:
Merci, monsieur le président.
L'Office national de l'énergie, ou ONE, est l'organisme fédéral chargé de réglementer le forage et la production de pétrole et de gaz en mer au Canada. En parallèle, les zones extracôtières de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador sont administrées par des offices fédéraux-provinciaux des hydrocarbures extracôtiers. L'ONE maintient des liens de travail étroits avec ces deux offices et d'autres organismes de réglementation au Canada et ailleurs dans le monde. Nous tirons des leçons de chaque accident qui survient, où que ce soit. Il s'agit d'une procédure normale pour tous les organismes dont le mandat vise la sécurité.
Nous collaborons depuis 20 ans avec les agences chargées des revendications territoriales, le Conseil Inuvialuit de gestion du gibier, par exemple, et les collectivités éventuellement touchées par les forages dans le delta du Mackenzie et la mer de Beaufort.
La dernière autorisation de forage extracôtier accordée par l'office visait le puits Devon Paktoa C-60, un puits d'exploration pour du pétrole foré à une profondeur de 11 mètres environ entre décembre 2005 et mars 2006. Le puits d'exploration précédent foré dans cette région fut l'Imperial Isserk I-15, en 1989. Il s'agissait également d'un puits de pétrole en eaux peu profondes, soit à peine une dizaine de mètres.
Le prochain forage en mer de Beaufort, si l'Office donne son autorisation, ne pourra avoir lieu avant 2014, et il se fera à quelque 700 mètres de profondeur. Par comparaison, le puits BP Macondo MC252, qui fait l'objet de l'intervention d'urgence dans le golfe du Mexique, atteint 1 500 mètres.
Il ne se déroule actuellement aucune activité d'exploration ou de production extracôtière du ressort de l'office et autorisée ou approuvée par lui.
[Français]
Nous sommes ici aujourd'hui en raison d'un accident très grave qui s'est produit dans le golfe du Mexique. L'office observe la situation avec beaucoup d'attention. Pour le moment, l'important est d'interrompre la fuite et de protéger l'environnement. Une fois ces objectifs atteints, il sera possible d'expliquer ce qui s'est produit, de connaître les causes de l'accident et d'en tirer des leçons. Le mardi 11 mai, à la lumière du déversement survenu dans le golfe du Mexique, l'office a annoncé qu'il entreprenait une revue des exigences en matière de sécurité et d'environnement pour les forages extracôtiers dans l'Arctique. Les détails de ce processus de revue public et consultatif seront annoncés en temps opportun.
[Traduction]
L'ONE administre la Loi sur les opérations pétrolières au Canada, ou LOPC, certaines dispositions de la Loi fédérale sur les hydrocarbures et le Règlement sur le forage et la production de pétrole et de gaz au Canada. Le libellé de ces dispositions législatives est très ferme. L'Office national de l'énergie, avant d'accorder une autorisation pour un projet du secteur des hydrocarbures, doit veiller à ce que les activités qui en découlent s'exercent de manière sécuritaire, ne nuisent pas à l'environnement et préconisent l'économie des ressources pétrolières et gazières. Avant d'approuver un projet, l'ONE doit être convaincu que le programme de forage de l'exploitant intègre des plans de sécurité, d'intervention en cas d'urgence et de protection environnementale qui répondent aux normes les plus rigoureuses de l'Office.
L'ONE compte sur une équipe de spécialistes compétents et expérimentés pour respecter ces dispositions législatives à la lettre, soit 85 spécialistes de la sécurité, de l'ingénierie, de l'environnement, des géosciences, des aspects socioéconomiques et des terres. Le personnel de l'ONE passe en revue chaque demande soumise à l'Office pour s'assurer que la sécurité des travailleurs et du grand public sera assurée et que l'environnement sera protégé.
[Français]
En plus de veiller à ce que les demandes soient conformes aux exigences de la loi et de ses règlements d'application, le personnel de l'office mène des évaluations environnementales rigoureuses pour s'assurer que les projets qui sont du ressort de l'office respectent la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Aucune autorisation de forage ou de production n'est donnée tant qu'une évaluation environnementale globale n'est pas réalisée. Tout projet approuvé par l'office est assujetti à un certain nombre de conditions dans des domaines comme la sécurité, l'environnement et les interventions en cas d'urgence. Pour s'assurer que les exploitants remplissent ces conditions, le personnel de l'office se rend sur le terrain afin d'effectuer des inspections et de vérifier les plans de gestion des entreprises.
[Traduction]
Dans le cas des projets extracôtiers, l'exploitant doit obtenir un certificat de compétence d'une autorité indépendante visant à assurer le caractère approprié du navire et du matériel de forage, leur bon état et leur capacité à s'acquitter de l'activité proposée.
Une fois le forage approuvé, si l'Office n'est pas d'avis qu'un exploitant répond aux engagements pris, les lois qu'il administre lui permettent de s'approprier la gestion et le contrôle de tous travaux et activités. Ces lois prévoient une amende pouvant atteindre un million de dollars, ou des peines d'emprisonnement allant jusqu'à cinq ans, ou les deux. En outre, l'Office peut suspendre ou révoquer une autorisation pour défaut de se conformer aux dispositions de la loi ou du règlement ou de se plier aux conditions d'autorisation.
En cas de déversements ou d'incidents de la compétence de l'ONE, celui-ci est alors le principal organisme fédéral responsable. L'exploitant, pour sa part, est intégralement responsable des déversements et dommage éventuels et il doit en répondre. Une exigence essentielle de la loi à l'égard de l'Office est le besoin, pour les sociétés, de proposer un plan d'intervention en cas d'urgence et des plans de secours. Le personnel de l'Office évalue ces plans avant d'accorder toute autorisation de forage.
Non seulement le personnel de l'Office examine-t-il en profondeur les plans d'intervention en cas d'urgence d'une société de façon à éviter une telle situation, mais il dispose d'un programme de gestion des interventions d'urgence, et son personnel a pris part à 22 exercices d'intervention en cas de déversement depuis cinq ans. J'ai un certain nombre d'exemples dans mes notes d'allocution; je me contenterai de vous le mentionner et de vous donner les grandes lignes du premier exercice, qui est en cours à Inuvik. Il s'agit d'un exercice d'orientation et de communication en cas de déversement de pétrole dans la mer de Beaufort. Ce n'est qu'un exemple parmi de nombreuses mesures qui doivent être prises alors que nous nous dirigeons vers un éventuel forage au large, dans la mer de Beaufort.
En ce qui a trait à la responsabilité, les sociétés réglementées par l'Office sont entièrement responsables lorsqu'il s'agit de prévoir les incidents, de les prévenir, d'en atténuer les conséquences et de les gérer, notamment pour ce qui est des déversements de pétrole, peu importe leur importance et leur durée. En cas de déversement d'hydrocarbures dont la faute incombe à l'exploitant, celui-ci a l'obligation d'en payer l'intégralité des coûts et d'en réparer tous les dommages, sans aucune limite de responsabilité. En cas de déversement d'hydrocarbures dont la faute n'incombe pas à l'exploitant, sa responsabilité est alors limitée à 40 millions de dollars.
Avant d'entreprendre des travaux de forage, l'exploitant doit fournir à l'Office une garantie financière. L'Office dispose de cette garantie pour acquitter les coûts éventuels de nettoyage. C'est lui qui en établit le montant, sans maximum déterminé d'avance.
En outre, aux termes de la Convention définitive des Inuvialuit, il incombe à l'exploitant de remédier aux dommages subis par la faune et de compenser les chasseurs, trappeurs et pêcheurs inuvialuit pour la perte de leurs moyens de subsistance ou de possibilités d'activités commerciales. L'Office peut exiger de l'exploitant qu'il fournisse d'avance une garantie financière pour un tel montant.
[Français]
En conclusion, l'objet de notre témoignage ici aujourd'hui est de vous dire pourquoi l'Office national de l'énergie croit avoir à la fois en place un cadre de réglementation approprié et les mesures d'intervention voulues en cas d'urgence. Quoi qu'il en soit, nous avons la responsabilité fondamentale de nous pencher sur les leçons apprises à la suite de l'accident de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
J'ai préparé quelques observations concernant l'incident survenu le 20 avril dernier à l'installation de forage Transocean Deepwater Horizon et relativement aux ressources et à l'expertise mises à contribution par BP pour aider à contrer ce déversement.
Il y a trois semaines à peine, 11 personnes ont perdu la vie dans l'explosion et l'incendie qui ont touché la plateforme de forage de Transocean Deepwater Horizon, alors que 17 autres étaient blessées. J'offre mes plus sincères condoléances aux familles, aux amis et aux collègues affectés par cette terrible perte ainsi qu'aux résidents des collectivités côtières du golfe dont les vies et le gagne-pain ont été touchés.
Nous ne connaissons toujours pas les causes de cet incident tragique, car il est plutôt complexe de déterminer ce qui a pu se produire et pour quelles raisons. Nous collaborons à l'enquête menée conjointement par les départements américains de la Sécurité intérieure et de l'Intérieur ainsi qu'aux enquêtes du Congrès américain.
En outre, BP a commandé une enquête interne dont nous comptons diffuser les résultats de telle sorte que tous puissent tirer des enseignements de ces événements tragiques. Comme le prévoit la Oil Pollution Act aux États-Unis, nous assumerons nos responsabilités aux fins de l'atténuation des impacts environnementaux et économiques de cet incident.
Je tiens à souligner le soutien que BP obtient de l'industrie, des instances fédérales, de l'État, des autorités locales et des collectivités touchées. Les interventions sont dirigées par un commandement unifié qui a été mis sur pied quelques heures à peine après les événements. Au total, il y a quelque 13 000 personnes qui y travaillent. Je sais de plus que le gouvernement de la Colombie-Britannique a offert les services de techniciens en intervention d'urgence à la Garde côtière des États-Unis.
BP a agi rapidement et concrètement pour contrer cette marée noire et nous continuons de le faire très activement sur trois fronts: sur le lit marin, nous essayons de stopper le flux d'hydrocarbures et de colmater le puits; à la surface; et sur le littoral. Notre priorité principale est d'endiguer le déversement.
Sur le lit marin, nous suivons parallèlement plusieurs pistes de solution. Nous menons une opération, que nous avons appelée « top kill », visant à stopper le pétrole qui s'échappe du puits. Il s'agit essentiellement d'injecter des particules de différentes tailles pour bloquer l'obturateur antiéruption avant d'utiliser de la boue de forage et, finalement, du ciment pour sceller le puits en permanence. C'est une technique qui a fait ses preuves dans l'industrie et qui a été utilisée partout sur la planète, mais jamais auparavant à 5 000 pieds de profondeur.
Nous travaillons également à construire deux puits de secours. Pour le premier de ces puits d'appoint, le travail se poursuit depuis le dimanche 2 mai. En date du 10 mai, il atteignait 9 000 pieds et l'on prévoit qu'il faudra quelques mois pour terminer le tout. Nous débuterons la construction du second puits à la fin de la semaine.
Nous poursuivons également nos efforts pour récupérer le pétrole sur le lit marin au moyen d'une chape de confinement qui recouvrera les fuites et redirigera le pétrole vers le haut au moyen d'un conduit spécial. Une chape d'environ 4 pieds de diamètre et 5 pieds de haut est en cours de préparation pour recouvrir le principal point de fuite. Ce petit couvercle sera relié via des tubes de forage et des colonnes montantes à un bateau-foreur qui recueillera et traitera le pétrole à la surface. On cherche ainsi à minimiser la formation de larges nappes d'hydrocarbures.
Bref, BP continue à tout mettre en oeuvre en collaboration avec les instances gouvernementales et les autres experts de l'industrie afin de trouver une solution pour contrôler le flot de pétrole sur le lit marin ou l'endiguer avant qu'il n'atteigne la surface.
À la surface, BP a entrepris une opération gigantesque. Notre équipe d'experts opérationnels et techniques travaillent en coordination avec plusieurs organismes fédéraux, agences d'État, organisations et entreprises. Comme je l'indiquais, environ 13 000 personnes participent à l'opération, notamment pour la protection des côtes et le soutien proactif aux collectivités.
Un barrage flottant dépassant 1,5 million de pieds a été installé pour contenir le déversement et protéger les zones littorales vulnérables et on dispose encore du matériel nécessaire pour y ajouter un million de pieds supplémentaires.
Plus de 500 navires d'intervention ont été déployés, y compris des dépollueurs, des remorqueurs, des barges et des bateaux de récupération. Il y a notamment des navires spécialement conçus pour intervenir en cas de déversement d'hydrocarbures avec deux séparateurs eau-pétrole. Cela permet une continuité des opérations, car l'eau ainsi dépolluée peut être retournée dans la zone délimitée par le barrage. En outre, l'effort d'intervention est appuyé par 37 aéronefs, incluant les avions et les hélicoptères.
Nous utilisons également dans le secteur des dispersants biodégradables approuvés par la Garde côtière qui sont épandus à partir d'avions et de navires. Nous avons aussi développé et mis à l'essai une technique permettant d'appliquer le dispersant au point de fuite sur le lit marin. L'EPA analyse minutieusement les diverses options possibles pour un éventuel recours à cette technique.
Pour la protection des côtes, nous déployons un train de mesures que la Garde côtière américaine a qualifié de plus grand effort jamais déployé en la matière. Quatorze zones de rassemblement ont été établies, dans quatre états différents, pour la protection du littoral vulnérable. Des équipes d'intervention rapide sont prêtes à être déployées dans les secteurs touchés pour évaluer le type et la quantité d'hydrocarbures de manière à ce que les stratégies de nettoyage les plus efficaces puissent être appliquées.
La réaction des résidents locaux a été formidable. Nous avons fait appel à un millier de navires locaux pour différentes tâches et plus de 4 000 volontaires ont été formés pour apporter leur aide.
Nous allons tout mettre en oeuvre pour reprendre le contrôle de ce puits, et atténuer les impacts environnementaux du déversement. Je peux vous assurer que nous allons — et j'inclus ici toute l'industrie pétrolière — tirer des enseignements de ce terrible événement et en sortir plus forts, plus intelligents et davantage conscients de l'aspect sécurité.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
L'ACPP étant une association canadienne, nous sommes en mesure de faire connaître l'opinion générale de l'industrie sur la politique et la réglementation. Nous pouvons aussi vous renseigner sur l'état de l'industrie. De toute évidence, nous ne pouvons pas parler des circonstances de la marée noire dans le golfe du Mexique — comme je l'ai dit, nous sommes un organisme canadien — ni, plus particulièrement, des plans des sociétés pétrolières.
L'ACPP se réjouit de l'occasion qu'on lui donne de faire part de ses opinions initiales sur l'équipement d'intervention d'urgence ainsi que sur la politique et le régime réglementaire auxquels sont assujettis les forages et la production pétrolières et gazières en mer, comme il est noté dans l'invitation à comparaître devant le comité. Nous sommes également prêts à fournir d'autres renseignements, éventuellement, qui pourraient être utiles à la poursuite de cette étude.
L'Association et ses membres croient vraiment que l'accident survenu dans le golfe du Mexique est tragique et malheureux. Il y va de l'intérêt de tous les acteurs de prendre le temps, collectivement, d'examiner les constatations et les recommandations qui découleront de l'enquête sur cet accident. Cette circonspection nous permettra de comprendre parfaitement ses circonstances et d'évaluer la possibilité d'améliorer notre régime réglementaire ou les pratiques d'exploitation de l'industrie. Les Canadiens, les autorités et l'industrie sont tous directement intéressés à tirer tout le bon parti de cette étude.
Pour cette étude, nous avons aujourd'hui un certain nombre de thèmes centraux. Pour vous situer quelque peu dans le contexte, l'Agence internationale de l'énergie prévoit que la demande mondiale d'énergie croîtra d'environ 40 p. 100 au cours des 20 prochaines années et que le pétrole brut et le gaz naturel devraient répondre à 40 p. 100 de cette croissance.
La production mondiale de brut en mer représente environ 38 p. 100 de l'approvisionnement énergétique mondial, et la production canadienne environ 12 p. 100 de l'approvisionnement du Canada en énergie primaire.
L'évolution, au fil des décennies, de la réglementation de l'exploitation pétrolière en mer et des pratiques d'exploitation a donné le régime robuste aujourd'hui en place.
Toutes les formes de mise en valeur de l'énergie posent des risques pour la sécurité et l'environnement. La difficulté, pour les stratèges et les organismes de réglementation de l'État ainsi que pour l'industrie prise dans son ensemble, c'est de prendre des mesures raisonnables pour atténuer les risques de manière à rendre peu probable la survenue d'accidents, puis d'être prêts à réagir en cas d'accident. Encore une fois, nous devons nous assurer de prendre le temps de tirer les leçons de l'accident du golfe avant de déterminer la marche à suivre.
En ce qui concerne l'équipement d'intervention d'urgence, nous croyons que nous devrions chercher à comprendre à la fois ce qu'est la prévention et ce que sont les mesures de préparation. L'État et l'industrie insistent d'abord sur la prévention. Cela signifie qu'il faut comprendre les risques et les mesures que l'on peut prendre pour les maîtriser.
Dans tout ce qu'elle entreprend, l'industrie cherche à atteindre son objectif sans accident ni blessure. Elle évalue le risque et applique des mesures pour l'abaisser à un niveau assez bas, qui n'interdit pas ce qu'elle veut entreprendre. Cette évaluation permet de déterminer s'il y a lieu d'aller de l'avant. Dans cette éventualité, la société joindra ses stratégies d'atténuation du risque à la demande dont elle soumettra l'acceptabilité à l'examen des autorités.
En matière de prévention, elle ne doit pas seulement satisfaire à ses propres exigences et aux règlements, mais elle doit aussi prouver qu'elle est capable de réagir en cas accident, son premier objectif étant alors de le circonscrire, après quoi elle peut récupérer les matières renversées et nettoyer les lieux. Pour cela, il faut assurer l'accès à l'équipement nécessaire et le fonctionnement d'un système efficace de gestion, ordinairement appelé système de commandement des interventions, auquel participent de façon intégrée les sociétés et les organismes de réglementation. Ce système fixe et définit les responsabilités en matière de commandement et les modalités d'exécution pendant toute la durée de l'accident. Comme la formation est indispensable à une capacité d'intervention compétente, les sociétés sont tenues à de fréquents exercices de simulation de l'intervention.
Dans le Canada atlantique, les exploitants emploient ordinairement pour l'équipement un système à trois niveaux d'intervention. Le premier niveau concerne l'équipement sur place qui appartient à la société. Le niveau deux comprend l'équipement accessible par contrat, qui se trouve à terre, dans des localités proches. Des sociétés peuvent posséder leur propre matériel à terre. Au niveau trois se trouve l'équipement que l'on peut se procurer à l'étranger. Ces trois niveaux permettent une capacité immédiate d'intervention et l'accès à un parc graduellement plus important de matériel, au besoin. Toute cette stratégie doit être explicitée avant que l'on obtienne les autorisations nécessaires.
La Société d'intervention maritime, Est du Canada limitée est un fournisseur indépendant de ce genre d'équipement, certifié par Transports Canada en vertu de la Loi sur la marine marchande du Canada.
Dans le Nord du Canada, l'industrie n'a pas d'équipement d'intervention contre les déversements dans l'océan Arctique, puisque, pour le moment, il n'y pas d'activité. Sinon, elle mettrait en place, de son propre chef ou non, un plan d'intervention et de l'équipement, sans doute avec une stratégie semblable à celle qui est employée sur la côte est, avec une capacité d'intervention à plusieurs niveaux. Ces plans seraient certainement adaptés aux conditions d'exploitation dans l'Arctique, et les exploitants seraient tenus d'avoir sur place leurs moyens d'intervention en cas de déversement avant d'avoir l'autorisation d'effectuer des forages ou de la production.
En vertu des règlements en vigueur, l'exploitant doit avoir reçu d'un office compétent l'autorisation de se livrer à des opérations en mer. Dans sa demande d'autorisation, il doit inclure un plan de sécurité, un plan de protection de l'environnement et un plan d'urgence. Dans ces trois domaines, ces plans doivent renfermer des détails poussés sur la façon dont l'exploitant répondra aux attentes en matière d'équipement, de personnel et de processus.
Tous les plans doivent se conformer aux règlements fédéraux et provinciaux ainsi qu'aux lignes directrices des offices des hydrocarbures extracôtiers. On les approuve avant le début des opérations. La demande d'autorisation doit également comprendre, en cas de forage, la description de l'équipement de forage et de l'équipement de contrôle des puits et, en cas de production, la description des installations de traitement et de l'équipement de contrôle.
Le forage d'un puits de secours est également une possibilité que l'on peut tenter en cas d'éruption non contrôlée. L'exploitant aura désigné des plans à cette fin dans sa demande. Il importe de comprendre que les sociétés pétrolières ne considèrent pas cette solution comme une méthode d'intervention immédiate. Elle doit être prête et disponible le plus rapidement possible, mais, pendant un accident, l'exploitant doit également examiner toutes les autres solutions possibles.
Les offices des hydrocarbures extracôtiers de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse et, sans doute, l'Office national de l'énergie (l'ONE), quand il y a de l'exploitation dans le Nord, effectueraient des inspections régulières des opérations pour s'assurer que l'équipement est en place, qu'il satisfait aux règlements, qu'il est fonctionnel en principe et dans les circonstances en temps réel.
Dans le Nord, les exploitants sont en outre tenus de se conformer à la politique de capacité de forage de puits de secours au cours d'une saison. Cette politique instituée en 1976 exige des sociétés qu'elles prouvent leur capacité de forer un puits de secours dans la même saison où le puits initial a été foré. Déjà, nous avons entendu dire que l'ONE avait l'intention de la revoir et de fait, il élargit la portée de cet exercice. Notre association a appuyé le principe de cet examen, et nous appuyons également celui de l'examen élargi. Je suis convaincu que les membres de l'association seraient intéressés à y participer.
Pour ce qui concerne le caractère adéquat de la réglementation, l'industrie exploite des puits en mer au Canada depuis la fin des années 1960. À cette fin, elle en a foré des centaines. Des accidents sont survenus. Il y a eu quatre éruptions incontrôlées, deux dans le Nord et deux dans le Canada atlantique. Je crois que les deux plus récentes, dans le Canada atlantique, sont survenues dans les années 1980. L'industrie et les organismes de réglementation tirent les leçons de chaque accident.
On pourrait en déduire, je suppose, qu'une réglementation efficace et de bonnes pratiques d'exploitation sont en place pour gérer les risques. Cela dit, nous n'avons pas le droit d'être complaisants. C'est pourquoi nous appuyons cette étude et l'intention qui y a donné lieu. Nous appuyons les plans de l'examen de l'ONE également. Nous tenons également à souligner, et je crois que vous l'avez compris, d'après l'exposé de l'ONE, qu'il se fait des examens périodiques de tous les règlements en vigueur.
Ces dernières années, les règlements en vigueur dans le monde sont passés d'un modèle normatif à un modèle orienté vers des objectifs. Les règlements canadiens ont connu aussi ce genre d'évolution. Les règlements orientés vers des objectifs ne visent pas à tirer les normes vers le bas ni à affaiblir les exigences réglementaires. Ils visent à rendre l'industrie davantage responsable de ses décisions et à l'amener à se conformer aux règlements. Ils exigent également que les exploitants conçoivent leurs opérations pour qu'ils soient le plus efficaces et le plus adaptés à l'objectif poursuivi, tout en faisant place à l'innovation et à l'adoption de pratiques nouvelles. L'industrie reste responsable de ses actes, et l'organisme de réglementation reste responsable de s'assurer que nous atteignons les objectifs fixés par les règlements.
En conclusion, la gestion du risque est un principe fondamental de la politique publique. Elle est partout évidente, depuis les chemins de fer jusqu'aux avions en passant par notre réseau routier. Elle n'est donc pas particulière à l'industrie pétrolière et gazière.
Les règlements en vigueur visent à réduire le risque au minimum et à le gérer d'une manière jugée suffisante, compte tenu de la protection accordée et du recouvrement des coûts, pour autoriser la mise en valeur des ressources extracôtières du Canada.
L'industrie est bien consciente que l'étude et les autres examens de la réglementation que l'on effectue de temps à autre peuvent servir à améliorer les exigences réglementaires. De fait, nous contribuons sans cesse à ces examens, afin de donner des conseils propices à ces améliorations.
C'est pourquoi nous favorisons, pour l'adoption de changements qui fourniront suffisamment de protection tout en continuant d'autoriser la mise en valeur de cette importante ressource, une démarche équilibrée, qui s'inspirera des leçons du golfe.
Merci.
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Bonjour. Je me nomme Lawrence Amos. Je suis un chasseur de Sachs Harbour, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je suis également le trésorier de l'Inuvialuit Game Council, l'organisme qui, en matière de revendications territoriales, représente les intérêts collectifs des Inuvialuits pour la faune.
Aujourd'hui, je représente le président du conseil, Frank Pokiak, qui a eu un empêchement. Il vous prie de l'excuser.
Je suis accompagné du directeur Norm Snow et du coordonnateur de la gestion des ressources Steve Baryluk.
La mer de Beaufort, notre océan, représente tout pour les Inuvialuits. C'est l'avenir assuré pour notre peuple. La faune qui habite notre région est très importante, mais la glace l'est tout autant. Notre faune a besoin de la glace. Ces animaux ont évolué et se sont adaptés aux conditions qui existent dans l'Arctique. Ils auraient beaucoup de difficulté à vivre ailleurs. La mer de Beaufort héberge beaucoup d'espèces fauniques dont dépendent les Inuvialuits: le beluga, les phoques et les otaries, beaucoup d'espèces de poissons, l'ours blanc, notamment, et toutes les créatures qui constituent l'écosystème dont ils dépendent.
La baleine boréale est également importante. La dernière fois que les Inuvialuits l'ont chassée, c'est en 1996, mais nous avons encore le droit de la chasser si nous le voulons. L'été, cette baleine vient se nourrir dans notre océan. Les Inupiats d'Alaska, qui nous sont apparentés, dépendent, selon un cycle annuel, de cette importante source de nourriture. Nous devons nous assurer qu'elle ne souffrira pas des conséquences de ce qui pourrait survenir dans nos eaux.
Les Inuvialuits savent que l'océan est un endroit peu clément, non seulement pour les animaux, mais pour l'homme aussi. Nous avons beaucoup de respect pour l'océan et les animaux marins, parce que nous savons à quel point ce milieu est difficile. Ces animaux qui viennent de la mer de Beaufort nous fournissent vêtements, nourriture et autres ressources précieuses pour notre survie depuis que notre arrivée dans la région. Rien n'était gaspillé de ce que la chasse nous apportait. Même si on frappe des animaux sans pouvoir les récupérer, nous savons qu'ils sont réintégrés dans le cycle de la vie.
Le gouvernement du Canada devrait respecter la culture inuvialuite au maximum et faire de son mieux pour essayer de protéger cet environnement fragile. Il devrait être heureux que le Canada possède une culture capable de survivre dans ce milieu hostile. Une marée noire ou l'éruption d'un puits auraient des effets dévastateurs sur l'écosystème de la mer de Beaufort et sur la capacité des Inuvialuits de conserver leur mode de vie traditionnel.
Nous, les Inuvialuits, connaissons bien la mise en valeur du pétrole et du gaz en mer. Nous avons connu le cycle précédent d'exploration en mer il y a 30 ans. Beaucoup d'Inuvialuits ont travaillé dans l'industrie offshore à cette époque, mais, maintenant, les sociétés s'engagent dans les eaux plus profondes de la mer de Beaufort, qui n'avaient jamais été explorées avant. Les mêmes craintes au sujet des risques que posait, à l'époque, la mise en valeur du pétrole et du gaz subsistent aujourd'hui. C'est pourquoi l'Inuvialuit Game Council, le 21 janvier dernier, a réaffirmé sa position sur la politique gouvernementale concernant la capacité de forage de puits de secours au cours d'une saison dans la mer de Beaufort.
Le conseil continue d'appuyer l'exigence concernant cette capacité ou une capacité équivalente, qui accorderait à l'environnement et à la faune de notre région une protection au moins égale à celle qui lui est accordée actuellement. Il n'appuie aucune dérogation à cette politique, reconnaissant qu'elle a été élaborée pour le forage en eau peu profonde.
Quand l'Office national de l'énergie a entrepris son processus d'audiences pour réviser la politique en question, l'Inuvialuit Game Council s'est inscrit en sa qualité de partie intéressée. Nous avons participé à des consultations avec la société Imperial Oil, relativement à ses plans pour son programme de forages dans la concession Ajurak en mer de Beaufort.
Le peuple inuvialuit a reçu l'assurance qu'une éruption était très peu probable et que si on avait connaissance d'une venue de gaz, on mettrait en place un obturateur anti-éruption. Il s'agit d'un obturateur semblable à ceux qui ont été utilisés dans le golfe du Mexique, mais il possède des mâchoires excédentaires.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas entendu parler de BP, plus précisément de ses plans pour un programme semblable de forage dans une concession adjacente à celle d'Imperial Oil. On nous a donné à comprendre que ce programme serait semblable à celui du projet Ajurak et qu'on utiliserait le même système de forage. Avec ce qui vient de se produire dans le golfe du Mexique, les collectivités auront probablement moins confiance dans la parole de l'industrie.
Le conseil s'intéresse beaucoup à la question du puits de secours disponible au cours d'une saison depuis cinq ou six ans, avant et après le forage du puits Paktoa, en 2005-2006, par Devon. À l'époque, le promoteur avait dû construire un socle de glace pour un puits de secours avant d'entreprendre le forage dans la zone de risque. La construction du socle s'est révélée impossible parce que la banquise côtière s'est formée plus tard au cours de cette année, probablement du fait d'une modification climatique. La société a bénéficié d'une dérogation pour le puits de secours exigé par l'Office national de l'énergie, à l'insu de l'Inuvialuit Game Council, qui en a été ulcéré quand il l'a appris. Depuis, l'Office s'est efforcé de régler le problème, il est plus attentif aux craintes du conseil et des collectivités et il communique régulièrement avec nous.
En ce qui concerne la tragédie survenue dans le golfe du Mexique, il est évident que l'obturateur anti-éruption n'a pas fonctionné. Dans cette région, la capacité de réagir à un déversement est beaucoup plus grande que partout ailleurs dans l'Arctique, que ce soit sur le plan de l'équipement ou sur celui de la main-d'oeuvre. Il paraît donc évident qu'une réponse semblable à un déversement majeur serait absolument impossible en mer de Beaufort et ailleurs dans l'Arctique canadien. C'est pourquoi l'Inuvialuit Game Council reste très préoccupé et continue d'appuyer les exigences actuelles, relatives au puits de secours disponible au cours d'une saison, comme dernier recours contre une éruption survenant pendant un forage en mer.
Quyanainni . Merci de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui.
[Traduction de l'interprétation]:
Je suis très heureux que vous m'ayez invité ici, ce matin, pour traiter de la question très importante du forage et de la production pétroliers et gaziers en mer au Canada.
Mon nom est Raymond Ningeocheak, et je suis vice-président des finances de Nunavut Tunngavik Incorporated (ou NTI).
NTI est l'organisme qui a signé l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, en 1993. Nous représentons les Inuits qui vivent dans le Nunavut, c'est-à-dire quelque 85 p. 100 de la population de notre territoire. J'y reviendrai plus tard.
Notre responsabilité est de veiller à la mise en oeuvre de l'accord ainsi qu'à la protection et à la promotion des intérêts des Inuits.
Le Nunavut est une communauté maritime. Le mot « Nunavut » signifie « notre territoire », mais, à l'exception peut-être de Baker Lake, toutes les communautés du Nunavut sont côtières. Je tiens à le souligner.
Je ne veux pas m'étendre trop longuement, mais voici quelques faits géographiques pour vous.
Nos rivages représentent 35 p. 100 des littoraux arctique mondiaux, soit vingt fois plus que ceux de l'Alaska. Notre territoire comprend 3 des 10 îles les plus étendues du monde. L'extrémité septentrionale de notre territoire se trouve à seulement 770 kilomètres du pôle nord.
Les Inuits ont traditionnellement été et ils continuent d'être les cueilleurs des ressources de la mer. Cette réalité est reflétée dans l'accord du Nunavut. Il faut se rappeler que, d'après son préambule, les Inuits revendiquent, sur la région du Nunavut, un titre ancestral fondé sur leur utilisation, exploitation et occupation traditionnelles et actuelles des terres, des eaux et de la banquise côtière qui s'y trouve, suivant leurs us et coutumes.
Plus loin, dans le préambule, on lit également que l'un des objectifs de l'accord du Nunavut est:
de déterminer de façon claire et certaine les droits de propriété, d'utilisation et d'exploitation des terres et des ressources, ainsi que le droit des Inuits de participer à la prise de décisions concernant l'utilisation, l'exploitation, la gestion et la conservation des terres, des eaux et des ressources, notamment au large des côtes;
L'accord sur le Nunavut compte 42 articles. Quatorze d'entre eux se rapportent directement aux zones marines. L'article 15 est le plus éloquent à cet égard, puisqu'il s'intitule « Zones marines », mais l'accord comporte des références directes aux zones marines dans 13 autres articles.
Autrement dit, les zones marines sont au coeur de l'accord sur le Nunavut. Les faits parlent d'eux-mêmes.
Voici l'énumération de ces articles pour que vous puissiez les consulter: article 5 (Ressources fauniques); 6 (Indemnités relatives aux ressources fauniques); 8 (Parcs); 9 (Aires de conservation); 11 (Aménagement du territoire); 12 (Répercussions des activités de développement); 15 (Zones marines); 16 (Zones de banquise côtière externe — côte est de l'île de Baffin); 23 (Embauchage des Inuits au sein du gouvernement); 24 (Marchés de l'État); 25 (Redevances liées à l'exploitation des ressources); 27 (Mise en valeur des ressources naturelles); 33 (Archéologie); 34 (Objets ethnographiques et documents d'archives).
Parfois, pour nous tirer de notre torpeur, de notre inconscience, il faut que quelque chose, une catastrophe survienne. Le déversement de pétrole dans le golfe du Mexique est vraiment grave. Quand le nettoyage aura-t-il lieu? Combien de temps faudra-t-il et pendant combien de temps l'effet se fera-t-il sentir sur les ressources et sur les Inuits, dans le Nord?
Nous sommes chanceux que rien de semblable ne soit survenu jusqu'ici dans l'Arctique. Nous connaissons les conséquences de la marée noire de l'Exxon Valdez en Alaska. Nous n'y étions pas préparés, et, 20 ans plus tard, l'environnement et les animaux de cette région continuent d'en souffrir.
Dans l'Arctique, il n'y a pas d'infrastructures. À cause de notre éloignement et du manque de ressources locales, il serait beaucoup plus difficile qu'au sud de réagir à temps à un déversement.
Comme quelqu'un l'a dit, la banquise dans le Nord complique les choses, également, parce que, actuellement, les ressources ne sont pas là-bas. Rien n'a jamais été fait, en matière de formation ou de sensibilisation, pour parer à l'éventualité d'une marée noire dans l'Arctique. Le ministère des Pêches et des Océans prépare actuellement un exercice de simulation à petite échelle, dans le cadre de l'« opération Nanook » mais, comme je l'ai dit, c'est à petite échelle.
L'équipe d'intervention la plus rapprochée serait à Goose Bay, au Labrador, dans le cas de l'appui aérien du ministère de la Défense nationale, et à l'endroit, peu importe lequel, où pourrait se trouver l'unité la plus rapprochée de la Garde côtière.
Le déversement dans le Golfe du Mexique nous préoccupe beaucoup.
J'éprouve des difficultés avec mes yeux. J'ai fait une erreur en essayant de me dépêcher. Je dois revenir en arrière. Merci de votre patience, monsieur le président.
Nous voyons vraiment ce problème du point de vue du Nunavut. Comme je l'ai dit, la présence de glace en mer rendrait encore plus difficile une intervention efficace.
Si nous avons bien compris, l'Office national de l'énergie a commencé, en février, à réfléchir à une politique du forage applicable à la mer de Beaufort, mais il faut élargir le champ de cet examen. Il s'agit d'un enjeu de grande portée, et les événements survenus dans le golfe du Mexique montrent que les effets du déversement débordent le secteur de l'énergie. On doit également tenir compte de considérations internationales. Le déversement à des effets qui nous dépassent.
Les océans baignent tous les rivages. Peu avant l'éruption du golfe du Mexique, le 31 mars, le président Obama a annoncé qu'il autoriserait la mise en valeur des concessions pétrolières et gazières au large de l'Alaska, notamment dans la mer de Beaufort et la mer des Tchouktches. Dans l'Est, le Groenland a récemment concédé 12 permis d'exploration en mer dans le détroit de Davis, près de l'Île de Baffin.
Outre la révision de nos règlements et de nos exigences en matière de forage, nous devons nous assurer d'être à l'aise avec les pratiques des pays voisins. Le 10 mai, aux nouvelles radiophoniques de Radio-Canada, on a prêté au ministre Prentice des propos selon lesquels il avait discuté des permis d'exploration du Groenland avec le gouvernement autonome et que l'environnement sera protégé.
Nous nous réjouissons d'entendre que la question a été soulevée auprès du gouvernement du Groenland, mais nous aimerions avoir plus de renseignements sur les méthodes précises par lesquelles l'environnement sera protégé. De simples assurances ne suffisent pas. Les modalités de la mise en valeur dans l'Arctique, depuis l'exploration jusqu'au transport maritime en passant par le forage, doivent faire en sorte de protéger notre environnement et de nous permettre de conserver notre mode traditionnel de vie.
Nous ne devons pas mettre en péril les occasions qu'offrent d'autres industries naissantes telles que la pêche industrielle. Les eaux entre le Groenland et le Canada sont poissonneuses. Il s'y pratique également beaucoup de pêche, de sorte que, bien sûr, nous sommes inquiets.
Nunavut Tunngavik recommande vivement au comité les mesures suivantes.
Premièrement, souscrire au principe général selon lequel le forage et la production pétroliers et gaziers au large des côtes de l'Arctique ne doivent être entrepris que s'ils sont conformes aux normes internationales les plus rigoureuses en matière d'environnement, ce qui comprend l'adoption des meilleures pratiques en vigueur partout dans le monde.
Deuxièmement, au delà de ce principe général, appuyer l'adoption de mesures supplémentaires de protection de l'environnement qui tiennent compte du contexte et des vulnérabilités particulières de l'Arctique.
Troisièmement, rejeter l'assouplissement, préconisé par le gouvernement canadien, en décembre 2009, de la réglementation obligatoire relative aux activités de forage au large des côtes, dont faisait rapport un article du Ottawa Citizen, le 11 mai dernier, et garantir que la gestion environnementale des activités de forage et de production pétroliers et gaziers sera assortie de mesures de sauvegarde obligatoires et fiables, applicables à tous les projets.
Quatrièmement souscrire à la proposition préconisant que l'échéancier et la cadence du développement pétrolier et gazier tiennent compte de deux considérations importantes, la sécurité énergétique des Canadiens et le bien-être socioéconomique des Inuits et autres résidants permanents de l'Arctique, et qu'ils contribuent à une stratégie canadienne et mondiale de plus grande envergure afin de réduire la dépendance à l'égard des hydrocarbures et, par conséquent, d'atténuer leur impact sur le changement climatique.
Cinquièmement reconnaître que la participation des Inuits canadiens, qui ont une connaissance locale des conditions physiques et géographiques uniques et fragiles qui existent dans l'Arctique, est vitale quant à la prise de décisions liées à des interventions d'urgence dans l'Arctique — comme, par exemple, dans le choix d'un emplacement pour l'installation d'infrastructures d'intervention éloignées.
Sixièmement, passer en revue, à la lumière des récents déversements pétroliers, le caractère adéquat du fonds de pollution par les hydrocarbures causée par les navires, prévu par la Loi sur la responsabilité en matière maritime.
Septièmement, passer en revue et examiner soigneusement les recommandations du rapport d'évaluation de 2009 du Conseil de l'Arctique sur l'évaluation du transport maritime dans l'Arctique.
Pour les populations occidentales de l'Arctique, le courant est plus lent que dans l'est de l'océan Arctique. Dans les régions de Kivalliq et de Qikiqtarjuaq, il est beaucoup plus rapide compte tenu de la différence de milieu. Il faut également tenir compte des icebergs.
Merci, monsieur le président, de l'occasion que vous nous avez donnée. Si vous avez des questions sur notre exposé, nous sommes prêts à y répondre.