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Bonjour, tout le monde. Je vous souhaite la bienvenue.
Aujourd'hui, nous allons commencer une étude sur l'état des programmes écoÉNERGIE.
Dans notre premier groupe de témoins, nous accueillons, du ministère des Ressources naturelles, Mark Corey, sous-ministre adjoint du Secteur des sciences de la Terre; Carol Buckley, directrice générale de l'Office de l'efficacité énergétique; Jonathan Will, directeur général de la Division des ressources énergétiques; et Mary Preville, directrice générale par intérim du Bureau de la recherche et du développement énergétiques.
Je vous souhaite à tous la bienvenue. Nous n'allons pas entrer dans le vif du sujet tout de suite, mais j'aimerais que vous pensiez tous à ce que je vais vous dire pendant la séance. Nous avons invité les représentants du ministère pour la réunion d'aujourd'hui, et nous tiendrons trois autres séances qui porteront sur le sujet. Je crois que nous comptons revenir au rapport sur les isotopes, mais il y a un certain doute à savoir si nous avions convenu de tenir trois séances, y compris la présente, puis de passer au rapport — ou de tenir cette séance et trois autres. Alors si vous pouviez y penser, nous allons y revenir à la fin de la séance et décider très rapidement de la marche à suivre.
Nous allons commencer par la présentation de M. Corey, et nous passerons ensuite à la période de questions et réponses selon l'ordre habituel.
D'abord, merci beaucoup de votre présence aujourd'hui. Nous parlons de nous pencher sur ces programmes depuis un certain temps, et je suis ravi que nous ayons l'occasion de les examiner brièvement, à tout le moins, au cours des quelques prochains jours.
Allez-y, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, nous voulons remercier sincèrement le comité de nous avoir invités ici aujourd'hui pour discuter de l'Initiative écoÉNERGIE du Canada. Au cours de la première heure, nous allons aborder tous les programmes et, au cours de la deuxième heure, nous allons faire un résumé plus détaillé du programme écoÉNERGIE Rénovation – Maisons. Je sais que c'est quelque chose qui vous préoccupe, et nous en discuterons plus en détail.
[Traduction]
Nous avons aussi un document, dont je vais vous parler.
[Français]
La page 2 du document réfère à une discussion au sujet des initiatives écoÉNERGIE, qui font partie du Programme sur la qualité de l'air et de l'ensemble des programmes écoACTION du gouvernement.
Les initiatives représentent plus de 4 milliards de dollars d'investissements et visent à promouvoir l'efficacité énergétique, à augmenter l'offre d'énergies renouvelables — y compris les biocarburants — ainsi qu'à élaborer des technologies d'énergie propre. Les trois objectifs des programmes écoÉNERGIE sont les suivants: aider les Canadiens à consommer l'énergie de façon plus efficace, favoriser l'approvisionnement en énergies renouvelables ainsi qu'élaborer et déployer des technologies de réduction des émissions des gaz à effet de serre. Les programmes sont regroupés au sein des quatre catégories suivantes: efficacité énergétique, énergie renouvelable, biocarburant et technologie.
Des progrès considérables ont été accomplis grâce à ces investissements. Investir dans les technologies d'énergie propre et l'efficacité énergétique stimule la croissance de l'industrie de l'énergie propre, créant ainsi des emplois de haut niveau pour les Canadiens, et favorise aussi la protection de l'environnement.
Je vais vous faire une brève présentation à propos de nos programmes écoÉNERGIE et de leurs résultats jusqu'à maintenant. Pour des raisons pratiques, je les ai divisés en quatre catégories, que j'ai mentionnées un peu plus tôt.
[Traduction]
Je vais revenir aux quatre domaines de base des programmes écoÉNERGIE.
Il y a d'abord l'efficacité énergétique. Cette initiative comporte de nombreux programmes, comme vous pouvez le voir sur la diapo, du programme écoÉNERGIE Rénovation - Maisons au programme écoÉNERGIE pour l'équipement. Les initiatives écoÉNERGIE sur l'efficacité énergétique font la promotion d'une meilleure utilisation de l'énergie par les Canadiens à la maison, au travail et sur la route. Les programmes ont recours à de nombreux instruments pour améliorer l'efficacité énergétique. Nous utilisons des incitatifs, des codes et des normes, de la formation, de l'éducation et de la sensibilisation. Les programmes touchent chaque secteur de l'économie. Ils misent sur les partenariats et la collaboration pour obtenir des ressources des partenaires provinciaux et territoriaux et des services publics.
Souvent, les initiatives fédérales fournissent une base à laquelle d'autres organismes peuvent ajouter leurs mesures complémentaires, ce qui maximise l'étendue de l'efficacité énergétique partout au Canada. On compte le programme écoÉNERGIE Rénovation - Maisons, qui a été très populaire, comme vous le savez. Carol Buckley, notre directrice générale, fera un exposé à ce sujet durant la deuxième heure, et je crois que nous allons réellement nous concentrer sur ce programme au cours de la deuxième heure.
À la cinquième page, on retrouve les résultats des programmes sur l'efficacité énergétique. Par exemple, entre 1 000 et 2 000 constructeurs reçoivent de la formation chaque année pour qu'ils puissent bâtir des maisons R-2000 et Energy Star, qui sont 25 p. 100 plus efficaces que les nouvelles constructions traditionnelles. Des conducteurs de camions commerciaux et d'autobus apprennent comment maximiser l'économie de carburant dans le cadre d'une formation, tout comme les contremaîtres et les gestionnaires d'énergie de l'industrie. L'étiquette populaire Energy Star reconnaît les 50 produits les plus performants, et 60 p. 100 des Canadiens se servent maintenant de cette étiquette pour faire des choix éclairés sur le plan énergétique lorsqu'ils font leurs achats. De nombreuses provinces et de nombreux services publics fondent également leurs programmes de remise sur les produits Energy Star.
Une réglementation solide visera 80 p. 100 de la consommation d'énergie dans les secteurs commercial et résidentiel. Trente règlements nouveaux et plus sévères relatifs aux produits seront en place au plus tard en mars 2011. Ces règlements porteront sur l'éclairage, la réfrigération, les moteurs, du matériel de consommation comme les télévisions, et davantage. Les provinces qui ont une réglementation en matière d'efficacité énergétique travaillent en étroite collaboration avec Ressources naturelles Canada pour veiller à l'harmonisation de nos approches.
La sixième diapositive porte sur les énergies renouvelables. L'initiative écoÉNERGIE pour les énergies renouvelables vise à augmenter l'utilisation commerciale de technologies d'énergies renouvelables. Dans le cas de l'électricité renouvelable, nous avons un incitatif à la production conçu pour améliorer la compétitivité relative de ces technologies. Dans le cas du chauffage renouvelable, nous avons une vaste série d'initiatives, y compris un incitatif en capital pour l'installation de systèmes thermiques solaires, des partenariats avec les services publics et d'autres fournisseurs de services pour augmenter l'utilisation de chauffe-eau solaires et des mesures pour améliorer la capacité de l'industrie au moyen de la formation d'installateurs certifiés, par exemple. Le taux de participation à ces initiatives a atteint ou dépassé nos attentes, et nous nous attendons à réaliser ou à surpasser nos objectifs initiaux dans le cadre de ces programmes.
La septième diapositive porte sur la composante des biocarburants du programme. Le programme écoÉNERGIE pour les biocarburants soutient la réglementation d'Environnement Canada en matière de carburants renouvelables qui entrera en vigueur en 2010. Le programme offre des incitatifs pour augmenter l'approvisionnement de carburants renouvelables pour le transport. À partir de mars 2010, le programme appuiera la production d'une quantité de biocarburants pouvant s'élever à 1,6 milliard de litres d'ici 2012. Le budget a en bonne partie été alloué, et le reste le sera au cours des prochains mois.
La huitième diapositive porte sur la dernière composante, soit le fonds écoÉNERGIE sur la technologie, lequel finance la recherche, le développement et les essais à l'appui du développement de technologies d'énergies propres des prochaines générations comme la capture et l'entreposage de carbone et les technologies en matière d'énergies renouvelables. Par exemple, sept nouveaux projets de capture et stockage du carbone, allant de 4 millions à 33 millions de dollars, appuient le travail préliminaire des ingénieurs et les activités de mise à l'essai.
Comme je l'ai dit, l'autre programme auquel nous avons recours avec celui-ci est le Programme du fonds pour l'énergie propre, qui fait aussi une contribution importante en matière de capture et de stockage de carbone. Le fonds pour l'énergie propre a été annoncé en janvier 2009 dans le cadre du plan d'action économique, et à ce jour, 466 millions de dollars ont été alloués à d'importants projets intégrés de grande envergure en matière de capture et de stockage du carbone.
L'initiative écoÉNERGIE sur la technologie et les projets de capture et de stockage du carbone ont aidé à jeter les bases des projets de financement de l'énergie propre. Lorsque c'était possible, nous avons saisi les occasions de cofinancer des projets au moyen d'initiatives écoÉNERGIE sur la technologie et du fonds de l'énergie propre pour faire avancer des projets jusqu'à l'étape de la démonstration à grande échelle.
La dernière diapositive porte sur l'avenir. Je sais que vous allez nous poser cette question. Tel qu'indiqué dans le discours du Trône de mars 2010, le gouvernement en est à examiner ses programmes d'efficacité énergétique et de réduction des émissions pour veiller à ce qu'ils soient efficaces. Je dois vous dire que c'est en fait assez commun. Souvent, le gouvernement finance des programmes sur une période de quatre ou cinq ans, voire plus longtemps.
En général, pendant la dernière année de cette période, nous faisons un examen pour nous assurer que les programmes sont encore utiles et efficaces. Un tel examen est en cours pour un certain nombre de ces programmes qui arrivent à échéance à la fin de l'année et il appartiendra alors au ministre de prendre une décision. Je le répète, le gouvernement n'a pas encore déterminé l'avenir de ces programmes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de vous donner plus de détails sur notre programme, écoÉNERGIE Rénovation - Maisons. Nous apprécions l'occasion de discuter de notre programme, lequel, comme vous devez le savoir suite aux témoignages de la première heure, est l'un qui selon nous, connaît beaucoup de succès.
Je vous ai fourni un document qui vous permettra de suivre, je l'espère.
On compte environ 10 millions d'immeubles résidentiels bas au Canada; il s'agit de notre marché cible pour ce programme. Moins de 2 p. 100 des maisons au Canada sont construites chaque année, alors nous avons un très grand parc de maisons existantes dont nous devons nous soucier de l'efficacité énergétique. En effet, ce programme vise la rénovation de ces maisons afin de réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et que les Canadiens dépensent moins pour acheter du carburant.
L'efficacité énergétique dans le secteur immobilier s'est améliorée de 22 p. 100 au cours des quinze dernières années. Ces statistiques sont en grande partie attribuables au fait que les appareils ménagers que nous utilisons sont 50 p. 100 plus efficaces qu'ils ne l'étaient il y a une décennie, les pratiques de construction nous permettent d'avoir des maisons mieux isolées pour économiser, et les chaudières que nous installons sont considérablement plus efficaces qu'elles ne l'étaient il y a une décennie et demie.
Malgré tout, la consommation d'énergie dans le secteur a quand même augmenté de 5 p. 100 en terme absolu au cours des quinze dernières années. Ce fait est attribuable à une augmentation d'environ 30 p. 100 de la population, alors il y a davantage d'habitations pour davantage de Canadiens, et nos maisons sont en moyenne 10 p. 100 plus grandes qu'elles ne l'étaient il y a une décennie et demie. Conséquence peut-être encore plus importante dans toutes nos vies, les appareils que nous branchons au mur — l'équipement informatique, l'équipement audio, de nombreux appareils qui n'existaient pas il y a une décennie et demie — consomment 105 p. 100 plus d'énergie. Alors des gains ont été faits en matière d'efficacité dans le secteur, mais il en est de même pour les augmentations absolues d'énergie consommée.
Je passe à la deuxième diapositive.
Nous avons donc mis sur pied le programme qui offre jusqu'à 5 000 dollars en subventions aux propriétaires qui rénovent leurs maisons pour en améliorer l'efficacité énergétique.
Il s'agit d'un processus en trois étapes. Le client appelle un conseiller qualifié en matière d'énergie agréé par Ressources naturelles Canada pour faire une évaluation de la maison. L'évaluation a lieu, et le propriétaire reçoit une liste des mesures à suivre pour améliorer l'efficacité énergétique de sa maison.
À la deuxième étape, le consommateur choisit les mesures qu'il veut mettre en oeuvre et effectue les travaux. Dix-huit mois sont accordés, ou jusqu'au 31 mars 2011 — il s'agit d'une règle du programme depuis le début — pour faire les investissements.
Troisième étape: rappeler l'évaluateur, qui retourne à la maison et procède à une évaluation des travaux effectués. Ainsi, le gouvernement du Canada a un programme crédible fondé sur des preuves; nous avons la certitude d'offrir des incitatifs pour du travail qui a en fait été réalisé.
C'est à ce moment-là que le propriétaire demande la subvention.
Passons à la prochaine diapositive.
Le programme est très populaire. Le gouvernement a continué d'investir. Nous avions à l'origine un budget de 160 millions de dollars sur quatre ans. Le programme devait obtenir la participation de 140 000 ménages et réduire les émissions de 0,4 mégatonne — ou 400 000 tonnes de gaz à effet de serre ou leur équivalent. Toutefois, comme le programme a dû faire face à une très grande demande, le gouvernement a décidé, dans le budget de 2009, dans le cadre du Plan d'action économique, d'augmenter le budget de 300 millions de dollars. On s'attendait à pouvoir rénover 200 000 maisons supplémentaires et à réduire les émissions de 0,8 mégatonne de gaz à effet de serre de plus. En même temps, le gouvernement a augmenté les subventions afin que les propriétaires puissent obtenir 25 p. 100 de plus pour les mesures prises, et cela a contribué au taux de participation et à la distribution rapide d'argent partout au Canada, stimulant l'activité pour les travailleurs qui fabriquent ou installent des produits ou des services liés à l'efficacité énergétique.
La demande a continué d'augmenter, et le gouvernement a augmenté le budget à deux reprises: une augmentation de 205 millions et une autre de 85 millions qui, ensemble, permettront de rénover 180 000 maisons supplémentaires et de réduire de 0,5 mégatonne de plus les émissions.
Au total, monsieur le président, le programme a un budget de 745 millions de dollars sur quatre ans pour rénover jusqu'à 520 000 maisons. Il s'agit d'une augmentation du budget de près de 500 p. 100.
Passons à la prochaine diapositive. Nous avons eu beaucoup de succès pour ce qui est d'obtenir des investissements de partenaires dans les provinces, dans les territoires et dans le domaine des services publics. Toutes les provinces et tous les territoires, sauf le Nunavut, offrent des programmes complémentaires dans le cadre desquels ils offrent des incitatifs, des prêts à bas taux d'intérêt et dans 10 cas, ils aident aussi à subventionner le coût assumé par le propriétaire pour faire l'évaluation énergétique.
De plus, de nombreuses entreprises de services publics, comme Terasen Gas, Enbridge Gas et BC Hydro offrent leurs propres subventions, ce qui ajoute au montant offert par le gouvernement fédéral; beaucoup de villes le font également.
Par considération pour le consommateur et quand on voit à quel point il est facile pour les propriétaires de faire une demande, comme nous l'a dit M. Guimond, nous pensons aux propriétaires canadiens; ainsi, ils n'ont qu'une demande à faire, demande qui est traitée par le gouvernement fédéral, lequel fournit l'information aux programmes partenaires.
La cinquième diapositive montre les répercussions qu'a le programme d'un océan à l'autre. Nous vous avons fourni les statistiques pour chaque province et territoire du Canada. Dans chaque cas, vous voyez combien de conseillers en efficacité énergétique sont agréés pour travailler dans le cadre du programme dans la région donnée. Il y a aussi le nombre de Canadiens qui ont profité du programme d'évaluation antérieure aux rénovations — 600 000 au total — et le nombre d'évaluations effectuées après les rénovations. Il s'agit du nombre de Canadiens qui ont déposé une demande de subvention. Le montant à la dernière ligne constitue la subvention moyenne: 1 300 dollars.
La sixième diapositive montre le genre de mesures prises par les Canadiens. L'étanchéisation à l'air est une mesure populaire, de même que le remplacement du système de chauffage, des fenêtres, des portes et aussi de l'isolant.
Je porte maintenant votre attention au soutien aux technologies émergentes. La question a été soulevée à quelques reprises ce matin. Vous pouvez voir que nous soutenons l'installation de systèmes de chauffage de l'eau domestique à l'énergie solaire, plus de 1 100 d'entre eux et de 7 700 thermopompes géothermiques.
La dernière diapositive est un aperçu de statistiques qui démontrent les répercussions qu'a eu ce programme sur le secteur résidentiel canadien. Plus de 600 000 évaluations avant rénovation ont eu lieu; ainsi 600 000 ménages canadiens ont en main de l'information détaillée sur leur maison et les améliorations qu'ils peuvent apporter pour réduire leur consommation d'énergie. À ce jour, 340 millions de dollars ont été versés en subventions, ce qui donne une moyenne de 22 p. 100 en économie par ménage. Ainsi, les ménages qui participent au programme peuvent réduire leur facture d'énergie de presque un quart. Il s'agit d'une réduction considérable, surtout avec la tendance à la hausse des prix de l'énergie. Trois tonnes de réduction de gaz à effet de serre par maison... 2 000 conseillers en efficacité énergétique au Canada.
Il reste plus de 300 millions de dollars à distribuer dans le cadre du programme cette année aux propriétaires qui sont toujours inscrits au programme. Au total, les 745 millions de dollars seront dépensés pour réduire les gaz à effet de serre et augmenter l'efficacité des maisons canadiennes et permettre aux propriétaires canadiens d'utiliser les épargnes en carburant à des fins plus importantes.
Je serai ravie de répondre à vos questions. Merci beaucoup de m'avoir donné cette occasion.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux membres de ce comité de nous recevoir aujourd'hui pour présenter notre point de vue au sujet de l'efficacité énergétique.
Je m'appelle Charles Tanguay, je suis responsable des communications à l'Union des consommateurs, une fédération d'associations de consommateurs qui a son siège social au Québec. Je suis en compagnie de Marc-Olivier Moisan-Plante, mon collègue économiste. Il s'intéresse de façon particulière aux questions d'efficacité énergétique. Il mène d'ailleurs actuellement une étude sur l'étiquetage écoénergétique des habitations. Je pense que le sujet vous intéressera et nous pourrons en parler avec vous. L'Union des consommateurs est une fédération. Elle regroupe 10 associations locales de consommateurs, les ACEF, ainsi que l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction, une association spécifiquement vouée aux questions de rénovation et de construction dans le domaine résidentiel.
Notre intérêt pour les questions d'efficacité énergétique existe depuis longtemps. Nous participons aux travaux de la Régie de l'énergie du Québec et nos associations membres sont des agents livreurs d'un programme spécial d'efficacité énergétique nommé « Éconologis » qui cible les ménages à faible revenu. C'est un programme financé par l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec et par les distributeurs d'énergie qui permet, dans le cadre de visites à domicile de ménages à faible revenu, de faire de menus travaux d'isolation, de donner des conseils et de réduire la facture d'énergie de ces ménages.
Selon nous, il n'y a que du bon à dire de l'efficacité énergétique. Elle réduit les coûts d'énergie pour les consommateurs et atténue la croissance des coûts associés à la demande énergétique grandissante. On sait que produire des quantités supplémentaires d'électricité coûte aujourd'hui beaucoup plus cher que la moyenne du parc de production déjà installé. Il est donc beaucoup plus rentable, pour les fournisseurs d'énergie et pour la société en général, d'utiliser les négawatts, c'est-à-dire de réduire la consommation plutôt que d'augmenter la capacité de production. C'est aussi une question de réduction des gaz à effet de serre. On souhaite tous que le Canada réduise l'émission de ces gaz. Il y a, en plus, des arguments économiques pour ce qui est de l'efficacité énergétique. C'est un secteur où nous observons une très forte création d'emplois. Les dollars qui y sont investis créent beaucoup plus d'emplois que dans bien d'autres domaines. C'est une économie d'avenir, c'est une façon de rendre notre économie plus efficiente, donc de faire plus avec moins d'énergie. C'est rentable pour les consommateurs, mais aussi pour toute la société. Notre souhait est que le gouvernement fédéral fasse tout ce qu'il peut, fasse plus d'efforts en matière d'efficacité énergétique.
On doit tenir compte du fait que beaucoup d'avantages de l'efficacité énergétique ne sont pas comptabilisés, ne sont pas seulement économiques. Par exemple, dans le domaine de l'habitation, on peut certainement améliorer le confort des occupants. On peut améliorer la qualité de l'air des habitations et, par conséquent, la santé des occupants. Une maison plus efficace sur le plan énergétique est généralement mieux construite, c'est donc dire qu'elle va durer plus longtemps, qu'elle va nécessiter moins d'entretien. Beaucoup de ces avantages ne sont pas comptabilisés, mais ils sont bien réels. En ce qui concerne les ménages à faible revenu, les coûts d'énergie qu'ils n'auront pas à payer leur permettront d'acheter plus de nourriture et d'envoyer leurs enfants à l'école. Il est important de ne pas calculer seulement les avantages économiques, mais l'ensemble des avantages des programmes d'efficacité énergétique.
Au Québec, c'est la Régie de l'énergie qui approuve les programmes des différents fournisseurs d'énergie. Le coût des programmes est intégré dans la base tarifaire, c'est-à-dire que ça fait partie des tarifs que l'on paie pour l'énergie. Ça signifie que tous les consommateurs d'énergie au Canada paient pour les différents programmes d'efficacité énergétique.
Ainsi, quand un programme est subventionné par le gouvernement, il est payé par l'ensemble des contribuables canadiens. Il est donc très important que la répartition des bénéfices soit équitable. Idéalement, tous les citoyens devraient pouvoir profiter de ce programme.
Or, on se rend compte qu'il y a une difficulté particulière à joindre les ménages à faible revenu, pour ce qui est des programmes d'efficacité énergétique. Dans une évaluation — je pense que c'est l'ancêtre des programmes écoÉNERGIE qui avait été évalué —, on avait trouvé que la portion représentant 40 p. 100 de la population la plus pauvre, avait bénéficié de seulement 3 p. 100 des effets de ces programmes. En d'autres mots, plus vous êtes pauvre, moins vous profitez des programmes d'efficacité énergétique. Pourtant, ce sont les gens les plus pauvres qui ont le plus besoin de tels programmes d'efficacité énergétique. En effet, souvent, leurs maisons sont de moins bonne qualité, elles sont mal isolées, et ils n'ont pas les moyens d'acheter des appareils électroménagers performants. Il y a donc la pauvreté qui rend la facture d'énergie de plus en plus lourde.
Également, il y a toutes les difficultés associées au fait d'être locataire. Dans bien des cas, ce n'est pas le propriétaire qui paie la facture de chauffage de ses locataires. Il n'a donc pas d'intérêt économique à accroître l'efficacité énergétique de son logement locatif.
Ça m'amène à ouvrir une petite parenthèse sur des travaux qu'on a faits sur l'efficacité énergétique. Toutefois, ceux-ci concernaient, cette fois-ci, l'automobile. Nous vous avons fourni une copie d'un rapport de recherche, publié il y a un peu plus d'un an, sur l'étiquetage écoénergétique des véhicules automobiles au Canada. Dans ce rapport, nous recommandons une révision, par Ressources naturelles Canada, de l'étiquette Énerguide pour les automobiles. Nous avons examiné l'ensemble des modèles d'étiquette qui sont utilisés partout dans le monde pour les automobiles.
C'est une parenthèse, mais vous allez voir qu'il y a des liens avec le domaine de l'habitation.
Notre étiquette pour l'automobile au Canada pourrait donc être mieux faite et surtout plus visible. Le problème, actuellement, c'est qu'une fois sur deux, l'étiquette de consommation de carburant des véhicules se retrouve dans le coffre à gants de la voiture ou dans la salle d'exposition des concessionnaires d'automobiles. Elle est donc peu visible.
On a aussi examiné, au cours de cette recherche, les études dans lesquelles on analysait les comportements des consommateurs lors de la prise de décision concernant l'achat d'une automobile. On peut constater que les consommateurs sont très peu rationnels. Lors de l'achat d'une automobile, on se base sur des critères affectifs; on se préoccupe de la beauté du véhicule, de sa puissance. Même s'il y a un discours de plus en plus présent sur l'efficacité énergétique, les consommateurs, rendus au moment d'acheter, ne traduisent pas ces préoccupations en gestes concrets. On s'est demandé, alors, comment faire pour que les consommateurs soient plus préoccupés par cette question, et pour que cette dernière fasse partie des principaux critères de décision.
En réalité, la même problématique peut s'appliquer au domaine de l'habitation. Quand on cherche une habitation, on cherche d'abord un quartier, puis, on tombe souvent amoureux d'une maison parce qu'on aime la cuisine rénovée ou la salle de bain rénovée. Ce sont des critères qui relèvent plus de l'affectivité, ou qui sont moins rationnels, qui prennent le dessus sur le critère d'efficacité énergétique.
Je vais conclure plus rapidement.
Notre rapport de recherche sur l'automobile préconise l'adoption d'une nouvelle étiquette qui soit plus visible, mais aussi des programmes d'incitation à l'acquisition, qui mettent en valeur le critère de l'efficacité énergétique.
On peut envisager la même chose dans le domaine de l'habitation. Mon collègue est en train de terminer un programme de recherche sur l'étiquetage écoénergétique des habitations. Dans ses travaux, il a analysé des expériences qui se font de plus en plus partout dans le monde, comme au Danemark, au Royaume-Uni, en Oregon. On s'interroge sur la pertinence de rendre obligatoire l'étiquetage lors d'une transaction immobilière, comme pour la location d'un appartement ou la vente d'une maison.
On fait également un survol des programmes incitatifs qui renforcent l'étiquetage. Pour nous, le ministère des Ressources naturelles du Canada joue un rôle très important. Les évaluations des différents programmes montrent une rentabilité économique incontestable, mais, comme je le disais, il y a beaucoup d'autres facteurs de rentabilité qui sont peu mesurés. Souvent, les subventions, comme celles d'écoÉNERGIE, seront le coup de pouce qui manque pour que les consommateurs posent des gestes concrets en matière de rénovation. D'ailleurs, ils investissent souvent plus que le montant de la subvention. C'est donc extrêmement rentable.
Des programmes comportant des visites d'experts et des procédures normalisées de diagnostics énergétiques mettent plusieurs années avant d'être rodés. Pour nous, écoÉNERGIE a développé une expertise importante dans le diagnostic énergétique des bâtiments et il serait important de conserver cette expertise, surtout si le gouvernement envisage l'étiquetage écoénergétique des habitations, comme notre rapport de recherche le recommandera. Il faut évidemment que ce soit complémentaire avec les programmes provinciaux. Je pense que le programme du ministère des Ressources naturelles a été doublé par ceux des provinces. Quand on a deux incitatifs, on a des programmes plus attrayants. Je crois aussi que les arrimages avec la SCHL peuvent être explorés pour bonifier davantage, par exemple, les réductions de taux d'intérêts et aussi pour cibler les ménages à faibles revenus.
Il est important d'avoir cette préoccupation d'adapter des programmes spécifiquement dans les foyers où il y a trop peu d'efficacité énergétique. Si on ne le fait pas, il y aura des coups d'énergie à la hausse qui vont résulter en des rénovations. Celles-ci, si elles ne sont pas encadrées, risquent d'être mal faites, ce qui serait nuisible non seulement pour l'énergie et l'économie d'énergie, mais peut-être aussi pour la santé des occupants des bâtiments canadiens.
Notre rapport de recherche sera disponible au début de l'été et nous vous en ferons part avec plaisir. Entre-temps, mon collègue pourra répondre à vos questions. Je vous remercie énormément de nous avoir reçus aujourd'hui.
Madame Buckley, il y a quelque chose qui me trouble dans votre présentation, à la page 5. Je vois que, si l'on compare les exemples du Québec et de l'Ontario, en Ontario il y a 1 182 conseillers et il y a un nombre d'évaluations très important par rapport à celui du Québec, qui est à 134.
Plus de conseillers donne-t-il un plus grand nombre d'évaluations avant rénovation? Le Québec, avec les évaluations avant rénovation de 47 000 $, a-t-il sa juste part de ce programme? Est-ce simplement parce qu'on a eu moins de demandes?
Par ailleurs, je m'aperçois que, si on regarde le tableau — si je le comprends bien —, la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec comptent pour à peu près la moitié des rénovations qui ont été faites. Avant rénovation, il y avait 47 172 demandes; après rénovations, 19 600. Donc, les désirs de rénovation se concrétisent à moitié, si je comprends bien.
Qu'est-ce qui empêche les gens d'aller au bout de ces rénovations? Est-ce des tracasseries administratives ou est-ce simplement le nombre de conseillers qui n'est pas suffisant?