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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de nous donner l'occasion de comparaître devant le comité.
J'aimerais confirmer de nouveau que la Canadian Cattlemen's Association appuie l'accord de libre-échange Canada-Jordanie. La Jordanie n'a jamais été un marché important pour le boeuf canadien et il est peu probable qu'elle le devienne à court terme; cet accord nous aidera toutefois à retrouver les conditions d'accès dont bénéficie l'industrie bovine étasunienne depuis 2001. Puisqu'au Moyen-Orient, les exportateurs de boeuf canadiens visent principalement des marchés comme l'Arabie saoudite, il est avantageux d'avoir accès aux pays limitrophes, comme la Jordanie.
Nous accordons énormément d'importance aux pays qui éliminent des restrictions relatives à l'ESB imposées au boeuf canadien, comme l'a fait la Jordanie. Nous espérons que d'autres marchés du Moyen-Orient, particulièrement l'Arabie saoudite, suivront son exemple.
En vertu des conditions de l'accord de libre-échange Canada-Jordanie, la Jordanie éliminera immédiatement le droit de douane de 5 p. 100 qu'elle impose actuellement sur les coupes de boeuf, ainsi que le droit de 10 p. 100 sur les produits génétiques et ceux de 21 à 28 p. 100 sur les produits de boeuf préparés, comme les saucisses et les salaisons. L'accord ne comprend aucune exclusion ou quota.
Je terminerais en indiquant que nous appuyons sans réserve cet accord de libre-échange et voudrions que toutes les négociations donnent de tels résultats dans l'avenir.
Avant de conclure, je voudrais utiliser ma dernière minute pour souligner que c'est aujourd'hui, le 15 mars 2012, qu'entre en vigueur l'accord de libre-échange entre la Corée et les États-Unis. Cet accord préoccupe fortement l'industrie bovine du Canada, car à partir d'aujourd'hui, le boeuf canadien aura un désavantage tarifaire par rapport au boeuf américain en Corée. Nous encourageons fortement le Canada à conclure ses négociations avec ce pays également afin d'y rétablir la parité tarifaire le plus tôt possible.
C'est sur ces propos que je terminerai ma brève intervention.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie de m'avoir invitée pour vous informer et répondre à vos questions aujourd'hui.
La justice sociale, l'accès à des emplois décents et le respect des droits fondamentaux sont au coeur du mouvement du printemps arabe qui secoue les États arabes. Nous avons observé que la liberté d'association, l'emploi et le travail décent figurent au premier plan de la récente vague d'agitation qui se manifeste notamment en Jordanie, qui a été le théâtre de plus de 500 grèves et manifestations relatives au travail depuis janvier 2011.
Au chapitre de la main-d'oeuvre, même si la Jordanie affichait une croissance économique de 7 p. 100 avant la grande récession, les taux de chômage sont restés entre 12 et 13 p. 100. En outre, à peine 40 p. 100 de la population âgée de plus de 15 ans est économiquement active. Le pays a de plus l'un des plus bas taux de participation des femmes sur le marché du travail, qui est d'à peine 14 p. 100.
C'est dans ce contexte qu'un nombre considérable de jeunes entrent sur le marché du travail; plus de 70 p. 100 de la population a, en effet, moins de 30 ans. Les jeunes âgés de 15 à 24 ans constituent 22 p. 100 de la population et sont pour la plupart encore à l'école secondaire ou à l'université. Cependant, la majorité des emplois créés récemment en Jordanie sont des postes de niveau inférieur requérant peu de compétences, qui ne correspondent pas aux attentes des jeunes Jordaniens. Ces derniers veulent des emplois valorisants et bien rémunérés. Par conséquent, plus de 600 000 Jordaniens travaillent déjà à l'étranger, occupant principalement des emplois hautement spécialisés. Dans leur pays d'origine, le taux de chômage des jeunes est de 27 p. 100, soit plus du double du taux de la population en général.
Dans l'avenir, le défi consistera à créer assez d'emplois pour faire travailler les nouveaux arrivants, qui seront plus de 60 000 par année, surtout des jeunes. Or, le gouvernement, qui emploie traditionnellement plus de 30 p. 100 de la population, ne peut en créer que 10 000.
L'effet des politiques d'investissement sur l'emploi est incertain. La libéralisation du commerce a, comme c'est souvent le cas, mené à une dépendance accrue aux travailleurs migrants dans les zones d'exportation, ce qui fait diminuer les salaires réels des travailleurs non qualifiés. Le résultat net, c'est que les emplois créés échoient surtout aux travailleurs migrants, qui occupent ainsi 63 p. 100 des emplois créés de 2005 à 2009. Les travailleurs étrangers constituent aujourd'hui environ la moitié de la main-d'oeuvre du secteur privé, qui représente environ 27 p. 100 de la population active en général. Près de 90 p. 100 des travailleurs étrangers enregistrés, surtout dans les zones industrielles qualifiées, sont analphabètes. La majorité travaille dans les secteurs de la production, de l'agriculture et des services. Environ 70 p. 100 d'entre eux sont Égyptiens, suivis des Indonésiens, des Sri Lankais et des Philippins.
Comment réagissent le gouvernement et l'Organisation internationale du travail face à ces défis? Le gouvernement a réagi à la vague actuelle de mécontentement en accroissant et en accélérant le processus de réforme de la loi constitutionnelle, de la législation et des politiques sociales et économiques. Il cherche à renforcer les restrictions relatives à l'emploi des travailleurs migrants en imposant des quotas sur certains emplois et en accordant explicitement la priorité aux Jordaniens pour d'autres postes. Il a placé l'emploi et le travail décent des Jordaniens au coeur de la stratégie nationale en matière d'emploi, qu'il a adoptée en mai 2011.
Je suis enchantée de vous annoncer qu'en réaction directe à cette stratégie, le directeur régional de l'OIT, Nada Al-Nashif, la chambre nationale de l'industrie de Jordanie, la Fédération générale des syndicats jordaniens et le ministère du Travail ont officiellement signé, dimanche dernier, un programme national de travail décent ou stratégie-cadre nationale, qui sera en vigueur de 2012 à 2015.
Ce programme, qui vise à appuyer des initiatives nationales de réduction des déficits au chapitre du travail décent et à renforcer la capacité nationale de favoriser le travail décent, comprend trois priorités.
La première consiste à élargir le travail décent offert aux jeunes hommes et jeunes filles de Jordanie en favorisant l'amélioration des conditions de travail, la non-discrimination et l'égalité des droits au travail.
La deuxième a pour but d'offrir un degré minimal de sécurité sociale aux groupes les plus vulnérables de la société en instaurant un seuil de protection sociale.
La troisième, enfin, vise à améliorer les occasions d'emploi, particulièrement pour les jeunes.
Ces priorités s'accompagnent de nombreuses mesures concrètes, dont je pourrais vous parler avec plaisir. Ces catégories ont en commun les questions du dialogue social, des normes de travail internationales et de l'égalité des sexes, autant de questions qui font l'objet d'efforts de diverses envergures dans le cadre de nombreux projets de coopération technique. Nous sommes heureux de pouvoir dire que parmi ces projets figurent d'importantes initiatives appuyées par le gouvernement du Canada, l'ACDI et les organisations de développement.
Mon temps est peut-être écoulé, je suppose; permettez-moi simplement de vous dire que je serais ravie de traiter de certaines des mesures concrètes prises jusqu'à présent et des initiatives précises qui se préparent. Je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Sachez tout d'abord que je suis vice-présidente exécutive, Opérations et conception technique, Nygård. Je suis en très grande partie responsable de l'approvisionnement en ce qui concerne les accessoires, les usines de tissage, les fournisseurs de tissus et les fabricants de vêtements pour notre production. Nous comptons actuellement 32 fabriques de vêtements dans neuf pays.
Je me suis rendue en Jordanie pour la première fois en 2003, alors que nous avons confié un mandat de production à quelques fabriques. Les quantités étaient assez modestes à l'époque. Nous avons toutefois réussi à signer un contrat avec JC Penney, aux États-Unis, ce qui nous a obligés à proposer des prix concurrentiels et donc à travailler dans des pays exemptés de droits aux États-Unis.
JC Penney, outre les normes habituelles de conformité, impose des règles très difficiles à suivre, insistant notamment pour que les usines qui effectuent sa production figurent sur ce qu'elle appelle la « liste d'or ». Tous les pays n'ont pas une telle liste, mais c'est le cas de la Jordanie.
En 2006, nous avons commencé à travailler avec IBG, qui s'appelait alors MF Textiles. IBG l'a achetée en 2008, il me semble. Nygård a une politique de conformité du fournisseur quand elle commence à faire des affaires avec une nouvelle entreprise. Nous avons envoyé certains documents, mais il était malheureusement trop tard pour les faire traduire. Vous ne les avez donc pas en main.
Cette politique couvre toutes les règles et les règlements qui touchent les normes de travail, la santé et la sécurité des employés, et l'environnement. Elle interdit la discrimination sur les plans de l'embauche, des pratiques de travail, des handicaps, de l'orientation sexuelle, etc.
Les fournisseurs ne peuvent recourir au travail forcé ou à la main-d'oeuvre enfantine, selon la définition qu'en fait la loi locale. Il est expressément et absolument interdit d'employer des jeunes de moins de 15 ans.
Les fournisseurs traiteront tous les employés avec respect et ne recourront pas aux punitions corporelles, aux menaces ou à toute autre forme de harcèlement ou de violence physique, sexuelle, psychologique ou verbale.
Ils permettront à leurs employés de bénéficier de tous les droits civils prévus dans la constitution et les lois du pays où ils travaillent.
La politique traite ensuite de la santé et de la sécurité au travail, et des lois environnementales. Nous exigeons que les fournisseurs signent ces politiques pour faire affaire avec nous.
Nous ne prenons pas l'affaire à la légère et surveillons la situation. Nous ne nous en allons pas après avoir obtenu la signature de l'employeur. Pour les pays comme la Jordanie et l'Égypte, le gestionnaire national qui réside en Égypte passe 10 ou 11 semaines par année en Jordanie. De plus, un gestionnaire régional en vivant à Singapour s'occupe de la région, visitant la Jordanie quatre à six fois par année. J'y vais moi-même deux fois l'an, et trois de mes employés sont en poste en permanence dans les locaux d'IBG.
En outre, nous savons que le ministère du Travail, par l'entremise de sa direction des travailleurs — je ne suis pas tout à fait certaine que ce soit ainsi qu'elle s'appelle — se charge d'effectuer des inspections et de s'assurer que toutes les lois et les normes de conformité de la liste d'or soient respectées.
À ces mesures s'ajoute l'intervention de l'association des exportateurs. Ces dernières années, IBG s'est aussi associé au programme Better Business Jordan et mis sur pied un comité, certificat à l'appui.
À force de travailler en Jordanie, je constate que les organismes gouvernementaux, les agences de défense des droits de la personne, Better Work Jordan et les divers intervenants sont tous très approchables et nous aident beaucoup. J'ai rencontré trois ou quatre de ces organisations l'an dernier et les ai trouvées tout à fait disposées à parler des questions relatives au travail et de la manière dont elles peuvent nous aider et nous conseiller pour améliorer nos pratiques.
J'effectue des visites sur place et je parle aux gens. Je passe par les dortoirs et les cantines, me mêlant aux travailleurs et discutant avec eux. J'ai notamment remarqué que des travailleurs migrent en Jordanie. Comme nous l'avons déjà indiqué, l'écrasante majorité des employés qui travaillent dans notre industrie viennent d'autres pays.
S'ils le font, c'est principalement parce qu'ils gagnent le double ou le triple du salaire qu'ils obtiendraient dans leur pays d'origine. Ils ont également l'avantage d'être logés et nourris gratuitement. La plupart d'entre nous savons qu'ils envoient la plus grande partie de leur argent à leurs familles pour les aider et, en général, pour améliorer leurs conditions de vie.
Le logement et la nourriture sont donc gratuits. Même si ce n'est pas explicitement indiqué dans les contrats qu'ils signent, une déduction pourrait s'appliquer. Depuis le 1er mai 2010, IBG a éliminé cette déduction. La société offre également d'autres avantages, comme un médecin à temps plein pour servir les deux usines et une infirmière à temps plein dans chaque fabrique.
Vingt-six pour cent des travailleurs migrants en sont à leur deuxième ou troisième contrat avec la société. Il y en a certainement qui peuvent partir une fois leur contrat terminé et qui décident d'en signer un autre pour revenir travailler. Je crois que c'est un taux de retour très élevé.
Selon moi, l'accord de libre-échange aurait l'avantage de faire travailler plus de gens en Jordanie. Nous augmenterions assurément notre production. Actuellement, je n'y fais fabriquer que des produits destinés aux États-Unis, mais je pourrais y ajouter tous les produits que je pourrais y faire fabriquer. Notre entreprise vise les marchés canadiens et étasuniens, respectivement.
D'autres sujets pourraient faire surface au cours de la période de questions.
C'est sur ces propos que je terminerai mon exposé. Je ne sais pas si M. David Hudson voudrait ajouter quelque chose.
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D'accord. En ce qui concerne Better Work, je crois que nous sommes présents depuis pas tout à fait 2007. Il s'agit d'un programme permanent, parrainé par la Société financière internationale, le volet du secteur privé de la Banque mondiale, et OIT. Cette initiative est mise en oeuvre non seulement en Jordanie, mais également au Cambodge, au Vietnam, au Nicaragua, à Haïti, au Lesotho et peut-être un autre pays. Elle vise à établir les fondations d'un mécanisme tripartite de coopération pour la surveillance du secteur de la fabrication de vêtement, en collaboration avec les marques internationales.
Ce projet a été et est toujours étudié. Nous nous réjouissons qu'en Jordanie, le gouvernement ait décidé tout récemment d'obliger tous les fabricants à participer au programme Better Work Jordan. Ainsi, les employeurs délinquants ne pourront se défiler et laisser les entreprises consciencieuses à assumer la responsabilité.
C'est une solide approche stratégique, qui prévoit des processus de surveillance dont les résultats sont ensuite communiqués aux fabricants, assortis de recommandations pour corriger les cas de non-conformité. Ils sont ultérieurement rendus publics pour que la population et les marques sachent ce qu'il en est.
Nous travaillons en Jordanie depuis assez longtemps maintenant pour observer des progrès dans des domaines où la conformité posait des difficultés. Certains problèmes persistent toujours, cependant, comme...
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Je tiens à souligner que les progrès sont graduels.
Permettez-moi de parler de la région du Moyen-Orient. Les États-Unis y ont conclu quatre accords de libre-échange, soit avec le Bahreïn, le Sultanat d'Oman, le Maroc et, tout récemment, la Jordanie. Or, on peut affirmer avec justesse que c'est dans les États arabes adhérant à ces accords que des progrès se manifestent à plusieurs égards, qu'il s'agisse des disparités entre les sexes, des conditions de travail ou des droits des travailleurs. Ces accords y sont pour quelque chose.
Ce qui est intéressant, c'est que les pays qui n'ont pas signé d'accord commencent à faire appel à nous pour les aider à apporter des réformes et à accomplir des progrès également. Ils constatent donc que ces accords donnent des résultats.
Les syndicats affirmeront sûrement que la situation s'améliore lentement, et j'en conviens. Si vous le voulez, je peux vous donner d'autres exemples concrets. Il arrive que l'on régresse. Mais dans l'ensemble, ces accords ont une incidence favorable dans le contexte des efforts réels que nous déployons avec nos pays partenaires.
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Je crois que c'est exact. Selon nous, la Jordanie fait partie du Moyen-Orient. Qu'on la considère comme une porte d'entrée ou un tremplin, ou s'il y a un avantage à avoir un tel accord lorsque l'on fait affaire avec un autre pays dans la région, c'est simplement une question de sémantique.
Mais le point que je veux faire valoir, c'est que nous avons des exportateurs de viande bovine très intéressés à conclure des affaires en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis et, plus récemment, au Koweit et au Qatar. S'ils comptent investir des ressources pour, entre autres, transiger dans ces pays, s'y rendre ou imprimer des documents en arabe, il leur est très facile d'ajouter la Jordanie à leur liste. Ce sera plus facile si l'on peut éliminer le tarif qui existe, si je ne m'abuse, depuis que les États-Unis ont conclu un accord de libre-échange avec la Jordanie, en 2001.
Le tarif n'est que de 5 p. 100, mais pour un acheteur jordanien qui peut choisir entre un fournisseur américain et un fournisseur canadien, c'est considérable.
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Je suis totalement en faveur des accords de libre-échange. Il y a deux ans, j'habitais encore en Inde et j'étais président de l'European Business Group. Depuis de nombreuses années, nous militons en faveur d'un accord de libre-échange avec l'Inde. Donc, je crois fermement à cette pratique.
La Jordanie a un effet stabilisateur sur le Moyen-Orient, région déchirée par les conflits. C'est un pays qui entretient des liens étroits avec les pays de l'Occident. Je suis surpris de constater que personne n'a encore mentionné que la Jordanie a été invitée à se joindre au Conseil de coopération du Golfe et qu'elle reçoit beaucoup d'aide de la part des pays du Golfe. Comme l'a souligné Mme Donaldson, un accord de libre-échange nous permet d'imposer nos normes et d'inciter l'autre gouvernement à améliorer les siennes. Tel est l'avantage d'un accord de libre-échange.
Ce serait bénéfique au Canada. Cet accord permettrait aux sociétés canadiennes d'étaler leur expertise. J'ai travaillé récemment avec plusieurs sociétés canadiennes et je peux vous dire que nous avons beaucoup de gens talentueux au pays.
À mon avis, la Jordanie a un grand besoin d'eau. C'est son principal problème. Ce n'est pas un pays riche, et il sollicite toujours le soutien des autres, non seulement pour obtenir de l'aide, mais aussi pour profiter des technologies industrielles.
L'industrie du vêtement a grandement aidé la Jordanie. De façon générale, les Jordaniens ne sont pas très doués dans ce secteur, mais notre industrie leur fournit des emplois et des services, et il utilise plusieurs fournisseurs locaux. J'ai lu votre document. L'industrie du vêtement ne fait pas uniquement appel aux travailleurs migrants. Les Jordaniens aussi profitent de ces emplois rémunérateurs.
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En effet, la Jordanie est un petit pays peu peuplé. Toutefois, lorsque l'on analyse sa production alimentaire intérieure, on constate qu'elle produit moins de 50 p. 100 de ses aliments. Elle en importe donc plus de la moitié.
C'est un pays aride, désertique. Si je ne m'abuse, environ 7 p. 100 des terres jordaniennes sont arables. Donc, la production se limite généralement aux fruits et légumes. On y trouve aussi des produits laitiers, des moutons et des chèvres.
La Jordanie n'a pratiquement aucune production bovine. On y trouve de vieilles vaches laitières, mais elles ne sont pas utilisées pour la production. Comme vous le savez, l'élevage des bovins à viande demande beaucoup de terre, d'herbe et d'eau. Ce sont des ressources qu'on ne retrouve pas en Jordanie. La Jordanie est donc une bonne occasion d'affaires pour nos éleveurs.
Sur le plan de la génétique, quand on analyse l'évolution de l'industrie des productions animales en Jordanie au cours des 30 dernières années, on constate que le cheptel laitier a considérablement augmenté. On y utilise des races du Moyen-Orient capables de tolérer la chaleur intense, mais celles-ci ne produisent pas beaucoup de lait.
Je dirais qu'au cours des 30 dernières années, le cheptel laitier de la Jordanie a décuplé — il compte maintenant environ 50 000 têtes —, mais on s'est également tourné vers des vaches Holstein-Friesian. La Jordanie a un grand besoin de génisses. Cela constitue certainement une belle occasion pour les producteurs canadiens.
Je vais être bref, car je crois qu'il ne me reste plus beaucoup de temps.
Monsieur Masswohl, j'aurais une question complémentaire. M. Easter a fait des commentaires dont la plupart étaient erronés, mais dont certains visaient juste.
L'élimination des tarifs de 5, 10 et 20 p. 100 concerne les produits génétiques. Nous savons que les produits génétiques canadiens sont recherchés par les autres pays, que ce soit dans l'industrie bovine ou laitière. J'ai travaillé dans l'industrie laitière.
Vous avez parlé d'un tarif de 20 p. 100 sur le boeuf préparé, si je ne m'abuse. Quel secteur de l'industrie bovine pourrait connaître la plus forte croissance?
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Je pense que vous soulevez un excellent point. Le fait qu'il n'y ait pratiquement pas eu d'échanges commerciaux dans le passé ne signifie pas pour autant qu'il ne pourrait pas y en avoir à l'avenir.
Vous devriez plutôt regarder du côté de l'Office canadien de promotion des bovins de boucherie. Pendant les négociations entourant l'accord, l'office a contacté les entreprises exportatrices canadiennes pour sonder leur intérêt du marché jordanien. Elles lui ont répondu que même si elles n'avaient jamais visé ce marché, celui-ci pourrait être intéressant et avoir du potentiel à l'avenir.
Pour ce qui est de la concurrence, je ne crois vraiment pas que le marché intérieur de la Jordanie nous pose problème. Ce que je disais tout à l'heure, c'est que la production de boeuf ne convient vraiment pas à l'aridité des sols du pays. La Jordanie s'adonne à la production laitière et à la production de viande de mouton et de chèvre, mais elle importe plus de la moitié de la nourriture qu'elle consomme.
Nous entrerons plutôt en concurrence avec les autres pays exportateurs de boeuf. Les principaux joueurs sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Brésil, l'Uruguay et les États-Unis; certaines exportations européennes sont aussi fortement subventionnées par le Moyen-Orient.
De cette liste, je dirais que les États-Unis sont notre principal concurrent. Les pays de l'Amérique du Sud, de même que l'Australie et la Nouvelle-Zélande exportent habituellement un produit maigre, une viande d'embouche. Puisque le rapport poids/prix n'est pas le même, nous n'essayons pas vraiment de leur faire concurrence. Pour notre part, nous offrons un boeuf de céréales haut de gamme qui soutient très bien la concurrence. Imaginez un bon steak juteux; c'est notre spécialité. C'est notre force, et nous faisons concurrence aux Américains sur ce plan.
Depuis plus de 10 ans, les Américains ont accès au marché jordanien en franchise de droits, et c'est l'écart qu'il faut corriger.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous nos invités.
M. Masswohl vient de dire que le gouvernement aide les entreprises en ouvrant les marchés et en les laissant faire le reste. Je vous remercie de vos commentaires.
Madame Chapdelaine, vous avez mentionné votre politique de conformité à l'endroit des fournisseurs, qui interdit le travail sous contrat non résiliable de même que le travail des enfants. Je tiens à féliciter votre organisation à ce sujet.
Franchement, voici ma théorie: l'engagement qui découle de l'intensification des échanges commerciaux est une façon efficace de resserrer les normes en matière de travail et de droits de la personne, contrairement à l'isolationnisme, qui va à l'encontre de ce que nous essayons d'accomplir.
Madame Chapdelaine, j'aimerais vous poser une question très directe. Croyez-vous qu'un accord de libre-échange avec la Jordanie puisse nuire à l'industrie canadienne du vêtement?