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La séance est ouverte. Il s'agit de la séance n
o 21 du Comité permanent des finances.
Notre ordre du jour est le suivant: conformément à l'article 108(2) du Règlement, étude des systèmes émergents de paiement numérique.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos invités de cet après-midi. Nous sommes très heureux d'accueillir cinq témoins.
Nous accueillons M. Darren Hannah, vice-président de l'Association des banquiers canadiens. Bienvenue.
Nous recevons Mme Lucie Tedesco, qui comparaît pour la première fois à titre de commissaire de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada. Bienvenue.
Nous accueillons aussi M. David Wilkes, premier vice-président du Conseil canadien du commerce de détail. Bienvenue à vous également.
Nous accueillons ensuite Mme Corinne Pohlmann, vice-présidente principale, Affaires nationales, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Enfin, nous accueillons M. Hugh Cumming, vice-président exécutif de SecureKey Technologies Inc. Merci beaucoup de vous joindre à nous.
Vous disposez de cinq minutes chacun pour faire une déclaration préliminaire, puis nous allons laisser les députés vous poser des questions. Nous allons procéder dans le même ordre, donc en commençant par M. Hannah, s'il vous plaît.
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Monsieur le président, je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, représentant l'Association des banquiers canadiens et ses 60 membres, soit des banques canadiennes ainsi que des filiales et des succursales de banques étrangères exerçant des activités au Canada. Je salue l'occasion de pouvoir discuter avec vous des nouveaux systèmes de paiement numérique au Canada, de souligner le travail du secteur bancaire dans ce domaine et de vous communiquer notre point de vue sur les principaux facteurs dont les décideurs devraient tenir compte dans l'élaboration de politiques publiques.
Il n'y a aucun doute qu'une vague d'innovations submerge l'écosystème des paiements partout dans le monde, y compris au Canada. Les innovations sont surtout évidentes dans les modes de paiement de détail, avec une prolifération de technologies de paiement en ligne et d'applications utilisant la communication en champ proche, ou NFC.
Au Canada, les banques sont à l'avant-garde de la création d'une expérience de paiement plus moderne et plus efficace tant pour les consommateurs que pour les commerçants. La principale innovation dans les paiements de détail depuis 2010 a été le vaste déploiement de la technologie NFC, qui a permis l'introduction aux points de vente de cartes de débit et de crédit sans contact. Le déploiement de cette technologie au Canada a été l'un des plus vastes au monde: environ 10 % de toutes les transactions par carte de crédit au Canada se font actuellement par communication en champ proche.
Plus de la moitié des Canadiens étant propriétaires d'un téléphone intelligent — selon des données récentes —, nous estimons que l'utilisation des portefeuilles mobiles et des paiements mobiles accusera une croissance, offrant ainsi aux consommateurs un choix additionnel de méthodes de paiement efficaces, sécuritaires et pratiques.
Afin de faciliter l'adoption des paiements mobiles, avantageux tant pour les consommateurs que pour les entreprises, les banques et les coopératives de crédit au Canada ont collaboré au développement d'un modèle de référence pour les paiements mobiles NFC au Canada, soit un ensemble de principes communs en matière de paiements mobiles. Plusieurs portefeuilles mobiles ont été introduits par des banques en s'appuyant sur ce modèle.
Entre autres, ce modèle souligne l'importance de la présence de deux facteurs: premièrement, la sécurité des données, pierre angulaire de tout système de paiements, et deuxièmement, le contrôle des consommateurs sur le type de paiements utilisés et sur le moyen d'y accéder. Par ailleurs, le modèle prévoit l'utilisation de technologies actuelles, telles que les terminaux de paiement sans contact. Ainsi, les commerçants peuvent facilement adopter ces nouvelles technologies, en utilisant les systèmes existants d'acceptation des cartes de débit et de crédit.
Pour fonctionner efficacement, l'écosystème des paiements fait appel à la coordination entre plusieurs parties. Définir clairement la conception des systèmes de paiement mobile tôt dans le processus contribuera à intégrer des mesures d'efficience dans le déploiement futur de ces systèmes au Canada.
L'innovation dans le système de paiements doit être encouragée, mais non en l'absence de mesures garantissant la protection des consommateurs et la stabilité du système de paiements actuel. Le comité n'est pas sans savoir que la croissance rapide et l'innovation dans le domaine des paiements numériques ont conduit à un fractionnement accru du marché des paiements avec de nouveaux entrants et de nouveaux compétiteurs qui offrent aux consommateurs des solutions novatrices et attrayantes. L'émergence de ce système de paiements parallèle présente divers risques pour le consommateur canadien en ce qui a trait à la protection du consommateur, à la divulgation aux consommateurs, à la protection des données et à la stabilité du système.
Cela ressort surtout dans le commerce en ligne et les paiements en ligne, où les consommateurs gardent les coordonnées de leurs cartes de débit et de crédit dans des portefeuilles numériques ou transfèrent des fonds dans un compte en ligne pour effectuer des paiements ultérieurs. Plusieurs de ces solutions utilisent, dans l'échange de données sur les fonds et les paiements, les systèmes actuels de compensation et de règlement ainsi que les réseaux de carte de crédit.
Le secteur bancaire a entrepris quelques analyses de ces enjeux avec comme objectif d'en comprendre les effets et de découvrir ce qu'il faut pour les régler, favorisant ainsi le débat et les discussions.
Il en est ressorti de solides arguments en faveur de la réglementation de ce système parallèle, en adoptant des mesures qui visent trois principaux objectifs. Premièrement, veiller à ce que les consommateurs soient adéquatement informés des services de paiement offerts. Deuxièmement, imposer aux fournisseurs de services de paiement le respect des normes et des seuils prudentiels et opérationnels afin de réduire au minimum les possibilités qu'un tel fournisseur nuise aux consommateurs et à d'autres joueurs dans le système. Troisièmement, prévoir un mécanisme de recours pour le consommateur dans le cas où un fournisseur manquerait à ses responsabilités de livrer les services de paiement comme convenu.
Le secteur bancaire est fier de faire partie intégrante de l'évolution du système de paiements solide au Canada. Les banques appuient l'émergence d'un système de paiements numériques ouvert, concurrentiel et novateur, qui mérite la confiance des consommateurs et tient compte de la sécurité et de la stabilité du système de paiements global.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bon après-midi, et merci d'avoir invité l'Agence de la consommation en matière financière du Canada à participer à cette discussion intéressante et importante.
Votre intérêt pour l'étude des systèmes de paiement numérique est très bien accueilli et vient à point nommé pour ceux d'entre nous qui traitent les questions de consommation en matière financière.
Avant de décrire les recherches que nous menons dans ce domaine nouveau, permettez-moi de vous donner un bref aperçu de l'agence. Le gouvernement fédéral a créé l'ACFC en 2001 pour qu'elle fournisse de l'information financière aux consommateurs et supervise le comportement sur le marché des banques et autres institutions financières régies à l'échelon fédéral.
[Français]
Depuis, notre mandat a pris de l'ampleur. Il comprend désormais la responsabilité d'accroître la littératie financière des Canadiens.
[Traduction]
En outre, on nous a demandé récemment d'effectuer des travaux de recherche pour suivre de près et évaluer les tendances nouvelles et les questions qui pourraient avoir une incidence sur les consommateurs de produits et services financiers.
En décembre dernier, nous avons publié un rapport intitulé Les paiements mobiles et la protection des consommateurs au Canada. Nous y traitons de la nouvelle technologie des paiements mobiles, et nous établissons la mesure dans laquelle les consommateurs de produits et services financiers au Canada sont protégés lorsqu'ils les utilisent. Nous vous avons remis le résumé du rapport pour que vous puissiez le consulter, et il contient un lien vers le rapport intégral.
Un paiement mobile est un paiement effectué au moyen d'un téléphone intelligent ou d'un autre appareil mobile, contrairement aux modes de paiement plus traditionnels comme le paiement comptant, par carte de crédit ou par carte de débit. Cela dit, un grand nombre de services offerts actuellement ou qui le seront dans l'avenir permettront aux consommateurs d'utiliser leurs cartes de crédit et de débit comme source de fonds requis pour effectuer un paiement mobile. Le sujet des paiements mobiles nous intéresse tout particulièrement, car les consommateurs canadiens et le marché canadien sont reconnus dans le monde pour être bien placés pour une adoption avec succès de la technologie des paiements mobiles.
Notre rapport conclut que, si les paiements mobiles sont un mode de paiement très pratique, ils présentent aussi des risques potentiels pour les consommateurs.
[Français]
À l'heure actuelle, les obligations en matière de protection des consommateurs varient selon la source sous-jacente des fonds ou selon le type d'entité qui fournit les services de paiement mobile, et cela s'applique à la divulgation, aux mécanismes de règlement de différends et de recours, ainsi qu'à la protection contre la fraude et le mauvais usage des biens.
[Traduction]
Par ailleurs, de nouveaux risques surgissent et compromettent la protection des consommateurs. Par exemple, les maliciels et d'autres logiciels malveillants peuvent poser des risques de vol et de fraude d'identité. De plus, les fournisseurs de services de paiement mobile peuvent vendre des données sur les utilisateurs à des tiers, qui utilisent ces données pour cibler leur publicité — pratique que l'on appelle le profilage — en s'appuyant sur des renseignements comportementaux et géographiques.
L'un des risques qui en découlent est l'offre de produits nocifs à des consommateurs vulnérables, y compris les enfants. Par conséquent, il y a lieu de préparer des documents pour éduquer les consommateurs et les aider à en apprendre plus sur les paiements mobiles, non seulement pour éclairer leur prise de décision, mais aussi pour leur fournir les mesures qu'ils peuvent prendre pour se protéger. L'ACFC est actuellement occupée à préparer ces documents; ils devraient être affichés sur notre site Web au printemps.
Nos recherches nous ont également permis de cerner certaines leçons apprises dans les pays où le taux d'adoption par les utilisateurs est élevé. Le nombre d'intervenants prenant part à des transactions de paiement mobile peut par exemple faire croître le degré de confusion et de complexité du processus de recours et de résolution des conflits. Il s'agit encore là d'un risque potentiel auquel sont exposés les consommateurs.
En réaction, des pays comme la Corée du Sud ont adopté des lois faisant porter la responsabilité ultime à l'institution financière pour ce qui est du règlement des plaintes et des recours, peu importe quel fournisseur de services est à l'origine de l'erreur. L'OCDE fait pour sa part la promotion de l'adoption de normes de protection minimales qui seraient appliquées à l'ensemble des systèmes de paiement mobile.
[Français]
Il sera donc important de surveiller les pratiques commerciales des fournisseurs afin de comprendre si, et dans quelle mesure, les inégalités quant à la protection posent un problème aux consommateurs.
[Traduction]
L'ACFC continuera de surveiller l'évolution des paiements mobiles, et elle encouragera les Canadiens à en apprendre davantage sur leurs droits et responsabilités lorsqu'ils effectuent des paiements mobiles, en consultant l'information que nous mettons à leur disposition.
[Français]
Je vous remercie et je vous invite à me poser des questions à ce sujet.
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Bonjour, et merci, monsieur le président. Je vous suis reconnaissant de m'avoir invité à prendre la parole devant vous et devant les autres membres du comité aujourd'hui.
Comme beaucoup d'entre vous le savent sûrement, les membres du CCCD, le Conseil canadien du commerce de détail, sont de petites et de grandes entreprises de partout au pays et représentent plus de 45 000 magasins de détail de tous types, notamment de grands magasins, des épiceries, des magasins indépendants, des chaînes spécialisées et des commerces en ligne.
La problématique des paiements suscite l'intérêt du CCCD depuis plusieurs années. Nous saluons d'ailleurs les efforts du gouvernement visant à assurer que les commerçants et leurs clients puissent choisir la méthode de paiement acceptée dans leur établissement, de même que l'engagement récent à réduire les coûts associés à l'acceptation des types de paiement, engagement qui a été annoncé dans le dernier budget.
J'aimerais vous exposer certaines des grandes préoccupations qui sont actuellement présentes au sein de la communauté des détaillants en ce qui concerne l'introduction des technologies de paiement mobile. Il est notamment question de la complexité opérationnelle, du coût d'implantation, du choix du commerçant et du client et de l'acceptation ou du consentement exprès.
Permettez-moi de commencer par aborder la question de la complexité opérationnelle. Nous sommes témoins de multiples essais et tests, mais force est de constater que les efforts visant à assurer la collaboration de toutes les parties intéressées en ce qui a trait à la chaîne de paiement demeurent modestes et que très peu de discussions ont lieu concernant l'adoption de normes au sein de l'industrie. À court terme, nous pensons que les technologies risquent de diverger plutôt que de converger et que ce manque de normalisation pourrait compliquer l'émergence du paiement mobile pour les consommateurs et nuire à son efficacité pour les commerçants.
Pour régler ce problème, le CCCD recommande que le gouvernement se charge de s'assurer qu'une plate-forme normalisée sera définie pour les applications mobiles au Canada.
Je vais ensuite vous parler du coût. En tant que détaillants, nous avons la responsabilité, envers les consommateurs, de déployer et de soutenir des technologies qui leur faciliteront la vie et qui n'engendreront pas de coûts supplémentaires pour le système de paiement. L'endiguement des coûts est d'ailleurs essentiel, tant en ce qui concerne le maintien des prix à la consommation que le maintien des marges bénéficiaires des détaillants.
Les paiements doivent tous être traités de la même façon, sans égard au fait que le paiement soit effectué à l'aide d'une carte de plastique ou d'un téléphone intelligent. Un simple changement de forme de paiement ne peut selon nous justifier une augmentation des coûts.
Permettez-moi de vous donner un exemple précis. Prenons celui de la carte présente et de la carte absente. Dans une situation de paiement traditionnel, la carte de crédit du client est soit présente au point de vente, soit absente dans le cas des achats en ligne, pour lesquels on inscrit le numéro de carte, des achats par téléphone ou par correspondance. Les commerçants paient des frais plus élevés aux réseaux de carte de crédit pour traiter une transaction où la carte est absente en raison des risques plus élevés de fraude et des désagréments associés au traitement de telles transactions.
Les situations de ce genre n'existent pas dans l'environnement mobile, et nous encourageons fortement le gouvernement à examiner cela de près. Nous recommandons que les paiements mobiles soient traités comme des transactions avec carte présente, plutôt qu'avec carte absente. Le CCCD demande au comité de recommander que les paiements mobiles soient traités ainsi et que ceux-ci apparaissent dans la mise à jour du Code de conduite sur les paiements.
Les deux derniers sujets que je vais aborder sont le choix du client et celui du commerçant.
En ce qui concerne le choix du client, nous croyons que celui-ci devrait avoir accès à une gamme d'options de paiement au point de vente, et ce, qu'il utilise un portefeuille physique ou mobile. Le CCCD croit fortement que les réseaux, les émetteurs ou les responsables du traitement des paiements ne devraient pas déterminer les paramètres par défaut pour les paiements. Le client devrait lui-même pouvoir choisir son mode de paiement. Encore là, nous encourageons le comité à recommander que ces paramètres soient obligatoirement déterminés par les consommateurs et que ceux-ci apparaissent dans la mise à jour du Code de conduite sur les paiements.
Non seulement est-il essentiel que les consommateurs puissent avoir le choix quant aux options de paiement mobile qu'ils désirent utiliser, mais ce devrait également être le cas pour les détaillants. Notre recommandation finale, monsieur le président, est que les détaillants soient en mesure de décider d'accepter les paiements mobiles et que cette acceptation ne soit pas implicite ni présumée simplement parce que le détaillant accepte d'autres modes de paiement dans son établissement, comme les applications de type « tapez-partez ». La responsabilité de décider d'accepter des modes de paiement, y compris le paiement mobile, doit appartenir au détail, et cet état de fait devrait se refléter dans la mise à jour du Code de conduite sur les paiements.
Je vous remercie moi aussi de m'avoir invité à prendre la parole devant le comité. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions et participerai au débat sur ce sujet très important pour l'industrie du commerce de détail.
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Comme vous le savez peut-être, la FCEI est une organisation sans but lucratif non partisane qui représente plus de 109 000 petites et moyennes entreprises indépendantes du Canada. Je vais parcourir avec vous une série de diapositives que vous avez devant vous, j'espère.
Il ne fait aucun doute que les systèmes de paiement, et surtout de paiements par carte de crédit, sont un sujet délicat pour les commerces de toutes tailles, mais surtout pour les petits commerçants, qui se sentent souvent démunis face aux grands réseaux de paiement, parce qu'ils pensent ne pas avoir d'autre choix que d'accepter les modalités de paiement et les outils technologiques qu'on leur impose.
Ils ont toujours le choix de refuser les cartes de crédit, mais c'est un choix très difficile à faire dans certains secteurs, par exemple dans celui du commerce de détail et de l'hébergement, où les commerçants ne pourraient tout simplement pas fonctionner sans offrir la possibilité à leurs clients de payer par crédit ou par débit, comme vous pouvez le voir à la diapositive 2.
Comme vous pouvez également le voir à la diapo 2, les chèques demeurent le mode de paiement le plus utilisé pour tous les types de petites et moyennes entreprises. En réalité, l'adoption de solutions de facturation et de paiement en ligne se fait lentement au Canada, surtout lorsqu'il s'agit de paiements entre entreprises.
La bonne nouvelle, c'est que la plupart des entrepreneurs constatent les avantages de l'adoption de modes de facturation, de paiement et d'acceptation électroniques, mais ils ont peu de choix conviviaux et abordables. Nous espérons que certaines des nouvelles solutions numériques commenceront à combler cette lacune dans le marché canadien des paiements.
Comme vous le verrez à la diapo 3, même s'il y a beaucoup d'entreprises qui acceptent les cartes de crédit, si elles avaient le choix du type de paiement accepté, très peu d'entreprises des secteurs du commerce de détail et de l'hébergement choisiraient d'accepter les cartes de crédit, et le coût est le facteur le plus important qu'elles citent.
Nous avons été heureux de voir l'adoption du Code de conduite destiné à l'industrie des cartes de crédit et de débit en 2010, puisqu'il a permis de conserver le débit à faible coût dans les magasins du Canada et à donner un peu de pouvoir aux commerçants dans leurs transactions avec l'industrie, mais le code doit maintenant être mis à jour, vu l'arrivée de technologies numériques de toutes sortes sur le marché.
Les paiements numériques peuvent offrir certains avantages aux commerçants et aux consommateurs, mais ils pourraient aussi créer des problèmes importants et faire augmenter les coûts. Il y aura bientôt un nombre accru de concurrents sur le marché, dont beaucoup de nouveaux joueurs, chacun possédant son propre système et son propre barème de frais. Cela pourrait rendre la situation encore plus confuse, complexe et opaque, surtout pour les petits commerçants qui cherchent à trouver un équilibre entre les exigences des consommateurs et les coûts qu'ils doivent assumer pour le traitement des paiements.
Malheureusement, l'arrivée des cartes de crédit privilège au Canada, qui s'est faite de façon rapide et déloyale, a miné la confiance des marchands canadiens envers le secteur des paiements. Les nouvelles augmentations des frais survenues récemment et les projets d'ajout d'un nouveau type de cartes privilège dans le marché canadien n'ont fait que contribuer à une méfiance grandissante. Ainsi, les petites entreprises ont beaucoup de difficultés à croire que l'arrivée des paiements numériques ne va pas donner lieu à une augmentation importante des frais après une période d'adoption initiale.
Ce scepticisme ressort clairement à la diapo 5, qui présente les réponses des commerçants à qui on a demandé d'évaluer les frais liés actuellement à chacun des types de cartes de crédit. La plupart estiment que les frais de débit Interac sont bons ou acceptables, et une majorité des commerçants estiment également que les frais liés aux cartes de crédit ordinaires sont au minimum acceptables, ce qui montre que beaucoup de commerçants acceptent l'idée qu'il y ait un coût lié au service.
C'est à l'égard des cartes de crédit privilège que la plupart des commerçants disent que les frais sont mauvais, puisque de leurs points de vue, les frais supplémentaires qu'ils paient pour pouvoir les accepter ne leur procurent aucun avantage supplémentaire.
Ce qui est encore plus préoccupant, c'est le manque de transparence. Comme vous pouvez le voir à la diapo 6, près des trois quarts des participants au sondage ont dit qu'il leur est assez difficile ou très difficile de comprendre les frais liés aux cartes de crédit. Nous craignons que cela ne puisse être encore plus complexe avec l'arrivée des paiements numériques.
Nous savons qu'il n'y a actuellement pas de différence entre les frais liés aux paiements numériques et les tarifs actuels des cartes de crédit, mais nous trouvons difficile à croire que cette situation demeurera inchangée à long terme, simplement parce que de nouveaux joueurs font leur entrée sur le marché, dont les entreprises de télécommunications. Comme vous pouvez l'imaginer, la confiance des propriétaires de petites entreprises à l'égard des grandes entreprises de télécommunications n'est guère plus élevée qu'à l'endroit des sociétés de cartes de crédit. La réunion de ces deux industries ne rassure pas beaucoup les petites entreprises pour ce qui est du fait que les coûts qu'ils doivent assumer n'augmenteront pas dans l'avenir.
Une solution, c'est de mettre rapidement à jour le Code de conduite destiné à l'industrie des cartes de crédit et de débit pour accorder un certain pouvoir aux commerçants relativement aux nouvelles technologies numériques. Nous avons été heureux de constater que le discours du Trône et le dernier budget faisaient tous les deux mention de nouvelles modifications qui seraient apportées au code dans le but d'accroître l'équité et la transparence et de réduire le coût d'acceptation des cartes de crédit pour les commerçants.
Ces améliorations apportées au code doivent inclure des dispositions exigeant des réseaux de paiement qu'ils obtiennent le consentement écrit exprès pour chacun des nouveaux produits numériques qu'ils offrent, même si les frais sont les mêmes que pour les autres formes de paiement. Nous comprenons que les joueurs de l'industrie ne voudront pas demander leur accord aux commerçants chaque fois qu'une nouvelle technologie, une nouvelle option de paiement ou une nouvelle fonction d'un portefeuille est créée. Toutefois, les marchands ont très peu de pouvoirs, mis à part le fait qu'ils peuvent choisir les options de paiement qu'ils offrent. C'est pour cette raison que le consentement écrit exprès est absolument essentiel pour garantir une certaine équité au sein du système.
La FCEI estime qu'il y a seulement deux parties à une transaction: le commerçant et le client. Les commerçants devraient être les seuls à pouvoir décider quel mode de paiement ils souhaitent offrir, et les consommateurs devraient être les seuls à pouvoir décider du mode de paiement qu'ils souhaitent utiliser. Les paramètres de tous les modes de paiement, de toutes les applications et de tous les outils technologiques devraient être établis de façon à respecter ce que veulent ces deux parties, et les réglages par défaut ne devraient pas être autorisés.
Vu le grand nombre de nouveaux joueurs qui vont faire leur entrée sur le marché des paiements, y compris les entreprises de télécommunications et de technologies, il est essentiel que le code contienne des dispositions efficaces les concernant.
Un processus officiel et accessible de règlement des litiges doit être mis en place. Le mandat actuel de l'ACFC lui permet seulement d'examiner les plaintes relatives à l'information, et elle ne peut conseiller les propriétaires de petites entreprises ni leur offrir de recours. Pour qu'il soit adéquat, le mécanisme de règlement des litiges devrait permettre d'exiger que des problèmes précis soient réglés.
Enfin, comme je l'ai mentionné déjà, il y a une lacune dans le marché canadien des paiements au chapitre des transactions d'entreprise à entreprise et aussi dans une certaine mesure au chapitre des transactions entre les petites entreprises et le gouvernement, dans les deux sens. Nous encouragerions l'adoption de nouvelles technologies de paiement numérique permettant de combler cette lacune grâce à des solutions abordables, accessibles, transparentes, conviviales et sécuritaires qui permettent d'assurer le suivi des transactions.
Merci.
Je vais vous parler brièvement de SecureKey. Nous offrons des solutions d'authentification et de vérification de l'identité aux banques et aux gouvernements. Je vais vous présenter un petit document PowerPoint pour vous donner une idée de l'avenir du commerce électronique.
J'aimerais d'abord commencer par le défi. À l'heure actuelle, les consommateurs doivent s'identifier dans chaque mode de prestation de services pour assurer une expérience continue. Qu'il s'agisse des applications mobiles ou du Web, le défi de l'identité est encore plus grand. Les commerçants doivent demander aux utilisateurs de se créer un nouveau nom d'utilisateur, un nouveau mot de passe ou un jeton d'authentification d'un autre type afin de faciliter les visites répétées et de fidéliser le client. Les utilisateurs doivent donc avoir un mot de passe pour ouvrir une session auprès de chaque détaillant, ce qui crée de la frustration et un risque d'abandon.
Contrairement au monde physique, dans lequel le même justificatif d'identité ou la même carte de crédit ou de débit peut être utilisée chez plusieurs détaillants, chaque site Web a son fonctionnement particulier. Pour permettre la convergence de l'expérience en ligne et en magasin, les utilisateurs doivent pouvoir utiliser le même justificatif auprès de plusieurs détaillants. Bref, les consommateurs doivent pouvoir fournir leurs propres justificatifs d'identité. Nous comparons cela à la formule « apportez votre vin ». Le défi que nous avons à relever, au bout du compte, c'est de permettre aux consommateurs de visiter leurs détaillants favoris à l'aide de justificatifs dont ils vont se souvenir et qui leur inspirent confiance.
À l'heure actuelle, le fonctionnement des sites Web est compartimenté, et chaque organisation l'assure différemment selon les modes d'accès, ce qui crée des expériences et des résultats divergents et force les utilisateurs à se créer un nouveau mot de passe pour chaque site et à télécharger de nouvelles applications mobiles. Les gens réutilisent le même mot de passe d'un site à l'autre, ce qui fait que, lorsque Jean Tremblay se fait voler son identité, nous entendons dire dans les actualités que c'est Facebook qui est à l'origine du problème, alors que c'est en fait un site moins sécurisé qui a permis à une tierce personne d'obtenir son mot de passe.
La norme PCI a été appliquée aux données des cartes de paiement, mais elle n'a pas permis l'interopérabilité nécessaire pour que les commerçants puissent échanger des données. L'expérience et le degré de protection des données varient en fonction du système mis en oeuvre, et ils sont axés sur la carte plutôt que sur l'utilisateur. Les compartiments créent des lacunes qui exposent les consommateurs à l'ingénierie sociale et à d'autres menaces, ce qui donne lieu à des fraudes et à des pertes d'autres natures.
Les justificatifs d'identité fonctionnant dans tous les modes d'accès doivent être solides. Les consommateurs s'attendent à une expérience uniforme. L'adoption d'une méthode de vérification d'identité numérique permettant aux consommateurs d'utiliser les mêmes justificatifs dans les différents modes d'accès et auprès de diverses organisations éliminerait les tensions et la fraude. Ne serait-il pas intéressant de pouvoir utiliser son nom d'utilisateur et son mot de passe de Canadian Tire ou de Pharmaprix chez Costco, et de le faire sans perdre la capacité de communiquer les renseignements voulus ni limiter celle d'entretenir une relation avec les organisations de son choix?
Un exemple concret de ce dont je vous parle, c'est le travail que SecureKey fait au Canada. Les consommateurs utilisent leur nom d'utilisateur et leur mot de passe de la banque et de l'entreprise de télécommunications avec lesquelles ils font affaire pour accéder à plus d'une centaine d'applications gouvernementales. L'expérience est axée sur l'utilisateur, et elle permet une authentification efficace et l'application de mécanismes de protection empêchant la fuite de renseignements personnels. Au Canada seulement, plus d'un million de personnes utilisent ce système en ce moment. Cela illustre bien le fait que l'idée qu'ils puissent fournir leurs propres justificatifs d'identité plaît aux consommateurs.
Parlons maintenant de la façon dont cette transition vers un fonctionnement axé sur l'utilisateur peut être appliquée aux paiements. L'ancienne façon de faire était comparable à un jardin fermé. Les cartes de crédit dominaient. Les données étaient transmises sur le réseau des cartes de crédit. Tous les intervenants — la banque, le commerçant, l'acheteur — participaient aux transactions selon les règles établies et appliquées par l'industrie des cartes de crédit. Nous sommes maintenant en train de passer de réseaux homogènes et consacrés à cette utilisation à une grande diversité de réseaux et de participants à un écosystème.
Les paiements passent maintenant entre les mains de nombreuses parties sur des réseaux partagés. Les portefeuilles numériques et mobiles se multiplient rapidement. Bell, Rogers, Telus, RBC, TD et CIBC ont récemment annoncé l'adoption de stratégies de paiement mobile. Chacune de ces entreprises a une démarche différente et recourt à des technologies différentes, et chacune aborde les questions de la sécurité et des risques de façon différente. En outre, le monde virtuel a vu naître de nouveaux concurrents qui ont tiré parti des changements survenus. Plus de 120 millions de personnes utilisent PayPal pour régler leurs factures en ligne. Amazon est le plus grand détaillant en ligne du monde, avec plus de 100 millions d'utilisateurs.
L'absence de normes a permis de nombreuses brèches très médiatisées, surtout aux États-Unis, pour des raisons de taille, qui ont exposé des dizaines de millions de titulaires de cartes de crédit à la fraude. Le marché a besoin de normes resserrées en matière de protection des données des consommateurs. Pour passer des répertoires individuels tenus par les commerçants à un cadre dans lequel ils demanderont l'accès aux données des consommateurs auprès de sources fiables — les banques, les émetteurs, les portefeuilles numériques ou les attributs d'identité —, il est nécessaire de créer un écosystème d'identité ouverte.
Les gouvernements peuvent y contribuer en précisant les règles de l'équivalent en ligne des pratiques de reconnaissance personnelle des consommateurs qu'utilisent les banques pour permettre la création de l'écosystème d'identité ouverte et de paiement axé sur les utilisateurs dans lequel ils choisiront leur façon d'établir leur identité, l'utilisation qui sera faite de leurs renseignements et les appareils qu'ils utiliseront, et ce qui permettra les vérifications et le suivi.
Comme Internet a créé un bouleversement pour les entreprises du secteur du paiement, le téléphone intelligent vient modifier en profondeur le processus de paiement. Les téléphones intelligents permettent l'adoption d'un nouveau modèle axé sur l'utilisateur.
Ce modèle rend possibles les réseaux de confiance extensibles permettant aux utilisateurs d'utiliser leurs justificatifs d'authentification auprès de diverses entreprises de paiement. Des normes d'authentification efficaces et ouvertes seront fondées sur les appareils mobiles, le matériel de sécurité et des canaux réservés pour les consommateurs. La protection des renseignements personnels est un élément d'importance capitale. C'est l'utilisateur qui décide quelles données sont partagées et à quel moment.
Bref, pour les consommateurs, cela revient à prendre part activement au processus. Plutôt que d'être des consommateurs de technologie passifs, ils deviennent des participants actifs au prochain réseau de paiement.
Enfin, voici certaines des choses qui sont selon nous nécessaires au succès des nouvelles technologies de paiement: le choix et la commodité pour l'utilisateur, grâce à des canaux multiples et à des modes convergents; le fait d'envisager les paiements en ligne, en magasin et de personne à personne comme une seule et même façon de communiquer; la conscience de la tendance à permettre aux consommateurs d'apporter leur propre appareil pour établir leur identité; les normes ouvertes; la sécurité; la protection de la vie privée; le mandat de l'industrie à l'égard de l'acceptation généralisée; et un cadre de soutien pour la réglementation.
Merci.
Madame Pohlmann, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, je voudrais vous poser une question similaire.
David Robinson, de Rogers, a comparu devant le comité mardi. Lorsqu'on lui a demandé comment l'entreprise prévoyait générer des revenus à partir de sa technologie de paiement mobile, voici ce qu'il a dit: « nous facturons l'émetteur pour le service de distribution, de stockage et de soutien sûr de leurs cartes de paiement dans notre infrastructure. » À la question concernant la visibilité des frais liés à la transaction, il a répondu ce qui suit: « Je n'ai aucune façon de savoir à combien s'élèvent les frais de transaction établis entre l'acquéreur et le marchand; aucune façon.»
Donc, pour résumer, on nous a dit qu'il n'y avait pas de frais, ensuite qu'il y en avait, et enfin que personne ne pouvait les voir. S'agit-il là du genre de frais cachés qui sont ajoutés dans la chaîne de paiement, sous le poids de laquelle les petites entreprises croulent déjà? Les petites entreprises craignent-elles que ce genre de choses se produisent encore plus souvent à l'avenir, dans le contexte de la technologie mobile?
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C'est une excellente question. Ce domaine évolue lentement, mais les transactions entre les entreprises et les gouvernements aussi, dans les deux sens. Le gouvernement pourrait peut-être jouer un rôle dans l'élaboration d'un système de paiements au gouvernement et ainsi faire avancer les choses et susciter un peu d'innovation dans ce domaine, non?
Je ne dis pas que c'est quelque chose qui n'existe pas déjà. Ça existe. C'est simplement que, pour l'instant, c'est inaccessible aux petites entreprises, alors comment faire pour nous assurer que les transactions d'entreprise à entreprise deviennent plus accessibles aux petites entreprises?
Encore une fois, j'hésite à proposer quelque intervention directe du gouvernement que ce soit, mais je pense que la solution pourrait être en partie de voir si les gouvernements peuvent examiner la façon dont ils interagissent eux-mêmes avec les entreprises, puisque, pour ce qui est de l'impôt, les entreprises doivent toujours payer le gouvernement par chèque. Il y a peut-être des méthodes ou des moyens pouvant être utilisés pour susciter l'innovation dans le secteur privé également.
Ce sont des idées que je lance. Il s'agit assurément d'une question de plus en plus importante. Il y a vraiment une demande chez les petites entreprises, et les propriétaires de ces entreprises sont frustrés lorsqu'ils essaient d'utiliser les systèmes existants, puisque ceux-ci ne sont pas vraiment accessibles, vu les coûts ou l'infrastructure nécessaire.
Qui sont les gros joueurs du domaine actuellement qui pourraient rendre cela possible?
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Merci à tous les témoins d'être ici aujourd'hui et de participer à cette étude fascinante, surtout pour ceux d'entre nous qui ont encore de la difficulté à utiliser un BlackBerry. Les nouvelles technologies qu'on nous a présentées sont assez formidables.
Madame Tedesco, dans votre réponse à M. Adler, vous avez abordé la question de savoir si les gens dépensent plus d'argent qu'avant. À mon avis, c'est pas mal plus.
Madame Pohlmann, je pense que nous avons déjà discuté de cette question auparavant et que nous sommes encore des membres de votre organisation, chez moi. Les gens ont maintenant une capacité de payer qui, normalement, par le passé... Avant, si on regardait dans sa poche et qu'on voyait qu'on avait seulement 20 $, on se disait: « On ne peut pas aller souper au restaurant. Il me reste seulement 20 $, et cet argent doit me suffire pour le reste de la semaine. » Cela n'a-t-il pas changé la culture dans laquelle nous vivons?
Il s'agit de deux choses distinctes, je suppose. Je comprends la situation de vos membres, car j'en suis un, moi aussi. Du même coup, je constate qu'il y a énormément de choses auxquelles ils se sont opposés — et moi de même — qui ont en fait grandement facilité leurs activités commerciales.
Je vous demanderais d'abord de faire quelques commentaires à ce sujet.
Pourriez-vous dire si, à votre avis, l'énorme dette accumulée par les familles canadiennes est attribuable à l'immaturité de la population qui fait la transition vers cette nouvelle ère électronique?
Madame Pohlmann, à vous de répondre la première.
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Merci, monsieur le président.
Comme je l'ai signalé, j'ai une motion à proposer. La voici:
Que le comité invite la ministre du Revenu national, et les fonctionnaires concernés, à comparaître devant le comité à propos du Budget supplémentaire des dépenses (C) 2013-2014 avant le 6 mars 2014 et que cette séance soit télévisée.
Plus précisément, monsieur le président, j'aimerais discuter de la section du budget intitulée « Fonds pour la mise en œuvre et l'administration de diverses mesures fiscales annoncées dans le budget fédéral de 2012, notamment pour accroître la transparence et la reddition de comptes des organismes de bienfaisance… » Cela fait partie des postes horizontaux, et le financement alloué est de 6,3 millions de dollars.
Si je comprends bien, ces fonds visent à enquêter sur les organismes de bienfaisance, qui — comme on le sait — ont soulevé énormément de préoccupations dans les médias et au sein de la population. Je crois qu'il est tout à fait légitime d'inviter la ministre à comparaître et à parler des dépenses réalisées à cet égard. Je crois savoir que la motion soulève peut-être certains problèmes procéduraux. Si c'est le cas, je serai très heureux de la modifier afin de les atténuer. Par exemple, je pourrais utiliser un libellé plus général ou simplement demander à la ministre de venir témoigner ou de nous fournir les renseignements autrement en vertu du paragraphe 108(2) du Règlement.
Quoi qu'il en soit, je pense qu'il y a certainement lieu d'être préoccupé et de se questionner à la suite des récentes révélations selon lesquelles certains des groupes environnementaux les plus en vue et les plus respectés au pays font actuellement l'objet de vérifications intensives menées par l'Agence canadienne du revenu. Cela a d'abord été annoncé dans une initiative budgétaire de 2012, quand le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver a présenté le plan de 8 millions de dollars visant à mener des vérifications à l'égard d'organismes de bienfaisance comme moyen de sévir contre « les groupes environnementaux et les autres groupes radicaux » qui, selon lui, nuisaient aux intérêts canadiens.
Je pense que les Canadiens méritent des réponses aux sérieuses questions liées à cette dépense budgétaire et à l'utilisation appropriée des vérifications par l'ARC, et c'est pourquoi je propose cette motion aujourd'hui. J'espère que les membres du comité seront d'accord avec moi et appuieront cette motion.
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Pour réagir à ce qui a été dit, je pense bien vous avoir entendu dire que la motion était conforme au Règlement. En vertu du Règlement de la Chambre des communes, le comité a bel et bien le pouvoir de convoquer le ministre des Finances et le ministre du Revenu national. C'est clairement indiqué dans le Règlement.
Comme je l'ai dit, si certains trouvent la portée de la motion trop restreinte, je serai — certes — très heureux d'utiliser un libellé plus général afin de demander simplement à la ministre de comparaître et d'aborder ces questions d'intérêt public. Il est dans l'intérêt des Canadiens que la ministre rende des comptes à l'égard des initiatives de l'Agence.
Comme je l'ai exprimé dans ma proposition, je suis particulièrement préoccupé par les dépenses engagées pour prendre des mesures à l'endroit de ces organismes de bienfaisance. J'aimerais inviter la ministre à livrer ses observations à propos de plein d'autres sujets, comme les paradis fiscaux et la corruption dans le bureau de l'ARC à Montréal. Je veux bien élargir la motion, mais comme cette initiative précise est incluse dans le budget, comme on affecte 6,3 millions de dollars à cette fin, je me suis dit qu'il valait mieux utiliser un libellé précis plutôt que général.
En vertu du paragraphe 108(2) du Règlement, le comité peut demander un rapport sur quelque question que ce soit, et je demanderais à la ministre de nous aider à mener cette étude. J'aimerais étudier la question en détail. Même si cela n'est pas le genre de chose qu'on faisait par le passé dans le cadre de l'étude du Budget supplémentaire des dépenses (C), il est tout de même pertinent pour nous de le faire. C'est à ce comité que la ministre doit rendre des comptes concernant les initiatives et les dépenses de l'Agence, alors il me semble être la tribune appropriée pour aborder de telles préoccupations.