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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, et toutes nos excuses. Gord Quaiattini, le président de l'Association canadienne des carburants renouvelables, a attrapé la grippe hier; c'est la raison pour laquelle je suis ici — et heureux d'y être.
Merci beaucoup d'avoir invité l'Association canadienne des carburants renouvelables à comparaître devant ce comité. Nous apprécions la possibilité qui nous est offerte d'être ici et de vous parler de l'histoire du secteur des biocarburants au Canada, ce qui comprend, évidemment, l'éthanol, le biodiesel, l'éthanol cellulosique et d'autres biocarburants avancés.
C'est aussi l'histoire de nouveaux emplois, de croissance économique, de diversité énergétique, d'avantages environnementaux et de possibilités rurales — et c'est une histoire qui continue à s'écrire jour après jour. Étant donné la récente annonce sur la réglementation qui met en vigueur la norme sur les carburants renouvelables, le moment ne pourrait être mieux choisi pour partager avec vous la contribution remarquable de notre industrie et pour aider à définir les possibilités encore plus grandes qui se dessinent.
Tout cela est possible grâce à un partenariat fructueux établi entre le gouvernement et l'industrie. Le Parlement a ouvert la voie, et l'éthanol et le biodiesel au Canada donnent des résultats.
Je tiens à souligner le fort soutien offert à notre industrie par le gouvernement fédéral et par ce Parlement. Cela a commencé il y a plus de 10 ans avec le programme d'expansion de l'éthanol et se poursuit jusqu'à ce jour par de nouvelles politiques intelligentes qui créent les conditions d'un succès commercial. Je vous encourage à voir la norme sur les carburants renouvelables — de même que le programme écoÉNERGIE — comme des leviers facilitant l'accès aux marchés et le financement du secteur privé pour la commercialisation de nouvelles usines. Ces outils fonctionnent et ils vont continuer à fonctionner.
Aujourd'hui, il existe 14 usines d'éthanol et 8 usines de biodiesel au Canada. De plus, deux autres usines d'éthanol et trois autres usines de biodiesel sont en cours de construction. Prises ensemble, ces raffineries représentent une capacité de production annuelle totale de 1,95 milliard de litres — juste un peu moins de 2 milliards de litres de carburants renouvelables — et fournissent du travail à des milliers de Canadiens, surtout dans les communautés rurales.
En fait, l'expression qui décrirait le mieux le secteur des carburants renouvelables au Canada, c'est: « produire des résultats ». Des résultats qui génèrent un rendement positif sur l'investissement, qui aident à promouvoir les priorités de ce gouvernement et de ce Parlement, et qui profitent directement au Canada et aux Canadiens.
Permettez-moi de commencer en parlant des emplois et de la croissance, particulièrement dans le contexte d'une économie mondiale qui est encore en pleine reprise, ce qui est probablement l'une des priorités les plus importantes. L'industrie des biocarburants est déjà un précieux moteur de possibilités économiques — en particulier au Canada rural, où nos usines sont habituellement construites afin d'assurer la proximité des matières premières.
Les avantages ne pourraient être plus clairs: la création de nouveaux emplois par la construction d'installations, en passant par les opérations, de même que des emplois et des retombées économiques indirectes, une assiette fiscale plus vaste pour les administrations locales et régionales, et des revenus plus élevés pour les agriculteurs.
En mars dernier, la firme Doyletech Corporation d'Ottawa a réalisé une étude indépendante — la toute première de ce type — afin de mesurer les retombées économiques du secteur des biocarburants au Canada. Elle a tiré les conclusions suivantes: 12 616 nouveaux emplois directs et indirects ont été créés depuis 2006 dans le cadre de la construction de nouvelles installations de production et pas moins de 1 400 nouveaux emplois sont créés chaque année pour appuyer les opérations. En ce qui concerne l'activité économique générée par la construction des usines, elle s'élève à environ 2,8 milliards de dollars, et environ 700 millions de dollars sont générés chaque année par l'exploitation de ces mêmes usines. Presque tout cela au Canada rural.
En ce qui concerne les recettes fiscales, si l'on combine la construction et l'exploitation, le secteur des biocarburants aide à élargir l'assiette fiscale et à financer de précieux services aux paliers local, provincial et fédéral. Cela représente plus de 82 millions de dollars pour les administrations municipales, plus de 500 millions pour les gouvernements provinciaux et près de 700 millions en revenus fiscaux au niveau fédéral.
Ce ne sont pas des prévisions ou des estimations. Ce sont des installations existantes, construites avec des briques et du mortier, qui créent de vrais emplois, qui génèrent une véritable activité économique et qui entraînent de vraies recettes fiscales.
Parlons maintenant des avantages environnementaux. Comme vous le savez, le secteur du transport représente un peu plus de 25 p. 100 des émissions totales de gaz à effet de serre au Canada. En conséquence, il existe peu de façons plus efficaces de réduire notre empreinte carbone que de réduire notre dépendance envers les combustibles fossiles. C'est exactement ce que font les carburants renouvelables.
Voici quelques faits: à elle seule, la norme fédérale sur les carburants renouvelables réduira les émissions de carbone de 4,2 mégatonnes, ce qui revient à retirer un million de voitures des routes de notre pays chaque année. À la fin de 2009, l'AIE a signalé que d'ici 2015, l'éthanol à base de céréales aura augmenté les réductions de GES de 55 p. 100 comparativement à l'essence.
L'éthanol aide aussi à réduire les émissions d'échappement et les émissions toxiques.
Finalement, selon Ressources naturelles Canada, la production d'éthanol utilise 40 p. 100 moins d'énergie que la production équivalente de combustible fossile — un chiffre qui atteint 90 p. 100 quand on parle de technologies cellulosiques.
Malgré ces faits, nous savons que certains continuent de remettre en question les avantages environnementaux nets des carburants renouvelables. Le scepticisme — qui est entretenu dans certains cas par des intérêts qui voient notre industrie comme une menace pour leurs profits — est fort. J'aimerais donc rectifier le tir.
Pas plus tard qu'en novembre dernier était présenté le rapport le plus exhaustif jamais produit sur les avantages environnementaux des carburants renouvelables canadiens. Réalisée par Cheminfo Services Inc., cette étude a permis de tirer des conclusions irréfutables. Elle a établi que l'éthanol produit au Canada — et je parle ici de l'éthanol de première génération, produit à partir de maïs et de blé — a réduit les émissions de GES d'environ 63 p. 100 comparativement aux combustibles fossiles traditionnels. Dans le cas du biodiesel canadien — produit à partir de graisses animales et de graisses usées —, les résultats sont encore plus impressionnants: les émissions de GES diminuent de 99 p. 100 comparativement à l'essence. Ce sont des faits. Ils sont clairs, actuels, et sont le résultat d'analyses effectuées par des experts indépendants. Je demande à ceux qui pensent autrement de présenter leurs études sur les installations canadiennes et de soumettre leurs méthodes à une évaluation indépendante. Car les décisions politiques devraient être fondées sur la même rigueur intellectuelle que les carburants renouvelables.
En résumé, que nous parlions d'emplois, de croissance économique, de réductions des GES, de bilan énergétique ou de nouvelles possibilités pour le Canada rural, la conclusion est incontestable: le partenariat entre le gouvernement et l'industrie produit des résultats et procure des avantages tangibles.
En conclusion, permettez-moi de souligner un dernier point. J'ai volontairement insisté sur les accomplissements réalisés jusqu'à maintenant — sur les résultats que nous obtenons déjà —, mais il y a une histoire encore plus passionnante à raconter, à savoir ce vers quoi nous nous dirigeons et ce qu'il en est de la commercialisation des biocarburants avancés. Le Canada, bien qu'il lutte parfois pour garder sa place face aux investissements massifs du gouvernement américain, est néanmoins dans une position idéale pour exercer un leadership. Si nous maintenons et renforçons notre partenariat, le Canada pourra être concurrentiel et l'emporter dans ce secteur international de plus en plus important. Au moment où nous nous parlons, des gens élaborent de nouveaux carburants renouvelables en s'appuyant sur le savoir-faire de première génération dans le but de faire des gains encore plus grands sur les plans des technologies environnementales et de l'économie. Les usines de démonstration fonctionnent — des usines qui utilisent les déchets ligneux au Québec et en Colombie-Britannique, et des épis de maïs et d'autres déchets agricoles en Ontario. La technologie fonctionne. L'opportunité est là.
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Merci. Monsieur le président, mesdames, messieurs, bonjour.
Nous sommes Lise Dubé, agronome, et Mme Valérie Patoine, ingénieur forestier. Dans un premier temps, nous voulons vous remercier de nous avoir invitées à venir vous présenter notre projet de développement écoénergétique.
Trois organismes du Témiscouata, la Coopérative forestière Haut Plan Vert, le Club de gestion des sols du Témiscouata et son mandataire Ferti-Conseil et le Club d’encadrement technique en acériculture, travaillent ensemble depuis trois ans pour développer un projet de production d’énergie à partir de biomasse agricole. La coopérative est ici le porteur du projet.
La biomasse agricole se définit comme étant des granules combustibles fabriqués à partir de plantes pérennes agricoles, le panic érigé. Une filière énergétique locale se caractérise par une production cultivée et consommée localement.
En région, nous avons l’appui des producteurs agricoles, des producteurs acéricoles, des travailleurs forestiers, de plusieurs municipalités dévitalisées et de quelques ministères provinciaux. Grâce à la mise en valeur des terres agricoles abandonnées, nous souhaitons redynamiser nos localités rurales par la production d’énergie que le milieu pourra utiliser pour répondre à ses besoins.
L’agriculture est en déclin dans les régions rurales comme le Témiscouata. On y constate une dévitalisation importante des municipalités rurales et une diminution des superficies en culture. L’abandon de la production animale et l’absence de rentabilité de la production de petites céréales et de foin sur de petites superficies ont amené les propriétaires à délaisser ces champs ou à demander leur reboisement. À l'échelle provinciale, le MAPAQ estime qu’il y aurait un total approximatif de 100 000 à 150 000 hectares de terres en friche ou marginales qui pourraient devenir disponibles pour la production de plantes énergétiques. Au Témiscouata, on évalue que 10 000 hectares de terres cultivées se sont perdus, entre 1997 et 2004, dans quatre municipalités situées dans un rayon de 20 km.
Le Bas-Saint-Laurent représente la deuxième région productrice de sirop d’érable en importance au Québec, avec quelque 8 millions d’entailles et 20 millions de livres de sirop d’érable annuellement. À lui seul, le Témiscouata regroupe 5 millions d’entailles, soit près de 7 p. 100 de la production canadienne. Pour produire 1 gallon de sirop, il faut en moyenne 0,6 gallon d’huile de chauffage. Au Bas-Saint-Laurent, nous consommons près de 4 millions de litres d’huile, uniquement pour la production acéricole par année. Au Témiscouata, c’est 2,5 millions de litres de mazout.
Ensemble, les cultures énergétiques sur les terres en friche et le besoin des acériculteurs en énergie peuvent devenir une force de développement régional et local. Un premier impact est la revitalisation du milieu rural en créant une nouvelle activité économique. La culture du panic érigé sur les terres en friche nous permettrait de produire un granule énergétique qui serait utilisé par les acériculteurs, localement, pour l’évaporation de leur eau d’érable.
De plus, plusieurs études confirment que les bilans énergétiques et les bilans des gaz à effet de serre sont positifs dans la production et l’utilisation de plantes pérennes comme granules énergétiques. Une filière énergétique locale, novatrice, à base d'énergie verte renouvelable est née.
Dans notre région, depuis trois ans, nous expérimentons la culture du panic érigé sur 10 hectares. Les résultats obtenus nous encouragent à poursuivre sur une plus grande échelle. La mise en terre de 2 000 hectares de panic érigé permettrait l’alimentation de tous les producteurs acéricoles du Témiscouata.
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Plusieurs avantages économiques découlent de ce projet. Les propriétaires de terrain trouveront un nouveau revenu. Pour les communautés, c'est une nouvelle activité économique. En somme, c'est une solution locale à la crise du revenu pour les producteurs agricoles. Une réduction de l’ordre de 20 à 40 p. 100 des coûts énergétiques pour les acériculteurs rendra cette activité économiquement rentable. Ces coûts seront plus stables et mieux connus.
D’autre part, ce circuit court possède des avantages environnementaux importants. Plusieurs études démontrent la diminution de 85 à 90 p. 100 des émissions de CO2 lors de la combustion du granule de panic érigé en remplacement du gaz naturel ou du mazout. Le remplacement de 3 millions de litres de mazout annuellement par une énergie verte renouvelable n’est pas négligeable. Le transport de ces litres provenant des grands centres ne sera plus nécessaire. Nous éliminons également le risque de déversement de mazout dans un milieu naturel sensible. Pendant sa croissance, le panic érigé séquestre l’équivalent du carbone émis lors de sa combustion, c’est une énergie à émission de gaz à effet de serre pratiquement neutre.
Les éléments naturels pour la réussite de ce projet sont réunis. Le milieu possède les terres en friche et le marché potentiel. Nous avons les connaissances de base sur les techniques de culture. La technologie de granulation est bien connue. Le projet de circuit local en énergie présente des avantages économiques et environnementaux pour les producteurs agricoles et acéricoles, et aura l’effet de redynamiser le milieu. Nous avons les ressources humaines et l’énergie nécessaire à sa mise en place. C’est un beau moyen de contrer la crise énergétique en assurant un prix stable à des producteurs acéricoles. C’est une méthode simple pour contrer la dévitalisation des régions et le déclin de notre agriculture. Encore une fois, c'est un excellent moyen de réduire la pollution autant atmosphérique que terrestre.
Cependant, l’équilibre du développement demeure un grand défi. Aucune structure de la sorte n’est encore sur pied. Sécuriser l’approvisionnement de biomasse de qualité, la transformer et la distribuer dans un rayon maximum de 100 km demeure l’enjeu.
Le propriétaire de terres doit investir approximativement 1 200 $ à 3 500 $ l’hectare et patienter trois ans avant de faire une vente. À court terme, nous ne pouvons pas lui assurer l’achat de sa future récolte, puisque les acériculteurs n’ont pas encore les évaporateurs appropriés. La technologie pour utiliser le granule dans les évaporateurs existe, mais l’acériculteur devra renouveler son évaporateur et son réservoir d’entreposage. C'est un investissement de l'ordre de 20 000 $ à 60 000 $, selon sa production.
Il s’agit d'obtenir l'appui financier permettant la réalisation du plan d'action que l'on vous propose ici: encourager et faciliter le transfert de l’huile vers la biomasse chez les acériculteurs; fournir l'expertise agronomique aux producteurs agricoles; accroître significativement le nombre d’hectares en culture et améliorer les connaissances en ce qui a trait aux facteurs agronomiques dans des régions comme la nôtre; diminuer les risques liés à la coordination du marché des différents acteurs afin de faciliter la prise de décision et d'accélérer l’atteinte de volumes de production économiquement viables; réaliser la mise en place de l'étape de la transformation; et, finalement, soutenir les producteurs agricoles dans la conversion vers des cultures énergétiques.
En terminant, nous tenons à vous remercier pour votre écoute attentive. Le fait de nous avoir invitées est déjà pour nous une conviction supplémentaire. Ce voyage stimule notre engouement à aller de l'avant. Ensemble, nous en sommes convaincues, nous trouverons les moyens pour faire de nos terrains marginaux un apport économique et énergétique intéressant pour tous, et, il va de soi, pour le Canada.
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Bonjour à tous, et merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, d'avoir invité l'industrie forestière à venir vous parler aujourd'hui de ce sujet important.
J'aimerais commencer en vous parlant un peu du contexte économique. Je suis certaine que vous en êtes bien conscients, mais l'industrie forestière fait face à de graves difficultés économiques sur le marché international. Les raisons de ces difficultés sont nombreuses, à commencer par l'effondrement économique de nos principaux partenaires commerciaux.
Vous devez savoir que nous ne sommes pas demeurés passifs devant ces problèmes économiques. En effet, nous avons fait des efforts considérables pour améliorer notre productivité. Je crois que nous avons maintenant distancé nos homologues américains et que nous sommes le seul secteur canadien à en faire autant en matière de productivité.
Nous avons travaillé très fort pour élargir nos marchés. Nous ne pouvons plus nous appuyer simplement sur les États-Unis comme principal partenaire commercial; nous développons nos marchés internationaux, notamment en Asie. Nous sommes maintenant, par exemple, le principal exportateur vers la Chine.
Nous continuons à promouvoir notre programme vert. Nous nous efforçons d'accroître nos compétences environnementales afin de pouvoir aussi devenir le fournisseur privilégié sur le marché des produits écologiques.
De plus, notre secteur doit revoir son modèle de fonctionnement. Nous sommes particulièrement intéressés par les possibilités qui nous permettraient d'obtenir un meilleur rendement de nos ressources forestières. Ainsi, nous avons lancé tôt l'an dernier ce que nous appelons le Projet de la voie biotechnologique. Il s'agit d'une étude exhaustive qui examine trois objectifs complémentaires. Premièrement, comment transformons-nous le secteur forestier afin qu'il redevienne rentable? Deuxièmement, comment protégeons-nous les 270 000 emplois canadiens en région rurale qui existent déjà au sein de l'industrie forestière? Troisièmement, comment aidons-nous le Canada à saisir la chance unique qui lui est offerte de devenir un géant de l'énergie propre et de l'énergie renouvelable au sein de l'économie mondiale?
Vous avez reçu une copie du rapport sur la voie biotechnologique. Il vous a été distribué à l'avance, et je vous encourage vivement à le lire, mais j'aimerais d'ici là attirer votre attention sur certains points. Ce rapport n'a pas été préparé en vase clos, et l'industrie forestière a reconnu qu'une grande partie du leadership dans ce domaine n'appartenait pas à notre secteur. Nous avons donc invité des experts pour nous appuyer, et tout au long du projet, au moins 65 experts ont joué un rôle très actif dans la rédaction du rapport. Ces experts représentaient le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les universités — certains des plus brillants esprits que le pays compte dans ce domaine —, les fournisseurs de technologie, qui apportent de fantastiques innovations, nos membres, qui avaient réellement besoin de comprendre les implications technologiques, économiques et sociales de ces choses, et, ce qui est tout aussi important, la communauté financière. Ce projet a en fait été dirigé par M. Don Roberts, qui est actuellement vice-président à la Banque CIBC.
Qu'avons-nous fait? Nous avons analysé 27 technologies, tant traditionnelles qu'émergentes, puis nous les avons comparées à une panoplie de modèles pour déterminer ce qui se serait passé si nous avions agi de telle ou telle façon. Nous les avons ainsi évaluées en fonction de centaines de configurations. Nous avons aussi évalué les implications économiques, sociales et environnementales de ces différentes technologies. Les résultats se sont avérés très intéressants, et j'aimerais partager nos conclusions avec vous.
Bien entendu, certains secteurs de notre industrie sont inébranlables et s'appuient sur des principes de fonctionnement très solides. Même si les difficultés se font actuellement ressentir, le secteur du bois d'œuvre, par exemple, s'appuie sur des principes de fonctionnement solides et retrouvera un fonctionnement optimal. Nous reconnaissons cependant que certains autres secteurs exigent des modifications, que le statu quo ne suffit tout simplement pas. Nous avons découvert, en appliquant ces différents modèles, que l'intégration de la production de bioénergie et de bioproduits aux opérations forestières existantes s'avère très profitable du point de vue économique. Par ailleurs, cela crée aussi cinq fois plus d'emplois que la production indépendante de bioénergie. Il s'agit donc d'une situation solide et avantageuse pour tout le monde — tant du point de vue économique que social — qui permet en plus de bénéficier des avantages environnementaux que présente la gestion durable des forêts, qui est la stratégie de l'industrie pour l'avenir.
L'intégration de la production de bioénergie ou de biocarburant à une usine de pâte à papier, à une scierie ou à une usine de papier fait substantiellement augmenter les retombées économiques. Ça vaut dans les deux cas, par ailleurs. Il y a l'activité hôte — les opérations de l'industrie forestière — et l'activité de production de bioénergie. Nous avons examiné la situation des deux points de vue, et dans les deux cas, le rendement du capital, par exemple, augmentait.
En ce qui concerne les biocarburants, nous avons évalué de manière exhaustive les technologies qui s'y rapportaient — parmi les 27 que nous avions sélectionnées — et nous avons déterminé qu'il s'agissait d'un moyen à préconiser dans le cadre de la transformation de l'industrie. La conjugaison des possibilités liées aux biocarburants et des opérations forestières constitue une stratégie économique gagnante. Il n'y a pas d'autre manière de dire les choses.
Je vais vous donner un exemple. Si on associe une usine de pyrolyse — une technologie typique en matière de biocarburant qui fait partie des exemples que nous avons étudiés — à une scierie au Québec, les retombées économiques atteindront 24 p. 100. C'est beaucoup mieux que la moyenne sectorielle au pays, qui tourne autour de 3 ou 4 p. 100. Les retombées économiques sont donc, comme je l'ai dit, une stratégie gagnante pour notre secteur.
Dans ce contexte, la question qui se pose est la suivante: à quoi sert le financement du gouvernement? Pourquoi avez-vous besoin de nous? Quel est le but? Si ces chiffres sont réalistes, il ne fait pas de doute que les investisseurs afflueront. Tout à fait, mais le gouvernement a un rôle à jouer à court terme afin d'accélérer l'adoption de ces technologies. Pour dire les choses simplement, ces technologies ne sont pas encore tout à fait prêtes à être commercialisées. Nous espérons vivement que les gouvernements songent à promouvoir des mesures telles que la recherche et le développement continus — il est clair que ça représente pour nous une formidable possibilité —, le financement de projets pilotes et le premier mouvement de commercialisation.
Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là des aspects les plus risqués de l'adoption de ces technologies. Être le précurseur dans la mise en marché d'une technologie représente un énorme risque économique, un risque beaucoup plus grand que celui que doit assumer le troisième ou le quatrième promoteur, par exemple. Nous recherchons donc réellement des possibilités de voir cela adopté. D'autres mesures incitatives, notamment à l'intention des producteurs, contribuent aussi à accélérer l'adoption de ces technologies.
Ce n'est pas que ces mesures soient inefficaces, mais notre industrie cherche en fait à ce que ces technologies franchissent la première étape de commercialisation. Nous croyons réellement que le modèle que nous proposons — l'intégration de la bioénergie à l'industrie forestière — donnera des résultats économiques tels qu'il pourra fonctionner de manière autonome à long terme et qu'il ne nécessitera pas d'appui financier du gouvernement. Nous pouvons faire ça par nous-mêmes; il faut seulement que la technologie soit bien implantée sur le marché.
Je sais que le gouvernement fédéral a été très clair lors du dernier budget sur le fait qu'il comprend et appuie notre stratégie de biotransformation. Le budget 2010 a établi l'initiative de prochaine génération en matière d'énergie renouvelable. Nous croyons qu'il s'agit là d'un engagement envers notre secteur et notre vision du changement. Nous croyons réellement que cela nous aidera à atteindre nos objectifs dans ce domaine.
Monsieur le président, en tant qu'acteurs potentiels de ce secteur, nous nous permettons de présenter au comité un certain nombre de suggestions au moment où vous examinez les mécanismes de financement qui sont offerts dans ce domaine pour faire une mise au point. Par exemple, nous vous suggérons — comme nous l'avons mentionné plus tôt — de mettre l'accent sur l'adoption des technologies, ce qui ferait réellement progresser les technologies de l'étape de la recherche et du développement à celle de la première commercialisation. Vous pouvez faire cela à l'aide de méthodes de financement directes, comme nous l'avons dit, ou au moyen d'incitatifs à l'intention des producteurs, par exemple. Toutes ces mesures favorisent l'adoption des technologies.
Dans la mesure du possible, nous vous encourageons vivement à donner à ce financement une large orientation — une orientation davantage axée sur le marché que sur les technologies ou les matières premières. Il est très important pour nous que ces fonds ne soient associés à aucune technologie ou matière première particulière. Pourquoi? Parce que notre analyse nous a démontré que l'on peut penser avoir un choix technologique ou économique optimal, mais que notre point de vue peut être trop restreint. D'autres technologies, en se développant progressivement, peuvent en effet devenir la meilleure solution économique. Il s'agit en fait de ne pas classer trop vite les perdants ou les gagnants lors du processus de développement.
Nous suggérons aussi, lorsque cela s'applique, que vous façonniez votre approche de manière à encourager l'intégration de l'industrie forestière à la production de bioénergie.
Je le répète: nous avons découvert qu'il s'agit là d'une stratégie économique gagnante pour l'industrie mais aussi pour le secteur émergent de la bioénergie. Les paramètres économiques élémentaires — tout comme les emplois — démontrent que la combinaison de ces deux choses se révèle beaucoup plus avantageuse.
Finalement — et cela revêt une très grande importance pour notre secteur —, nous devons veiller à ce que tout ce que nous faisons dans ce domaine garantisse des pratiques d'exploitation des ressources durables et continues, et nous devons aussi nous assurer de ne pas atteindre un point où la pression sur les ressources serait telle que nous en serions réduits, comme le disent nos amis environnementalistes, à aspirer le tapis forestier.
L'industrie forestière canadienne demeure fermement convaincue de la nécessité de conserver des pratiques de gestion forestière durable. Notre engagement à cet égard nous a réellement permis de nous démarquer sur le marché. Il est très important que nos décisions en ce qui a trait à la bioénergie et à la fibre forestière ne nous ramènent pas en arrière à cet égard.
Monsieur le président, j'espère que ces remarques vous sont utiles. J'aimerais à nouveau vous remercier au nom de l'Association des produits forestiers.
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Nous remercions beaucoup le comité permanent pour l'invitation qu'il a envoyée au Conseil canadien du canola afin de nous permettre de présenter notre point de vue sur l'initiative écoÉNERGIE pour les biocarburants ainsi que sur les politiques et les programmes fédéraux sur les biocarburants.
En général, l'histoire du biocarburant au Canada est très positive et témoigne d'immenses progrès sur les plans de l'environnement et du développement économique. Nous croyons que l'initiative écoÉNERGIE joue un rôle clé pour l'établissement d'une industrie des biocarburants durable.
Il existe une exception importante: jusqu'à maintenant, les progrès attendus touchant le biodiesel de canola se font toujours attendre. Bien que nous croyions que l'initiative écoÉNERGIE aide vraiment à établir un secteur des biocarburants durable, nous croyons que le gouvernement fédéral peut prendre des mesures concrètes pour garantir que les projets d'envergure raisonnable touchant le biodiesel de canola puissent aller de l'avant.
Premièrement, le gouvernement peut veiller à ce que les projets touchant le biodiesel de canola soient appuyés dans la dernière ronde de demandes pour le programme écoÉNERGIE, qui se déroule en ce moment.
Deuxièmement, les changements que l'industrie a recommandés à l'équipe du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire chargée de l'initiative pour un investissement écoagricole dans le biocarburant devraient être mis en oeuvre afin de faciliter les investissements dans le domaine de la production de biodiesel.
Avant d'entrer dans les détails concernant les biocarburants, les programmes écoÉNERGIE et l'initiative pour un investissement écoagricole dans le biocarburant, j'aimerais vous donner quelques renseignements généraux sur le canola et le travail du Conseil canadien du canola.
La culture du canola est la plus grande culture au monde qui soit entièrement canadienne. Développé au début des années 1970, le canola n'a d'égal dans le monde en raison de sa valeur nutritive. Le canola contient peu de matières grasses saturées, une portion équilibrée de matières grasses polyinsaturées et monoinsaturées, est polyvalent et présente un goût léger; l'huile de canola est l'huile que préfèrent les consommateurs, les entreprises de transformation des aliments et les restaurants.
Le Canada est un chef de file dans le domaine de la production de canola. En 2009, environ 50 000 agriculteurs canadiens ont produit 11,8 millions de tonnes de canola. Il s'agit de la culture canadienne présentant la plus grande valeur; elle génère 4,9 milliards de dollars en recettes monétaires agricoles. Le canola est transformé en huile dans 11 usines de transformation, réparties dans quatre provinces. L'activité économique découlant du secteur canadien du canola génère presque 14 milliards de dollars annuellement pour l'économie du Canada.
Le Conseil canadien du canola est une organisation de chaîne de valeur qui encourage la production de canola et la promotion de cette culture. Le conseil comprend des producteurs de grains, des planteurs, des employés d'installations de transformation, des transporteurs et des exportateurs. Nous centrons nos efforts sur la production de canola à des fins alimentaires. Or, l'intérêt que l'on porte aux biocarburants constitue également une occasion en or pour le Canada et les producteurs de canola. Voilà qui est excellent pour le secteur du canola: la culture de la plante est avantageuse sur les plans environnemental et économique, et elle permet à la communauté rurale d'obtenir un certain soutien et aux producteurs de récolter de plus grandes recettes.
Grâce aux biocarburants, il est possible de diminuer la quantité d'émissions de gaz à effet de serre néfastes que produisent les véhicules. Une description détaillée des effets de la production de biocarburants au Canada et de leur utilisation au pays montre que l'utilisation de deux milliards de litres d'éthanol par année diminuerait les émissions de gaz à effet de serre de 2,8 millions de tonnes en équivalent-CO2, et que l'utilisation de 500 millions de litres de biodiesel par année diminuerait les émissions de gaz à effet de serre de 1,4 million de tonnes, ce qui équivaut, au total, au nombre de tonnes de gaz à effet de serre que produisent annuellement un million d'automobiles roulant sur les autoroutes canadiennes.
Environ 30 p. 100 des gaz relatifs au changement climatique au Canada découlent du transport. Nous voyons le biodiesel de canola fait au Canada comme un carburant de transport vert et intelligent qui a le potentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Une analyse du cycle de vie montre que le biodiesel de canola peut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 75 à 85 p. 100. Ce biocarburant présente le même bilan énergétique que tous les autres carburants liquides offerts sur le marché, et génère trois fois plus d'énergie que celle qu'il doit déployer pour la produire.
Il y a aussi des réductions d'émissions de certaines matières et d'hydrocarbures. Les producteurs de canola travaillent moins le sol, ce qui signifie que moins de carbone est relâché dans l'air. La chose la plus importante à souligner est que la culture du canola ne nécessite aucune irrigation.
Nous savons aussi que le canola est la meilleure matière première à utiliser pour la production de biodiesel. Grâce à son rendement exceptionnel dans les températures froides et à son pouvoir lubrifiant amélioré, le canola est la matière première de tout premier choix pour la production de biodiesel canadien, et ce, en raison de sa teneur en matières grasses saturées une fois transformé en biodiesel.
Les mélanges de biodiesel présentant 2 p. 100 de diesel renouvelable provenant du canola se sont montrés efficaces lors d'essais dans les températures froides normales de l'Alberta, et ils ont fait leur preuve au Canada depuis de nombreuses années en tant que carburants de transport. Les mélanges présentant de 5 à 20 p. 100 de biodiesel provenant du canola se sont montrés efficaces au printemps, à l'été et à l'automne, dans de maintes applications.
Les fabricants d'équipement-moteur ont reçu l'approbation d'utiliser les mélanges de biodiesel présentant de 5 à 20 p. 100 de canola, et le biodiesel de canola répond aux exigences techniques rigoureuses de l'ASTM, de l'EN, et de l'ONGC en matière de biocarburant.
Lorsqu'on songe aux avantages sur le plan économique, les répercussions sur la stimulation économique associées à la mise en oeuvre des normes de 5 et de 2 p. 100 relatives au carburant renouvelable sont considérables. Il y a actuellement 14 usines de production d'éthanol et 8 usines de production de biodiesel en activité, et d'autres usines sont en construction. Ces raffineries emploient des milliers de Canadiens, particulièrement en région rurale.
L'industrie s'est développée au cours des dernières années pour renforcer la capacité en prévision de la mise en oeuvre des normes canadiennes en matière de carburant renouvelable. Il y a d'autres projets à l'étape de la planification qui comptent sur l'initiative écoÉNERGIE de Ressources naturelles Canada, et également sur les programmes de l'IIEB d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, pour obtenir l'aide nécessaire à leur lancement.
Les carburants renouvelables représentent des occasions intéressantes pour les familles d'agriculteurs canadiens car ils permettent l'augmentation du revenu et la stabilisation des prix. Le Canada arrive au troisième rang sur le plan de la production de canola et de colza; ces activités représentent 20 p. 100 de la production mondiale, mais 80 p. 100 des échanges internationaux. Cette industrie est toutefois largement dépendante des marchés internationaux, souvent imprévisibles. Elle est aussi vulnérable à la fermeture des frontières attribuable à l'imposition de barrières commerciales tarifaires et non tarifaires.
Tout comme M. Sperling, je reviens d'un voyage en Chine, où j'accompagnais M. Ritz, ministre de l'Agriculture. En effet, l'automne dernier, la Chine a bloqué les exportations de canola en raison de l'imposition d'une barrière commerciale non tarifaire.
L'établissement d'une industrie du biodiesel à base de canola au Canada permettrait de fournir l'appui à long terme qui est essentiel au secteur de production du canola au Canada en créant une demande inélastique, un impératif dans ce secteur qui dépend largement du marché. La production intérieure de biodiesel à base de canola stabilisera la demande de semences et accroîtra les activités à valeur ajoutée au Canada en prévision d'une utilisation accrue de canola en Amérique du Nord.
La production de canola au Canada augmente d'année en année. Elle est effectivement passée de 9,1 millions de tonnes en 2006 à 12,6 et 11,8 millions de tonnes au cours des deux dernières années, respectivement. Nous espérons que les agriculteurs continueront de produire cette culture rentable, voire qu'ils intensifieront leur production en l'étendant à un plus vaste territoire.
La stratégie Growing Great de l'industrie du canola vise une production et une demande soutenues de 15 millions de tonnes d'ici à 2015. Cet objectif de 15 millions de tonnes est important pour nous parce qu'il est suffisamment élevé pour que nous puissions continuer d'attirer les investissements dans ce secteur. Sur les 15 millions de tonnes, nous prévoyons que 2,5 millions seront utilisées pour le biodiesel.
Nous sommes encouragés de voir les mesures progressives prises par le gouvernement du Canada pour favoriser la production de biocarburants comme moyen de réduire les émissions néfastes provenant des carburants traditionnellement utilisés pour le transport. Nous avons récemment applaudi la publication de nos règlements de vaste portée dans la Gazette; il s'agissait là d'une étape nécessaire à la mise en oeuvre de normes régissant les carburants renouvelables. Toutefois, l'industrie du biodiesel attend toujours que le Cabinet fixe une date pour l'entrée en vigueur de la norme de 2 p. 100 visant précisément le biodiesel ou d'autres carburants diesel renouvelables. Nous incitons le gouvernement à prendre des mesures à cet égard.
Jusqu'à maintenant, le principal avantage du programme écoÉNERGIE est la réduction du risque associé aux prix qui est inhérent au marché des produits de base et caractérisé par l'instabilité. Ce programme vise également à augmenter la compétitivité de la production canadienne par rapport aux biocarburants importés. Il permet en outre aux usines de production canadiennes de s'établir et de se placer dans une position favorable pour être concurrentielles sur les marchés mondiaux lorsqu'elles ne recevront plus d'incitatifs.
Le programme IIEB d'Agriculture et Agroalimentaire Canada est également important, puisqu'il prévoit des contributions remboursables pour les projets liés aux biocarburants de façon à assurer un niveau minimal d'investissement des producteurs agricoles. Ce programme est essentiel pour permettre à la nouvelle industrie des biocarburants du Canada de tirer son épingle du jeu dans les marchés des capitaux d'emprunt et des capitaux propres où la concurrence est féroce. Jusqu'à présent, ce programme n'a pas été utilisé à sa pleine mesure par les industries du biodiesel. Seule une proportion de 2 ou 3 p. 100 du financement du programme a été allouée au secteur du biodiesel, et aucuns de ces fonds n'ont servi à appuyer les usines de production de biodiesel à base de canola.
Le Conseil canadien du canola et de nombreux autres partenaires de l'industrie ont demandé au ministre d'Agriculture et Agroalimentaire de revoir les critères du programme pour s'assurer que l'IIEB offre un appui solide aux projets liés au biodiesel à base de canola. Bien que l'initiative écoÉNERGIE et l'IIEB aient réussi à favoriser les investissements dans le domaine de la production des biocarburants, elles n'ont pas mené à un renforcement considérable de la capacité de production de biodiesel. Depuis l'annonce de ces programmes en mars 2007, aucune nouvelle usine de production de biodiesel de capacité moyenne — c'est-à-dire avec une capacité de production supérieure à 40 millions de litres par année — n'a été établie. En fait, la capacité de production de biodiesel, qui est d'environ 100 millions de litres par année, demeure largement inférieure aux attentes de l'industrie et du gouvernement. Ce volume est tout à fait insuffisant pour répondre aux exigences des gouvernements fédéral et provinciaux, qui sont d'environ 700 millions de litres par année. C'est donc dire qu'il faut compter largement sur les importations de biodiesel.
Bien que plusieurs usines de production à petite échelle de biodiesel à partir de graisses animales aient été mises sur pied au cours des dernières années, aucun projet à grande échelle — c'est-à-dire avec une production supérieure à 114 millions de litres par année — pour la production de biodiesel à base d'huile végétale n'est passé de l'étape de la planification à l'étape de la construction.
Bref, l'initiative écoÉNERGIE et l'IIEB n'ont pas encore réussi à établir la capacité de production de biocarburants à l'échelle nationale qui serait nécessaire à l'atteinte des objectifs de l'industrie en matière d'utilisation du canola. Il s'agit là d'une lacune considérable au chapitre des résultats des programmes sur laquelle il faut se pencher.
Nous en sommes actuellement à l'étape finale de l'établissement d'une capacité de production du biodiesel de première génération au Canada. La période de dépôt des demandes pour l'initiative écoÉNERGIE s'est terminée le 31 mars dernier, et des projets de production de biodiesel à base de canola ont été présentés. Ces projets ont besoin du financement d'écoÉNERGIE pour voir le jour.
Si l'on se projette dans l'avenir, aucun projet ne pourra rivaliser avec ceux qui auront été subventionnés par l'initiative écoÉNERGIE. Il est donc temps de prendre des décisions importantes.
Ressources naturelles Canada en est actuellement à l'étape finale d'examen des demandes. Nous avons cru comprendre qu'à cette dernière étape, le ministère disposait de suffisamment de fonds destinés aux carburants biodiesel renouvelables pour appuyer toute la gamme de projets de production de biodiesel et pour corriger les inégalités qui ont été observées dans l'utilisation des programmes jusqu'à maintenant.
En particulier, nous espérons que les changements à l'objectif du programme écoÉNERGIE qui ont été recommandés par le Conseil du canola du Canada et par nos partenaires de l'industrie en décembre 2009 seront pris en compte dans les décisions finales sur la répartition des ressources. Nous encourageons le gouvernement du Canada à appuyer des projets qui pourront être durables et concurrentiels à long terme sur le marché mondial, une fois les subventions terminées. Nous parlons ici de projets de production de biocarburants de haute qualité qui permettent de faire face aux conditions climatiques rigoureuses du Canada, et de stabiliser et d'appuyer l'utilisation de l'une des plus importantes cultures du pays: le canola.
Voilà un résumé des observations et des recommandations que nous voulions présenter à ce comité. L'initiative écoÉNERGIE joue un rôle clé dans l'établissement d'une industrie durable de biocarburants. On constate toutefois une exception notoire: la production de biodiesel à base de canola. Pour combler cette lacune, le gouvernement devrait s'assurer que les projets de production de biodiesel à base de canola reçoivent un appui au cours de l'examen final des demandes du programme écoÉNERGIE qui est actuellement en cours. Il devrait en outre revoir les critères du programme pour s'assurer que l'IIEB fournit un appui solide aux projets de production de biodiesel à base de canola.
Il ne fait aucun doute que notre industrie continuera d'axer sa production sur les denrées alimentaires. Toutefois, nous avons en ce moment une occasion unique de développer un marché du biodiesel à partir de canola, et nous avons d'ailleurs de très bonnes raisons pour le faire.
On observe actuellement certains obstacles à l'accès au marché, notamment pour le tourteau de canola aux États-Unis, pour les graines et l'huile de canola en Chine et pour les semences, l'huile et le tourteau de canola dans l'Union européenne.
C'est maintenant qu'il faut prendre des mesures. Le biodiesel à base de canola est écologique et il constitue un produit à valeur ajoutée qui offre des possibilités sur le marché. Il appuie le développement économique rural et fournit des débouchés stables et à long terme pour les producteurs agricoles du Canada.
Je vous remercie de m'avoir accueillie aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous les membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de nous donner l'occasion d'être parmi vous aujourd'hui.
Enerkem est un chef de file mondial dans le domaine du développement et de la production de carburant vert de nouvelle génération pour le transport.
[Traduction]
L'entreprise que je représente construit, possède et gère des bioraffineries à la fine pointe grâce à la technologie thermochimique brevetée qu'elle élabore au Québec depuis 2000.
La technologie unique d'Enerkem transforme les matières résiduelles, comme les déchets urbains solides non recyclables, les résidus forestiers et les déchets agricoles, en éthanol cellulosique de deuxième génération. Enerkem est la seule entreprise canadienne qui soit en mesure de produire de l'éthanol à partir de déchets urbains solides.
[Français]
Enerkem est une compagnie québécoise en croissance qui emploie aujourd'hui 70 personnes. La compagnie a été fondée en 2000 et exploite présentement deux usines au Québec: une usine-pilote, depuis 2003, qui a permis de tester la technologie avec plus de 20 types de matière première, et une usine commerciale, à Westbury, tout près de Sherbrooke, qui utilise des poteaux d'électricité comme matière première.
[Traduction]
Enerkem commencera bientôt la construction de la première usine commerciale de transformation des déchets urbains en biocarburant au monde. Cette usine sera située à Edmonton, en Alberta. L'entreprise a conclu une entente avec la ville d'Edmonton pour la mise en oeuvre de ce projet. Elle a également lancé un projet semblable au Mississippi, grâce à une aide de 50 millions de dollars provenant du Département de l'énergie des États-Unis.
Outre le fait que nous répondons aux normes relatives au carburant renouvelable et que nous réduisons les émissions de gaz à effet de serre, nous contribuons également à la réduction de l'enfouissement des déchets et nous créons des possibilités intéressantes pour la transformation de l'industrie forestière en utilisant les résidus forestiers pour produire des carburants propres qui serviront au transport. Comme elles utilisent une grande variété de matières biologiques, les usines d'Enerkem peuvent être situées à la fois dans les zones rurales et urbaines.
Pour réussir à bâtir une solide industrie des biocarburants au Canada afin que le pays devienne le chef de file dans le développement des carburants de la prochaine génération, il est nécessaire de disposer des instruments de politiques publiques appropriés. Ces instruments doivent comprendre ce qui suit:
1) Une norme fédérale relative aux carburants renouvelables qui permette de créer un marché stable. Le gouvernement a déjà fixé un objectif de 5 p. 100 de carburant renouvelable dans l'essence d'ici à septembre 2010.
2) Un programme d'investissement pour favoriser la construction d'installations de production de biocarburants au pays. Le gouvernement a établi le Fonds de carburants ProGen, géré par Technologies du développement durable Canada.
3) Un programme d'incitatifs à l'intention des producteurs pour favoriser la production de carburants renouvelables au pays. Le gouvernement a mis en oeuvre le programme écoÉNERGIE pour les biocarburants, qui offre un incitatif de 10 ¢ le litre. Le programme écoÉNERGIE pour les biocarburants a grandement appuyé le secteur des biocarburants de première génération et a établi des bases solides pour l'industrie des biocarburants au Canada.
La première génération de biocarburants a ouvert la voie à la prochaine étape de croissance, qui impliquera la commercialisation des technologies de la prochaine génération actuellement mises au point au pays, comme celle qui a été créée par Enerkem.
[Français]
Ces technologies nous permettent de produire des carburants renouvelables à partir d'un large éventail de biomasse, des résidus forestiers et même des matières résiduelles domestiques. Elles nous permettent aussi de réduire encore davantage nos émissions de gaz à effet de serre.
[Traduction]
Selon les renseignements diffusés par Ressources naturelles Canada, le budget du programme écoÉNERGIE pour les biocarburants est actuellement de 473 millions de dollars; or, 68 nouvelles demandes ont été déposées, ce qui représente environ 2 milliards de dollars. Le gouvernement a donc la tâche ingrate de devoir décider quels programmes seront acceptés en fonction des critères préétablis. Cela illustre certes le succès du programme, mais également ses limites, puisque le gouvernement doit maintenant choisir qui seront les heureux élus.
À titre de producteur d'éthanol de la prochaine génération, Enerkem n'a pas encore bénéficié de ce programme, car les installations viennent tout juste d'être construites et mises en opération. Nous avons toutefois présenté une demande pour deux usines commerciales, soit celle de Westbury et la nouvelle qui sera située à Hamilton.
Nous croyons fermement que ce programme est essentiel à l'établissement d'une solide industrie des biocarburants au pays. Il contribue aussi à l'atteinte d'un certain niveau de parité avec les États-Unis, qui offrent également des incitatifs aux producteurs de biocarburant. Le programme y est toutefois plus généreux, puisqu'il fournit au total 20 ¢US le litre aux entreprises de production d'éthanol cellulosique, comparativement à 10 ¢ le litre au Canada.
En conclusion,
[Français]
j'aimerais dire que si le Canada désire profiter de la plateforme qu'il a créée avec les biocarburants de première génération et continuer de privilégier la création d'emplois verts ainsi que la relance économique avec le secteur de l'énergie verte, ce programme doit continuer.
[Traduction]
Les incitatifs aux producteurs offerts dans le cadre du programme écoÉNERGIE pour les biocarburants sont particulièrement importants si l'on souhaite poursuivre les efforts pour bâtir une industrie des biocarburants au pays qui soit concurrentielle et forte. Le programme écoÉNERGIE a permis la construction d'usines de production de biocarburants de première génération au pays, ce qui servira de base solide à l'établissement d'usines de production de biocarburants de la prochaine génération, comme les installations d'Enerkem. Le programme écoÉNERGIE est un programme important qui fera en sorte que les prochaines générations des technologies de production d'énergie non polluante, souvent appelées les « technologies propres », seront créées ici, au Canada, plutôt qu'à l'étranger.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer au sujet du programme écoÉNERGIE pour les biocarburants.
Merci.
:
Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir invité à présenter mon exposé aujourd'hui.
Au cours des 20 dernières années, REAP Canada a été le principal organisme au Canada qui s'est consacré au développement de l'écoÉNERGIE à partir de l'agriculture. Nous sommes très satisfaits que le gouvernement fédéral reconnaisse le besoin de soutenir les initiatives de bioénergie du secteur agricole. L'appui qu'apporte le gouvernement du Canada aux initiatives d'écoÉNERGIE peut contribuer à accroître la prospérité du pays de deux façons. D'une part, cet appui favorise une augmentation de la demande de produits agricoles, ce qui stimule le cours des produits de base du secteur agricole, et d'autre part, il permet au Canada de devenir un chef de file tant dans le développement de cultures qui tirent parti efficacement de l'énergie solaire que dans l'exploitation de technologies qui transforment les végétaux en formes d'énergie utiles pour les consommateurs.
Notre organisme appuie les concepts généraux des programmes actuels d'écoÉNERGIE, à savoir le soutien aux producteurs pour la préparation de leurs plans d'affaires, le soutien à la réduction des coûts des activités d'investissement et le soutien aux mesures incitatives pour la production de carburants. Cependant, avant de formuler des recommandations précises au comité, j'aimerais d'abord présenter l'historique de notre organisation et l'approche que nous avons adoptée en ce qui concerne la production d'énergie renouvelable à partir de l'agriculture.
En 1991, REAP Canada a fait un exposé devant le Comité permanent de l'agriculture de la Chambre des communes sur l'état de la crise à l'époque. Nous avons proposé que la meilleure solution pour mettre fin à la crise agricole était de reconnaître la capacité de production excédentaire du secteur agricole et l'obligation des pays de tirer profit de cette capacité de production excédentaire pour développer efficacement des énergies renouvelables respectueuses de l'environnement. Vingt ans plus tard, le Canada n'a réussi que partiellement à tirer profit de ce potentiel. Nous avons réussi avec brio à stimuler le cours des produits agricoles de base en utilisant des céréales et des plantes oléagineuses comme matières premières des biocarburants liquides destinés au secteur du transport. Cependant, la crise des matières premières qui a éclaté en 2008 nous fait réaliser que l'augmentation effrénée de la demande de culture vivrière attribuable à l'utilisation des biocarburants peut être néfaste.
Les Canadiens doivent maintenant admettre que l'augmentation rapide de la transformation des cultures vivrières en carburants renouvelables peut aussi entraîner des désavantages sociaux importants pour certaines personnes. Il ne fait aucun doute que la crise des produits de base survenue en 2008 a été causée en grande partie par l'augmentation rapide de l'utilisation des céréales secondaires. Rétrospectivement, la politique sur l'énergie renouvelable qui vise à produire des biocarburants liquides à partir de produits alimentaires de base a été un important pas en avant dans l'augmentation de la demande qu'a connu le secteur agricole du Canada. Toutefois, l'utilisation de produits alimentaires de base comme source d'énergie renouvelable peut causer un tort considérable au milliard de personnes sous-alimentées sur la Terre. Bien que le gouvernement du Canada ait toujours pour but de développer des cultures non vivrières comme source de biocarburants liquides, ce but est difficile à atteindre sur le plan technologique et financier, en dépit des efforts remarquables déployés par les entreprises canadiennes au cours des 35 dernières années.
Pendant les 20 dernières années, le gouvernement du Canada n'a pas été en mesure de reconnaître qu'il faut d'abord et surtout considérer la terre comme un moyen de capturer et d'emmagasiner l'énergie solaire en vue de produire une quantité appréciable d'énergie à partir de l'agriculture renouvelable. Cette énergie emmagasinée doit être récoltée et convertie efficacement dans une forme d'énergie utilisable, comme les combustibles solides, les biogaz et les biocarburants liquides.
Examinons maintenant brièvement l'état de la technologie des batteries solaires en milieu agricole. Pour ce qui est de la capture de l'énergie solaire, il est totalement inefficace d'utiliser uniquement la semence des plantes. Il faut plutôt accorder la priorité aux cultures énergétiques comme le panic raide parce que toutes les parties de la plante sont utilisées. Dans le chapitre d'un livre publié récemment en 2008 par REAP Canada sur le développement des cultures énergétiques pour des applications thermiques, on estime que le panic raide peut produire, en Ontario par exemple, 67 p. 100 plus d'énergie nette par hectare que le maïs-grain et peut produire au moins quatre fois plus d'énergie nette par hectare que le soja ou le canola.
Il est insensé de mettre en place des mesures incitatives généreuses visant à soutenir la recherche et à appuyer la production de cultures semencières comme source de carburants. Le Canada doit instaurer des politiques d'écoÉNERGIE qui favorisent le développement de cultures énergétiques utilisant les plantes entières et doit cesser progressivement la production de céréales et de plantes oléagineuses destinées à la fabrication de biocarburants. Les cultures semencières peuvent servir à fabriquer des bioproduits, mais il serait totalement inefficace de mettre en place une politique sur l'énergie renouvelable dans le but de développer ces cultures comme sources d'énergie pour l'approvisionnement des Canadiens.
L'administration Obama a reconnu fondamentalement ce besoin de nous tourner vers d'autres sources d'énergie que les céréales et les plantes oléagineuses en investissant massivement dans les cultures énergétiques grâce à son nouveau programme d'aide pour la culture de la biomasse. Ce programme prévoit des mesures incitatives pour les agriculteurs en permettant à ceux-ci de réduire les coûts liés à la croissance de nouvelles cultures énergétiques, et en fournissant aux usines de transformation de la bioénergie jusqu'à 45 $ par tonne pour l'utilisation de cette matière première.
J'aimerais souligner au comité que l'investissement dans les cultures énergétiques est la meilleure politique d'écoÉNERGIE à adopter si l'on souhaite tirer parti du secteur agricole du Canada pour produire de l'énergie renouvelable. Les cultures énergétiques sont les batteries solaires de l'agriculture. Elles fournissent aux petits et aux grands investisseurs la possibilité de bénéficier de matières premières relativement abondantes et abordables pour leur technologie de transformation d'énergie. Cette approche permet au gouvernement du Canada de ne plus avoir à choisir les chefs de file sur le plan de la technologie et stimule l'esprit d'entrepreneurship des entreprises canadiennes.
Notre organisme recommande que le nouveau programme d'écoÉNERGIE remette une somme de 100 $ par acre à titre de mesure incitative aux agriculteurs qui produisent des cultures énergétiques vivaces. Cela leur permettra de réduire le manque de liquidités qu'entraîne la production de cultures énergétiques et contribuera à atténuer leurs risques. De plus, nous recommandons que le Canada mette en place son propre programme d'aide pour la culture de la biomasse, qui fournirait aux usines de transformation de la bioénergie une somme de 40 $ par tonne à titre de mesure incitative pour l'utilisation de cultures énergétiques, ainsi qu'une somme de 20 $ par tonne à titre de mesure incitative pour l'utilisation durable de résidus de culture au cours d'une période de trois ans.
Les cultures bioénergétiques peuvent fournir au Canada un approvisionnement appréciable en énergie. REAP Canada a calculé que l'utilisation de 14 p. 100 des terres agricoles canadiennes pour les cultures bioénergétiques pourrait permettre de produire 55 millions de tonnes de biomasse, soit l'équivalent de 175 millions de barils de pétrole.
Examinons maintenant ce qu'il advient de l'énergie recueillie sur les terres agricoles après son traitement dans une usine de transformation de la bioénergie. Nous estimons que les biocarburants liquides conventionnels, comme l'éthanol de maïs et le soja, produisent 16 et 11 gigajoules respectivement par hectare de gains énergétiques nets. Par comparaison, les cultures qui utilisent les plantes entières comme l'ensilage de maïs transformé en gazon biologique ou le panic raide transformé en granulés peuvent produire de 120 à 140 gigajoules par hectare de gains énergétiques nets.
Cette information est tirée du même rapport auquel j'ai fait allusion plus tôt, plus précisément du chapitre du livre sur les cultures énergétiques servant à produire de la bioénergie.
Il est évident qu'il est possible de produire une quantité considérable d'énergie renouvelable grâce aux technologies de biotransformation qui utilisent les cultures de plantes entières comme le panic raide ou l'enlisage de maïs. Sur le plan de l'efficacité, la pire chose à faire serait de transformer des cultures semencières en biocarburants liquides. Il va de soi que le gouvernement du Canada doit mettre en place des politiques d'écoÉNERGIE qui favorisent l'utilisation de cultures de plantes entières dans la production de biocarburants ou de biogaz solides densifiés pour le chauffage, l'électricité et le transport. Il est temps que le gouvernement du Canada adopte de nouvelles politiques progressistes dans le but d'utiliser nos terres agricoles et nos champs pour tirer profit efficacement du soleil.
Merci beaucoup de votre attention ce matin.
:
Merci beaucoup. C'est un honneur de pouvoir m'adresser à vous, monsieur le président et chers membres du comité.
Je suis professeur en génie et en science et politique de l'environnement ici, à la University of California, à Davis, et je suis également directeur de l'Institute of Transportation Studies. J'étudie les carburants de remplacement depuis 30 ans. J'ai écrit plus de 200 articles et 12 livres sur le sujet, dont mon plus récent — c'est la seule publicité que je vais faire — Two Billion Cars, qui est paru l'an passé.
Toutes les formes d'approvisionnement énergétique présentent d'importants aspects négatifs. Elles posent toutes sortes de problèmes, y compris la biomasse. C'est pourquoi les stratégies d'efficacité énergétique devraient occuper une place prioritaire.
J'aimerais vous dire trois choses. Premièrement, même s'il y a beaucoup de ressources en biomasse, certaines sont clairement plus intéressantes et plus prometteuses que d'autres.
Produire du carburant à partir d'aliments et de produits alimentaires pose problème; c'est ce que l'on appelle la première génération. En général, ces carburants utilisent beaucoup d'eau, nécessitent un grand apport d'énergie, font grimper le prix des aliments et produisent beaucoup de gaz à effet de serre. Il y a certaines exceptions. Le plus prometteur est probablement la canne à sucre du Brésil, parce qu'ils ont trouvé un moyen d'utiliser presque tout le plant de canne à sucre. Ils la cultivent très efficacement; la production est très grande. Mais il semble que ce soit une des rares exceptions.
Les produits de deuxième génération semblent beaucoup plus prometteurs. Ce sont ceux dont vous entendez le plus parler, soit les matières cellulosiques et les matières végétales. Une grande variété de plantes et d'arbres peut être utilisée. Ces matières peuvent être produites en grande quantité, elles se cultivent sur des terres peu productives, elles nécessitent moins d'eau et d'énergie, et leur empreinte carbonique est moins importante.
Mais voici ce que je tiens réellement à souligner quand je parle des ressources d'origine alimentaire: celle qui semble de loin la plus prometteuse et qui, je crois, constituera la ressource alimentaire la plus importante, est le flux de déchets. Cela comprend les résidus de culture, les résidus forestiers et les déchets solides des municipalités. C'est là que nous devrions concentrer nos efforts. Je crois qu'à long terme, ça deviendra la principale ressource en biomasse pour la production d'énergie et de carburant.
Nous en arrivons au deuxième sujet, c'est-à-dire la meilleure façon d'utiliser la biomasse. C'est là qu'arrivent les incertitudes. Comme la personne avant moi l'a dit, la biomasse peut servir à produire de l'électricité. Par conséquent, elle peut être jumelée au charbon ou au combustible fossile. Elle peut aussi être convertie en biomatériaux ou utilisée dans les combustibles liquides et comme carburant dans les moteurs.
Ce que je veux dire ici, c'est que tant qu'on parle de transport, l'application la plus importante et la plus prometteuse des biocarburants sera probablement dans les avions et les véhicules voyageant sur de longues distances, comme les camions de gros tonnage, parce qu'il s'agit là des deux moyens de transport nécessitant le plus de matières énergétiques et pour lesquelles l'électricité et l'hydrogène ne sont pas vraiment efficaces.
Quand on pense à l'utilisation de la biomasse, on ne devrait pas perdre de vue ces deux secteurs où les biocombustibles sont les plus intéressants et où ils risquent d'être le plus utilisés.
En troisième lieu, on arrive aux politiques. Je connais mieux ce qui se fait aux États-Unis et en Europe. Aux États-Unis, comme vous le savez, nous avons une norme sur les carburants renouvelables, et qui impose aussi un quota à l'égard des gaz à effet de serre. Je crois très fermement que nous avons besoin d'une bien meilleure politique, une qui ne préconiserait aucun carburant en particulier et qui s'appuierait sur les forces du marché. Cette approche serait semblable à celle de la Californie, qui a adopté une norme de carburants à faible teneur en carbone. C'est aussi l'approche qu'a adoptée l'Union européenne, qui s'éloigne quelque peu des mandats pour s'orienter davantage vers une norme de performance.
La Californie s'est dotée d'une norme de performance de 10 p. 100. Cela signifie que les fournisseurs de carburant doivent réduire de 10 p. 100 le taux de carbone contenu dans leurs carburants d'ici 2020. En fait, on parle de quelques grammes d'équivalent CO2 par mégajoule. Dans le cas de la Californie, ou à n'importe quel autre endroit où cette norme pourrait s'appliquer, on se fondera sur la mesure de la durée de vie. Les sociétés pétrolières, qui sont les principaux fournisseurs de carburant, seraient les plus touchées par cette réglementation, mais plus important encore, elle couvrirait tous les carburants.
Le véritable danger, quand on parle de politiques, comme l'a dit un des intervenants, c'est que nous avons tendance à essayer de faire des gagnants. Mais dans les faits, nous ne savons pas, en tant que décideurs et universitaires, quelles seront les meilleures options. J'étudie les carburants de transport depuis 30 ans. Si vous me demandez quels seront les meilleurs carburants dans 20, 30 ou 40 ans, je vous répondrai que je ne connais pas la réponse. Je sais que certaines options sont plus prometteuses que d'autres.
Nous avons besoin d'une politique qui ne favorise aucun carburant en particulier, qui soit axée sur le rendement, qui fasse ressortir les forces du marché et qui favorise l'innovation. C'est ce que fait la norme de carburants à faible teneur en carbone. Il serait toujours possible de la modifier légèrement et de l'améliorer, mais je crois qu'essentiellement, il s'agit de la bonne approche.
La norme de carburants à faible teneur en carbone offre un cadre durable que nous n'aurons pas à changer après quelques années, ni à ajouter des subventions par-ci et des subventions par-là. Nous avons passé par un processus que j'appelle parfois le phénomène du « carburant du jour », où nous avons fait du coq à l'âne. Les décideurs, les législateurs, les journalistes et le public n'ont fait que passer d'une solution miracle à une autre. Ça ne marche pas. Nous continuons de faire les mauvais choix et il manque toujours de normes fondamentales en matière de performance.
Pour conclure, c'est ce que je recommande et ce que je propose. Je m'en remets à vous, si vous avez des questions.
Merci beaucoup de votre temps.