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Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité.
Bonjour à nos distingués invités et merci à vous d'être ici.
En vertu du paragraphe 108(2) du Règlement, nous procédons à l'étude sur l'état du réacteur NRU et l'approvisionnement en isotopes médicaux.
Les membres du comité n'auront pas à rencontrer le président. Il est sur la route, et je vais le remplacer. Je ne voulais pas dire que vous n'aurez pas à le rencontrer. En fait, il nous manquera énormément, et je vais certainement le lui dire lorsqu'il reviendra.
Nous aimerions souhaiter la bienvenue à M. Peter Goodhand, qui prendra la parole à titre personnel. Merci de votre présence.
Et nous avons, de Covidien, Stephen Littlejohn, vice-président des Communications, Division des pharmaceutiques.
Nous avons également avec nous Philippe Hébert, directeur des Ventes et du Marketing, Division des produits pharmaceutiques, chez Tyco Healthcare Canada.
Je reconnais certains d'entre vous qui ont déjà comparu devant notre comité, mais je vais tout de même vous donner des explications. Nous vous accordons entre huit et dix minutes pour faire un exposé. Nous entamerons ensuite un tour de questions et réponses de sept minutes. Nous essaierons de procéder rondement. Le deuxième tour, si cela est possible, dure habituellement cinq minutes.
Sans plus attendre, je cède la parole à M. Goodhand. Désirez-vous commencer?
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Bonjour, mon nom est Philippe Hébert, directeur Ventes et marketing, Division produits pharmaceutiques, chez Covidien Canada. Je remercie le comité de son invitation.
Covidien est une organisation du domaine de la santé présente sur toute la planète. La compagnie est une source d'approvisionnement en générateurs de technétium-99m répartis un peu partout dans le monde. Au Canada, l'organisation emploie environ 500 personnes dans tous les domaines du monde médical et des produits médicaux.
En Europe, dans la ville de Petten, nous avons une usine d'extraction du molybdène à partir des réacteurs situés en Europe. On exploite aussi un centre d'opérations, là-bas, pour la production de générateurs de technétium-99m. L'autre endroit qui approvisionne le Canada et l'Amérique du Nord est le centre de fabrication situé dans la région de Saint-Louis, au Missouri, dans la ville de Maryland Heights. C'est à partir de ce centre qu'on dessert tous les clients et la population du Canada.
Covidien est une organisation dont l'héritage provient d'une compagnie établie depuis plus de 160 ans en Amérique du Nord, qui s'appelle Mallinckrodt et dont le siège social était dans la région de Saint-Louis. Nous avons donc poursuivi ce mandat. En ce qui concerne notre organisation, au Canada, depuis les trois dernières années, nous avons fait des investissements importants afin de jouer un rôle beaucoup plus actif en ce qui a trait à l'approvisionnement et à la distribution d'isotopes médicaux sur le marché canadien.
Comme vous le savez probablement déjà, il y seulement deux fabricants de générateurs de technétium-99m en Amérique du Nord. Nous en sommes un. Depuis les trois dernières années, notre but a été d'offrir aux centres canadiens la possibilité d'un approvisionnement plus diversifié qui réduise le risque de bris de la chaîne d'approvisionnement qui, malheureusement, frappe le monde médical. Nous avons connu beaucoup plus de succès en devenant une source d'approvisionnement de rechange dans l'Ouest canadien ou dans les provinces de l'Atlantique. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, si vous vous informez auprès des centres de ces régions, vous allez remarquer un impact très limité depuis que le réacteur de Chalk River est en réparations. C'est grâce à notre capacité de fournir une source de rechange de technétium-99m et de molybdène.
J'aimerais vous expliquer brièvement la façon dont on fonctionne depuis le début des réparations du réacteur de Chalk River. L'organisation de Covidien, au plan mondial, s'est concentrée sur l'approvisionnement de ses clients. On a des clients qui sont sous contrat. Ce sont des contrats qui sont établis habituellement à long terme pour des périodes d'un an ou plus. Notre objectif est toujours d'assurer à nos clients le meilleur approvisionnement possible. Depuis le début des réparations du réacteur de Chalk River, on a aussi mis en place un processus pour informer le marché lorsqu'on a une production additionnelle. D'ailleurs, on a fait un effort particulier pour approvisionner le Canada avec une production additionnelle de générateurs de technétium-99m qui peuvent être offerts à des centres qui ne sont pas nos clients ici. Ces productions additionnelles varient d'une semaine à l'autre, mais il y a eu des semaines où on pouvait offrir environ 600 curies. Pour vous donner une idée de grandeur, 600 curies correspondent probablement à un peu plus du tiers des besoins du marché canadien. Certaines semaines, la disponibilité est beaucoup moindre; d'autres, elle est simplement suffisante pour satisfaire aux besoins de nos clients canadiens.
Depuis le début, on fait un effort très prononcé pour informer le marché de la disponibilité. On a publié un calendrier qui informe les centres canadiens deux à trois mois à l'avance en ce qui a trait au volume d'approvisionnement auquel on s'attend. Je vais m'arrêter ici et laisser la parole à mon collègue, M. Stephen Littlejohn. Merci.
Je me nomme Steve Littlejohn et je représente Covidien, une société mondiale de produits de soins de santé. Je suis vice-président du secteur des Produits pharmaceutiques de Covidien, dont le bureau d’affaire corporatif est situé à St.Louis, au Missouri. Je suis également coprésident de notre groupe de travail mondial qui aide à gérer la crise des isotopes médicaux à l'échelle du monde.
Plus de 35 millions de procédures de médecine nucléaire sont effectuées chaque année dans le monde entier; de ce nombre, deux millions environ sont menées au Canada à l'aide de la technologie de la tomographie d'émission monophotonique assistée par ordinateur (SPECT). Alors que beaucoup de personnes ne connaissent pas les isotopes médicaux, elles ou un membre de leur famille ont probablement profité de cette technologie.
Le technétium 99m dérivé du molybdène 99 est un isotope médical essentiel. Il est utilisé dans plus de 80 p. 100 de tous les diagnostics de médecine nucléaire par SPECT et de toutes les études fonctionnelles portant sur les organes et les systèmes anatomiques. Les renseignements découlant de ces études sont utilisés par beaucoup de médecins spécialistes (y compris des radiologues, des néphrologues, des oncologues et des cardiologues) pour améliorer le diagnostic et le traitement des patients.
Tout au long de la pénurie de molybdène 99, d'abord occasionnée par la fermeture imprévue et prolongée du réacteur NRU de Chalk River, en Ontario, à laquelle s'ajoute maintenant la fermeture prévue du réacteur à flux élevé (HFR) des Pays-Bas, nous avons poursuivi deux grands objectifs.
Notre priorité absolue est de maximiser l'accès des patients aux procédures diagnostiques critiques qui dépendent du technétium 99m de la manière la plus juste possible à l'échelle mondiale.
Deuxièmement, des communications transparentes et fréquentes sont essentielles à notre collaboration avec les spécialistes de la médecine nucléaire. Nous voulons aider ces spécialistes à faire des prévisions le plus efficacement possible afin d'offrir un accès maximal aux patients qui ont le plus besoin de cet isotope essentiel. Nous avons également mis sur pied une page Web spéciale offrant un accès plus facile aux renseignements actuels sur la situation, soit le www.covidien.com/mo99supply.
Nous croyons avoir réussi à atteindre ces deux objectifs. Cependant, il faudra déployer encore des efforts considérables au cours des prochains mois.
La société Covidien croit fermement qu'un approvisionnement diversifié de molybdène 99 et que des ententes d'approvisionnement de longue durée avec chacun des principaux réacteurs d'isotopes médicaux demeurent hautement bénéfiques, tout comme ils l'ont été lors de cette pénurie. La chaîne d'approvisionnement mondiale de molybdène 99 est très interdépendante et fragile. Il y a de nombreuses étapes entre le réacteur et le patient, dont chacune pourrait être une source de risques si les choses ne se déroulent pas comme prévu.
Je vais m'éloigner de mon exposé pendant un court instant pour vous donner des explications à ce sujet. Disons que nous commençons avec un réacteur. Nous parlerons du réacteur Maria en Pologne. Les gens là-bas effectueront le cycle d'irradiation, qui devrait prendre six ou sept jours. Ce réacteur est situé à environ 30 kilomètres à l'est de Varsovie. Une fois l'irradiation terminée, les cibles sont placées dans des contenants spéciaux — une cible a environ la taille d'une règle — et transportées en camion jusqu'à notre installation de Petten, aux Pays-Bas, ce qui représente un trajet à travers la Pologne et l'Allemagne de 22 heures. Le traitement des cibles peut prendre environ 16 heures. Le produit est ensuite placé dans un générateur de technétium à Petten, ou ailleurs en Europe ou en Afrique. Le molybdène est également transporté par air à notre installation de Maryland Heights. Il faut environ 12 heures pour lui faire traverser l'océan et l'amener à St. Louis. Un cycle de production s'enclenche alors qui dure six ou sept heures après quoi, le produit est envoyé par air, encore, aux malades.
Si vous calculez tout cela, depuis le moment où le produit quitte Varsovie jusqu'à ce qu'il arrive au patient au Canada, c'est une question d'heures. Vous pouvez les ajouter les unes aux autres, mais c'est très peu de temps. C'est très complexe. Tout doit aller rondement à chaque étape de tout le processus. Et, comme vous le savez et comme vous l'avez entendu dire nombre de fois, le produit ne peut être stocké. Le processus fonctionne en temps réel et en lot.
Évidemment, la fermeture simultanée de deux grands réacteurs constitue un exemple extrême d'une rupture dans la chaîne d'approvisionnement. Pour se préparer à cette éventualité, Covidien a pris des précautions supplémentaires.
Depuis le mois de mai dernier, Covidien a pris une panoplie de mesures visant à guider l'industrie quant aux enjeux d'approvisionnement affectant la disponibilité des isotopes médicaux. Certaines mesures ont été conçues dans le but d'avoir un impact immédiat. Comme je viens de le mentionner, le mois dernier, Covidien et l’Institute for Atomic Energy (IAE) POLATOM en Pologne ont annoncé la conclusion d'une entente qui fournira une ressource supplémentaire de cet isotope médical essentiel. L'entente ajoute le réacteur de recherche Maria de l'IAE POLATOM à la chaîne d'approvisionnement mondiale de molybdène 99. On prévoit que plus d'un million de patients additionnels pourront bénéficier de cet approvisionnement supplémentaire au cours des six premiers mois.
Si vous faites le calcul, si vous avez grosso modo 30 millions de procédures dans le monde qui utilisent le technétium et si vous multipliez le million ou les deux millions chaque année pour... À deux millions, vous vous approchez du 10 p. 100. Dans l'absolu, le chiffre n'est pas très élevé, mais si vous pensez aux millions de malades auxquels le produit vient en aide, et qui n'obtiendraient aucune aide autrement, et si vous pensez qu'il n'y aurait pas d'approvisionnement en isotopes autrement, la chose prend toute son importance. Je tiens à ajouter que la mesure que nous avons prise a permis d'amener, pour la première fois en plus d'une décennie, un nouveau réacteur dans la chaîne d'approvisionnement mondiale pour aider à répondre aux besoins en isotopes médicaux en cette période de grave pénurie.
Ce que je vais vous dire est vraiment important, je veux vraiment attirer votre attention sur cela. Nous travaillons étroitement avec Santé Canada et la Food and Drug Administration américaine, la FDA. Ces deux organismes ont collaboré ensemble de façon admirable et extraordinaire pour que l'approbation soit donnée. Toutefois, je veux préciser clairement qu'ils n'ont pas pris de raccourci indu, c'est plutôt ce que j'appelle une diligence rigoureuse — et j'insiste sur le mot rigoureuse.
Des deux côtés de la frontière, nous avions des gens des organismes de réglementation qui voulaient travailler pendant les fins de semaine, et traiter les documents eux-mêmes. C'était un effort extraordinaire déployé par les autorités de réglementation pour réaliser deux choses: mettre du molybdène dans la chaîne d'approvisionnement et dans les générateurs de technétium pour les malades et garder le processus sécuritaire. Vous devez penser aux deux volets de la chose lorsque vous y travaillez. Les autorités de réglementation ont donc fait un travail extraordinaire et nous leur en sommes très reconnaissants.
Cependant, comme je l'ai dit plus tôt, l'ajout du réacteur Maria ne comblera pas la production perdue de molybdène 99 à cause de la fermeture des réacteurs NRU ou HFR. En réalité, comme je l'ai dit, cet ajout ne peut répondre qu'à environ 10 p. 100 de la demande mondiale. Nous poursuivons donc notre travail pour maximiser les ententes d'approvisionnement en molybdène 99 auprès de toutes les sources viables.
Nous avons appuyé fortement l'ajout de cycles de production et une augmentation du nombre de cibles pour le réacteur belge BR2 pendant la fermeture du HFR, et nous continuons d'accroître la production d'isotopes de rechange potentiels: des isotopes médicaux appropriés sur le plan clinique, comme le thallium TI 201.
L'utilisation combinée du molybdène 99 provenant des réacteurs qui sont encore en marche — Maria, BR2, OSIRIS en France, et Safari en Afrique du Sud — améliore les perspectives pour les mois à venir. Nous estimons toutefois que nous ne serons pas toujours capables de répondre entièrement aux besoins de nos clients actuels, lorsque nous traverserons certaines périodes de pénurie plus graves de générateurs de technétium. Cette situation se présentera lorsque les réacteurs seront fermés pendant de courtes périodes pour des travaux d'entretien qui sont déjà prévus, comme cela sera le cas pour Maria.
Simplement pour vous faire mieux comprendre la situation, reportons-nous aux calendriers que nous rendons publics périodiquement... Nous en publierons un dès qu'il sera traduit en français pour le marché canadien, comme il se doit. Mais, simplement pour apporter votre attention sur la chose, le mois de mai sera tout particulièrement difficile. Il pourrait être difficile partout dans le monde. Toutefois, la situation sera meilleure, ou du moins pas aussi mauvaise, à certaines dates, grâce principalement au réacteur Maria. Les bonnes dates sont les 9, 10, 20, 21, 28 et 29 mai.
Nous souhaitons donc mettre à profit nos communications pour aider les médecins et les autres cliniciens à établir leurs calendriers correctement de façon à éviter les pénuries et peut-être à profiter des petits extra qui seront disponibles.
Nous ne nous occupons pas seulement de la situation à court terme, nous examinons également la situation à long terme. En janvier 2009, Covidien a noué un partenariat novateur avec le Babcock & Wilcox Technical Services Group, Inc. (B&W). Covidien et B&W collaborent au développement d'une technologie en matière de réacteurs fondée sur les solutions pour la production d'isotopes médicaux. Cette entente combine l'expertise de Covidien en production radiopharmaceutique et en approbations réglementaires mondiales et la technologie nucléaire à phase liquide brevetée de B&W qui a recours à l'uranium faiblement enrichi. L'échéance prévue actuellement pour la réalisation du projet est la dernière moitié de 2014.
Nous avons témoigné publiquement de notre appui pour les efforts du gouvernement néerlandais concernant le développement du nouveau réacteur Pallas aux Pays-Bas. En outre, les responsables du réacteur de recherche de la Missouri University (MURR) s'emploient également à faire du réacteur un fournisseur américain de molybdène 99 à l'aide de l'uranium faiblement enrichi, et Covidien évalue présentement si le MURR ne pourrait pas devenir un fournisseur facultatif.
Nous avons également appuyé l'American Medical Isotopes Production Act au Congrès américain. La loi favorise la production par les États-Unis de molybdène-99 pour les isotopes médicaux tout en mettant fin graduellement à l'exportation d'uranium hautement enrichi pour la production de ces isotopes.
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Il y a deux solutions possibles au sujet de ce dont nous parlons. Je pense qu'il y a d'abord la solution de la tomographie par émission de positrons, des cyclotrons, des accélérateurs et d'autres méthodes pour obtenir du molybdène-99. Comme je l'ai dit plus tôt, plusieurs de ces technologies ont montré qu'elles fonctionnent. Il reste à savoir si la production des quantités voulues du produit est économique et viable sur le plan commercial. Cela ne veut pas dire qu'elles doivent être évitées parce que je crois que, pour le bien des patients, vous devez examiner toutes les options possibles.
L'autre solution tient au fait qu'il faut reconnaître que le technétium-99 demeurera utilisé pendant encore un certain temps, et c'est le médecin qui pourra vous dire comment le milieu clinique perçoit l'équilibre entre l'approvisionnement, le coût et l'efficacité. Je m'en remets à eux pour cela. À cet égard, il s'agit d'assurer un approvisionnement diversifié des réacteurs, ensuite de comprendre que les réacteurs utilisent une installation de traitement. Il y a une distinction à faire. Pour ce qui est du premier lot de réacteurs, ceux-ci irradient les cibles, et vous avez ensuite une installation de traitement qui dissout les cibles et extrait les 6 p. 100 de molybdène-99 qu'elles contiennent. Il existe quelques installations de traitement. Nous en avons une; IRE, en Belgique en a une, MDS Nordion en a une, tout comme NTP en Afrique du Sud... Lorsque celui de ANSTO, en Australie entrera en service, il y en aura une autre là-bas. Il s'agit donc d'un élément essentiel.
Il y a donc une diversité de solutions. Il faut également comprendre que les réacteurs irradient par lots. Lorsque le NRU et le HFR ont été mis hors service, ils traitaient des lots de bout en bout, et fonctionnaient de 200 à 250 jours par année.
Le problème auquel nous faisons face actuellement tient à ce que les autres réacteurs ne fonctionnent pas aussi souvent, et nous devons donc essayer de nous adapter aux calendriers des réacteurs pour obtenir une partie de ce dont nous avons besoin, et, à certains moments, un peu plus. Voilà pourquoi, si vous examinez la situation de semaine en semaine, c'est un peu en dents de scie. Tout dépend des réacteurs qui sont en fonction.
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Je voudrais faire écho à ces commentaires. Il y a assurément deux niveaux de diversité.
Nous avons également parlé — et je crois que vous l'avez mentionné — des questions d'interchangeabilité. Une part du problème tient aujourd'hui à ce que la cible qui est irradiée ressemble à une règle, mais ailleurs, elle ressemble plutôt à un crayon. Vous ne pouvez pas faire passer la règle dans la fente, c'est donc une question d'interchangeabilité des cibles. Si elles étaient toutes semblables ou flexibles, les cibles irradiées dans différents réacteurs pourraient être traitées à différents endroits. Si elles sont uniques pour cette pièce de la technologie du modèle du réacteur, elles ne sont pas interchangeables.
Il y a un deuxième niveau de diversité, si on examine des choses comme les cyclotrons.
Il est possible de procéder à une redondance dans une installation. S'ils jugent qu'ils en sont à un point critique, les responsables peuvent mettre en marche une deuxième chaîne de traitement.
Il y a donc possibilité de doubler le processus de traitement dans cette chaîne simple et il y a interchangeabilité entre les chaînes. Cette possibilité sera particulièrement importante en Amérique du Nord. En raison des temps d'expédition, il est préférable d'avoir une solution régionale là où il peut y avoir un degré élevé d'interchangeabilité, et la capacité de passer à des réacteurs en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et en Asie; mais il faut certainement avoir une capacité à l'intérieur d'une région géographique.
Dans la réflexion sur les solutions à long terme, il sera extrêmement important que les États-Unis et le Canada collaborent, qu'ils ne se contentent pas seulement d'ententes d'approvisionnement mais qu'ils travaillent ensemble à la conception de la technologie et à sa complémentarité.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais vous présenter M. Bill Pilkington, qui est agent principal du nucléaire à EACL.
[Traduction]
Mon collègue Pilkington et moi sommes ravis d'avoir l'occasion de comparaître devant vous.
[Français]
Nous serons aussi très heureux de vous accueillir à notre installation de Chalk River le 13 avril prochain.
[Traduction]
C'est avec plaisir que nous vous y accueillerons.
J'aimerais m'adresser aux membres du comité pour faire le point sur notre priorité la plus urgente à EACL: la réparation et la remise en service en toute sécurité du NRU. Bill donnera plus de renseignements techniques sur la prochaine phase des séquences de réparation.
Comme vous le savez, des opérations de réparation intenses continuent jour et nuit, occupant plus de 300 employés hautement qualifiés d'EACL et partenaires de l'industrie.
[Français]
Nous sommes 300 personnes à effectuer les réparations, et ce, à toute heure de la journée.
[Traduction]
Aujourd'hui, les réparations de soudure effectuées dans le cadre de la mise à l'arrêt sont achevées à 60 p. 100.
Le processus a été très laborieux. Nos progrès ont été entravés par la nécessité de surmonter des problèmes techniques, d'inspecter, d'analyser et de comprendre le comportement des métaux irradiés et de mesurer le stress sur la structure de la cuve. Ce que nous faisons est du jamais vu dans l'histoire de l'industrie nucléaire. Il s'agit probablement de l'opération de soudage la plus complexe, précise et sophistiquée jamais entreprise dans un environnement radioactif.
Les défis ont été intimidants. Mais, soudure après soudure, nous atteignons notre objectif: la réparation du NRU et son redémarrage en toute sécurité. Nous avons effectué avec succès huit des dix réparations de sites de soudage, ce qui représente plus de la moitié des travaux de réparation. Quand vous visiterez Chalk River, vous verrez la nature des défis et les solutions que nous avons conçues pour y faire face.
Nous avons inventé et nous utilisons de nombreux outils novateurs contrôlés à distance. Ces outils complexes, équipés de systèmes de vision, doivent être assez compacts pour pouvoir passer par une toute petite ouverture qui se trouve au-dessus du réacteur. Ils sont ensuite descendus neuf mètres plus bas dans la large cuve de réacteur, où ils sont déployés et s'alignent sur la paroi de la cuve. Des opérateurs contrôlent le soudage sur des écrans de télévision et au moyen de manettes — trois étages au-dessus du site réparé.
Grâce à l'excellent travail d'équipe de nos employés et fournisseurs et aux excellents conseils des plus éminentes autorités techniques et de soudage au monde, nous y arrivons.
Nous nous attaquons maintenant aux deux dernières zones de corrosion — les plus difficiles. La taille relativement importante des deux derniers sites de réparation en fait de loin les plus difficiles et complexes. Pour chacune de ces réparations, il faut exécuter quatre phases distinctes de travail dans un ordre précis; cela prolonge les travaux, mais c'est absolument nécessaire.
À la lumière de cette complexité et de l'expérience accumulée au cours des réparations réalisées jusqu'à présent, il est devenu évident pour nous que le calendrier devait être révisé.
Conseillée par des experts de l'industrie en technologie du soudage et en mise à l'arrêt, EACL a mené un examen du calendrier des travaux. Il en résulte que nous estimons maintenant que le NRU reprendra sa production d'isotopes à la fin du mois de juillet. Le nouveau calendrier comprend une marge prudente pour les imprévus, ce qui tient compte de la difficulté inhérente des réparations finales.
Les réparations au premier site parmi les zones restantes devraient être terminées aujourd'hui. Pour ce qui est du dernier site de réparation, la première des quatre phases progressives, soit la préparation de la soudure, est en cours. Nous continuerons de faire régulièrement le bilan des progrès accomplis selon le calendrier révisé.
Monsieur le président, c'est tous les jours que nous tous, à EACL, ressentons la pression de terminer ces réparations le plus vite possible, pour que les isotopes médicaux du NRU puissent servir à aider les patients dans le monde entier. Cela dit, il faut absolument que ces réparations très délicates soient faites convenablement. Il n'y a aucune marge d'erreur. Nous n'avons qu'une seule chance de préparer et d'exécuter la stratégie correcte de réparation de chaque site de réparation unique à l'intérieur du réacteur. Faute de quoi, nous risquons d'endommager la paroi de la cuve, ce qui prolongerait les réparations.
Bill discutera plus en détail des travaux de réparation dans un moment. Il expliquera aussi les raisons pour lesquelles nous avons dû réviser la date prévue de la remise en service. Cette prolongation du calendrier des réparations est en effet bien regrettable. Nous sommes extrêmement conscients de ses implications sur l'approvisionnement en isotopes pour les patients.
Je le répète: EACL s'efforce de remettre le NRU en service le plus rapidement possible et en toute sécurité. Nous faisons appel à des ressources supplémentaires pour le projet, notamment d'autres spécialistes du soudage de l'aluminium et divers experts techniques.
Monsieur le président, je cède maintenant la parole à Bill Pilkington qui poursuivra notre mot d'ouverture.
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Merci, monsieur le président.
Comme Hugh MacDiarmid vient de le dire, la réparation et la remise en service du NRU avancent progressivement dans les sites de réparation qui restent. Nous aimerions maintenant profiter de l'occasion pour vous fournir des détails supplémentaires sur les réparations et souligner comment notre équipe de remise en service gère avec succès le processus de réparation.
La dernière série des réparations est la plus difficile. Les zones de réparation sont les plus grandes, ce qui accroît la difficulté de réaliser une réparation durable tout en devant gérer les contraintes imposées à la cuve. Chacun des sites de réparation exige une stratégie unique dans la conception des réparations. L'équipe de réparation utilise maintenant une combinaison de plaques soudées, des soudures horizontales et verticales sur la structure afin de rattacher des plaques ainsi que le renforcement par soudure verticale et horizontale.
Nous avons maintenant terminé la conception des réparations pour les sites restants. Grâce à cette information et à l'expérience acquise dans la dernière séquence des réparations, nous avons révisé notre calendrier d'interruption du service, d'où la prolongation annoncée récemment.
Pour confirmer notre plan révisé, nous avons mis sur pied un groupe consultatif d'experts au début du mois pour tenir un atelier dans le cadre duquel on examinera notre stratégie de réparation. Le groupe comprend des experts canadiens et internationaux qui se spécialisent dans les solutions de soudure spécialisées, la technologie de réacteur et la gestion des pannes. Le groupe d'experts a confirmé qu'EACL utilise les bonnes techniques de réparation, que le NRU est bel et bien réparable et que notre calendrier révisé est réaliste. Le groupe d'experts est également d'accord pour dire qu'EACL trouve le juste milieu entre des priorités concurrentielles, à savoir une réparation durable, la réduction au minimum du risque de dommages à la cuve du réacteur et la réduction au minimum de la durée de l'arrêt.
Le processus de réparation de la dernière et la plus grande zone comporte quatre phases devant être réalisées selon un enchaînement précis. Ces phases sont les suivantes: les travaux préparatoires de soudage, la qualification et la fiabilité des soudeurs, les essais d'intégration et, enfin, la réparation de la cuve.
Les travaux préparatoires de soudage constituent la phase la plus longue et la plus complexe en matière de planification et d'échéance, puisqu'un certain nombre d'essais de soudage et d'analyses d'ingénierie doivent être réalisés avant d'en arriver à déterminer la meilleure solution. Pour ce qui est de la dernière zone, le processus a été amorcé en janvier et, jusqu'à présent, les progrès sont constants.
Ensuite, il faut programmer les machines de soudage, élaborer des procédures de soudage particulières et demander à des soudeurs qualifiés de les compléter. La séquence des réparations doit être raffinée pour permettre aux soudeurs de maîtriser les techniques de façon à produire sans cesse des soudures de qualité. C'est la phase de la qualification et de la fiabilité.
Après avoir terminé cette phase, nous procédons aux essais d'intégration. Il s'agit d'une simulation complète de la réparation, du début à la fin. On utilise une gamme d'outils à distance pour préparer la cuve au soudage et terminer les réparations dans la maquette pleine hauteur pour confirmer que les équipes maîtrisent l'exécution de chacune des procédures pour obtenir le résultat requis. La raison pour laquelle nous consacrons tellement de temps à la phase de simulation, c'est parce qu'une fois dans la cuve, nous devons réussir du premier coup.
Enfin, lorsque toutes ces phases sont menées à bien, l'équipe de réparation est prête à descendre dans la cuve du réacteur. La préparation est laborieuse et longue, mais les résultats sont éloquents. À ce jour, chaque zone de réparation a subi tous les examens non destructifs requis. Pour réduire au minimum le délai requis dans le chemin critique de la mise à l'arrêt, nous continuons de travailler jour et nuit, sans aucune interruption. Remettre le NRU en service de façon sûre et fiable pour appuyer la production d'isotopes médicaux demeure le point focal de l'équipe de remise en service et l'objectif principal d'EACL.
Merci, monsieur le président.
Si vous me le permettez, j'aimerais vous montrer quelques échantillons des soudures de réparation. Je crois qu'ils vous aideront à comprendre la complexité de ce travail.
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Avec un peu de difficulté.
Cette soudure a été réalisée dans une maquette, à partir d'une ouverture de 12 centimètres à environ 30 pieds de la plaque réelle. Cet échantillon est composé d'un matériel d'éthyle qui représente l'épaisseur et la courbature de la cuve. On l'a fabriqué le 15 novembre, à la mi-novembre. C'était un soudage d'essai.
Nous sommes descendus dans la cuve et avons fait la première réparation le 12 décembre. En décembre, nous avons terminé, en tout, cinq zones de réparation, et le tout s'est très bien déroulé.
Nous pensions poursuivre l'apprentissage, accroître notre efficacité et faire ces réparations à mesure que nous nous dirigions vers les zones plus difficiles. Mais ce n'est pas ce qui s'est produit.
Je ne sais pas si vous pouvez voir l'endos de la plaque, mais nous avons fabriqué ces échantillons pour reproduire la corrosion dans la cuve. Toutes nos inspections nous ont permis de produire un modèle très précis de la corrosion dans la cuve; ces plaques ont donc été usinées pour reproduire la corrosion avec précision. Vous pouvez voir cette zone.
Cette réparation a nécessité un changement de technique à cause des contraintes imposées à la cuve, et c'est ce qui prend le temps supplémentaire. Dans ce cas particulier, nous avons dû ajouter des plaques sur la structure. En passant, ce n'est pas encore terminé; ceci est un échantillon. Ces plaques sont en fait structurales, c'est-à-dire qu'elles sont soudées avec des soudures d'angle autour de la plaque avant de procéder au renforcement par soudure. Je souligne qu'il s'agit de matériaux de qualité nucléaire. Les soudures et les procédures de soudage utilisent des matériaux de qualité nucléaire, selon des normes nucléaires.
Une fois les plaques installées dans la zone de réparation — et en passant, c'est la zone qu'on répare au moment même où l'on se parle; on est en train de faire cette réparation aujourd'hui — dans la dernière zone à réparer, nous avons les plaques, puis nous appliquons un renforcement par soudure au bas, au haut et aux deux côtés pour terminer le processus de réparation. Vous pouvez probablement voir, même à distance, qu'il y a une quantité importante de déformation dans la plaque d'échantillon. C'est pourquoi nous avons dû opter pour ce type de réparation afin de réduire les contraintes imposées à la cuve. C'est ce qui a pris beaucoup de temps. Sur cette plaque, on observe plusieurs défectuosités. C'était la plaque numéro 9. En fait, nous avons produit 30 échantillons de ce genre pour se préparer à descendre dans la cuve et terminer le soudage que nous faisons aujourd'hui.
Enfin, pour ce qui est de la dernière zone, si vous regardez la corrosion ici, elle s'étend d'un bout à l'autre. Il s'agit de la plus grande zone. La corrosion est profonde: la paroi de la cuve est de moins d'un millimètre. C'est une zone assez grande. Pour cette réparation — et ce n'est pas terminé —, nous avons terminé la conception; il faudra neuf plaques structurales plus épaisses. Ensuite, nous aurons à développer des procédures de soudage particulières — parce que ces plaques sont espacées différemment de celles dans le dernier échantillon — pour créer des soudures structurales autour des plaques. Puis, de la même manière, nous ferons un renforcement au bas, au haut et d'un côté à l'autre pour couvrir la zone de corrosion.
Il s'agit d'un travail futur et, encore une fois, tout cela répond aux normes nucléaires. Les réparations sont faites par des organismes autorisés qui ont l'homologation nécessaire pour faire ce type de réparations, et tous les matériaux sont des matériaux nucléaires. Les travaux seront inspectés pour répondre à toutes les exigences de la cuve et seront approuvés par l'organisme de réglementation, une fois que c'est fait. C'est ainsi que nous pourrons en arriver à une réparation durable.
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Merci, monsieur le président.
Dans ce cas particulier, il s'agit peut-être du temple de la renommée pour la soudure.
Je tiens à vous remercier, tous les deux, d'être venus aujourd'hui. En fait, je tiens à vous remercier de nous avoir fourni, de loin, la meilleure explication et la meilleure démonstration que nous ayons eues jusqu'à maintenant sur la complexité du processus. Jusqu'à présent, nous en avions une vague idée: par exemple, l'exigence de descendre trois mètres plus bas, etc. Et comme c'est un environnement très complexe et radioactif, on ne peut pas s'y rendre et se mettre à souder sans planification. Je crois qu'aujourd'hui, vous nous avez montré très clairement la complexité du processus.
Même si j'aimerais bien poser plus de questions sur la soudure et tout le reste, je ne vais pas le faire parce que ce n'est pas l'objet de la réunion d'aujourd'hui.
Hier soir, à une séance d'information, les fonctionnaires du ministère des Finances ont apparemment expliqué que la loi budgétaire accorde au Cabinet le pouvoir de vendre EACL sans passer sous le coup de la Loi sur Investissement Canada. Autrement dit, il n'y aura aucune restriction sur la propriété étrangère et le critère de la sécurité nationale. Est-ce ainsi que vous le comprenez, monsieur MacDiarmid?
En réponse à vos commentaires, autant que je sache, le chiffre de huit milliards de dollars d'aide financière gouvernementale versée à EACL que vous avancez est exact. Une très grande partie de ce montant a servi à financer le laboratoire qui est, par définition, un organisme précommercial. Il n'a pas été mis sur pied pour faire des profits. Son but est d'appuyer la recherche précommerciale du secteur nucléaire. En fait, on pourrait qualifier de modeste le soutien financier au Canada en comparaison avec d'autres pays nucléarisés. En l'occurrence, ce chiffre ne me surprend pas.
Si nous regardons l'incidence de l'industrie nucléaire sur l'économie canadienne au cours de cette période, les avantages économiques s'élèvent à plusieurs fois le montant de l'investissement, grâce à la production fiable, sécuritaire et à faible coût d'électricité au Canada, et aux réacteurs que nous avons vendus à l'étranger.
Les 300 millions de dollars d'aide financière de cette année serviront à appuyer un certain nombre d'activités, dont quelques-unes sont liées à la réparation du réacteur NRU et aux préparatifs pour présenter une nouvelle demande de permis ou la prolongation du permis du réacteur NRU. La majeure partie des fonds sont réservés aux besoins financiers imprévus associés au parachèvement des projets visant à prolonger la durée de vie utile des centrales de Bruce Power et de Point Lepreau. Je pense que nous avons déjà parlé des autres besoins que nous avons en vertu de nos contrats: nous devons terminer ces projets en toute sécurité et nous assurer de la qualité des travaux et nous devons répondre aux attentes de nos clients concernant ces projets de prolongement de la durée de vie utile des centrales.
Je crois que l'avenir des laboratoires de Chalk River sera prometteur, si nous pouvons aller de l'avant avec les plans qui sont établis en ce moment et que le laboratoire est en mesure de poursuivre sa mission, à savoir appuyer l'industrie nucléaire canadienne dans les domaines de la recherche, du développement et de l'innovation. Cela est d'une importance cruciale pour l'avenir de la marque CANDU dans le monde entier.
En ce qui concerne votre question portant spécifiquement sur le bureau de Montréal, ce bureau sera très très occupé pendant un certain temps à appuyer Hydro-Québec pour le projet de prolongement de la durée de vie utile du réacteur Gentilly-2. Les travaux sur le site débuteront sous peu.
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Ils ne le sont pas, ce qui veut dire qu'en dollars indexés, on parle d'un investissement de 19 milliards de dollars depuis le début des années 1950. L'idée voulant que le gouvernement inscrive la vente d'un tel actif au budget, mis à part de toute considération du bénéfice net que cela rapporte au Canada, devrait choquer quiconque a versé ne serait-ce qu'un dollar à EACL au cours des quelque 60 dernières années.
Plus tôt, M. Regan s'est enquis des différents rapports d'étape des réparations. Je vais faire un petit retour en arrière, et toutes les citations proviennent directement de vos rapports d'étape. Je n'ai donc rien ajouté. En mai 2009, on parlait d'une échéance d'un mois, ce qui nous amène au mois de juin 2009. Le rapport d'étape numéro six parlait d'au moins trois mois, ce qui reportait le tout à septembre. Puis, un mois plus tard, en juillet: « il ne fait désormais aucun doute que le réacteur NRU ne sera pas remis en service avant la fin de 2009 ». Il s'agit d'un autre ajustement; cela nous amène peut-être au mois de novembre ou décembre. Deux mois plus tard, en août, vous dites: « le réacteur NRU sera remis en service au cours du premier trimestre de 2010 », ce qui est un autre ajustement.
Puis, le rapport numéro 34 de décembre, plusieurs mois après cela, dit que le tout est reporté à la toute fin du présent trimestre, ce qui signifie la fin mars; début janvier, nous avons entendu dire que cela pourrait se prolonger jusqu'en avril, et deux semaines après, le rapport numéro 40 confirme que le redémarrage du NRU aura lieu en avril.
Ensuite, en février, soit un mois plus tard, nous apprenons que ce sera à la fin avril; en mars, que ce sera au cours de la seconde moitié du mois de mai. Le 17 mars, une semaine plus tard, vous dites que EACL est en train de revoir ses prévisions, ce qui veut dire que seulement une semaine s'est écoulée entre le moment où vous avez annoncé au public que ce serait sans aucun doute en mai et le moment où vous avez dit d'attendre parce que vous revoyiez vos prévisions. Puis, le plus récent rapport d'étape, le rapport numéro 48 publié le 25 mars, indique que « le réacteur NRU devrait recommencer à produire des isotopes vers la fin du mois de juillet ».
Le projet dépasse le budget de 700 p. 100. Je ne vois pas comment il est possible que cela n'ait aucune incidence sur la réputation de votre organisme, en ce qui concerne sa capacité de faire des prévisions fiables sur sa propre viabilité. Aujourd'hui, vous nous avez informés que les travaux sont terminés à 60 p. 100. Cependant, les travaux les plus complexes restent à faire.
Je suis profondément préoccupé. Aucun de vous ne travaille dans le domaine de la santé, tout comme la plupart d'entre nous, mais nous sommes conscients de ce que représente, pour les Canadiens, le fait de ne pas pouvoir compter sur une source fiable d'isotopes permettant d'avoir accès à des diagnostics fiables et sûrs.
Je dirais que le bilan que je viens de lire n'est pas de quoi être fier. Cela dépasse le budget de 700 p. 100. Il y a eu des retards continuels, et des retards additionnels ont été annoncés. Les Canadiens en ressentent les effets et sont préoccupés quand, comme ils l'ont vu la semaine dernière, des opérations et des traitements sont annulés. Je ne sais pas si cela fait autre chose que de nuire à la réputation de cet organisme.
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps avec M. Anderson.
Par votre intermédiaire, j'aimerais remercier les témoins d'être venus aujourd'hui et d'avoir présenté des rapports d'étape aux intervenants des collectivités environnantes. Les gens de Chalk River, Deep River, Pembroke, et Petawawa ont le sentiment que le NRU et le travail d'EACL font partie de leur collectivité. Ils se sentent un peu responsables, non seulement à cause des travailleurs, mais aussi parce que des membres de nos familles ont besoin du dépistage du cancer. C'est là-dessus que j'aimerais me concentrer: les gens et non les coûts ou la politique de la chose. Voilà pourquoi il s'agit d'une question si urgente. Même les personnes atteintes de cancer qui ne subissent pas les contrecoups du manque d'isotopes sont inquiètes, parce que c'est une question complexe, et cela leur occasionne de l'anxiété supplémentaire, même si le NRU a produit des traitements au cobalt qui sont livrés aux patients en temps opportun.
Vous nous avez parlé des réparations et nous avez démontré à quel point elles sont complexes, et qu'il y a peu de marge d'erreur et que beaucoup d'exercices de soudage sont faits avant que ne soit entreprise la soudure de la cuve elle-même.
Pouvez-vous nous parler du genre d'erreurs que vous tentez d'éviter, des conséquences des différents types d'erreurs et des bienfaits — s'il y a lieu — du fait d'être à proximité du réacteur NRX? La situation présente — l'apprentissage, les réparations, les retards — est-elle utile pour les autres réacteurs qui passent par les mêmes étapes? Parce qu'ils aident les patients, y compris les patients canadiens.
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Oui, voyons si j'ai saisi l'ensemble de la question. Premièrement, vous m'avez demandé de vous parler du genre d'erreurs que nous voulons éviter. En ce qui concerne les réparations, deux choses nous préoccupent. La première est que, si nous effectuons une réparation qui occasionne une trop grande contrainte sur les parois de la cuve, nous risquons de déplacer le sceau mécanique qui se trouve à environ six pouces au-dessous de la zone en réparation et il serait par la suite très difficile de le remettre en place sur un réacteur de cet âge. Donc, nous avons travaillé avec acharnement à développer des modèles d'analyse des contraintes pour la cuve et de simuler différents scénarios de réparations pour trouver les méthodes qui occasionnent le moins de contraintes possible sur ce sceau. Voilà donc un des défis.
Le deuxième défi est le suivant: si une erreur est commise lors du soudage de la cuve et que la paroi est endommagée, nous devrons nous retirer, et la zone touchée devient essentiellement une nouvelle zone de réparation. Nous devrions alors travailler à la conception de la réparation de la zone endommagée. Nous devrions franchir toutes les étapes: mise au point, qualification, intégration et essais, ce qui pourrait facilement rallonger le processus de plusieurs mois. Il est donc primordial que nous réussissions les réparations du premier coup. Dire que nous en avons complété huit sur dix jusqu'à maintenant, et que nous faisons la neuvième aujourd'hui... Tout va bien. Nous croyons que nous sommes bien préparés.
Concernant la proximité du NRX, oui, nous l'avons utilisé. Il est géométriquement assez semblable au NRU, en matière d'aménagement, ce qui nous a permis très tôt d'y construire une maquette et de commencer les essais. Cela se trouve dans un environnement où, dans cette partie du NRX, il n'y a pas de champ de rayonnement. Les travailleurs peuvent ainsi travailler à la bonne hauteur, dans un environnement similaire, mais dépourvu de radiations. Cela a donc été d'un grand secours.
Enfin, pour ce qui est des bienfaits, nous avons conçu beaucoup de nouveaux outils pour ce travail. Un des plus grands défis a été, en fait, d'être en mesure de concevoir, de fabriquer et de mettre en service tous les outils nécessaires à la réparation. Bien qu'elles pourraient ne pas être utilisables — sans modifications — pour les autres réacteurs, les techniques de réparation à distance que nous avons mises au point sont généralement applicables à de nombreuses situations. Cela nous sera donc très utile lorsque d'autres entreprises ou d'autres réacteurs feront appel à EACL pour les aider à effectuer des inspections ou des réparations. La conception des outils et les systèmes de visionnement qui ont été créés pour ce projet vont être très profitables.