:
Je vous remercie, monsieur le président et membres du comité. Je suis heureux de me présenter de nouveau devant vous aujourd'hui.
Je suis accompagné par M. Don McDougall, directeur adjoint, Politique et négociations commerciales, Affaires étrangères et Commerce international Canada et Mme Susan Harper, directrice générale de la Direction générale de la réglementation commerciale et des obstacles techniques, devrait se joindre à nous un peu plus tard.
Nous serons heureux de discuter avec vous aujourd'hui et de répondre à vos questions.
[Français]
Je vais faire quelques commentaires en anglais et en français. Je serai heureux de répondre à vos questions dans la langue officielle de votre choix.
Je me réjouis du fait que le comité poursuive son examen de la relation commerciale entre le Canada et le Brésil. Son rapport de septembre 2009, intitulé Possibilités de renforcer les relations commerciales avec le Brésil, a fourni une analyse et des recommandations très utiles au sujet du renforcement de cette relation commerciale — une priorité pour le Canada aux termes de notre Stratégie pour les Amériques et de notre Stratégie commerciale mondiale —, notamment la recommandation d'engager des pourparlers exploratoires avec le Mercosur quant à la possibilité de conclure un accord de libre-échange ou un accord de coopération économique.
Le Brésil est un puissance économique à presque tous les points de vue. La taille de l'économie brésilienne a dépassé celle de l'économie canadienne, et le Fonds monétaire international prévoit que le Brésil deviendra la sixième économie mondiale à la fin de l'année.
Au chapitre du commerce des marchandises, le Brésil s'est classé, en 2010, au dixième rang des partenaires commerciaux du Canada dans le monde. Le commerce bilatéral de marchandises avec le Brésil s'est établi à presque six milliards de dollars en 2010. Il s'agit d'une progression de 11 p. 100 par rapport aux données de 2008 et d'un bond de 38 p. 100 depuis 2005.
[Traduction]
Les résultats sont encore plus éloquents au chapitre de l'investissement. Avec des investissements de 13,5 milliards de dollars en 2010, le Brésil s'est classé au 8e rang des sources d'investissement étranger direct au Canada — ces investissements ont été faits principalement dans le secteur des mines, dans le secteur du ciment et dans celui des produits de brasserie. Le Brésil a représenté la 11e destination en importance des investissements directs canadiens à l'étranger, lesquels ont totalisé près de 10 milliards de dollars dans ce pays. À l'heure actuelle, quelque 400 entreprises canadiennes sont actives au Brésil, dont plus de 50 dans le secteur minier.
En outre, en matière de tourisme, le Brésil est le marché en plus forte croissance pour le Canada, et selon la Commission canadienne du tourisme, les Brésiliens sont les visiteurs au Canada dont les dépenses quotidiennes sont les plus élevées.
Le nombre d'étudiants brésiliens au Canada a aussi augmenté. Les deux pays ont conclu plus de 80 accords bilatéraux sur les échanges universitaires, et, à l'heure actuelle, le Canada accueille chaque année plus de 17 000 étudiants brésiliens à temps plein ou à temps partiel. Ils injectent environ 70 millions de dollars dans l'économie canadienne. Le Canada est actuellement la destination numéro 1 des Brésiliens qui vont étudier une langue à l'étranger pendant moins de six mois — le Canada accueille chaque année quelque 15 000 étudiants brésiliens à temps partiel qui viennent étudier une langue ici.
La relation Canada-Brésil a connu de grands progrès, pour parvenir à un nouveau niveau de maturité et de coopération constructive.
La réactivation en octobre 2009 — après une pause de 10 ans — de la Commission mixte sur les relations économiques et commerciales Canada-Brésil a constitué un important pas en avant, symbolique de notre volonté de dynamiser la relation commerciale bilatérale. Ce mécanisme offre un excellent cadre pour le dialogue, et a donné lieu à une foule de nouvelles initiatives. La prochaine réunion annuelle de la Commission doit avoir lieu le 1er décembre, à Brasilia, et le sous-ministre du MAECI, M. Louis Lévesque, dirigera la délégation canadienne.
Parmi les autres mécanismes importants, nommons le Comité consultatif sur l'agriculture, le Comité conjoint Canada-Brésil de coopération en science, technologie et innovation et l'accord sectoriel sur le financement à l'exportation d'aéronefs civils de l'OCDE.
En juin dernier, M. Fast, ministre du Commerce international, a dirigé une mission commerciale fructueuse au Brésil dans le contexte de l'essor du secteur brésilien des infrastructures sous l'impulsion des débouchés créés par la tenue au Brésil de la Coupe du monde de la FIFA en 2014, et des Jeux olympiques d'été en 2016, conjugués à l'ambitieux programme du gouvernement brésilien, qui investira 800 milliards de dollars dans l'infrastructure. Le ministre Fast a insisté sur le besoin de resserrer nos liens économiques et d'intégrer nos chaînes de valeur mondiales en vue d'accroître notre compétitivité respective à l'échelle internationale.
Donnant suite aux recommandations formulées dans le rapport de 2009 du comité, le ministre Fast a aussi annoncé le lancement de discussions exploratoires sur le commerce avec le Mercosur, lequel comprend l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, quatre pays dont la population totale s'élève à 245 millions de personnes, et dont le PIB combiné s'élève à 2,6 billions de dollars.
Une première réunion constructive a eu lieu le 31 mai et le 1er juin 2011 à Ottawa, suivie d'une autre, plus tôt ce mois-ci en Uruguay. Les responsables continuent d'échanger des renseignements techniques sur les stratégies suivies par le Canada et le Mercosur dans leurs négociations respectives. Don est à mes côtés pour répondre à toute question qui pourra être posée à ce sujet.
Je dois mentionner que le Canada a également accru son empreinte commerciale au Brésil. Depuis la publication du rapport du comité, le Canada a créé deux nouveaux bureaux commerciaux, à Porto Alegre et à Recife. De plus, il a accru son personnel commercial dans les consulats généraux de São Paolo et de Rio de Janeiro.
Deux mois seulement après la visite du ministre Fast, le premier ministre Harper s'est rendu à Brasilia et à São Paolo du 7 au 9 août derniers. Il était accompagné d'une délégation sans précédent composée de quatre ministres — les ministres Baird, Fast, Ambrose et Ablonczy — et de membres du milieu des affaires. Durant cette visite officielle, le premier ministre a également visité la Colombie, le Costa Rica et le Honduras.
La visite du premier ministre a amplement démontré le degré de priorité que le Canada accorde à ses relations avec le Brésil. Le premier ministre et la nouvelle présidente du Brésil, Dilma Rousseff, ont convenu que, malgré le dynamisme de la relation commerciale actuelle, il reste un potentiel énorme à réaliser.
Un certain nombre de nouvelles initiatives importantes ont été annoncées durant cette visite, et j'aimerais en mentionner brièvement quelques-unes. Tout d'abord, la création du Forum des PDG Brésil-Canada. Le premier ministre a nommé le président de la Banque Scotia, Rick Waugh, à titre de coprésident canadien du Forum, et le président du groupe minier brésilien Vale a été nommé coprésident du Forum pour le Brésil. On a également annoncé le Dialogue sur le partenariat stratégique entre le Canada et le Brésil, qui sera engagé par les ministres canadien et brésilien des Affaires étrangères, et on s'attend à ce que le ministre brésilien des Affaires étrangères vienne visiter le ministre Baird au Canada durant la deuxième moitié — voire même la première — de 2012. Des accords ont été conclus en matière de transport aérien et de sécurité sociale, de même que des protocoles d'entente sur la coopération olympique et sur l'efficacité de la coopération en matière de développement international. On a annoncé l'élaboration d'un plan d'action pour la science et la technologie axées sur l'innovation. Un dialogue sur l'énergie sera engagé par les deux pays, qui sont tous deux d'importants producteurs d'énergie. Le Canada a annoncé l'ouverture de trois nouveaux centres de réception des demandes de visa au Brésil, où l'on procédera à une présélection des documents fournis par les demandeurs pour faire en sorte que nous puissions fournir rapidement des services aux voyageurs d'affaires, aux touristes et aux étudiants ayant légitimement le droit de se voir délivrer un visa. Enfin, durant la visite du premier ministre, on a annoncé la conclusion d'un accord en vue de négocier une entente de coopération en matière de défense et d'initier un dialogue sur la coopération des agences spatiales des deux pays, ou d'en étudier la possibilité.
[Français]
Ces deux visites de haut niveau, à deux mois d'intervalle, ont envoyé un message fort aux Brésiliens. Les attentes sont désormais élevées à l'égard du suivi qui sera effectué pour entretenir et renforcer la coopération. Comme toujours, nous serons heureux de connaître l'avis et les recommandations de ce comité concernant nos efforts pour établir une relation plus solide et dynamique entre le Canada et le Brésil, au bénéfice des entreprises, des citoyens et de l'économie de nos deux pays.
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je serai très heureux de répondre à toutes vos questions.
Merci.
:
Je demanderai à Don de réagir à ce sujet, mais permettez-moi de dire simplement que nous sommes conscients des possibilités que tout cela représente. Il ne fait aucun doute que notre relation avec le Brésil progresse de façon importante, comme le montrent les chiffres en matière d'investissement, de commerce et d'infrastructure, et les possibilités dans le secteur du pétrole et du gaz — la liste est longue.
Ainsi, nous sommes très enthousiastes à propos de cette relation, mais nous sommes également conscients du fait que, comme vous l'avez mentionné, le Brésil pose certaines difficultés sur le plan intérieur direct. Il s'agit de jeter un coup d'oeil à la bureaucratie, aux exigences réglementaires et au temps requis pour créer une entreprise pour comprendre que les choses ne sont pas si faciles qu'elles le semblent. Même les Brésiliens reconnaissent qu'ils doivent procéder à certaines réformes afin de rendre leur pays plus attrayant pour les investissements dans le commerce. Cela dit, nous réalisons de bons progrès.
À mon avis, ce qui est encore plus important, c'est que nous sommes en train d'établir une relation très différente et beaucoup plus positive avec le Brésil, car, comme vous l'avez mentionné, cette relation a été parfois chancelante dans le passé, particulièrement dans le secteur aérospatial, sans compter les quelques cas relevant des affaires consulaires ayant mis en cause les deux pays.
Il subsiste encore des divergences entre le Canada et le Brésil. Par exemple, à l'échelle internationale, sur le plan de la politique étrangère, les deux pays ne voient pas toujours les choses du même oeil. Toutefois, je crois que le gouvernement du Canada et celui du Brésil veulent aller de l'avant, et s'occuper des problèmes épineux pouvant surgir dans un secteur particulier sans que ceux-ci n'assombrissent le tableau général. Le Canada veut aller de l'avant et profiter des merveilleuses possibilités qu'il entrevoit dans un pays qui constitue pour lui une priorité dans le cadre de la Stratégie pour les Amériques et de la Stratégie commerciale mondiale — priorité à laquelle il consacre énormément d'énergie.
Ainsi, nous avons surmonté les différends qui nous ont opposés dans le passé. Il se peut que certains des problèmes que nous avons connus dans le passé ressurgissent de temps à autre, mais je crois que cette relation présente un potentiel énorme.
Don, avez-vous quelque chose à ajouter?
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je vais tenter de ne pas utiliser tout le temps dont je dispose, et je céderai le temps qu'il me reste à M. Holder.
La discussion que nous avons ce matin est très stimulante. Il y a deux ans, je me suis rendu au Brésil, à Rio et à São Paolo. À ce moment-là, l'économie brésilienne était en plein essor, même si la conjoncture économique était difficile. Nous sommes tous conscients du fait que le Brésil est aux prises avec certaines difficultés, particulièrement sur le plan de la sécurité et de la criminalité.
Il y a un élément qui n'a pas été mentionné. On a évoqué la tenue de la Coupe du monde de soccer de la FIFA, et celle, en 2016, des Jeux olympiques, mais il faut également mentionner les investissements gigantesques dans le secteur du pétrole en mer. On sait que le Brésil prévoit dépenser 200 milliards de dollars dans ce secteur au cours, si je ne m'abuse, des deux prochaines décennies. Le Brésil ne peut pas construire les pipelines. Il ne peut pas acheter les pipelines. Il ne peut pas les installer. Il ne peut pas fournir les installations de forage. Il sait qu'il s'agit d'un investissement colossal, et cela représente une merveilleuse occasion pour les Canadiens de mettre à profit l'expertise qu'ils ont acquise dans l'industrie du pétrole, tant en amont qu'en aval.
Pourriez-vous dire quelques mots là-dessus, et sur la possibilité que les travaux et les investissements de ce genre, réalisés par des entreprises canadiennes, encouragent et favorisent le commerce entre le Canada et le Brésil? Comment cela peut-il contribuer, par exemple, à des négociations visant un accord commercial plus étroit, qu'il s'agisse d'un accord de libre-échange ou de quoi que ce soit d'autre?
Je tiens à remercier nos invités de s'être présentés ici aujourd'hui.
En juin 2009, j'ai eu l'extraordinaire occasion de me rendre au Brésil avec le comité. J'ai pu constater de mes propres yeux l'immensité de cet incroyable pays. J'encourage tous ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de visiter le Brésil à le faire.
Nous parlons de pays émergents, mais soyons francs, le Brésil ne fait plus partie de ces pays. À mes yeux, cela ne fait aucun doute. Le Brésil est aux prises avec des difficultés, y compris certaines très graves, mais son statut de puissance économique ne fait plus aucun doute. Je crois que quelques-unes des statistiques que vous avez fournies, monsieur Reeder, soutiennent une telle affirmation.
Cela dit, le Brésil est aux prises avec des difficultés, notamment une très grande pauvreté toujours bien présente. Il existe un énorme fossé entre les riches et les pauvres. À mon avis, il saute aux yeux que la présence d'une importante classe moyenne ne ferait pas de tort à ce pays. Ce n'est certainement pas à moi de dire aux Brésiliens ce qu'ils doivent faire, mais l'immense pauvreté qui règne là-bas devrait tous nous préoccuper.
J'ai toujours cru — et cela explique en partie la passion que j'éprouve à être membre du comité du commerce — que pour améliorer le style de vie et accroître le niveau de vie des gens d'un pays, il faut faire du commerce avec lui, et, ce faisant, on offre des occasions à la population et on contribue à la création d'une classe moyenne.
J'aimerais faire suite à quelques observations formulées par M. Chisholm, et peut-être à quelques observations formulées par M. Keddy.
Je ne sais pas si la question s'adresse à M. Reeder ou à M. McDougall, mais je dois dire que, il y a deux ans, lorsque je me trouvais dans les pays du Mercosur, j'avais été frappé par le fait que la perspective de conclure un accord de libre-échange avec eux me semblait présenter de très grandes difficultés. Le fait de renoncer à un tel accord ne nous empêcherait pas de conclure toutes sortes d'accords parallèles et diverses ententes comme celles que vous avez mentionnées, monsieur Reeder, mais je me demande si, en fin de compte — et vous pouvez mettre une date sur cette fin, si vous le souhaitez —, vous considérez cela comme la réalisation... Je ne suis pas certain que l'objectif de la visite du au Brésil consistait uniquement à conclure ces divers accords. Ont-ils été conclus dans la perspective qu'il serait possible de les intégrer, à un moment donné, à un accord de libre-échange plus officiel avec le Mercosur?
Je vais m'arrêter ici pour vous donner la possibilité de réagir à mes propos.
Je suis préoccupé par le fait que, d'une part, lorsque le ministre en question se rend à l'étranger dans le cadre d'une mission, il affirme, en fin de compte que celle-ci a été couronnée de succès, alors que, d'autre part, il semble surpris et déçu lorsque le Canada est exclu du marché américain à un certain nombre d'égards, ou lorsqu'il se voit imposer de nouveaux droits. Quoi qu'il en soit, je tenais simplement à formuler cette observation.
D'après ce que je peux observer, l'un des principaux griefs des agriculteurs canadiens concerne la présence du boeuf du Brésil au Canada et ses répercussions négatives sur les producteurs bovins du pays. En fait, ce sujet me pose quelques difficultés, car, en l'occurrence, j'appuie la position du gouvernement. Je ne pense pas que la quantité de boeuf du Brésil qui entre au Canada soit énorme. Je ne crois pas que le gouvernement a délivré plus de permis d'importation que ne le prévoit l'entente globale dont nous disposons. J'aimerais que vous nous fournissiez de plus amples renseignements à ce sujet, car nous devons véritablement connaître les faits.
La quantité de boeuf du Brésil importée au Canada a-t-elle augmenté? Le gouvernement a-t-il délivré plus de certificats d'importation liés au boeuf du Brésil que ne le prévoit l'entente globale habituelle? Pouvez-vous répondre à cela?
:
Si vous le permettez, je formulerai deux ou trois observations, puis Don ajoutera peut-être quelque chose.
Je pense que, outre la question de savoir où nous mènent nos discussions avec les pays du Mercosur, ce que nous tentons de faire, c'est de véritablement faire de cette relation avec ces pays notre point d'ancrage en Amérique du Sud. Pour toutes les raisons que j'ai mentionnées, nous devons créer des liens avec le Brésil. Dans une certaine mesure, le Brésil se trouve à la croisée des chemins, comme la Chine durant les années 1990, et est sur le point de prendre son essor. De toute évidence, c'est ce qui est sur le point de se passer, et nous voulons participer aux discussions. Nous voulons que les entreprises canadiennes soient présentes là-bas. Cependant, comme nous avons pu le constater durant la visite du premier ministre, la relation est de nature vraiment pangouvernementale, et les discussions ne portent pas uniquement sur le commerce et l'investissement.
Ce qui est merveilleux à propos d'un pays comme le Brésil — lequel est un acteur régional aussi influent et aussi important que l'est le Canada —, c'est que l'on dispose d'une marge de manœuvre considérable qui nous permet d'adopter de multiples orientations à mesure qu'il change et que le Canada change. Je souligne que, au fil des ans, l'ACDI a versé quelque 150 millions de dollars au Brésil lorsque celui-ci n'était pas un pays à revenu intermédiaire. À présent, nous collaborons avec le Brésil dans le cadre de projets de coopération dans des pays tiers. À présent, depuis que le Brésil est un pays donateur, nous pouvons mettre en commun nos pratiques exemplaires en matière d'efficacité de l'aide. Le Brésil est un important donateur en Afrique. Il y a davantage d'ambassades brésiliennes que d'ambassades du Royaume-Uni en Afrique. Le Brésil est représenté partout en Afrique. Ainsi, nous pouvons maintenant discuter avec le Brésil à propos de nos intérêts communs en Afrique, par exemple en matière d'aide et de coopération ou de commerce.
Si vous examinez la nature des accords que nous avons conclus avec le Brésil, vous constaterez qu'ils témoignent du fait que notre relation avec ce pays est beaucoup plus vaste et beaucoup plus approfondie qu'auparavant, et qu'elle se traduira évidemment par d'autres gains dans les secteurs du commerce et de l'investissement. En outre, comme nous créons de nombreux réseaux et de multiples liens au Brésil, et que ceux-ci sont de nature bilatérale, par ricochet, ils auront des répercussions positives pour nous, et créeront des occasions en matière de commerce et d'investissement dont nous pourrons profiter.
L'autre résultat important de cette visite consiste en la relation personnelle que le premier ministre a nouée avec la nouvelle présidente du Brésil — leurs rencontres ont été très positives, et, comme vous le savez, monsieur, les relations personnelles ont leur importance. La présidente du Brésil est une personne très dynamique; elle vient d'une famille d'immigrants qui s'est installée au Brésil. Elle a une vision des choses très différente de celle de l'ancien président Lula, et nous pouvons déjà constater qu'elle est très intéressée à nouer un dialogue avec nous. Sur le plan personnel, une dynamique a été instaurée: le ministre brésilien des Affaires étrangères viendra au Canada l'an prochain, et la présidente du Brésil devrait venir au Canada l'an prochain ou l'année suivante.
Ainsi, le fait d'engager un dialogue avec un pays comme le Brésil a un effet multiplicateur. Nous sommes très encouragés par cela.
Il ne faudrait pas oublier de mentionner que le gouverneur général se rendra lui aussi au Brésil. Le premier ministre a annoncé que le gouverneur général se rendra à Rio le printemps prochain avec une délégation de l'Association des universités et collèges du Canada qui devrait être composée de 30 recteurs d'université. Le gouverneur général se rendra à Rio, et possiblement à Brasilia et à d'autres endroits de la région. Il s'agit donc d'une autre activité de très haut niveau, qui ne peut qu'être profitable à long terme.
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Merci, monsieur le président.
C'est bien dommage que mon collègue Ron soit sorti. Je suis aussi un fan de soccer, un partisan acharné de l'Italie. Alors, Forza Italia! Je vais le consulter afin d'essayer de former une délégation parlementaire pour aller « enterrer » les partisans dans les stades de soccer brésiliens. Monsieur le président, j'ai l'habitude de vivre dangereusement, j'ai déjà assisté à une finale de soccer avec des fans brésiliens. Mais j'ai survécu.
Monsieur McDougall, vous avez fait une observation très intéressante, que j'ai beaucoup aimée, concernant le libre-échange. Vous avez dit que c'était un instrument parmi d'autres et non le seul pouvant favoriser le commerce, voire les relations entre les pays. Le principe du libre-échange n'est ni bon ni mauvais, c'est simplement un principe tout à fait honorable. Selon moi, ça ne doit pas être une fin, mais simplement un moyen d'établir des liens.
Pour continuer dans la même veine que mon collègue Mathieu, je dirai que les disparités relativement au rapport Doing Business sont assez troublantes, de même que les complications pouvant s'ensuivre. Grâce notamment à mon collègue le ministre d'État Maxime Bernier, j'ai pu constater que la présence d'un traité de libre-échange nord-américain n'empêchait pas que la situation soit parfois très difficile pour les petites entreprises, simplement parce que les installations n'étaient pas adaptées et que certaines tracasseries demeuraient.
Vous avez signalé que les bureaux de délégués commerciaux pouvaient être très utiles, mais considérez-vous qu'on devrait prioriser une certaine harmonisation, sans que ce soit de la négociation à rabais, évidemment? En effet, il faut tout de même conserver certaines mesures de protection, à l'échelle nationale, à l'égard de nos populations et même des entreprises qui vont faire du commerce.
Considérez-vous que dans la perspective d'un éventuel traité de libre-échange avec le Brésil ou le Mercosur, une certaine harmonisation devrait être priorisée pour que nos entreprises n'aient pas à faire face à un déficit important, en termes de compétitivité, sur le marché brésilien?
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie également les témoins.
Je n'ai pas encore visité le Brésil, mais d'après ce qu'ont dit aujourd'hui les témoins et les membres, je crois comprendre que les problèmes intérieurs avec lesquels ce pays est aux prises sont semblables à ceux que l'on observe en Inde, à la différence que ce pays peut, si je ne m'abuse, négocier de façon indépendante et conclure tous les accords qu'il souhaite, tandis que le Brésil doit composer avec les autres pays membres du Mercosur.
Vu la récession mondiale qui a eu lieu et la poursuite claire et nette du ralentissement économique aux États-Unis, il est extrêmement important que le gouvernement du Canada diversifie ses marchés. Comme le montre notre ambitieux programme en matière de commerce, nous avons travaillé très fort là-dessus. Là encore, d'après ce que disent tous mes collègues de tous les partis ici présents, je crois comprendre que nous sommes tous intéressés à ce que le Canada accroisse ses activités commerciales.
Comme M. Cannan l'a mentionné, depuis 2004, le Canada a manifesté de l'intérêt à l'égard du Brésil, et cet intérêt est réciproque. Cependant, il semble que nous soyons toujours en train d'essayer de déterminer si les deux pays peuvent chercher à conclure un accord de libre-échange.
Nous comprenons tous que toutes sortes d'avantages découlent du commerce international, particulièrement parce que le Canada est un pays commerçant. Cela dit, il y a une chose que je n'ai pas encore tout à fait comprise: au bout de six ou sept années de négociations, est-ce que le ministère nourrit encore un quelconque espoir de conclure avec le Brésil quelques accords parallèles ou un accord de libre-échange dans l'avenir, ou est-ce qu'on lui oppose sans cesse une fin de non-recevoir?
À mon avis, monsieur, cela démontre également que notre relation avec le Brésil évolue à mesure que nous nous engageons dans de nouveaux domaines en matière de coopération et que nous allons au-delà des domaines traditionnels.
L'ACDI a commencé à oeuvrer au Brésil en 1968, et d'après les chiffres dont je dispose, elle a versé près de 200 millions de dollars à ce pays en aide officielle au développement. Le Brésil d'aujourd'hui ne ressemble pas à celui de 1968. Pendant 25 ans environ, le Canada a fourni du soutien au Brésil.
Le programme de l'ACDI était axé sur l'extrême pauvreté, l'éducation et la santé. Les chiffres varient d'une source à l'autre, mais on affirme actuellement que, durant cette période, durant les deux derniers mandats du président Lula, de 20 à 30 millions de personnes sont passées de l'extrême pauvreté à la classe moyenne inférieure, ou de cette dernière à la classe moyenne, peu importe la manière dont on définit ces classes. En ce qui concerne le revenu par habitant dans l'ensemble du pays, on constate qu'une part importante de la population touche le revenu moyen ou presque. Il s'agit de statistiques que mentionnait souvent le président Lula, et il s'agit d'une priorité que la présidente Rousseff a reprise à son compte, vu que l'extrême pauvreté que l'on observait dans le passé demeure présente dans les centres urbains. Toutefois, d'énormes progrès ont été réalisés, et le Canada a contribué activement à ces progrès par le truchement de l'ACDI.
À l'heure actuelle, le Canada exécute encore quelques programmes là-bas — une faible quantité de partenariats et de programmes multilatéraux —, mais la dynamique a changé, car le Brésil n'est plus admissible à l'aide publique au développement. Nous avons contribué au développement du Brésil. Nous avons contribué à l'éradication de la pauvreté au Brésil et, en collaboration avec d'autres donateurs et le gouvernement brésilien, nous avons fait accéder des millions de personnes à la classe moyenne inférieure. À présent, nous avons la possibilité de mettre en commun nos pratiques exemplaires de donateurs, et de collaborer dans des pays tiers.
Nous avons fait quelques travaux en Afrique en collaboration avec le Brésil. Je reviens sur ce sujet en raison des liens qu'entretient le Brésil avec les pays lusophones d'Afrique. Nous avons mené conjointement des petits projets au Mozambique et en Angola. Nous voulons discuter avec le Brésil. Je préférerais que des gens de l'ACDI vous fournissent de plus amples renseignements à cet égard, car ces activités ne sont pas véritablement de notre ressort, mais le ministère aimerait qu'il y ait davantage de coopération avec le Brésil dans des pays tiers, y compris en Amérique latine.
Nous espérons que nous serons en mesure de passer à cette nouvelle étape de notre relation. Nous sommes très heureux d'en être arrivés là parce que, par le truchement de l'ACDI, nous avons contribué à renforcer l'économie du Brésil et à améliorer la situation économique de sa population. À présent, nous pouvons collaborer avec lui pour le transformer en pays donateur. Il s'agit d'un important donateur. Il possède un organisme d'aide. Les choses progressent. Toutefois, nous considérons cela comme un aspect de la coopération, car l'ACDI et l'organisme d'aide du Brésil ont beaucoup de choses dont ils doivent discuter. La directrice générale des politiques de l'ACDI doit se rendre au Brésil au cours des prochains mois pour engager ce dialogue.
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Merci, monsieur le président.
Pour continuer dans le même sens que ma collègue Ève, je dois admettre que le Brésil, avec sa position originale, son identité et sa place sur la scène internationale, est très intéressant. C'est un très beau défi que de connaître le pays et, en même temps, d'entamer des négociations pour commercer avec lui. Les défis sont à la mesure de ces nouvelles voies qu'il trace alors qu'il se trouve à briser certains moules. Au fond, c'est un défi pour nous aussi que de s'adapter à cette nouvelle réalité.
Je vais revenir à l'environnement des affaires brésiliennes. Au sujet de la difficulté qu'éprouvent les petites entreprises à faire des affaires dans un environnement où les tracasseries peuvent être un obstacle important, je vous dirais que je me préoccupe grandement de l'avantage concurrentiel dont peuvent bénéficier les plus grandes entreprises canadiennes, par exemple pour des contrats d'infrastructure, au détriment des petites entreprises qui n'ont pas du tout les ressources pour faire face à ces tracasseries. La réalité que vivent bien des entrepreneurs canadiens fait en sorte qu'ils n'ont pas nécessairement les moyens, ou que de tels contrats leur coûteraient beaucoup trop cher. Cela peut même briser leur capacité de concurrencer, d'engager des ressources légales comptables pour faire face à ces défis. À l'opposé, il y a les grandes entreprises multinationales. Je prends pour exemple SNC-Lavalin, qui est déjà implantée et qui, de toute manière, a des ressources énormes. Ce n'est donc vraiment pas un problème pour elle.
Considérez-vous que ces obstacles puissent être à ce point importants qu'ils désavantagent clairement les petites entreprises, de sorte qu'elles pourraient devenir moins concurrentielles par rapport à des entreprises qui ont les moyens de faire face à ces obstacles?
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Je vous prie de m'excuser si je répète certaines choses qui ont déjà été dites. Je crois que vous savez que le Mercosur entretient des relations avec d'autres pays en Amérique du Sud. Dans certains cas, ces pays sont qualifiés de membres associés du Mercosur, et dans d'autres, ils ont conclu un accord de libre-échange avec le Mercosur. Toutefois, ces accords ont tendance à être axés sur les biens, et ces accords ont une portée beaucoup plus restreinte que celle, par exemple, de l'accord que le Mercosur et l'Union européenne ont négocié pendant un certain temps, et assurément d'une portée beaucoup plus restreinte que le type d'accord que le Canada chercherait à conclure.
En ce qui concerne la question posée précédemment concernant les PME, je souligne que nous sommes très conscients des chaînes de valeur, des investissements et des exportations de biens et de services, c'est-à-dire de presque toute la gamme des produits et services que le Canada et ces pays ont à offrir. Nous viserions la conclusion d'un accord global, et à ce jour, aucun accord de ce genre ne s'est concrétisé.
En fait, dans le cadre de quelques-unes de nos conversations, les pays du Mercosur ont mentionné qu'ils n'étaient pas encore en mesure de discuter de cela avec nous, car ils sont en train de mener des pourparlers et des négociations entre eux à propos, par exemple, des marchés publics. À mon avis, nous n'en sommes pas encore au stade où nous pouvons tirer des conclusions à cet égard, mais nous constatons assurément un intérêt sur une foule de sujets. À coup sûr, durant les deux discussions exploratoires que nous avons menées, nous avons mentionné ces sujets, et on ne nous a pas opposé une fin de non-recevoir. Nous comprendrons mieux tout cela une fois que nous commencerons à entrer dans les détails.
Vous avez également posé une question concernant quelques-unes des autres possibilités qui s'offraient à nous, et la nature de quelques-uns des autres outils dont nous disposons en matière de commerce et d'économie. Je ne sais pas si Neil en a déjà parlé, mais ces outils feraient partie de ceux qu'utiliserait, par exemple, un délégué commercial — et j'utilise ce terme dans son acception la plus large, dans laquelle il désigne les personnes qui œuvrent dans le secteur de l'expansion commerciale, de la science et de la technologie, etc. Nous avons évoqué quelques-uns des produits livrables que le premier ministre a annoncés durant son séjour au Brésil.
Quelques-uns de ces autres outils sont des éléments clés du renforcement des liens qui constitueront le fondement d'une relation plus solide avec ces pays. Là encore, la politique commerciale qui fait l'objet de discussions représente un outil très spécifique, mais quelques-uns de ces autres outils, par exemple les accords en matière de science et de technologie — Neil pourra peut-être m'aider à en nommer d'autres —, représenteraient ceux dont nous discuterions afin de renforcer une relation commerciale et économique.
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Je peux peut-être répondre à la question touchant l'éducation.
Quelque 2 500 étudiants brésiliens viennent chaque année étudier à temps plein au Canada. Comme je l'ai mentionné, environ 15 000 étudiants viennent chaque année au Canada pour étudier à temps partiel. Ainsi, le Canada est la destination privilégiée des étudiants brésiliens qui vont étudier une langue — principalement l'anglais, mais aussi le français — pendant six mois ou moins. Par la suite, ils retournent au Brésil, et grâce au diplôme qu'ils ont reçu et à la formation qu'ils ont suivie, ils peuvent progresser beaucoup plus rapidement sur le marché du travail dans leur pays, vu qu'ils parlent l'anglais à titre de langue seconde ou tierce.
Ainsi, au total, quelque 17 000 étudiants à temps plein et à temps partiel viennent étudier au Canada, de sorte que le Brésil est le pays qui envoie au Canada le plus grand nombre d'étudiants étrangers.
En outre, le Brésil profite des programmes de bourses. Le premier ministre a mis en place le Programme des futurs leaders dans les Amériques, un programme de bourses destiné aux étudiants au doctorat des Amériques. Les étudiants brésiliens ont été les principaux bénéficiaires de ce programme, là encore parce qu'ils sont bien établis ici, et qu'il existe de bons liens entre les universités, de sorte qu'elles peuvent sélectionner des étudiants et les envoyer au Canada dans le cadre de ce programme.
Ainsi, dans l'ensemble, les choses se passent très bien sur le plan de l'éducation.
En matière de tourisme, les choses vont aussi très bien, comme je l'ai mentionné. Le bureau des visas du Canada à São Paulo est actuellement le quatrième en importance dans le monde pour ce qui est du nombre de visas délivrés, ce qui est assez révélateur. On a évoqué la multiplicité des discussions que nous menons avec le Brésil, et tout cela fonctionne en synergie, de façon circulaire. L'accord sur le transport aérien que nous avons conclu facilitera le partage de codes — il facilitera l'accès aux transporteurs aériens des deux pays. Tout cela attirera davantage de touristes, d'étudiants et d'hommes d'affaires.
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En ce qui concerne vos deux premières questions, je ne peux pas parler de tous les accords que nous avons conclus avec les autres pays du Mercosur, mais si vous voulez que je vous fournisse quelques renseignements supplémentaires, je peux certainement le faire.
Dans notre domaine, le principal accord que nous cherchons à conclure concerne la protection des investissements étrangers. Nous avons conclu un accord à ce sujet avec l'Uruguay, un autre avec l'Argentine, et nous discutons actuellement avec le Paraguay en vue de conclure un tel accord, à la demande de ce pays. Il s'agit d'un élément de base important pour les activités du genre de celles que nous menons. À coup sûr, nous savons que nous entretenons d'autres relations économiques et commerciales avec chacun de ces pays, par l'entremise d'entreprises canadiennes actives là-bas. Nous avons accru nos relations économiques avec ces pays, surtout depuis le krach de 2001 et 2002. Là encore, nous pouvons vous fournir de plus amples renseignements sur les accords économiques que nous avons conclus avec les trois autres pays du Mercosur.
Quant aux chaînes d'approvisionnement, elles constituent certainement un secteur d'intervention privilégié pour nous. De plus en plus, les entreprises disent que l'on doit se préoccuper non seulement du marché, mais aussi de la chaîne d'approvisionnement. Nous voulons travailler en collaboration avec les entreprises de ce pays, comme nous le faisons avec les entreprises des États-Unis. Il s'agit donc pour nous d'un domaine d'intérêt particulier.
Comme le Canada, ces pays sont riches sur le plan des ressources naturelles. Ils veulent eux aussi bâtir des choses, et nous croyons donc que nous aurons un intérêt mutuel à créer ensemble ces chaînes de valeur. C'est dans cette voie que se dirige le commerce, et c'est cette voie que nous aimerions emprunter avec ces partenaires éventuels.