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Merci de me donner l'occasion de m'adresser aux membres du comité et de répondre à leurs questions. J'espère que je pourrai ajouter de la valeur au travail du comité. Le bref mémoire que j'ai fourni au comité énonce les sujets que je voulais examiner. Ainsi, mon exposé sera relativement bref.
Après vous avoir présenté mon organisation, je vous parlerai de l'importance de la diversification de nos marchés, de la responsabilité en ce qui concerne l'environnement et les changements climatiques, de l'importance cruciale de l'innovation, et de la façon dont tout cela est lié à la sécurité énergétique.
Tout d'abord, l'organisation que je représente, Alberta Innovates - Energy and Environment Solutions, est l'une des quatre nouvelles sociétés provinciales créées par le gouvernement de l'Alberta en janvier 2010 sous la bannière « Alberta Innovates ». Notre organisation constitue la division de la technologie du gouvernement de l'Alberta dans le secteur de l'énergie et de l'environnement. Nous poursuivons l'oeuvre accomplie sur une période de plus de 36 ans par deux organisations. Depuis un certain temps déjà, nous sommes très présents dans le secteur de l'énergie et de l'environnement.
Notre mission consiste à placer l'Alberta en position favorable pour l'avenir en ce qui concerne l'énergie et l'environnement. À cette fin, nous repérons, évaluons et sélectionnons des technologies et des partenaires — ces tâches sont importantes. Pour être en mesure de faire cela, nous avons renforcé l'expertise en la matière et élaboré des outils de veille à la concurrence. De concert avec l'industrie, le gouvernement fédéral et des collaborateurs à l'échelle internationale, nous investissons dans le secteur de la recherche et de la technologie, ou fournissons du financement aux organisations de ce secteur.
Un récent supplément du Globe and Mail fournit un exemple de travail que nous sommes en train d'effectuer. Je vais déposer ce supplément — je sais qu'il doit être traduit.
En outre, je vais déposer notre rapport annuel, surtout pour vous donner une idée de nos activités, et vous fournir des détails supplémentaires sur les répercussions de notre travail.
Je veux aborder la question des vastes marchés énergétiques. Je me servirai de l'exemple de l'industrie forestière de la Colombie-Britannique, qui a tenté pendant 10 ans de prendre de l'expansion hors du seul marché nord-américain. Cette industrie a récemment réussi à faire une importante percée sur le marché chinois. La demande a toujours été présente en Chine, mais l'industrie a dû faire preuve de persévérance, et surmonter des obstacles culturels, car les Chinois n'ont pas l'habitude d'utiliser du bois pour construire des maisons.
Les ressources en pétrole du Canada sont de plus en plus abondantes. De fait, le Canada et le seul pays industrialisé qui peut accroître considérablement sa production de pétrole, non seulement sa production provenant de l'exploitation des sables bitumineux, mais également, et de plus en plus, sa production de pétrole brut classique provenant de ce que l'on appelle des formations d'huile de schiste et que l'on trouve au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. La production a déjà débuté au Manitoba et en Saskatchewan, et, dans une certaine mesure, en Alberta.
Malheureusement, les États-Unis représentent notre seul marché d'exportation. Ce marché sera bientôt saturé, et l'on prévoit qu'il stagnera dans l'avenir. Il est crucial pour le Canada que nous concentrions nos efforts sur la diversification des marchés, et que nous mettions particulièrement l'accent sur l'Asie, la Chine, la Corée et le Japon. Cela est non seulement important, mais également de plus en plus urgent.
Le deuxième aspect que je veux aborder est celui de la responsabilité environnementale. En cette matière, les attentes de la société sont très élevées, à un point tel que nous devons concilier développement économique et conscience environnementale. Ce ne sont plus seulement les entreprises qui veulent faire cela — la société s'attend à ce que nous le fassions. L'exploitation des sables bitumineux rend le Canada extrêmement vulnérable sur le plan environnemental, et de nombreuses organisations déploient des efforts considérables pour établir un juste équilibre entre la gérance de l'environnement et la réalité économique. Par exemple, l'Alberta Chamber of Resources — qui figure, si je ne m'abuse, parmi votre prochain groupe de témoins — a mené une initiative exhaustive sur l'utilisation des terres qui permet aux entreprises forestières et les entreprises énergétiques de travailler côte à côte afin qu'elles intègrent leurs activités de manière à réduire l'empreinte environnementale sur les terres.
Si nous voulons obtenir de bons résultats sur le plan environnemental, nous devrons compter sur la technologie, qui jouera un rôle clé. Je crois que la condition de nos succès à venir est la même que celle de nos succès passés, à savoir un solide partenariat gouvernement-industrie fondé sur une analyse de rentabilisation précise et une stratégie de mise en oeuvre élaborée de façon judicieuse.
Les nouvelles technologies entraînent des risques pour les entreprises sur les marchés financiers. Je vous ai fourni un graphique illustrant le temps qu'il faut attendre avant qu'une nouvelle technologie soit commercialisée dans divers secteurs — dans le secteur des ressources, cette période est d'une durée de 20 à 30 ans, soit une période beaucoup plus longue que dans tout autre secteur. Ce délai se traduit par un profil de risque élevé, et l'engagement financier requis pour passer à travers d'aussi longues périodes est assez considérable.
À notre avis, le rôle du gouvernement consiste à collaborer avec l'industrie pour atténuer les risques liés à l'adaptation des nouvelles technologies, surtout les technologies de nouvelle génération.
La dernière chose que je dirai en ce qui concerne la technologie, c'est qu'il est nécessaire d'investir de façon significative dans les secteurs où le Canada dispose d'un avantage naturel. Ces investissements doivent être ciblés, et ils doivent s'étendre sur de longues périodes en raison du temps qu'il faut pour mettre en marché ces technologies novatrices dont j'ai parlé. Nous ne pouvons pas réaliser nos objectifs environnementaux sans faire preuve d'innovation.
Enfin, j'aborderai la question de la sécurité énergétique. Mon opinion préconçue, si je peux m'exprimer ainsi, c'est que la sécurité énergétique est indissociable de nos ressources énergétiques — lesquelles sont abondantes —, de notre économie — laquelle est fortement tributaire du secteur énergétique et de celui des ressources —, et de la responsabilité environnementale — grâce à laquelle nous obtenons l'approbation publique d'exercer nos activités.
La technologie est le ciment qui lie l'énergie, l'économie et l'environnement, et elle est ce qui nous permet d'être concurrentiels, d'optimiser la valeur de nos ressources et d'atténuer les risques environnementaux. J'estime que le rôle du gouvernement consiste à établir la condition limite, et à intervenir pour s'assurer que la technologie est disponible de façon acceptable et abordable.
Merci.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de nous présenter devant vous aujourd'hui pour mettre en évidence l'importance du projet gazier Mackenzie, non seulement pour les intervenants du Nord, mais aussi pour l'ensemble du Canada.
Il y a deux choses que j'aimerais que vous reteniez de mon exposé: premièrement, le projet gazier Mackenzie est un élément crucial du panier d'énergies du Canada, et, deuxièmement, ce projet fournira à la population autochtone de la vallée du Mackenzie les moyens de faire un pas de géant vers l'indépendance et l'autosuffisance économiques.
Un examen réglementaire exhaustif d'une durée de six ans a été mené, et on n'attend plus que la promulgation d'un décret, dernière étape du processus réglementaire, avant que le projet ne soit mis en branle. Il s'agit d'une étape cruciale, qui nous permettra d'entreprendre les études techniques détaillées et le travail préparatoire sur le terrain en vue du début des travaux de construction, lesquels doivent débuter avant décembre 2015, date d'expiration du certificat récemment délivré par l'ONE.
Les deux premières diapos du document que je vous ai fourni présentent un aperçu du projet. Je vous laisserai le soin d'en prendre connaissance.
Je vais commencer par la troisième diapo.
L'APG, l'Aboriginal Pipeline Group, est une coalition unique en son genre de groupes autochtones de la vallée du Mackenzie. Il s'agit d'une coalition qui veut non seulement appuyer la construction du pipeline de la vallée du Mackenzie, mais également y prendre part. Notre mission consiste à optimiser le rendement financier à long terme du pipeline pour les groupes autochtones des Territoires du Nord-Ouest grâce à la part que nous détenons dans le pipeline.
Nos partenaires sont l'Inuvialuit Regional Corporation, le conseil tribal des Gwich'in et Sahtu Pipeline Trust. L'APG détient le tiers des parts du pipeline de la vallée du Mackenzie — les deux tiers restants sont détenus par nos partenaires, à savoir Imperial Oil, ConocoPhillips Canada, Shell Canada et ExxonMobil Canada.
On me pose fréquemment la question de savoir si nous avons besoin du gaz du Nord. En un mot, la réponse est: oui, mais pas pour l'instant. Nous aurons besoin du gaz du Nord vers la fin de la présente décennie.
Au chapitre de l'offre, la production provenant des gisements classiques en Amérique du Nord est épuisée — le volume de production diminue de près de 20 p. 100 par année. Au Canada seulement, il faut augmenter chaque année la production de gaz de 3 milliards de pieds cubes par jour à seule fin de maintenir le niveau de production actuelle, ce que nous n'avons pas fait.
Au chapitre de la demande, le gaz naturel est le combustible fossile le plus privilégié d'un point de vue environnemental — le taux d'émission de gaz à effet de serre du gaz naturel est de 33 p. 100 inférieur à celui du pétrole, et de 50 p. 100 inférieur à celui du charbon.
Le marché de la production d'énergie est le segment de marché dont la croissance est la plus rapide pour le gaz naturel. L'an dernier, l'ancien ministre Prentice a annoncé que, au Canada, 33 centrales thermiques alimentées au charbon parviendront à la fin de leur vie économique d'ici 2020. Si ces centrales sont converties au gaz naturel, cela se traduira par un accroissement de la demande de 1,2 milliard de pieds cubes par jour, soit l'équivalent exact du débit du pipeline de la vallée du Mackenzie.
À la diapo suivante, un graphique indique que, même si l'on ajoute le gaz de schiste et les autres gaz non classiques, la production totale du Canada continuera de décroître, et ce, jusqu'en 2020.
Le gaz de schiste est un ajout important au panier d'énergies, mais est-il durable? Nous savons que les taux de diminution sont très élevés dans les premières années, pouvant atteindre 65 p. 100. En outre, la production de gaz de schiste exige de considérables quantités d'eau, généralement de 100 fois supérieures environ à celles utilisées pour un puits conventionnel. Enfin, quelques préoccupations environnementales ont été soulevées, notamment en ce qui concerne la contamination des eaux souterraines.
Dans le cadre de l'étude sur l'offre et la demande que nous lui avons demandé de mener, Ziff Energy en est arrivé à la conclusion que nous aurons besoin du gaz de schiste et des deux pipelines du Nord pour répondre, d'ici la fin de la présente décennie, à la demande prévue.
La diapo suivante indique le calendrier global du projet gazier Mackenzie. Tout récemment, en décembre dernier, le processus réglementaire d'assez longue haleine a pris fin.
Nous nous attendons à reprendre les pourparlers relatifs à un cadre financier avec le gouvernement fédéral au cours du premier trimestre de la présente année, après la réception du certificat en bonne et due forme de l'ONE. Cela nous permettra de relancer le projet, de procéder à une nouvelle dotation en personnel de l'équipe d'ingénieurs, de mettre en oeuvre les programmes d'études détaillées sur le terrain et de délivrer environ 7 000 permis propres à un site. Nous espérons que les propriétaires prendront la décision d'entreprendre la construction d'ici 2013, et que le pipeline entrera en service en 2018.
Ce projet, élaboré par l'Office national de l'énergie afin de servir l'intérêt public, est véritablement fondateur pour notre pays. D'autres projets de même nature ont reçu du financement du gouvernement fédéral. Par exemple, le projet de la voie maritime du Saint-Laurent, le projet Hibernia, le projet TransCanada Pipeline initial et, bien sûr, le projet de la Transcanadienne.
Le gouvernement des États-Unis a accordé une garantie de prêt d'une valeur de 18 milliards pour la construction du gazoduc de la route de l'Alaska. Le gouvernement fédéral a la possibilité d'offrir une compensation pour les coûts liés à la réglementation et aux infrastructures, et d'offrir une garantie afin de réduire le coût du capital, qui représente la portion la plus importante pour l'expédition.
Le projet présente d'énormes avantages économiques pour la vallée du Mackenzie, lesquels sont mentionnés sur cette diapo. Lorsque la construction battra son plein, plus de 7 000 emplois auront été créés. En outre, il apportera l'indépendance et l'autosuffisance économiques aux communautés autochtones, lesquelles pourront se délivrer de leur dépendance à l'égard des programmes gouvernementaux.
La dernière diapo fait ressortir les avantages considérables que présente le projet pour l'ensemble du Canada, y compris la création de plus de 100 000 emplois dans l'ensemble du pays. Il s'agit véritablement d'un projet entièrement canadien, qui nous fournira, d'une manière respectueuse de l'environnement, l'énergie propre dont nous avons besoin, qui créera des emplois et offrira des possibilités économiques partout au Canada.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, messieurs.
Il s'agit là, bien sûr, de sujets très importants. Il est question de diversité. Il est question de gouvernance. Notre rôle est de formuler quelques recommandations pour la suite des choses, et j'estime que vous représentez véritablement un atout aux fins du rapport que nous devrons déposer.
Tout d'abord, monsieur Isaacs, permettez-moi de vous poser une question, Il y a trois sujets que je veux aborder. J'aimerais que nous parlions de gouvernance, j'aimerais que nous parlions de perception, et j'aimerais que nous parlions de partenariat.
En ce qui concerne la gouvernance, il s'agit peut-être d'une perception, mais il me semble que la relation entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial comporte quelques lacunes. Quoi qu'il en soit, nous avons un rôle à jouer. Le gouvernement de l'Alberta et le gouvernement du Canada ont conclu un accord. D'après vous, quel est le rôle du gouvernement fédéral? Croyez-vous qu'il devrait participer davantage au processus de surveillance? Est-ce que le processus d'évaluation environnemental est suffisant? Il s'agit probablement de l'une des questions clés. Bien sûr, je viens du Québec, et par définition, je suis respectueux des compétences.
J'aimerais comprendre comment le gouvernement fédéral pourrait servir de contrepoids, et contribuer à l'amélioration de la qualité de vie de la population.
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J'espère que j'ai bien compris votre question — portait-elle bel et bien sur le captage et le stockage du carbone, sur le projet de séquestration du carbone?
Oui? D'accord.
Nous avons été très actifs dans ce domaine. En ce qui a trait aux investissements qui ont été effectués — l'investissement de 2 milliards de dollars du gouvernement de l'Alberta et celui de 800 millions de dollars environ du gouvernement fédéral —, je vous dirai que bon nombre des projets ont été mis en oeuvre par notre organisation, dans la mesure où nous en avons dirigé quelques-uns. Nous sommes toujours partie prenante de ce projet mené conjointement avec Shell et consistant à examiner et à délimiter les puits qui sont creusés, et le rythme auquel le dioxyde de carbone peut être injecté dans les formations — il s'agit de formations salines profondément enfouies dans le sol. Nous nous employons à déterminer le rythme auquel cette opération peut être effectuée. Nous avons tenté de nous assurer que la technologie est sûre, et qu'elle peut être utilisée de façon sécuritaire.
Cela dit, vous avez raison de mentionner qu'il faudra beaucoup de temps avant que ces technologies soient commercialisées, simplement pour des raisons de coût. La majeure partie des coûts est liée au captage du dioxyde de carbone, et au fait de s'assurer que celui-ci est bel et bien capté. Il y a aussi les coûts liés à la compression — il en coûte très cher de soumettre le carbone à une pression élevée. De nouvelles technologies seront nécessaires pour rendre viable toute cette technologie, mais si nous ne commençons pas à travailler là-dessus dès maintenant, nous ne parviendrons probablement pas à obtenir des résultats probants au cours des quelque 20 prochaines années.
J'estime que nous avons connu un bon départ, mais cela exigera beaucoup de temps. Heureusement, nous travaillons en très étroite collaboration avec des partenaires du monde entier dans ce domaine. Tout cela suscite beaucoup d'intérêt à l'échelle internationale.
En ce qui concerne le fait d’exploiter le marché asiatique, les gens du secteurs du gaz de schiste nous ont dit que la dépendance des États-Unis à l’égard du gaz canadien allait diminuer au cours des dix prochaines années en raison de la quantité astronomique de gaz de schiste aux États-Unis, notamment dans l’énorme bassin de Marcellus. Ainsi, tous les regards semblent tournés vers l’Ouest, et l’on semble considérer que l’Asie représente un bon marché à percer.
Évidemment, le port de Kitimat est le point de chargement idéal, vu les installations qui s'y trouvent. Comme je l'ai mentionné, les groupes d'opposition aux cargos et aux pipelines sont très actifs là-bas, et aucun rapprochement avec eux ne sera possible tant qu'ils demeureront campés sur leurs positions. Ainsi, je considère que cela est un problème.
J'avais une question à poser. Vous avez dit que 7 000 emplois allaient être créés durant la période de construction. C'est formidable. Trois groupes des Premières nations font partie de votre organisation. Quelle incidence cela aura-t-il sur le taux de chômage de ces Premières nations? Quel est le taux de chômage à l'heure actuelle, et quelles seront les répercussions de la construction du pipeline sur le taux de chômage?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être venus nous rencontrer aujourd'hui de si loin, d'ailleurs. Il fait peut-être plus beau chez vous qu'ici.
Monsieur Reid, dans votre présentation, vous avez parlé du rôle du gouvernement fédéral. Vous dites que « ce projet est assurément capable d'édifier la nation et de servir l'intérêt public ». Dans cette affirmation, il y a la reconnaissance implicite du fait que ce qui est bon pour la nation, n'importe où au Canada, — et le développement du gaz rapporte beaucoup d'argent — est forcément bon pour tout le monde.
Si j'étais un Canadien de Toronto, je vous dirais que je comprends parfaitement cela, que c'est absolument vrai, mais ce n'est pas le cas. Je viens du Québec et il y a deux nations au Canada. Même M. Harper a reconnu non pas la nation mais les nations.
En tant que nation, nous voyons les choses très différemment. Pourquoi? Je vous donne un exemple. Vous avez parlé du financement accordé dans le passé à de grands projets, comme la Voie maritime du Saint-Laurent, qui a été construite majoritairement en Ontario avec 30 p. 100 de l'argent des Québécois; comme le projet Hibernia, construit à Terre-Neuve-et-Labrador avec 25 p. 100 de l'argent des Québécois; comme le TransCanada pipeline — j'imagine que c'est dans l'Ouest. Vous n'avez cependant pas parlé des réacteurs CANDU à Énergie atomique du Canada limitée — majoritairement en Ontario, aussi.
On a une source d'énergie au Québec qui s'appelle « Hydro-Québec », mais c'est 0 ¢ qui est venu chez nous de la part du gouvernement du Canada. En tant que nation, nous avons l'impression que nous payons pour tout le monde dans une proportion de 25 à 30 p. 100, alors que nous recevons des transferts du programme de péréquation. Nous ne trouvons donc pas que c'est tellement bon pour l'ensemble de la nation.
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Nous sommes maintenant prêts à reprendre nos travaux. Nous allons entendre le deuxième groupe de témoins de la journée.
Nous recevons Brad Anderson, directeur exécutif, et Larry Staples, gestionnaire de projet, Groupe de travail sur l'exploitation des ressources et l'économie de l'Alberta Chamber of Resources. Nous accueillons également Harold Mullowney, maire de la ville de Bay Bulls, et Ted Lomond, directeur général, Newfoundland and Labrador Regional Economic Development Association.
Bienvenue, messieurs. Merci beaucoup d'être venus ici aujourd'hui.
Nous allons entendre les exposés dans l'ordre indiqué à l'ordre du jour.
Accueillons M. Brad Anderson et M. Staples, de l'Alberta Chamber of Resources. Vous avez un maximum de sept minutes. Allez-y, s'il vous plaît.
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Monsieur le président, nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de nous adresser aujourd'hui au comité permanent et de présenter le point de vue de l'Alberta Chamber of Resources.
L'Alberta Chamber of Resources a eu 75 ans. Vendredi soir dernier, nous avons célébré cet anniversaire à Edmonton dans le cadre de notre banquet annuel de remise de prix auquel ont assisté 700 de nos amis proches. Environ 200 entreprises de tous les secteurs de l'exploitation des ressources sont membres de notre organisation. Nous estimons que le fait que nos membres proviennent de multiples secteurs procure à notre organisation une vue d'ensemble unique, stratégique et pondérée.
La mission de notre organisation consiste à veiller à un développement ordonné et responsable. Nous estimons que, au fil des ans, notre travail a eu une influence à la fois sur les stratégies commerciales et les politiques publiques. Cette influence s'est manifestée dans quelques rapports dont je vais vous parler aujourd'hui, par exemple ceux du Groupe de travail sur les stratégies de mise en valeur des sables bitumineux, la Carte routière de l'industrie des sables bitumineux, le rapport intitulé Learning from Experience: Aboriginal Programs in the Resource Industries — il s'agit d'un manuel des pratiques exemplaires en ce qui concerne les relations entre les entreprises du secteur des ressources et les communautés autochtones —, et le rapport Protéger la terre, qui contient un résumé des méthodes de remise en état à la suite d'activités d'exploitation minière à ciel ouvert, et qui présente des exemples de réussite à ce sujet.
Le prochain rapport du Groupe de travail sur le développement des ressources et l’économie sera publié dans quelques semaines. À la demande du conseil d’administration de l’Alberta Chamber of Ressources, le groupe de travail a examiné l’incidence qu’a eue dans le passé et que pourrait avoir dans l’avenir le développement des ressources sur l’économie, et, a formulé quelques recommandations invitant les gouvernements et l’industrie à collaborer afin d’optimiser cette incidence dans l’avenir.
Le rapport a été élaboré grâce à la très importante contribution de neuf comités de secteur et aux modèles économiques établis par M. Robert Mansell et son équipe de l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary. Le modèle d’entrées-sorties des provinces de Statistique Canada a été utilisé pour évaluer les effets directs et indirects des secteurs des ressources sur l’activité économique de même que les liens en aval et en amont qui donnent lieu aux effets indirects dans les secteurs de l’approvisionnement et celui des services, par exemple, l’ingénierie et la comptabilité. À notre avis, l’un des principaux apports de notre rapport tient à ce qu’il procurera une compréhension plus exhaustive de l’ensemble des effets, tant les effets directs que les effets indirects.
L'impression du rapport est en cours. Nous serons heureux de vous en transmettre un exemplaire dès qu'il sera disponible, au début de mars.
J'aimerais faire ressortir quatre conclusions de portée générale du rapport du groupe de travail.
Premièrement, les secteurs des ressources constituent l’élément moteur de l’ensemble de l’économie. À l’échelle nationale, le quart des profits des entreprises et le tiers des investissements commerciaux sont le fait des secteurs des ressources. Plus de la moitié de la valeur des actions négociées à la Bourse de Toronto sont des actions du secteur des ressources. Les secteurs des ressources sont les principaux responsables de la balance commerciale positive du Canada. Si l’on tient compte de tous ces facteurs directs et indirects, nous constatons que les activités de développement des ressources ont généré 20 p. 100 du produit national brut du Canada, et plus de 60 p. 100 du produit intérieur brut de l’Alberta.
Deuxièmement, le Canada possède deux merveilleux avantages concurrentiels — d'une part, ses ressources sous terre, et d'autre part, ses ressources sur terre, à savoir sa prospère économie du savoir, dont l'élément moteur est le développement des ressources.
Une partie de ce savoir se trouve au sein des sociétés de développement des ressources, et une autre partie se trouve au sein des organismes de réglementation, des ministères et des laboratoires de recherche qui sont liés au secteur des ressources, mais dans une large mesure, l'économie du savoir réside au sein des secteurs de l'approvisionnement et des services.
J'aimerais souligner que ce savoir est concurrentiel à l'échelle mondiale, et que cette économie du savoir comporte une importante composante d'exportation.
Troisièmement, nous devons garder présent à l'esprit que le Canada possède un bon dossier en matière de développement responsable. Le pays possède des organismes de réglementation avertis qui fixent des normes élevées et veillent à ce qu'elles soient respectées. Les sociétés de développement des ressources du Canada prennent au sérieux leurs responsabilités à l'égard de la sécurité, de l'environnement et des collectivités — elles joignent le geste à la parole.
Quatrièmement, jetons un coup d'oeil sur l'avenir du secteur du développement des ressources. Le pays possède des ressources abondantes. Le secteur de l'énergie peut compter sur le charbon et les sables bitumineux. La couche rentable pour ces ressources se calcule en siècles. Même en ce qui concerne le pétrole et le gaz classiques, comme on l'a entendu, les couches rentables ont été élevées au cours des quelques dernières années. Outre les ressources énergétiques, nous disposons d'un important panier d'autres ressources minérales. Nous avons des forêts renouvelables. Si l'on met tout cela ensemble, nous constatons que nous disposons d'un portefeuille vaste et diversifié.
Lorsque nous avons discuté avec les chefs de file de notre secteur, nous leur avons demandé de nous expliquer quels seraient pour eux les meilleurs et les pires scénarios en ce qui concerne le développement dans l’avenir. M. Mansell et son équipe ont analysé tout cela au moyen de leurs modèles économiques, de manière à ce que nous puissions déterminer la « valeur de la récompense » que l’on recevrait si nous pouvions en arriver à élaborer des stratégies commerciales bien pensées et des politiques gouvernementales avisées qui nous permettraient d’éviter les risques du pire des scénarios et nous orienteraient vers le scénario idéal.
Nous avons estimé que, en Alberta, la valeur de la récompense — à savoir l'écart entre le pire et le meilleur des scénarios — équivalait à une croissance de 700 milliards de dollars du PIB au cours des dix prochaines années, et à quatre millions d'années-personnes d'emplois supplémentaires au cours des dix prochaines années. Ainsi, l'industrie, les gouvernements et la société en général sont très motivés à s'efforcer d'en arriver à un développement ordonné et responsable.
En conclusion, j’encourage le comité à lire le rapport lorsqu’il sera publié dans quelques semaines, et je lui demande de bien vouloir comprendre l’importance de ces secteurs sur le plan économique, et l’énorme incidence qu’ont les effets directs et indirects sur l’ensemble de l’économie canadienne. Je vous demande d'examiner les recommandations pour déterminer comment le gouvernement fédéral pourrait collaborer avec les gouvernements provinciaux et l’industrie afin d’élaborer une vision commune en matière de développement ordonné et responsable.
Merci.
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Les organisations du secteur du développement régional et économique, comme celles que je représente, s'efforcent de mobiliser les capacités, le savoir, les compétences et l'esprit d'initiative de notre localité pour faire en sorte que la province tire pleinement profit de cette occasion finie. Néanmoins, nous ne devons pas perdre de vue qu'une province de Terre-Neuve-et-Labrador forte contribue à un Canada fort et dynamique.
Soyons clairs: nous ne sommes pas en faveur du développement à tout prix. En ma qualité de maire d'une petite ville côtière, permettez-moi de dire tout d'abord que nos ressources et notre environnement naturels doivent être protégés. D'aucuns ont peut-être déjà commencé à oublier la catastrophe survenue dans le golfe du Mexique, mais ce n'est pas notre cas. Les industries de la pêche, de l'aquaculture, du tourisme et des produits nutraceutiques survivront à l'industrie du pétrole et du gaz. La perpétuation de ces secteurs dépend directement de notre gérance.
À titre de frère d'une personne qui a perdu la vie dans l'écrasement tragique du vol Cougar 491 le 12 mars 2009, permettez-moi d'ajouter ce qui suit: aucune famille ne devrait avoir à payer un tel prix. À notre avis, nous devons exploiter nos ressources hauturières de la façon la plus sécuritaire possible.
Le gouvernement fédéral peut faire de nombreuses choses pour aider les Canadiens à profiter pleinement des ressources pétrolières et gazières en mer. Les industries du gaz et du pétrole emploient directement plus de 4 500 personnes dans les provinces de l'Atlantique, et génèrent des recettes annuelles de près de sept milliards de dollars. Les redevances fiscales découlant de l'exploitation pétrolière et gazière, combinées à celles découlant de secteurs dérivés, sont énormes.
Les avantages cumulatifs ont permis à la province de mettre fin à des années de financement déficitaire, mais en plus, leurs effets se font à présent sentir également sur le bilan national. Le gouvernement fédéral doit déployer des efforts pour promouvoir les progrès technologiques requis afin de prolonger la vie des acquis technologiques, et ce, tout en créant un environnement favorable à l’exploration. Cela assurera l’optimisation de la vie de l’industrie.
Il est important de se rappeler que, même si une quantité de pétrole équivalant à 2,84 milliards de barils a été découverte à Terre-Neuve-et-Labrador, une quantité pouvant équivaloir à 6 milliards de barils reste à découvrir. L'OCNEHE prévoit que 2,6 milliards de barils de pétrole supplémentaires demeurent à découvrir dans les eaux de la Nouvelle-Écosse. Pourtant, l'exploration tarde à débuter.
Dans la région de la mer du Nord, on a foré quelque 4 000 puits d'exploration, comparativement à 140 dans la région de Terre-Neuve-et-Labrador, dont la taille est quatre fois plus grande.
Le gouvernement fédéral doit également collaborer avec des organisations comme la NLREDA, la Newfoundland and Labrador Regional Economic Development Association et la Newfoundand and Labrador Oil and Gas Industries Association, pour aider les entreprises locales du secteur à participer à la fourniture de produits et de services à l'industrie du pétrole. Comme cette industrie est très technique et très réglementée, il peut être intimidant et difficile d'y accéder. Nous devons supprimer les obstacles de manière à ce que les personnes qui vivent le plus près de la ressource puissent en profiter.
En outre, le gouvernement doit amorcer le dialogue avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et avec l'industrie afin de tirer parti de l'exploration au large des côtes du Groendland. Le Groenland ne dispose pas des infrastructures et de l'industrie nécessaires pour assurer convenablement le développement du secteur sur son territoire. Nous estimons que nos capacités, notre emplacement géographique et notre situation nous placent en très bonne position pour conclure un partenariat mutuellement bénéfique.
De surcroît, nous devons mettre à contribution nos compétences et notre infrastructure pour tirer parti des possibilités d'exportation dans toutes les régions du monde. Les entreprises de Terre-Neuve-et-Labrador ont déjà obtenu du succès à ce chapitre. Ensemble, la collectivité, le gouvernement, l'industrie et le milieu universitaire peuvent faire croître les exportations grâce à l'établissement de réseaux et au développement de grappes technologiques.
En ce qui concerne le gaz naturel, le potentiel de Terre-Neuve-et-Labrador est énorme — cette région compte des réserves prouvées de 10 billions de pieds cubes, et on estime que 60 billions de pieds cubes demeurent à découvrir. Le gouvernement fédéral doit collaborer avec l’industrie et le milieu universitaire pour allier les technologies existantes avec l’expertise en matière d’exploitation dans des conditions difficiles afin de faciliter l’accroissement de la production de gaz naturel dans la province. Il est important de souligner que, d’un point de vue environnemental, le gaz naturel émet beaucoup moins de carbone que le charbon.
La mobilisation du savoir a toujours représenté une tâche ardue dans le cadre des grands projets industriels, mais cela ne signifie aucunement qu’elle est impossible. Les compétences en matière de gestion de projet, d’ingénierie, de sécurité et d’exploitation dans des conditions difficiles qui jouent un rôle dans ce secteur représentent une source éventuelle d’avantages concurrentiels, dans la mesure où elles sont non seulement transférées, mais également adoptées et intégrées à la culture des entreprises. Le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, le milieu universitaire, l’industrie et les organisations du secteur du développement doivent élaborer un plan de mobilisation du savoir englobant la période de plus de 30 ans d’activités pétrolières et gazières à venir.
Nous sommes de plus en plus conscients du fait que le gouvernement et l’industrie doivent collaborer avec les collectivités pour créer des régions durables qui offrent non seulement de l’emploi, mais également une qualité de vie en milieu rural. Les fonds affectés à la recherche, au développement et à la formation doivent être investis de manière à ce qu’ils contribuent à la perpétuation d’une culture dynamique et à l’accroissement des possibilités dans les secteurs autres que celui du pétrole et du gaz, de sorte que les régions continuent de prospérer longtemps après que les redevances auront commencé à disparaître.
Le dividende social de l’industrie du pétrole et du gaz est une chose qui passe souvent inaperçue. J'ai déjà fait allusion à la clarté et à la confiance qui découlent de la prospérité. Cela se reflète dans la croissance des secteurs provinciaux des arts, du patrimoine et de la culture. En outre, dans le passé, les familles étaient souvent déchirées par le fait que certains de leurs membres devaient quitter la région pour trouver un emploi ailleurs, mais l’importance de ce phénomène a nettement régressé. Au moment de déployer des efforts pour faire croître davantage l’industrie, nous ne devons jamais perdre de vue le fait que ces ressources appartiennent à la population, et doivent être exploitées pour le bien de la population — de l’ensemble de la population.
L’industrie du pétrole et du gaz est à l’origine d’importants avantages économiques, y compris des emplois directs, des recettes fiscales, l’amélioration des infrastructures, la formation axée sur les compétences, les dépenses des grands projets d’immobilisations et des occasions au chapitre des approvisionnements. Cependant, nous sommes loin d’avoir tiré entièrement profit de ces avantages. À mesure que nous progressons, nous ne devons pas perdre de vue les collectivités qui ne profitent pas de la prospérité engendrée par l’industrie, ni nos responsabilités environnementales ou notre devoir de diligence à l’égard des personnes qui risquent leur vie pour nous tous.
Merci de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous. J'aimerais terminer en disant qu'il est crucial d'entretenir un dialogue constant avec l'industrie et les organisations communautaires du secteur du développement comme la Newfoundland and Labrador Regional Economic Development Association si l'on veut optimiser, à mesure que nous progressons, les avantages découlant de nos ressources pétrolières et gazières.
Merci.
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À ce jour, c'est dans la région de la presqu'île Avalon que se sont concentrés la plupart des avantages découlant de l'exploitation et de ses dérivés, et plus on se rapproche de St. John's, plus ces avantages sont visibles.
Je suis maire d'une petite ville de 1 000 habitants. La population est stable depuis de nombreuses années. Notre ville a été fondée il y a 500 ans, mais c'est au cours de la dernière décennie qu'une infrastructure d'approvisionnement pétrolier en mer a été bâtie dans notre collectivité. Nous disposons d'un port en eau profonde, et, oui, nous avons reçu des avantages. La valeur des propriétés à au moins triplé au cours des 10 dernières années. De nombreux projets d'habitation ont été lancés. De multiples nouveaux lotissements ont vu le jour.
Nous éprouvons des difficultés en raison du fait que nous ne disposons pas toujours de l'infrastructure, des moyens de communication et du matériel approprié pour soutenir tout cela. Bien souvent, nous réagissons aux événements au lieu de prendre les devants, mais il est fréquent que les collectivités situées loin de la collectivité de Bay Bulls ou de certains ports pétroliers et gaziers ne profitent pas autant que d'autres des avantages.
En outre, à Terre-Neuve, nous avons constitué une main-d'oeuvre très mobile. Bon nombre de nos jeunes gens ont voyagé partout dans le monde, et bon nombre d'entre eux ont travaillé dans l'industrie du pétrole et du gaz. Au cours des dernières années, ces gens sont revenus vivre chez eux, et ils bâtissent leur collectivité. Cependant, ils tentent de s'établir près des grandes collectivités.
Heureusement, notre collectivité de 1 000 habitants n'est située qu'à 15 ou 20 minutes de voiture de St. John's, la capitale de la province, et nous avons aussi la chance de disposer d'un très bon port en eau profonde interdit à la navigation pouvant desservir Grand Banks. Le port de St. John's, qui est à la fois un havre et un port offrant des services, est à peu près utilisé à son plein potentiel, de sorte que les havres situés dans les environs le seront eux aussi et prendront de l'expansion, et le développement se poursuivra, mais pour cela, il faudra investir dans les infrastructures. Je crains toujours que nous ne saisissions pas cette occasion, car nous n'avons jamais été proactifs — l'occasion se présente et elle nous file entre les doigts puisque nous ne disposons pas des infrastructures pour en profiter.
J'espère que cela répond à votre question.
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Depuis 500 ans, l'industrie de la pêche est le pilier de l'économie de Terre-Neuve. Au cours des dernières années, cela a beaucoup changé. Il s'agit toujours d'une industrie de plusieurs milliards de dollars, mais pour l'essentiel, nous avons délaissé le poisson de fond au profit des mollusques et crustacés. Je pense que les produits de la pêche représentent une ressource durable et que, si nous l'administrons convenablement, elle se perpétuera pendant des générations.
À l'heure actuelle, à Terre-Neuve, la plupart des gens qui travaillent dans l'industrie de la pêche ne le font que pendant une très courte période, et ne s'intéressent qu'à un nombre limité d'espèces. Il y a de nombreuses années, j'ai travaillé comme gestionnaire du contrôle de la qualité au sein de cette industrie — à cette époque, dans les usines dont j'étais responsable, nous transformions 37 espèces de poissons et travaillions 52 semaines par année. Pour obtenir une semaine de congé pendant la période des Fêtes et passer du bon temps avec ma famille, je devais me présenter au bureau et plaider ma cause. Cette époque est révolue, mais je pense que le poisson est toujours là — nous avons simplement tourné le dos aux activités de pêche et orienté nos efforts à d'autres endroits. Il s'agit d'une chose qui me déçoit un peu. J'estime que l'industrie de la pêche présente toujours un excellent potentiel.
En ce qui concerne l'écrasement de l'hélicoptère Cougar, là encore, cela nous ramène à la question du régime de réglementation. J'ai lu une partie du rapport. À première vue, on relève 16 éléments qui auraient probablement pu empêcher l'écrasement. Le rapport mentionne 26 autres éléments, et contient quatre recommandations, mais au bout du compte, un hélicoptère censément doté de la capacité de fonctionner à sec pendant 30 minutes s'est envolé au large des côtes depuis Terre-Neuve, et ne s'est pas rendu à destination.
Je ne rends pas les pilotes responsables de l'écrasement. Ils disposaient probablement de renseignements inadéquats. Ils pensaient être en mesure de se rendre jusqu'au rivage, mais ils n'ont pas pu le faire.
Mon frère, qui se trouvait dans cet hélicoptère, m'avait toujours dit: « Ne t'inquiète pas. Des dispositifs de sécurité sont à notre disposition. » Je lui avais demandé de m'expliquer ce qui se passerait si un problème survenait au-dessus de l'Atlantique Nord, à 200 milles au large des côtes. Cela le faisait toujours un peu sourire, et il me répondait: « Aucun problème. Nous avons reçu une formation. On fera descendre l'hélicoptère, nous sauterons dans l'océan, et quelqu'un viendra nous chercher. » Il prenait cela à la légère.
Ce qui me dérange le plus dans tout cela, c'est que mon frère n'a jamais eu l'occasion de sauter dans l'océan. Des signaux annonçaient qu'il fallait faire descendre l'hélicoptère. Les protocoles étaient en place, mais on ne les a pas observés. Quelqu'un a remis en question tout cela, probablement parce qu'il disposait de renseignements erronés. Cela me dérange toujours.
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Bonjour, messieurs, et bienvenue. C'est un plaisir de vous rencontrer.
Monsieur Staples, je tiens au départ à vous féliciter pour vos réussites. Les compagnies que vous représentez représentent 62 p. 100 du PIB de l'Alberta. C'est beaucoup.
Par ailleurs, vous nous dites dans votre présentation que l'environnement mondial actuel est friand de ressources. Cela vous place donc dans une situation certainement difficile parce que vous avez à produire beaucoup, parce que la demande est là et parce que vous êtes des gens d'affaires, mais il reste quand même des défis importants sur le plan de l'environnement.
Je suis de ceux qui sont favorables à la sécurité énergétique, mais pas à n'importe quel prix — non pas la sécurité énergétique au prix de la détérioration de l'environnement. Dans votre présentation, vous avez parlé d'un projet qui s'intitule « Caring for the Land ». J'aimerais que vous m'en parliez un peu plus, dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, étant donné un tel titre, ce projet de loi vise-t-il à améliorer l'environnement? Le gouvernement de l'Alberta vous demande-t-il des résultats. Avez-vous une planification stratégique par rapport à ce projet?
C'était une excellente réponse.
M. le maire a dit une chose qui m'a frappé. Il a parlé de la fierté et de la confiance qui découlaient de la prospérité. Je crois qu'il s'agit à peu près des termes qu'il a employés.
Ce commentaire m'a beaucoup plu, mais j'ajouterais que la fierté et la confiance découlent non seulement de la prospérité, mais également du sentiment d'avoir agi de façon appropriée.
La récente remise en état du bassin 1 du site de Suncor, dont il est question dans ce dépliant, constitue un excellent exemple. J'ai assisté à cet événement. La majeure partie de ma carrière de près de 30 ans s'est déroulée dans le secteur des sables bitumineux, et je dois vous dire à quel point les gens de Suncor et les travailleurs étaient fiers de nous montrer les résultats de la remise en état, et ce que nous avons vu sur le site était incroyable.
J'ai entendu votre commentaire à propos du loup dans la bergerie. Cela n'est peut-être pas tout à fait faux, mais permettez-moi de vous dire que ce qui prédomine, c'est l'énorme fierté qui découle d'avoir fait la bonne chose à faire.
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Le travail dans l'Atlantique Nord comporte toujours un élément de danger. Je ne sais pas à quel point on peut rendre ce travail sécuritaire, mais on peut assurément le rendre plus sécuritaire qu'il ne l'est actuellement.
Je vais revenir à l'écrasement d'hélicoptère dans lequel mon frère et quelques-uns de ses collègues ont perdu la vie. L'hélicoptère dans lequel ils prenaient place était certifié, et ils croyaient pouvoir effectuer un vol de 30 minutes. L'hélicoptère ne pouvait voler que pendant 11 minutes. Il n'a pas pu voler plus longtemps. L'hélicoptère avait été certifié par les Américains, puis par les Canadiens, car ils avaient estimé qu'il était hautement improbable qu'une perte d'huile catastrophique se produise. Eh bien, il est hautement improbable que je remporte le gros lot à la loto le vendredi, mais j'achèterai probablement un billet — ainsi, l'explication selon laquelle un tel accident était « hautement improbable » ne me satisfait pas.
L'autre chose qui me dérange, c'est qu'un aéronef pouvant voler pendant 30 minutes était disponible. Dans le cas qui nous occupe, la décision a été prise pour des raisons d'argent. Uniquement pour des raisons d'argent. Ce qui était en jeu, c'était des vies humaines. L'argent se perd et se gagne, mais des vies ne peuvent pas être remplacées.
Nous devons nous pencher sur quelques-unes des dispositions réglementaires, et les rendre le plus sécuritaires possible pour les personnes qui risquent leur vie pour nous en travaillant dans ces secteurs, car c'est l'argent généré par leurs activités qui rend meilleur notre pays.
Ainsi, oui, des améliorations qui pourraient probablement rendre le travail de ces gens un peu plus sécuritaire pourraient être apportées, mais il y a une autre chose qui est très importante à mes yeux, et à laquelle j'ai fait allusion un peu plus tôt, à savoir le dividende social. Beaucoup de gens font énormément d'argent dans certaines industries, mais il y a des gens qui ne reçoivent pas leur juste part de cette richesse. Ils n'ont pas les mêmes possibilités que d'autres. C'est là qu'entre en jeu l'aspect du dividende social. Nous pourrions parler de dividende social, si une partie de l'argent généré par les activités de ces industries était investie en santé, en éducation, en infrastructure, dans les routes et dans les communications. Si tel était le cas, toute la collectivité profiterait de cette richesse.
Et les pensions dans tout cela, pour l'amour du ciel? Certains Canadiens vont travailler toute leur vie, et n'ont pas eu l'occasion de profiter du dividende social. Ils ont été privés d'une partie de leurs droits. Le temps passe, et la génération qui suit profite de ces avantages. Qu'est-ce qu'ont reçu ces personnes qui se sont sali les mains, qui ont trimé dur pour faire de notre pays ce qu'il est aujourd'hui? Nous devons faire en sorte que tous les Canadiens, et non pas seulement quelques-uns d'entre eux, profitent de la richesse.
Voilà ce que j'avais à dire là-dessus.
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Cela est extrêmement important, extrêmement précieux. Nous travaillons dans l'Atlantique Nord. Si nous nous rendons là-bas, c'est pour gagner notre vie. La plupart du temps, lorsque vous vous retrouvez dans ces eaux-là, votre espérance de vie se compte littéralement en minutes.
En ce qui concerne mon frère et les personnes qui se trouvaient dans cet hélicoptère, ils n'auraient peut-être pas survécu s'ils avaient sauté à l'eau. Le fait qu'au moins une personne grièvement blessée ait survécu me réconforte quelque peu. Je me demande s'ils auraient peut-être pu survivre s'ils avaient agi plus rapidement.
Il est absolument crucial d'intervenir rapidement en cas d'incident dans l'Atlantique Nord. Chaque fois qu'un bateau de pêche coule, chaque fois qu'un problème survient sur une installation de forage pétrolier, il faut réagir non pas dans les heures, mais dans les minutes qui suivent. Je ne veux pas entendre parler d'uniformes ou de tous les protocoles qui sont en place — la seule chose qui compte, c'est qu'on n'a que quelques minutes pour réagir.
Les choses se sont améliorées au fil des ans. À l'époque, il y a 30 ans, mon frère se rendait travailler sur des plates-formes de forage en mer. Il me disait souvent que, si la plate-forme devait être évacuée en raison d'une tempête, il ferait aussi bien de rester sur la plate-forme et de couler avec elle, car l'autre solution consisterait à sauter à l'eau et périr par noyade. Avec le temps, et à mesure que les choses ont évolué, il se sentait un peu plus en sécurité, mais vous avez raison de dire qu'il est absolument crucial de réagir rapidement.
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Je vais répondre brièvement à la question, et puis, si vous le permettez, je céderai la parole à mon collègue, M. Lomond.
Bay Bulls est située très près de St. John's. Bon nombre de personnes ont accès à l'Université Memorial. Bon nombre de personnes ont accès aux écoles de métier. L'éducation suscite énormément d'intérêt. Pendant de nombreuses années, les jeunes ont quitté la région et ils se sont promenés un peu partout. Il s'agit d'une main-d'oeuvre très mobile. Bon nombre de ces personnes ont travaillé dans le secteur pétrolier et gazier, sur des installations au large des côtes, dans le secteur de l'expédition et d'autres domaines du genre. Ce qui est bien, c'est que bon nombre de ces personnes reviennent à présent à la maison, car leur collectivité leur offre des possibilités qu'elle ne leur offrait pas dans le passé.
En ce qui a trait à la composition de l'emploi, Bay Bulls offre des emplois dans à peu près cinq secteurs. À l'heure actuelle, beaucoup de projets résidentiels sont en cours, il y a beaucoup d'activités dans le secteur de la construction. Il y a des activités de fabrication à petite et à grande échelle pour les projets en mer et ailleurs. Nous avons une industrie touristique — des gens de toutes les régions du monde viennent à Bay Bulls pour observer les baleines. Notre collectivité compte 1 000 habitants, mais environ 80 000 touristes viennent chez nous chaque année pour observer les baleines. En outre, il y a l'industrie du commerce.
Je pense que tout le monde profite également de la prospérité, dont les effets se font à présent remarquer, mais ce n'est pas tout le monde qui occupe un emploi bien rémunéré. C'est pourquoi je persiste à parler du dividende social. Certaines personnes ne profitent pas de l'énorme richesse créée autour d'elles.
Habituellement, je ne fais pas partie du comité. Je suis président du Comité de la sécurité publique. Je trouve que la présente étude est tout à fait fascinante.
Tout d'abord, monsieur Mullowney, je vous présente mes condoléances pour le décès de votre frère. À coup sûr, de telles tragédies nous marquent à vie, et nous vous adressons nos sympathies.
Je veux remercier M. Staples et M. Anderson de s'être présentés devant le comité. Je suis un député de l'Alberta, et je remercie votre organisation et d'autres groupes comme le vôtre, par exemple l'ACPP, d'agir à titre de défenseurs d'intérêts.
Monsieur Staples, vous avez mentionné deux ou trois fois les sables bitumineux. Cela n'entre peut-être pas dans le cadre de l'étude menée par le comité, mais vous vous êtes peut-être penché sur la question de la sécurité énergétique actuelle du Canada. Dans ce cas, quelle est votre opinion quant à la capacité actuelle du Canada et de l'Alberta de raffiner le pétrole issu des sables bitumineux plutôt que de l'expédier tout simplement aux États-Unis. Cette capacité est-elle faible? Devons-nous beaucoup l'accroître? Serait-il préférable de disposer de raffineries plutôt que d'expédier le pétrole?
Avez-vous une opinion là-dessus?