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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
J'aimerais vous parler de quatre points importants, d'après ma propre expérience. J'ai travaillé à Finances Canada et j'ai passé 10 ans à Exportation et développement Canada, où j'étais vice-président des politiques. Je travaille au Conference Board depuis 8 ans.
Le Conference Board a un centre qui effectue des recherches originales et assez poussées sur la position du Canada sur l'échiquier mondial. Il s'agit du Centre du commerce et des investissements internationaux. Nous n'avons pas étudié le Service des délégués commerciaux en soi, mais j'ai acquis de l'expérience au fil des années et je pensais vous en faire part ce matin.
Premièrement, il importe que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, et le Service des délégués commerciaux en particulier, utilise le bon modèle conceptuel des échanges commerciaux tels qu'ils se font aujourd'hui. Si vous devez faire la promotion du commerce, vous devez savoir de quel commerce il s'agit.
J'ai eu une idée que j'ai peaufinée avec mes collègues d'EDC, dont Stephen Poloz, qui viendra un peu plus tard aujourd'hui, je crois, et d'autres collaborateurs. C'est ce qu'on appelle le « commerce d'intégration », en parlant du commerce moderne. Ce terme vous est peut-être étranger, mais il s'agit d'un modèle fondamental utilisé couramment à EDC et aux Affaires étrangères.
Le commerce d'intégration se résume comme ceci: le commerce moderne s'articule autour de ce qu'on appelle des chaînes de valeur mondiales. Cela signifie que vous séparez les diverses composantes de production dans une entreprise et vous les repositionnez ailleurs dans le monde, là où vous êtes le plus en mesure de faire des profits et d'être concurrentiel. Vous le faites grâce à des investissements étrangers directs.
Je sais que ce concept est complexe, mais l'important, ce sont notamment les chaînes de valeur mondiales. Les entreprises peuvent maintenant séparer leurs processus de production — et je vais vous en donner quelques exemples —, et elles peuvent utiliser l'investissement étranger, au Canada mais aussi ailleurs dans le monde, pour mettre sur pied le modèle le plus solide possible pour ce commerce d'intégration.
Pour illustrer ce qu'est une chaîne de valeur mondiale, prenons les gens qui ont séparé... Eh bien, le BlackBerry, ou le iPhone, serait un bon exemple.
Prenons le iPhone. La moitié de la valeur est créée aux États-Unis par la propriété intellectuelle — le développement d'idées, le marketing, les finances. Beaucoup de composantes essentielles sont fabriquées au Japon et en Corée, ce qui compte probablement pour 45 p. 100 du produit, et l'assemblage en Chine constitue les 3 à 5 p. 100 qui restent. Lorsque nous achetons un iPhone ou un iPad, c'est écrit “Fabriqué en Chine“ sur la boîte. Nous croyons donc qu'il s'agit d'un produit chinois, alors que le gros de la richesse est produite en Amérique du Nord et dans d'autres pays industriels. C'est là un exemple.
C'est la même chose dans l'industrie de l'automobile. Une voiture construite au Canada est probablement composée à 30 p. 100 de contenu canadien. La plupart des composantes de la voiture, ou la valeur de l'automobile, vient des chaînes de valeur de produits importés des États-Unis ou d'ailleurs.
Ces exemples montrent comment toute la nature du commerce a changé. On trouve encore des produits de base, et parmi les ressources que le Canada exporte, beaucoup présentent un important contenu canadien; le pétrole extrait des sables bitumineux, par exemple, a probablement 80 p. 100 de contenu canadien. Toutefois, plus les biens et les services deviennent complexes, plus la valeur est dispersée, puisque les entreprises s'engagent dans le commerce mondial pour produire un service ou un produit final.
Je vais mentionner un autre rapport de recherche que nous venons de publier. Malheureusement, je n'en ai pas apporté de copie ce matin, monsieur le président. Je vous prie de m'en excuser, mais il se trouve sur notre site Web.
Nous sommes en train de développer un concept de commerce à valeur ajoutée, qui mesure les échanges commerciaux du Canada en valeur ajoutée. Nous avons publié la première de trois études. Ce qui importe de retenir, c'est que si vous éliminez le dédoublement des calculs, comme dans le cas des pièces d'automobile qui traversent la frontière canado-américaine pour revenir sous une autre forme... Nous savons qu'en moyenne, une voiture traverse la frontière sept fois avant que le produit final ne soit fabriqué. Si vous éliminez la double comptabilisation, c'est-à-dire les composantes qui sont échangées à maintes reprises, vous constatez que la part des États-Unis baisse. Ce n'est pas une forte diminution, mais la part américaine du commerce passe d'environ 70 p. 100 lorsqu'on la mesure en termes conventionnels, à environ 63 p. 100 lorsqu'elle est exprimée en valeur ajoutée. Cela signifie évidemment que la part de bien d'autres pays augmente. C'est le cas pour la Chine, le Japon, l'Europe. Vous obtenez ainsi un modèle très différent.
De même, le contenu des produits et des services change, et la part des services devient beaucoup plus importante. Ce ne sont pas seulement les services qui sont échangeables, puisque, aujourd'hui, beaucoup... Par exemple, vous pouvez envoyer un document en Afrique de l'Ouest, où il sera traduit en français durant la nuit. Grâce à Internet et à l'interconnectivité, vous pouvez négocier des services qui n'étaient pas échangeables auparavant, mais aussi des services d'appui au commerce, comme les services juridiques et les services d'expédition et de transport.
Je vous recommande la lecture de ce document. Nous allons en rédiger deux autres, dans lesquels nous allons approfondir la question et détailler les échanges commerciaux du Canada en valeur ajoutée.
Bref, il faut s'assurer que le SDC, lorsqu'il essaie de vendre le Canada au reste du monde, utilise le bon modèle — non pas le modèle commercial traditionnel fondé sur les données de Statistique Canada que vous pouvez télécharger à partir de Strategis, mais un modèle beaucoup plus pénétrant qui tient compte du commerce d'intégration et des chaînes de valeur mondiales.
Deuxièmement, il faut s'assurer que le SDC se trouve aux bons endroits et que son modèle est en constante évolution. Lorsque je travaillais à EDC, il y a 10 ou 12 ans, on s'affairait à ouvrir de nombreux bureaux aux États-Unis, à s'installer plus profondément aux États-Unis, probablement au détriment de notre représentation dans d'autres parties du monde. Nos analyses du commerce à valeur ajoutée, entre autres, nous montrent qu'il faut s'ouvrir à l'idée d'affecter des délégués commerciaux davantage dans les marchés émergents où le fort potentiel de croissance nous est favorable.
Il nous faut encore être très présents aux États-Unis et aller de région en région. J'ai connu un grand nombre de délégués commerciaux sur le terrain; ils font un excellent travail. Il s'agit davantage de bien répartir nos ressources partout dans le monde, d'aller là où le commerce canadien peut être à son meilleur, d'être là lorsque les exportateurs et les investisseurs tendent la main et de se tourner vers le Moyen-Orient, l'Afrique et évidemment les régions Asie-Pacifique. Il faut mener un examen plus approfondi et voir si les délégués se trouvent aux bons endroits pour que le Canada en retire le plus d'avantages possible.
Troisièmement — et ceci est basé sur de nombreux échanges avec les délégués commerciaux, mais aussi sur ma propre expérience à EDC —, nous devons adopter une approche à la manière d'Équipe Canada lorsque nous allons à l'étranger. Il ne faut pas nécessairement que nous soyons tous au même endroit, mais EDC a des représentants à l'étranger, la CCC en a aussi, et la BDC cherche ou a reçu l'autorisation de s'installer à l'étranger pour soutenir les entreprises canadiennes en tant qu'investisseurs internationaux. À cela s'ajoute évidemment le Service des délégués commerciaux.
Nous devons trouver une façon d'offrir un service aussi intégré que possible. Si quelqu'un s'adresse à un représentant commercial canadien pour obtenir de l'aide et que ce représentant n'est pas un expert, il doit savoir exactement à quelle porte il doit frapper. On se dote ainsi d'une structure intégrée.
Enfin, ce qu'il faut comprendre de tout cela, c'est que les relations sur le terrain sont les vraies valeurs ajoutées par le Service des délégués commerciaux. Il faut savoir à qui s'adresser, qui sont les décideurs et ce qu'il faut faire pour obtenir des résultats.
Grâce à Internet et aux moteurs de recherche incroyables qui sont à notre disposition aujourd'hui, l'information est facile à trouver. Je suis abasourdi par toute l'information que je peux recueillir, dans mon bureau, en faisant deux ou trois clics de souris, mais là n'est pas l'essentiel; l'essentiel, ce sont les relations — savoir à qui s'adresser, comment les décisions sont prises, comment les ententes sont conclues. Le Service des délégués commerciaux a acquis des compétences et assume une responsabilité dans ce domaine, et il faut l'encourager dans ce sens. Nous devons fixer les bons objectifs pour les gens sur le terrain. Nous devons être en mesure d'évaluer et de mesurer la capacité de nouer des liens et de maximiser la valeur pour le client, c'est-à-dire l'économie canadienne et les entreprises canadiennes.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je vous remercie de me donner la chance de m'adresser au comité.
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Merci beaucoup de me permettre de participer à votre séance à partir de Regina.
Pour commencer, monsieur le président, je voudrais donner aux membres du comité un aperçu de mes antécédents et de mon point de vue sur le sujet dont j'aimerais vous parler aujourd'hui.
Je suis ici à titre de président du Conseil consultatif sur les petites et moyennes entreprises pour le ministre du Commerce international et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. J'aimerais vous parler de mon expérience et de mon point de vue à titre de dirigeant d'une PME qui prend de l'expansion à l'étranger depuis 10 ans.
Revenons en arrière. Je suis en fait un entrepreneur. Après mes études universitaires, j'ai travaillé d'abord pour le Service des délégués commerciaux. J'ai eu une courte affectation à l'ambassade du Canada à Washington. J'ai ensuite travaillé pendant huit ans à la promotion du commerce international, pour le compte du gouvernement de la Saskatchewan, avant de démarrer ma propre entreprise en 2001.
Le point de vue que je vais vous présenter est particulier, puisque j'ai fait la promotion du commerce international dans une perspective gouvernementale, mais j'ai aussi participé très activement à l'établissement d'une entreprise d'envergure mondiale.
Aujourd'hui, mon entreprise, Alliance Grain Traders, a son siège social à Regina. Tout a commencé en 2001, avec une feuille blanche et un plan d'affaires pour mettre sur pied une entreprise mondiale à valeur ajoutée, soit une installation de transformation de lentilles, de pois, de pois chiches et de haricots.
Nous avons construit une usine de transformation à Regina, en Saskatchewan, que nous avons mise en service en 2003. Depuis ce temps, soit au cours des huit dernières années, nous avons pris de l'expansion si bien que nous avons maintenant 29 usines de transformation sur cinq continents. Nous exportons aujourd'hui, vers 108 pays, des produits alimentaires à valeur ajoutée: des pois, des lentilles, des pois chiches, des haricots, des produits de blé dur, des pâtes alimentaires, du riz et d'autres aliments.
J'aimerais pour commencer vous présenter notre point de vue. Le monde est maintenant un marché ouvert aux PME. Quand on y songe, on pense à l'arrivée des technologies de communication, qui a vraiment ouvert les perspectives et l'accès des PME aux marchés émergents partout dans le monde. Nous avons Internet. Nous avons des outils de communication et de courriels, toutes sortes de dispositifs mobiles qui nous permettent de rester en contact avec nos clients du monde entier.
Toutefois, il est très étonnant de constater que l'économie canadienne continue de dépendre considérablement du marché américain pour ce qui est du pourcentage de nos exportations. Ce n'est pas surprenant puisque notre voisin du sud constitue évidemment un immense marché.
Or, à mesure que nous tissons des liens partout sur la planète, il est clair que l'économie canadienne doit viser les marchés émergents et les nouveaux débouchés pour que nous soyons en mesure de réaliser les objectifs de croissance et de prospérité que nous nous sommes fixés pour les décennies à venir.
Les clients internationaux qui représentent un revenu net d'exportation sont ceux qui créent une richesse pour notre économie et nos PME. Or, pour créer cette richesse, il faut examiner la façon dont on accède aux marchés. L'accès aux marchés repose sur certains éléments critiques, dont un bon nombre se retrouvent dans le programme du gouvernement d'aujourd'hui. Mentionnons, entre autres, les ententes de libre-échange bilatérales, y compris l'accès au marché, qui tiennent compte des obstacles tarifaires et non tarifaires. Comment peut-on tirer parti de ce programme, d'un point de vue canadien? Orienter les priorités du marché vers des marchés différents est essentiel pour permettre à nos PME d'y avoir accès.
Compte tenu de l'ouverture et de l'immensité du marché mondial, les services de soutien aux PME canadiennes qui s'aventurent sur les marchés étrangers non traditionnels sont essentiels aux succès de ces entreprises. Ce qu'il faut aux PME, ce sont ces feuilles de route qui mènent vers les bons acheteurs, les bons projets, les bons partenaires et les bons débouchés.
Concernant l'accès au marché, nous constatons que la réglementation des économies émergentes constitue un problème complexe qui dépasse les capacités d'une seule PME. Collectivement, nous multiplions nos forces en adoptant une approche canadienne pour surmonter ces difficultés. Bien sûr, nous avons les outils essentiels de résolution de conflits et de problèmes dans les marchés très éloignés.
Globalement, je crois le Service des délégués commerciaux est un prolongement de notre force de vente et de commercialisation dans le monde.
Aucune PME ne peut, à elle seule, avoir des représentants des ventes et des experts en marketing qui comprennent l'économie locale, la réglementation et les divers intervenants dans chaque marché et chaque région du monde. Une approche collective, une approche canadienne, dans ces marchés nous donne un important avantage sur nos concurrents.
Mon entreprise, Alliance Grain, qui compte des usines de transformation dans le nord des États-Unis, une usine en Chine, quatre autres en Australie, en Afrique du Sud et en Turquie ainsi que quatre usines et opérations en Europe, a accès à un bon nombre d'agences de promotion commerciale et de services de soutien. Je voyage 180 jours par année dans des pays émergents, et je m'arrête seulement aux hauts commissariats, aux consulats et aux ambassades du Canada à l'étranger. Nous avons construit un réseau dont les services nous donnent une importante longueur d'avance sur nos compétiteurs.
Toutefois, le Service des délégués commerciaux pose certes des défis. Nous devons faire en sorte que les services soient cohérents d'une ambassade à l'autre. Il faut examiner l'interaction entre les agents basés au Canada et le personnel engagé localement pour nous assurer d'avoir une bonne dose de connaissances locales et une bonne dose de connaissances de l'économie canadienne pour obtenir des résultats.
Je suis un gestionnaire axé sur les résultats, comme un grand nombre de gens d'affaires. Nous sommes partout aujourd'hui. Comme Glen l'a mentionné dans son exposé de tout à l'heure, je crois qu'il importe d'examiner les ressources: où sont-elles attribuées aujourd'hui, où faut-il les augmenter, où l'argent est-il le mieux investi? Quand on regarde les priorités d'accès au marché, les marchés émergents — les pays BRIC que sont le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine — et qu'on regarde aussi les pouvoirs économiques des régions émergentes, nous constatons que le monde change depuis 10 ans. Les pays qui sont dans notre mire aujourd'hui sont des États comme la Turquie. Ce pays gagne en importance, dans la foulée du printemps arabe. Étant un centre financier et économique dans une région d'instabilité relative, ce pays devient une force très stable qui nous permet d'accéder aux marchés de cette région.
Il y a d'autres pays comme les Émirats arabes unis et Dubaï... Songeons à la transformation des Émirats arabes unis en centre de logistique, de finances et de transport pour les pays du CCG et la région du Moyen-Orient. Voilà les économies qui émergent et qui représentent un important débouché pour les entreprises canadiennes.
Quant aux ententes de libre-échange, nous continuons de faire valoir au ministère qu'il faut s'assurer de commercialiser les produits visés par ces ententes. C'est une chose de les signer; c'en est une autre d'en profiter. Pour pouvoir commercialiser les produits visés par les ententes de libre-échange et les ententes bilatérales, il faut mettre sur pied et reproduire des cadres de commercialisation; c'est ainsi que nous pourrons retirer les avantages économiques des ententes que nous signons partout dans le monde.
Glen a mentionné le modèle de commerce d'intégration. Ce que notre conseil continue de faire valoir, c'est qu'il faut reconnaître l'importance de l'investissement canadien direct à l'étranger pour assurer la compétitivité des exportateurs canadiens. Lorsque j'ai commencé à faire la promotion du commerce il y a 17 ans, pour le gouvernement, on ne parlait que d'exportation et d'importation. Aujourd'hui, on parle des chaînes de valeur, comme Glen l'a mentionné. Il s'agit d'établir les types de partenariats et d'investissements à l'étranger qui font de nous des entreprises très compétitives.
Pour assurer cette compétitivité, le Service des délégués commerciaux est un élément essentiel du plan économique du Canada. L'empreinte mondiale que nous avons établie nous offre des possibilités; si nous la raffinons et la mettons à l'oeuvre, elle peut certainement devenir un élément essentiel dans la réalisation du plan économique.
Le Service des délégués commerciaux d'EDC est un atout extraordinaire pour les exportateurs et les entreprises d'envergure internationale du Canada. Si, à l'empreinte que nous avons développée, nous ajoutons la reconnaissance du modèle d'intégration, les services de soutien à nos exportateurs et la garantie de crédit et le financement offerts par EDC, nous nous retrouverons sans aucune concurrence sur ce plan.
Il est extrêmement avantageux qu'EDC et les autres soient financièrement autonomes, c'est-à-dire qu'ils n'aient pas besoin d'être subventionnés à même les fonds publics. Nous considérons que cet avantage tout à fait concret pourra encore être bonifié.
Un programme ambitieux en matière de libre-échange est certes un atout concurrentiel. Dans le cadre des négociations multilatérales auxquelles nous continuons de participer, il faut dégager un consensus avec un très grand nombre de pays pour faire avancer les choses. Nous ne sommes qu'une des parties ayant voix au chapitre dans ce processus. Mais dans le cas des efforts bilatéraux de libre-échange, nous pouvons choisir nos champs d'intervention. C'est nous qui avons l'initiative. Si nous parvenons à commercialiser nos produits, c'est nous qui engrangeons les profits. En ma qualité d'homme d'affaires, je suis tout à fait favorable aux initiatives semblables.
C'est dans le contexte de l'importance accordée aux partenariats internationaux pour la recherche et le développement, la fabrication, la distribution et les activités économiques à valeur ajoutée que le Service des délégués commerciaux peut vraiment jouer un rôle essentiel pour nous. Ils sont nos antennes partout dans le monde.
En guise de conclusion, j'aimerais vous exposer brièvement quelques faits intéressants.
Nos exportations nous ont rapporté 10 000 $ pour la première fois en 2003; elles ont atteint quelque 800 millions de dollars en 2011. C'est une croissance remarquable en neuf ans à peine. Nous en sommes même arrivés au point où nous pensions ne plus avoir besoin des services de SDC, mais il est plutôt devenu évident qu'au fur et à mesure que nous prenions de l'expansion, nos problèmes ne faisaient que se complexifier.
Je vais vous donner un très bon exemple. Nous exportons beaucoup vers l'Algérie. C'est un excellent marché pour les lentilles vertes du Canada. Nous avons eu un problème il y a environ deux ans. Une petite cargaison de lentilles a été bloquée aux douanes algériennes parce que l'importateur avait fait faillite. Étant donné la réglementation en vigueur, ils nous étaient impossible de dédouaner cette cargaison. Nous avons travaillé pendant plus de 13 mois pour régler ce petit problème. Finalement, suivant la recommandation de nos collègues des Affaires étrangères, nous avons communiqué avec notre ambassade à Alger et en moins de 13 jours — on est loin des 13 mois — nos conteneurs étaient libérés, notre problème était réglé et nous pouvions continuer notre commerce.
Voilà qui illustre bien l'importance d'avoir des contacts sur place dans certains de nos bureaux pour pouvoir solutionner ce genre de problèmes.
Je crois, monsieur le président, que je vais en rester là pour l'instant. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
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Je peux certes vous présenter notre point de vue. Comme bon nombre de PME aujourd'hui, les activités de notre entreprise ont toujours été basées sur la transformation de produits locaux.
Dans notre secteur comme dans bien d'autres, lorsqu'il est question de création de valeur, il s'agit en fait de savoir comment on permettra à nos produits de se distinguer pour grimper le long de la chaîne de valeur et créer chez nous de la richesse, de l'emploi et des débouchés. Lorsque j'étais un jeune agent commercial au sein du gouvernement de la Saskatchewan, les lentilles étaient cultivées un peu partout dans l'Ouest canadien. On se contentait de nettoyer le produit avant de l'expédier vers d'autres marchés qui en exploitaient toute la valeur en le transformant pour en faire une denrée alimentaire. Nous souhaitions construire des usines de transformation sur place et voir comment nous pourrions mettre en marché nos produits en tirant avantage de la réputation de grande qualité et d'innocuité des produits alimentaires canadiens.
Si l'on considère l'enjeu global de la création de valeur, je crois qu'il y a un constat que nous devons faire: notre économie est fortement axée sur les produits de base. Il s'agit pour nous en fait d'arriver à créer des produits et trouver des créneaux de commercialisation sur les nombreux marchés émergents de la planète où les gens sont prêts à payer un prix suffisamment élevé pour rendre cette opération rentable pour nous.
Je suis rentré de l'Inde la semaine dernière. L'Inde est le principal marché de consommation au monde pour les lentilles, les pois, les pois chiches et toutes les légumineuses. Au fur et à mesure que les niveaux de revenu augmentent sur ces marchés émergents, les normes de qualité sont également rehaussées. Cela procure un avantage concurrentiel direct aux Canadiens, car nous pouvons offrir des produits bruts de très haute qualité transformés au moyen de technologies éprouvées. Nous avons conçu des systèmes fortement mécanisés pour la fabrication de produits alimentaires sûrs qui sont expédiés dans 108 pays du monde dans des containers inviolables. Nous constatons des débouchés semblables dans le secteur des produits manufacturés, tout comme dans celui des produits agricoles à valeur ajoutée ainsi que dans différents autres secteurs.
Pour ce qui est du libre-échange, comme vous le disiez, c'est une chose de signer des ententes, mais il nous faut également un cadre de commercialisation permettant de détecter les secteurs de l'économie qui pourront bénéficier d'un accès accru aux marchés et du nivellement des tarifs résultant d'un tel accord.
Notre comité a d'ailleurs exhorté le MAECI à mettre en place un tel cadre. On pourrait en revoir les détails pour chaque entente, mais on disposerait tout au moins d'un cadre général permettant de reconnaître le contexte de libre-échange et de cibler les principaux débouchés. Une marche à suivre pour une commercialisation efficace est un élément essentiel à la mise en valeur de cet avantage, non seulement auprès des grandes entreprises, mais aussi de toutes celles qui créent de l'emploi dans toutes les régions du pays.
Nous considérons que notre entreprise a déjà fait ces preuves à ce chapitre et peut servir de modèle.
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Le solde commercial a changé au Canada, surtout parce que le taux de change a beaucoup augmenté ces cinq ou six dernières années.
Les exportateurs canadiens ont profité du huard qui s'échangeait à environ 70 ¢ jusqu'aux alentours de 2005, lorsque l'entrée de la Chine dans l'économie mondiale a commencé à influencer les prix des biens et que la valeur du huard a grimpé en flèche. Un des principaux défis de l'exportation pour les entreprises, c'est de s'adapter à la parité du huard. Le Service des délégués commerciaux en est très conscient. C'est une façon de changer le solde commercial.
Bien sûr, les États-Unis ont traversé une crise financière et s'en sont remis très lentement ces trois dernières années. La demande bien plus faible dans ce pays est un autre facteur. En outre, je pense que nous avons été lents à saisir les occasions de diversifier nos relations commerciales depuis une dizaine d'années, mais nous rattrapons le temps perdu. Il y a toutes sortes de facteurs, dont bon nombre ne dépendent pas du Canada.
Grâce à la force du dollar canadien, nous avons profité de prix élevés pour les produits de base, et le solde commercial de ce secteur est très positif. Le secteur des ressources a un excellent potentiel, mais dans bien des secteurs, la crise financière américaine, la lente reprise de l'économie aux États-Unis et la vigueur du huard ont un effet important.
En fait, je pense que l'ALENA a préservé notre part de marché aux États-Unis. Cet accord a joué un rôle essentiel dans notre capacité d'y maintenir notre présence. Sans lui, il nous aurait été très difficile de lutter contre les dispositions favorisant les achats de produits américains, par exemple.
Notre défi concernant les États-Unis, c'est de renforcer nos relations commerciales. Nous sommes donc très heureux que le gouvernement du Canada et l'administration Obama cherchent conjointement à étendre le périmètre de sécurité, à régler les questions de réglementation et à aller au-delà de l'ALENA, qui se fonde avant tout sur les tarifs douaniers. Les deux pays examinent les questions très complexes des barrières non tarifaires. Je pense que l'ALENA nous a permis de conserver notre présence aux États-Unis, au lieu de nous nuire.
Bon après-midi, tout le monde. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui.
[Français]
Je reconnais plusieurs personnes parce que j'ai comparu devant le comité par le passé, mais c'est la première fois depuis ma nomination à titre de président d'EDC.
[Traduction]
Je n'ai que quelques commentaires liminaires à formuler; je préfère me concentrer sur vos questions. Soyez à l'aise de me poser vos questions en français ou en anglais.
Je commencerai par vous présenter brièvement EDC, pour mettre en contexte notre interaction avec le Service des délégués commerciaux du Canada. Évidemment, EDC est l'organisme officiel de crédit à l'exportation du Canada. Il s'agit d'une société d'État, mais c'est avant tout un organisme de crédit à l'exportation commerciale. Autrement dit, l'organisme est financièrement autonome et génère des profits tous les ans. Il offre des solutions d’assurances et de financement commercial aux entreprises canadiennes, de façon à leur permettre d'accroître leurs activités internationales à moindre risque.
Notre organisme fonctionne selon des principes commerciaux, dans le sens strict du terme. Les prix de nos services sont établis selon les prix du marché, qu'il s'agisse des prêts ou des assurances. Les profits ainsi générés sont automatiquement intégrés aux états financiers du gouvernement. EDC verse très régulièrement des dividendes au gouvernement, pour un total cumulatif de 1 milliard de dollars.
Nous fonctionnons également selon une philosophie privilégiant les partenariats. Cela consiste à établir des partenariats avec le secteur privé autant que possible, de façon à compléter les produits et les services qu'offre le secteur privé sur le marché, sans marcher sur les pieds des entrepreneurs, sans leur barrer la route et sans non plus faire ce qu'ils auraient fait en notre absence. Selon moi, c'est la base d'une saine élaboration de politiques. Nous offrons des services complémentaires à ceux du secteur privé de manière à lui permettre d'évoluer avec le temps et, peut-être, d'assurer de plus en plus des activités de ce créneau à mesure qu'il prend de l'expansion. Cela permet aux responsables des politiques de prendre du recul et d'offrir des choses qu'il est nécessaire d'offrir.
Par exemple, l'an dernier EDC a accordé environ 1 000 nouveaux prêts. Pour être plus précis, je crois que le chiffre exact est de 937. J'espère ne pas me tromper, monsieur le président. Sur ces 937 prêts, 86 p. 100 ont été accordés en partenariat avec le secteur privé, qui a assumé une partie du risque. C'est aussi l'institution du secteur privé qui était le point de contact de la transaction pour l'entreprise exportatrice. C'est très important pour nous de fonctionner ainsi.
EDC facilite beaucoup de transactions commerciales canadiennes, mais l'organisme utilise aussi ses outils et ses réseaux pour créer des occasions d'affaires au Canada. Il y a une importante distinction à faire entre les deux. C'est dans ce deuxième segment que nous collaborons plus étroitement avec le Service des délégués commerciaux. Nous travaillons de très près avec le Service tous les jours, tant à l'étranger qu'à l'échelle nationale. Nos deux organismes se complètent d'excellente façon à cet égard. Nous combinons les données sur les marchés, les réseaux, les relations avec les entreprises étrangères ou nationales, selon un processus de jumelage, en vue de multiplier les occasions commerciales pour le Canada. Il se peut qu'en cours de route quelqu'un ait besoin d'une solution financière, et c'est là qu'EDC entre en jeu, mais beaucoup des modalités initiales sont assurées en très étroite collaboration avec le Service des délégués commerciaux.
Je vais vous donner un exemple avant de conclure. Supposons qu'EDC forge des liens financiers avec un important acheteur en provenance de l'Inde. La relation est d'abord axée sur la collaboration, puis se concentre ensuite sur l'aspect financier, entendu que l'acheteur étranger va consolider ses liens commerciaux avec le Canada. Autrement dit, il va inscrire plus d'entreprises canadiennes à son répertoire de fournisseurs et va effectivement faire affaire avec elles. En collaboration avec le Service des délégués commerciaux, ici et à l'étranger, EDC va mettre en contact des entreprises canadiennes ciblées avec l'acheteur étranger avec lequel nous avons établi des liens financiers. Cela permet de paver la voie à des échanges commerciaux pour des années et des années à venir.
Nous faisons affaire avec 16 représentations étrangères, ce qui est relativement peu par rapport au nombre avec lesquelles nos délégués commerciaux travaillent. Ils rejoignent beaucoup plus d'investisseurs que nous, alors nous faisons appel à eux la très grande majorité du temps. Quand nous sommes installés dans la même ville, nous occupons les bureaux voisins et travaillons aux mêmes réceptions, aux mêmes foires commerciales, aux mêmes entreprises, etc.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. Je suis prêt à répondre à vos questions.
J'aimerais vous parler brièvement du Service des délégués commerciaux et de son évolution au sein de la dynamique commerciale internationale, qui est en constante ébullition et avec laquelle les Canadiens doivent composer. Vous avez entendu des commentaires positifs à propos du Service des délégués commerciaux lors de séances précédentes. Je ne peux pas les contredire, et je ne voudrais pas le faire non plus.
Je travaille avec des délégués commerciaux depuis de nombreuses années. Il a été intéressant de voir de quelle façon le service a évolué. Cela peut sembler étrange de la part d'un ancien fonctionnaire du ministère des Finances, mais je pense que si vous tentez de réduire le budget du Service des délégués commerciaux, vous risquez fort de faire des économies de bouts de chandelle. Le Service des délégués commerciaux a besoin de plus de ressources, pas moins.
Le point de mire de nos exportations a changé compte tenu de ce qui se passe aux États-Unis. La précarité de l'économie n'est qu'un facteur de l'équation. Vous avez déjà entendu parler de la force du dollar, alors je n'aborderai pas le sujet aujourd'hui. C'est une menace importante aux États-Unis. Il faut aussi tenir compte des politiques d'exportation américaines, qui sont très offensives. Lorsque le président Obama promet de doubler les exportations en quatre ans, il faut se rappeler que les occasions commerciales ne se multiplient pas aussi rapidement. Pour accroître leurs exportations, les États-Unis vont devoir ravir une partie du marché à quelqu'un d'autre, et le marché canadien est à portée de main pour eux. Il faut y penser.
Il faut aussi voir ce que font les États-Unis pour récupérer des emplois manufacturiers et attirer des fabricants grâce à des politiques fiscales, si jamais elles se concrétisent, parce qu'il s'agit essentiellement d'une politique de chacun pour soi. Ce n'est pas tellement courant sur le plan fiscal, mais cela se voit au niveau des subventions. Il suffit de penser à l'usine Electrolux de l'Assomption, qui a été déménagée à Memphis. Ils ont donné à l'entreprise 179 millions de dollars pour construire une usine de 181 millions. C'est très difficile à battre.
Le Service des délégués commerciaux doit avoir des assises solides pour nous aider à mousser notre marché d'exportation. Nous en avons besoin pour trouver des investisseurs. Le contexte fait aussi en sorte qu'il est impossible d'être concurrentiel si on ne fait pas partie d'un important groupe commercial. Les pays qui font cavalier seul sont désavantagés et mis à l'écart. Ils sont désavantagés par rapport aux autres. Et cela fait très mal aux exportateurs de produits agricoles ou de produits de base. Quand il est question de minerais et de billots, c'est une autre histoire, parce que se sont des marchandises presque exemptes de droits de douane. Mais pour les produits comme le boeuf et le porc, c'est un grave problème. Nous avons traversé une léthargie de trois ans et demi avec la Corée; les États-Unis, qui étaient là avec un accord de libre-échange, sont en train d'engloutir nos 250 millions de dollars d'exportations. Le marché des produits de base est très dur.
Le Service des délégués commerciaux peut aider les petites et moyennes entreprises. Il peut aider les entreprises qui ont des produits innovateurs, des produits de haute technologie, et qui offrent une bonne valeur ajoutée, soit dans un secteur où les tarifs sont plus bas que ceux des produits agricoles, soit là où leur caractère unique leur donnera l'avantage qui leur permettra d'être sur un pied d'égalité avec la concurrence.
Le travail du Service des délégués commerciaux sur le terrain, soutenu par du personnel local, est essentiel. Il faut réellement examiner où sont investies nos ressources. Nous devons nous assurer qu'il y a suffisamment de postes offerts pour former les nouveaux employés. Beaucoup des employés actuels sont de la génération du baby-boom. Ils sont sur le point de prendre leur retraite. Comment allons-nous assurer leur relève? Comment allons-nous conserver la mémoire institutionnelle? On a besoin de ressources pour cela.
On m'a demandé pourquoi on devrait aider les entreprises de la sorte. Ce que je réponds à cela, c'est « parce que tout le monde le fait ». Si nous n'emboîtons pas le pas à nos concurrents, nous allons être sérieusement désavantagés. Les grandes entreprises peuvent se débrouiller toutes seules, mais elles reconnaissent tout de même la valeur que revêt le Service des délégués commerciaux. C'est ainsi que je vois la situation.
À qui devons-nous nous mesurer aux États-Unis pour ce qui est de l'agriculture? Le Foreign Agricultural Service est colossal. Il fait rapport sur les pays et les produits. Et maintenant, le Service commercial du département du Commerce des États-Unis est gonflé à bloc et il n'entend pas à rire.
Certains de nos clients ont aussi tenté de percer le marché russe. Ils ont déploré le fait que les Européens profitaient de bien meilleurs services commerciaux sur place dans ce marché que les Canadiens. La situation s'est toutefois améliorée; j'entendais souvent des commentaires négatifs à propos du personnel en Russie, mais plus maintenant. Je suis d'accord avec ceux qui affirment qu'il ne faut pas faire de vagues en Russie, seulement investir plus de ressources là-bas. Nous en avons besoin.
Voilà, en gros, ce que je pense de la situation. Je suis disposé à répondre à vos questions.
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J'ai dit beaucoup de choses à propos de l'AECG...
Des voix: Oh, oh!
M. Peter Clark: ... sur le coup et après-coup. En tant qu'ancien négociateur, je sais que plus vous voulez quelque chose, plus vous allez payer cher pour l'avoir. Le Canada a grandement besoin d'un accord avec l'Europe, parce qu'on parle de 27 pays. C'est un marché très important, et c'est clairement un désavantage de ne pas en faire partie.
Allons-nous payer plus cher? Probablement, parce que le Canada est le demandeur, et le demandeur paie toujours plus cher. Mais j'ai aussi dit que nous avions besoin de cette entente. C'est le prix à payer à court terme pour en sortir gagnants à long terme, parce que nous ne pouvons pas nous permettre de rester immobiles tandis que ceux qui ont déjà de l'avance sur nous prennent d'assaut le marché. C'est la même chose qu'en Corée.
Qu'en est-il des subventions? Eh bien, j'ai demandé au négociateur européen s'ils allaient mettre la politique agricole commune sur la table, et il m'a répondu que non. Si la politique agricole commune ne fait pas partie de l'entente, ce seront tous les Canadiens qui doivent composer avec ces subventions qui vont être désavantagés.
Pour ce qui est des règles d'origine, je pense que Jim Sanford a raison. Sans règles d'origine permettant le cumul entre le Canada et les États-Unis, très peu de nos produits vont satisfaire aux normes établies à cet égard. Même si on arrive à exempter nos produits des droits de douane, s'ils ne respectent pas les règles d'origine, ce sera tant pis pour nous.
En ce qui concerne les règles de l'ALENA, nous ne les appliquons en réalité qu'à la moitié des produits exportés aux États-Unis. Certains de ces produits sont déjà exempts de droits de douane, alors ce n'est pas nécessaire. Pour d'autres, nous ne pouvons pas respecter les règles d'origine.
Quant au secret des communications du gouvernement, je note qu'il est très difficile de mener des négociations dans le secret.
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Bien sûr, et je vous remercie.
Les PME représentent plus de 80 p. 100, ou possiblement 90 p. 100 des entreprises avec lesquelles nous faisons affaire au cours d'une année, mais les petites entreprises comptent probablement pour 80 p. 100 de nos clients. Assez peu de moyennes entreprises s'adressent à nous comparativement au très grand nombre de petites entreprises qui font appel à nos services.
Notre service le plus demandé est l'assurance comptes clients. Il arrive qu'une entreprise ne connaisse pas bien l'acheteur au moment de la vente. Dans ce cas, elle lui expédie la marchandise en lui faisant plus ou moins confiance aveuglément, et elle doit parfois attendre 60, 90 jours ou même plus avant de recevoir le paiement. La petite entreprise doit donc accorder un crédit à l'acheteur avant de recevoir son argent, mais elle ne peut pas utiliser ces fonds pour sa prochaine commande.
Si l'entreprise en question fait appel à EDC, cette dernière peut vérifier la situation de l'acheteur étranger et assurer le compte client en échange d'une prime à caractère commercial. Naturellement, cette assurance élimine le risque, car en cas de pépin, l'entreprise ne sera responsable que de 10 p. 100 du montant en souffrance. Advenant un défaut de paiement, EDC versera à l'entreprise 90 p. 100 de la valeur du contrat, puis essaiera de récupérer l'argent auprès de l'acheteur, si possible. De même, l'entreprise peut utiliser la police d'assurance pour obtenir un prêt de sa banque, car il s'agissait jusque-là d'une garantie non assurée. La relation entre EDC, la banque et l'exportateur peut donc contribuer à la croissance de ce dernier.
Au départ, on peut dire que les compétences du Service des délégués commerciaux du Canada et d'EDC se chevauchent complètement, car les deux sociétés d'État sont similaires. Un délégué commercial demandera à son client s'il connaît les services d'EDC; inversement, nous proposerons à l'entreprise de rencontrer un délégué commercial de l'immeuble voisin pour augmenter ses ventes. Les deux sociétés d'État collaborent très étroitement, mais offrent des services très différents aux entreprises. Le rôle de chacune à l'égard des entreprises est soigneusement défini.
J'espère que vous comprenez mieux notre travail sur ce plan. Nous pouvons assurer toutes les transactions, aussi minimes soient-elles, des petites entreprises — et même des très petites entreprises —, alors que si ces dernières ont recours à un assureur privé, elles devront normalement réaliser un certain chiffre d'affaires annuel, entre autres. EDC comble cette lacune du marché.
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Merci. Je suis d'accord avec mon collègue; j'ajouterai cependant quelques précisions.
D'abord, j'hésite à biffer les États-Unis de la liste de nos partenaires commerciaux. En dépit de ses problèmes récents, ce pays reste la patrie des entreprises les plus mondialisées et les plus dynamiques du monde. Souvent, un produit canadien se retrouve dans la chaîne logistique d'une société américaine, pour aboutir dans une chaîne logistique mondiale. Nous pratiquons donc la mondialisation, mais à travers le commerce américain, à ce qu'il semble. Prudence, donc, si on s'oppose au commerce avec les États-Unis. Ce pays restera toujours, j'en suis sûr, une base très importante pour nous.
Ensuite, je pense que la publicité est importante. La plupart des petites entreprises avec qui j'ai des contacts sont très au courant des occasions incroyables qu'offrent des endroits comme l'Inde. Ce qui, d'après elles, pourrait les empêcher d'accéder à ce marché serait le manque de relations, leur méconnaissance des coûts de leur établissement là-bas. Notre rôle consiste à aplanir autant de difficultés que nous pouvons.
EDC concentre son attention sur deux éléments: le risque éventuel de rater l'occasion ou de s'associer aux mauvaises personnes, puis le besoin de capitaux. Nous sommes en mesure de collaborer avec les banques de ces entreprises pour qu'elles développent une envergure internationale et nous pouvons mettre davantage de nos ressources à leur disposition.
En Inde, il y a cinq ans, je pouvais organiser un dîner avec les 60 entreprises canadiennes exploitées là-bas. Aujourd'hui, il faudrait accueillir tout le monde dans une très grande salle, puisqu'elles sont maintenant plus de 300, cinq fois plus nombreuses, donc, qu'il y a cinq ans. L'immense majorité de cette augmentation est attribuable aux PME. Beaucoup seraient des sujets intéressants pour des études de cas.
Donc ça bouge. Le bilan des exportations est modeste, parce qu'il s'agit de petites entreprises. Ce n'est pas des milliards de dollars; c'est bien moins que cela. Mais ça va bien, parce que les outils sont en place et que, graduellement, les entreprises s'en servent.
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Au fond, je parlais de deux choses. D'abord de notre position, après avoir conclu un accord commercial préférentiel avec les États-Unis. Nous occupons la même position qu'eux, à l'affût; nous sommes partenaires et nous avons réciproquement l'accès à nos marchés en franchise de droits. Ça fonctionne. Nous avons conclu un accord semblable avec la Colombie, avant les Américains, et cela a été très profitable.
Cependant, à cause de la Corée, avec qui un accord est resté en veilleuse pendant des années à cause de nos préoccupations concernant le commerce des produits automobiles, beaucoup d'exportateurs du secteur agricole se sont retrouvés en mauvaise posture. Par exemple, le tarif sur les produits du porc dans la vente desquels nous excellons diminuera de 9 p. 100 pour les Américains, le 15 mars. Dans un secteur où les marges sont en général de 5 p. 100 ou de moins, cela signifie que si on persiste dans l'exportation, on perd sur chaque livre exportée. Faute, donc, d'arriver les premiers, non seulement nous ne profitons pas des échanges en franchise de droits, mais, au contraire, ce que nous avons édifié est désavantagé.
M. MacAulay est parti, mais, pour les mêmes raisons, nous avons éprouvé des problèmes avec les pommes de terre frites exportées dans les Caraïbes. Voilà la situation.
Si nous ne faisons pas partie du premier cycle de négociations sur le Partenariat transpacifique et que cela nous oblige à refaire tout le travail plus tard, alors que les Japonais sont présents aux négociations, tous les échanges commerciaux que nous aurons établis avec le Japon seront désavantagés, faute de profiter des mêmes tarifs que les États-Unis.
Le communiqué publié hier ou ce matin par le groupe de M. Manley et ses homologues au Japon, qui préconisait un accord de libre-échange entre le Canada et ce pays, parallèlement au Partenariat transpacifique, m'a réjoui.
Notre retard nous fait vraiment du tort.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus.
On me donne toujours peu de temps. Je vais donc y aller directement. J'ai entendu parler, à quelques reprises, des marchés émergents comme l'Inde. J'étais en Inde et j'ai eu la chance de rencontrer...
Je tiens d'abord à vous dire que j'ai remarqué que le SDC et EDC collaborent l'un avec l'autre sans réserve et qu'ils obtiennent de très bons résultats. C'est ce que j'ai entendu des entreprises là-bas et c'est ce que j'ai observé.
J'ai aussi eu la chance de visiter une entreprise canadienne en Inde, McCain, qui fabrique des frites, et j'ai été ravi d'entendre, de sa direction, que l'opération est profitable depuis le premier jour, il y a quelques années.
C'est un exemple, mais il y en a d'autres également, des PME pour la plupart. C'est une autre observation que j'ai faite.
Dans tous ces marchés internationaux émergents, quels sont les défis et les occasions à saisir pour les entreprises canadiennes et quelle aide les organismes tels qu'EDC ou le SDC peuvent-ils fournir pour mieux les préparer à affronter ces difficultés?
J'ai aussi des questions pour M. Poloz, qui font suite à certaines de ses observations.
Cela concerne l'assurance qui fait qu'EDC règle, essentiellement, les comptes clients à hauteur de 90 p. 100, puis réclame le montant de la société à qui les exportateurs ont livré les marchandises.
Est-ce qu'EDC possède des listes de compagnies avec qui les sociétés exportatrices devraient faire affaire? Y a-t-il des critères pour figurer sur la liste? Un exportateur peut-il être fournisseur d'une entreprise sans faire preuve de diligence raisonnable et être simplement tiré d'embarras par EDC?