représenter un avantage de dizaines de milliers de dollars par patient. Voilà pourquoi les services de traitement en oncologie au Québec et en Colombie-Britannique et dans d'autres provinces doivent se faire insistants.
Par ailleurs, au sein du milieu médical, il faut en outre fixer les critères relativement à la prescription de ce nouveau type d'examen. Des médecins comme Sandy McEwan, du Cross Cancer Institute, sont parmi les pionniers de l'intégration de ce type d'examen à la pratique clinique.
À mon avis, la résistance est vraiment... Il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre à programmer mon magnétoscope. C'est à la fois ma faute et celle de Sony et Panasonic qui ont produit des modes d'emploi compliqués. Mais maintenant, je peux faire des enregistrements directement à partir d'Internet.
Deuxièmement, il faut penser au fonctionnement même des scanners TEP, qui peut avoir une influence sur la résistance par rapport à cette nouvelle technologie.
J'ai parlé tantôt de physique, de chimie, et de biologie, et la principale différence dans ce cas-ci se trouve du côté de la physique. Quand on parle d'un isotope médical, on parle d'un atome instable, ou radioactif, diraient certains. Il y a un noyau qui en se désintégrant émet une particule. Dans les produits d'imagerie recourant au technétium, le noyau en se désintégrant émet un photon, une petite particule du lumière qui sort de l'organisme et peut être captée par la caméra.
Pour les isotopes TEP, le « P » veut dire positron. En se désintégrant, un isotope servant à la TEP émet un peu d'antimatière. C'est un anti-électron. Avec l'annihilation de cet anti-électron... Nous avons appris que la matière et l'antimatière s'annihilaient, grâce à Star Trek et Anges et démons. Tom Hanks ne travaille pas encore à TRIUMF, la matière et l'antimatière s'annihilent. Quand ce positron est à peine à quelques micromètres de l'électron, il y a annihilation et puis émission de deux photons. On voit déjà que aux yeux de la physique, les choses sont différentes. Un isotope de technétium médical vous donne un photon alors qu'un isotope médical de TEP vous en donne deux.
Il y a là un avantage évident, soit deux fois plus de photons, mais il ne faut pas oublier les lois de la physique régissant l'émission de ces photons, qui font en sorte qu'on a beaucoup plus de données sur la géométrie de là d'où vient l'isotope médical.
Et voilà la base de la tomographie. Elle permet de trouver où se situe l'isotope médical.