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Je souhaite la bienvenue à tous nos collègues et à tous nos témoins.
Selon l'ordre du jour, nous poursuivons, conformément à l'article 108(2) du Règlement, notre étude sur l'emploi chez les jeunes au Canada.
Nous allons entendre en premier, l'Association des collègues communautaires du Canada. Bienvenue à Mme Denise Amyot, la présidente-directrice générale.
Nous accueillons la directrice générale, Sarah Watts-Rynard, du Forum canadien sur l'apprentissage. Bienvenue au comité.
Nous avons la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, représentée par M. Brent Farrington. Bienvenue.
Nous avons prévu d'entendre un représentant de la Fédération étudiante universitaire du Québec, mais nous attendons toujours ce monsieur.
Nous avons Bonnie Schmidt, la fondatrice et présidente de Parlons Sciences. Bienvenue encore une fois au comité.
Nous accueillons Frank Smith, coordonnateur national de l'Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire.
Nous vous souhaitons à tous la bienvenue. Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter une déclaration préliminaire et nous passerons ensuite aux questions des membres du comité.
Nous allons commencer par l'Association des collèges communautaires du Canada. Allez-y.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous et à toutes.
Étant donné que le taux de chômage chez les jeunes est deux fois plus élevé que le taux moyen national et qu'il y a peu d'amélioration depuis la reprise économique, le gouvernement du Canada doit jouer un rôle de leader pour maximiser les possibilités d'emplois qui s'offrent aux jeunes.
[Traduction]
L'Association des collèges communautaires du Canada, que je représente, est le porte-parole national et international de 133 écoles polytechniques, instituts et collèges publics qui desservent plus de 3 000 collectivités isolées, rurales et urbaines, d'un bout à l'autre du Canada.
Les mesures ciblées pour les jeunes handicapés; j'aimerais commencer par recommander que soient prises des mesures ciblées de façon à augmenter les possibilités d'emploi pour les jeunes défavorisés: ceux qui sont au chômage et qui n'étudient pas, les jeunes autochtones et ceux qui ont une invalidité. Il faut les inciter à participer davantage aux études postsecondaires et à entrer sur le marché du travail en renforçant les programmes fédéraux existants, y compris en augmentant le financement du programme de soutien postsecondaire administré par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada pour que tous les étudiants inuits et des Premières Nations qui ont droit à ce financement puissent y avoir accès.
Deuxièmement, il faut augmenter, par le biais du Programme canadien de prêts aux étudiants, le nombre des bourses accordées aux jeunes provenant de familles à faible revenu, aux jeunes handicapés ainsi qu'aux jeunes qui n'ont pas le statut d'Indien, et qui ne sont pas Métis.
Troisièmement, nous devons renforcer la capacité des organismes autochtones financés par la stratégie de formation pour les compétences et l'emploi destinée aux Autochtones de façon à améliorer les services d'orientation professionnelle, la préparation à l'emploi et la formation en compétences essentielles. Il faut également lancer des initiatives pour appuyer le perfectionnement ainsi que les programmes passerelles en sciences et en mathématiques pour les jeunes qui n'ont pas terminé leurs études secondaires ou qui ne possèdent pas les compétences et les cours préalables exigés pour les programmes postsecondaires. Comme le comité le sait, la plupart des nouveaux emplois font appel à des compétences en sciences et en mathématiques. Les sciences et les mathématiques sont à la base de nombreux postes dans des secteurs clés comme la construction, les TI, la santé, l'ingénierie et l'environnement. Le Canada doit faire davantage pour encourager les sciences chez les jeunes. Nous devons renforcer la capacité des collèges et des instituts à rejoindre les jeunes défavorisés et faciliter l'accès et les passerelles vers les programmes de perfectionnement et les études postsecondaires, y compris vers l'apprentissage.
Quant au soutien accordé aux jeunes sous-employés, il faut adopter des mesures ciblées pour améliorer les possibilités offertes aux près de 450 000 jeunes qui sont mal intégrés au marché du travail. Trente-trois organismes industriels nationaux et l'ACCC se sont réunis pour former une coalition industrie-collèges dans le but de répondre aux défis que posent l'emploi et l'innovation. Les organismes industriels soulignent la nécessité de diffuser une meilleure information sur le marché du travail ainsi que l'importance de dissiper les mythes au sujet de la valeur des programmes d'études supérieures, des diplômes et des certificats décernés par les collèges et les instituts. Bien souvent, les titres de compétence attribués par les collèges et les instituts sont considérés comme de qualité médiocre, ce qui, nous le savons, n'est pas le cas.
Tous les programmes des collèges et instituts sont élaborés avec la participation des employeurs pour faire en sorte que les diplômés possèdent les compétences recherchées par les employeurs. Il serait bon que les jeunes sous-employés connaissent les 660 programmes aboutissant à un diplôme ou un certificat d'études supérieures qu'offrent les 56 écoles polytechniques, instituts et collèges qui constituent nos membres. Ce sont des programmes d'un an, extrêmement spécialisés et axés sur l'emploi. Ces programmes exigent un diplôme postsecondaire ou un baccalauréat. Il est très intéressant de mentionner que notre population étudiante comprend maintenant 22 % d'étudiants qui ont déjà fréquenté l'université.
Pour répondre aux besoins des jeunes sous-employés, l'ACCC recommande que le gouvernement fédéral prenne l'initiative de favoriser la diffusion de l'information relative au marché du travail national, tant sur le côté offre que sur le côté demande, pour que les jeunes disposent de l'information dont ils ont besoin au sujet de la gamme des options d'études postsecondaires qui leur sont offertes ainsi que sur les carrières, les salaires et le temps nécessaire à l'obtention d'un emploi.
Ensuite, il convient de renforcer l'employabilité par l'acquisition de compétences essentielles. Ces compétences sont un élément clé si l'on veut améliorer l'accès à l'emploi et l'employabilité. Les projets en matière de compétences essentielles de l'ACCC financés par l'EDSC achevés en 2013 ont démontré la valeur et l'effet qu'avait la formation en compétences essentielles. Dix-sept projets pilotes collégiaux ont évalué les étudiants et les travailleurs dans l'ensemble du Canada...
Merci de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui pour parler de l'emploi chez les jeunes au Canada. Le Forum canadien sur l'apprentissage vous a remis un mémoire dans lequel sont résumées nos recommandations sur la façon de mieux préparer les jeunes Canadiens à profiter des possibilités de carrière dans les métiers spécialisés.
Le Forum canadien sur l'apprentissage est un organisme national sans but lucratif qui s'intéresse à l'apprentissage d'un point de vue pancanadien. L'apprentissage est réglementé par les provinces et les territoires, mais les groupes intéressés estiment qu'il est utile d'établir des passerelles entre les métiers, les secteurs et les diverses régions du Canada. Notre organisme est un porte-parole national qui influence les stratégies en matière d'apprentissage par le biais de la recherche et de la coopération. En plus de fournir des points de vue impartiaux découlant de recherches, nous établissons des réseaux avec les intéressés pour partager les pratiques prometteuses et promouvoir l'apprentissage comme voie postsecondaire fructueuse.
L'apprentissage relève principalement des provinces et des territoires, mais j'estime qu'il y a un rôle important à jouer au palier national.
Pour ce qui est de votre étude actuelle, j'aimerais faire porter mes remarques sur l'intérêt de l'apprentissage intégré au travail de façon à faciliter l'obtention d'un emploi, à mieux préparer les jeunes à combler les postes dans les métiers spécialisés, à améliorer la visibilité et l'attrait des programmes d'apprentissage et à fournir un soutien pour faciliter la certification des étudiants.
Au Canada, les jeunes ont un excellent accès à l'éducation postsecondaire et disposent d'un large choix lorsqu'il s'agit de programmes et d'institutions. Disposer d'un accès à l'éducation supérieure est un avantage considérable; cependant, grâce à cet accès, l'éducation est devenue une fin en elle-même. Les jeunes qui n'ont pas eu d'emploi à temps partiel pendant leurs études secondaires pourraient fort bien entrer à l'université sans savoir quelles sont les compétences requises pour réussir sur le marché du travail et sans connaître non plus ce qu'ils peuvent apporter à ce marché.
Les programmes d'apprentissage sont différents, dans la mesure où l'apprenant est un employé. L'apprentissage offre la possibilité d'acquérir sur les lieux de travail, des compétences reliées au métier, d'effectuer un travail qui a de la valeur pour l'employeur. Parallèlement, il permet la mise en pratique des compétences reliées au lieu de travail comme la capacité de travailler en équipe, la communication, l'attitude, le respect des délais. Lorsqu'un apprenti est certifié, il possède les qualifications requises et une expérience de travail ce qui est un avantage énorme pour lui.
L'apprentissage soulève toutefois quelques difficultés. Les étudiants brillants sont rarement encouragés par leurs parents, leurs professeurs ou leurs amis à faire carrière dans des métiers spécialisés. Dans un sondage auprès des jeunes que nous avons effectué l'année dernière, 24 % d'entre eux pensaient que les métiers convenaient davantage aux hommes qu'aux femmes. Cette situation reflète ce qu'un étudiant nous a déclaré: « Les métiers spécialisés sont présentés favorablement comme une option pour les étudiants peu doués pour les études. Un de mes amis pensait devenir mécanicien, mais un bon nombre de nos professeurs lui ont dit qu'il valait mieux que ça. »
Nous avons certes constaté que les jeunes étaient davantage disposés de nos jours à envisager des carrières dans des métiers spécialisés, mais 53 % des étudiants ont déclaré qu'un diplôme universitaire était leur premier choix pour ce qui est des études postsecondaires. L'apprentissage a été choisi que par moins de 20 % d'entre eux. Cela reflète la pérennité du préjugé contre l'apprentissage, conçu comme une voie postsecondaire.
Les étudiants qui ont des résultats médiocres à l'école sont encore orientés vers les métiers, mais ils constatent qu'il faut posséder de solides compétences en mathématiques, en sciences et en technologie pour réussir. Franchement, il faudrait orienter nos jeunes qui sont capables de résoudre des problèmes à trois dimensions et qui souhaitent travailler avec leurs mains vers les possibilités qu'offrent les différents métiers.
Lorsque je dis qu'il faut orienter les jeunes vers ces possibilités, je crois qu'il est possible d'améliorer beaucoup cette orientation. Il est certes utile d'informer les jeunes au sujet des métiers en général, mais il faut également leur expliquer où se trouvent concrètement et localement ces possibilités. La réalité est que les pénuries de compétences varient considérablement d'une région à l'autre.
Enfin, j'estime qu'il faudrait faire davantage pour appuyer les possibilités d'emploi longue durée chez les apprentis. Étant des employés non titularisés, ils sont particulièrement vulnérables en cas de congédiement. Les difficultés sur le plan de l'emploi peuvent mettre un terme à une carrière spécialisée avant qu'elle ait même commencée. Comme solution, on peut proposer des regroupements de petits employeurs qui peuvent s'engager auprès des apprentis locaux ou des politiques et des programmes qui reconnaissent que les apprentis sont des apprenants.
Le FCA propose trois recommandations dans le mémoire qu'il a remis au comité. Ce sont là les domaines où j'estime que le gouvernement fédéral pourrait apporter une contribution importante à l'emploi chez les jeunes dans le domaine des métiers spécialisés.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m'avoir invité.
On a fait croire beaucoup de choses aux jeunes Canadiens . On leur a dit que, s'il prenait l'initiative de faire des études supérieures, ils auraient un travail stable, bien rémunéré, qui leur permettrait de rembourser facilement leurs prêts étudiants et qu'ils auraient pendant toute leur vie des revenus élevés.
Malheureusement, la réalité à laquelle les jeunes Canadiens font face est fort différente. Même s'ils représentent moins de 20 % de la main-d'oeuvre, la moitié des 430 000 emplois qui ont été perdus au cours de la dernière récession étaient ceux de Canadiens âgés de 15 à 24 ans. À l'automne 2013, 56 000 seulement des nouveaux emplois nets créés depuis 2009, soit un faible 0,5 %, ont été obtenus par des jeunes Canadiens.
Depuis 2009, l'économie canadienne a créé plus d'un million d'emplois. Pour suivre la croissance de la population, il aurait toutefois fallu que l'économie en crée 280 000 de plus. Cet élément, en plus de l'impact financier qu'ont les travailleurs expérimentés, a aggravé la concurrence qui se joue pour obtenir les emplois créés; Statistique Canada rapporte aujourd'hui qu'il y a 6,3 chômeurs canadiens pour chaque emploi offert. Malheureusement, la plupart des emplois créés au Canada tombent dans la catégorie des emplois précaires, avec des salaires faibles ou stagnants, souvent sans avantages sociaux, et avec une faible sécurité par rapport aux années précédentes. Il est encore plus troublant de constater qu'il existe une tendance qui oblige les jeunes à travailler gratuitement en acceptant des stages non rémunérés. On a calculé qu'il y aurait près de 300 000 postes de stages non rémunérés au Canada cette année.
Les emplois bien rémunérés et intéressants sont difficiles à trouver depuis la récession, mais les frais de scolarité des établissements postsecondaires dans l'ensemble du pays ont continué à augmenter à des niveaux supérieurs à celui de l'inflation. La moyenne des frais de scolarité pendant l'année universitaire 2008-2009 était de 4 700 $. Avançons de cinq ans, cinq ans seulement, et ce montant a augmenté de plus de 1 000 $ pour passer à 5 700 $ par année.
En juillet 2012, il y avait 1,1 million d'emprunteurs qui devaient rembourser des prêts d'études canadiens. Plus de la moitié d'entre eux devaient être remboursés et 17 % de ces remboursements étaient inférieurs aux montants qui devaient être payés aux termes de la Loi. Au Canada, les coûts de l'éducation postsecondaire sont à peu près le double de la moyenne de l'OCDE. Si la tendance se maintient, les enfants nés en 2011 devront sans doute payer 139 000 $ pour obtenir le diplôme d'un programme de quatre ans.
À l'heure actuelle, la dette étudiante des Canadiens est évaluée à près de 28,3 milliards de dollars d'après Statistique Canada. Un endettement aussi élevé compromet la capacité des Canadiens d'intégrer et de participer à l'économie, une fois obtenu leur diplôme. Les jeunes Canadiens attendent de plus en plus longtemps avant d'acheter une maison ou de fonder une famille et avec un endettement étudiant aussi lourd, la perspective de lancer une entreprise est très mince. Ces effets vont également se répercuter sur l'économie globale puisqu'on a calculé qu'au cours des 20 prochaines années, les salaires perdus ou les gains à long terme vont marquer les jeunes Canadiens en raison de leur sous-emploi et du chômage, ce qui va entraîner une perte de 23,1 milliards de dollars.
La concurrence de plus en plus vive à laquelle se livrent les candidats aux emplois offerts favorise de façon disproportionnée les travailleurs âgés qui ont plus d'expérience. Cela s'explique en partie par le fait que les employeurs ne fournissent pas de formation en cours d'emploi. Les investissements consacrés à la formation des employés ont diminué de 40 % depuis 1993. Les générations précédentes avaient accès à la formation en cours d'emploi, mais lorsque les jeunes Canadiens veulent obtenir une formation et de l'expérience en dehors des salles de classe, ils sont de plus en plus souvent obligés de le faire en travaillant gratuitement, bien souvent en faisant des stages non rémunérés. Ces stages favorisent les étudiants qui ont peu ou pas de dettes ainsi que les jeunes Canadiens qui viennent de familles à revenu élevé puisqu'ils sont en mesure de se passer d'un revenu. Ceux qui sont lourdement endettés ou qui viennent de familles à faible revenu, se retrouvent bien souvent au chômage ou occupent des emplois en dehors de leur domaine, ce qui contribue souvent à une dégradation de leurs compétences et à une perte de possibilités de réseautage.
Le taux de chômage chez les jeunes au Canada est proche de 14 %. Cela représente déjà le double du taux de chômage dans l'ensemble de la population, mais il est important de noter que, si ce taux tenait vraiment compte de toutes les personnes qui travaillent dans des emplois précaires sans l'avoir voulu, des jeunes qui n'obtiennent pas le nombre d'heures souhaitées, des diplômés qui retournent aux études parce qu'ils ne trouvent pas de travail ou des jeunes Canadiens obligés de travailler gratuitement ou d'accepter des stages non rémunérés, ce chiffre serait en fait de 27 %. En réalité, le Canada détient le record peu enviable d'être le seul pays de l'OCDE où la majorité des diplômés universitaires gagnent moins que le revenu national médian.
Pour lutter contre le chômage des jeunes et l'inégalité intergénérationnelle, notre fédération, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, recommande que le gouvernement fédéral élabore une stratégie pour lutter contre le chômage et le sous-emploi des jeunes, ainsi que contre les stages non rémunérés qui comprendraient comme première mesure la collecte de données concernant l'emploi pour les jeunes diplômés, en travaillant avec les provinces pour instituer des normes d'emploi pour le travail précaire et les stages, ainsi que la capacité de faire respecter ces normes et de supprimer la pratique des stages non rémunérés au sein des agences du gouvernement fédéral.
Merci.
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Je remercie le Comité permanent des Finances de me recevoir. Je suis président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, la FEUQ. Nous représentons 13 associations étudiantes universitaires de partout au Québec, ce qui totalise plus de 125 000 étudiants de tous les cycles.
Ma présentation portera surtout sur une recherche menée par la FEUQ en 2009 au sujet du travail rémunéré et des études universitaires. Elle reprend les résultats de sondages faits en 2009 auprès de 15 000 étudiants du Québec. Je vais donc traiter de la situation de l'emploi chez les étudiants universitaires du Québec.
Il est important de dresser ce portrait. La situation de l'emploi chez les étudiants est rarement étudiée, étant donné que leur occupation principale n'est pas de travailler, mais bien d'étudier. Tout de même, l'emploi pendant les études universitaires ressemble de plus en plus à une norme et n'est plus une exception aujourd'hui.
La littérature scientifique indique que la décision de travailler est fortement influencée par les besoins financiers. Une étude du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec indique que 70 % des revenus d'emplois des étudiants sont utilisés pour le logement, la nourriture et les frais de scolarité. Vous comprendrez que ces dépenses ne peuvent pas être ignorées par les étudiants.
De 1980 à 2009, le taux d'emploi des étudiants pendant les études à temps plein est passé de 25 %, tous cycles confondus, à 58 % chez les hommes, et à 69 % chez les femmes de premier cycle. Pendant ce temps, le taux d'emploi pendant l'été a très peu changé. Il est supérieur au taux d'emploi canadien moyen pour l'emploi pendant les études.
En 2009, l'enquête menée par la FEUQ révélait que les étudiants de premier cycle à temps plein travaillaient en moyenne près de 19 heures par semaine, alors que plus de 42 % des étudiants travaillaient plus de 20 heures par semaine. Leur revenu moyen s'établissait à 10 500 dollars par année. Chez les étudiants des cycles supérieurs, la moyenne s'établissait à 21 heures par semaine et leur revenu moyen était de 12 500 dollars par année.
Une corrélation importante existe entre le travail et l'endettement étudiant. L'enquête de la FEUQ et son état des lieux subséquent sur l'endettement a relevé que le travail était l'une des premières solutions à l'endettement. Les étudiants travaillant moins ont un taux d'endettement plus élevé, et ce, peu importe la source de l'endettement. On parle ici de prêts et de bourses gouvernementaux, de prêts privés, de marges de crédit, de cartes de crédit et aussi d'endettement familial.
On voit cependant que l'emploi occupé par les étudiants a, la plupart du temps, un effet négatif sur le cheminement académique. On constate que 55 % des étudiants de premier cycle considèrent que leur emploi n'est pas complémentaire à leur domaine d'étude, que 44 % déclarent que leur emploi a un impact négatif sur leur rendement scolaire, c'est-à-dire les résultats scolaires, et que 32 % affirment que ce même emploi est la cause d'un allongement des études.
Plusieurs facteurs font en sorte qu'il est nécessaire pour les étudiants de travailler. C'est le cas des femmes qui sont considérablement plus nombreuses à concilier le travail et les études. Il en est de même pour les étudiants de première génération, c'est-à-dire ceux dont les parents n'ont pas de diplôme universitaire et ceux qui proviennent de milieux modestes. Il en va de même pour les étudiants-parents pour qui la conciliation études-travail-famille peut avoir des répercussions négatives sur le rendement scolaire. Plus de 62 % d'entre eux mentionnent devoir allonger leurs études.
Globalement, les étudiants qui ne bénéficient pas d'une aide financière sous forme de bourses, ou dont les revenus d'été sont plus bas, sont ceux qui doivent travailler le plus pendant leurs études. Leur rendement académique et leur cheminement scolaire subissent le plus d'impact. Ceux qui choisissent, quant à eux, la voie de l'endettement sont les moins susceptibles de poursuivre des études de cycles supérieurs, mais aussi d'acheter une maison, de fonder une famille ou encore de démarrer une entreprise.
Les étudiants des cycles supérieurs, dont les étudiants-chercheurs, travaillent plus que leurs homologues de premier cycle. Conséquemment, ils vivent des contraintes académiques avec plus d'intensité. Ils retardent ainsi leur entrée officielle sur le marché du travail.
Devant ces constats, la FEUQ recommande fortement d'augmenter le financement du programme d'été d'Emploi-Québec afin que les étudiants puissent concentrer leur temps de travail durant l'été et éviter le surendettement, les conséquences négatives sur le rendement académique et accélérer leur entrée sur le marché du travail.
Pour les étudiants des cycles supérieurs, qui doivent concilier les études et le travail et, souvent, les études, le travail et la famille, il est nécessaire d'augmenter le niveau de financement des différents organismes subventionnaires afin d'assurer qu'un plus grand nombre d'étudiants et d'étudiants-chercheurs se dévouent à leurs projets d'étude ainsi qu'à leurs projets de recherche.
Encore aujourd'hui, trop d'étudiants méritants ne sont pas subventionnés pour leurs projets d'études et doivent renoncer à la poursuite d'études supérieures, surtout lorsqu'ils accumulent une plus grande dette étudiante que la moyenne.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de m'adresser au comité.
À titre de fondatrice de Parlons Sciences, j’ai passé les 20 dernières années à aider les jeunes Canadiens à se préparer à entrer dans un monde du travail très différent et à s'y épanouir. Je pense que mon message essentiel est que j'invite vraiment le comité à réfléchir aux vastes problèmes que pose la question suivante: comment amener les jeunes à penser au travail qu'ils souhaitent exercer. À quel âge commençons-nous à penser à ce genre de choses?
Parlons Sciences est un organisme caritatif oeuvrant au niveau national qui offre des programmes éducatifs aux jeunes tout au long de leur développement, du préscolaire jusqu'aux études postsecondaires et universitaires. Nous les aidons à acquérir les compétences et les attitudes essentielles qui sont de plus en plus demandées dans notre économie du savoir. Pour ce faire, nous les faisons participer à des expériences d’apprentissage pratiques dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, aussi appelés les STIM.
Chaque année, nous collaborons avec 40 universités et collèges — nous avons une liste d'attente d'autres établissements qui aimeraient y participer également — pour déployer plus de 3 000 bénévoles qui cherchent à rejoindre les étudiants. La moyenne d’âge de nos bénévoles se situe au début de la vingtaine. Nous oeuvrons aussi auprès de milliers d’enseignants afin qu’ils disposent du soutien dont ils ont besoin pour appuyer leurs élèves dans ce qu'ils veulent faire dans la vie et à trouver des renseignements à ce sujet.
Je dois avouer que les programmes d'emplois d'été pour les jeunes d'EDSC nous aident beaucoup. Je vous invite donc vivement à les préserver. Ils facilitent grandement le fonctionnement des organismes caritatifs.
Aujourd’hui, j’aborderai un certain nombre de points concernant l’emploi chez les jeunes. Je tiens simplement à souligner d’une part, que nous devons faire mieux pour aider les jeunes à comprendre l’importance d’acquérir les compétences en constate évolution qui sont nécessaires pour obtenir un emploi, et d’autre part, que nous devons amorcer le processus beaucoup plus tôt.
Ma première remarque est que les STIM sont à la base des perspectives d'emploi au XXIe siècle. Ces dernières années, Parlons Sciences a produit plusieurs rapports qui examinent les perspectives d’emploi actuelles et projetées, puis leurs liens avec l’apprentissage des STIM. Nous avons constaté qu’une proportion grandissante d’emplois nécessitent des compétences et des connaissances en STIM, peu importe le cheminement postsecondaire menant à ces emplois. Je tiens vraiment à insister sur ce dont ont parlé les deux premiers témoins — les études universitaires, collégiales ou les programmes de formation professionnelle sont nécessaires. Nous avons constaté que les STIM sont vraiment à la base de ces trois parcours.
Nous avons estimé que plus de 70 % des emplois nécessitent une certaine formation en STIM, où ces compétences sont un facteur positif, et ces données ne sont fondées que sur les emplois que nous connaissons en ce moment. Nous avons besoin de compétences en STIM pour les ingénieurs et les techniciens en génie, les travailleurs de la santé, les agriculteurs et les opérateurs de machinerie lourde, et la liste est loin de s’arrêter là. Nous devons cesser de croire que les mathématiques et les sciences sont réservés aux laboratoires de recherches. Elles sont vraiment importantes pour les emplois canadiens.
Et pourtant, malgré cette demande croissante de talents liés aux STIM, moins de la moitié de nos enfants quittent l'école secondaire en ayant suivi les cours requis pour continuer leurs études. En fait, moins de 20 % des diplômés ont suivi un cours de physique. Or, lors d’une rencontre que j’ai eue récemment avec un collège de la côte Est, les professeurs ont confirmé que les cours avancés de physique et de calcul intégral faisaient partie des préalables requis pour l’admission à leur programme des métiers de l’industrie automobile. Lorsque les jeunes quittent l'école secondaire, 80 % de ce groupe disparaît.
L’apprentissage des STIM prépare les gens non seulement à des professions à forte demande, comme nous le pensons habituellement, mais également à des professions peu spécialisées, qui ne sont plus ce qu’elles étaient il y a une génération en raison de l’évolution technologique. La plupart des jeunes ne savent pas à quel point les sciences peuvent leur ouvrir des portes, alors ils abandonnent ces cours. Nous devons en faire davantage pour sensibiliser les jeunes à la valeur de l’apprentissage des STIM pour tous les emplois offerts au Canada, pour toutes les perspectives d’emploi. Trop de jeunes quittent l’école. Ils n'ont pas d'information au sujet des carrières. Ils ne voient pas le rapport. Ils ne comprennent pas que cela concerne leurs possibilités d'avenir.
Pendant que nous parlons de compétences administratives, j'ai quelques idées que nous pourrions aborder au cours de la période de questions.
Mon deuxième point est l'importance de multiplier les possibilités de bénévolat parce qu'il permet d’acquérir de précieuses compétences améliorant l’employabilité. Nous dépendons beaucoup du bénévolat que font des milliers d'étudiants diplômés, des étudiants de premier cycle et des étudiants des collèges des différentes régions du pays. Il y en a dans toutes les régions qui s'occupent bénévolement de programmes pratiques. Nous avons environ une centaine de coordonnateurs étudiants qui étudient à l'heure actuelle pour obtenir leur maîtrise ou leur doctorat et ils font en même temps ce genre de travail comme bénévoles sur leurs campus. En agissant ainsi...
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Très bien. Notre recherche indique que nous renforçons énormément leurs compétences en matière d'employabilité.
Le troisième point que j'aimerais aborder concerne le développement des talents, qui commence à la garderie. J'ai mentionné plus tôt que j'invitais vivement le comité à définir à quel moment un enfant commence à penser à ce qu'il va faire. Bien trop souvent, nous demandons aux enfants, même très jeunes, ce qu'ils veulent faire quand ils seront grands, mais ensuite, nous ne poursuivons pas vraiment la conversation. J'ai constaté qu'environ 20 % seulement des parents parlent des possibilités d'emploi à leurs enfants et vont jusqu'à mentionner le genre de cours préalables dont ils auraient besoin pour le domaine choisi.
Mon quatrième point, c’est que le Canada est le seul pays développé qui n’a pas de ministère de l’Éducation nationale ou de secrétariat d’État à l’apprentissage. Cela nous incite souvent à éviter les discussions qui pourraient regrouper les différents secteurs et nous donner un projet à long terme. C'est pourquoi j'invite le comité à réfléchir au rôle que nous pouvons jouer au palier national pour préparer notre avenir.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de comparaître devant le comité aujourd'hui pour parler de l'emploi chez les jeunes. C'est une question d'importance fondamentale pour le travail que fait notre organisme national.
Je vais principalement parler aujourd'hui de l'emploi des jeunes handicapés de notre point de vue, à savoir un groupe qui représente les étudiants et les diplômés du postsecondaire ayant un handicap.
Depuis sa fondation en 1986, l'Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire s'est donnée comme mission d'assurer un accès intégral à l'emploi et au travail aux étudiants et aux diplômés handicapés du postsecondaire au Canada. Nous représentons plus de 100 000 personnes handicapées qui étudient dans les collèges et les universités publiques canadiennes. La plupart de nos membres sont des jeunes.
L'ANEHNP est un organisme interhandicap qui est contrôlé par les consommateurs et géré par un conseil d'administration national représentant toutes les provinces et tous les territoires. Nous sommes un organisme autonome, mais également un membre du groupe du Conseil des Canadiens avec déficiences.
Nos activités ont principalement porté sur trois domaines de programme stratégique: la réduction de la dette étudiante, l'expérience des étudiants en classe et sur le campus, l'emploi des étudiants et des diplômés. Conformément à notre mission, l'organisme fonctionne en collaboration avec les organismes postsecondaires intéressés, d'autres organismes nationaux pour handicapés et de nombreux groupes d'étudiants, y compris des groupes nationaux comme la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. Nous fournissons également régulièrement des conseils spécialisés à EDSC.
Les principales activités de l'association consistent à tenir un site Web très complet et un portail pour l'aide financière — PrixAccès.ca — et à organiser des rencontres et à faire de la recherche pour nos membres.
Depuis 2005, nous avons organisé 25 conférences relatives au passage de l'école au travail dans diverses villes du Canada dans le but de consulter les jeunes handicapés. Près de 2 000 étudiants et diplômés handicapés des collèges et universités qui sont principalement des jeunes, des employeurs du secteur privé, des professionnels de carrière dans la communauté postsecondaire, des agences d'emploi et d'autres ONG ont participé à ces conférences interactives. Nous avons également créé un programme de bourses national qui a distribué 57 bourses d'une valeur de 3 000 $ à d'excellents étudiants universitaires et collégiaux handicapés des différentes régions du Canada.
Au cours des deux dernières années, nous avons participé à un projet visant à consulter les centres d'emploi et de carrière sur les campus des collègues et universités dans l'ensemble du pays pour savoir s'ils offraient aux étudiants handicapés les services nécessaires. Les jeunes handicapés ont évidemment besoin de davantage de services de soutien de la part des centres d'orientation sur le campus pour veiller à ce qu'ils aient accès à des possibilités de travail d'été et à temps partiel durant l'année scolaire pour renforcer leurs compétences.
Le rapport fédéral de 2013 intitulé Repenser l'incapacité dans le secteur privé préparé par le Groupe de travail spécial sur les possibilités d'emploi des personnes handicapées a mentionné une statistique alarmante:
[...] des 795 000 personnes handicapées qui pourraient contribuer à notre économie, mais qui ne le font pas, près de la moitié (340 000) possèdent un diplôme d'études postsecondaires [...] Ces personnes compétentes et qualifiées peuvent occuper de nombreux postes parmi tous les emplois qui, selon les prévisions, exigeront des études postsecondaires, c'est-à-dire deux emplois sur trois.
Parallèlement, le taux de participation global au marché du travail des adultes handicapés en âge de travailler est d'environ 60 %, contre 80 % pour les personnes non handicapées. L'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu de 2011 démontre que le taux d'emploi des jeunes handicapés âgés de 16 à 24 ans était de 45,7 % et que pour la même cohorte d'âges chez les jeunes non handicapés, ce chiffre était de 56 %. Voilà une grave disparité.
D'après L'Enquête sur la participation et les limitations d'activité de 2006, les personnes handicapées sont plus instruites qu'auparavant et leur profil éducatif est en général semblable aux personnes non handicapées. Cependant, leur participation aux programmes universitaires, par exemple, est sensiblement plus faible que pour la population non handicapée.
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Il va falloir que je saute pas mal de choses. Je vais peut-être reprendre plus loin. C'est un document assez long même si nous l'appelons résumé. Je vais aller au coeur du sujet.
Le gouvernement fédéral a mis sur pied un certain nombre de programmes et de mesures de soutien pour les personnes handicapées: les ententes relatives au marché du travail avec les provinces qui fournissent environ 500 millions de dollars en paiements de transfert et le fonds d'intégration. Il y a Connexion compétences, un programme de soutien à la jeunesse, et environ 17 % des participants à ce programme sont des jeunes handicapés.
J'ai six recommandations à vous présenter: que les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral encouragent l'embauche, la rétention et la promotion des personnes handicapées dans tous les secteurs de l'économie canadienne, y compris la prise de mesures de soutien pour les handicapés et la mise en place des ajustements nécessaires à la réussite des Canadiens handicapés sur le marché du travail; que le gouvernement fédéral renforce son soutien aux études postsecondaires par le Programme canadien de prêts aux étudiants, en particulier les bourses canadiennes aux étudiants et d'autres mesures comme l'aide au remboursement pour les personnes handicapées, pour que davantage de Canadiens handicapés aient accès aux études postsecondaires, que les programmes comme Connexion compétences soient renforcés pour aider davantage de jeunes handicapés.
Il y en a encore deux: que le gouvernement fédéral continue de travailler avec ses partenaires territoriaux et provinciaux pour veiller à ce que les programmes d'aide financière soient mis en oeuvre de concert pour mieux soutenir les étudiants handicapés qui suivent des études postsecondaires. Et enfin, je reprends la recommandation du Conseil des Canadiens avec déficiences présentée au comité HUMA l'année dernière, la voici:
[...] il devrait y avoir un programme d'investissement stratégique pour les jeunes handicapés — c'est-à-dire les personnes entre 18 et 30 ans — de façon à faciliter la transition de l'école au monde du travail pour qu'elles ne soient pas exclues du marché du travail de façon permanente.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence parmi nous aujourd'hui.
Ma question a plusieurs volets. Elle s'adresse surtout aux représentants des associations étudiantes, soit la FEUQ et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants.
Vous avez parlé tous les deux des conséquences qu'entraîne la dette étudiante, non seulement pendant les études, mais surtout par la suite, quand il faut la rembourser. Je vais continuer à marteler le même point que je martèle depuis le début de cette étude, c'est-à-dire l'étude de la Banque TD. Dans cette étude, il est question des conséquences pour un jeune qui vient de finir ses études d'être au chômage ou d'accepter un emploi de type « McJob », comme on les appelle. Il n'y a pas vraiment d'autres expressions qui décrit ce genre d'emplois. Il s'agit d'emplois qui ne sont pas à la hauteur de leurs talents.
Certaines personnes ne réalisent pas jusqu'à quel point les conséquences de l'endettement peuvent affecter un jeune et le forcer à accepter un emploi pour lequel il n'est pas qualifié ou trop qualifié. J'aimerais entendre les représentants des deux associations à ce sujet, en commençant par M. Morel-Laforce, de la FEUQ.
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J'ai mentionné brièvement que le niveau d'endettement des étudiants de premier cycle au Québec est, à la fin du baccalauréat, de 14 000 $. Le Programme de prêts et bourses du Québec leur permet de rembourser le tout après sept ans, mais il reste que cela influencera leurs choix de vie après leurs études.
Comme je l'ai dit, 60 % des étudiants vont retarder l'achat d'une maison à cause de leur endettement et 40 % remettront à plus tard leur projet de fonder une famille. En outre, 45 % vont retarder le lancement d'une entreprise. Ce sont de jeunes entrepreneurs qui voudraient lancer une entreprise québécoise ou canadienne, mais qui ne pourront pas le faire parce qu'ils sont endettés.
Quarante pour cent des étudiants de premier cycle vont retarder leur passage au cycle supérieur à cause de leur endettement. Ces étudiants sont prêts à contribuer à la recherche, qu'elle soit fondamentale ou appliquée, et à faire avancer les connaissances. On a besoin de tels chercheurs. Toutefois, à cause de leur endettement, les étudiants ne pourront pas apporter leur contribution dans ce domaine.
S'ils sont endettés pendant qu'ils font leurs études, cela risque de prolonger celles-ci. Donc, ce sont des travailleurs qui n'iront immédiatement pas sur le marché du travail. Comme cela a été mentionné, le salaire n'est pas toujours garanti après les études. Il n'est pas assuré qu'ils vont trouver un emploi. Ce n'est pas parce qu'on a un baccalauréat ou qu'on fait des études de cycle supérieur qu'un emploi nous attend à la sortie. Encore faut-il le trouver. De plus, on ne sait pas quel salaire on gagnera.
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Certainement. Merci d'avoir posé cette question.
Une des principales raisons pour lesquelles j'ai tellement insisté sur la dette dans mon exposé était que ces deux aspects sont étroitement reliés entre eux. Il n'est pas possible de séparer l'endettement qu'un étudiant accepte aujourd'hui pour obtenir les compétences dont il a besoin de sa capacité à trouver un emploi dans son domaine.
J'ai parlé brièvement des effets de l'endettement d'un étudiant sur la possibilité de trouver du travail à la fin de ses études dans son domaine. Je ne saurais trop insister sur le fait que les stages non rémunérés et ce genre d'emplois précaires entraînent une dégradation des compétences. Les gens perdent les compétences qu'ils ont acquises au cours de leurs études parce qu'ils ne réussissent pas à trouver du travail dans leur domaine. C'est un aspect très grave.
La plupart des gens peuvent trouver un stage non rémunéré dans un domaine donné. Disons qu'un étudiant en ingénierie, par exemple, réussisse à trouver un stage non rémunéré. Il ne peut pas toujours accepter le poste, s'il n'a pas la capacité financière de le faire et s'il doit commencer à rembourser son prêt étudiant. Au Québec, le niveau d'endettement étudiant est plus faible qu'au palier national, mais nous parlons d'une dette de 27 000 $ au palier fédéral. Selon un rapport récent de Statistique Canada, l'endettement étudiant total actuel est de 28 milliards de dollars.
Je pense que c'est un facteur très important pour certaines personnes, et il influe énormément lorsqu'il s'agit de prendre des décisions relatives à l'avenir. À cause de l'endettement, il y a des jeunes qui ne travaillent pas dans le domaine pour lequel ils ont été formés, de sorte qu'ils perdent carrément ces compétences ou alors ils se retrouvent sous-employés.
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Il y a beaucoup d'études internationales qui ont examiné la question des obstacles. Les obstacles varient légèrement selon l'âge du jeune concerné. Au niveau del'école secondaire, c'est un manque de modèles; il y a également une faille très importante dans la perception de la pertinence de ces matières. Bien souvent, le cours qui est enseigné est très avancé, mais il arrive que la base contextuelle manque.
Un autre aspect est le manque de sensibilisation au choix de carrière. J'ai une jeune fille de 15 ans, et lorsqu'elle revient d'un cours de maths ou de physique, elle dit: « Voilà ce que j'ai fait aujourd'hui. Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais cela, ni le genre de travail que je pourrais faire qui m'amènerait à utiliser ce que je viens d'apprendre. Je sais qu'il faut que j'étudie les sciences, parce que tu es ma mère, mais... ».
Des voix: Oh, oh!
Mme Bonnie Schmidt: Une bonne partie de nos activités consistent à étoffer ce contexte auprès des universités, des collèges, de l'industrie et des provinces.
J'aimerais faire remarquer que la plupart des enseignants canadiens n'ont pas de possibilités d'emploi en dehors de la salle de classe, et pourtant il y a 50 ans, nous aurions été en train de parler de la façon d'inciter nos jeunes à continuer leurs études. La moitié de nos diplômés ne finissaient même pas leurs études secondaires dans une société agraire et ils ne possédaient pas ces compétences. Aujourd'hui, tout d'un coup, nous disons que les provinces doivent s'en charger, les professeurs doivent s'en charger, et pourtant, le monde du travail est extrêmement différent de ce qu'il était il y a 50 ans.
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La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants — je ne l'ai pas mentionné au début de mon exposé — est la plus grande organisation étudiante au Canada. Nous représentons plus de 600 000 étudiants d'un bout à l'autre du pays.
Pour ce qui est de nos activités, pour ce qui est de la défense des intérêts des étudiants, nous essayons de faire connaître les problèmes et les préoccupations de nos membres. La plupart des directives qui portent sur la question que vous avez posée viennent de nos membres. Nos membres se réunissent deux fois par ans pour fixer les priorités de nos activités de défense de leurs intérêts, et pour ce qui est des services d'orientation, et des choses de ce genre, nous travaillons en fait en étroite collaboration avec divers partenaires comme l'ACCC, l'AUCC, pour déterminer où ces divers genres de financement, de possibilités de financement, ces bourses en excellence pour la recherche, les choses de ce genre, doivent aller.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de nous avoir présenté vos témoignages et communiqué votre expérience.
Nous effectuons cette étude parce que nous savons qu'il s'agit du marché du travail pour les jeunes Canadiens. Le marché du travail a énormément changé.
J'en parlais avec M. Keddy. Nous comparions nos expériences sur la question de savoir si, lorsque nous étions étudiants, nous réussissions à obtenir des emplois d'été, et ce genre de choses, et il est pas mal plus âgé de moi.
La situation est qu'il y a eu un changement brutal et avec cette récession, nous avons perdu 265 000 emplois pour les jeunes Canadiens — c'est le seul groupe de Canadiens qui n'a pas encore réussi à se rétablir — et c'est ce qui cause, par exemple, une partie des pressions qui explique la tendance à proposer des stages non rémunérés; en effet, même les cabinets d'avocats ne rémunèrent plus leurs stagiaires, ce qui est un grand changement.
Pensez-vous que Statistique Canada devrait suivre les stages non rémunérés pour que nous puissions bien comprendre l'ampleur du problème, parce qu'il est difficile de gérer ce que nous ne mesurons pas?
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Les emplois d'été ont beaucoup changé ces dernières années et pourtant en 2005, le programme Emplois d'été Canada a créé 70 000 emplois. En 2013, il y en a eu à peu près la moitié de créés. Devrions-nous demander que soit augmenté le financement du programme Emplois d'été Canada? C'est une chose que les députés peuvent faire, et le gouvernement réussit parfois à prendre des mesures très concrètes. S'agit-il là d'un domaine dans lequel, vous pensez tous qu'il faudrait investir?
Pour la question des métiers professionnels et spécialisés, quel serait le meilleur ensemble de politiques et d'approches que l'on pourrait adopter pour restaurer l'image des métiers spécialisés au Canada? Il y a eu une certaine diminution du respect accordé à ces métiers. Si l'on veut regarder les grandes réussites, Frank Stronach était un machiniste et il est devenu le chef d'une entreprise mondiale. Il y a beaucoup de gens qui commencent à travailler dans des métiers spécialisés et qui réussissent très bien dans le monde des affaires et ailleurs.
Le gouvernement fédéral devrait-il jouer un rôle de leader, peut-être en adoptant des approches de commercialisation axées sur l'Internet, notamment pour amener les jeunes et leurs familles à penser aux métiers spécialisés et aux carrières professionnelles?
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Je suis heureuse que vous abordiez cet aspect parce qu'il est vrai qu'il existe un stigmate à ce sujet. Le stigmate vient des parents. Si vous demandez à la plupart des parents quelle est la profession qu'ils rêveraient voir leurs enfants exercer, ils vous diraient que ce serait qu'ils aillent à l'université. Ils ne pensent jamais aux collèges.
Pourquoi? Ils ne savent pas ce qui se fait dans les collèges. Ils ne savent pas que les collèges offrent des diplômes et des programmes d'études supérieures. Ils ne savent pas qu'un apprenti peut devenir propriétaire. Vous venez de donner un excellent exemple, celui de M. Stronach.
L'autre aspect est que je crois qu'il existe un problème chez les conseillers en orientation — la plupart des conseillers en orientation ont étudié à l'université et ils ne savent pas non plus ce qui se fait dans les collèges — et la même chose pour les professeurs, parce qu'ils reçoivent leur formation à l'université. Cela représente une grande partie du problème.
Le gouvernement pourrait lancer une campagne nationale pour parler des métiers, des diverses carrières qu'ils offrent. Je dirais que les établissements postsecondaires devraient être obligés d'afficher sur leur site Web l'information qui indique ce que font leurs diplômés. Tous les collèges, instituts et écoles polytechniques le font. Cela veut dire que les étudiants savent qu'ils trouveront un emploi dans leur domaine dans les six mois.
Je tiens à souligner que ce sont les parents qui influencent le plus les étudiants, mais je ne suis pas sûre qu'il serait bon d'encourager le comité à privilégier un seul domaine.
Nous avons, je crois, une très belle possibilité de parler de la nouvelle génération des emplois au Canada et pour les faire connaître tous. Il n'y a pas suffisamment de jeunes qui ont des diplômes d'ingénierie, de sorte que... Il faut éviter de privilégier une seule voie. À Parlons Sciences, nous mentionnons toujours les trois voies possibles, avec tout le reste: il y a l'université, les collèges et les écoles professionnelles...
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos témoins.
J'aimerais poursuivre sur les commentaires qu'a faits Mme Schmidt. Nous avons cet énorme — et je n'aime pas du tout utiliser ce mot, parce qu'il est trop utilisé — problème organique qui ne fait que grossir.
Je ne sais pas si l'on peut guérir notre système, mais je pense que nous pouvons intervenir de façon ponctuelle.
Ma première question s'adresser à Brent et à Tierry. Un des problèmes que pose l'endettement étudiant est que les étudiants sont limités quant au montant qu'ils peuvent gagner. S'ils gagnent trop, ils n'ont pas droit à un prêt étudiant. Cela me semble prendre les choses à l'envers. Je ne suis pas sûr d'avoir la réponse, mais ne rencontrez-vous pas ce genre de situation constamment? Le constatez-vous avec les associations étudiantes?
Ma question suivante porte également sur les petites entreprises et s'adresse à Mme Watts-Rynard du Forum canadien sur l'apprentissage.
Comme vous le savez, les subventions incitatives aux apprentis ciblent bien sûr ces derniers. D'après ce que vous avez dit, il semble qu'une des difficultés auxquelles nous faisons face est qu'il faut veiller à ce que les entreprises fournissent un emploi aux apprenants pendant toute la durée de leur apprentissage, aspect qui s'est avéré particulièrement difficile pour les petites entreprises.
Est-ce que la subvention canadienne pour l'emploi va être utile dans ce domaine en autorisant, par exemple, les employeurs à utiliser une partie du salaire qu'ils versent aux apprentis à titre de contribution qui peut s'élever jusqu'à 5 000 $?
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Oui. C'est sans doute une question plus vaste qu'il faudrait poser au Conseil des Canadiens avec déficiences, qui ne sont pas là en ce moment, et qui en savent probablement davantage que moi.
Mais effectivement, la grande question est de veiller à ce que les étudiants... En Ontario, par exemple, l'étudiant qui bénéficie du POSPH, si l'étudiant a un handicap physique, a besoin de services auxiliaires et de soins médicaux, il doit assumer des coûts de transport et tous les frais associés à son handicap, alors il est peu incité à travailler parce qu'il sait qu'il va perdre la prestation du POSPH. Ce n'est pas une question qui se pose uniquement pour le gouvernement fédéral. Une bonne partie de tout ceci est reliée à la façon dont les provinces choisissent de mettre en oeuvre leurs programmes de soutien aux personnes avec déficiences, c'est donc une question à la fois fédérale et provinciale. Il faut donc faire en sorte qu'il y ait une incitation suffisante pour que les gens travaillent sans perdre leur prestation de personne handicapée, qui pour eux est essentielle.
Vous avez parlé d'un étudiant de votre circonscription qui est autiste. Je dirais qu'actuellement il y a un fort pourcentage d'étudiants qui fonctionnent très bien avec l'autisme — comme le syndrome d'Asperger, par exemple — dans les programmes collégiaux et universitaires du Canada et qui obtiennent d'excellents résultats. Il y a aussi beaucoup d'étudiants qui ont des problèmes de santé chronique ainsi que des problèmes de santé mentale. Une bonne partie de ces étudiants ont besoin de mesures de soutien et de programmes qui les aident à entrer sur le marché du travail.
De sorte que oui, le gouvernement fédéral fait beaucoup de choses, je pense, pour améliorer et renforcer le financement et les ententes relatives au marché du travail.
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Oui. Je crois que les données du EDTR les plus récentes montrent qu'au cours des 10 dernières années, le pourcentage des étudiants handicapés qui obtiennent des diplômes universitaires, par exemple, a doublé par rapport à ce qu'il était il y a 10 ans, ce qui est encourageant. Le problème est donc qu'une grande partie de ces étudiants doivent davantage continuer à étudier que les étudiants qui n'ont pas ces déficiences, de sorte qu'il est important qu'ils aient accès à un financement pour les études supérieures, par exemple.
Le Programme canadien de prêts aux étudiants est généreux, parce qu'il accorde à de nombreux étudiants des prêts et bourses pour le premier cycle, mais pour que les personnes handicapées puissent leur faire concurrence sur le marché du travail, il faut bien souvent qu'elles obtiennent un autre diplôme ou qu'ils aient un niveau d'éducation supérieure, en particulier s'ils n'ont pas les compétences que les autres ont acquises grâce aux emplois d'été et au travail à temps partiel qu'ils effectuaient pendant leurs études.
C'est une combinaison de réussite universitaire et de diplôme et aussi des compétences acquises par l'expérience du milieu de travail, parce que cela est ce que recherchent les employeurs. Il est donc important de prévoir un financement pour que ces personnes puissent poursuivre leurs études. Il y a des mesures, comme le programme d'aide au remboursement pour les personnes handicapées, qui aide celles qui doivent rembourser leurs prêts, les personnes qui ont des déficiences et à faible revenu, mais il faudra faire davantage pour favoriser leurs études et réduire les dettes.
Brent a parlé de l'endettement considérable des étudiants canadiens qui ont fait des études postsecondaires. L'endettement des diplômés handicapés est encore plus élevé et en moyenne, leur niveau de revenu est beaucoup plus faible, en particulier pendant les premières années sur le marché du travail.
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Merci, monsieur le président. Il me donne du « président » parce que je préside un autre comité, ce n'est pas pour des raisons politiques.
Cela dit, je suis ravi d'être ici. J'ai une ou deux questions à poser.
Je ne suis pas tout à fait dans la même situation que M. Cullen. Ma fille vient d'obtenir son diplôme. Elle a fait un programme co-op à l'Université d'Ottawa, un baccalauréat en communications. Je vais être franc, elle a refusé plusieurs emplois. Celui qu'elle a ne lui plaît pas, et elle cherche autre chose, même si elle est bien payée.
Ce qui m'a le plus surpris, en tant que parent... et je ne suis pas du genre à lui avoir dit que sans l'université, il n'y avait point de salut. Nous avons essayé d'encourager nos deux filles à faire autre chose, mais elles savent ce qu'elles veulent. L'autre est dans une école aux États-Unis, qui ne coûte rien que 30 000 $ par an. J'ai déjà atteint les 120 000 $...
Le problème, c'est qu'un grand nombre des étudiants qui ont eu leur diplôme en même temps qu'elle — ils l'avaient eu l'année d'avant, parce que, comme elle a fait co-op, ça lui a pris plus de temps — n'avaient aucune idée du genre de boulots qui étaient disponibles. Ils avaient beau être éduqués, ils étaient tous un peu perdus.
Alors j'ai décidé, en tant que député — et je viens tout juste de commencer à le faire, à cause de ça —, de parler dans mon bulletin trimestriel des possibilités d'emploi existant dans diverses industries. J'ai fait un topo sur les laboratoires médicaux, par exemple, et sur l'industrie maritime, notamment dans les Grands Lacs. Mes collègues d'en face vont être furieux, mais j'en ai aussi fait un sur l'industrie nucléaire, car il y a beaucoup d'emplois dans ce secteur, qui exigent toutes sortes de qualifications et de diplômes.
Qu'est-ce que le gouvernement pourrait faire, puisque les parents et les écoles secondaires ne le font pas, pour mieux faire connaître les industries qui offrent des emplois? Dans ma ville, il y a une entreprise, Evertz Microsystems, qui a une liste d'offres d'emploi aussi longue que le bras. C'est vrai que ce sont essentiellement des emplois très qualifiés, mais j'ai justement rencontré un jeune qui a été recruté. Il a 28 ans, et il vend du matériel dans le monde entier. Comme il est aussi ingénieur, il fait également de la conception.
Ce que je veux savoir, c'est ce que le gouvernement ne fait pas bien ou ce qu'il pourrait faire mieux pour faire connaître les secteurs d'emploi prometteurs? Quelqu'un a-t-il une réponse à cela?
Oui, Brent. J'ai été président du conseil des étudiants de l'Université de Guelph, et nous faisions partie de la FCEE à l'époque. Allez-y.
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En réponse à la première question sur ce qu'a fait la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants à ce sujet, je peux vous dire que nous avons consulté et que nous avons collaboré étroitement avec le gouvernement fédéral. Celui-ci vient d'inaugurer un portail en ligne qui présentera des prévisions, des emplois vacants, des offres d'emploi, des projections des salaires à court terme, etc. C'est très utile de donner ce genre d'informations.
Mais je vais vous répéter ce que je disais aux fonctionnaires du ministère qui travaillaient avec moi sur ce projet: attention de ne pas trop dévier vers une économie dirigée, car dans ce cas-là, si vous faites trop de promotion sur un secteur en particulier, comme l'a dit Bonnie, ça conduit inévitablement à une saturation. Beaucoup de gens s'orientent vers ce secteur, alors qu'il y a des emplois vacants et des pénuries dans d'autres secteurs.
Il n'existe pas de panacée. C'est formidable de donner toutes les informations, mais la multiplicité des sources d'information est importante. Je crois que le gouvernement va cependant dans la bonne direction.
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Je vais vous donner un exemple pour vous montrer comment on peut faire découvrir certaines choses aux jeunes.
Il y a quelques mois, j'étais à Calgary, face à un auditoire d'environ 600 jeunes. J'avais affiché un diagramme que nous avions élaboré à partir de notre rapport récent sur l'apprentissage des sciences. C'était une série des 10 meilleurs emplois dans le secteur public, aux États-Unis et au Canada, de l'avis de plusieurs personnes. Imaginez, ça faisait une grille de 80 emplois au total.
Nous avons donné à chaque un code couleur différent. Vert si c'était un emploi STEM, bleu si c'était un métier spécialisé où les compétences STEM étaient utiles. Quand j'ai montré le diagramme, j'ai senti la surprise de l'auditoire car plus de 70 % des emplois avaient un code couleur. Les enfants ont vraiment réalisé que ce qu'ils étudiaient en 10e année allait leur ouvrir toutes ces portes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je souhaite poursuivre sur la question du sous-emploi.
Tout à l'heure, nous avons entendu une discussion, à savoir si le terme est légitime ou non. Toutefois, c'est le terme qu'utilise le gouvernement pour qualifier des emplois qui ne sont pas à la hauteur des habiletés des gens qui les occupent.
J'aimerais demander à tous les témoins, et les associations étudiantes ont probablement une vision plus claire à cet égard, s'il existe des études qui démontrent que de plus en plus de jeunes sont obligés d'occuper des emplois qui ne sont pas à la hauteur de leurs qualifications. Le sous-emploi est-il véritablement un problème?
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Je vous ai dit tout à l'heure que nous avons organisé, dans tout le Canada, près de 30 forums sur la transition de l'école à la vie professionnelle, et que des représentants d'un grand nombre d'entreprises privées issues de toutes sortes de secteurs d'activité, sont venus parler aux étudiants souffrant de handicaps et aux conseillers d'orientation qui travaillent dans les campus.
Je pense que beaucoup d'employeurs font des efforts mais, malgré ça, le pourcentage de travailleurs handicapés reste faible dans la plupart des branches d'activité du secteur privé, mais aussi au niveau du gouvernement fédéral. Je crois que ce pourcentage se situe autour de 3 %, et le gouvernement fédéral a donc encore beaucoup d'efforts à faire pour assurer l'équité en matière d'emploi.
Il y a des industries qui prennent des initiatives tout à fait novatrices. Par exemple, certaines ont des programmes de formation… Dans le secteur des services financiers, par exemple, si vous souffrez d'un handicap, vous avez plus de chances d'obtenir le soutien nécessaire ou des services d'interprétation en langue des signes.
D'un autre côté, j'entends souvent dire — il y a encore quelqu'un qui l'a dit à une réunion avec des organisations de personnes handicapées qui avait été organisée par RHDSC — que les banques n'ont pas un problème d'embauche, elles ont un problème de rétention des effectifs.
Ce qui arrive souvent dans ce secteur, et dans d'autres aussi, c'est que les personnes souffrant de handicaps — dont beaucoup ont un diplôme universitaire — sont affectées, à leur embauche, dans un centre d'appels, par exemple. Selon la gravité de son handicap, la personne qui se retrouve dans un centre d'appels a peu de chances de réussir, car dans ce genre d'environnement, il faut faire un certain nombre d'appels dans un délai donné, produire un certain nombre de gadgets dans un délai donné, ce genre de choses.
Quand on embauche des personnes souffrant de handicaps, ça implique parfois de voir les choses différemment. Par exemple, une affectation dans un centre d'appels n'est peut-être pas l'idéal pour une personne handicapée. Une personne qui a un problème de communication parce qu'elle souffre de paralysie cérébrale, par exemple, ne peut pas faire de démarchage téléphonique; par contre, si elle a un diplôme en commerce, elle peut fort bien occuper un poste dans un service commercial, à un guichet ou à d'autres niveaux plus élevés.
Il y a beaucoup d'efforts qui se font dans ce sens, et le financement accordé par le gouvernement fédéral et par les provinces dans le cadre de divers programmes encourage certainement les employeurs à recruter et à garder à leur emploi des personnes qui souffrent de handicaps. Bref, une entreprise a beau avoir une magnifique politique d'équité en matière d'emploi, si la personne qui procède à l'embauche n'a pas envie de recruter quelqu'un en fauteuil roulant, on n’est pas plus avancé.
Je pense donc que, de façon générale, le secteur privé a fait beaucoup d'efforts, en collaboration avec les organisations pertinentes, pour embaucher des personnes handicapées, mais il y a encore beaucoup...
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Je ne sais pas vraiment, je ne suis même pas sûr du chiffre du gouvernement fédéral. C'est le dernier que j'ai vu, et c'était dans le rapport sur l'équité en matière d'emploi, mais ça remonte à deux ou trois ans. Mais je sais qu'un certain nombre de sociétés d'État et de grandes entreprises ont encore des pourcentages similaires.
Ce sont des problèmes considérables pour les gens qui souffrent de troubles chroniques, par exemple, de problèmes de santé mentale, car il y a toute la question de la stigmatisation, de l'adaptation, de la flexibilité à accorder lorsque ces gens-là ont besoin de travailler à partir de chez eux ou à temps partiel, par exemple. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas syndiqués et qui perdent leur emploi dans ce genre de circonstances, même ceux qui sont syndiqués d'ailleurs.
Je crois qu'on assiste à une augmentation considérable du nombre de gens ayant des problèmes de santé chroniques et des troubles de santé mentale, et que ça a un impact important sur la façon dont les employeurs s'adaptent à des employés très talentueux mais qui ont besoin de conditions de travail particulières.
Premièrement, je vous remercie de revenir sur cette augmentation de 1 000 % des droits de scolarité. Je vais me faire mettre en boîte quand je vais rentrer au bureau, car j'aurais dû dire que ces droits ont quadruplé et demander ensuite si les salaires, eux, ont quadruplé aussi. Je vous prie de m'excuser. C'est quand même une augmentation considérable, quand on y réfléchit bien. Surtout qu'elle s'est produite en peu de temps.
Pour ce qui est du montant ou du coût partagé, comme certains l'appellent, de l'éducation postsecondaire, il faut à mon avis renverser la question. Il faut définir les avantages que représente, pour la société, une population active très qualifiée, et on sait bien que ces avantages sont bien supérieurs à chacun des individus. En fait, l'OCDE a publié une série d'études sur la question, qui montrent que chaque dollar investi dans l'éducation postsecondaire rapporte plus du double.
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Oui, il y a beaucoup d'avantages sur le plan fiscal, et je veux parler du crédit d'impôt pour personnes handicapées, de la déduction pour produits et services de soutien aux personnes handicapées, de la déduction des dépenses médicales, etc. Les étudiants peuvent, par exemple, déduire une grande partie des dépenses liées à leur handicap, au moyen d'un crédit d'impôt, à condition que ces dépenses ne soient pas financées par une subvention. Mais ça n'est pas suffisant.
Il y a des étudiants qui m'appellent pour me dire qu'ils ne peuvent pas payer leurs études malgré les prêts et les subventions, et je crois que ces étudiants bénéficieraient grandement d'un crédit d'impôt pour personnes handicapées car ça leur permettrait de déduire une grande partie de leurs dépenses. Bien sûr, ça ne les aiderait pas vraiment au début, car pour faire des études, il faut avoir au départ de quoi payer.
Les crédits d'impôt, c'est vraiment bien. Il faut les maintenir. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, nous contestons leur couplage avec la déduction pour produits et services de soutien aux personnes handicapées, les prestations d'aide sociale et les aides à l'emploi. Par exemple, si une personne reçoit des prestations pour produits et services de soutien aux personnes handicapées, lesquelles prestations sont financées en partie par le gouvernement fédéral, par l'entremise du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, cette personne peut ne pas avoir le droit de travailler pendant ses études. Une fois diplômés, un grand nombre d'étudiants handicapés sont confrontés à une grave décision, surtout si leur handicap nécessite des soins dispensés par des auxiliaires et toutes sortes de dépenses médicales.
Doivent-ils accepter un emploi qui risque de leur rapporter un salaire très modeste, et qui supprimera ou réduira leur admissibilité à toutes ces prestations?
Comme je l'ai dit tout à l'heure, même si je ne suis pas sûr d'avoir la statistique exacte, je sais que le pourcentage de personnes handicapées qui sont employées dans la fonction publique fédérale est très faible. Il l’est aussi dans beaucoup de grandes entreprises du secteur privé. Je crois que c'est surtout dû au fait que…
Nous avons parlé tout à l'heure du Programme canadien d'emplois d'été pour les jeunes. Si vous augmentiez le nombre d'emplois d'été offerts à des personnes handicapées, de préférence au sein du gouvernement fédéral, une telle expérience les aiderait à poursuivre ensuite leur carrière, soit au gouvernement fédéral soit dans le secteur privé.
Quand on parle du facteur sociétal, il y a des avantages pour la société, et bien d'autres choses. Les personnes handicapées sont de très bons employés. Bon nombre d'études le démontrent, et les entreprises du secteur privé le reconnaissent également. Ces personnes sont prêtes à travailler fort, elles sont productives. Les employeurs qui sont réticents à embaucher des personnes handicapées craignent souvent qu'elles soient moins productives que les autres, qu'elles nécessitent des services coûteux, et ils ne veulent pas courir le risque. Mais dans la plupart des cas, ce n'est pas vrai.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser deux ou trois questions, et je suppose que la sonnerie va bientôt retentir.
Je pense que l'une des bonnes choses que nous avons faites pour les personnes handicapées — tout au moins celles qui ont des handicaps physiques —, ce sont les changements apportés au code du bâtiment. Quand j'ai été élu pour la première fois en 1997, j'ai été le premier député de ma circonscription à obtenir une rampe d’accès pour fauteuil roulant. Aujourd'hui, quand j'y pense, c'était vraiment choquant. Quand j’ai loué mon premier bureau, j'ai imposé comme condition que le propriétaire aménage une rampe d'accès. Aujourd'hui, on tient ça pour acquis.
Mais il faudrait aller plus loin, vous ne trouvez pas? Il y a quelque temps, nous avons discuté avec un de nos témoins de la possibilité d'inclure dans le code du bâtiment l'obligation pour tous les logements d'être équipés d'une rampe d'accès, ou tout au moins qu'ils se prêtent facilement à un tel aménagement. Il faudrait que les portes soient de 36 pouces, que la porte de la salle de bain s'ouvre vers l'extérieur plutôt que vers l'intérieur, des petites choses comme ça, même les poignées de porte.
Est-ce qu’au moins nous nous en allons dans cette direction?