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Très bien. Merci beaucoup, et merci de nous avoir invités à venir vous rencontrer.
Mesdames et messieurs, je m'appelle Anders Fisker. Je suis président d'EUCOCIT, la Chambre de Commerce de l'Union européenne à Toronto. Je suis aussi président de la Chambre de commerce Danemark-Canada.
EUCOCIT est une association sans but lucratif de bénévoles vouée à la promotion du commerce et de l'investissement bilatérale entre le Canada et l'Union européenne. Les événements et les activités de l'EUCOCIT offrent des possibilités exceptionnelles de réseautage et de marketing aux entreprises qui cherchent à mieux faire connaître leurs produits et services aux dirigeants d'entreprises, aux décisionnaires et aux acheteurs potentiels à Toronto et partout au Canada.
Avec nos 27 pays membres et membres associés actifs — et le nombre continue de croître — nous faisons la promotion de tous les événements et de toutes les nouvelles à environ 10 000 membres des Chambres de commerce et d'associations d'affaires de Toronto. Parmi nos membres associés, mentionnons notamment le Forum sur le commerce Canada-Europe, le Forum économique international des Amériques, la Chambre de commerce de l'Ontario et la Greater Toronto Marketing Alliance. En Europe, nous avons un partenariat avec EUROCHAMBRES, l'Association des chambres de commerce et d'industries européennes, avec 19 millions d'entreprises et 2 000 chambres régionales en Europe. Nous travaillons en étroite collaboration avec European Services Forum et avec le Centre pour l'étude des politiques publiques européennes afin de promouvoir des relations solides et prospères entre le Canada et l'Union européenne.
EUCOCIT a été constituée en société le 7 mars 1995 avec les objectifs suivants: promouvoir des échanges commerciaux, industriels, financiers, scientifiques et économiques entre le Canada et l'Union européenne; coordonner les activités des diverses chambres de commerce et associations semblables établies en Ontario dont l'objectif est d'encourager les échanges économiques entre le Canada et les États membres de l'Union européenne; organiser des réunions et des événements pour atteindre les objectifs précités, avec ou sans rémunération; recueillir, gérer et diffuser de l'information et d'autres types de communication relativement aux objectifs précités; et servir les intérêts collectifs de ses membres.
À l'heure actuelle, les principales activités d'EUCOCIT sont notamment la promotion de l'investissement et du commerce bilatéral entre le Canada et l'Union européenne; l'organisation d'événements et d'activités pour offrir des occasions de réseautage et de marketing aux sociétés qui cherchent à faire connaître leurs produits et leurs services aux chefs d'entreprises, aux décisionnaires et aux acheteurs éventuels à Toronto et partout au Canada; la création de partenariats avec des organisations comme le Forum sur le commerce Canada-Europe, la Chambre de commerce de l'Ontario, le GTMA et EUROCHAMBRES, afin d'organiser des événements conjoints et de les informer au sujet de leurs activités mutuelles, et d'en faire la promotion. Il y a des mises à jour bimensuelles sur les événements politiques et d'affaires de l'Union européenne pour tenir informés les gens d'affaires canadiens, et d'autres publications pour faciliter les présentations et améliorer le commerce et les investissements.
Dans le texte que j'ai préparé et qui a été remis aux interprètes, j'ai inclus certains projets qui ont été achevés depuis l'annonce des négociations d'AECG jusqu'à présent. Depuis mars 2009, nous avons eu 34 rencontres avec EUCOCIT et d'autres parties que j'ai mentionnées, mais je pense qu'il serait trop long de les nommer individuellement, alors je n'en mentionnerai que quelques-unes.
Le 29 novembre à Toronto nous allons rencontrer Maurice Bitran qui est le négociateur principal de l'AECG pour l'Ontario.
Nous avons eu plusieurs rencontres avec Steve Verheul, le négociateur principal pour le Canada, et Jason Langrish, du Forum sur le commerce Canada-Europe. Jason est actuellement en Inde pour négocier un accord de libre-échange éventuel là-bas. Nous avons rencontré plusieurs ministres. Nous avons rencontré l'ambassadeur à Ottawa pour la délégation de l'Union européenne.
En juillet 2010, une rencontre a eu lieu en privé dans la salle du conseil d'administration du GTMA entre le conseil d'administration d'EUCOCIT — 27 administrateurs des chambres individuelles — et l'honorable Peter Van Loan qui était à l'époque ministre du Commerce international. Je dois dire qu'il y a eu un dialogue vraiment positif entre toutes les parties — politiques, financières, etc. — dans toutes les rencontres que nous avons eues. J'espère que cela mènera à une conclusion très positive. Cela a donc été très intéressant et très positif.
Un autre exemple est le colloque que nous avons eu en février intitulé Export to Europe Effectively and Successfully grâce au programme d'Accès aux marchés d'exportation, avec comme conférencier invité Louis Di Palma, le directeur des programmes pour les PME à la Chambre de commerce de l'Ontario, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Il y a en eu un autre en avril 2001, avec comme conférencier invité, M. Nout Wellink, président de la Nederlandsche Bank, une banque néerlandaise, avec comme invités spéciaux Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada et Amanda Lang, l'animatrice de l'émission The Lang & O'Leary Exchange, en partenariat avec la Canadian Netherlands Business et Professional Association et la Belgian Canadian Business Chamber.
Nous avons eu une rencontre très intéressante avec le Groupe TD — sur la crise financière en Union européenne et son impact sur le Canada —, soit avec Derek Burleton, vice-président et économiste en chef adjoint. Habituellement, il y a entre 40 et 60 personnes qui participent à ces rencontres. Ce jour-là, il y en avait plus d'une centaine.
Tout de suite après, le 2 novembre, nous avons eu le plaisir d'accueillir sept membres du Parlement européen à Toronto; ils s'étaient rendus à Ottawa avant de venir nous rencontrer. Nous avons eu une rencontre d'une heure puis il y a eu un cocktail et ils nous ont parlé de leurs activités les plus récentes. Je dois que M. Vital Moreira, le président, a dit quelque chose de très bien à la fin de son allocution, il a dit: « Vous pouvez nous faire confiance. »
Le 29 novembre, EUCOCIT, en partenariat avec la délégation de l'Union européenne au Canada et le MAECI, fera une mise à jour sur l'AECG avec Maurice Bitran, négociateur principal de l'AECG pour l'Ontario, du ministère ontarien du Développement économique et du Commerce, et Maurizio Cellini, conseiller et chef de la section économique et commerciale de la Délégation de l'Union européenne au Canada, et des conférenciers du secteur privé.
Par ailleurs, EUCOCIT a développé un site Web avec des liens vers toutes les chambres européennes de la région du Grand Toronto. Nous promouvons tous les événements européens dans les domaines des affaires, des arts, de la culture, dans la région du Grand Toronto et nous donnons de l'information et fournissons des liens vers l'Europe.
J'aimerais maintenant vous présenter la position d'EUCOCIT sur l'AECG. Nous sommes d'avis que l'AECG est le plus important accord de libre-échange, avec le plus gros marché au monde — 500 millions d'habitants, représentant des consommateurs de produits haut de gamme et de qualité, soit un marché à valeur monétaire plus élevée que tout autre — et le plus important nouveau débouché commercial pour le Canada, qui pourrait réduire notre dépendance envers les États-Unis d'Amérique en ce qui concerne nos échanges commerciaux.
Nous sommes convaincus qu'au fur et à mesure que l'AECG sera négocié, les gens d'affaires canadiens seront de plus en plus conscients des avantages de cet accord et s'intéresseront aux détails de ce dernier, mais il nous manque beaucoup d'information au sujet de ce qui est négocié, ce qui décourage certaines entreprises de participer et d'intervenir.
EUCOCIT va continuer de promouvoir des nouvelles et des colloques sur l'AECG entre le Canada et l'Union européenne. Les Européens se penchent toujours sur la proposition du Canada relativement à l'adoption d'une liste négative, selon laquelle tous les secteurs et les services seraient libéralisés sauf ceux qui sont explicitement exclus de l'accord. Par le passé, nous étions plus à l'aise avec un système de liste positive selon lequel seuls les secteurs et les services qui sont en fait cités dans l'accord seraient visés.
Les négociations concernant les achats publics et les droits de douane sur les produits n'ont créé aucune surprise. On s'attend à ce qu'environ 98 p. 100 de tous les droits de douane disparaissent lorsque l'accord entrera en vigueur. Il reste encore de nombreuses divergences au sujet des normes relatives aux produits, et quelles agences au Canada et en Europe seront autorisées à accorder les approbations nécessaires.
Quoi qu'il en soit, il faudra continuer de négocier de façon intensive pour résoudre les différends concernant les règles d'origine pour les produits, particulièrement dans le secteur de l'automobile. Le Canada cherche à obtenir un accord qui reflétera la réalité des sources d'approvisionnement à l'échelle nord-américaine. Du côté européen, on met davantage l'accent sur l'agriculture et les pêches. Par ailleurs, il y a des préoccupations concernant le vin et les alcools, qui constituent une partie importante des exportations agricoles de l'Union européenne vers le Canada.
Cela m'amène à la question des indications géographiques liées au fromage et à d'autres produits, notamment le champagne et le jambon de Parme. Le Canada doit s'assurer que ces modalités sont conformes aux lois actuelles en matière de droit d'auteur et de marque de commerce.
Les achats publics sont une priorité européenne, particulièrement l'accès pour les réseaux de transport en commun et l'outillage électrique. Par conséquent, pour la première fois les 10 provinces et les trois territoires canadiens participent à des séances de planification, mais ne siègent pas à la table de négociation.
La crise de l'UE signifie que les entreprises européennes chercheront à trouver des débouchés sur d'autres marchés; l'AECG les encouragera à faire du commerce avec le Canada et à y investir. La capacité de l'Union européenne à se tourner vers ces marchés traditionnels comme l'Afrique signifie qu'elle se tournera de plus en plus vers les ressources canadiennes. Enfin, s'il y a des pays qui quittent la zone euro, ce seront ceux avec lesquels le Canada ne fait déjà pas beaucoup de commerce de toute façon.
Par ailleurs, le Royaume-Uni, la Pologne, la Suède et le Danemark n'utilisent pas l'euro et font partie de cet accord. Ne laissez pas les préoccupations concernant l'euro vous empêcher de profiter de cette occasion unique. Il y a toujours de nombreuses régions en Europe avec lesquelles les Canadiens peuvent faire des affaires, des régions où il y a de riches consommateurs. L'appui de l'Union européenne pour l'AECG reste très fort, et cet accord reste une grande priorité en ce qui concerne la politique commerciale, comme l'ont mentionné les membres de la délégation lorsqu'ils étaient ici.
En ce qui concerne plus particulièrement la question des achats gouvernementaux, EUCOCIT appuie un accord ouvert, transparent et réciproque dans l'AECG. Cela ouvrira des débouchés importants aux entreprises canadiennes dans l'énorme marché des achats gouvernementaux de l'Union européenne en particulier. L'ouverture des achats gouvernementaux stimule par ailleurs la concurrence et accroît le choix, ce qui réduit les coûts pour les contribuables et permet de nouvelles technologies qui favoriseront l'innovation et accroîtront la productivité.
Nous avons un certain nombre de points au sujet des DPI. Ces négociations nous aideront aussi au plan de nos relations avec les États-Unis et de notre participation aux discussions sur un partenariat transpacifique.
En ce qui concerne les droits de douane, il y aura des questions liées aux obstacles tarifaires et non tarifaires, les produits alimentaires — en plus d'un certain nombre d'autres questions.
Nous avons quelques messages à vous transmettre aujourd'hui.
Les propositions de l'Union européenne en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle pour les produits pharmaceutiques sont des propositions gagnantes. Mon pays d'origine, le Danemark, dépense moins par habitant que le Canada pour les médicaments, mais là-bas les droits de propriété intellectuelle sont mieux protégés qu'au Canada. C'est parce que le Danemark conclut des ententes sur l'établissement des prix avec les entreprises pour faire des économies; c'est une méthode directe et rentable plutôt qu'une méthode indirecte et inefficace, comme le sont les droits de propriété intellectuelle.
En conclusion, nous aimerions dire que nous espérons que les négociations permettront d'en arriver à la conclusion de l'AECG au cours du premier trimestre de 2012. EUCOCIT va continuer d'être un chef de file et d'expliquer quelle incidence cela aura sur les entreprises canadiennes qui visent ce marché vital.
Tout cela vous est respectueusement soumis.
Mesdames et messieurs, bonjour. Je m'appelle Bruce Seligman, je suis président et fondateur d'ARKTOS Developments Ltd. ADL est une entreprise entièrement canadienne dont le siège social se trouve en Colombie-Britannique et qui a un chiffre d'affaires bien établi et un potentiel de croissance considérable.
ADL a mis au point le véhicule ARKTOS qui est unique et le meilleur au monde et qui fonctionne dans des conditions amphibies rigoureuses. Il n'a aucun concurrent direct dans le monde.
Le véhicule ARKTOS a été mis au point initialement pour huit grandes sociétés pétrolières qui avaient une exploitation dans l'Arctique dans les années 1980. Cette embarcation de sauvetage pouvait être utilisée à partir de structures de forage en mer 365 jours par an, tant dans les glaces que dans l'eau.
La mise au point de ce stage initial a été financée en très grande partie par le gouvernement canadien, grâce à une subvention du ministère de l'Industrie et du Commerce et par la Garde côtière canadienne afin de mettre au point le premier véhicule ARKTOS dans le cadre du programme pour le brise-glace Polar 8, s'il avait en fait été construit.
Dans les années 1990, ADL a continué de perfectionner le véhicule amphibie ARKTOS comme embarcation de sauvetage et vendait le véhicule de surveillance sismique ARKTOS à la Chine pour son secteur pétrolier.
Depuis 1988, ADL a généré plus de 35 millions de dollars en ventes pour le véhicule ARKTOS. ADL a également généré environ 6 millions de dollars de revenus pour l'entretien de ces véhicules.
La plupart de ces véhicules sont utilisés dans la mer de Beaufort en Alaska et dans le secteur du Kazakhstan de la mer Caspienne. Vous serez tout particulièrement intéressés d'apprendre que 93 p. 100 de toutes les ventes du véhicule d'ADL étaient destinées à l'exportation. Grâce à ces ventes, ADL a pu garder à son service à temps plein des ouvriers spécialisés et des ingénieurs pendant toute cette période.
Bien que la destination finale des véhicules était le Kazakhstan, la plupart des négociations et des paiements sont venus d'un consortium de l'Union européenne ayant son siège social aux Pays-Bas, comprenant notamment l'Italie, la France et l'Angleterre. J'ai donc eu beaucoup de rapports avec l'Union européenne grâce à ce consortium qui avait en fait des opérations au Kazakhstan.
Aujourd'hui ADL est en train de négocier des ventes dans de nouveaux secteurs, notamment dans le secteur militaire, pour l'intervention en cas de catastrophes civiles et pour la recherche et le sauvetage. L'intervention en cas de déversement pétrolier est particulièrement intéressante à la suite de l'incident qui s'est produit à la plateforme pétrolière Deepwater Horizon. À ce moment-ci, les principales négociations pour ce véhicule anti-déversement ARKTOS ont été menées avec la Russie, le Brésil et la Chine. En fait, je retournerai au Brésil le week-end prochain.
En Union européenne, l'intervention en cas de catastrophes civiles constitue un nouveau marché potentiel important pour ADL. Certains exemples de projets qui pourraient être intéressants en Union européenne dans le domaine de l'intervention en cas de catastrophe dont nous avons discuté et sur lesquels nous avons travaillé sont notamment une embarcation amphibie de lutte contre les incendies pour la Tamise en Angleterre; un navire annexe pour les bateaux pilotes dans les glaces en Finlande, pour transporter les pilotes vers le navire dans des conditions de glace; et un navire de sauvetage pour la côte écossaise. Ces navires peuvent cependant servir à beaucoup d'autres choses, notamment lorsqu'on a besoin d'un véhicule amphibie en eau peu profonde, dans la boue, dans des fondrières, etc., où aucun autre véhicule ni navire ne peut fonctionner. Les zones intertidales sont extrêmement importantes.
À ce moment-ci, ADL est également en train de mettre au point un plus petit véhicule ARKTOS qui peut être transporté par avion et qui sera utile pour intervenir rapidement dans des situations d'urgence partout dans le monde, notamment en Union européenne. Ce véhicule est semblable à celui que propose ADL pour le patrouilleur hauturier pour l'Arctique au Canada, et pour le nouveau brise-glace John G. Diefenbaker de la Garde côtière canadienne.
Alors qu'ADL s'apprête à commercialiser directement ses produits en Union européenne, l'AECG aiderait certainement ADL à créer davantage de ventes et d'emplois pour le Canada en réduisant ou en éliminant les obstacles commerciaux comme les droits de douane, les normes, les visas temporaires, la réglementation et la protection des droits de propriété intellectuelle, les règles relatives aux achats gouvernementaux, etc.
Nous devons envoyer des ingénieurs de maintenance partout dans le monde pour assurer l'entretien du véhicule, et cela s'avère être un gros problème, pour obtenir les visas, de sorte qu'il serait certainement très utile pour nous de ne pas être obligés de faire face à ce problème constamment. J'espère que l'AECG pourra être conclu.
Merci beaucoup. Cet exposé est très spécifique comparativement à celui présenté par Anders.
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Je tiens à remercier le président et le comité de m'avoir donné l'occasion de me faire entendre aujourd'hui au sujet de l'AECG.
Le Conseil des Canadiens a été fondé en 1985. Il s'agit de la plus grande organisation de citoyens au Canada, car elle compte plus de 50 000 membres d'un océan à l'autre. D'ailleurs, ce nombre ne cesse de s'accroître. Nous travaillons à l'échelle locale, nationale et internationale pour faire la promotion de politiques sur le commerce équitable, l'accès à l'eau potable, la sécurité énergétique, les soins de santé publique et d'autres questions d'ordre socioéconomiques qui préoccupent les Canadiens.
Depuis que les négociations ont été entamées au sujet de l'AECG entre le Canada et l'Union européenne en 2009, nous en sommes venus à comprendre que cet accord ne constitue pas une simple entente commerciale, mais plutôt un accord élargi portant sur la gouvernance économique. L'AECG repoussera les limites juridiques régissant les politiques sociales et environnementales de telle sorte que notre démocratie sera compromise.
Pour cette raison entre autres, les négociations ont été critiquées par un nombre croissant de groupes environnementaux et d'entités représentant les travailleurs, les Autochtones, les étudiants et les agriculteurs de part et d'autre de l'Atlantique. Une demande collective formulée par quelques dizaines de groupes canadiens — en fait, on en comptait une soixantaine — pour rencontrer le ministre canadien du Commerce international a été rejetée sous prétexte que ces groupes auraient accès au négociateur principal de l'AECG dans le cadre des séances d'information suivant chacune des neuf dernières rondes de négociation.
Toutefois, à la dernière séance d'information organisée par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international en octobre, les groupes de la société civile qui y étaient représentés se sont fait dire qu'on n'envisage aucunement de produire un rapport pour résumer la rétroaction présentée, alors que c'est la norme dans l'Union européenne. Donc, apparemment, les négociateurs ne prenaient même pas note de ce que nous avions à dire.
Par conséquent, cette séance de comité parlementaire portant sur les négociations de l'AECG est en fait la toute première occasion pour des groupes comme le Conseil des Canadiens de pouvoir exprimer publiquement leurs préoccupations. Nous avons réclamé publiquement l'arrêt des négociations pour pouvoir tenir un débat public informé en vue de décider de l'étendue et du contenu de tout accord avec l'Union européenne, or, je constate que le comité ne partage probablement pas cet avis. Par conséquent, je tiens à profiter de l'occasion qui m'est offerte pour proposer quelques changements à la position adoptée par le Canada dans le cadre des négociations en vue de limiter la possibilité que l'AECG ne nuise à l'intérêt public dans un certain nombre de domaines d'importance.
La question de la transparence constitue le premier domaine. D'après les témoins précédents, je conclus que vous en avez déjà parlé aujourd'hui.
Les députés canadiens devraient avoir le même accès aux documents sur l'accord que leurs homologues de l'Union européenne. Par exemple, j'ai cru comprendre que les membres du comité de l'Union européenne sur le commerce ont accès aux offres de services et d'investissement présentées par le Canada et les provinces ainsi qu'à leurs documents sur l'approvisionnement également. Ces derniers documents ont été brièvement échangés avant la dernière ronde de négociation sur l'accord en octobre. Quant aux offres sur l'acquisition de biens, l'échange a eu lieu en juillet.
Si le comité pouvait mettre la main sur ces offres, il comprendrait mieux l'étendue de l'accord proposé, y compris le fait qu'on néglige la protection des services publics ou des secteurs stratégiques dont je parlerai dans un instant.
Je n'ai pas pu consulter ces renseignements, mais je m'explique difficilement pourquoi le comité du commerce international au Canada ne serait pas en mesure de voir ces renseignements, alors que les députés du Parlement européen sont en train de les étudier en ce moment à Bruxelles.
Le deuxième point qui nécessiterait un ajustement porte sur la protection des investissements. Nous sommes fermement convaincus qu'il ne devrait pas y avoir de mécanismes de résolution des différends opposant un investisseur et un état de prévus dans l'AECG, malgré l'adoption de ce type de mécanismes dans l'ALENA ainsi que dans les accords de libre-échange qui ont été signés par la suite par le Canada. Le Parlement européen serait également favorable à cette exclusion, comme il l'indique dans la résolution du 8 juin sur l'Accord commercial Canada-Union européenne. On y indique que:
Compte tenu du niveau élevé de développement des systèmes juridiques du Canada et de l'Union européenne, un mécanisme contraignant de règlement des différends d'État à État et l'utilisation des recours juridiques locaux constituent les instruments les plus appropriés pour résoudre les différends en matière d'investissements.
Le même conseil a été formé par la Commission européenne dans le cadre d'une évaluation de la viabilité et des répercussions relatives à l'AECG qui a été réalisée par un cabinet d'experts-conseils cet été. D'après leur rapport:
Aucune preuve tangible ne laisse entendre qu'un mécanisme de règlement des différends entre un investisseur et un état permettrait d'optimiser les avantages économiques de l'AECG, outre le fait de constituer un moyen de faire appliquer les règlements. [Traduction]
Le rapport ajoute qu'en laissant moins de place aux politiques, le mécanisme de résolution des différends, par son adoption même, ferait douter de sa contribution à la pérennité des avantages nets. La protection des investissements dans le cadre d'ententes commerciales ou les traités bilatéraux indépendants donnent aux investisseurs étrangers des droits incroyables permettant de contourner les tribunaux locaux en vue de poursuivre des États souverains auprès d'instances internationales s'ils estiment ne pas avoir été traités équitablement. L'absence de définition claire expliquant ce que constitue un traitement équitable ainsi que le manque de transparence dans les délibérations donnent aux arbitres une énorme marge de manoeuvre lorsqu'il s'agit de décider ce qui constitue une politique gouvernementale acceptable. Les investisseurs ont de plus en plus recours à ces mécanismes d'arbitrage pour contester les règlements sociaux, environnementaux et économiques qui nuisent à leur profit.
Je sais que votre comité s'est penché récemment sur ce processus, car l'an dernier vous avez étudié le règlement de 130 millions de dollars d'Abitibi Bowater. Depuis lors, l'Ontario a été la cible d'une entreprise de ciment appartenant à des intérêts brésiliens qui lui réclament 275 millions de dollars dans le cadre de l'ALENA pour avoir refusé d'établir une carrière tout près de Hamilton en Ontario. Cette semaine, nous avons appris que Philip Morris allait contester la loi australienne sur l'emballage neutre des cigarettes parce que l'entreprise estime que cela nuit à ses investissements, même si cette mesure a été adoptée démocratiquement pour protéger la santé.
J'exhorte le comité à étudier la position du gouvernement australien au sujet de l'arbitrage entre les investisseurs et les États. Le gouvernement Gillard a rendu publique une nouvelle politique commerciale en avril qui se veut une rupture face aux anciennes pratiques de négociation de l'Australie dans les cas de différend opposant un investisseur et un État dans le cadre d'une entente commerciale. La nouvelle politique va comme suit:
Si les entreprises australiennes sont préoccupées par le risque souverain présenté dans les pays partenaires commerciaux de l'Australie, elles devront effectuer leurs propres évaluations pour déterminer si elles veulent véritablement investir dans ces pays. [Traduction libre]
Je dirais que dans l'ensemble, la plupart des entreprises le font déjà.
Autrement dit, le gouvernement Gillard croit qu'il ne revient pas au gouvernement d'absorber le risque que ces entreprises prennent en investissant dans d'autres pays. La nouvelle politique commerciale insiste également sur le fait que les sociétés étrangères qui mènent des activités en Australie doivent jouir des mêmes protections juridiques que les entreprises australiennes. Les traités d'investissement, par ailleurs, ne traitent pas les sociétés locales sur un même pied d'égalité par rapport aux entreprises étrangères, car ces dernières ont le droit de contester les politiques gouvernementales.
Si le comité n'est pas prêt à formuler de recommandations contre les mécanismes de protection en cas de différend entre un investisseur et un État dans le cadre de l'AECG, il pourrait néanmoins insister pour que de simples ajustements soient appliqués. Par exemple, le Canada et l'Union européenne pourraient convenir qu'avant de passer à un mécanisme d'arbitrage à l'égard des investissements, les entreprises devraient d'abord épuiser tous leurs recours juridiques locaux, comme le propose la résolution du Parlement de l'Union européenne.
Troisièmement, j'aimerais parler des services publics, et en particulier de l'eau. L'exception visant les services publics dans l'AECG doit être élargie et définie avec davantage de détails pour protéger explicitement le droit des gouvernements de réglementer des domaines comme la santé, l'éducation ou la distribution d'eau et les installations sanitaires. Les gouvernements provinciaux et locaux doivent également insister sur un espace maximal pour maintenir ou créer de nouveaux monopoles publics ou programmes universaux dans ces domaines, même si le secteur privé y occupe déjà une certaine place actuellement. Si le Canada émet des réserves qui s'avèrent être trop vagues ou incomplètes en matière de services publics, nous risquons de nous exposer à des poursuites coûteuses entamées par des investisseurs qui estimeront que les règlements du gouvernement ou les services sociaux les empêchent de faire des profits. La Confédération européenne des syndicats et la Fédération syndicale européenne des services publics sont également de cet avis.
En ce qui a trait à l'eau, nous avons cru comprendre que l'Union européenne a largement exclu les services d'approvisionnement en eau et les services publics, non seulement pour protéger les services publics déjà en place de la concurrence du secteur privé, mais également pour s'assurer que tous les ordres de gouvernement ont le droit de déprivatiser des services publics à l'échelon municipal à l'avenir. La France offre un excellent exemple de renationalisation parce qu'elle n'était pas satisfaite des services offerts par le secteur privé.
Toutefois, nous comprenons que le Canada n'a — du moins pour l'instant — pas émis de réserves similaires en ce qui a trait à ses propres offres faites à l'Union européenne. Nous estimons que cet exemple souligne à quel point il est important que le comité ait accès aux offres faites par le Canada ou l'Union européenne pour qu'il puisse accroître sa contribution de l'évaluation des risques et des avantages relatifs à l'accord commercial proposé.
Sur le plan de l'approvisionnement, je sais que le comité a entendu plusieurs témoins qui se sont prononcés sur cette question. D'après nous, les engagements en matière d'approvisionnement pour les municipalités et le soi-disant secteur Mush devraient être entièrement exclus, car nous ne croyons pas qu'il vaille la peine de sacrifier l'autonomie locale et l'espace politique.
Dans presque tous les cas, les processus d'approvisionnement locaux au Canada sont gérés de façon entièrement transparente et équitable. Les entreprises de l'Union européenne ne sont nullement empêchées de soumissionner pour obtenir des contrats canadiens, il arrive même qu'elles en remportent quelques-uns. Dans la vaste majorité des cas, les conseils municipaux prennent leurs décisions en fonction d'une analyse coûts-avantages. Par conséquent, nous ne croyons pas vraiment qu'il n'y ait de problèmes à cet égard.
Toutefois, le résultat net des engagements en vertu de l'AECG sera d'empêcher les gouvernements locaux d'adopter des politiques d'achat local, ou d'achat canadien, ou de tenir compte de la valeur du développement local durable dans leurs appels d'offres pour des biens, des services et des projets de construction au-delà de certains seuils.
Le fait que le Japon ait contesté auprès de l'OMC la Loi sur l'énergie verte de l'Ontario, et que l'Union européenne en ait fait de même cet automne, prouve que l'Union européenne invoquera les ententes sur le commerce et les marchés publics pour miner les stratégies de création d'emplois chez ses partenaires commerciaux.
Les mesures d'interdiction générales d'embauche locale ou portant sur les exigences en matière de contenu sont adoptées au détriment, en général, des petites et moyennes entreprises, car elles ne peuvent soumissionner aussi bas leurs concurrentes européennes qui sont de taille considérablement plus grande. Ce phénomène se constate déjà au Canada sur le marché des PPP, soit les partenariats public-privé, selon l'Association canadienne de la construction, qui en a fait état dans un article récent. D'après l'évaluation de la viabilité et des répercussions dont j'ai fait mention plus tôt, on s'attend à ce que l'Union européenne soit la grande gagnante par rapport au Canada au chapitre des marchés publics.
En conclusion, l'expérience des ententes commerciales passées nous indique qu'il y a peu d'occasions au Canada, à l'échelon parlementaire, pour apporter des amendements après la signature de l'accord. Manifestement, l'AECG va au-delà du commerce. Par conséquent, j'espère que le comité réfléchira à la façon dont il pourrait jouer un plus grand rôle dans l'étude des textes négociés pour être au même niveau que ses homologues européens et qu'il cherchera à proposer des amendements lorsqu'il le faut pour protéger les services publics et autres domaines stratégiques importants.
Merci beaucoup.
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Je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de me faire entendre devant votre comité fort important.
Avant de commencer, j'aimerais divulguer certains faits au sujet de mes intérêts personnels. En fait, je crois que tout témoin devrait d'abord commencer par ce type de déclaration.
Premièrement, je ne travaille pas comme consultant pour aucune organisation, qu'elle soit gouvernementale, syndicale, sans but lucratif ou d'affaires, que ce soit directement ou indirectement, et ce, même à l'échelle internationale.
Deuxièmement, outre ma propre maison à Ottawa et ma participation au fonds de pension de l'Université Carleton, je n'ai aucun investissement. Oui, on peut dire que je suis un pauvre professeur.
Troisièmement, contrairement aux organisations sans but lucratif, je ne reçois pas de dons ni de cadeaux sous quelque forme que ce soit de quiconque.
Quatrièmement, compte tenu de la divulgation des trois points précédents, ma comparution devant le comité ne sous-tend aucun conflit d'intérêts que ce soit.
Cinquièmement, puisque je me montrerai très critique à l'égard de la gestion de l'offre, je dois vous dire que j'ai grandi sur une ferme dans l'Est de l'Ontario, à Lanark Country, dans le comté de Beckwith, à une époque précédant la gestion de l'offre, soit dans les années 1960. J'ai donc une expérience personnelle de la vie à la ferme à cette époque.
Sixièmement, je me suis porté volontaire pour être un conférencier au Bureau des conférences de l'Université Carleton en 1988 et en 1991, si ma mémoire est bonne. J'exprimais mon appui aux accords de libre-échange dans le cadre de débats sur l'Accord de libre-échange et l'ALENA. À plusieurs occasions, j'ai eu à croiser le fer avec le Conseil des Canadiens dans le cadre d'un débat.
Septièmement, j'ai un poste de professeur permanent. Cela signifie que je peux m'exprimer comme je l'entends sans être menacé de congédiement par quiconque. J'enseigne la gestion stratégique et les affaires internationales.
Huitièmement, j'ai enseigné sur tous les continents de la planète Terre, à l'exception de l'Afrique, non pas parce que je ne veux pas enseigner là-bas, mais parce qu'on a rejeté ma candidature à maintes reprises. J'ai enseigné dans presque tous les pays de l'Europe centrale et de l'Est et dans presque tous les anciens pays communistes. J'ai enseigné huit fois en Iran et dans le Moyen-Orient. J'enseigne également une fois par année en Chine depuis 1997.
Enfin, compte tenu du fait que je me suis rendu dans des pays où on s'adonne au protectionnisme et grâce à ma recherche et à mon expérience dans l'enseignement des affaires internationales, y compris l'avantage comparatif et les avantages du commerce, je suis un grand défenseur du libéralisme, de l'expansion ainsi que des accords de libre-échange tant avec l'Union européenne que dans le cadre d'un partenariat transpacifique, et en fait avec n'importe quel pays qui voudrait faire affaire avec nous ou signer ce type d'accord.
J'aimerais maintenant parler de deux obstacles graves à un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne ou à un AECG ainsi qu'à une future entente dans le cadre d'un partenariat transpacifique. Je vais surtout insister sur les pratiques de gestion de l'offre, mais j'aimerais également aborder la question des droits de propriété intellectuelle avant de terminer.
À titre de document d'information rattaché au sujet de la gestion de l'offre que je m'apprête à aborder, je vous invite à consulter dans le Toronto Star de ce matin un article voisin de la page éditoriale que j'ai rédigée et qui s'intitule The Milking of Canadians. En fait, j'avais envoyé cet article au journal durant la fin de semaine et le titre d'origine faisait référence au fait que les Canadiens se font plumer et exploiter par le régime de la gestion de l'offre. L'éditeur a toutefois décidé d'abréger le titre pour ne parler que de l'exploitation.
Cet article se fondait sur un document que j'ai également rédigé et qui a été publié hier par le MacDonald-Laurier Institute, un centre d'études et de recherches situé à Ottawa. Le document s'intitule Straight Talk: End Supply Management to Give Better Value to Consumers, Secure New Trade Deals.
Je vais le passer en revue très rapidement.
Voici les données de base concernant la gestion de l'offre: 34 millions de Canadiens se font plumer et exploiter par environ 14 000 producteurs laitiers, 2 800 producteurs de volaille, 1 200 producteurs d'oeufs et 500 producteurs de dinde dans le cadre d'un système de protectionnisme gouvernemental appelé la gestion de l'offre. Dans ce régime, les agriculteurs représentent 8,6 milliards de dollars, soit 19 p. 100 des revenus agricoles de 2010 qui s'élevaient à 44 milliards de dollars. Le total des revenus agricoles correspond à 1,7 p. 100 du PIB. C'est très peu. Pourtant, c'est un secteur très important, mais sa taille est minime. Toutes ces données proviennent de Statistique Canada, et il me ferait grand plaisir de vous donner les références si vous les voulez. Néanmoins, ces agriculteurs visés par la gestion de l'offre, surtout dans le secteur laitier, gagnent en moyenne 100 000 $ par année en profit net grâce à ce régime.
D'après un rapport de 2008 de l'OCDE, le prix des produits laitiers au Canada a plus que doublé sur le marché, et le Conference Board du Canada a établi qu'en moyenne, les consommateurs canadiens paient leur lait 60 ¢ de plus le litre que les Américains. Il n'y a pas de gestion de l'offre aux États-Unis.
Voilà un bel exemple de protectionnisme à l'état pur. On constate un scénario où 1 p. 100 des gens exploitent 99 p. 100 de la population, car les plus grandes victimes sont les Canadiens à faible revenu qui doivent consacrer un plus grand pourcentage de leur budget à la nourriture que les autres citoyens.
Cette forme de protectionnisme fait également en sorte que les quotas ont une grande valeur et qu'il en coûte davantage pour devenir un agriculteur. Par exemple, il coûte maintenant plus de 25 000 $ pour acheter un quota correspondant à une vache et environ 140 $ pour le quota d'une poule. En fait, dans le rapport de 2010 de Statistique Canada on a établi que la valeur totale des quotas reliés à la gestion de l'offre à l'échelle du Canada s'élevait à 31 milliards de dollars.
Certains affirment que la gestion de l'offre est nécessaire pour sauver les fermes familiales. Pourtant, le nombre d'exploitations agricoles a été en déclin constant depuis un demi-siècle, d'après Statistique Canada, passant de 574 000 fermes en 1956 à 229 000 en 2006, soit une baisse de 60 p. 100.
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Je suis désolé. Je craignais tout simplement de manquer de temps. Si vous m'assurez que je serai pas interrompu, je ralentirai.
Certains font également valoir que la gestion de l'offre serait nécessaire, puisque les agriculteurs sont lourdement endettés. Pourtant, les données de Statistique Canada de 2010 montrent que le ratio d'endettement par rapport à l'actif des exploitations agricoles se situe à 17,7 p. 100, soit bien en deçà des ménages qui ont une dette hypothécaire de 80, 85, voire 90 p. 100 — certains ménages, pas tous. Nous savons tous que les Canadiens sont lourdement endettés, à hauteur d'environ 1,5 billion de dollars.
On considère également que la gestion de l'offre est nécessaire pour assurer la survie des agriculteurs. Pourtant, 80 p. 100 de nos agriculteurs ne sont pas assujettis à la gestion de l'offre. Nos agriculteurs de l'Ouest, nos céréaliculteurs et nos producteurs de boeuf se sont montrés très dynamiques, prospères et concurrentiels.
Mais plus important encore, nos alliés européens et les pays du littoral du Pacifique manifestent une vive opposition et pourraient empêcher la conclusion d'une entente commerciale qui bénéficierait à tous les Canadiens, et pas seulement à un petit nombre d'entre eux — c'est-à-dire moins de 20 000 agriculteurs.
L'Australie et la Nouvelle-Zélande — et je me ferai une joie d'en parler, parce que j'ai effectué de la recherche sur ce sujet — ont montré que la gestion de l'offre peut être abolie sans que les agriculteurs ne fassent faillite. Les producteurs agricoles australiens et néo-zélandais sont beaucoup plus prospères depuis l'abolition du système de gestion de l'offre qu'il ne l'était sous la gouverne protectionniste de celui-ci.
J'aborderai maintenant rapidement un deuxième irritant important, soit le piètre bilan du Canada à l'égard de la propriété intellectuelle.
Il ne fait aucun doute que les lois canadiennes en matière de propriété intellectuelle sont moins strictes que celles des États-Unis et de l'Union européenne, nos deux plus grands partenaires commerciaux, et que celles de l'ensemble des nations démocratiques libérales du monde. Le Canada fait figure d'exception. Le Canada est le pays rebelle qui contrevient aux normes et aux règles de la communauté internationale.
L'industrie des médicaments génériques, le Conseil des Canadiens et d'autres font valoir que les lois profitent aux grandes entreprises pharmaceutiques et que nous devons appliquer de modestes lois en matière de propriété intellectuelle pour limiter les dépenses en santé.
Permettez-moi de dire les choses le plus directement possible. L'argument veut que parce que nous — le Canada, l'un des pays les plus riches dans le monde — n'aimons pas payer le prix de ceux qui ont financé la recherche et le développement; nous avons le droit de pirater leur R-D et de piller leur système de gestion des connaissances.
Comme ceux qui téléchargent illégalement de la musique piratée et dérobent les artistes, ou la Chine qui procède au piratage systématique de la propriété intellectuelle, ces groupes font la promotion de la légalisation du vol de la propriété intellectuelle.
Remarquez que les automobiles coûtent cher, mais qu'on ne légalise pas le vol de voiture. Et oui, les entreprises pharmaceutiques, comme nombre d'industries de nos jours, sont vastes et concentrées parce que la R-D coûte des milliards de dollars.
En terminant, et pour me faire provocateur, nous devons cesser — comme une minorité de mes étudiants les plus faibles — de couper les coins ronds et de chercher les aubaines plutôt que de réussir à l'ancienne, c'est-à-dire en le méritant. J'invite donc le comité à recommander qu'on abolisse la gestion de l'offre, un système que j'ai décrit comme se basant sur les principes économiques soviétiques, et à rattraper la communauté internationale en matière de propriété intellectuelle. En bref, il faut arrêter de tricher.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie nos témoins.
Monsieur Trew, je suis ravi que vous soyez ici aujourd'hui.
J'aimerais d'abord clarifier certains commentaires. Nous avons critiqué les négociations de même que les ententes de libre-échange en général pour l'économie du Canada. Un emploi sur cinq est lié aux exportations, et le commerce représente plus de 60 p. 100 de notre PIB. Le fait est que, si le Canada avait à survivre sur ce qu'il vendait uniquement au Canada, le pays ne serait pas aussi prospère et n'obtiendrait pas autant de succès qu'aujourd'hui. Il est important de comprendre ce que font les ententes de libre-échange. Les ententes créent des occasions pour les entreprises de toute taille et aident notre économie à être plus forte et à obtenir davantage de succès.
Vous avez aussi fait des commentaires et exprimé des préoccupations par rapport aux négociations et la capacité des Canadiens d'acheter des produits fabriqués localement. Je veux vous assurer que dans le cadre de notre entente commerciale avec l'Union européenne, comme c'est le cas pour toute autre entente commerciale, les négociations ne limiteront pas l'accès des consommateurs canadiens à des aliments salubres et sains, ni ne limiteront leur choix d'acheter des produits locaux ou importés. Je viens d'une collectivité agricole dans la vallée de l'Okanagan, et je sais qu'il est très important d'appuyer nos collectivités agricoles locales et nationales.
Justement, en ce qui a trait aux négociations, une préoccupation que j'entends parfois de mes commettants... Je reçois des lettres de votre présidente nationale du genre à propager la peur dans le but de recueillir des fonds. Maude Barlow fait circuler une lettre demandant aux destinataires de lutter contre l'AECG à tous les ordres de gouvernement et de faire du lobbying auprès du gouvernement Harper pour qu'il tienne des débats parlementaires en bonne et due forme. Elle demande aux gens d'envoyer de l'argent maintenant afin qu'elle puisse continuer sa croisade. Mon désir est de travailler ensemble. Pourquoi faut-il toujours tout faire de façon controversée? Pourquoi ne pouvons-nous pas trouver la meilleure solution pour les Canadiens et aller de l'avant? Je ne vous ai jamais vu appuyer un seul accord de libre-échange.
J'ai travaillé à un gouvernement local — j'ai passé neuf ans à travailler pour le gouvernement municipal, et je serai bientôt député du Parlement pour ma collectivité depuis six ans — je suis préoccupé par certains aspects de vos commentaires. Vous avez parlé de la Fédération canadienne des municipalités. Pourquoi critiquez-vous la position de la FCM? Quelle consultation avez-vous tenue avec elle? Nous avons entendu le président de la FCM, Berry Vrbanovic, accueillir l'engagement du gouvernement fédéral à l'égard d'un AECG, qui créerait de nouveaux emplois et des occasions pour les Canadiens tout en protégeant la prise de décision locale qui constitue l'épine dorsale des collectivités canadiennes fortes et en santé.
Vous avez dit dans votre exposé liminaire que le secteur des municipalités, des universités, des écoles et des hôpitaux ne valait pas le sacrifice, toutefois on entend la FCM, la Fédération canadienne des municipalités... Et l'Association des municipalités de l'Ontario a envoyé une lettre à ses membres indiquant que la relation entre le Canada et l'Union européenne représentait un potentiel extraordinaire pour faire croître le commerce au Canada et la prospérité collective. Le ministre Fast a rencontré la FCM en Colombie-Britannique avec ses dirigeants, et il les a réassurés par l'intermédiaire d'une lettre.
Quelle consultation avez-vous eue avec la FCM, et pourquoi n'appuyez-vous pas le gouvernement local?
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Avec tout le respect que je vous dois, je constate que vous craignez que nous puissions vouloir le faire. C'est presque de l'alarmisme. Il se peut que nous voulions faire ceci ou cela, mais aucune preuve raisonnable n'existe pour le prouver.
Je vous donne un exemple. Vous avez parlé du gouvernement qui pourrait perdre son droit de réglementer en raison des dispositions concernant les conflits opposant les investisseurs et les États. C'est exactement le contraire. Le gouvernement a tout à fait le droit d'imposer des règlements. Les municipalités ont le droit d'imposer des règlements. Le Québec régit les pesticides. C'était aussi simple que cela. Les autorités ont peut-être été déboutées, mais elles ont tout de même gagné le droit de régir les pesticides. C'est terminé. Ils ne vont plus jamais payer. Le dossier est clos.
Ainsi, il ne fait aucun doute qu'elles ont le droit d'édicter des règlements. En fait, les dispositions concernant le règlement des conflits entre les investisseurs et les États le prouvaient.
Vous parlez de l'eau. En fait, l'eau n'est pas un produit de base et ne pose pas problème. Si une région souhaite privatiser ses sources d'eau, c'est à elle de le faire. Les conseillers élus de façon démocratique pourraient prendre une décision et passer au vote, et ils décideraient d'adopter ce mode de fonctionnement.
Vous avez mentionné l'exemple de la France qui a ramené ses services d'eau à l'interne. Selon moi, alors, le système fonctionne. Vous avez le droit de le privatiser si vous le souhaitez. C'est à la région de décider. Nous n'avons pas d'exemple de décisions semblables en Nouvelle-Écosse. La raison pour laquelle vous ne le faites pas est exactement la raison qui démontre que le système a bien fonctionné. Si les responsables ont décidé de privatiser le système, s'ils n'étaient pas satisfaits, s'ils n'avaient pas un bon approvisionnement en eau et que les prix étaient trop élevés, ou s'il y avait d'autres problèmes, ils ont pu prendre des mesures pour renverser la situation.
C'est donc dire, en tout respect, que le système lui-même fonctionne.
Enfin, nous avons rencontré les représentants de la Fédération canadienne des municipalités. Le président de leur comité du commerce a comparu par téléconférence. Comme c'est le cas pour n'importe quel groupe... et je suis certain que tous les néo-démocrates ne sont pas contre le commerce libre, juste et ouvert. Il semble que la plupart le soient, mais je suis certain qu'il y en a qui ne sont pas contre. Il y a probablement des députés dans mon propre caucus qui ne sont pas d'accord avec tout ce que je dis, mais on peut tenir un débat raisonnable. Ainsi, bien sûr, certains membres de la Fédération canadienne des municipalités ne sont pas d'accord. Avec tout le respect que je vous dois, vous ne pouvez tout simplement pas formuler de telles généralisations.
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Monsieur le président, merci beaucoup. Lorsqu'on parle de transparence, j'ai plusieurs questions et préoccupations.
En passant, monsieur Trew, toutes mes questions s'adressent à vous. Vous avez parlé de questions de compétence et de violation des droits des municipalités, essentiellement. Diriez-vous que le Conseil des Canadiens est mieux placé pour s'exprimer au nom des Canadiens que les élus des municipalités canadiennes? Voilà pour ma première question.
Il semble, comme je peux voir, que dans certains cas, le conseil et vous-même êtes les porte-parole de l'opposition néo-démocrate. Tout le monde sait que le NPD est contre le commerce. Outre le fait que l'ancien porte-parole du NPD en matière de commerce, Peter Julian, était un membre fondateur du Conseil des Canadiens, j'aimerais savoir ce que vous pensez au sujet des autres coïncidences que je constate.
Le Conseil des Canadiens dit qu'il appuie le commerce.
Mme Ève Péclet: Posez une question, s'il vous plaît.
M. Devinder Shory: Du calme.
Le conseil demande de renoncer à cet accord commercial, qui créerait 80 000 emplois au Canada et stimulerait notre économie à hauteur de 12 milliards de dollars. Vous avez dit auparavant que c'était un accord idiot. Vous l'avez dit. Le NPD se dit en faveur du traité, mais ne vote pas pour les échanges commerciaux lorsque c'est le temps.
Le président: Vous feriez bien d'en venir à votre question.
M. Devinder Shory: Je vous donne la possibilité de vous exprimer en faveur des échanges commerciaux, que vous affirmez appuyer, et je comprends que c'est difficile pour vous de le faire. Ma question est la suivante. Je dois savoir, tout comme le comité, si le Conseil des Canadiens est en faveur des emplois et des échanges commerciaux ou contre.