:
Merci, monsieur le président.
C'est un grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour discuter de ce sujet.
[Traduction]
L'Association des produits forestiers du Canada est l'association professionnelle nationale qui représente les producteurs intégrés de pâte, de papier et de bois d'oeuvre. Dans son ensemble, la production de cette industrie représente environ 12 p. 100 du PIB du secteur de la fabrication du Canada. L'industrie crée 240 000 emplois directs au Canada, et plus ou moins 500 000 emplois indirects.
Notre industrie est présente dans environ 200 collectivités du pays. Lorsque je dis qu'elle est « présente » dans ces collectivités, je veux dire qu'elle constitue l'élément vital de ces collectivités — elle les fait vivre, et leur procure des emplois.
Au fil des ans, les représentants de l'industrie ont eu de multiples discussions avec bon nombre des personnes assises à la table. De nombreuses circonscriptions représentées ici entretiennent des liens avec l'industrie, et n'ignorent certainement pas les affres qu'elle a vécues durant la plus récente récession. De toute évidence, une kyrielle d'emplois ont été perdus dans le secteur. Au cours des deux ou trois dernières années, bon nombre des circonscriptions que vous représentez en ont subi les conséquences directes.
J'aimerais pouvoir dire que la période de turbulences est terminée, mais il semble qu'une certaine incertitude économique continue de planer à l'horizon. Cela dit, je suis heureux de vous signaler que l'industrie a pris quelques mesures durant le plus récent ralentissement économique afin de mieux se préparer à faire face au prochain bourbier économique et à s'en extirper plus aisément.
À coup sûr, nous avons réalisé des progrès à un certain nombre de chapitres. Nous avons accru notre compétitivité et nous avons cherché à diversifier notre gamme de produits. Nous intégrons la bioéconomie de manière plus complète. Nous ajoutons cela à notre production actuelle de bois d'oeuvre, de pâte et de papier, et nous tentons d'extraire davantage de valeur de chaque arbre.
La diversification des marchés et l'exploitation de notre réputation environnementale à l'étranger constituent les deux autres volets essentiels de notre stratégie de transformation. J'estime que ces deux volets sont des éléments indispensables de l'accord de libre-échange Canada-Union européenne dont nous allons discuter aujourd'hui.
L'industrie représente un important exportateur. Les membres de l'industrie exportent beaucoup plus de la moitié de leurs produits à l'étranger — la valeur de ces exportations s'élève à environ 26 milliards de dollars par année. L'industrie des produits forestiers est l'une des principales industries d'exportation du Canada. En outre, elle est l'une des industries d'exportation de produits forestiers les plus fructueuses du monde.
Le marché américain représente, bien entendu, notre principal marché d'exportation — environ 65 p. 100 de nos produits sont exportés là-bas. Quelque 30 p. 100 de nos produits sont exportés en Asie, et, à coup sûr, nous envisageons que la Chine occupera une place de plus en plus importante au sein de notre portefeuille de marchés d'exportation. L'Union européenne représente une autre tranche de 5 p. 100 de notre marché d'exportation; le reste est constitué par divers marchés disséminés un peu partout dans le monde.
De multiples façons, le gouvernement a offert à l'industrie un soutien extrêmement important au chapitre de la diversification des marchés. Entre autres, il a contribué directement au développement et à l'expansion des marchés de l'industrie dans d'autres régions du monde. Plus précisément, le gouvernement a soutenu une bonne partie de notre expansion dans le marché chinois. Les ministres Oliver et Fast se sont récemment rendus en Chine, où ils ont établi des communications importantes avec le gouvernement chinois. Une part importante de ces communications se déroule de gouvernement à gouvernement, et cela est donc extrêmement utile.
En outre, la conclusion d'accords de libre-échange comme celui dont nous discutons aujourd'hui constitue un autre moyen très utile que le gouvernement a utilisé pour soutenir l'expansion et la diversification des marchés de notre industrie. Je me suis déjà présenté devant le comité pour discuter avec lui des accords conclus avec la Jordanie, le Panama et la Colombie — tous ces accords sont d'une portée nettement moindre que celui dont nous parlons aujourd'hui, mais ont néanmoins contribué à la diversification de nos marchés. Pour cette raison, l'industrie que je représente est très favorable à l'accord sur lequel nous nous penchons aujourd'hui, l'accord avec l'Union européenne (UE).
Pour vous donner une idée de la situation actuelle, je mentionnerai que l'UE importe chaque année de pays situés à l'extérieur de son territoire des produits d'une valeur de 23 milliards de dollars environ; les produits importés du Canada représentent une somme de 1,5 milliard de dollars; la pâte, le papier et les produits ligneux comptent chacun pour le tiers de cette somme.
Nos produits de pâte et papier qui entrent dans ce marché ne sont assujettis à aucun droit de douane ou presque, mais des droits de douane de 7 p. 100 sont imposés à nos panneaux de copeaux orientés — nos panneaux OSB — et à nos produits de contreplaqué, de sorte que, pour l'essentiel, notre industrie n'est pas concurrentielle dans ce marché.
Notre industrie a travaillé en très étroite collaboration avec les fonctionnaires au moment d'élaborer l'accord dont il est question aujourd'hui. Nous sommes très favorables à deux éléments qui composent cet accord. Le premier, bien entendu, est la suppression des droits de 7 p. 100 imposés à nos produits de contreplaqué.
Le deuxième est assez exceptionnel. Je ne sais pas si, à ce jour, le comité en a discuté. Nous avons milité pour l'ajout à l'accord d'une annexe portant sur les achats de produits forestiers par les gouvernements. À l'heure actuelle, le processus de marchés publics de l'UE en ce qui concerne les produits forestiers est passablement obscur — les choses se passent à huis clos. Nous préconisons un processus un peu plus ouvert qui nous permettrait de mettre à profit nos antécédents sur le plan environnemental.
L'industrie a fait du chemin en ce qui a trait à ses pratiques en matière de durabilité et d'abattage des arbres. À notre avis, cela représente un avantage concurrentiel. Nous aimerions que le gouvernement mette l'accent là-dessus au moment d'élaborer ses pratiques en matière de marchés publics. Ainsi, une annexe a été rédigée, et, à ce moment-ci, nous croyons qu'elle fera l'objet de discussions au cours de la prochaine ronde de négociations. Nous croyons comprendre que les choses progressent en souplesse. Nous avons hâte de voir la version finale de ce texte.
En résumé, je tenais à dire que cet accord est important pour nous, et qu'il nous ouvre l'accès à de nouveaux marchés, et que, à ce titre, il s'inscrit dans le plan de diversification des marchés que notre industrie a adopté. Nous sommes reconnaissants au gouvernement du soutien qu'il nous a fourni à cet égard. J'ai hâte de répondre aux questions du comité, ce que je ferai après le témoignage de M. Pomerleau.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, honorables députés, je suis heureux d'être ici pour vous présenter le point de vue de l'industrie porcine canadienne à propos de l'accord économique et commercial global avec l'Union européenne.
Je commencerai par vous dire quelques mots à propos de l'organisation que je représente. Canada Porc International créée en 1991, est l'agence de développement des marchés extérieurs de l'industrie porcine canadienne. Il s'agit d'une initiative conjointe du Conseil canadien du porc et du Conseil des viandes du Canada. Tous les intervenants de l'industrie — des éleveurs aux négociants en passant par les transformateurs — sont représentés au sein de notre organisation.
Notre organisation s'occupe principalement des problèmes d'accès aux marchés extérieurs, de la promotion du porc canadien à l'étranger et de la fourniture d'information commerciale, en plus de tenter de trouver des solutions à d'autres problèmes importants liés à l'exportation.
Il convient de souligner que plus de 50 p. 100 de la viande porcine produite au Canada est exportée. Le Canada est le troisième exportateur de porc en importance dans le monde, après l'UE et les États-Unis; sa part du marché mondial s'élève à près de 20 p. 100. Ainsi, le Canada est un acteur important de l'industrie porcine à l'échelle mondiale.
En 2010, le Canada a exporté près de 1,1 million de tonnes de porc dans plus de 100 pays, pour une valeur de 2,8 milliards de dollars. Cette année, la valeur de nos exportations dépassera vraisemblablement les 3 milliards de dollars; à ce moment-ci, nous enregistrons une hausse de près de 5 p. 100 de nos exportations par rapport à l'an dernier.
Notre industrie s'enorgueillit d'avoir réussi à bien diversifier ses marchés. Il y a plus de 10 ans, plus de 75 p. 100 de nos exportations étaient destinées au marché américain — et je suis certain que des représentants d'autres secteurs d'activité vous ont dit une chose semblable avant moi —, alors que, à l'heure actuelle, cette proportion ne s'élève plus qu'à 32 p. 100.
L'un des principaux facteurs expliquant cette réussite a été le Cycle d'Uruguay, qui a créé de nouvelles occasions commerciales au milieu des années 1990, mais il faut également mentionner les accords commerciaux régionaux que le Canada a conclus avec divers pays, par exemple le Mexique.
Il faut souligner que le Canada exporte du porc depuis plus de 100 ans. Dans un premier temps, notre capacité d'exportation a été créée afin d'approvisionner le marché britannique, dont nous avons été exclus lorsque le Royaume-Uni s'est joint à l'Union européenne, que l'on désignait, à l'époque, sous l'appellation de CEE. Par conséquent, nous vous sommes reconnaissants de nous fournir aujourd'hui l'occasion de venir exposer notre point de vue sur le projet d'accord entre le Canada et l'Union européenne.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, la part du marché mondial du porc que détient le Canada s'élève à environ 20 p. 100, et ce, en dépit du fait que, en pratique, nos produits ne se sont toujours pas vu accorder un accès digne de ce nom au marché de l'UE, le deuxième marché en importance dans le monde après celui de la Chine. Pour vous donner un ordre de grandeur, la Chine consomme approximativement 50 millions de tonnes de porc par année, et l'Union européenne, approximativement 20 millions. Pour cette raison, Canada Porc International et ses membres appuient fermement la conclusion d'un accord économique et commercial global avec l'UE.
Durant l'élaboration de notre plus récent plan stratégique, nous avons fait de l'UE l'une de nos priorités. Notre intérêt à l'égard de ce marché s'est grandement accru au cours des dernières années en raison de sa taille considérable. Il faut également mentionner l'intérêt à l'égard de nos produits qu'ont manifesté de nombreux importateurs de viande de l'Italie et du Royaume-Uni, et même les pays dont, pour l'essentiel, la production intérieure de porc n'est pas suffisante pour répondre à la demande sur leur territoire. Même s'il est difficile, à ce moment-ci, de quantifier de façon précise le potentiel que présente ce marché, nous estimons que, si les conditions s'y prêtent, l'UE pourrait facilement figurer au palmarès de nos dix — voire de nos cinq — principaux marchés d'exportation.
Il y a trois sujets précis que notre industrie souhaite voir traiter dans le cadre des pourparlers qui sont en cours. L'un d'entre eux est le régime d'importation du porc de l'UE. À la suite de la conclusion du Cycle d'Uruguay, l'UE a fait preuve d'une très grande créativité pour réduire au minimum l'accès de son marché au porc étranger en combinant toutes les viandes au lieu d'accorder un accès minimum à chacune d'entre elles. Ainsi, les contingents tarifaires de l'UE ne représentent qu'un tiers de 1 p. 100 de la consommation totale de porc de l'UE.
En comparaison, les importations de porc représentent plus de 25 p. 100 de la consommation totale de porc au Canada, et elles sont trois fois plus importantes que celles de l'UE, dont la population est de 500 millions de personnes. La population du Canada est d'environ 34 millions de personnes. Cela donne une idée de la différence. Malgré cela, les contingents tarifaires actuels de l'UE et leur gestion sont très compliqués, et ne favorisent pas du tout des échanges soutenus.
De plus, les taux de droit applicable dans la limite du contingent sont très élevés, et s'assortissent de cautionnements d'exécution. Dans les faits, le Canada n'a jamais manqué à ses obligations. Nous estimons qu'il est en bonne position pour obtenir, dans le cadre des négociations, une exemption des droits de douane liés au contingent tarifaire — exemption qui serait exclusive au Canada —, de même que la simplification des procédures administratives liées à son attribution.
Au fil des ans, plusieurs pays d'Europe de l'Ouest ont représenté, à un moment ou à un autre, d'importants marchés pour le porc canadien, jusqu'à ce que la CEE adopte une série de mesures techniques — notamment la Directive concernant les viandes en provenance de pays tiers — qui ont eu pour effet, ultérieurement, d'exclure le porc canadien de ces marchés. À l'époque, les principaux marchés d'exportation du porc canadien étaient... J'ai déjà mentionné le Royaume-Uni, qui a été un marché pendant plus de 75 ans, mais il y avait aussi la France et les Pays-Bas. Les mêmes mesures ont été appliquées à l'égard de nos produits lorsque d'importants marchés de l'Europe centrale — par exemple la Pologne, la Hongrie et la Roumanie — ont joint l'Union européenne, de sorte que nous avons également perdu l'accès à tous ces marchés.
Même si l'Accord d'équivalence vétérinaire Canada-UE a beaucoup facilité l'obtention, par quelques usines canadiennes de transformation du porc, de l'agrément européen, d'autres négociations seront nécessaires pour qu'il devienne un véritable accord d'équivalence. L'Agence canadienne d'inspection des aliments sait très bien cela, et collabore toujours avec nous pour tenter d'atténuer ces problèmes.
Les usines qui souhaitent se conformer aux exigences de l'UE doivent engager d'importantes dépenses et mettre en oeuvre des protocoles très rigides, surtout en ce qui concerne certains éléments du matériel d'alimentation. À l'heure actuelle, il n'y a que trois usines canadiennes agréées par l'UE, et quelques autres envisagent d'obtenir l'agrément. Un meilleur accès et des normes d'agrément plus simples convaincraient certainement la plupart des usines canadiennes de chercher à l'obtenir.
Même si elles n'ont que rarement été appliquées au Canada, les subventions à l'exportation de porc de l'UE peuvent, en théorie, être appliquées dans tous les marchés. Le Canada devra insister pour que, à tout le moins, dans le cadre de cet accord, elles ne puissent pas être utilisée aux fins d'expéditions vers le Canada.
Il convient de souligner que le gouvernement du Canada a bien documenté tous les problèmes auxquels nous avons eu à faire face au fil des ans dans le cadre de nos relations avec l'Union européenne. Nous apprécions beaucoup d'avoir été consultés dès le début des négociations, et d'avoir été tenus informés de tous les développements concernant nos produits.
Le Canada n'a toujours pas soumis à l'Union européenne une demande finale en ce qui a trait au porc, car il est encore en train de la mettre au point, mais nous sommes convaincus que les négociateurs canadiens feront tout leur possible afin d'obtenir la meilleure entente possible pour notre industrie.
Enfin, j'aimerais prendre une petite minute de votre temps pour attirer votre attention sur le fait que l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud est entré en vigueur plus tôt cette année. Comme tout le monde le sait, les États-Unis ont conclu un accord semblable, bien qu'il n'ait toujours pas été ratifié par le Parlement sud-coréen — à notre avis, cela n'est qu'une question de temps.
La Corée du Sud est le quatrième marché d'exportation en importance pour le porc canadien, et les ventes de porc canadien dans ce pays sont en bonne voie d'atteindre les 300 millions de dollars, ou presque. Nos clients sud-coréens sont unanimes quant à la qualité de la viande de porc canadienne, qui, à leur avis, est la meilleure de toutes les viandes de porc importées par leur pays. L'industrie porcine canadienne a investi beaucoup d'efforts pour développer de nouveaux segments de marché pour un vaste éventail de produits, y compris des produits à valeur ajoutée comme le porc frais de longue conservation, qui est maintenant disponible dans plusieurs grands supermarchés de la Corée du Sud.
Il se trouve que, à l'heure actuelle, tous les principaux concurrents du Canada en Corée du Sud ont conclu des accords de libre-échange avec ce pays, et vous comprendrez que l'industrie porcine canadienne, tout comme plusieurs autres industries canadiennes du secteur agroalimentaire, ont tout intérêt à ne pas se laisser distancer. Nos contacts en Corée du Sud nous répètent sans arrêt que, en l'absence d'un accord avec la Corée du Sud, le porc canadien sera pratiquement exclu de ce marché d'ici deux ans, car les calendriers d'élimination des tarifs prévus dans les autres accords de libre-échange auront pour effet que le Canada ne sera plus du tout concurrentiel dans ce secteur.
Par conséquent, nous enjoignons au comité d'appuyer les efforts visant une relance rapide des négociations afin que le Canada conclut le plus rapidement possible un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. À notre avis, il ne fait aucun doute que, si le Canada ne conclue pas un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, cela aura pour effet, à tout le moins, d'annuler tout gain que nous pourrions faire grâce à la conclusion d'un accord avec l'UE. Pour nous, ces deux accords sont importants.
Merci de m'avoir accordé du temps aujourd'hui. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Oui, tout à fait. Merci de cette question.
Vous avez parfaitement raison. À l'heure actuelle, les gouvernements européens élaborent des politiques liées à leurs propres pratiques en matière d'approvisionnement, et ils ont tendance à le faire à huis clos, sans la moindre transparence. Au bout du compte — on peut se demander si cela est intentionnel ou non —, des barrières non tarifaires sont mises en place.
À notre avis, ces barrières sont, dans certains cas, très restrictives pour notre industrie. Les gouvernements mettent en place des critères qui ne s'appliquent vraiment à aucun autre pays qu'un pays comme le Canada. Comme je l'ai mentionné, il est difficile d'accuser qui que ce soit d'avoir agi de façon intentionnelle, mais on est en droit de présumer qu'une certaine intention sous-tend des décisions de ce genre.
Le fait de transformer ce processus en un processus libre et ouvert de manière à ce que nous puissions comprendre ce qui se passe, puis mettre au point un procédé au moyen duquel nous pourrions interjeter appel si les choses ne se déroulent pas de la manière dont nous estimons qu'elles devraient se dérouler... cela fait également partie de l'annexe. Il faudrait mettre en place un organisme qui aurait un point de vue objectif.
À cet égard, un autre élément important, que je n'ai pas mentionné durant ma déclaration préliminaire, tient à ce que, bien souvent, l'UE donne l'exemple à de nombreux égards sur le plan environnemental. Pour d'autres pays du monde, l'UE est un modèle à suivre en ce qui a trait à la façon d'élaborer des politiques et aux types de critères énoncés dans ces politiques. Si nos autres marchés d'exportation — par exemple la Chine, qui représente une énorme occasion pour notre industrie — adoptent quelques-unes des politiques en matière d'approvisionnement qui sont en train d'être élaborées par les gouvernements de l'UE, nous pourrions nous voir exclus de ces marchés également.
Ainsi, il s'agit en quelque sorte d'une importante tête de pont vers ce marché. Les autres pays peuvent souvent établir des politiques simplement pour suivre l'exemple de l'UE. Pour cette raison, cela revêt également de l'importance au-delà des seules conséquences actuelles de l'accord Canada-UE.
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Tout à fait. Depuis belle lurette, les secteurs d'activité sur lesquels se concentre l'industrie sont le bois d'oeuvre, la pâte et le papier.
Bien entendu, on peut à présent extraire d'un arbre un nombre beaucoup plus grand d'éléments analogues à des composés chimiques. L'un des secteurs d'activité sur lesquels l'industrie a commencé à se concentrer est l'énergie verte, à savoir la production d'énergie au moyen des déchets — la sciure de bois, l'écorce et les copeaux de bois — produits durant la fabrication des pâtes et papier. Tout ce qui n'entre pas dans la fabrication de la pâte ou des panneaux de copeaux orientés est brûlé, et cela nous permet de faire de la cogénération — c'est-à-dire pour l'essentiel, d'utiliser la chaleur produite pour chauffer l'eau afin de produire de la vapeur qui alimentera les usines en électricité. À l'heure actuelle, la majeure partie de notre électricité — environ 67 p. 100 — est produite au moyen de biomasse renouvelable.
Dans le même ordre d'idées, nous menons des recherches très actives — et, à certains égards, beaucoup trop pointues pour moi — et qui ont pour but, pour l'essentiel, d'extraire d'un arbre des composés permettant de fabriquer des matériaux aussi solides que le plastique, l'acier ou le métal. Je vais vous donner un exemple: l'une de nos entreprises membres, Tembec, détient le brevet international d'une chose que l'on désigne sous le nom de « pâte de bois à trois dimensions ». Une feuille de papier est très résistante en deux dimensions, on peut la tirer comme ceci ou comme cela, mais si vous la tirez de cette façon, elle se déchirera en deux. L'entreprise en question a élaboré une pâte de bois à trois dimensions de manière à ce que le papier ne puisse pas se déchirer lorsqu'on le tire de cette façon. On peut à présent utiliser ce processus et donner n'importe quelle forme au papier. On pourrait fabriquer des pièces d'automobile, des pièces d'avion ou n'importe quel objet que l'on fabrique habituellement avec de l'aluminium. Bien sûr, il s'agit d'un matériau renouvelable, et il exige moins d'énergie.
Pour l'essentiel, grâce à la bioéconomie, les bioproduits et les processus biochimiques, on peut obtenir tout cela à partir d'un arbre. Dans une certaine mesure, on pourra utiliser 100 p. 100 de chaque arbre tiré d'une forêt.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, j'aimerais commencer par vous remercier d'avoir invité Produits de santé consommateurs du Canada à présenter la perspective de l'industrie dans le cadre de l'étude sur l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
Produits de santé consommateurs du Canada est une association nationale de l'industrie qui représente les fabricants, les marchands et les distributeurs de produits de santé consommateurs. Les membres de l'association, de la petite entreprise à la grande société, effectuent la plupart des ventes de médicaments en vente libre et de produits de santé naturels sur le marché canadien.
L'industrie des produits de santé consommateurs constitue un volet bien établi, mais en croissance, du système de soins de santé canadien; elle génère actuellement environ 5 milliards de dollars en ventes annuelles et elle contribue à la croissance de l'économie canadienne en fournissant des emplois de qualité et bien rémunérés à plus de 6 000 personnes très qualifiées qui participent à la production, à l'importation et à la commercialisation des produits de santé consommateurs au Canada. Nous estimons que 25 000 postes supplémentaires dans le commerce en détail et dans la distribution sont soutenus directement par la vente de produits de santé consommateurs.
Nous sommes conscients du fait que, jusqu'à maintenant, les négociations entre le Canada et l'UE, de même que les discussions du comité durant ces délibérations, ont porté sur divers éléments de propriété intellectuelle liés aux produits pharmaceutiques sur ordonnance, dont la protection des données, le rétablissement de la durée des brevets et le droit d'appel. Nous soulignons que ces aspects de la propriété intellectuelle n'existent pas actuellement et ne s'appliquent pas de la même manière aux produits de santé consommateurs. Notre secteur a grandement besoin que des dispositions soient prises relativement à la production des données liées aux produits de santé consommateurs, ce qui nous permettra d'attirer des investissements dans la recherche au Canada et de créer des emplois pour les Canadiens dans le domaine de la fabrication et de la distribution de produits novateurs.
Nous croyons que le gouvernement et l'industrie doivent collaborer, de sorte que les Canadiens puissent bénéficier des nouvelles percées scientifiques et technologiques en matière de produits de santé consommateurs. Cela dit, il y a actuellement des obstacles, dans la réglementation des produits de santé consommateurs, qui nuisent à l'innovation, ce qui fait en sorte que les sociétés multinationales ont un biais négatif à l'égard du cadre de réglementation canadien et de son effet négatif sur leur capacité d'obtenir un rendement de leurs investissements lorsqu'elles introduisent des produits novateurs.
La réalisation de recherches sur des médicaments sur ordonnance bien établis visant à leur trouver de nouvelles utilisations dans le marché des produits de santé consommateurs est l'une des manières dont notre industrie innove. Lorsque des avantages relatifs à l'innocuité et aux patients sont démontrés, ces recherches sont utilisées par Santé Canada aux fins de l'élaboration de règlements pour reclasser un produit vendu sur ordonnance dans la catégorie des produits de santé consommateurs.
Les Canadiens tirent plusieurs avantages du reclassement d'un médicament dans la catégorie des produits en vente libre, puisqu'ils peuvent choisir eux-mêmes ces produits ou les obtenir auprès d'un pharmacien. Ils peuvent ainsi traiter des problèmes de santé courants et ennuyeux plus efficacement sans avoir à prendre rendez-vous chez le médecin. Le reclassement de médicaments sur ordonnance comme les antifongiques pour traiter les infections aux levures, le peroxyde de dibenzoyle pour l'acné et les antagonistes des récepteurs H2 pour les brûlures d'estomac à la catégorie des produits de santé consommateurs est un excellent exemple de cela. Pour l'industrie, le reclassement d'un produit sur ordonnance dans la catégorie des produits de santé consommateurs fournit une occasion d'innovation.
Cependant, le reclassement de produits sur ordonnance appropriés dans la catégorie de produits d'autosoins de grande consommation comporte également des avantages énormes pour le système de soins de santé canadien. Les recherches réalisées cette année pour notre association ont montré que les visites chez le médecin pour des rhumes, des maux de tête et des brûlures d'estomac chez des adultes coûtent au système de soins de santé 1 milliard de dollars par année. Si l'on ajoute les enfants et les coûts associés aux médicaments sur ordonnance et aux essais en laboratoire à cette équation, le coût s'élève à plus de 2 milliards de dollars pour seulement trois des centaines des affections bénignes qui peuvent être traitées grâce aux produits de santé consommateurs.
Le reclassement de produits sur ordonnance dans la catégorie des produits de santé consommateurs peut entraîner, de nombreuses manières, une baisse des coûts. Dans certains cas, le fait d'apporter des améliorations graduelles aux options qui sont disponibles en matière d'autosoins dans les catégories existantes peuvent suffire à générer des économies importantes. Par exemple, une étude de l'Université Queen's a montré que le reclassement des médicaments contre les allergies qui ne causent pas la somnolence dans la catégorie des produits d'autosoins a permis, en Ontario seulement, des économies nettes annuelles de 65 millions de dollars en raison des visites chez le médecin, des frais d'ordonnance et des coûts des médicaments qui ont pu être évités.
Dans d'autres cas, la création d'une toute nouvelle option en matière d'autosoins peut avoir des répercussions encore plus profondes sur les soins de santé. Par exemple, le reclassement de la thérapie de remplacement de la nicotine pour le sevrage du tabac dans la catégorie des produits d'autosoins a donné lieu non seulement à la réduction du nombre de visites inutiles chez le médecin, mais également à une augmentation considérable des tentatives faites pour arrêter de fumer, ce qui a contribué à une forte baisse dans les taux de tabagisme au Canada depuis la prise de cette mesure, en 1997.
Pour la plupart des multinationales membres de Produits de santé consommateurs Canada, l'innovation a lieu à l'échelle internationale. Après avoir investi dans les travaux de recherche rigoureux appuyant l'utilisation sûre d'un nouveau produit pour les consommateurs, ces sociétés décident dans quels marchés internationaux ils déposeront une demande d'enregistrement. Les pays qui offrent des mesures de protection des données ou l'exclusivité de leur marché pour les produits de santé consommateurs auparavant classés dans la catégorie des produits sur ordonnance sont les plus attrayants pour l'industrie, car ils donnent la possibilité de récupérer les coûts exorbitants de la recherche.
Aucune période de protection des données n'est actuellement offerte à notre industrie au Canada, ce qui fait en sorte que nous accusons un retard d'un bon nombre d'années par rapport aux entreprises de l'Union européenne. À titre d'exemple, un examen comparatif a récemment été réalisé relativement aux contextes du Canada et du Royaume-Uni. Cette étude a montré que, de 1984 à 2009, dans 96 p. 100 des cas, un produit était reclassifié au Royaume-Uni avant qu'il ne le soit au Canada. Il a fallu, en moyenne, 7,3 ans pour que les Canadiens aient accès aux produits reclassés d'abord au Royaume-Uni.
Le reclassement, dans l'Union européenne, des médicaments sur ordonnance destinés à réduire le taux de cholestérol dans la catégorie des produits en vente libre est un excellent exemple de l'effet néfaste du manque de protection de données pour l'industrie des produits de santé consommateurs sur la santé des Canadiens et sur notre économie. Au Canada, les concurrents ont accès au marché quelques mois seulement après l'innovateur parce qu'ils peuvent se fonder sur les efforts de ces derniers pour obtenir une approbation réglementaire.
Il est peu probable que des fabricants canadiens considèrent ce contexte propice aux investissements dans ce genre d'innovation. Les Canadiens attendront donc de nombreuses années avant d'avoir accès à un produit que les citoyens de l'Union européenne peuvent déjà se procurer. Cette modification, qui permettrait d'améliorer l'efficience des soins de santé, pourrait leur permettre de réaliser des économies de plusieurs milliards de dollars, car elle entraînerait une baisse de la morbidité et de la mortalité attribuables aux coronopathies. Cela dit, il faut également tenir compte du fait qu'on a, durant toutes ces années de retard, perdu l'occasion commerciale d'améliorer l'économie canadienne en créant des milliers d'emplois canadiens dans les domaines de la recherche, de la fabrication et de ventes.
Pour cette raison et pour de nombreuses autres — qui sont décrites pour le comité dans notre mémoire — nous proposons que le Canada se conforme à l'article 74a de l'Union européenne sur la période de protection des données de un an pour toute modification de la classification des médicaments, de la catégorie des médicaments sur ordonnance à celle des produits de santé consommateurs ou des produits de santé naturels, lorsque le gouvernement se fonde sur les essais cliniques innovateurs pour approuver cette modification de la classification.
Merci du temps que vous nous avez accordé aujourd'hui. Compte tenu de la complexité de ces enjeux, je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
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Bon après-midi et merci de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent du commerce international aujourd'hui.
En tant que représentants de la Société Alzheimer du Canada, nous avons récemment eu l'occasion de rencontrer le ministre Ed Fast, à Toronto, et nous sommes très heureux que le Comité permanent du commerce international, qui est très important, veuille nous entendre aujourd'hui. J'aimerais vous parler un peu de qui nous sommes, de ce que nous faisons et des raisons pour lesquelles l'innovation est importante pour les plus de 500 000 Canadiens qui sont atteints de la maladie d'Alzheimer ou d'une autre forme de démence, et que je représente aujourd'hui.
La Société Alzheimer, qui compte plus de 150 centres partout au Canada, fournit une aide et de l'espoir aux Canadiens touchés par cette terrible maladie. Nous offrons de l'aide en fournissant de l'information, un soutien et de l'information sur la maladie, et la manière de composer avec elle et d'améliorer la qualité de vie tout au long de l'évolution de la maladie. Nous offrons de l'espoir en appuyant la recherche afin que nous puissions mieux comprendre, diagnostiquer, traiter et prévenir la maladie d'Alzheimer.
J'aimerais dire quelques mots sur l'ampleur, la portée et les répercussions de la maladie d'Alzheimer. Dans notre rapport « Raz de marée », qui a été publié en 2009, et j'en ai apporté des exemplaires pour vous aujourd'hui — on prévoit que, d'ici une génération, le nombre de Canadiens qui sont atteints de démence aujourd'hui aura plus que doublé, puisqu'il passera de 500 000 à 1,1 million de personnes. Cette année, en 2011, la génération du baby-boom fête ses 65 ans, et cela veut dire que notre problème prendra de l'ampleur, puisque le vieillissement est le facteur de risque le plus important de la maladie d'Alzheimer.
La maladie d'Alzheimer est une maladie mortelle, et les gens qui sont atteints de cette maladie peuvent vivre de 7 à 12 ans après le diagnostic. Les coûts liés aux soins à dispenser durant toutes les phases de cette maladie sont énormes. On estime que ces coûts s'élèvent actuellement à 15 milliards de dollars et que, d'ici une génération, ils pourraient atteindre 153 milliards de dollars. Il ne s'agit donc pas d'une maladie dont nous pouvons faire abstraction. Elle a des répercussions énormes sur ses victimes et sur les gens qui en prennent soin.
Que fait la Société Alzheimer du Canada pour aider? Nous travaillons à de nombreux projets pour fournir de l'aide et de l'espoir aux Canadiens. Outre notre comparution ici aujourd'hui, nous travaillons également en vue de provoquer un changement en préparant un dossier factuel et bien documenté sur l'incidence, la prévalence et les répercussions économiques de cette maladie, fondé sur les données et présenté dans notre rapport « Raz de marée ». Nous travaillons en vue de maintenir et de stimuler l'intérêt du public, entre autres, au moyen d'une couverture médiatique concernant la nécessité de mettre en oeuvre une stratégie nationale relative à la démence. Nous tentons également d'entretenir un dialogue continu avec des hauts fonctionnaires et des représentants du gouvernement fédéral en comparaissant devant des comités comme le vôtre y compris devant le sous-comité sur les maladies neurologiques.
Nous travaillons également très étroitement avec nos 10 partenaires provinciaux afin d'appuyer les efforts qu'ils déploient pour informer leurs représentants de la santé, de garantir que nous présentons un message cohérent dans le cadre des négociations relatives aux accords sur la santé, et d'améliorer les systèmes de soutien pour les aidants, la santé du cerveau par des recherches plus nombreuses et l'intégration des services de soins de santé après le diagnostic et à mesure que la maladie évolue.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler un peu des raisons pour lesquelles l'innovation est importante pour les personnes que je représente. Les personnes atteintes d'Alzheimer et d'autres formes de démence veulent avoir accès à l'ensemble des avancées scientifiques brillantes qui pourraient donner lieu à la création des nouveaux médicaments pouvant atténuer leurs symptômes. Elles ont besoin de traitements qui les aideront à mener une vie normale le plus longtemps possible. Ces traitements soulageront également les familles qui ont la responsabilité de s'occuper de leurs proches à toute heure du jour. Laissez-moi vous expliquer cela.
Les agents thérapeutiques qui visent à modifier le cours d'une maladie exigent généralement des études qui durent souvent 18 mois ou plus. En fait, pour que des patients aient accès à un agent thérapeutique en particulier, cela peut prendre de 10 à 12 ans et supposer 1 milliard de dollars ou plus en coûts de développement. Cela ne laisse au partenaire que 7 à 9 ans d'exclusivité relative aux brevets pour récupérer son investissement dans le développement d'un nouveau médicament. Lorsqu'un essai de la phase trois donne des résultats équivoques qui font en sorte qu'un deuxième essai est nécessaire, les entreprises abandonnent souvent un nouveau médicament prometteur parce qu'elles perdent l'exclusivité de leur brevet. Elles doivent réussir du premier coup. Il est possible qu'un médicament utile pouvant aider les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ait déjà été abandonné en raison d'un manque de parrainage.
Une fois que l'exclusivité du brevet d'un nouvel agent thérapeutique expire, ce médicament peut être reproduit et vendu par des entreprises qui produisent des médicaments génériques dans le marché concurrentiel pour aussi longtemps qu'elles le veulent sans qu'elles n'aient à investir dans la recherche et le développement.
Par conséquent, le développement de nouveaux médicaments est devenu un modèle de fonctionnement de plus en plus problématique qui décourage la mise au point de traitements pour les maladies mortelles et chroniques — comme la maladie d'Alzheimer — qui exercent une pression énorme sur nos systèmes de soins de santé.
Je vous ai déjà donné les statistiques sur la maladie d'Alzheimer. Nous savons que cette maladie peut potentiellement perturber le système de soutien médical et social au Canada et à l'échelle mondiale d'ici une génération si rien n'est fait pour prévenir ou pour ralentir la progression de la maladie.
Les politiques relatives aux droits de brevet pour les nouvelles entités pharmaceutiques doivent être retravaillées si l'on veut que l'industrie pharmaceutique continue de développer de nouveaux médicaments. Par exemple, prolonger l'exclusivité des brevets ou permettre aux entreprises de rattraper le temps perdu durant les processus d'essai et d'approbation réglementaires attirerait des investissements plus importants, ici, au Canada.
Le Canada devrait comparer ces politiques en matière d'exclusivité à celles des États-Unis, de l'UE et d'autres pays pour s'assurer que les siennes sont légèrement avantageuses. Il est essentiel que le Canada devienne un chef de file dans ce domaine afin de créer des possibilités d'affaires pour l'industrie pharmaceutique au Canada, lesquelles auront des répercussions économiques positives sur les soins de santé, la création d'emplois et les investissements dans la recherche au pays, et donneront de l'espoir à nos parties intéressées, en ce qui concerne le traitement de la maladie d'Alzheimer.
Le cerveau est l'organe le plus important et le plus complexe du corps. Il est composé de plus de 100 milliards de neurones ou de cellules cérébrales. Il régule toutes nos fonctions vitales et nous permet d'agir, de bouger, de réfléchir, de ressentir des choses, et d'exprimer à la fois notre humanité et notre individualité. Si le cerveau ne fonctionne pas, tous les aspects de la vie sont compromis. Le cerveau est également l'organe le moins compris et, peut-être la dernière frontière dans la recherche. Quatre-vingt-dix pour cent de ce que nous avons appris au sujet du cerveau a été appris au cours des 15 dernières années, mais les chercheurs ont encore beaucoup de chemin à faire avant de comprendre pleinement toutes les fonctions du cerveau.
Les maladies, les troubles et les affections comme la maladie d'Alzheimer sont si complexes que nous devons, au minimum, maintenir, mais également augmenter de manière considérable nos investissements dans la recherche et le développement. Cela donnera de l'espoir aux Canadiens touchés non seulement par la maladie d'Alzheimer, mais également par le large éventail d'affections neurologiques pour lesquelles il n'y a que des traitements limités qui soient disponibles. Nous ne connaissons toujours pas la cause et nous disposons d'aucun traitement pour un grand nombre de ces affections.
Nous craignons que, si le Canada ne démontre pas clairement qu'il appuie, favorise et soutient l'innovation, des partenaires clés dans l'industrie pourraient abandonner les recherches liées à la maladie d'Alzheimer. Cela se passe déjà à l'égard des accidents vasculaires cérébraux et des maladies psychiatriques. Nous ne voulons pas que la maladie d'Alzheimer subisse le même sort. Un réexamen des politiques relatives aux brevets permettrait de redémarrer le système afin que ces besoins non comblés et très importants en matière de santé s'inscrivent de nouveau dans le modèle de fonctionnement de la recherche et du développement pharmaceutiques, et aura des répercussions positives sur la création d'emplois et l'économie du savoir.
Nous revenons maintenant au pourquoi de cette situation. Nous ne connaissons pas la cause de la maladie d'Alzheimer, il n'existe pas de remède ni de traitements efficaces qui permettent de combattre la progression de cette maladie et d'autres formes de démence. Pour cette raison, nous devons établir des conditions équitables et garantir que les Canadiens bénéficient du même accès à l'innovation que le reste du monde, particulièrement les États-Unis et l'Europe. Pour les Canadiens que nous représentons, l'innovation veut dire un soutien pour des recherches plus nombreuses, la découverte de nouveaux médicaments et l'accès à des essais cliniques. La recherche et le développement que suppose cette innovation se traduit dans le travail qui permettra de trouver les causes de cette maladie et le remède qui la guérira.
La Société Alzheimer serait heureuse de bénéficier d'un soutien fort du gouvernement et de l'industrie, et de créer des partenariats avec ces derniers afin de véritablement changer les choses en ce qui concerne cette maladie. À la société Alzheimer, nous faisons notre part en tant que plus important bailleur de fonds non gouvernemental de la recherche sur la maladie d'Alzheimer au Canada. Toutefois, nous craignons que le soutien de plus de 30 ans et les investissements de 35 millions de dollars que nous avons fournis à l'appui de cette recherche ne mènent à rien si les scientifiques et les chercheurs que nous finançons quittent le Canada pour s'installer dans d'autres pays qui appuieront leur travail.
Nous savons que des pays membres de l'OCDE qui sont semblables au nôtre fournissent un meilleur accès à des médicaments, et renforcent l'accès aux essais cliniques. Au cours des 30 dernières années, de nombreux médicaments ont été étudiés en tant que traitements possibles de la maladie d'Alzheimer, mais le petit nombre d'entre eux qui ont été mis sur le marché ne permettent que marginalement de traiter les symptômes les moins graves. Les scientifiques canadiens travaillent avec leurs homologues des universités, de l'industrie et des organismes de réglementation américains pour discuter des moyens d'améliorer la prévisibilité et la probabilité des réussites à cet égard. Nous devons être prêts à relever le défi et à poursuivre notre rôle en tant que chefs de file internationaux dans le domaine de la recherche.
Permettez-moi de citer le rapport de février 2011 des Instituts de recherche en santé du Canada:
Même s'il ne compte que 0,5 p. 100 de la population mondiale, le Canada produit 5 p. 100 des connaissances dans le monde sur la maladie d'Alzheimer et les démences apparentées, et 15 p.100 des publications les plus importantes depuis les quatre dernières années.
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cette lancée s'interrompre parce qu'on a mis fin aux investissements continus et à long terme dans le développement de médicaments qui pourraient constituer un remède.
En somme, je ne suis pas une experte en mesures législatives ou en négociations, mais à la Société Alzheimer du Canada, nous croyons que la réforme des normes relatives à la propriété intellectuelle des médicaments au Canada, qui fait actuellement l'objet de négociations et de discussions en vue de l'AECG, garantira la continuité des investissements axés sur les connaissances, lesquels pourraient représenter une somme de 12 milliards de dollars contribuant à la relance économique du Canada; cela fera en sorte que le Canada est un chef de file mondial dans le domaine de la recherche médicale avancée et une force d'attraction en ce qui concerne les investissements mondiaux; pourtant, cela améliorera l'accès, pour les Canadiens, aux nouveaux médicaments qui sont disponibles ailleurs, et qui pourraient traiter et, peut-être même, guérir la maladie d'Alzheimer et les autres formes de démence.
Parmi les 29 pays membres de l'OCDE, le Canada arrive actuellement au 23e rang en ce qui concerne la couverture publique de nouveaux médicaments. Cette iniquité veut dire que les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence sont beaucoup moins susceptibles d'obtenir les médicaments qui pourraient aider à atténuer leurs symptômes et, peut-être même, ralentir la progression de cette maladie. Les Canadiens atteints de la maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence doivent être en mesure d'espérer que les législateurs tels que vous prêtent attention, comme il se doit, à leurs affections complexes et que le Canada continuera d'appuyer la recherche, le développement et l'innovation.
Je suis venue ici aujourd'hui parce que je voulais vous expliquer comment un soutien pour l'innovation au Canada mènera à des projets de recherche et de développement plus nombreux, ce qui se traduira par un accès équitable aux médicaments et au développement de traitements efficaces contre la maladie d'Alzheimer et les autres formes de démence au Canada.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je m'adresserai surtout à M. Skinner.
Je ne vous cacherai pas que je ressens un certain agacement à entendre toujours le même discours en ce qui concerne la protection des brevets pour favoriser la recherche-développement dans le milieu pharmaceutique. Cela fait 25 ans que j'étudie les retombées économiques et l'importance des programmes sociaux, particulièrement ceux pour la santé, par rapport au produit intérieur brut d'un pays, au budget d'un État.
Ce que j'ai observé il y a 25 ans est aussi démontré par les chiffres publiés par l'OCDE en 2007 en ce qui concerne les pays du G7. J'ai compilé ces chiffres, et il s'établit une courbe très claire entre le contrôle des dépenses d'un État pour la santé et les coûts réels. On peut voir que les États-Unis sont le pays qui dépense le plus de fonds publics, et ce, remarquablement plus que n'importe quel autre pays du G7. Au contraire, le Royaume-Uni, qui exerce un contrôle très serré, se retrouve avec les dépenses publiques les plus basses.
Je vais maintenant revenir sur les entreprises pharmaceutiques. La Chaire d'études socio-économiques de l'Université du Québec à Montréal a publié une étude sur les 15 plus grandes compagnies pharmaceutiques mondiales — on sort évidemment du contexte canadien. Cette étude indique qu'en gros, les dépenses en recherche-développement sur une période de 10 ou 15 ans, si je me souviens bien, représentent environ l'équivalent du tiers seulement des dépenses en marketing et en administration.
En matière de dépenses en recherche-développement, je ne saurais affirmer s'il s'agit d'une règle générale, mais je crois qu'on assiste malheureusement trop souvent au développement de nouveaux produits qui se trouvent à être simplement des produits dérivés de produits existants, des produits supposément améliorés. Je ne vous cache pas que j'ai parfois l'impression de me faire avoir.
Vous demandez un alignement sur les règles européennes, de la même manière qu'on se retrouve à avoir une enflure spéculative sur les marchés boursiers. Or, ce faisant, n'alimenterions-nous pas un certain monstre, un puits d'argent sans fond qui, finalement, ne rapportera pas grand-chose à ma mère, par exemple, qui doit prendre chaque jour sa collection de médicaments? Au fond, qu'est-ce que cet alignement rapporterait concrètement aux citoyens canadiens? Pouvez-vous le démontrer clairement?
En fait, vous avez mentionné la situation des États-Unis et du Royaume-Uni. Dans mon exposé, j'ai utilisé le Royaume-Uni comme exemple d'un modèle très solide et positif.
Cela va au-delà de la protection des données qu'assure l'Union européenne concernant l'invention de nouvelles utilisations pour des produits bien établis. Je vais parler un peu de cela parce que c'est, en fait, lié aux commentaires de ma collègue. Au Royaume-Uni, le facteur le plus important en ce qui concerne la compression des coûts, c'est une approche intégrée des soins de santé dans laquelle les autosoins — c'est-à-dire les mesures que prennent les gens pour s'aider — constituent une partie intégrante des services de santé nationaux et ainsi de suite.
Le Royaume-Uni a indiqué très clairement qu'il appuyait l'idée selon laquelle il ne fallait pas se pencher exclusivement sur l'invention, qui est le système de protection des brevets, parce qu'il y a deux moyens d'améliorer les soins de santé. Le premier tient à l'invention de nouveaux produits chimiques qui auront un profil particulier en ce qui concerne l'innocuité et l'efficacité. L'autre consiste à utiliser l'innovation pour trouver une nouvelle utilisation à un produit de base qui existe déjà.
L'avantage d'une telle approche qui encourage l'innovation en prévoyant une période de protection de données relatives aux produits bien établis, c'est que l'on connaît déjà le profil d'innocuité du produit. Ce dernier est utilisé depuis 10 ou 15 ans, et la durée de son brevet est expirée depuis longtemps. Le produit n'est plus très onéreux. On en a fait des médicaments génériques et ainsi de suite. Disons que vous avez fait des recherches et qu'un produit qui a toujours été utilisé contre l'arthrite a, en fait, un effet très positif sur les hypertendus, et qu'il est beaucoup plus sûr que les antihypertenseurs actuels. Il assurera probablement une conformité beaucoup plus grande, et ainsi de suite.
Si vous faites toutes ces recherches au Canada, vous n'y gagnerez rien. Vous serez, en fait, pénalisé parce que, à la minute que vous investirez de l'argent dans la recherche et dans la présentation d'une demande, le gouvernement canadien vous dira: « Merci pour cela. Maintenant, à partir d'aujourd'hui, vos concurrents peuvent faire la même chose. » En fait, il ira même jusqu'à publier la copie de l'étiquette et tout ce que vous avez fourni en tant qu'innovateur.
Cependant, dans l'Union européenne, vous bénéficiez d'une période de un an durant laquelle le gouvernement ne permettra pas à vos concurrents d'utiliser vos données pour accéder au marché. Cela ne veut pas dire qu'ils ne pourront pas le faire au moyen de leurs propres données. Toutefois, cela aura un effet très tangible sur les dépenses en matière de soins de santé que d'être en mesure de dépenser moins d'argent sur la recherche pour trouver de nouvelles utilisations pour des médicaments existants, tout d'abord parce que le profil d'innocuité est déjà établi, alors il ne vous reste que la moitié de l'équation à résoudre, puis, si vous pouvez trouver une nouvelle utilisation pour un produit établi et que vous pouvez le rendre disponible pour les autosoins, les coûts diminuent de manière spectaculaire, puisque le produit sera vendu sur un marché ouvert et concurrentiel.
Soit dit en passant, les gouvernements ne paient pas ce genre de choses. Les gens prennent ces médicaments, et, en toute franchise, nous vivons à une époque où de plus en plus de Canadiens disent: « S'il vous plaît, aidez-moi à m'aider moi-même. Je veux être responsable de mes propres soins de santé. » Il s'agit effectivement d'une époque très intéressante où les Canadiens — et, en fait, les Européens également — veulent en faire davantage pour leur propre santé.
Malheureusement, comme je l'ai souligné dans mon exposé, les Canadiens accusent un retard d'au moins sept ans par rapport aux Européens en ce qui concerne les produits qu'ils peuvent utiliser pour faire baisser les coûts du système de soins de santé et s'aider eux-mêmes.
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J'aimerais préciser une chose, car cela porte souvent à confusion, même pour moi. Il n'est pas vraiment question de la prolongation des brevets. Je peux parler du principe de l'innovation et du fait que les chercheurs ont un an pour récupérer leurs coûts liés à l'innovation dans un domaine où il y a déjà un produit existant qui pourrait avoir une nouvelle utilisation. Nous avons examiné les coûts-avantages de la modification de la classification d'un produit pour qu'il entre dans la catégorie des produits d'autosoins. Nous vous ferons parvenir les chiffres après la séance; je ne les ai pas à portée de la main.
Toutefois, l'essentiel, c'est ce qui suit. Lorsque la classification d'un produit est modifiée, comme je l'ai mentionné plus tôt, les coûts de ce produit diminuent; cela réduit, en fait, les coûts que doivent assumer les gouvernements provinciaux. Je comprends pourquoi les gouvernements provinciaux s'inquiètent de l'augmentation éventuelle des coûts des produits qu'ils couvrent déjà, mais lorsqu'un produit n'est plus vendu sur ordonnance et qu'il devient un produit d'autosoins, on peut le retirer du formulaire, ce qui se traduit immédiatement par des économies.
Parfois, il faut examiner les conséquences involontaires d'une mesure. Je me souviens de ce qui s'est produit lorsqu'un sirop contre la toux a été retiré du formulaire de l'Ontario. Comme ce sirop contre la toux n'était plus remboursé, mais qu'une préparation à la codéine l'était, tout à coup, la préparation à la codéine s'est substituée au sirop contre la toux, ce qui a provoqué une augmentation au lieu d'une économie de coûts. De plus, ce n'était probablement pas très approprié de remplacer un médicament non stupéfiant par un stupéfiant...
Nous tenons donc toujours compte des conséquences involontaires des mesures strictes d'économies de coûts, mais en ce qui concerne la valeur des produits d'autosoins pour le système de soins de santé, des sommes importantes peuvent être épargnées. Nous avons tout récemment constaté que, uniquement en ce qui concerne l'économie de coûts liés à la toux et au rhume, par exemple, si seulement 10 p. 100 des très rares personnes qui accourent chez le médecin chaque fois qu'elles sont légèrement enrhumées étaient encouragées à faire quelque chose pour s'aider — qu'il s'agisse de se gargariser à l'eau salée ou d'autres choses — cela libérerait un demi-million de médecins. Ainsi, un demi-million de Canadiens qui n'ont actuellement pas accès à un omnipraticien auraient recours aux services d'un médecin. Alors, dans le domaine des autosoins, les plus petits changements peuvent avoir des répercussions énormes au chapitre de l'économie de coûts.