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Merci beaucoup, président Benoit.
Bonjour à tous.
Je vais faire mon possible pour ne pas dépasser le délai de cinq à sept minutes accordées pour l'exposé, mais vous connaissez les politiciens. Je tâcherai de faire de mon mieux.
Je suis très heureux d'avoir l'occasion de comparaître devant le comité aujourd'hui. Depuis un an, le gouvernement de l'Alberta mène une campagne de promotion active tendant à une mise en valeur responsable des ressources en énergie, surtout dans la mesure où il s'agit des sables bitumineux de la province. J'y vois une occasion de plus de tenter de faire mieux comprendre aux Canadiens l'importance de cette ressource pour le pays.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande mondiale en énergie va augmenter de 40 p. 100 au cours des 20 prochaines années, et le pétrole demeurera le carburant le plus apte à satisfaire la majeure partie de cette demande. Les sables bitumineux recèlent 170 milliards de barils d'un pétrole qui est récupérable au moyen de la technologie actuelle. Toutefois, cette quantité ne représente que le dixième des gisements totaux. Si nous arrivons à doubler les réserves récupérables — et je crois que les nouvelles technologies nous le permettront sous peu —, les réserves prouvées de I'Alberta seront beaucoup plus importantes que celles de l'Arabie saoudite, chef de file mondial actuel au chapitre de réserves prouvées.
Un Albertain sur six tire directement ou indirectement sa subsistance du secteur de l'énergie. Mais les Albertains ne sont pas les seuls à en profiter. Dans notre immense pays, des dizaines de milliers d'emplois dépendent directement ou indirectement de la réussite de notre industrie. Quelque 28 000 travailleurs originaires de l'est de la frontière Manitoba-Ontario vivent dans des camps, dans le Nord de l'Alberta, et plus de la moitié d'entre eux font l'aller-retour depuis chez eux par avion à chaque semaine ou à toutes les deux semaines. L'industrie a besoin de milliards de dollars en pompes, soupapes, moteurs et autres pièces d'équipement qui sont fabriquées dans le Canada central. Ces travailleurs canadiens paient donc des impôts au gouvernement fédéral et à ceux des autres provinces — et non qu’au gouvernement albertain.
En 2009, on estime que les Albertains ont versé au gouvernement fédéral 40 milliards de dollars en impôts et sous d'autres formes, alors qu’ils n’ont reçu en retour que moins de la moitié de ce montant, soit 19 milliards de dollars, en services fédéraux. C'est donc une contribution nette de 21 milliards de dollars qui sert à financer les programmes fédéraux hors de l'Alberta.
Une économie en santé donne également les moyens de procéder à des changements environnementaux qui requièrent une technologie avancée. Si nous pouvons nous permettre de faire de la recherche sur les énergies renouvelables, c'est uniquement parce que nous avons une économie florissante. Sans une économie florissante, nous ne pourrions pas nous permettre d'investir deux milliards de dollars dans une initiative de captage et de piégeage du carbone afin de nous conformer aux normes plus strictes de contrôle des émissions. Nous sommes le seul gouvernement d'Amérique du Nord à limiter les émissions de CO2 des grands pollueurs. Les entreprises qui excèdent ce maximum doivent contribuer à un fonds qui a maintenant reçu près de 200 millions de dollars depuis sa création, en 2007, et ces contributions sont investies dans la mise au point de nouvelles technologies de protection de l’environnement.
Plus de 3,5 millions de personnes ont choisi d'élire domicile en Alberta. Elles aiment leurs forêts, leurs rivières et leurs vallées et elles ne permettront pas aux grandes entreprises d'exploiter les ressources de façon irresponsable. Les Albertains tiennent énormément à leur environnement et veulent que leur gouvernement s'engage à le protéger. La mise en valeur écologique des ressources pétrolières et gazières est donc une responsabilité provinciale que nous prenons très au sérieux. Les Albertains possèdent les ressources, veulent les exploiter d'une façon écologique et n'accepteront rien de moins.
La Commission chargée de l'économie des ressources énergétiques est l'organisme albertain qui réglemente l'exploitation de nos ressources pétrolières et gazières et est reconnue comme un chef de file mondial dans son domaine. Elle peut s'adapter à l'évolution des circonstances et ainsi réglementer l'exploitation de nouvelles sources d'énergie — comme les sables bitumineux et les gaz de schiste — et le forage horizontal.
L'Office national de I'énergie a compétence sur des choses comme la réglementation du transport transfrontalier, et la commission provinciale veille à ce que notre industrie se conforme aux lois, règlements et normes. La protection de l'environnement est plutôt un champ de compétence partagée où les organismes provinciaux et fédéraux de réglementation travaillent en étroite collaboration. La qualité de l'air est un bon exemple. Le conseil des ministres de l'environnement met actuellement au point un système de gestion globale de la qualité de l'air, ce qui témoigne bien du fait qu'au Canada, la qualité de l'air est une responsabilité partagée.
Les Canadiens peuvent dormir tranquilles: notre approvisionnement en énergie est propre et sûr. En tant que coprésidents de la réunion de l'année prochaine des ministres fédéral-provinciaux-territoriaux de l'Énergie, le ministre fédéral et moi sommes résolus à élaborer une stratégie nationale pour une énergie propre. Beaucoup d'organisations nous ont priés de prendre cet engagement, dont, tout récemment, le Conseil canadien des chefs d’entreprises.
L'Alberta, de concert avec Ressources naturelles Canada, veillera donc à ce que ce travail soit coordonné de manière à permettre d'établir un ensemble de buts et d'objectifs communs dont tous les ordres de gouvernements pourront convenir, et c'est comme ça qu'une stratégie pour une énergie propre va prendre forme. Voilà un autre exemple de la façon dont nous devons travailler ensemble en vue d'atteindre un but commun. Quand nos dirigeants politiques ne respectent pas leurs champs de compétence respectifs au sein de la confédération, personne n'y gagne. Nous pouvons travailler ensemble si nous nous faisons confiance, et cette confiance ne sera possible que si les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux respectent leurs compétences respectives. Armés de cette confiance, nous pourrons mettre en valeur et exploiter la diversité et la compétence incroyables que le pays possède dans le domaine de l'énergie.
Pour conclure, j'aimerais inviter le comité à venir visiter l'Alberta et les installations de sables bitumineux. Mais je vous conseillerais peut-être d'attendre le printemps prochain.
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Merci de me recevoir. Bonjour.
Je m'appelle Ben Parfitt et je travaille en tant que rédacteur et chercheur à Victoria, en Colombie-Britannique.
Récemment, aux fins du programme sur les problèmes liés aux eaux de l'École Munk des affaires internationales, j'ai rédigé un rapport intitulé Points de rupture : L’eau du Canada sera-t-elle protégée face à l’engouement pour le gaz de shale?. Le rapport a été déposé à la mi-octobre dans le cadre d'une conférence qui réunissait des représentants de Ressources naturelles Canada et de l'industrie du gaz naturel ainsi que des hydrologues et géologues professionnels. Je mène actuellement recherche en vue de produire un rapport — pour le bureau du Centre canadien de politiques alternatives de la Colombie-Britannique — qui portera sur la demande croissante en eau et les besoins énergétiques du secteur du gaz naturel, qui connaît une expansion en Colombie-Britannique.
Comme vous en avez tous entendu parler, il y a une importante croissance de la mise en valeur des ressources de gaz de schiste non conventionnel au Canada, et la Colombie-Britannique est en tête à ce chapitre. La province offre un avant-goût de ce qu'il y a dans les tuyaux — passez-moi l'expression — dans le reste du pays.
Comme vous le savez peut-être, la Colombie-Britannique compte deux grandes zones d'exploitation du gaz de schiste situées dans le Nord-Est de la province. La plus méridionale de ces zones est le bassin de Montney. Elle se trouve près des collectivités de Fort St. John et de Dawson Creek. Le bassin de Horn River se trouve plus au nord et entoure la localité de Fort Nelson.
La majorité des habitants de la province vivent à au moins 1 000 kilomètres de ces zones et ont peu de connaissances sur l'étendue des activités de l'industrie, y compris son utilisation de l'eau. Je devrais ajouter que cette situation diffère énormément de ce qui pourrait s'appliquer à la province de Québec, car le schiste d'Utica y est exploité.
La production de gaz de schiste est une activité très énergivore, et une grande part de cette consommation est étroitement liée au grand volume d'eaux injectées dans le sol pour fracturer des formations de schiste étanches ou pour créer des fissures dans celles-ci. Durant mes recherches, j'ai obtenu auprès de l'organe de réglementation de l'énergie de la Colombie-Britannique, la Commission du pétrole et du gaz, des renseignements sur les allocations d'eau à l'industrie du gaz naturel. Les renseignements ont révélé que, depuis avril 2010, la CPG avait accordé à des entreprises du secteur énergétique l'autorisation de dévier l'eau de 540 différents points liés à des ruisseaux, des rivières, des lacs et des réservoirs dans le Nord-Est de la province. Si le volume maximal d'eau alloué aux entreprises du secteur énergétique ou dans le cadre de ces permis était utilisé en une seule journée, ce volume serait deux fois plus élevé que la quantité d'eau utilisée quotidiennement par l'ensemble des résidents et des entreprises de Victoria. Toutefois, cela ne fait qu'effleurer la question de l'utilisation d'eau.
À l'heure actuelle, des entreprises comme Encana et Apache Canada pompent l'eau des aquifères salins profonds du bassin de Horn River aux fins des opérations de fracturation. D'autres entreprises exploitent des aquifères d'eau douce situés près de la surface. Certaines obtiennent de l'eau dans des puits ou dans des bancs d'emprunt appartenant à des propriétaires fonciers privés, tandis que d'autres construisent des bancs d'emprunt massifs, dont certains mesurent plus d'un demi-kilomètre de long sur 200 mètres de large sur 13 mètres de haut, qui visent à recueillir naturellement l'eau — située près de la surface — qui entoure les fondrières de mousse.
Nous ne trouvons nulle part ailleurs des renseignements accessibles au public sur l'ensemble des allocations et des prélèvements d'eau, ce qui arrive également dans d'autres provinces canadiennes. C'est inquiétant, car nous sommes encore au début de l'exploitation et de la mise en valeur du gaz de schiste. Pourtant, nous savons que l'industrie bat des records au chapitre de l'utilisation d'eau. De janvier à avril 2010, dans le cas d'un seul puits situé dans le secteur du lac Two Island, dans le bassin de Horn River, près de 900 000 mètres cubes d'eau douce ont été utilisés, ce qui a permis d'établir un record mondial au chapitre des opérations de fracturation sur une seule plate-forme d'exploration multipuits. En outre, je crois que les demandes de renseignements que le comité a présentées à Encana montreront que le record a été ensuite battu dans le bassin de Horn River.
Comme vous le savez peut-être aussi, la rivière de la Paix, ses principaux affluents et de nombreux autres cours d'eau qui recouvrent la ressource de gaz de schiste du bassin de Montney ont été frappés par une période sécheresse cette année. Pourtant, selon les renseignements que j'ai obtenus auprès de la Commission du pétrole et du gaz, l'organe de réglementation de l'énergie a accordé à des entreprises de fracturation l'autorisation de prélever des quantités beaucoup plus importantes d'eau, malgré le faible niveau d'eau enregistré dans la région.
Il importe de souligner que la rivière de la Paix et ses affluents font partie d'un système d'eau qui traverse des frontières provinciales et territoriales et que le gouvernement fédéral pourrait et devrait donc jouer un rôle à ce chapitre.
Nous sommes très préoccupés par le fait que les renseignements que la Commission du pétrole et du gaz fournit au grand public minimisent les besoins croissants en eau de l'industrie. À au moins une occasion, l'organe de réglementation de l'énergie a omis de divulguer des renseignements sur des prélèvements d'eau importants par des entreprises de fracturation à une Première nation de la Colombie-Britannique qui avait présenté une demande officielle de renseignements sur les prélèvements d'eau sur son territoire, lequel est visé par le Traité no 8.
J'avancerais donc que, comme l'exploitation et la mise en valeur du gaz de schiste s'intensifient, il y a un besoin urgent de s'assurer que les gouvernements fédéral et provinciaux traitent honorablement les Premières nations, car il s'agit d'un devoir légal. Or, un des éléments clés de ce devoir est de divulguer des renseignements, les renseignements que les gouvernements provinciaux détiennent ou devraient détenir sur les allocations et les prélèvements d'eau.
À la lumière d'entretiens avec des géologues et des hydrologues professionnels et des spécialistes du droit, j'ai conclu que les renseignements réunis sur les allocations d'eau et le pouvoir d'autoriser des prélèvements d'eau devraient demeurer entre les mains d'organismes provinciaux de réglementation de l'environnement — plutôt que d'organismes de réglementation du secteur de l'énergie — si l'objectif principal est d'assurer l'approvisionnement sécuritaire et renouvelable en eau et l'utilisation durable de l'eau. Mais les gouvernements ont-ils tous les renseignements qu'on pourrait raisonnablement s'attendre à ce qu'ils soient en mesure de fournir?
Dans mon rapport Points de rupture, je souligne que Ressources naturelles Canada, par l'intermédiaire de la Commission géologique, procède actuellement à l'analyse et à la caractérisation de 30 aquifères clés — situés surtout dans le sud du Canada —, dont certains recouvrent des formations de schiste, mais ce travail accuse un retard important, comme des autorités scientifiques respectées — comme le Conseil des académies canadiennes — l'ont souligné. C'est pourquoi, dans le rapport Points de rupture, la première recommandation est la suivante: « les gouvernements fédéral et provinciaux devraient immédiatement, en collaboration avec l'industrie de la fracturation, financer des études indépendantes de tous les aquifères avant d'entreprendre des opérations d'exploration de gaz de schiste ou de fracturation hydraulique continue. »
Je me ferai un plaisir de répondre à des questions concernant d'autres recommandations du rapport qui portent sur d'autres aspects de l'utilisation de l'eau, du traitement et de l'élimination des eaux usées dans l'industrie de la fracturation. Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président, de nous avoir invités.
Je voudrais remercier également mon collègue Vincent d'avoir préparer avec moi cette présentation. Si des questions nous sont adressées, mon collègue ou moi répondrons à vos questions.
Je tiens à rappeler que l'Institut économique de Montréal est un centre de recherche en politiques gouvernementales indépendant, donc non partisan, et que nous ne recevons aucun financement gouvernemental.
Ce qu'il faut pour assurer la sécurité énergétique du Canada, c'est développer nos ressources naturelles, que ce soit le gaz naturel ou encore le pétrole. Si ce développement a lieu en s'appuyant sur les principes de l'économie de marché, de la propriété privée et de l'entrepreneuriat, il sera possible de faire croître économiquement le Canada dans une perspective durable.
Le développement de l'industrie du gaz naturel est une excellente occasion de création d'emplois et de richesses pour le Canada. Le Canada est idéalement placé pour tirer profit de ses ressources puisque se trouvent sur son territoire les formations d'Utica au Québec et de Horton Bluff dans les Maritimes, de même que les gisements Horn River, Montney et Colorado dans l'Ouest canadien.
Au Québec, près de 600 puits ont déjà été forés et exploités entre les années 1960 et 1990. C'est donc dire que l'industrie a déjà acquis une expertise importante, surtout pour le forage horizontal. Ce potentiel est gigantesque et doit être développé davantage. Depuis 2007, au Québec, il y a eu 28 forages, incluant les forages pétroliers, qui ont représentés près de 200 millions de dollars d'investissements. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec estime que 200 puits horizontaux représentent 1 milliard de dollars en investissements, sans compter qu'il est question de milliers d'emplois et que les perspectives de profits pour les entreprises sont intéressantes.
Un potentiel économique de cette envergure ne peut être rejeté du revers de la main lorsqu'on évalue les coûts et les avantages liés au développement de cette ressource. Certes, il faut tenter de minimiser les risques environnementaux pour ce genre de projet. Par contre, il est important de dire que le risque zéro n'existe pas. C'est vrai pour le développement énergétique comme pour la plupart des activités humaines. La recherche d'un équilibre acceptable entre le risque et les avantages économiques n'est certes pas facile, mais cela doit guider l'action des décideurs. Si on se laisse paralyser par les risques de développement, on empêchera en fait tout progrès. Qu'on pense à l'automobile, à l'avion ou aux barrages hydroélectriques. Toutes ces choses font maintenant partie intégrante de nos vies et de notre bien-être, et à l'époque de leur développement, elles comportaient nécessairement une partie importante de risques.
Il est important également de mentionner que l'exploitation du gaz naturel comporte également des avantages environnementaux, puisque le gaz produit 31 p. 100 moins d'émissions de gaz à effet de serre que le mazout lourd, par exemple, et presque aucun contaminant atmosphérique pouvant nuire à la santé. C'est en exploitant le gaz que nous pourrons réduire nos émissions, et s'il est possible d'exploiter ces ressources sur notre propre territoire, l'approvisionnement n'en sera que plus stable et sécuritaire.
Maintenant, comment développer la ressource? À nos yeux, il est clair que le développement de nos ressources énergétiques est le meilleur moyen d'assurer une plus grande sécurité énergétique tout en favorisant le développement économique.
Il existe une avenue simple et légitime pour assurer le respect des personnes et des entreprises concernées dans le cadre de ce développement, soit le respect de la propriété privée. Le respect de cette propriété suppose que tous les ordres de gouvernement s'abstiennent d'adopter des entraves injustifiées à la libre négociation entre les divers acteurs. Donc, il y a deux choses: il faut éviter d'octroyer un pouvoir d'expropriation trop large et, deuxièmement, il ne faut pas avoir recours à des règlements spéciaux pour bloquer les entreprises qui veulent négocier avec les propriétaires terriens, tout comme il ne faut pas de règlement pour empêcher les individus de profiter et de disposer de leur propriété comme ils le veulent.
Que ce soit le gouvernement fédéral ou provincial ou les gouvernements municipaux, nul ne devrait intervenir ni pour forcer ni pour interdire le développement du gaz de schiste. Il faut simplement permettre les libres négociations entre les entreprises et les propriétaires terriens. Les entreprises qui veulent développer cette ressource doivent avoir le droit de négocier dans le but d'indemniser un individu pour l'utilisation de sa propriété, en tout ou en partie, que ce soit pour la louer ou l'acheter. Les individus, s'ils sont prêts à négocier avec les entreprises, doivent tout simplement avoir le droit de profiter de leurs propriétés de la façon qu'ils considèrent la plus rentable.
Ce genre de négociation peut se faire un à un, évidemment, à plusieurs ou selon le principe de l'enchère. Quoi qu'il en soit, il ne faut ni forcer les propriétaires terriens et les entreprises, au moyen des lois, à travailler ensemble, ni les en empêcher. Une telle négociation, qui se fonde sur le droit de propriété, permet d'évaluer plus efficacement les coûts réels de ces entreprises, diminue le risque de conflit, permet un arbitrage sain et permet de déterminer les meilleurs emplacements pour ce genre d'entreprises et d'éviter le phénomène du « pas dans ma cour ».
Je terminerai ma présentation en disant qu'une approche respectueuse du droit de propriété peut faire en sorte que le développement économique de nos ressources soit mené à bien, avec la collaboration de tous. La sécurité énergétique passe inévitablement par le développement de nos ressources et par des lois qui favorisent les échanges économiques libres d'entraves injustifiées.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Le compte rendu de la dernière réunion du comité ne figure pas encore dans le hansard, alors les questions que je veux poser doivent être précédées d'une petite mise en contexte pour les témoins, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que je crois que les groupes écologistes jouent un rôle nécessaire, qu'ils accomplissent un travail très important, soit celui d'assurer la protection de notre environnement et de veiller à ce que les grandes entreprises qui exploitent nos ressources naturelles — dans l'air, dans le sol, etc. — le fassent dans le respect de l'environnement, sans causer de tort à quiconque.
L'autre jour, je suis restée perplexe, car, lorsque j'ai demandé très innocemment à l'un des témoins quels étaient les bailleurs de fonds de son organisme — Environmental Defence —, elle s'est mise sur la défensive et m'a suggéré de consulter le site Web de l'organisme. C'est ce que j'ai fait, et, pour comprendre comment fonctionnent les groupes voués à la protection de l'environnement et ce qui est réellement en jeu ici, même la raison pour laquelle nous considérons les sables bitumineux comme une source non traditionnelle d'énergie, cet aspect entre en ligne de compte.
Ce que j'ai appris, c'est que l'un des donateurs d'Environmental Defence est l'organisme Tides Canada. Je n'avais jamais entendu parler de cet organisme, alors je me suis un peu renseignée sur Tides Canada et j'ai découvert que cet organisme est en fait financé par la Tides Foundation, établie en Californie, et que son pendant canadien a financé à coup de millions de dollars au moins 36 campagnes environnementales. La Tides Foundation chapeaute d'autres organismes de bienfaisance en Californie et à New York, et, depuis 2003, la fondation a consacré 50 millions de dollars à des campagnes menées contre l'exploitation du pétrole de l'Alberta et contre la circulation des pétroliers et l'installation de pipelines en Colombie-Britannique.
Les motifs de ces subventions sont clairement énoncés dans les déclarations de revenus de ces organismes. Par exemple, Tides U.S. a reçu...
L'hon. Denis Coderre: J'invoque le Règlement, monsieur le président.
Mme Cheryl Gallant: Il s'agit d'une mise en contexte qui vise à fournir des renseignements très importants...
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J'essaie seulement de remonter à la source du financement pour que tout le monde puisse comprendre qui essaie de faire quoi et pourquoi.
En 2009, Tides U.S. a reçu 700 000 $US de l'Oak Foundation de San Francisco pour attirer l'attention du public sur la question des « tar sands » — littéralement, les sables goudronneux — et pour freiner l'expansion de l'exploitation des sables bitumineux en bloquant l'implantation de nouvelles infrastructures.
Bon, je pourrais maintenant vous expliquer pourquoi l'expression « tar sands » est incorrecte pour décrire les sables bitumineux, mais je crois qu'à peu près tout le monde ici était présent la semaine dernière, alors je ne vais pas revenir sur ce détail.
L'Oak Foundation a été créée par le fondateur d'une boutique hors taxes, un Américain, qui, à son tour, a versé à Greenpeace Canada une somme d'argent non divulguée pour tirer parti de l'intérêt croissant des éleveurs et des propriétaires fonciers pour les initiatives visant à limiter l'exploration et la production pétrolières et gazières effrénées dans le Sud de l'Alberta. Apparemment, Greenpeace a aussi reçu des fonds pour mener un sondage d'opinion publique et une campagne médiatique et pour préparer des messages qui transmettront un maximum d'information aux Albertains.
Même le Fonds mondial pour la nature est intervenu. Le Fonds mondial pour la nature-Canada a reçu une somme non divulguée de l'Oak Foundation pour mener une campagne de mobilisation auprès des Canadiens et pour diffuser un message politique clair.
Les déclarations de revenus aux États-Unis de Tides U.S. et de Tides Canada révèlent que ces organismes ont consacré 4,3 millions de dollars à une campagne contre les « sables goudronneux ». Voici les principaux bénéficiaires: le Sierra Club, qui a reçu environ 909 000 $US; Corporate Ethics International, qui s'est vu accorder 750 000 $US; le Natural Resources Defense Council, qui s'est vu attribuer 500 000 $US; et ForestEthics, qui a reçu 400 000 $US.
Nombre des subventions qui ont été octroyées pour la campagne contre les sables bitumineux sont nettement supérieures aux subventions destinées à d'autres causes importantes. Par exemple, un projet d'intervention auprès de victimes de viol en Afrique sub-saharienne a reçu 9 000 $, et un projet visant à soutenir les personnes atteintes du VIH en Indonésie — les responsables de ce projet sont d'ailleurs venus au Parlement, hier — a obtenu 9 098 $. En comparaison, Greenpeace a reçu 186 000 $US, et le Fonds mondial pour la nature a obtenu 160 000 $.
Contrairement à nombre d'organismes de bienfaisance, Tides U.S. ne bénéficie pas d'une dotation très élevée. En pratique — et c'est ce qui est maintenant rapporté dans différents médias —, cet organisme ressemble plus à une entreprise de blanchiment d'argent qu'à une organisation caritative, car il reçoit de l'argent d'autres fondations et le dépense selon la volonté des donateurs.
Ce que cela signifie, c'est que nous nous retrouvons dans des situations où nous accueillons des représentants d'organismes, par exemple le témoin que nous avons entendu l'autre jour, qui parlait au nom d'Environmental Defence. Sur le site Web de cet organisme, Tides Canada Foundation et Tides Foundation figurent dans la liste de ses donateurs. De son côté, Tides Canada reçoit son financement — 56 millions de dollars depuis 2000 — de Tides U.S.
Lorsque Tides U.S. verse de l'argent à Tides Canada, il lui dit comment il doit dépenser cet argent. L'Oak Foundation donne de l'argent à Tides U.S., et nous ne savons pas qui sont les donateurs étrangers de l'Oak Foundation. Nous ignorons si les donateurs sont des entreprises concurrentes des sociétés pétrolières de l'Alberta, qu'il s'agisse d'entreprises étrangères, d'entreprises du Moyen-Orient ou d'autres groupes, mais, ce que nous savons, c'est que des gens mènent une campagne active et bien huilée contre l'industrie pétrolière au Canada, plus précisément en Alberta, et, à vrai dire, contre les Canadiens en général — une campagne contre les emplois au Canada.
Ma question, qui s'adresse à M. Liepert, est...
Une voix: Le temps est écoulé.
Mme Cheryl Gallant: Je veux juste un oui ou un non.
Avant de se voir accorder le statut d'organisme de bienfaisance, un organisme doit s'être constitué en personne morale en vertu d'une loi fédérale ou provinciale. Savez-vous s'il existe en Alberta des organismes de lutte contre les sables bitumineux qui sont constitués en personne morale sous le régime de la loi albertaine?
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D'abord, je voudrais juste faire un petit commentaire sur votre première remarque.
Je crois que certaines personnes ont dans l'idée que la demande mondiale de pétrole va en diminuant. Il y a environ deux jours, le département américain de l'Énergie a publié des statistiques qui révèlent que, l'an dernier — et gardez à l'esprit que nous sommes en récession —, la consommation de pétrole a augmenté de 936 000 barils par jour par rapport à l'année précédente. Nous pouvons donc constater que la demande mondiale de pétrole n'est pas en déclin.
Alors, comment peut-on faire face à cette situation? On peut s'approvisionner en pétrole à l'étranger ou on peut assurer sa propre sécurité énergétique.
Le pétrole canadien est un trésor national. C'est de cette façon que l'a décrit un sénateur américain: un trésor national. Cette ressource crée des emplois non seulement au Canada, mais également aux États-Unis. Je dis souvent: « Nous ne fabriquons aucun véhicule Caterpillar en Alberta, mais nous en utilisons certainement beaucoup. » Ces véhicules sont construits un peu partout en Amérique du Nord.
Je crois que les chiffres les plus éloquents sont ceux que j'ai mentionnés dans mon allocution, à savoir le fait qu'il y a aujourd'hui 28 000 personnes qui travaillent sur les chantiers de construction dans le Nord de l'Alberta. La moitié de ces Canadiens font la navette en avion — chaque semaine, ou toutes les deux semaines — depuis l'est de la frontière entre le Manitoba et l'Ontario. Cela crée des emplois. Cela procure des retombées fiscales à ces collectivités. Et je vous dirai que tout le monde y trouve son compte, car les travailleurs peuvent rester dans leur collectivité — leurs familles peuvent rester dans leur collectivité, que ce soit au Québec ou à Terre-Neuve, et leurs enfants continuent de fréquenter la même école qu'auparavant —, et ils travaillent.
Je crois que c'est l'aspect de toute la discussion qui est négligé, soit le fait que cette ressource ne profite pas uniquement à l'Alberta. Il s'agit d'un trésor national dont nous devrions tous être très fiers.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, et bon après-midi à tous. Je vous remercie de me donner la possibilité de m'exprimer cet après-midi.
Je ferai le survol de la situation au Nouveau-Brunswick, un endroit différent du reste du Canada. Au Nouveau-Brunswick, plus de 1,4 million d'hectares sont visés par des permis d'exploitation du gaz de schiste, ce dont vous n'avez probablement pas beaucoup entendu parler. Nous travaillons avec les collectivités locales. Quelque 90 collectivités se situent à l'intérieur de la zone à bail visée par des permis; cette zone décrit un grand arc qui s'étend d'un bout à l'autre de la province, de Chebucto, sur la côte du Northumberland — où il y a de belles plages pour la baignade — jusqu'à la frontière avec le Maine, à proximité de McAdam et de St. Stephen, près d'où j'habite.
Nous travaillons avec nombre de ces collectivités. Elles se sont regroupées pour former une coalition appelée les citoyens pour l'exploitation responsable des ressources. Nous menons des discussions avec le gouvernement provincial concernant ce dossier depuis maintenant presque un an et nous menons des discussions avec l'industrie depuis son arrivée au Nouveau-Brunswick.
Dans ce dossier, c'est comme si nous tenions un tigre par la queue. Il ne s'agit pas du gaz naturel de notre enfance — nos collectivités sont en train de tirer sur le bout de la queue du tigre.
Je m'excuse auprès des interprètes; je vais essayer de ne pas trop m'écarter de mes notes.
Nous n'avons pas le cadre réglementaire nécessaire. Aujourd'hui, nous voulons essayer de définir clairement certains des rôles que doit assumer le gouvernement fédéral — car nous croyons que cela est important — et certains des besoins auxquels il pourrait répondre.
Lundi soir dernier, l'assemblée législative de l'État de New York a adopté, par une majorité écrasante, une loi prévoyant la suspension, jusqu'en mai de l'an prochain, de la délivrance de permis pour le forage de puits de gaz de schiste au moyen de la fracturation hydraulique et du forage horizontal. Il s'agit pourtant d'une ressource qui pourrait accroître la sécurité énergétique de cet État. Alors pourquoi l'assemblée a-t-elle pris cette décision? Aux États-Unis, l'Agence pour la protection de l'environnement — vénérable institution dont le travail est reconnu à l'échelle mondiale — a entrepris une vaste étude sur les effets du forage des puits de gaz de schiste et de la fracturation hydraulique; l'agence s'attend à terminer cette étude quelque part en 2012 et entend faire participer activement la population à cette démarche.
Pourquoi l'agence mène-t-elle cette étude? Parce que, aux États-Unis, l'expérience a montré que l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste présentent toute une gamme de risques pour la santé publique, l'environnement, les réserves d'eau potable et le tissu social des collectivités rurales, contrairement à l'exploitation du gaz naturel classique. Nous parlons ici de quelque chose de très différent. Je dirais que c'est un tigre endormi, car, pour l'instant, le prix du gaz naturel est bas. Lorsque le prix grimpera, ce tigre se réveillera, et je m'attends à ce que nous assistions alors à un essor très rapide des activités d'exploitation dans des provinces comme le Nouveau-Brunswick et le Québec.
Quels sont les problèmes? D'une part, nous parlons de forer très profondément, jusqu'à deux kilomètres de profondeur. Des opérations qui se révèlent assez simples dans l'industrie du gaz naturel classique, comme la cimentation du tubage de puits pour protéger les aquifères, deviennent très difficiles lorsqu'on fore à cette profondeur. Or, la fracturation soulève des questions quant à la solidité du ciment du tubage, et on se demande si, à long terme, ce ciment protégera les aquifères.
Les procédés sont donc très différents. On doit puiser quelque chose comme quatre millions de litres d'eau d'une source quelconque pour chaque fracturation. Cela équivaut à la quantité d'eau contenue dans deux piscines olympiques. Au Nouveau-Brunswick, presque tous les cours d'eau se jettent dans l'océan et contiennent des poissons migrateurs. Le saumon de la baie de Fundy est une espèce protégée par la Loi sur les espèces en péril, car la population de saumon a grandement diminué. Alors, il y a lieu de se demander, par exemple, quel est le débit d'eau nécessaire pour maintenir l'habitat du saumon de l'Atlantique, qui est une espèce menacée. Cela dépend d'une grande quantité de facteurs pour lesquels nous n'avons pas de données. À l'évidence, le gouvernement fédéral a la responsabilité de s'occuper de cette situation.
C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes préoccupés par les prélèvements d'eau.
Les millions de litres d'eau qui sont prélevés sont mélangés avec du sable et des produits chimiques. Ces produits chimiques sont pompés sous pression, comme il a été mentionné tout à l'heure, et de 40 à 50 p. 100 de ce mélange est laissé sous terre. Nous ignorons quel pourrait être le devenir à long terme de ce mélange. Et nous n'avons pas d'études géologiques ni de cartes hydrogéologiques pour nous aider à comprendre ce qui pourrait arriver si ce mélange s'infiltrait dans des fractures ou des fissures existantes — que nous n'aurions pas nécessairement répertoriées avant que cela se produise —, de façon à ne pas créer de risques environnementaux à long terme.
Donc, comme on pompe intentionnellement ce mélange profondément dans le sol, qu'on le laisse là, sous les aquifères, la question qu'il faut se poser est la suivante: quel pourrait être le devenir à long terme de ce mélange?
Puis, évidemment, ce mélange peut contenir des substances toxiques au sens de la LCPE, comme le benzène. Et, pour l'instant, les entreprises ne sont pas tenues de divulguer publiquement quelles sont les substances chimiques contenues dans leurs mélanges. Bien sûr, lorsque ce mélange remonte à la surface — environ 50 p. 100 du mélange —, on se retrouve avec un flux de déchets dangereux, un abondant flux de déchets dangereux qui présente d'ailleurs une consistance différente du mélange qui a été injecté parce qu'on a fait remonter d'autres contaminants, comme des métaux lourds, se trouvant naturellement dans les couches profondes.
Actuellement, au Nouveau-Brunswick, ce flux de déchets dangereux est transporté par camion jusqu'en Nouvelle-Écosse pour y être traité. Qu'arrivera-t-il lorsque l'exploitation va décoller? Comment traitera-t-on toute cette quantité de déchets? Il y aura probablement des milliers de puits de forage au Nouveau-Brunswick si ce secteur passe en vitesse supérieure. Qu'est-ce que cela implique? Comment gérera-t-on les déchets dangereux?
Étant donné que le gaz de schiste est chargé d'humidité, on doit « l'assécher » lorsqu'il remonte à la surface, ce qui produit des composés organiques volatils, des émissions, dont certaines substances toxiques au sens de la LCPE.
En ce qui concerne les gaz à effet de serre, on a mené des travaux qui donnent à penser que, en fait, l'exploitation de ce type de gaz naturel pourrait laisser une empreinte carbone équivalente à celle de l'exploitation au charbon. Il s'agit donc d'un aspect important à prendre en considération lorsqu'on envisage cette question sous l'angle de la sécurité énergétique.
Le moratoire imposé dans l'État de New York a simplement pour but de donner à l'État et à ses résidents la possibilité de continuer à examiner et à analyser les effets de la fracturation hydraulique sur la qualité de l'eau et de l'air, sur l'environnement et sur la sécurité publique. Il en est autrement au Canada. On n'a pas prévu mener une enquête nationale sur les conséquences de l'exploitation du gaz de schiste, mais il faudrait qu'on le fasse.
Alors, permettez-moi d'exposer rapidement les mesures que devrait prendre le gouvernement fédéral dans ce dossier.
Au Nouveau-Brunswick, nous voyons...
Je m'appelle Barbara Pike, et je suis vice-présidente de l'Atlantic Institute for Market Studies, appelé couramment ici l'AIMS. Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant le comité.
Pour vous mettre rapidement en contexte, l'AIMS est un groupe de réflexion indépendant et non partisan sur les politiques publiques. Nous comptons parmi les groupes de réflexions ayant reçu le plus de prix dans le monde. Nous venons tout juste de célébrer notre 15e anniversaire. Nous sommes un organisme de bienfaisance enregistré au Canada et aux États-Unis. Nous n'acceptons aucun argent du gouvernement. Environ 70 p. 100 de notre financement provient de fondations caritatives, environ 20 p. 100 est versé par des entreprises, et le reste est reçu de particuliers.
Les études et les travaux de recherche que nous menons sont examinés par un comité de lecture, selon la méthode à double insu. En plus de cela, nous n'acceptons essentiellement aucun travail à contrat. Avant d'entreprendre tout projet, nous nous posons quelques questions, dont les suivantes: est-ce qu'un autre groupe mène un projet semblable? Est-ce que l'AIMS peut apporter une contribution dans ce domaine? Nous ajoutons parfois la question suivante: est-ce que ce projet sera plaisant?
Les autres groupes vous parleront des sables bitumineux. Ils vous parleront du gaz naturel, du gaz de schiste ou du forage en eau profonde.
Aujourd'hui, je veux me concentrer sur un sujet, l'électricité, et, plus précisément, le transport de l'électricité.
Dans les provinces atlantiques, nous nous trouvons à la toute fin du réseau, lequel n'est pas propice à la libre circulation de l'électricité. Le mois dernier, l'AIMS a publié un article, rédigé par l'expert-conseil en énergie Gordon Weil, qui était intitulé « Freeing the Flow: Proposals for Reform of Canadian Electric Industry Regulation ». Sa conclusion: il est grand temps que le Canada réforme la réglementation régissant l'industrie de l'électricité.
Dans son article, Gordon Weil examine les options qui permettraient d'améliorer la réglementation régissant l'industrie canadienne de l'électricité. Il précise que, bien qu'il ne soit pas nécessaire d'aller aussi loin que la création d'un organisme de réglementation national unique, il y a bel et bien place à l'amélioration, pour que toutes les provinces soient traitées de façon équitable. Il fait ressortir un certain nombre d'éléments essentiels d'une réforme du régime en vigueur.
Il ne fait aucun doute que la réglementation actuelle porte préjudice à Terre-Neuve-et-Labrador. Elle porte également préjudice à l'Île-du-Prince-Édouard, à la Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. La raison en est bien simple: le processus fédéral d'examen des transactions interprovinciales ne fonctionne pas et n'offre aucune protection réelle aux provinces. Comme en témoigne l'échec du protocole d'entente entre Énergie NB et Hydro-Québec, l'an dernier, il n'existe aucun régime de réglementation fédéral pour régir les transactions entre deux provinces séparées par une troisième ou le commerce de l'électricité avec les États-Unis.
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il devrait y avoir un mécanisme unique au Canada, comme la FERC aux États-Unis, mais nous devrions confier à l'Office national de l'énergie le mandat d'examiner les questions traitant du transport de l'électricité, comme nous le faisons dans le cas du pétrole ou du gaz, de façon à ce qu'une province ne puisse pas bloquer le transport de l'électricité vers un autre marché.
Depuis des années, l'AIMS soutient que nous devons éliminer les obstacles au commerce interprovincial dans le pays. Le libre transport de l'électricité doit figurer au sommet de la liste des priorités. Le libre transport de l'électricité est un élément important pour assurer la prospérité des provinces atlantiques.
Comme il n'existe aucun consensus régional relativement à la mise en place d'une réglementation commune et à l'ouverture des frontières, un organisme de réglementation fédéral pourrait examiner les transactions concernant le transport de l'électricité entre deux provinces séparées par une troisième. Compte tenu de notre situation géographique et de la conjoncture actuelle du marché nord-américain, cet organisme de réglementation serait appelé à intervenir principalement dans l'Est du Canada. Par exemple, si Hydro-Québec souhaitait vendre de l'électricité à la Nouvelle-Angleterre en faisant passer cette électricité par le Nouveau-Brunswick, la transaction pourrait être réglementée. Par conséquent, un organe impartial pourrait empêcher Hydro-Québec de monopoliser le réseau d'interconnexions de la Nouvelle-Angleterre, ou l'autoriser à le faire, ce qui encouragerait l'apparition de sources d'énergie verte dans les provinces atlantiques.
Imaginez si ce mécanisme avait été en place au moment du projet de Churchill Falls. Terre-Neuve-et-Labrador aurait pu vendre de l'électricité au marché américain plutôt que d'être contraint de la vendre à Hydro-Québec, et un organisme de réglementation, c'est-à-dire l'ONE, aurait pu fixer des tarifs raisonnables pour les deux parties. Hydro-Québec voudrait apparemment vendre de l'électricité à la Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard en passant par le réseau du Nouveau-Brunswick. Un organisme de réglementation ferait en sorte que la transaction soit équitable pour toutes les parties.
Pour ce qui est d'une transaction entre deux provinces voisines, un tel examen réglementaire serait optionnel. Les parties pourraient choisir de se soumettre à la réglementation fédérale ou de conclure la transaction sans la faire examiner par l'organisme de réglementation. L'organisme de réglementation serait également habilité à approuver la fusion d'entreprises n'offrant pas leurs services dans la même province. Cet organisme impartial pourrait assurer aux clients que la qualité des services resterait la même après la fusion.
Jetons un coup d'oeil aux avantages découlant de l'annonce, il y a deux semaines, du projet de Muskrat Falls, sur le cours inférieur du Churchil, au Labrador. L'entente entre Nalcor et Emera pourrait avoir des retombées positives pour le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard. Les deux provinces y trouveront leur compte. Oui, il y a encore du travail à faire. Mais ce qui est le plus encourageant dans ce dossier, c'est de voir le degré de collaboration extraordinaire à l'échelle régionale, car on essaie de rendre la situation avantageuse pour tout le monde dans la région. Je ne suis pas en train de dire que l'esprit de clocher est chose du passé dans la région, mais cela prouve qu'on peut mettre de côté nos rivalités pour le bien commun.
Comme vous le savez, l'entente a été conclue entre Emera, société cotée en bourse, et Nalcor, société du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador est certes l'un des maîtres d'oeuvre du projet, mais le soutien et la participation du gouvernement de la Nouvelle-Écosse sont essentiels.
Qui plus est, les provinces ont clairement fait savoir que, bien que la participation d'Ottawa soit la bienvenue, ce n'est pas une condition préalable. Le premier ministre Dexter a été catégorique: le projet ira de l'avant avec ou sans la participation d'Ottawa.
C'est ce à quoi ressemblent les initiatives visant à assurer la sécurité énergétique du côté des provinces de l'Atlantique, et les choses semblent se dérouler à merveille ces jours-ci.
Je ne crois pas qu'il existe une source d'énergie plus sûre ou plus verte pour les provinces atlantiques — en fait, pour le Canada dans son ensemble — que l'hydroélectricité.
Le fait de libérer le flux, d'ouvrir des corridors de transport d'électricité et de permettre aux provinces de transporter l'électricité d'une province et d'une frontière à l'autre pourrait faire en sorte que, plutôt que d'avoir deux centrales nucléaires en Ontario pour combler les besoins énergétiques dans l'avenir, on pourrait générer de l'électricité à partir de Gull Island, au Labrador, pour alimenter les ménages à Toronto plutôt qu'à New York. C'est ce qu'on pourrait faire grâce au transport de l'électricité.
Dans le cas de l'entente actuelle, le fait qu'il existe des lignes de transport en Nouvelle-Angleterre et qu'Emera est un joueur à cet endroit simplifie les choses. Et ce n'est pas seulement le projet de Muskrat Falls du cours inférieur du Churchill qui en tire avantage ou la possibilité qu'un deuxième projet sur ce même cours d'eau — à Gull Island — en tirerait aussi avantage. Les producteurs indépendants d'énergie renouvelable dans les provinces atlantiques peuvent aussi en profiter. Cela comprend les entreprises de recherche et développement dans le domaine de l'énergie et des technologies éoliennes sur l'Île-du-Prince-Édouard. Cela inclut également les entreprises de recherche et développement dans le domaine de l'énergie marémotrice en Nouvelle-Écosse. Mais, comme je l'ai dit, le transport de l'énergie est la clé de ce développement et la clé de la sécurité énergétique.
En avril dernier, Emera, Nova Scotia Power, Énergie NB et les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont conclu un accord pour étendre les infrastructures de transport de l'électricité entre les deux provinces. Cette initiative est également un aspect essentiel de la discussion concernant le libre transport de l'électricité et de la question relative à la sécurité énergétique à l'échelle nationale.
Pour revenir à la position du premier ministre Dexter selon laquelle l'investissement du gouvernement fédéral serait bienvenu, mais non essentiel dans le cas du projet de Muskrat Falls, il a raison sur toute la ligne. En effet, l'expansion de la capacité de transport de l'électricité pour contribuer au renforcement du pays est l'objectif principal de l'investissement d'environ 375 millions de dollars consenti par PPP Canada pour financer la ligne permettant de transporter l'électricité de Muskrat Falls jusqu'aux Maritimes. Un tel investissement réalise précisément l'objectif du Fonds PPP, à savoir attirer des investisseurs du secteur privé au moyen d'une analyse de rentabilisation des infrastructures publiques nécessaires, ce qui est très loin de la largesse inutile des programmes classiques d'investissement et de relance du gouvernement fédéral, motivés par des intérêts politiques.
La volonté de ces fédéralistes — habitués à demander l'aumône — de faire cavalier seul en dit beaucoup sur le potentiel actuel et futur de ce projet. Cette nouvelle source d'énergie et l'infrastructure assurant son transport sont des bénédictions pour les provinces atlantiques.
Si la Nouvelle-Écosse ne veut plus dépendre de l'électricité générée par des combustibles fossiles, elle a besoin de l'hydroélectricité. L'énergie produite à partir de la biomasse est une option, mais elle n'est pas aussi verte que l'hydroélectricité. À l'exception de celle située à Tufts Cove, les centrales se trouvent trop loin du pipeline de gaz naturel pour constituer une option viable en Nouvelle-Écosse. De plus, Nova Scotia Power est un service public fondé sur le coût du service, alors, si le prix du pétrole est inférieur, il brûlera du pétrole plutôt que du gaz naturel.
En ce qui concerne l'énergie marémotrice, nous en parlons depuis des générations. L'Acadie travaille sur cette forme d'énergie depuis des décennies. Pour l'instant, il s'agit principalement d'un travail de recherche et développement, mais le potentiel est énorme. Le travail progresse dans la baie de Fundy. Le milieu est rude, et la technologie en est à ses balbutiements, mais, si cette forme d'énergie peut être exploitée dans la baie de Fundy, elle peut l'être à peu près partout, et cela signifie que nous pourrions être des chefs de file dans le domaine de l'énergie marémotrice, qui peut d'ailleurs être exportée partout dans le monde.
Sans le libre transport de l'électricité dans cette région, de telles initiatives stagnent. Il ne fait aucun doute que la Nouvelle-Écosse dépend des centrales au charbon. Le charbon étranger représente un problème du point de vue tant des gaz à effet de serre que de la sécurité de l'approvisionnement. La dépendance excessive de la province au charbon est le résultat...
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue Scott Andrews.
Je suis député d'une circonscription du Québec, mais je sais que la sécurité énergétique est importante pour toutes les régions du pays. Sans nécessairement partager cette interprétation qu'on a faite de la situation québécoise, je comprends que l'important soit de s'assurer que deux provinces peuvent s'entendre. Évidemment, je suis sensible à ce que l'Assemblée nationale et le gouvernement du Québec ont dit par rapport au choix de société qu'ils ont fait, à l'époque, en matière d'hydroélectricité.
J'aimerais poser des questions à nos amis du Nouveau-Brunswick. La situation que nous vivons est un peu la même, pour ce qui est des gaz de schiste.
[Traduction]
C'est une question de perception. Les gens ont peur parce que — je ne sais pas ce qu'il en est au Nouveau-Brunswick, mais, au Québec, la population a eu l'impression que, vu que l'industrie a d'abord commencé par... Bien franchement, les représentants de l'industrie ont fait la leçon à la population plutôt que de l'informer.
Je représente une circonscription fédérale, et cette question relève de la compétence provinciale, mais j'aimerais juste comprendre comment se passent les choses au Nouveau-Brunswick. Dans quelle mesure le gouvernement travaille-t-il avec la population dans ce dossier? Beaucoup de personnes au Québec disent la même chose, c'est-à-dire qu'elles veulent qu'on impose un moratoire, pour toutes les mêmes raisons que vous avez évoquées. Ces personnes ont vu tous les documentaires sur le sujet, Gasland et tous les autres, mais, en même temps, il s'agit d'une ressource stratégique, et si elle est exploitée correctement et d'une façon respectueuse de l'environnement, cela pourrait être intéressant. Il faut aussi tenir compte de la relation avec les municipalités et de tout le reste.
Comment les choses se passent-elles vraiment? Existe-t-il un processus d'indemnisation? Comment cela fonctionne-t-il? Quelle est la relation avec les gens?
La deuxième question s'adresse à Mme Merrill et se rapporte à l'eau — l'eau en tant que telle, la façon dont elle est traitée et utilisée. Comment les choses se passent-elles dans votre province sur ce plan?
Le président: Madame Merrill, allez-y.
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Merci, monsieur Harris.
Oui, tout à fait. Comme au Québec, les zones où il y a du forage et de l'exploration gazière sont très semblables aux basses terres du Saint-Laurent. Au Nouveau-Brunswick, on peut assez difficilement lancer une pierre sans toucher une maison. Il y a des zones agricoles et des zones remplies de terrains boisés et de collectivités. La population est très dispersée. Donc, ce qui préoccupe les gens, c'est essentiellement l'industrialisation de leur région rurale.
Dans certaines régions des États-Unis, c'est certainement ce qui s'est passé en raison de l'exploration intensive du gaz de schiste. Si je dis cela, c'est parce que ce n'est pas seulement le pompage du gaz jusqu'à la surface qui est en cause; c'est aussi tout l'équipement secondaire — les compresseurs, les condensateurs, les pipelines, les camions, etc. —, qui sert à apporter l'eau et à éliminer les déchets, qui contribue énormément à l'industrialisation des collectivités. C'est ce qui est problématique.
En ce qui concerne la tenue d'une enquête, nous appuyons tout à fait cette idée et, de fait, nous croyons que la tenue d'une enquête est essentielle, car, comme l'a dit Mme Brunelle, les préoccupations sont très similaires d'une province à une autre. Nous croyons qu'une enquête permettrait de faire la lumière sur ce dossier au bénéfice de tous les Canadiens, et, de cette façon, nous pourrions tous travailler à partir d'un ensemble commun de renseignements et d'idées pour faire avancer ce dossier en veillant, d'une part, à l'intérêt de la population vivant dans les régions où on exploiterait cette ressource et, d'autre part, à la sécurité de la population et au respect de l'environnement.
Madame Pike, si je puis vous poser deux ou trois questions; comme je suis aussi originaire de Terre-Neuve-et-Labrador, je suis assez enthousiaste au sujet de l'entente — annoncée la semaine dernière — entre Emera et Nalcor Energy ainsi que les gouvernements de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse, car, comme vous l'avez dit, ce projet permettra à Terre-Neuve-et-Labrador de générer 98 p. 100 de son électricité à partir d'une forme d'énergie renouvelable. Je crois qu'il y aura un petit nombre, peut-être une vingtaine, de centrales diesel éloignées qui resteront probablement en fonction, mais ce sera tout de même une réalisation remarquable. Et la centrale de 300 mégawatts qui brûle du mazout lourd, à Seal Cove — que nous critiquons depuis de nombreuses années — sera retirée du réseau, comme certaines des centrales au charbon du Nouveau-Brunswick.
Il s'agit d'un projet interprovincial, auquel participeront peut-être un jour les quatre provinces utilisant l'électricité qui sera générée et concluant ces accords pour mener à bien ce projet.
Vous avez mentionné que le projet pourrait se concrétiser sans l'aide du gouvernement fédéral, parce que la volonté est là, mais il s'agit pourtant d'un projet dont la portée est nationale. Mais êtes-vous d'accord pour que le gouvernement fédéral fournisse une certaine aide par l'intermédiaire du Fonds PPP ou peut-être par l'intermédiaire d'une forme ou d'une autre de garantie d'emprunt de façon à réduire le coût du projet?
Et, dans le contexte de la sécurité énergétique, pouvez-vous faire des commentaires sur le fait que Terre-Neuve utilise une partie des revenus qu'elle tire de l'exploitation pétrolière extracôtière, de l'exploitation de combustibles fossiles, pour investir dans la production d'énergie renouvelable? À votre avis, cela contribue-t-il à assurer la sécurité énergétique de la province, et percevez-vous cela comme un objectif?