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Nous pourrons en parler à ce moment-là pour répondre rapidement à votre question, toutes les personnes qui figuraient à la motion ont été contactées, tout comme la plupart des autres témoins, mais pas tous.
Je vais revenir à l'ordre du jour et au premier groupe de témoins.
J'aimerais vous remercier tous de votre présence ici aujourd'hui. Nous accueillons Jeff Lehrmann, président de Chevron Canada Resources. Bienvenue et merci de vous être déplacé aujourd'hui.
Par vidéoconférence, de St. John's, nous accueillons l'honorable Shawn Skinner, ministre des Ressources naturelles et ministre responsable de l'Agence des forêts et de l'agroalimentaire, gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Je vous remercie d'être là, monsieur le ministre. Bienvenue.
Nous allons commencer par M. Lehrmann, de Chevron Canada Resources.
Nous allons commencer par votre exposé; vous avez jusqu'à sept minutes, s'il vous plaît.
M. Jeff Lehrmann (Président, Chevron Canada Resources):
Merci de me donner l’occasion de me présenter devant le Comité des ressources naturelles.
Au nom de Chevron Canada, je suis heureux de donner au Comité des précisions sur le programme d’exploration en eau profonde que nous avons réalisé avec succès à l’été 2010 dans le bassin Orphan, au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons exécuté ce programme de forage sans subir un seul incident entraînant une perte de temps.
Avant de m’attarder sur le puits Lona O-55, j’aimerais expliquer en quoi l’engagement de Chevron de respecter des normes strictes d’excellence opérationnelle nous a donné assez d’assurance pour procéder au forage du puits malgré le climat d’incertitude généré par l’incident de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique.
Chevron Canada Limited est une filiale en propriété exclusive de Chevron Corporation, l’une des plus importantes sociétés d’énergie intégrées au monde. Chevron emploie plus de 60 000 hommes et femmes professionnels qui s’engagent à livrer des sources d’énergie sécuritaires, efficaces, fiables et économiques aux collectivités et aux économies du monde entier.
Nous exerçons des activités au Canada depuis 1938. Le siège social du secteur amont de Chevron Canada est situé à Calgary et la société possède un bureau à St. John’s. Elle se concentre sur les activités d’exploration et de production en Alberta et dans le Canada atlantique et l’Arctique canadien. L’objectif de Chevron est de devenir la société d’énergie mondiale la plus admirée pour son personnel, ses partenariats et son rendement. La protection des gens et de l’environnement est l’une de nos sept valeurs fondamentales, à laquelle s’ajoutent l’intégrité, la confiance, la diversité, l’ingéniosité, le partenariat et le haut rendement. Veiller à la santé et à la sécurité de nos employés, de nos entrepreneurs et des collectivités où nous travaillons et vivons est une valeur fondamentale à laquelle nous adhérons quotidiennement, moi et le personnel de Chevron Canada.
Le Système de gestion de l’excellence opérationnelle de Chevron est une approche méthodique et mondiale visant à assurer une exploitation sécuritaire, saine, respectueuse de l’environnement, fiable et efficace. L’application uniforme de ce système à l’ensemble des activités de Chevron a entraîné un changement progressif de notre rendement et de notre capacité à gérer les risques. L’engagement de Chevron envers l’excellence opérationnelle est résumé dans nos dix principes d’exploitation, qui sont introduits par deux fondements sur lesquels reposent toutes nos activités: « Faites-le de façon sécuritaire ou ne le faites pas », et « On a toujours le temps de faire les choses correctement ».
J’aimerais également vous entretenir d’un processus important qui caractérise notre approche globale visant à assurer une exploitation sécuritaire et sans incident. Il s’agit de « l’autorisation d’arrêter les travaux », qui oblige les employés, les entrepreneurs et les partenaires commerciaux à arrêter immédiatement les travaux s’ils soupçonnent que la situation est dangereuse ou s’ils considèrent qu’elle est confuse. On s’est prévalu plus de 400 fois de cette autorisation au cours du programme de forage du puits Lona. Dans chaque cas, les travaux ont été interrompus jusqu’à ce que le personnel des opérations ait confirmé qu’il n’y avait plus de danger.
Chevron a foré le puits d’exploration Lona O-55 à environ 430 kilomètres au nord-est de St. John’s, à une profondeur de 2 600 mètres, de mai à septembre 2010; c’était le deuxième puits de Chevron dans le bassin Orphan. Le puits Lona a subi deux niveaux d’évaluation environnementale, et une approbation réglementaire a été obtenue pour tous les aspects du programme.
En réponse à l’incident de la plateforme de Deepwater Horizon, l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, ou OCTLHE, a instauré un grand nombre de mesures réglementaires de surveillance supplémentaires de l’exploitation du puits Lona. Chevron a respecté scrupuleusement toutes ces mesures. À l’annexe III de notre mémoire, vous trouverez une liste détaillée de mesures additionnelles prises par Chevron dans le cadre du programme du puits afin d’assurer son exploitation sécuritaire et exempte d’incidents. Certaines de ces mesures étaient déjà intégrées à notre plan, alors que d’autres l’ont été à la suite de l’incident survenu le 20 avril dans le golfe du Mexique. Je vais, si vous me le permettez, vous exposer quelques-unes de ces mesures.
Du 8 au 10 février 2010, la direction de Chevron a animé un atelier de trois jours sur le leadership en sécurité. L’atelier, qui s’est déroulé à St. John’s et auquel ont participé tous les entrepreneurs du projet du bassin Orphan, a été supervisé par l’OCTLHE.
En avril, Chevron a tenu une réunion d’évaluation des risques, animée par une organisation externe exerçant des activités en eau profonde, afin de revoir les étapes de la conception des puits et les imprévus possibles.
Le 1er mai, avant le début des opérations et après avoir pris possession du navire de forage, Chevron a tenu deux séances de sept heures sur la sécurité, soit une pour chacun des équipages du Stena Carron, afin de présenter la volonté de Chevron de mener les opérations sans incident.
Chevron a effectué des essais de fonctionnement supplémentaires pour ses systèmes secondaires de contrôle des puits.
Le bloc obturateur de puits a subi un essai sous pression à la surface, puis sous l’eau, une fois installé, à 2 600 mètres de profondeur. Avant de procéder à des activités de forage dans la zone potentielle d’hydrocarbures, Chevron a effectué un autre exercice d’intervention en cas d’urgence afin de s’assurer que tous les protocoles d’urgence étaient en place et applicables. L’OCTLHE a été témoin de cet exercice. La technique d’abandon de puits a été révisée une fois la configuration du cuvelage terminée et la profondeur définitive atteinte, afin que Chevron puisse s’ajuster à toute nouvelle information obtenue pendant le forage du puits Lona O-55.
Avant le début du forage du puits Lona O-55 au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador, Chevron Canada était convaincue de pouvoir accomplir en toute sécurité l’exploit de forer ce puits d’exploration en eau profonde. Comme je le mentionnais dans mes remarques d’ouverture, nous y sommes parvenus sans aucun incident entraînant une perte de temps. Cette réussite s’explique par notre adhésion aux normes strictes de sécurité de Chevron appliquées à tous les aspects du programme de forage, ainsi qu’à notre respect de l’ensemble des mesures spéciales de surveillance instaurées par l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. En effet, tout au long de la planification et de la réalisation du puits Lona, notre détermination à garantir une exploitation sécuritaire et sans incident témoignait de notre adhésion à ces deux principes d’excellence opérationnelle: « Faites-le de façon sécuritaire ou ne le faites pas » et « On a toujours le temps de faire les choses correctement ».
Merci de votre temps. C’est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie de me donner cette occasion.
Comme vous l'avez indiqué, je m'appelle Shawn Skinner, et je suis le ministre des Ressources naturelles au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité aujourd'hui.
Ma déclaration préliminaire portera brièvement sur les répercussions de l'exploitation du pétrole à Terre-Neuve-et-Labrador. Je vais parler du forage extracôtier en eau profonde, du potentiel pour le développement du gaz naturel et des façons émergentes non traditionnelles de développer les ressources dans l'Ouest de Terre-Neuve. Je terminerai en vous disant comment les ressources énergétiques de Terre-Neuve-et-Labrador contribuent de façon considérable à la sécurité énergétique du Canada.
Les réalités économiques difficiles du passé à Terre-Neuve-et-Labrador ont été remplacées par une économie robuste et en expansion qui présente toute une gamme d'occasions. Ce phénomène est en grande partie attribuable à l'Accord atlantique, qui donne à notre province le contrôle de ses ressources pétrolières extracôtières et veille à ce que nous soyons les principaux bénéficiaires de ces ressources.
Dans la décennie qui a suivi la première exploitation pétrolière en 1997, le PIB nominal de la province a augmenté de 170 p. 100. En 2005, le PIB nominal par habitant de la province a dépassé la moyenne canadienne pour la première fois et représente actuellement près de 130 p. 100 de cette moyenne. Ce virage économique peut presque exclusivement être attribué à la mise en valeur pétrolière. L'industrie pétrolière est celle qui contribue le plus à l'économie provinciale, représentant jusqu'à 40 p. 100 du PIB ces dernières années, et une contribution considérable en matière d'emploi.
Notre province produit habituellement environ un tiers du pétrole brut léger classique du Canada. En 2009, environ 35 p. 100 de ce pétrole a été envoyé aux raffineries canadiennes. Les 65 p. 100 restants ont été vendus aux États-Unis. Nos ressources de brut considérables constituent un approvisionnement constant de pétrole brut domestique pour le Canada et l'Amérique du Nord dans son ensemble.
L'emploi associé aux investissements pétroliers extracôtiers, y compris le projet de mise en valeur du champ Hebron à venir devrait représenter 284 000 années-personnes. L'emploi direct passera à plus de 104 000 années-personnes. Ces avantages industriels considérables ont mené à la croissance et au mûrissement de l'industrie pétrolière à Terre-Neuve-et-Labrador, laquelle est maintenant reconnue de par le monde pour son expertise.
Les avantages ne se font pas seulement sentir dans notre province. On estime que le reste du pays obtiendra 64,5 milliards de dollars en revenus d'affaires et plus de 206 000 années-personnes grâce au développement de nos ressources. Comme 90 p. 100 de nos ressources pétrolières découvertes sont soit en production, soit en cours d'approbation, il est essentiel que nous continuions notre recherche de ressources additionnelles.
Bien que nos développements extracôtiers actuels et futurs se trouvent dans des eaux relativement peu profondes, des bassins prometteurs en eau profonde sont explorés. Il nous incombe de veiller à ce que cette exploration se fasse de façon responsable, surtout quand on pense au désastre de Macondo dans le golfe du Mexique l'année dernière.
Comme vous l'avez entendu plus tôt, nous avons fait l'expérience du forage en eau profonde ces dernières années, ce qui me mène à vous parler du puits Lona de Chevron, foré à quelque 206 000 mètres de profondeur l'année dernière. L'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers exigeait que l'exploitant se conforme à des mesures de surveillance supplémentaire propres au forage en eau profonde. Au bout du compte, le puits a été foré de façon sécuritaire, sans incident.
Nous nous sommes aussi engagés à entreprendre un examen neutre et objectif des questions de sécurité extracôtières, et la province a commandé une étude sur la prévention de déversement en mer et les mesures correctives en cas de déversement.
Le forage pétrolier en eau profonde constitue une nouvelle étape dans le domaine de l'exploitation pétrolière qu'il faudra franchir pour répondre aux besoins futurs du Canada et du monde entier en pétrole et gaz. Nous avons confiance dans les mesures de surveillance réglementaires offertes par l'office en matière de sécurité extracôtière et sommes favorables à d'autres forages responsables en eau profonde dans notre région.
Nous disposons également d'importantes ressources gazières extracôtières. À ce jour, plus de 11 billions de pieds cubes de gaz naturel et 500 millions de barils de gaz naturel liquide ont été découverts, et on estime des réserves de 60 billions de pieds cubes. Bien que le marché gazier nord-américain soit actuellement touché par un approvisionnement solide de nouveaux gaz, cette ressource importante de la côte Est est riche en promesses d'approvisionnement énergétique sûr.
Ce qui me mène aux ressources de l'Ouest de Terre-Neuve, qui sont explorées activement, et à la participation de la société énergétique provinciale Nalcor Energy.
Il y a eu une augmentation des activités d'exploration ces dernières années, y compris une tendance vers le forage de puits plus profonds, ce qui a fourni des données précieuses à la région. Il s'agit d'une activité prometteuse, et nous avons hâte de voir quelles seront les perspectives pour notre région de l'Ouest.
Finalement, j'aimerais vous parler de la contribution importante de Terre-Neuve-et-Labrador à la sécurité énergétique actuelle et future du Canada. Notre province est un entrepôt d'énergie. Bref, nous avons de l'énergie, et en grande quantité. Nous avons découvert des réserves pétrolières de plus de trois milliards de barils, et des réserves de gaz naturel de plus de 11 billions de pieds cubes. On estime que l'exploration à l'avenir mènera à la découverte de six milliards de barils de pétrole supplémentaires et de plus de 60 billions de pieds cubes de gaz naturel.
De plus, la province a plus de 18 000 mégawatts de ressources éoliennes et hydroélectriques renouvelables développées et potentielles. Pour ce qui est de la production d'électricité renouvelable, notre contribution à la sécurité énergétique nationale est peut-être encore plus grande. Nous produisons actuellement plus de 5 000 mégawatts à la centrale de Churchill Falls au Labrador, l'une des plus importantes centrales souterraines au monde.
En novembre dernier, la société énergétique de la province, Nalcor Energy, a annoncé un partenariat avec Emera Inc. de la Nouvelle-Écosse pour lancer le développement du cours inférieur du fleuve Churchill via la centrale de 824 mégawatts de Muskrat Falls — un lien de transmission à la partie insulaire de la province et un lien maritime sous-marin qui reliera la province à la Nouvelle-Écosse.
L'étape de Muskrat Falls du projet du cours inférieur du fleuve Churchill facilitera le développement d'énergie renouvelable supplémentaire dans l'ensemble de la région de l'Atlantique, y compris environ 5 000 mégawatts de potentiel éolien à Terre-Neuve-et-Labrador seulement. Le développement de ces vastes ressources d'énergie renouvelable sera essentiel à la sécurité énergétique nationale du Canada à l'avenir.
Pour terminer, j'espère avoir bien décrit l'importance de l'industrie pétrolière pour notre province et les avantages importants pour l'économie et l'emploi chez nous. J'aimerais aussi réitérer notre confiance dans la surveillance réglementaire offerte par l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers en ce qui a trait au forage en eau profonde et la nécessité de continuer à chercher du pétrole en eau profonde. L'exploration continue est essentielle à l'ajout de connaissances scientifiques de nos bassins et pour profiter pleinement du potentiel considérable en attente. La contribution de notre province à la sécurité énergétique du Canada, maintenant et à l'avenir, ne peut pas être sous-estimée.
J'espère que ma déclaration a été utile aux délibérations du comité et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous adresser la parole. Je serai ravi de répondre à toutes questions que vous pourriez avoir.
Je vous remercie de votre temps.
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C'est une excellente question.
Notre politique de gestion encourage le recours aux autorisations de suspension des travaux. Avant d'entamer un projet quelconque, nous évaluons les travaux à faire, nous les planifions et déterminons les risques possibles; nous cernons également le rôle de chacun des participants. Dans bien des cas, on suspend les travaux parce qu'un des travailleurs a des interrogations au sujet des fonctions à exécuter, de la délimitation des responsabilités ou de la coordination des travaux. Il arrive aussi qu'on découvre un danger qui n'avait pas été noté pendant la première analyse de la sécurité des travaux. Grâce à cette façon de fonctionner, les trois mois de travail sur le puits Lona se sont déroulés sans indicent.
J'aimerais vous raconter une anecdote. Nous utilisons pour nos opérations de forage en mer beaucoup d'équipements lourds qu'il faut transporter à bord d'un navire et placer sur nos navires de forage; nous utilisons des grues pour soulever le matériel. Avant de soulever une charge, nous examinons le manifeste, procédons à une analyse de la sécurité au travail et veillons à ce que tous les travailleurs comprennent bien les opérations que nous allons faire avant de procéder. Nous vérifions le matériel et son homologation. Dans une de ces situations, alors que le personnel avaiit suivi toutes ces mesures réglementaires, le grutier a exprimé des doutes. Après avoir examiné la charge et le manifeste, il était dans l'incertitude. Il a donc suspendu les travaux. L'équipe a alors mesuré de nouveau la charge et l'a recalculée. En fait, la charge faisait un peu plus que ce qui était indiqué. Elle était tout à fait dans les limites de capacité de la grue, mais le grutier avait des doutes. En raison de ces doutes, on a réévalué la charge, on l'a repositionnée et on l'a soulevée en toute sécurité et aucun travailleur n'a été blessé. Nous avons félicité cet employé pour son comportement.
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Vous nous dites — et je suis sûr que vous avez parfaitement raison — que le développement lié à l'industrie pétrolière pour la province de Terre-Neuve-et-Labrador a été quelque chose d'extraordinaire qui a amené beaucoup de richesse, d'emplois et de retombées économiques importantes. Je suis très heureux de l'apprendre et j'espère que tout le monde pourra faire cela un jour.
Ma question sera d'ordre très général. Si on regarde l'évolution, la façon dont le Canada s'est construit — et je pense qu'il n'y avait pas d'autres méthodes pour le construire —, on remarque que cela s'est fait à coup de grands investissements provenant du gouvernement central la plupart du temps. Par exemple, il y a eu la création du chemin du fer de l'est à l'ouest du pays. On parle souvent des Américains qui ont inventé « Go West », mais on avait inventé cela avant eux. La Voie maritime du Saint-Laurent a été un autre investissement majeur qui a provoqué des mouvements de population et de capitaux, de même que la création de richesse. Il y a eu le parc de l'automobile, de même que le projet Hibernia, dans votre coin. Également, il y a eu le développement d'Énergie atomique du Canada limitée, dans lequel on a investi des milliards de dollars. Et il y a les futurs investissements qui vont sans doute être faits, au cours des prochaines années, dans les nouvelles énergies pour assurer les ressources énergétiques du Canada.
Durant tout le temps où on a fait ces développements économiques, on les a presque toujours faits ailleurs qu'au Québec, mais avec une bonne partie de l'argent des Québécois. En effet, on fournit, depuis le début de la Confédération, de 20 p. 100 à 30 p. 100 des revenus canadiens. On en est rendu à 20 p. 100, actuellement. Donc, chaque fois qu'il y a de grands développements de cette nature, 20 p. 100 sont payés par le Québec.
Il n'y a jamais rien eu au Québec pour l'électricité, qui était l'énergie qu'on a décidé de promouvoir dans cette province, et rien n'est prévu pour les années futures non plus. Cela faisait dire à Lucien Bouchard, en 1993, qu'au Canada — et c'est pour cela qu'il était souverainiste —, chaque fois que les intérêts canadiens...
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Je comprends, et je sais aussi que les ressources peuvent être importantes. J'ai une question.
Vous vous enorgueillissez du bilan de Chevron mais bien sûr, il y a eu de petits accrocs, si je puis dire... Je pense à ce qui s'est passé en Équateur, au New Jersey, à Salt Lake City, dans les îles Shetland, en Angola, en Californie et dans le golfe de la Louisiane. Des problèmes sont survenus. La compagnie doit assumer une part du blâme lorsque des barils de pétrole sont déversés. Dans certains cas, on parle de millions de barils.
Il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas. Si vous êtes attachés à l'intendance environnementale et à la protection de l'environnement, vous devriez au moins avoir la capacité de construire un puits de secours au cours de la même saison, exigence en vigueur à l'heure actuelle au Canada. Votre entreprise, et d'autres d'ailleurs, s'opposent à ce règlement, en partie parce qu'il est impossible de forer des puits de secours pendant la même saison dans l'Arctique. Le panel présidentiel américain a déclaré qu'il n'existait aucune capacité de contrer des éruptions incontrôlées dans l'Arctique et a mis les gens en garde contre l'émission de tout permis en sol américain. Ce panel n'a pas été constitué par Greenpeace; il est composé de gens qui travaillent dans l'industrie et nommés par le président.
Shell a rejeté ses plans de forage dans l'Arctique cette année. Vous avez décidé d'aller de l'avant.
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Comme nous l'avons dit, parmi nombre des exigences de plus en plus importantes de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, on comptait un examen du programme de mise hors service avant la mise en oeuvre de celui-ci, selon l'information dont nous disposions sur les réservoirs, la pression et les conditions.
Nous avons collaboré avec l'organisme de réglementation dans le cadre de cet examen. Ensuite, l'organisme de réglementation l'a approuvé. Ses représentants étaient aussi sur place pour observer les activités. Dans le cadre d'un abandon ou d'un programme de mise hors service, une fois que vous avez atteint la profondeur finale, vous avez un trou de forage dans le puits, où vous avez installé une série de tuyaux, dans ce cas quatre différentes séries, ou de tubage de puits. Ensuite, on attache et on cimente le tout, ce qui permet de maintenir les choses en place et de repousser la pression et les fluides. Sous cette section, il y a un trou en découvert.
Le programme est conçu pour installer des bouchons de ciment à certains intervalles pour contenir la pression ou la migration des fluides qui remontent le long du puits de forage. Dans ce cas, nous avons installé quatre bouchons de ciment dans la section du trou en découvert.
Dans la section de tubage, nous avons installé des dispositifs mécaniques — des obturateurs de cimentation et des garnitures d'étanchéité — puis, nous avons scellé cette partie du puits de forage avant d'installer un bouchon de ciment par-dessus. Nous avons évalué la pression à laquelle chacun de ces bouchons devait résister pour veiller à ce qu'ils tiennent bon et qu'ils ne soient pas endommagés. Puis, sur le dernier bouchon sur le dessus de la surface, près du plancher océanique, nous avons installé le bouchon final. Il est testé, positivement et négativement, et nous éliminons la pression pour veiller à ce qu'il puisse y résister.
Une fois que toutes ces conditions sont respectées, nous avons pour philosophie de maintenir au moins trois barrières différentes pour éviter la migration des fluides dans le puits de forage à tout moment et lors de l'abandon final.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais dire quelques mots dans ma propre langue officielle avant de faire mon exposé.
(Le témoin s'exprime en langue gitxsan.)
Tout d'abord, je tiens à remercier le comité de m'avoir invité. C'est un honneur d'être ici pour faire un exposé au nom des chefs, les simgigat, de la nation Gitxsan.
J'aimerais également remercier Nathan Cullen qui a pris le temps de venir dans notre collectivité il y a quelques jours. Il a profité de l'occasion pour engager le dialogue sur les possibilités économiques avec un certain nombre de personnes de notre collectivité.
Je ne voudrais pas manquer de respect envers le comité, car lorsque j'étais tout jeune, on m'a enseigné à respecter ceux qui nous invitent à les rencontrer sur leur territoire, mais c'est important pour moi d'être direct. Je vais tâcher de le faire sans vous manquer de respect, ni au comité, ni à la Chambre, ni au Parlement.
J'aimerais vous lancer quelques défis. Le défi que vous offre notre nation est assez simple: il concerne l'honneur de la Couronne. Je sais que la Couronne fait de son mieux, et je sais que le comité et le Parlement jouent leur rôle pour s'assurer que la Couronne respecte les attentes qu'on a envers elle.
Entre autres choses, je vais demander que nous tous autour de cette table réfléchissions un peu à la question qu'examine le comité. Je sais que la sécurité énergétique est importante et je sais que la sécurité énergétique doit être envisagée à long terme.
Je vais nous demander à tous de prendre un peu de recul et de penser à ce qui arrivera dans 50 ans ou 100 ans, c'est-à-dire à court terme. Je pense à la manière dont ce pays a été formé, à la manière qu'il a été créé il y a un peu plus de 100 ans. La perspective que nous apportons face à la création de ce pays remonte à plusieurs milliers d'années. Il est important pour nous de prendre le temps de réfléchir à ce que nous pourrions faire pour construire un meilleur pays pour nous tous.
Du point de vue de notre peuple, du point de vue de nos dirigeants, le pays ne nous a pas bien traités. Un grand nombre des nôtres vivent dans la pauvreté. Il y a beaucoup de suicides car un grand nombre de jeunes pensent qu'ils n'ont pas d'avenir. Notre député, M. Cullen, sait de quelle manière les suicides frappent la plupart des villages de notre région. Nous espérons des jours meilleurs, et nous pouvons planifier des jours meilleurs pour nous tous si nous avons une perspective à long terme.
Entre autres choses, nous aimerions avoir un ensemble d'objectifs législatifs qui orienteraient fermement l'avenir de ce pays pour les 50 à 100 prochaines années. Rappelez-vous ce que disait la Cour suprême du Canada dans l'arrêt Delgamuukw, elle disait que la Couronne doit faire attention à certaines choses.
Le document que je vais distribuer traite du titre et des droits. C'est en créant des objectifs législatifs que la Couronne peut prendre les mesures qui s'imposent à l'égard du titre et des droits. Ces objectifs législatifs établissent des cibles, tout comme la politique nationale a contribué à créer la Confédération. Lorsqu'on y pense, il est facile de voir le processus qu'ont suivi les Pères de la Confédération pour créer le pays dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Il est donc important pour nous tous d'avoir une vision à long terme. Je sais qu'il est parfois extrêmement difficile de voir au-delà d'un horizon de quatre ans lorsqu'on se présente à des élections, mais je pense qu'il est important pour nous de songer à établir des objectifs législatifs axés sur la sécurité énergétique. Et ce processus doit également permettre aux collectivités autochtones de participer au processus de consultation, auquel nous ne semblons pas pouvoir vraiment participer.
L'une des faiblesses du processus de consultation est l'attitude de certaines personnes au gouvernement qui adoptent une position défensive envers le dialogue ou les consultations nécessaires avec les titulaires du titre ancestral au niveau communautaire.
Il est donc important, tout d'abord, que la Couronne établisse des objectifs législatifs. Il est également important que la Couronne assume ses responsabilités en reconnaissant notre titre ancestral. Il est également important que la Couronne soit prête à engager un véritable dialogue au niveau communautaire, ce qu'elle ne fait pas à l'heure actuelle.
À défaut d'un dialogue menant à une consultation, des projets comme celui de la Enbridge Northern Gateway Pipelines ne peuvent pas aller de l'avant, car on semble incapable de dialoguer. Nous ne savons pas de quoi parler. Tout ce que je dis, c'est que la Couronne doit assumer ses responsabilités et établir des objectifs législatifs et tenir vraiment compte des décisions de la Cour suprême du Canada et d'autres tribunaux qui se sont prononcé sur notre titre ancestral.
C'est le message que je voulais vous transmettre.
Au départ, les chefs héréditaires de la nation Gitxsan appuient entièrement toute activité de développement. Nous sommes bien au courant de ce projet depuis un certain temps déjà et nous ferons tout ce qu'il faut pour protéger notre approvisionnement alimentaire. Nous dépendons surtout du saumon qui revient dans notre réseau fluvial. Il faut faire en sorte que l'eau reste pure pour protéger notre source de nourriture et nous irons jusqu'au bout pour protéger cet approvisionnement.
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Merci, monsieur le président.
Merci de me donner l'occasion de me présenter devant le comité et de contribuer à l'étude portant sur la sécurité énergétique au Canada.
Je suis heureux de pouvoir vous donner une mise à jour au sujet des pipelines Northern Gateway d'Enbridge, un projet ayant le potentiel de stimuler de façon fondamentale et durable les économies de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan et aussi de celles de tout le Canada. Il s'agit d'un projet ayant une grande portée et d'importance stratégique à l'échelle nationale.
Notre pays a l'avantage du Pacifique et un avantage de classe mondiale en matière de ressources énergétiques. Il est temps de convertir cet avantage concurrentiel en une hausse de la sécurité et de la diversification de marchés, et en une forte croissance et de meilleurs débouchés économiques.
Le Canada possède une impressionnante histoire de réalisations de projets novateurs qui ont amélioré sa sécurité et en ont amélioré la croissance. Qu'il s'agisse de canaux qui ont réuni des industries aux principaux marchés, d'un chemin de fer qui a relié l'est à l'ouest ou de la route Transcanadienne qui a mis en contact les diverses communautés du pays, nous avons construit des infrastructures qui ont stratégiquement positionné le pays pour la prospérité à long terme. Et maintenant, le projet Northern Gateway diversifiera les marchés énergétiques et renforcera la réputation économique et mondiale du Canada.
Comme vous le savez sans doute, les données de 2009 de l'Office national de l'énergie montrent que moins de 1 p. 100 des exportations de pétrole du Canada va ailleurs qu'aux États-Unis. Le fait de se fier à un seul marché ne permet pas et ne permettra pas de positionner le pays de façon efficace afin de tirer profit de ses ressources énergétiques de classe mondiale. Northern Gateway offre la capacité volumique nécessaire pour fournir de l'énergie canadienne à nos partenaires commerciaux du Pacifique.
Pour nous donner un peu de contexte concernant le Northern Gateway, sachez que la proposition comprend deux pipelines parallèles reliant Edmonton à un terminal portuaire de Kitimat, en Colombie-Britannique, à près de 1 800 kilomètres. Le coût prévu du projet est de 5,5 milliards de dollars.
Le port de Kitimat offre un havre sécuritaire et protégé où accroître le commerce avec l'Asie. Je souhaite présenter au comité certains faits importants concernant le port et la circulation sur la côte Nord.
Le projet ajouterait environ un déplacement pétrolier par jour aux activités maritimes sur la côte Nord. Northern Gateway bâtira l'infrastructure de sécurité maritime la plus moderne et la plus perfectionnée qui soit dans le monde dans le cadre de ce projet. Par conséquent, notre projet sera semblable à celui de la Norvège, dont le bilan en matière de sécurité est excellent depuis plus de 30 ans. L'infrastructure technique que nous installerons respectera des normes strictes, ce qui améliorera la sécurité du trafic maritime le long de la côte Nord.
Notre projet accroîtra le potentiel de volume des échanges avec nos partenaires du Pacifique et générera des retombées additionnelles pour le Canada de 2 à 3 $ par baril produit. En d'autres mots, le port de Kitimat est un élément clé de l'avantage offert par la côte Pacifique du Canada.
En mai dernier, nous avons présenté la demande réglementaire concernant le projet à l'Office national de l'énergie. La demande sera étudiée par l'office ainsi que par l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Ce dépôt a permis de lancer les discussions et les consultations publiques au sujet du projet par l'entremise de ce que l'on connaît comme la Commission mixte d'évaluation. Celle-ci consultera les intervenants et étudiera la demande afin de répondre aux principales préoccupations, notamment celles relatives aux Autochtones et aux questions marines et environnementales.
Depuis 2002, nous entretenons un dialogue avec toutes les Premières nations tout le long du tracé de notre projet. Je suis convaincu que lorsque nous aurons eu l'occasion de leur présenter les bilans de notre projet en matière de sécurité maritime et environnementale et les avantages pour leur communauté et le Canada, la plupart des Premières nations concernées appuieront le projet.
Je reconnais qu'il y a eu des débats et des discussions à la Chambre au sujet de la possibilité d'interdire les pétroliers le long de la côte Nord de la Colombie-Britannique. Il est important de noter que depuis des décennies, des pétroliers visitent les ports canadiens d'est en ouest de façon sécuritaire, y compris celui de Kitimat.
Je souhaite aussi profiter de l'occasion pour demander respectueusement que le travail présentement effectué par l'Office national de l'énergie et l'ACEE, deux institutions créées par le Parlement, ne soit pas mis de côté par empressement et qu'une décision ne soit pas prise sans qu'on ait étudié tous les éléments portant sur le sujet.
En terminant, je tiens à vous remercier de m'avoir offert la possibilité de vous donner une mise à jour soulignant l'importance des pipelines Northern Gateway, un projet qui fait fond sur l'avantage donné par le Pacifique pour aider à assurer la prospérité à long terme du pays et son positionnement sur la scène internationale comme une superpuissance en énergie responsable, durable et éthique.
Les avantages pour le Canada sont importants et comprennent une hausse de 270 milliards de dollars du produit intérieur brut sur 30 ans. De plus, l'investissement régional, les recettes fiscales et la création d'emplois dans le Nord créeront d'autres débouchés découlant de notre projet.
Merci.
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Oui. Il est extrêmement important que nous fournissions des débouchés durables et à long terme aux Premières nations touchées. Cela nous tient énormément à coeur.
Et grâce au dialogue que nous avons entretenu avec les Premières nations qui se situe tout au long du tracé de notre projet, nous avons élaboré un plan économique qui, selon nous, aura des répercussions extrêmement positives pour les communautés concernées, allant de la participation dans les capitaux propres aux emplois, en passant par les contrats d'approvisionnement.
Ce qui est ressorti de nos réunions avec les communautés, c'est que nombre d'entre elles n'avaient pas les fonds nécessaires pour investir dans des parts de capitaux propres. Nous en avons donc tenu compte et avons facilité les mécanismes de financement afin que les communautés puissent devenir des partenaires à long terme, peu importe leur capacité financière. C'est maintenant à leur disposition.
Nous avons étudié nos réalisations dans le cadre d'autres projets de construction en Alberta et dans le reste du Canada, et nous nous sommes engagés à recruter 15 p. 100 de nos effectifs au cours de la phase de construction dans les communautés autochtones. Nous avons également garanti que quelque 400 millions de dollars de retombées découlant des contrats d'approvisionnement ciblent les communautés autochtones. Nous avons rassemblé les communautés autochtones et les entrepreneurs de longue date à Vancouver pour discuter de ces débouchés et des occasions de collaboration à long terme.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs. Bienvenue à notre comité.
Je suis membre substitut du comité. Je trouve vos présentations très intéressantes.
Monsieur Derrick, j'ai écouté votre présentation. Comme vous le savez, je suis un député du Québec, qui est aussi reconnu comme une nation, alors je partage un peu votre préoccupation. Je ne connais pas beaucoup votre nation, mais j'ai cru comprendre que vous aviez des demandes, des récriminations relativement au projet. Par contre, celles-ci ne me semblent pas tellement bien présentées. J'aimerais vous laisser la parole afin que vous me disiez de quelle façon vous êtes touchés par le projet. J'ai une carte du pipeline en question, mais je ne connais pas le territoire de votre nation.
Est-ce que le pipeline passe sur votre territoire? Êtes-vous situés sur le littoral et craignez-vous d'être touchés par la pollution causée par le naufrage de bateaux transportant le pétrole? C'est ce que j'aimerais que vous m'expliquiez. J'aimerais aussi savoir si vous avez été le moindrement consultés dans l'élaboration du projet.
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C'est une question importante, surtout si l'on tient compte de ce qui s'est passé dans la rivière Kalamazoo l'an dernier, par exemple. Vous avez déversé 3,2 millions de litres de pétrole dans cette rivière. Et il s'est écoulé 14 heures après les premiers signes de problèmes avant que l'oléoduc ne soit finalement fermé — 14 heures. Les résidants ont été forcés de signer des renoncements au recours afin de pouvoir obtenir les 650 $ de dédommagement pour des filtres à air, et vous êtes devant les tribunaux pour cet incident à l'heure actuelle.
Le président du House Transportation and Infrastructure Committee, M. Jim Oberstar, que vous connaissez j'en suis sûr, a envoyé des enquêteurs pour voir comment les résidants du Michigan ont été injustement traités par l'entreprise. Vous avez pu voir comment des personnes de moyens très modestes ont dit dans leurs témoignages devant le Congrès qu'ils ont signé ces renoncements au recours afin de pouvoir obtenir ces filtres à air en vue d'avoir de nouveau accès à leurs maisons, parce que l'air et l'eau étaient pollués.
Il me semble qu'avec les 750 bris d'oléoduc annuels uniquement en Alberta, votre impossibilité de garantir qu'il n'y aura pas de déversement, et les probabilités qu'il y ait un déversement sur une période de 50 ans... Vous aviez inspecté cet oléoduc au Michigan cinq jours avant qu'il ne commence à avoir des fuites et vous aviez publié un rapport transmis à l'Environmental Protection Agency des États-Unis stipulant que cet oléoduc était en bon état. Vous veniez de l'examiner parce que les Américains vous avaient demandé de le faire à la suite du désastre du déversement de la plate-forme pétrolière de BP dans le golfe.
Il me semble que le projet que vous proposez comprend des risques inhérents et considérables pour la population de la Colombie-Britannique et ses eaux côtières, et qu'en retour, il ne présente que relativement peu d'avantages.
Voici ma question. Dans votre proposition à la commission d'examen conjointe, vous n'avez pas de responsabilité relativement au trafic des pétroliers. Est-ce exact?
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Non, je ne garantis pas leur sécurité ni qu'il n'y aura pas de déversements. Vous avez dit bon nombre de choses, Nathan, dont certaines sont sujettes à caution.
Mais l'élément clé, c'est le processus que nous allons entamer, et dans le cadre duquel nous avons divulgué une quantité importante d'information. Nous avons présenté près de 20 000 pages de documents afin que les gens puissent faire une évaluation éclairée à savoir si le projet peut être construit et exploité de façon sécuritaire, et afin qu'ils puissent connaître notre bilan et savoir ce que nous allons faire pour nous assurer que les risques d'un incident sont peu probables.
Bien sûr, encore une fois, je pense que la question des pétroliers est une question clé. Nous allons devoir faire en sorte que ces navires puissent arriver à Kitimat et quitter le port en toute sécurité, et bien sûr, avec ce que nous allons faire, nous nous attendons à ce que ce soit possible.
Bon nombre de personnes estiment que la côte de la Norvège ressemble à celle de la Colombie-Britannique pour ce qui est de sa beauté. Aujourd'hui, annuellement, il y a 10 fois plus de navires qui se rendent en Norvège en toute sécurité qu'en Colombie-Britannique, et ce, depuis 30 ans. Encore une fois, c'est le genre de projet que nous allons reproduire avec des normes de sécurité reconnues mondialement.
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Je suis heureux d'avoir l'occasion d'aborder ce point.
Au fil du temps, il a été prouvé que les pipelines sont le moyen le plus sûr d'acheminer de très grands volumes de pétrole. Il s'agit d'un moyen de transport très sûr que nous étudions en permanence pour essayer de l'améliorer. En comparaison avec les modèles précédents, au fil du temps, nous avons renforcé l'acier, créer un meilleur revêtement et améliorer les pratiques de construction, notamment le fait de s'assurer que 100 p. 100 de la soudure est soumise au rayon-X pour garantir que les normes établies par l'Office national de l'énergie sont respectées. Manifestement, l'acier, le procédé de construction du pipeline ainsi que les matériaux se sont grandement améliorés, car il n'y a pas eu d'incident grave durant l'acheminement de produits en toute sécurité grâce aux pipelines qui ont été construits au cours des 35 dernières années. L'histoire a donc clairement démontré que les pipelines ne présentent pas de risque et qu'on continue d'en améliorer la sûreté.
Bien sûr, tous ces enseignements seront appliqués à la construction du pipeline dont il est question. Nous allons étudier la configuration du pays qu'il traversera pour s'assurer qu'il est construit de façon sûre, étant donné qu'il traversera beaucoup de voies navigables de réputation internationale. Nous ferons certainement des pieds et des mains pour nous assurer que la construction est sûre et que tous les renseignements à cet égard sont bien consignés.
En ce qui a trait aux navires, nous avons en premier lieu employé le modèle de très gros transporteurs de brut, TGTB, dans le port de Kitimat. Nous avons fait appel à des pilotes chevronnés de la Colombie-Britannique. Nous avons ainsi prouvé que les TGTB pouvaient effectivement traverser le canal de Douglas en toute sécurité et sans assistance. En outre, nous allons nous assurer que les navires employés seront modernes pour garantir la sécurité des opérations. Ils seront munis de double-coque et tant les navires que les équipages feront l'objet d'une sélection par des organismes indépendants. De plus, ils seront soumis à des restrictions en ce qui a trait à la vitesse de déplacement en situation normale et à l'accès au canal en cas de perturbation par le vent, la visibilité ou par les vagues dues au vent. Ce sont là d'autres exemples de procédures opérationnelles qui permettront d'accroître la sécurité.
La mesure la plus importante que nous entreprenons est la suivante: malgré le fait que les navires puissent se déplacer sans assistance, nous allons les relier par câble à un remorqueur. Ces bateaux remorques très puissants sont capables de faire changer de cap un navire ou de l'arrêter s'il perd de la puissance. Il s'agit de la mesure la plus importante permettant de réduire... Cette mesure rend les opérations sûres et fait en sorte que le risque d'incident devient minime. On aura également recours à un deuxième bateau remorque pour les navires circulant en amont et en aval. L'équipage des bateaux remorques sera en mesure d'agir à titre de premier intervenant en cas d'incident ou de venir en aide au premier bateau remorque. Cela prouve une fois de plus que nous avons pris des mesures extraordinaires pour garantir des activités dont la sécurité est de calibre international.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aurais été inquiet de ne voir sur la liste aucun représentant de l'Union des municipalités du Québec. Ce matin, j'ai parlé au maire de Salaberry-de-Valleyfield, M. Lapointe, et c'est un avantage que l'on a: non seulement il participe à l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, mais il est aussi président de la Commission politique de l’environnement pour l'Union des municipalités du Québec. Il y aura donc un représentant de l'Union des municipalités du Québec en plus de M. Ullrich.
Je pense que ces deux journées seront suffisantes, mais je ne peux pas dire que je serais nécessairement défavorable à l'ajout d'une troisième journée. Il faut attendre de voir comment cela se déroule. Je dois avouer que c'est toujours un peu frustrant de recevoir, une journée, les représentants de la CCSN et de Bruce Power, et de devoir entendre une série de témoins par la suite. Nous approuvons ce qui a été voté, soit qu'il y ait seulement deux journées prévues, le 8 et le 10. Je suis sûr qu'à la lumière de ce que nous allons discuter, il va peut-être y avoir lieu d'approfondir la question. Pour l'instant, je crois que le processus habituel doit suivre son cours.
J'aimerais souligner une seule chose. En effet, nous avons bénéficié d'un breffage, quand même exhaustif, de la part de la CCSN, et nous devons d'ailleurs l'en remercier. Je suis certain que, dans le cadre d'un comité permanent, les représentants de la CCSN auraient pu être présents pendant deux heures. Quand nous avons seulement une heure pour entendre un groupe de témoins, nous ne pouvons faire qu'un tour de table, et chaque parti bénéficie de seulement deux ou trois minutes pour s'exprimer. Ce qui s'est passé n'est pas une mince affaire. Énormément de personnes et de municipalités ont signé cette pétition. Il est important de prendre le temps de bien clarifier les choses pour éviter tout problème de perception. Moi, j'aurais préféré que la dernière journée soit complètement allouée à la CCSN. J'aurais aimé entendre, en premier lieu, les représentants de Bruce Power, et ensuite entendre les témoins qui sont contre le projet, afin qu'ils puissent nous en expliquer les raisons. Il s'agit de savoir si ceux-ci ont tout simplement peur, s'ils ont des interrogations relativement aux faits, ou encore s'ils craignent de créer un précédent, etc. Je trouve qu'une heure avec la CCSN, même si nous avons eu un breffage, ce n'est pas assez. J'aurais préféré bénéficier d'une journée complète à ce sujet, et c'est pour cette raison que je me réserve la possibilité d'ajouter une troisième journée. Nous pouvons demander à la Commission canadienne de sûreté nucléaire de se présenter dès le début et, en deuxième lieu, écouter ce que les représentants de Bruce Power ont à dire. Finalement, nous pouvons rencontrer les représentants des municipalités et des regroupements pour la sûreté nucléaire, notamment des gens de l'Ontario et du Québec. Par la suite, nous serons en mesure d'évaluer si nous avons besoin d'ajouter une troisième journée.
La gestion de la perception du projet sera très importante dans ce dossier, tout autant que les faits.