Nous en sommes à la 50e séance du Comité permanent des finances. Selon notre ordre du jour, conformément à l'article 83.1 du Règlement, nous poursuivons aujourd'hui les consultations prébudgétaires 2014.
Je tiens à remercier sincèrement nos témoins d'être ici cet après-midi. Chers collègues, nous entendrons deux groupes de témoins dans le cadre des consultations prébudgétaires.
Dans le premier groupe, nous avons M. Arthur Cockfield, de l'Université Queen's. Soyez encore une fois le bienvenu. Nous accueillons aussi à nouveau M. Mike Moffat, de l'Ivey Business School. Nous avons également M. Eric Dillon, premier dirigeant, Conexus Credit Union, Centrale des caisses de crédit du Canada; M. Bruce MacDonald, président et chef des opérations, Imagine Canada; et M. Jon Cockerline, directeur, Politiques et recherches, Institut des fonds d'investissement du Canada.
Je vous souhaite à tous la bienvenue et je vous remercie de votre présence. Vous aurez chacun cinq minutes au maximum pour présenter votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions des députés.
Nous allons commencer par M. Cockfield, s'il vous plaît.
[Français]
monsieur le président, mesdames et messieurs.
[Traduction]
Je vous remercie encore une fois de me donner le privilège de comparaître devant vous.
La dernière fois que j'ai pris la parole devant le comité, c'était durant les audiences sur la FATCA, qui ont été plutôt controversées. Évidemment, le budget est très important pour tous les Canadiens, mais je pense que ce sera un peu moins controversé aujourd'hui. Merci encore une fois.
Dans ma brève allocution, j'ai pensé mettre l'accent sur ce que je considère comme le consensus chez les universitaires quant à la façon dont on devrait structurer un budget. Rien de cela ne vous surprendra. Il faut une assiette fiscale élargie et moins d'échappatoires.
Aujourd'hui, j'ai donné un cours de droit à l'Université Queen's. Il s'est terminé à 13 heures. J'y ai parlé un peu du budget de 1987 de Michael Wilson, l'ancien ministre des Finances. J'apprends aux étudiants qu'il s'agit du point culminant de ma génération dans l'atteinte d'un budget équitable, qui fait gonfler les recettes et avancer l'économie. Dans un contexte très général, donc, on devrait tenter d'élargir l'assiette fiscale, de réduire les abris fiscaux et les échappatoires, et peut-être même les taux d'imposition.
Je sais que c'est un programme très ambitieux qui ne sera pas mis en oeuvre dans le prochain budget; ma principale recommandation pour ce budget serait donc de charger un groupe d'experts indépendants de fournir des conseils sur les moyens, à court et à long terme, de simplifier notre régime fiscal actuel. Le problème, c'est que ce budget de 1987 remonte à près de 40 ans, et que le nombre de dispositions fiscales a considérablement augmenté depuis.
Au Royaume-Uni, il y a un bureau permanent et indépendant de simplification fiscale. Je crois qu'il serait très avantageux de consacrer des fonds et des sommes budgétaires à un groupe d'experts indépendants de ce genre.
J'ai participé récemment aux travaux d'un groupe d'experts au Mowat Centre de l'Université de Toronto. Le projet, dirigé par Matthew Mendelsohn, consistait à effectuer des analyses durant deux ans sur les façons de moderniser notre régime fiscal des sociétés. Un rapport a récemment été rédigé à ce sujet par mon collègue Robin Boadway, de Queen's, et par Jean-François Tremblay.
Tout au long du processus, étant donné qu'il s'agissait d'un groupe indépendant, nous avons beaucoup réfléchi aux questions à long terme. Je pense que c'est ce dont le régime fiscal canadien a besoin, d'une perspective indépendante à long terme.
J'ai deux recommandations à formuler.
J'ai témoigné à plusieurs occasions au sujet du problème relatif à l'évasion fiscale à l'étranger. Je pense que vous êtes tous au courant de la fuite de données qui s'est produite en 2013, données que l'International Consortium of Investigative Journalists a réussi à obtenir. L'organisme a collaboré avec la CBC, qui a retenu mes services. Ces données révélaient que des milliers de Canadiens possèdent des comptes à l'étranger. Elles indiquaient clairement que des activités illégales ont lieu. Récemment, j'ai aussi consulté le vérificateur général à ce sujet.
À mon avis, beaucoup de recettes peuvent être récupérées à l'étranger. Je dois souligner, bien sûr, que beaucoup de ces activités sont légales, mais que beaucoup ne le sont pas. Dans la mesure où le gouvernement pourrait investir des fonds pour retracer les auteurs de fraudes fiscales internationales, pour chaque dollar investi dans ce système, je pense qu'il y aurait un rendement important.
Cela m'amène à mon dernier point. J'ai parlé uniquement de la nécessité d'élargir l'assiette fiscale, mais je tiens aussi à souligner ce qui m'a semblé être un effort très raisonnable en matière de réforme, en 2007, quand le gouvernement a mis en place la prestation fiscale pour le revenu de travail, la PFRT du regretté . Elle était fondée sur le crédit d'impôt sur les revenus salariaux des Américains. Ce sont généralement les familles à faible revenu qui y ont droit. Cela leur donne un crédit d'impôt remboursable. C'est devenu un puissant outil pour lutter contre la pauvreté dans notre pays. Dans la mesure où le gouvernement jugerait bon d'étendre ces prestations, il s'agirait d'un projet de réforme intéressant, selon moi.
Je vous remercie, monsieur.
:
Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui.
Je m'appelle Mike Moffat. Je suis propriétaire d'entreprise, économiste en chef au Mowat Centre et professeur adjoint à l'Ivey Business School de London, en Ontario. Je cumule de nombreuses fonctions, mais je suis ici pour témoigner à titre personnel.
Je voudrais parler aujourd'hui des politiques fiscales et du fardeau réglementaire. Je partage l'avis de mon collègue Jack Mintz, de l'Université de Calgary, qui préconise la simplification du régime fiscal et qui affirme dans le National Post que le régime fiscal a pris une mauvaise tangente.
Avant d'adopter la Tax Reform Act de 1986, Ronald Reagan a déclaré que le code fiscal était compliqué, inéquitable et encombré de jargon administratif et d'échappatoires. Les mêmes qualificatifs peuvent s'appliquer au régime fiscal canadien, qui a grandement besoin d'une réforme.
Commençons par parler de l'impôt sur le revenu. Le régime actuel est truffé de dépenses fiscales. Quoique inspiré par de bonnes intentions, le régime oblige les Canadiens à payer de l'impôt en trop chaque mois, puis il leur rembourse une partie de l'argent, lorsqu'ils pensent à conserver leurs reçus et à cocher la case appropriée dans leur formulaire d'impôt. Cela constitue un fardeau pour les familles, allonge les formulaires d'impôt et oblige le gouvernement à surveiller les demandes de crédit d'impôt.
Cette difficulté supplémentaire pourrait se justifier si les crédits contribuaient à accroître l'utilisation des transports publics ou incitaient plus de jeunes à pratiquer des sports, mais dans la Revue fiscale canadienne, on dit que selon les études, le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants compense largement les familles pour des activités qu'elles prévoyaient faire de toute façon.
Nous pouvons réduire considérablement le fardeau réglementaire des Canadiens en nous débarrassant d'une bonne partie de ces dépenses fiscales et en utilisant les économies ainsi réalisées pour diminuer le taux d'imposition du revenu ou pour renforcer la Prestation universelle pour la garde d'enfants ou le programme de remboursement de la TVH, afin que les familles puissent décider comment elles dépenseront l'argent qu'elles ont durement gagné.
Il existe de nombreuses façons de réduire le fardeau réglementaire qu'impose aux entreprises canadiennes le régime fiscal. Le système tarifaire en est un bon exemple. Durant le débat concernant la taxe sur les iPod, les ministères étaient divisés sur la question de savoir si les télévisions et les lecteurs MP3 étaient considérés comme du matériel informatique aux fins de l'impôt; l'ASFC et le ministère des Finances ont fourni des réponses contradictoires aux entreprises canadiennes. Si le gouvernement ne peut pas déchiffrer le code tarifaire, quel espoir reste-t-il aux entreprises canadiennes?
Le gouvernement a éliminé les tarifs douaniers pour de nombreux produits, et je l'en félicite, mais il peut faire bien davantage à un coût minime pour le Trésor. Je pense par exemple aux copolymères de propylène, qui sont utilisés comme intrants par les fabricants de produits de plastique et de mousse et les fabricants de pièces d'automobiles dans le sud-ouest de l'Ontario. On impose un droit tarifaire de 2 % sur les importations de ce produit chimique, à moins qu'il provienne d'un pays avec lequel le Canada a signé un accord de libre-échange, comme les États-Unis. Lorsque c'est le cas, les produits sont admis en franchise de droits.
L'OMC estime qu'en 2012, le gouvernement n'a perçu que 360 000 $ en recettes fiscales sur des importations d'une valeur de plus de 485 millions de dollars, ce qui représente un taux d'imposition réel de 0,08 %.
Le Tarif des douanes regorge de produits, des fouloirs à raisins aux radiateurs à accumulation, pour lesquels les droits tarifaires ne génèrent presque pas de revenus mais imposent un fardeau réglementaire important. Dans un document récent, le Conseil canadien des chefs d'entreprise a exposé les dépenses que doivent assumer les entreprises pour importer des produits à des taux tarifaires préférentiels. Les entreprises doivent conserver des registres détaillés durant plusieurs années et s'assurer que leurs importations respectent les exigences relatives aux règles d'origine pour réclamer un taux préférentiel. Ces règles ne sont pas simples. Le Règlement sur les règles d'origine de l'ALÉNA fait à lui seul 550 pages.
Une étude réalisée par Keck et Lendle révèle que beaucoup d'entreprises estiment qu'il revient moins cher d'éviter les coûts liés à la réglementation et de payer simplement un taux plus élevé, en passant outre aux avantages des accords de libre-échange conclus par le Canada. En raison des coûts fixes élevés pour suivre et réclamer les tarifs préférentiels, les petites et moyennes entreprises sont moins susceptibles de tirer parti des accords de libre-échange.
En résumé, de grandes parties du code tarifaire imposent un fardeau réglementaire important aux petites et moyennes entreprises et sont discriminatoires à leur égard, tout en générant très peu de recettes pour le gouvernement.
Ma principale recommandation est de fixer à zéro le taux NPF pour les numéros tarifaires ayant des taux effectifs très bas, car cela offrirait des avantages substantiels à un coût minime.
Je pourrais parler de ces questions durant des heures, mais j'imagine que bien des gens dans cette pièce estiment que c'est ce que je viens de faire, alors je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président, messieurs, de me donner l'occasion de vous faire part des recommandations du réseau des coopératives de crédit dans le cadre de votre processus de consultations prébudgétaires.
Je vous suis particulièrement reconnaissant d'avoir procédé différemment cette année en demandant à entendre des intervenants sur le terrain comme moi. Ce changement me semble bon, car à la Conexus Credit Union, dont je suis le premier dirigeant, nous nous demandons toujours comment nous pouvons faire les choses différemment. Cette façon de faire nous a permis de grandir, de devenir la plus importante coopérative de crédit de la Saskatchewan, et l'une des 10 plus importantes au pays.
Cela dit, je veux moi aussi faire les choses un peu différemment aujourd'hui. Au lieu de vous parler en détail du réseau des coopératives de crédit, je voudrais passer directement à ce que vous appelez ici nos demandes. En vous présentant notre proposition, je présenterai quelques faits au sujet de notre réseau.
Ce que nous demandons? C'est très simple: les coopératives de crédit demandent au gouvernement fédéral de créer un crédit d'impôt pour la croissance du capital. Il serait calculé à 5 % de l'augmentation des bénéfices non répartis réalisés l'année précédente. Si une coopérative de crédit augmentait ses bénéfices non répartis de 1 million de dollars, elle épargnerait 50 000 $ en impôt. C'est aussi simple que cela.
Je suis sûr que vous avez l'habitude de recevoir des demandes qui ressemblent beaucoup à la mienne. Vous voudrez sans doute me demander pourquoi le gouvernement fédéral créerait une mesure fiscale particulière pour les coopératives de crédit. Ma réponse, c'est que nous ne demandons pas de traitement de faveur, mais un traitement équitable qui tient compte de la structure différente des coopératives de crédit par rapport aux banques à charte. Les deux sont actives dans le même secteur. Les deux offrent des services bancaires comparables. Les deux doivent détenir d'importantes quantités de capitaux et sont bien réglementées et prudentes, mais ce sont là les seules similarités.
Nous sommes des coopératives. Elles sont des sociétés par actions. Nous sommes assujetties à la réglementation provinciale. Elles sont assujetties à la réglementation fédérale. Elles sont peu nombreuses, sont actives partout au pays et à l'étranger. Nos 320 coopératives de crédit sont actives dans les provinces et servent les collectivités.
Ces différences sont importantes lorsqu'il s'agit de déterminer comment nous devrions être imposées. Nous redonnons proportionnellement plus à nos collectivités que les banques: en moyenne, 4,5 % des bénéfices avant impôt dans l'ensemble du réseau, comparativement à 1 % pour les banques à charte. Dans ma coopérative de crédit, l'an dernier, nous avons redonné 5,8 % des bénéfices avant impôt et, plus récemment, nous avons versé 1 million de dollars à un nouvel hôpital pour enfants en Saskatchewan, le premier dans notre province.
Étant donné que nous sommes des coopératives et que nous ne sommes pas forcées de produire des résultats à court terme, nous tendons à continuer d'investir dans nos collectivités, même lorsque nos concurrents recherchent ailleurs des occasions plus avantageuses. D'ailleurs, les coopératives de crédit ont des activités dans 380 collectivités du pays où les autres institutions financières ne sont pas présentes.
Les différences se présentent aussi sous d'autres formes. Les données de la FCEI indiquent que les coopératives de crédit, y compris Desjardins, figurent au deuxième rang des institutions ayant la plus grande proportion des prêts aux petites entreprises au pays, à 18,6 %. Dans ma province, la Saskatchewan, le réseau des coopératives de crédit accorde un peu plus de la moitié de tous les prêts aux petites entreprises. Selon la FCEI, nous avons pu connaître un tel succès parce que nous réussissons mieux que les banques à offrir des services exceptionnels au marché de la petite entreprise. Comment? La FCEI dirait que les petites entreprises aiment bien notre capacité d'offrir des conditions avantageuses de financement ainsi que nos directeurs des comptes très compétents. Nos employés comprennent les petits entrepreneurs. Ils savent que ce secteur est essentiel à la croissance de l'économie canadienne et de l'économie locale, dans les bonnes périodes comme dans les mauvaises.
Les données indiquent également une autre chose importante. En moyenne, près de 80 % de nos capitaux propres sont constitués de bénéfices non répartis, comparativement à 45 % pour les banques à charte. Dans ma coopérative de crédit, ce chiffre atteint pratiquement 100 %. La composition de notre capital démontre que le secteur accroît ses activités de façon dynamique, rentable, durable et prudente.
Nous tenons compte de ce fait au sujet des coopératives de crédit dans notre proposition fiscale. Nous tenons également compte du fait que nous n'émettons pas d'actions sur les marchés financiers pour soutenir notre croissance. Par conséquent, le coût du capital est plus élevé que celui des banques, dont les actionnaires peuvent profiter des exemptions de 50 % pour gains en capital et des régimes d'incitatifs fiscaux à l'épargne, comme les REER et les FERR, par exemple.
Par ailleurs, nos calculs indiquent que si le gouvernement fédéral ne donne pas suite à notre proposition, notre coopérative de crédit pourrait payer un taux d'imposition effectif supérieur à celui des banques d'ici 2017. Nous estimons que le régime fiscal devrait favoriser l'équité et un équilibre concurrentiel au sein des forums organisationnels, en particulier quand les organismes de réglementation — provinciaux, fédéraux et autres — exigent que les entreprises de services financiers accumulent et détiennent plus de capitaux.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de m'avoir invité à témoigner devant lui aujourd'hui.
Comme vous le savez, Imagine Canada est l'organisme cadre national pour le secteur caritatif au Canada.
Les membres du comité connaissent bien les contributions des organismes caritatifs dans des domaines aussi divers que l'éducation, les arts et la culture, les sports amateurs, les services aux jeunes, le développement international, l'environnement, les soins de santé et la religion.
Vous savez d'expérience que les organismes caritatifs de vos circonscriptions contribuent à la qualité de vie et font des collectivités canadiennes des lieux agréables où vivre, travailler et investir.
[Traduction]
Ce qu'on sait moins, c'est que les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif public comptent pour plus de 8 % du PIB et emploient quotidiennement deux millions de personnes au Canada. La croissance de notre secteur est l'une des plus rapides au pays, mais nous arrivons pourtant au point où nos moyens financiers ne suffisent plus à répondre à la demande pour les services que nous offrons. Alors que nous tâchons de renforcer les assises financières des organismes de bienfaisance, nous sommes heureux d'avoir l'occasion de nous associer au gouvernement fédéral pour mettre à leur disposition les outils fiscaux et réglementaires qui leur permettront de répondre à la demande.
Notre première recommandation est la mise en oeuvre du crédit d'impôt allongé pour les dons de charité afin d'aider les Canadiens à donner davantage au fil du temps et d'en faire une habitude qu'ils garderont toute leur vie. Contrairement à certains crédits d'impôt qui récompensent les gens pour une chose qu'ils font déjà, le crédit d'impôt allongé donnerait lieu à un investissement du gouvernement seulement lorsque les Canadiens donnent plus que l'année précédente.
Votre comité a entendu beaucoup de témoignages favorables au crédit d'impôt allongé dans le cadre des audiences sur les incitatifs fiscaux pour les dons de bienfaisance, et vous avez recommandé d'examiner sérieusement cette possibilité lorsque le budget sera équilibré. Le gouvernement en a pris note, et en plus d'annoncer la mise en place du super crédit dans le budget de 2013, et il a également pris l'engagement suivant:
[...] le gouvernement collaborera avec le secteur des organismes de bienfaisance, et en particulier l'organisme Imagine Canada, afin de favoriser l'augmentation des dons et du nombre de Canadiens donateurs [...]
La mise en place du super crédit pour premier don de bienfaisance représentait un premier pas encourageant dans la bonne direction. Il est maintenant temps de finir le travail en aidant davantage de Canadiens à en faire plus.
Que signifierait l'adoption du crédit d'impôt allongé? Cela voudrait dire qu'on aurait plus d'argent pour soutenir les bonnes causes, davantage d'investissements dans les collectivités et un allégement fiscal général. Cela signifierait également que le nombre de dons ne stagnerait plus, car plus de la moitié des donateurs disent qu'ils seraient plus généreux s'ils bénéficiaient de meilleurs incitatifs fiscaux. Que pourrions-nous faire de mieux à l'approche du 150e anniversaire du Canada que de donner aux Canadiens de toutes les couches de la société des moyens de mieux investir dans leurs collectivités et dans les causes qui ont une profonde influence sur leur qualité de vie?
Cet automne, nous avons demandé aux organismes de bienfaisance du pays de communiquer avec leurs députés, car ce sont les mieux placés pour leur dire en quoi le crédit d'impôt allongé serait avantageux pour leurs organismes et leurs collectivités. Seulement six semaines après le début de la campagne, plus de 150 députés ont reçu des lettres, des courriels, des appels téléphoniques et la visite de représentants d'organismes de bienfaisance, et nous ne faisons que commencer. Nous espérons que vous appuierez tous fermement le crédit d'impôt allongé dans le rapport prébudgétaire du comité.
Nos deux autres recommandations cette année portent sur des questions de réglementation et vont au coeur même du financement et de la viabilité des organismes de bienfaisance.
Le première concerne les frais imposés aux marchands pour l'utilisation des cartes de crédit, qui sont démesurément élevés au Canada. Le gouvernement fédéral a d'ailleurs exprimé ses préoccupations à cet égard dans le budget de l'année dernière. Le Sénat propose des mesures législatives qui, entre autres choses, élimineraient ces frais pour les organismes de bienfaisance enregistrés. Les frais imposés aux marchands ont des répercussions réelles et importantes sur les bénéfices nets des organismes de bienfaisance. Ils détournent des millions de dollars qui serviraient autrement à répondre à la demande croissante pour les services des organismes de bienfaisance.
Nous savons que l'adoption d'une mesure législative est une solution de dernier recours et qu'une entente volontaire serait préférable. Dans les deux cas, on doit inviter les organismes de bienfaisance à participer aux discussions et voir à ce qu'ils profitent grandement des réformes qui s'imposent.
[Français]
Enfin, nous espérons voir la poursuite des explications et, au besoin, des changements pour ce qui est des obstacles réglementaires et administratifs qui limitent l'accès des organismes caritatifs aux services fédéraux de conseils aux entreprises quand ils cherchent de nouvelles sources de revenus. C'est particulièrement important, puisque les gouvernements cherchent de nouvelles formes de financement social et d'entrepreneuriat social pour financer des initiatives vitales impliquant les organismes caritatifs. La contribution économique des organismes caritatifs au Canada est déjà énorme et leur donner accès à ces outils permettra encore plus la croissance.
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président, chers membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à cette audience pour présenter le point de vue des membres de l'Institut des fonds d'investissement du Canada, l'IFIC.
L'Institut des fonds d'investissement du Canada est le porte-parole du secteur des fonds de placement du Canada. En nouant des liens avec les épargnants du pays, notre secteur contribue grandement à la croissance économique et à la création d'emplois au Canada.
Ma déclaration portera sur des recommandations liées à trois domaines: la réforme des régimes enregistrés pour soutenir l'épargne-retraite, la réforme de la TPS et de la TVH et l'imposition équitable des sociétés de fonds communs de placement. Je serai également heureux de répondre aux questions des membres du comité sur les recommandations que nous avons faites dans notre mémoire officiel du 6 août 2014.
L'IFIC a toujours appuyé les efforts du gouvernement visant à offrir aux Canadiens davantage de solutions d'épargne en vue de leur retraite et à répondre à d'autres besoins financiers. Notre secteur a largement contribué, par exemple, au succès des REER, des REEE, des REEI et des CELI, pour ne nommer que ceux-là, et il a soutenu de nouveaux programmes d'épargne, comme les RPAC, qu'il a jugés bons pour le public, même si nos membres ne sont pas en mesure de participer directement à la conception de ces programmes.
Les REER collectifs remplissent le même objectif que les RPAC, à savoir l'épargne-retraite au moyen du régime d'un employeur, mais leur traitement fiscal et réglementaire n'est pas le même. Ces différences défavorisent inutilement les REER collectifs, qui constituent une option d'épargne-retraite accessible et efficace. Pour que les REER collectifs puissent continuer de remplir leur rôle, nous demandons qu'ils jouissent du même traitement que celui accordé aux RPAC relativement aux exemptions d'impôt sur la masse salariale, à l'autoadhésion et au blocage des cotisations de l'employeur.
Durant la campagne électorale fédérale de 2011, le premier ministre a annoncé son intention de porter la limite de cotisation individuelle annuelle à un CELI à 10 000 $ après l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Nous convenons que le relèvement de la limite de cotisation à un CELI procurerait davantage d'options et une plus grande flexibilité aux Canadiens pour épargner et investir. Nous demandons au gouvernement de songer à porter à 10 000 $ par année le plafond de cotisation annuelle à un CELI.
Dans un rapport publié récemment, l'Institut C.D. Howe a souligné l'effet des règles de retrait minimal obligatoire sur les fonds enregistrés d'épargne-retraite, les FEER. Comme on le lit dans le rapport, ces règles n'ont pas suivi l'allongement de l'espérance de vie des Canadiens, ce qui aura pour effet que de plus en plus d'aînés verront leurs économies s'épuiser avant leur décès. Nous demandons au gouvernement de songer à hausser l'âge auquel les aînés doivent commencer à toucher des retraits de leurs FEER et de réduire le montant des retraits minimaux afin d'atténuer le risque qu'ils voient leurs économies s'épuiser avant leur décès.
Depuis sa création en 1991, la TPS a touché de quatre à cinq fois plus la valeur des services offerts aux fonds communs de placement et aux autres fonds que la valeur des services qui accompagnent les produits d'investissement autres que les fonds. Pour la majorité des titulaires de fonds communs de placement, la TPS et la TVH sur le ratio des frais de gestion sont une taxe sur l'épargne-retraite. Aujourd'hui, près de 57 % des actifs administrés des fonds communs de placement du Canada sont détenus dans des régimes enregistrés par des investisseurs qui économisent pour leur retraite. Nous demandons au gouvernement d'appliquer la TPS de manière plus équitable aux produits de fonds de placement pour alléger le fardeau fiscal des Canadiens qui économisent en prévision de leur retraite.
Lorsqu'elles calculent leur revenu de société imposable, la plupart des sociétés au Canada ont le droit d'appliquer la réduction du taux général de 13 % au revenu qui n'est admissible à aucune autre réduction de l'impôt sur le revenu des sociétés. Les sociétés de fonds communs de placement, toutefois, n'ont pas le droit d'appliquer cette réduction parce que deux des principales formes de revenu des sociétés de fonds communs de placement, les gains en capital et les dividendes, font déjà l'objet de réductions d'impôt. Or, les sociétés de fonds communs de placement peuvent toucher des revenus provenant d'autres sources que les dividendes et les gains en capital, comme les intérêts ou les sources de revenus étrangers. Pour corriger ce déséquilibre, nous demandons que les sociétés canadiennes de fonds communs de placement puissent appliquer la réduction du taux général à tous leurs revenus admissibles.
Monsieur le président, voilà qui met un terme à ma déclaration liminaire. Je serai heureux de répondre aux questions des membres du comité.
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Je donnerais comme premier exemple tout le débat sur la taxe sur le iPod. Nous avons tous ces articles, et il s'agissait de savoir si un téléviseur ou un lecteur MP3 était un appareil électronique ou une pièce d'ordinateur, qui fait l'objet d'un traitement tarifaire spécial. En fonction de la réponse, le taux tarifaire était différent et personne n'en était sûr.
Il ne semble pas vraiment y avoir de raison logique pour imposer un tarif sur les téléviseurs ou les lecteurs MP3, puisqu'il n'y a pas d'industrie nationale à protéger. C'est l'un des codes tarifaires.
Vous avez également des tarifs qui pourraient prévoir un taux de droit NPF de 1 ou 2 % sur les importations internationales et un taux tarifaire de 0 % pour les importations américaines. Pour des raisons géographiques, pratiquement tout le monde importe des États-Unis de toute façon, mais pour bénéficier du taux de 0 %, il y a toute une paperasserie à remplir.
Ce que l'on pourrait faire pour tous les produits, depuis les broyeurs de raisin jusqu'aux radiateurs à accumulation, en passant par les produits chimiques tels que les polymères propylènes serait de réduire le taux à zéro. Cela ne changerait pas vraiment l'origine des importations ni le montant des recettes gouvernementales, qui ne sont pas très importantes, et cela éviterait bien des maux de tête aux entreprises.
Pour ce qui est de payer davantage à la caisse de crédit locale, la première chose que je dirais… Pour les petites entreprises, ce n'était certainement pas le résultat du sondage de la FCEI. Les caisses de crédit sont très concurrentielles par rapport aux prix, et je dirais que cela dépasse largement les petites entreprises et que cela concerne également le marché du détail.
S'agissant des commentaires que l'on a faits à propos de FAC, d'autres sociétés de la Couronne qui s'occupent de services financiers jouent un rôle complémentaire par rapport au marché privé, où l'apport financier est suffisant. Je dirais qu'il y a des banques et des caisses de crédit qui sont prêtes à desservir le marché agricole. Dans le cas de ma caisse de crédit, cela fait 75 ans que nous servons ce marché de façon exceptionnelle.
Nous voulons que le mandat de la FAC soit davantage complémentaire, comme celui d'autres organisations, telles que la Banque de développement du Canada, EDC et d'autres.
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Merci de votre question.
La première chose que je dirais, c'est que, sur une période de cinq ans, la somme se situerait entre 42 et 83 millions de dollars. Lors du dernier exercice, la somme a été de 42 millions de dollars.
Le modèle d'affaires des caisses de crédit nous amène à accumuler des capitaux uniquement à partir des bénéfices non répartis. D'une part, nous avons les organismes de réglementation internationaux, du fédéral, des provinces et autres qui nous demandent d'accumuler des capitaux — et nous en comprenons les raisons — tout en réduisant en même temps notre capacité d'accumuler ces capitaux en prélevant un impôt sur la seule source sur laquelle peuvent compter les caisses de crédit pour les obtenir.
Pour répondre à votre question, si les caisses de crédit ont un manque à gagner de 42 millions de dollars en capitaux, selon le multiplicateur normal que nous avons utilisé, cela représenterait une perte d'un demi-milliard de dollars pour les petites entreprises et le financement des achats des consommateurs dans l'ensemble du pays.
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À ma connaissance, dans les pays plus ou moins semblables au nôtre, comme les États-Unis, ou même l'Angleterre ou le Royaume-Uni, qui possèdent un bureau permanent chargé de simplifier le régime fiscal, il n'y a pas eu de grandes victoires. D'un point de vue politique, il est évidemment très difficile de se débarrasser des avantages établis par le gouvernement actuel ou par des gouvernements précédents.
On en a un bon exemple au sud de la frontière, je veux parler de la déduction des intérêts hypothécaires à laquelle ont droit les contribuables. Il faut présenter une déclaration d'impôt ventilé pour y être admissible. Pratiquement tous les économistes et tous les professeurs de droit fiscal qui ont étudié cette déduction vous diraient qu'elle n'est pas logique, or elle est encore en vigueur. Je suppose que bien des contribuables canadiens aimeraient profiter d'un tel avantage.
J'espère que les efforts, assez nouveaux et assez récents, déployés par le Royaume-Uni porteront fruits. Mais à mon avis, il faudrait nommer un groupe indépendant qui se pencherait sur la question pendant un certain nombre d'années, plutôt que de compter sur les travaux d'un groupe consultatif, qui ont été menés en une seule année. J'ai dû présenter mon rapport sur la simplification du régime fiscal dans un délai de six mois après avoir reçu mes instructions. Ce délai n'est tout simplement pas suffisant pour faire le tour de la question.
Le seul moyen d'avancer, à mon avis, serait de nommer cet organisme indépendant. Cela protégerait le gouvernement, que l'on ne pourrait pas accuser de préjugé partisan. Mais effectivement, je ne crois pas que la plupart des pays aient réussi à simplifier de façon significative le régime fiscal.
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D'accord. Je vous remercie beaucoup.
Je vais maintenant m'adresser à M. Cockfield et M. Moffat.
Je pense que cela a été déjà discuté, mais j'aimerais aborder la question de la simplification du système.
Il n'y a pas si longtemps, la Loi de l'impôt sur le revenu comptait 2 300 pages. Par la suite, on a adopté 900 pages de recommandations de la part de l'Agence du revenu du Canada, ce qui fait un total d'environ 3 000 pages. À l'origine, la Loi de l'impôt sur le revenu comptait, si je ne me trompe pas, une dizaine de pages. Cela augmente donc très rapidement.
Je vais commencer avec vous, monsieur Moffat.
Vous avez parlé, entre autres, des divers crédits d'impôt, ce que mon collègue a appelé des boutique tax credits. Ce n'est pas la seule chose. Si on parle de simplification alors que la Loi de l'impôt sur le revenu compte 3 000 pages, ce n'est pas uniquement une question de crédits d'impôt. Il y a un élément beaucoup plus large lié à la complexité du système fiscal. Sans vouloir minimiser la proposition que vous faites, ne pensez-vous pas que cela n'apportera qu'une petite correction à la complexité présente de la loi?
:
J'aimerais enchaîner sur ce que vient de dire M. Van Kesteren.
Monsieur Cockfield, vous avez écrit plus particulièrement sur la réforme de l'impôt des sociétés. Vous venez de parler de la taxe à la consommation. Au début, vous avez dit que si nous avions une approche britannique, c'est-à-dire un groupe d'experts indépendant, nous pourrions enfin simplifier le régime fiscal et venir à bout du jargon administratif et des échappatoires, pour reprendre l'expression de Ronald Reagan, citée par M. Moffat.
Même les comptables nous répètent ce message chaque année, mais rien ne bouge. Je suis très sceptique à ce sujet. Le gouvernement aime bien les crédits d'impôt ultraciblés, car c'est ainsi qu'il achète des votes. Je ne pense pas que ce soit une mesure partisane; elle existe depuis des années. Maintenant, il faut bien se rendre à l'évidence: c'est du côté des sociétés que la complexité de la Loi de l'impôt sur le revenu se fait surtout sentir. Les rédacteurs doivent bien démêler ces règles compliquées. C'est ainsi qu'est conçu notre système, et il faut dire que cela enrichit pas mal d'avocats et de comptables, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose.
Là où je veux en venir, c'est: comment pouvons-nous réformer le régime fiscal des sociétés?
À ce sujet, monsieur Cockfield, vous avez écrit que le régime fiscal des sociétés en vigueur au Canada a échoué sur plusieurs fronts. Il décourage l'investissement, il entrave l'innovation et la productivité en taxant le taux normal de gains en capital, il fait augmenter le nombre de faillites, et j'en passe. Bref, c'est très inefficace.
Quelle est la solution de rechange pour les sociétés, si on tient à simplifier la Loi de l'impôt sur le revenu?
:
Je comprends ce que vous dites, et je vous remercie de votre réponse.
En ce qui a trait à la deuxième question, je veux simplement interroger M. Cockfield à propos de la question du conseil consultatif.
Vos propos m'ont un peu étonné, et je ne suis pas sûr de vous avoir entendu correctement dire que le gouvernement n'a pas donné suite aux recommandations. Comme je peux le constater ici, le gouvernement a donné suite à une série de recommandations émises par le conseil. Par conséquent, je peux peut-être vous communiquer cette information, et nous pourrions peut-être en discuter après la réunion ou par messagerie électronique. Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour mettre en oeuvre les recommandations du conseil. Je tenais à le signaler afin que vous et votre collègue le sachiez.
Ce que vous avez mentionné au sujet de la simplification du régime fiscal me plaît. Je reconnais également la valeur de ce que vous avez dit à propos de la prise de mesures pour simplifier des prestations comme la Prestation fiscale pour le revenu de travail, que vous avez appuyé, et la Prestation universelle pour la garde d'enfants. Il y a une façon d'atteindre cet objectif. Je vais donner suite à vos propos en demandant s'il y a une façon de simplifier certains programmes que le gouvernement a lancés et que certaines personnes appellent des crédits d'impôt à la carte, comme le Régime enregistré d'épargne-invalidité, qui est très profitable aux familles ayant un membre handicapé. Ces familles en bénéficient énormément. Par ailleurs, d'anciens gouvernements ont mis en oeuvre les REER et les REEE, et, aujourd'hui, des régimes de pension agréés collectifs et des comptes d'épargne libre d'impôt existent.
Je retiens certainement l'argument selon lequel bon nombre de Canadiens de classe moyenne sont un peu déroutés par ces crédits. Y a-t-il une façon dont le gouvernement pourrait envisager de simplifier tous ces programmes? Ils ont tous cependant un objectif précis: le REEI a été créé à l'intention des personnes handicapées, et le REEE, à l'intention des familles qui souhaitent évidemment que leurs enfants fréquentent des établissements d'enseignement postsecondaire. Y a-t-il une façon dont nous pourrions simplifier ou grouper certaines de ces mesures afin de faciliter la tâche aux Canadiens?
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Oui. Je peux répondre très rapidement à l'argument que vous avez fait valoir à propos du conseil consultatif. Je me suis peut-être mal exprimé, mais je souhaitais faire observer que les propositions du conseil consultatif en matière de simplification du régime fiscal n'ont pas encore été mises en oeuvre. Un certain nombre de recommandations ont été mises en oeuvre, mais le conseil consultatif en a formulé une douzaine et, à ma connaissance, le gouvernement n'a pas donné suite à chacune d'elles.
En ce qui concerne l'autre question que vous avez abordée, vous avez tout à fait raison de dire que la plupart des crédits ont des objectifs différents, mais je parle plus précisément de certains crédits — et je pense qu'il y en a au moins quatre —, soit la Prestation universelle pour la garde d'enfants, le crédit d'impôt pour enfants, la PFRT, que j'ai mentionnée, et je crois qu'il y en a un autre. Ils tentent d'aider directement les familles à faible revenu. Voilà les crédits qui pourraient être simplifiés et dont l'accès pourrait être facilité pour aider les Canadiens.
Un autre problème est que bon nombre de familles à faible revenu ne produisent pas de déclarations de revenus. Elles ne reçoivent pas, par exemple, le remboursement de la TPS ou de la TVH. À une époque — et cela se poursuit à ce jour —, l'IRS a lancé ce qu'on appelle le volunteer tax assistance program, le programme d'assistance fiscale bénévole. Il s'agissait d'un mécanisme institutionnel. J'ai déjà été le directeur de faculté de l'un de ces programmes d'assistance fiscale bénévole, dans le cadre duquel des étudiants en droit bénévoles produisaient des déclarations de revenus au nom d'Américains à faible revenu, dans ce cas-là. Aucun programme de ce genre n'existe au Canada, et c'est vraiment problématique, car de nombreux Canadiens vulnérables n'ont pas les ressources nécessaires pour produire une déclaration de revenus. En conséquence, ils ne reçoivent pas les crédits d'impôt remboursables auxquels ils auraient au moins droit autrement. Habituellement, ils ne paient pas d'impôt sur leur revenu; par conséquent, ils ne produisent pas de déclarations de revenus et ne sont pas nécessairement conscients qu'ils ont le droit de recevoir ces prestations.
Je le répète, vous devriez simplifier les programmes à l'intention des Canadiens à faible revenu et peut-être favoriser aussi la prestation de services de soutien institutionnel offerts par l'intermédiaire de l'ARC.
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J'aimerais demander à nos invités et à mes collègues de bien vouloir s'asseoir.
Nous reprenons la 50e séance du Comité permanent des finances, afin de poursuivre nos délibérations concernant les consultations prébudgétaires de 2014.
Je tiens à remercier tous les membres de notre deuxième groupe d'experts de leur présence.
[Français]
Nous recevons à nouveau Mme Brigitte Alepin. Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Nous recevons Jennifer Robson, professeure adjointe de l'Université Carleton. Soyez la bienvenue.
Nous accueillons deux professeurs de l'Université Carleton, car Frances Woolley comparaît également. Je vous souhaite également la bienvenue à la séance du comité.
Par ailleurs, nous recevons M. Clay Gillespie de la Conference for Advanced Life Underwriting. Soyez le bienvenu.
Enfin, nous accueillons Mme Andrea Mrozek, qui est directrice administrative de l'Institut du mariage et de la famille Canada.
Je vous remercie tous d'être venus aujourd'hui.
Chacun de vous disposera de cinq minutes pour faire sa déclaration préliminaire.
[Français]
Madame Alepin, vous pouvez commencer votre présentation. Vous disposez de cinq minutes.
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Mesdames et messieurs du Parlement canadien, chers membres du Comité permanent des finances, mesdames Gilliland et Lafrance, je vous remercie de cette invitation.
Je suis invitée à participer aux consultations prébudgétaires qui visent à savoir comment améliorer le régime canadien d'imposition et de taxation. Je vais me limiter à deux propositions que j'estime les plus importantes.
La première a trait aux fondations privées de charité. Je sais que vous avez reçu, dans votre iPad, un tableau sur les fondations privées de charité. J'aimerais que vous puissiez vous y référer, car il résume brièvement ce que je vais vous dire au sujet des fondations privées de charité.
Dans ce tableau, on peut voir le cas d'une fondation privée de charité à laquelle le fondateur fait un don initial de 100 millions de dollars. Pour la première année, le fondateur reçoit un crédit d'impôt de 50 millions de dollars. Le sujet auquel je me limite, ce sont les fondations privées de charité. Durant toute la vie de la fondation, il y a un revenu qui serait imposable, mais qui ne l'est pas en raison de son statut. Si l'on fait un don de 100 millions de dollars, on pourrait estimer ce revenu à environ 5 millions de dollars par année.
Selon les règles actuelles, le régime d'imposition oblige une fondation privée à dépenser chaque année seulement 3,5 millions de dollars à des fins charitables, soit 3,5 % du capital après les dépenses. Dans la vraie vie, bien souvent, c'est bien en deçà de 3,5 %. Dans notre exemple, cela représente 3,5 millions de dollars.
Avec ce tableau, je voudrais attirer votre attention sur le fait que le deal fiscal que font les contribuables canadiens avec les fondations privées n'est pas rentable pour les citoyens canadiens. Considérons uniquement l'économie d'impôt de départ, qui est de 50 millions de dollars dans ce cas-ci. Si une fondation ne paie pas d'impôt sur un revenu hypothétique de 5 millions de dollars et qu'elle ne dépense que 3,5 millions de dollars chaque année, cela pourrait prendre une éternité avant que ce deal ne soit rentable pour les Canadiens. Avec un tel système, les Canadiens n'y gagnent pas. C'est le point le plus important, étant donné qu'on cherche de l'argent pour équilibrer les comptes publics.
Concernant les fondations privées, il est démontré que ce deal n'est pas rentable pour les finances publiques. Si vous avez suivi le tableau, vous pouvez le constater facilement. Qui plus est, les fondations privées de charité représentent une entorse à la démocratie. Pourquoi? C'est parce que ce deal est permis par la loi étant donné qu'on permet aux fondations d'être perpétuelles. Pour des raisons que j'ignore, les grands fondateurs souhaitent avoir des fondations perpétuelles. Les fondations perpétuelles représentent une entorse à la démocratie parce que, au fil du temps, elles deviennent plus puissantes que les organisations mondiales ou les gouvernements qui sont élus pour s'occuper des questions publiques. À cet égard, le meilleur exemple que je peux donner est la Bill and Melinda Gates Foundation, aux États-Unis, dont l'actif s'élève à 33 milliards de dollars, alors que celui de l'Organisation mondiale de la santé est de seulement 1,5 milliard de dollars.
J'aimerais aborder très rapidement un autre point. On craint que la concurrence fiscale ne devienne destructrice entre les pays et entre les entreprises. Il y a aussi la menace de ce qu'on appelle « the race to the bottom ». Je me penche sur cette question depuis plusieurs années. J'ai réalisé un contrat recherche pour l'Université Harvard sur la façon d'adapter nos régimes d'imposition à la mondialisation.
Je pense que la meilleure solution pour aider mon pays à se préparer à cette menace éventuelle touchant « the race to the bottom » est d'organiser une grande conférence, que j'appelle la conférence TAXCoop. Au Québec, c'est ce qu'on fait actuellement.
Dans le cadre des consultations prébudgétaires, j'aimerais proposer au gouvernement canadien de travailler avec lui en vue d'avoir une telle conférence. Le gouvernement canadien a quand même une bonne réputation fiscale à l'échelle internationale et je serais fière de pouvoir travailler avec lui à cet égard.
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Merci, monsieur le président, merci, chers membres du comité, de votre invitation.
Je suis professeure adjointe de gestion politique au Collège Kroeger de l'Université Carleton. Les observations que je formulerai aujourd'hui témoignent de mes opinions qui reposent sur mes recherches dans le domaine des politiques sociales et du comportement financier des ménages.
Je vais aborder très brièvement deux domaines dans lesquelles j'ai effectué des recherches, soit l'épargne des ménages et la littératie financière, puis j'effleurerai très rapidement le sujet du fractionnement du revenu. Les éléments de cette liste de sujets sont liés entre eux par un message central qui vous est adressé, à savoir que notre régime d'impôt sur le revenu des particuliers est un outil puissant, mais incroyablement compliqué lorsqu'on cherche à atteindre les objectifs des politiques. Il est très difficile d'obtenir les résultats escomptés.
Parfois, le régime donne des résultats bizarres et étonnants, et même des résultats exposés bien en vue. Le régime sème la confusion même chez les experts, et il est clair que d'autres efforts devront être déployés pour faire en sorte que les contribuables canadiens soient en mesure de s'y retrouver pour pouvoir respecter les règles du régime et accéder aux avantages qui découlent de la production d'une déclaration de revenus.
Enfin, toute modification de la structure du régime doit être envisagée prudemment afin de garantir que nous nous entendons sur les objectifs de la politique et que nous choisissons le meilleur instrument pour les atteindre, plutôt que les meilleures manoeuvres politiques.
Je donnerai brièvement d'autres renseignements sur chacun de ces enjeux.
Premièrement, chose surprenante, notre régime d'impôt sur le revenu comprend maintenant, d'après mes calculs, quatre différents instruments enregistrés, soit les REER, les REEE, les REEI et les CELI, qui sont tous conçus pour aider les adultes en âge de travailler à épargner de l'argent à diverses fins. En passant, nous devrions ajouter à cette liste l'exemption complète de la valeur nette de la résidence principale des contribuables. C'est maintenant l'actif le plus important que possède la majorité des Canadiens en âge de travailler.
Lorsqu'on inclut la valeur nette de leur maison, on constate que plus de la moitié des actifs détenus par les ménages les plus riches du Canada sont désormais mis en grande partie à l'abri de l'impôt au moyen de cet ensemble d'instruments enregistrés. Ce traitement fiscal préférentiel engendre sans aucun doute d'importants avantages, mais son coût est substantiel. En fait, l'ensemble des dépenses liées à ces formes d'épargne des ménages correspondent à environ 5 % des dépenses budgétaires fédérales.
La grande majorité de ces dépenses fiscales profitent aux Canadiens qui ont déjà un niveau de vie confortable et qui sont assez bien nantis. Cette façon de mettre en oeuvre un système d'impôt progressif semble bizarre. Si nous voulons aider les Canadiens à épargner et à acquérir des actifs productifs, nous pouvons et devrions faire beaucoup plus pour les petits épargnants et les ménages dont les moyens sont modestes ou faibles.
En ce qui concerne mon deuxième argument, soit la nécessité de s'y retrouver dans le système fiscal, deux tiers des contribuables canadiens paient maintenant des spécialistes en déclarations de revenus pour produire leur déclaration de revenus. Les études disponibles semblent indiquer que, si le recours à ces spécialistes entraîne des remboursements plus élevés, il donne aussi lieu à un plus grand nombre d'erreurs. Le gouvernement a déjà pris certaines mesures plutôt louables, à mon avis, afin de corriger ce problème. L'ARC réalise des progrès au chapitre de l'établissement d'un cadre réglementaire pour les services à but lucratif de préparation de déclarations de revenus. Par ailleurs, le Chef du développement de la littératie financière présentera l'année prochaine sa stratégie nationale en matière de littératie financière, mais nous savons déjà, bien sûr, que la littératie financière n'est pas une solution magique pour assurer l'observation des règles fiscales ou la sécurité financière des ménages.
J'espère que vous envisagerez aussi des façons d'appuyer la capacité des centaines de services bénévoles et sans but lucratif de préparation de déclarations de revenus, établis au Canada. Il s'agit d'organisations comme l'Entraide budgétaire qui exerce ses activités à Ottawa. Elle fait partie du Réseau d’action en littératie financière d’Ottawa. L'année dernière, Entraide budgétaire a produit 2 200 déclarations de revenus au nom de citoyens à faible revenu d'Ottawa. Ces déclarations ont permis à ces citoyens de recevoir 1,3 millions de dollars de prestations, comme la Prestation fiscale pour le revenu de travail, la Prestation fiscale pour enfants et le Supplément de revenu garanti. En fait, l'ARC administre maintenant 42 différentes prestations fédérales et surveille l'observation de 85 autres prestations provinciales, à l'aide du régime fiscal.
Les organisations comme Entraide budgétaire rendent des services inestimables aux Canadiens à faible revenu en les aidant à produire leurs déclarations de revenus. Je pense que l'ARC a raison de ne pas assujettir à son cadre réglementaire les services bénévoles ou sans but lucratif de préparation de déclarations de revenus, mais, si nous nous soucions que les règles fiscales soient observées, que les déclarations de revenus soient exactes et, surtout, que les Canadiens bénéficient des prestations et des remboursements d'impôts auxquels ils ont droit, nous devons également veiller à ce que les services sans but lucratif de préparation de déclarations de revenus aient la capacité nécessaire pour répondre à la demande.
En passant, ces prestations liées au système fiscal sont habituellement accordées à des familles plutôt qu'à des particuliers, de manière à ce que les rares deniers publics soient affectés aux ménages qui en ont le plus besoin, ce qui m'amène à parler de mon dernier argument concernant les changements à apporter à la structure fiscale.
Les gens débattent encore une fois de la question de savoir si le taux d'imposition devrait être fondé sur le revenu des familles plutôt que sur le revenu des particuliers. D'autres membres du groupe d'experts ont parlé et continueront de parler de cette question en profondeur. Je me contenterai de dire très brièvement que je serais heureuse d'avoir l'occasion d'en dire davantage à ce sujet pendant les séries de questions. Pour l'instant, j'aimerais signaler que, si l'objectif des politiques est de venir en aide aux familles ayant des enfants — des familles qui, soit dit en passant, se présentent sous toutes les formes —, un grand nombre d'autres options plus efficaces s'offrent à vous. Tel qu'il est proposé, le fractionnement du revenu bénéficiera grandement aux familles à un seul revenu qui ont déjà un niveau de vie confortable, n'aidera à peu près pas bon nombre de ménages à un seul revenu qui se situent déjà dans la première tranche d'imposition, et privera le cadre financier de milliards de dollars.
Quelles que soient les décisions que prend le gouvernement dans son prochain budget, il ne devrait pas modifier fondamentalement le régime fiscal en douce, à la légère ou sans qu'une grande partie des Canadiens s'accordent pour dire que les coûts de ces changements sont acceptables.
Je soutiens que les complexités administratives ont une incidence sur la mise en oeuvre des mesures fiscales et que ces complexités doivent être examinées dans les moindres détails à l'avance.
Je soutiens aussi que de vagues promesses, qui finissent, en pratique, par profiter à un très petit nombre de familles ayant très peu besoin d'aide, ne sont pas de bonnes politiques et ne permettent pas au gouvernement de se faire du capital politique.
Je vous remercie infiniment d'avoir pris le temps de m'écouter.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, membres du comité, de m'avoir invitée à témoigner devant vous aujourd'hui.
Le premier message que j'ai à vous livrer est de ne pas couper les impôts. Bien que le budget fédéral soit presque équilibré, la dette fédérale reste considérable. En outre, des enjeux fiscaux sérieux se profilent à l'horizon. Les finances provinciales, notamment celles de l'Ontario et du Québec, se portent mal. La population vieillit. Plus de revenus découlent du capital et le revenu du capital est difficilement imposable. D'autres menaces, comme la planification fiscale internationale, pourraient aussi éroder l'assiette fiscale.
Alors le premier message que j'ai à vous livrer est de ne pas couper les impôts.
Le deuxième message est que si le gouvernement fédéral souhaite offrir des allégements fiscaux, il devrait chercher à accroître l'efficacité, le capital, ou les deux. Le fractionnement du revenu ne fait ni l'un ni l'autre.
En règle générale, le régime fiscal le plus efficace est celui dont l'assiette fiscale est large et le taux d'imposition est faible. Le fractionnement du revenu réduit l'efficacité parce qu'il hausse les taux effectifs marginaux d’imposition auxquels font face les deuxièmes titulaires de revenus, c'est-à-dire le conjoint qui gagne le salaire moindre. Si un conjoint au foyer décide d'entrer sur le marché du travail, une partie des économies d'impôt réalisées grâce au fractionnement du revenu sera perdue. La perte d'économies d'impôt hausse les taux effectifs marginaux d’imposition du conjoint qui reste au foyer. Elle réduit le taux marginal d'imposition des premiers titulaires de revenus, certes, mais ceux-ci ont tendance à avoir des offres de travail inélastiques, c'est donc dire qu'ils travaillent quoi qu'il advienne.
Le fractionnement du revenu réduit les taux marginaux d'imposition des personnes qui ne sont pas très vulnérables aux changements fiscaux -- c'est-à-dire le principal soutien de la famille -- et augmente les taux marginaux d'imposition des personnes qui le sont, c'est-à-dire les salariés secondaires. En gros, le fractionnement du revenu a des coûts sur le plan de l'efficacité
Le fractionnement du revenu n'augmente pas non plus le capital. La plupart des avantages reviennent aux familles à revenu élevé. Il ne reconnaît pas les dépenses liées au travail que doit assumer un ménage à deux revenus et il ne tient pas compte de la valeur de la production du ménage. À un certain revenu, une famille dont les deux parents travaillent a un niveau de vie moins élevé qu'une famille dont l'un des parents reste à la maison. Je suis contre le fractionnement du revenu précisément parce que je crois que la production du ménage est valable.
S'occuper des enfants à la maison ne signifie plus nécessairement que les mères restent au foyer pendant que les pères travaillent à l'extérieur. Les parcs canadiens sont remplis de grands-parents qui poussent des landaus. Les familles jonglent avec leurs horaires pour qu'un parent puisse rester avec les enfants en tout temps. Le parent que l'on voit au terrain de jeu pendant la journée travaille probablement le soir ou les weekends pour payer l'hypothèque.
Le fractionnement du revenu est une mauvaise idée. Mais si le gouvernement fédéral cherche à réduire les impôts, il aurait intérêt à offrir un meilleur soutien aux familles qui ont des enfants.
Dans les années 1960, le chèque d'allocation familiale de ma mère permettait d'acheter une semaine d'épicerie. En 2011, la famille biparentale moyenne avait un revenu légèrement supérieur à 90 000 $ au Canada. Avec leur Prestation fiscale canadienne pour enfants, ils ne peuvent probablement pas acheter l'épicerie de la semaine -- loin de là.
Le gouvernement Harper a déjà pris des mesures fiscales pour les familles avec la Prestation universelle pour la garde d’enfants et le montant non remboursable pour enfants. Je suis favorable à ces deux politiques, mais elles sont superposées à la Prestation fiscale canadienne pour enfants, qui a ses bons et ses mauvais côtés.
Premièrement, comme la Prestation est reprise à mesure que le revenu net familial augmente, elle n'offre pas un soutien généreux à une famille biparentale dans l'une des grandes villes canadiennes. Grosso modo, une famille biparentale qui vit à Vancouver ou à Toronto et qui gagne suffisamment d'argent pour payer une hypothèque recevra probablement très peu de soutien par le truchement de la Prestation fiscale canadienne pour enfants.
Deuxièmement, les fonds de la Prestation qui sont repris font augmenter les taux marginaux d'imposition auxquels font face les parents de jeunes enfants. Comme je l'ai mentionné, on doit accroître l'efficacité et réduire les taux marginaux d'imposition.
Troisièmement, la Prestation fiscale canadienne pour enfants est fondée sur le revenu familial net. Le calcul du revenu est le même pour les familles biparentales que monoparentales. Cela peut créer une pénalité au mariage non négligeable pour les personnes à faible revenu.
Au fond, la meilleure façon de soutenir les familles avec des jeunes enfants est de leur donner de l'argent. Je proposerais qu'on le fasse par le truchement d'un nouveau programme qui combinerait les points forts de la Prestation fiscale canadienne pour enfants et de la Prestation universelle pour la garde d’enfants et qui appuierait les familles.
Merci du temps que vous m'avez accordé.
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Merci, monsieur le président, et merci aussi aux membres du comité de me donner la possibilité de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Clay Gillespie et je suis actuellement membre du conseil d'administration de CALU. CALU et notre organisme soeur Advocis comptent environ 11 000 agents d'assurances et conseillers financiers qui offrent des conseils financiers à des millions de Canadiennes et de Canadiens.
Je suis accompagné de Kevin Wark, président de CALU. Il est possible que je fasse appel à lui pour répondre à certaines de vos questions plus pointues concernant notre projet d'immobilisations à long terme.
CALU souhaite faire deux recommandations qui, selon nous, rehausseront le régime fiscal canadien et surtout aideront les Canadiennes et les Canadiens qui s'engagent dans leurs années de retraite de plus en plus nombreuses. La génération des baby-boomers a eu et continuera d'avoir une incidence socioéconomique importante au Canada. Les premiers d'entre eux ont eu 65 ans en 2011. Au cours des 20 prochaines années, ce groupe haussera à 23 p. 100 la proportion de la population canadienne de plus de 65 ans.
Avec la retraite et le vieillissement, deux de leurs principales préoccupations sont de recevoir des soins de santé de qualité et de ne pas avoir dépensé toutes leurs économies personnelles avant de mourir. Les deux propositions de CALU visent à encourager les Canadiennes et les Canadiens à être plus autonomes au plan financier pendant leurs années de retraite et, par le fait même, à réduire leur dépendance au soutien offert par les programmes et institutions publics.
Notre première proposition porte sur les fonds enregistrés de revenu de retraite, ou FERR. Les personnes qui ont des RÉER sont tenues de transformer en rentes ou de transférer les fonds dans des FERR avant la fin de l'année de leurs 71 ans. Si elles optent pour un FERR, elles doivent retirer un montant annuel minimal. Par exemple, à l'âge de 71 ans, une personne doit retirer 7,38 p. 100 du solde de son FERR; ce pourcentage augmente à 20 % à l'âge de 94 ans.
La formule minimale du FERR a été mise en place au début des années 1990, alors que les taux d'intérêt à long terme se situaient autour de 8 p. 100 et que l'espérance de vie moyenne était d'environ 80 ans. Depuis, les taux d'intérêt ont baissé de façon dramatique alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter.
Les compagnies d'assurances ont tenu compte de ces changements dramatiques dans le prix des rentes. Par exemple, en 1992, un homme de 71 ans avec un RÉER de 100 000 $ pouvait acheter une rente viagère et recevoir 10 000 $ par année, garantis jusqu'à l'âge de 90 ans. Aujourd'hui, la même personne ne recevrait que 6 000 $ par année en rentes, ce qui représente une baisse de 40 p. 100; cependant la formule minimale du FERR reste la même.
CALU recommande donc que les règles minimales des FERR soient modifiées pour aider les Canadiennes et les Canadiens à conserver une plus grande partie de leurs économies et les protéger des risques liés à la longévité.
J'aimerais maintenant parler de notre seconde recommandation. Comme je l'ai mentionné, une partie importante de la population canadienne est sur le point de prendre sa retraite. Au fur et à mesure qu'elle vieillit, la probabilité qu'elle ait besoin de soins de longue durée croît de façon exponentielle.
L'Institut C.D. Howe a récemment publié un rapport qui estime que le coût total des soins du longue durée fera plus que doubler au cours des 20 prochaines années, pour s'élever à 140 milliards de dollars. La question que l'on doit logiquement poser est celle de savoir qui va assumer ces coûts supplémentaires. Le rapport a conclu que les provinces devront imposer une plus grande partie des coûts à ceux qui ont les moyens de payer. Cela représentera un fardeau financier supplémentaire pendant la retraite auquel la plupart des Canadiennes et des Canadiens ne se préparent pas.
Nous croyons que l'assurance soins de longue durée peut jouer un rôle important pour combler cet écart de financement. Elle offre une allocation en espèces aux personnes qui sont incapables de faire certaines activités quotidiennes, comme se laver et manger. Il est primordial que plus de gens se munissent de ce type d'assurance pour aider à gérer les coûts privés associés aux services de soins de longue durée.
CALU croit que c'est maintenant qu'il faut traiter cette question. En outre, nous croyons que le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership pour préparer les Canadiennes et les Canadiens à ce que l'avenir leur réserve. Comment? En les informant de leurs obligations financières en ce qui touche les services de soins de longue durée, en travaillant avec les provinces à élaborer une approche plus uniforme pour déterminer qui est admissible à une aide subventionnée, et en veillant à ce que les règles fiscales encouragent plus de Canadiennes et de Canadiens à acheter leur propre assurance soins de longue durée.
Je vous remercie du temps et de l'attention que vous m'avez accordés. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions concernant notre présentation.
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Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de participer au processus de consultations prébudgétaires 2014.
Je m'appelle Andrea Mrozek et je suis directrice exécutive de l'Institut du mariage et de la famille Canada. En 2016, cela fera 10 ans que nous créons, compilons et présentons avec déférence les résultats de nos recherches en vue d'aider les familles à prospérer pour que le Canada prospère lui aussi.
Malheureusement, les familles canadiennes éprouvent aujourd'hui des difficultés. Les Canadiennes et les Canadiens ont environ 40 % de chances de divorcer avant de fêter leur 30e anniversaire de mariage. Nous observons un nombre croissant de familles monoparentales qui sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté. Nous observons un nombre croissant de familles dont les parents sont conjoints de fait, unions plus susceptibles de se solder par une rupture. Nous constatons que le nombre de mariages et de naissances est inférieur au taux de remplacement, alors nous avons raison de nous inquiéter. Derrière ces statistiques familiales se cache, bien sûr, une grande douleur émotionnelle. Nous menons nos travaux de recherche en vue d'alléger les souffrances. Les réformes fiscales sont une façon d'aider les familles. Nos recherches nous poussent à faire les recommandations suivantes.
Premièrement, nous recommandons que l'on éradique une inégalité qui existe actuellement en instaurant une mesure fiscale pour les familles, en l'occurrence le fractionnement du revenu. Cette mesure permet l'équité horizontale ou fiscale dans les familles. Elle fait en sorte que les familles qui se ressemblent et qui ont le même revenu aient aussi le même taux d'imposition, quelle que soit la façon dont elles obtiennent ce revenu. Les membres des familles n'équilibrent pas leur budget individuellement, mais ensemble. La politique fiscale devrait encourager le partage, car c'est une bonne chose qui témoigne de la force d'une famille.
Une bonne majorité de Canadiennes et de Canadiens, quelle que soit leur allégeance politique, reconnaissent l'injustice actuelle. En effet, 65 % des personnes qui appuient les conservateurs, 55 % de celles qui appuient les néo-démocrates et 54 % de celles qui appuient les libéraux conviennent du bien-fondé du fractionnement du revenu, tout comme l'éminent économiste canadien, Jack Mintz. C'est une mesure qui a été appliquée dans une gamme de pays comme la République tchèque, l'Allemagne et la France sans soulever la controverse.
Il est clair que l'équité fiscale est la principale raison d'instaurer le fractionnement du revenu. Cependant, près de la moitié de toutes les familles canadiennes qui ont actuellement des enfants de moins de 18 ans recevraient une réduction d'impôt. À titre d'exemple, si cette mesure était appliquée à l'échelon fédéral seulement, un enseignant ou une enseignante à l'école secondaire au Manitoba économiserait 28 % en impôts, tandis qu'un comptable en Saskatchewan réaliserait des économies de 25 %. Je crois que nous ne pouvons pas mépriser ces économies pour les Canadiennes et les Canadiens au revenu moyen, économies qui seraient encore plus élevées si le fractionnement du revenu était aussi offert à l'échelon provincial.
Deuxièmement, nous recommandons que l'on hausse les sommes que les parents reçoivent directement, que ce soit par le truchement de la Prestation universelle pour la garde d'enfants, de la Prestation fiscale canadienne pour enfants ou d'un autre programme. Bien que nous préférions que le code des impôts serve à laisser plus d'argent aux parents dès le départ, on pourrait aussi envisager d'augmenter les montants des deux prestations ou de prendre d'autres mesures. Nous croyons que c'est en ayant de l'argent que les parents ou les familles sont en mesure de faire les meilleurs choix pour répondre à leurs besoins variés et précis.
Enfin, nous recommandons que l'on n'utilise pas l'argent des contribuables pour créer un programme national de garde d'enfants. C'est avec regret que je constate que cette recommandation arrive environ deux semaines trop tard pour les honorables députés du Nouveau Parti démocratique. Nous croyons qu'un bon système de garde d'enfants financé par l'État coûte extraordinairement cher. Comme nous l'avons vu au Québec, les coûts vont dans une seule direction — ils montent. En outre, ce type de système ne tient pas compte des différentes situations de famille au pays. Il n'aide pas les gens qui ont des horaires de travail variables. Certains couples prennent des mesures extraordinaires pour se partager la garde des enfants. Avec l'instauration d'un programme national, certaines familles seront peut-être privées d'autres prestations pour financer l'unique programme qu'elles choisissent de ne pas utiliser.
Il importe de noter que, quelle que soit leur allégeance politique, leur sexe ou leur revenu, 76 % des Canadiennes et des Canadiens croient que le meilleur endroit pour un enfant de moins de six ans est à la maison avec un parent.
Nous craignons qu'un système national de garde d'enfants devienne un gâchis national si le gouvernement fédéral essaie d'offrir un service qui, à notre avis, devrait provenir de sources plus près des foyers.
Nous disposons d'un certain nombre de ressources sur le fractionnement du revenu et les services de garde, et je serais ravie de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Je vais m'attarder un peu au fractionnement du revenu, car il en a été question dans bien des témoignages aujourd'hui.
Le directeur parlementaire du budget a récemment affirmé que l'on s'attend à ce que le prochain budget fédéral se situe autour de 10 milliards de dollars, ce qui semble être conforme à bien d'autres estimations. Si nous en croyons le modèle d'imposition unique — ce qui est le cas et celui du gouvernement actuel — le fractionnement du revenu sera un programme de l'ordre de 5 milliards de dollars, plus ou moins, entre le fédéral et les provinces.
Ce qui était intéressant dans le rapport du directeur parlementaire du budget était que l'excédent actuel — et je ne parle pas ici d'immobilisations que l'on vend une seule fois, ou de sommes puisées à même le fonds de l'AE. Je ne sais pas exactement comme M. Adler a qualifié ces actions...
Qu'est-ce que les libéraux ont fait?
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos témoins.
Je remercie Mme Alepin d'avoir expliqué son graphique, car nous n'avions que ce document d'une page que nous essayions d'interpréter. Nous vous sommes donc très reconnaissants.
Je dois vous complimenter d'avoir déclaré que Bill Gates doit payer ses impôts comme le reste d'entre nous. Bien franchement, il y a bien trop de grandes entreprises et de sociétés qui s'adonnent à l'évasion fiscale au pays. Mais c'est une responsabilité énorme que de tenter de concevoir un système en prenant celui déjà en place pour essayer de le façonner pour qu'il cadre mieux avec les besoins des Canadiens et les changements auxquels ils s'attendent.
Quand on veut assurer l'équité du régime fiscal, éliminer les échappatoires et renforcer le recouvrement de l'impôt, et qu'on prend certaines grandes sociétés — je pense en particulier à votre graphique relatif aux organismes de bienfaisance —, que proposeriez-vous de changer dans ce système pour qu'il soit mieux adapté et, très franchement, plus équitable pour tous les Canadiens?
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Il s'agit évidemment d'une très bonne question
En ce qui a trait aux fondations privées, c'est facile. Je pense que la façon la plus simple, et enfin il y en a une, consiste à augmenter les obligations des fondations privées du secteur caritatif. En ce moment, on ne peut pas réellement dire que ces fondations soient charitables, puisque leurs dépenses ne dépassent pas leur rendement. Ainsi, le capital initial reste toujours intact. C'est le cas de la plupart des fondations. Selon les études, le pourcentage qu'elles recueillent chaque année à titre caritatif est d'environ 4 %, et cela couvre les dépenses de fonctionnement.
Dans l'ensemble, les fondations privées du Canada sont probablement constituées de façon à être perpétuelles. C'est là que se situe le problème. Il faut encourager le système des fondations privées et l'activité caritative, mais il faut s'assurer que c'est avantageux pour les Canadiens.
À mon avis, la façon la plus simple de corriger cette situation est d'augmenter chaque année le taux de charité. En ce moment, il représente 3,5 %. Aux États-Unis, il est de 5 %. Des études démontrent qu'il pourrait facilement être établi à 8 %. Une somme de 25 milliards de dollars est coincée dans les fondations privées. Beaucoup d'argent est donc réinjecté chaque année.
Est-ce que j'ai le temps de répondre à la question portant sur les multinationales?
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Non, je vais changer de sujet. Merci.
Vous dites qu'environ 25 milliards de dollars en revenus non imposables dorment dans les coffres des fondations au Canada aujourd'hui. C'est une somme colossale.
Vous avez également beaucoup parlé d'évasion, d'équité et d'évitement fiscaux, notamment à l'échelle internationale. Ici encore, tout le principe d'évasion fiscale est difficile à chiffrer. Ces impôts ont échappé aux coffres de l'État parce que certains ont enfreint la loi pour cacher de l'argent.
Nous avons toutefois constaté que le Programme des divulgations volontaires porte fruit. Même s'il fait l'objet de certaines critiques, il a vraiment incité des gens à sortir du placard. De 1 200 en 2006-2007, ces personnes sont passées à 5 200 en 2013-2014, et cette année, 6 700 personnes ont volontairement divulgué des renseignements jusqu'à présent. Cela fait près de 12 000 particuliers et entreprises cachant des fonds à l'étranger.
À quoi attribuez-vous cela? Comment qualifieriez-vous la situation? Comment poursuivriez-vous les efforts en ce sens?
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Le Programme des divulgations volontaires est un bon programme, bien qu'il comporte des aspects à améliorer. Je suis heureuse que les gouvernements provinciaux et fédéral fassent une telle chose à ce sujet.
Pour aller plus loin sur le chemin de la défiscalisation des multinationales canadiennes, je vais mentionner ceci. En ce moment, il y a un mouvement global, car il y a plusieurs problèmes. Je trouve que l'OCDE fait un boulot assez fantastique grâce à son projet BEPS. Il faut en améliorer certains aspects mais, dans son ensemble, l'idée de taxer les revenus là où ils sont réalisés est géniale. La mise en place du système fonctionne bien.
Il y a présentement une lacune, que ce soit au Canada ou à l'étranger, à savoir qu'on ne s'attaque pas au problème de la course vers le bas. On semble penser que les pays agiront différemment par rapport à ce qu'enseignent les théories économiques. Ces dernières prétendent que lorsque nous sommes dans une situation de concurrence parfaite, nous pouvons prendre des décisions entre nous de façon à ne pas nous avantager de façon globale.
Que ce soit pour les multinationales ou les PME, les taux d'imposition au Canada sont quand même adéquats. On ne fait pas comme l'Irlande où le taux est de 12 %, ou comme les États-Unis où le taux est de 35 %. Au Canada, les taux d'imposition sont adéquats et la façon de faire semble fonctionner. D'ailleurs, les taux d'imposition ont été réduits de manière substantielle au cours des 10 dernières années.
Qui sera le prochain pays à déclencher une course vers le bas en ce qui a trait aux taux d'imposition? Notre position serait alors peut-être moins avantageuse. Le Canada doit se pencher sur ce problème.
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Je vous remercie de votre question.
En 2004, lorsque j'ai commencé à étudier les sujets liés à l'adaptation des régimes d'imposition à la mondialisation, le Canada n'avait pas encore pris position. Le pays n'avait pas encore montré quel genre de concurrent fiscal il deviendrait. Je dois dire que je suis un peu surprise de voir que le Canada réagit de cette manière face à la concurrence fiscale.
Dans les faits, il devient un concurrent fiscal significatif des États-Unis en ce qui a trait aux taux statutaires. Si l'on parle des taux d'imposition effectifs, c'est encore plus marqué. J'ai moi-même eu l'occasion de travailler sur des dossiers de multinationales afin de vérifier quel était, dans les faits, le taux d'imposition qu'elles payaient réellement. Certaines multinationales avaient fait l'objet d'inversion fiscale.
De nos jours, en Irlande, on parle de double Irish with a Dutch sandwich. Ici, au Canada, entre nous, on parle d'un Canadian Club. On propose à une multinationale une inversion fiscale, suivie d'un transfert des profits dans un territoire considéré comme un paradis fiscal avec lequel le Canada a signé des accords d'échanges de renseignements fiscaux. Tout cela est suivi de l'utilisation avantageuse des régimes de R-D. Il est donc vrai que le Canada a une attitude surprenante. Je ne pensais pas qu'il avait besoin d'utiliser son régime fiscal de cette manière afin d'attirer du capital.
Si le Canada ne veut pas s'obliger à réduire davantage ce qui est déjà près de zéro dans le cas de certaines multinationales et s'il veut s'assurer de rester concurrentiel, j'aimerais faire part d'une chose. C'est peut-être le temps de discuter de la possibilité d'être tous associés à une dynamique où l'on baisse davantage les taux d'imposition, qu'ils soient statutaires ou effectifs,.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous nos témoins.
J'aimerais avoir plus de temps à ma disposition, mais je vais tout de même me permettre une observation.
Madame Alepin, j'ai beaucoup aimé votre suggestion en vue de la tenue d'une conférence. Je pense que ce serait une excellente façon de faire progresser les choses. Je vais me contenter de dire que j'espère que le gouvernement donnera suite à cette suggestion.
Madame Robson, vous avez parlé dans votre exposé d'une disparité entre les services rémunérés de préparation des déclarations de revenus, auxquels les deux tiers d'entre nous avons recours, et ceux qui sont offerts sans but lucratif. D'après ce que j'ai pu comprendre, ces derniers étaient désavantagés.
Pouvez-vous nous dire de quoi il en retourne exactement?
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Oui, il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Cependant, j'aimerais faire deux remarques, et ce, même si j'en ai fait une plus tôt à cet égard.
Je trouve que le régime d'imposition envoie un signal contradictoire. D'une part, les mesures d'enquête sont extrêmement corsées et contraignantes pour les contribuables qui ont recours aux paradis fiscaux. D'autre part, il met en place un système d'imposition où il est légal pour une multinationale d'avoir recours à un paradis fiscal. C'était ma première remarque.
Par ailleurs, j'ai de la difficulté à comprendre une chose. Maintenant, de fait, les multinationales ont la possibilité de faire des affaires dans les paradis fiscaux sans payer d'impôt où que ce soit. Ils n'en paient ni dans le paradis fiscal, ni au Canada. Dans ce cas, comment le gouvernement gère-t-il le fait que c'est devenu injuste pour les PME du pays? Je ne peux pas m'expliquer cela. On dit que c'est un pas dans la bonne direction, mais le fait de mettre en place un régime d'imposition pour les multinationales n'en est pas un. En réalité, les multinationales paient moins d'impôt que les PME.
Quand j'ai commencé ma carrière de fiscaliste, ce n'était pas le cas. Les PME payaient beaucoup moins d'impôt que les multinationales.
Merci à nos témoins.
Permettez-moi de clarifier les choses. Dans mon esprit, il y a une nette différence entre ce qu'on pourrait appeler l'évasion ou l'évitement fiscal et les prestations et allocations fiscales. Dans le premier cas, c'est à éliminer; dans l'autre, c'est une bonne chose.
J'ai toujours pensé que les Canadiens qui font tout le nécessaire en étudiant, en travaillant fort et en gérant prudemment leurs avoirs pour parvenir à bien gagner leur vie, de telle sorte qu'il y ait très peu de risques qu'ils en viennent un jour à dépendre de l'aide gouvernementale, méritent peut-être une forme quelconque de récompense. C'est ce qu'on appelle les allégements fiscaux.
Au cours des huit dernières années, notre gouvernement a réduit le fardeau fiscal moyen des familles canadiennes d'environ, si je ne m'abuse, 3 600 $ par année. Je dirais que la famille canadienne de classe moyenne typique ne laisse pas dormir ce montant supplémentaire de 3 600 $ par année à sa disposition dans un bas de laine. Les Canadiens le réinjectent dans l'économie en faisant des achats. C'est une bonne chose pour notre économie. En fait, pour chaque dollar en allégement fiscal consenti à une famille canadienne qui le réinjecte dans l'économie, le gouvernement fédéral récupère une portion de 5 ¢. Il suffit que le même phénomène se reproduise à 20 reprises, ce qui peut arriver le jour même, et le gouvernement a récupéré son dollar initial. C'est bon pour l'économie.
Si certains témoins ici présents sont d'avis que les allégements fiscaux offerts aux familles canadiennes ou aux travailleurs canadiens ne sont pas nécessairement une bonne chose, j'aimerais leur faire valoir qu'il s'agit d'une très bonne chose et que nous devrions tout mettre en oeuvre pour aider ces gens-là. Les montants libérés ne sont pas conservés en lieu sûr; ils sont réinjectés dans l'économie.
J'ai seulement une question.
Monsieur Gillespie, vous avez parlé de l'assurance soins de longue durée. Je pense que c'est une excellente idée et que toute personne disposée à souscrire à un régime semblable, de telle sorte que le gouvernement n'aura pas à subvenir à ses besoins plus tard dans sa vie, devrait être compensée d'une manière ou d'une autre, par exemple au moyen d'une allocation fiscale sur les primes d'assurance payées car, en fin de compte, la situation devient ainsi nettement plus avantageuse pour le gouvernement.
Est-ce une suggestion valable?