Nous en sommes à la 38e séance du Comité permanent des finances. Conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, nous allons étudier le Budget principal des dépenses de 2014-2015, plus précisément les crédits 1 et 5 sous la rubrique Agence du revenu du Canada qui ont été renvoyés au comité le jeudi 27 février 2014.
Cet après-midi, je souhaite la bienvenue à nos trois témoins de l'Agence du revenu du Canada.
Nous accueillons M. Roch Huppé.
[Français]
Bienvenue.
[Traduction]
Nous accueillons aussi M. Brian McCauley, le sous-commissaire. Bienvenue à nouveau. Bienvenue aussi à M. Richard Montroy.
Je crois que vous allez faire un exposé, après quoi nous passerons aux questions des membres.
[Français]
Monsieur Huppé, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour et merci de cette occasion de comparaître devant le comité afin de présenter le Budget principal des dépenses 2014-2015 de l'Agence du revenu du Canada et de répondre à toutes les questions que vous pouvez avoir à son sujet.
Monsieur le président, comme vous le savez, l'ARC est responsable de l'administration des programmes d'impôt fédéraux et de certains programmes d'impôt provinciaux et territoriaux ainsi que de la prestation de plusieurs programmes de versement de prestations.
[Français]
Chaque année, l’agence perçoit des centaines de milliards de dollars de recettes fiscales pour le compte du gouvernement du Canada et elle distribue en temps opportun des paiements de prestations exacts à des millions de Canadiens.
[Traduction]
Pour exécuter son mandat, l'ARC demande l'approbation d'un total d'un peu moins de 3,9 milliards de dollars par l'intermédiaire de ce Budget principal des dépenses 2014-2015. De ce montant, 3 milliards de dollars nécessitent l'approbation du Parlement, tandis que la balance de 0,9 milliard de dollars représente les prévisions législatives qui sont déjà approuvées en vertu de lois distinctes.
Les postes législatifs comprennent les versements aux provinces pour le bois d'oeuvre, les paiements de l'allocation spéciale pour enfants, les coûts des régimes de prestations aux employés et la dépense des revenus résultant de la poursuite des activités de l'ARC en vertu de l'article 60 de la Loi sur l'ARC en ce qui concerne les activités administrées au nom des provinces et d'autres ministères.
[Français]
Le Budget principal des dépenses de 2014-2015 représente une diminution nette de 415,6 millions de dollars, ou de 9,7 %, comparativement aux autorisations prévues dans le Budget principal des dépenses de 2013-2014.
[Traduction]
La composante la plus importante de cette diminution est une réduction de 203 millions de dollars des versements législatifs prévus aux provinces en vertu de la Loi sur les droits d'exportation de produits de bois d'oeuvre. Cette diminution tient compte des prévisions révisées et fournies par le ministère des Finances, qui sont évaluées en fonction des modifications de prix et de volumes sur le marché du bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis.
Les autres diminutions du budget de l'Agence comprennent des économies de 119 millions de dollars à la suite de l'examen des dépenses prévues dans le budget de 2012. La plupart de ces économies peuvent être classées dans deux grandes catégories, à savoir les suivantes: la facilitation des rapports entre les Canadiens, les entreprises et leur gouvernement, surtout en offrant des services en ligne plus rapides et plus efficients et aussi la modernisation et la réduction des services administratifs de l'agence.
Les diminutions comprennent aussi une réduction de 57,6 millions de dollars à la suite des économies dégagées lors de l'examen ciblé prévu dans le budget de 2013 concernant les opérations de l'Administration centrale de l'ARC. Ces économies n'ont aucune incidence sur les services aux Canadiens et seront réalisées en rationalisant nos services internes, en optimisant nos ressources de la TI et en améliorant notre harmonisation organisationnelle.
[Français]
Il y a aussi un rajustement de 19,7 millions de dollars du transfert de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada à l’agence. Ce rajustement tient compte d’une diminution dans les services des locaux et dans les biens immobiliers.
[Traduction]
Il faut aussi compter un transfert de 18,7 millions de dollars à Services partagés Canada. Cela représente le transfert de la responsabilité liée à l'acquisition de logiciels d'appareils pour les utilisateurs finaux ainsi qu'un rajustement du financement de base qui avait été transféré antérieurement à Services partagés Canada au moment de sa création.
Cela comprend 22,3 millions de dollars pour financer les augmentations salariales attribuables aux conventions collectives qui sont entrées en vigueur en 2011, avant le gel du budget de fonctionnement récemment annoncé pour 2014-2015 et 2015-2016.
[Français]
Cela inclut aussi une somme supplémentaire de 17 millions de dollars en 2014-2015 dans le cadre de la mise à niveau sur plusieurs années du système de traitement de l’impôt sur le revenu des particuliers de l’Agence du revenu du Canada. Grâce à la mise à niveau, l’ARC sera mieux positionnée afin de traiter le nombre accru de déclarations produites, de respecter les nouvelles mesures en matière de politique fiscale et de conclure de nouvelles ententes de partenariat avec les provinces, les territoires et les autres ministères et organismes fédéraux.
[Traduction]
Enfin, il y a l'augmentation de 5,4 millions de dollars pour la mise en oeuvre et l'administration de diverses mesures touchant les particuliers, les entreprises et les organismes de bienfaisance, annoncée dans le cadre du budget de 2012, y compris prolonger d'un an le crédit pour l'embauche visant les petites entreprises, accroître la transparence et la reddition de comptes des organismes de bienfaisance et instaurer le régime de pension agréé collectif.
Pour terminer, monsieur le président, les ressources demandées par l'intermédiaire du Budget principal des dépenses permettront à l'ARC de continuer à offrir des services de qualité aux Canadiens en s'assurant que les contribuables respectent leurs obligations, que l'assiette fiscale du Canada est protégée et que les familles et les particuliers admissibles reçoivent des paiements de prestations exacts et en temps opportun.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre aux questions des membres du comité au sujet du Budget principal des dépenses de 2014-2015.
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Bienvenue à nos témoins, et merci d'avoir répondu à la dernière question de M. Rankin. Il est important que les Canadiens le sachent, car ils s'attendent à ce que l'argent recueilli pour des oeuvres de bienfaisance aille bien à des oeuvres de bienfaisance, et pas à autre chose. Je crois bien que c'est tout ce qu'on peut en faire, franchement.
Nous n'avons pas encore eu l'occasion de parler du Programme des divulgations volontaires, mais j'aurais tout de même deux questions à vous poser à ce sujet. Le programme est administré par l'ARC. Il fait la promotion de la conformité aux lois fiscales canadiennes, tant au Canada qu'à l'étranger. Pour les Canadiens qui n'ont pas été totalement honnêtes, disons, dans leurs déclarations de revenus, c'est l'occasion de rectifier le tir.
Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne le programme, et pourquoi il est évidemment prudent pour les Canadiens qui n'ont peut-être pas été tout à fait honnêtes d'en tirer profit?
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Merci pour cette question, monsieur le président.
Le Programme des divulgations volontaires existe depuis des années à l'agence. En gros, c'est un programme qui permet aux gens qui n'ont pas respecté à la lettre leurs obligations fiscales de se manifester, et pourvu qu'ils paient les impôts dus et les intérêts applicables, ils ne sont pas assujettis à des sanctions. Le programme prévoit bien sûr différentes conditions. Les gens doivent dire la vérité et nous donner tous les renseignements dont nous avons besoin pour évaluer leurs déclarations.
Au cours des dernières années, les chiffres du programme ont augmenté de façon constante. Il y a bien des raisons pour l'expliquer. Je me plais à croire que... Une des principales raisons est qu'il y a de moins en moins d'endroits pour cacher de l'argent. Le Canada a conclu des accords d'échange de renseignements avec différents pays. Nos conventions fiscales ont été mises à jour. Différentes mesures ont été prises dans les dernières années pour nous aider avec les comptes à l'étranger. L'ARC a beaucoup investi de ce côté. En raison de tout cela, les gens décident qu'il serait préférable pour eux de profiter du programme. On aime bien dire aux gens « venez nous voir avant qu'on aille vous voir ».
Des voix: Oh, oh!
M. Richard Montroy: C'est probablement pour ces raisons que le programme est efficace.
Finalement, je veux revenir rapidement sur le chèque qui a été rappelé. Je pense qu'il faut mentionner clairement au comité que le chèque n'a jamais été encaissé. Il a été délivré par erreur par le système automatisé. Le chèque a été récupéré, et une enquête exhaustive a été entreprise.
Voulez-vous ajouter des précisions à ce sujet? Dans une aussi grande organisation, il faut faire preuve d'une vigilance constante, mais il est injuste, pour vous et pour ces gens qui travaillent pour les Canadiens tous les jours, d'insinuer que nous sommes aux prises avec un phénomène de corruption endémique.
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Merci de vous joindre à nous.
Au début mai 2013, j'ai demandé au directeur parlementaire du budget (DPB) de préparer une analyse sur les mesures prises entre 2010 et 2013 pour éliminer les échappatoires fiscales. Il n'a pas pu terminer son analyse parce que l'ARC refusait de lui communiquer les données nécessaires. Le DPB est en droit de consulter ces données selon la Loi sur le Parlement du Canada. La loi prévoit aussi une clause de confidentialité, à l'article 79.4, qui interdit au DPB de divulguer toute donnée financière et économique qu'il reçoit dans l'exercice de ses fonctions.
Pourquoi l'ARC maintient-elle donc qu'elle doit rendre les données anonymes avant de les transmettre au DPB, alors qu'il est tenu, en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada, de protéger la confidentialité de ces données?
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Il est difficile de gérer ce qu'on ne mesure pas, et il est utile d'avoir accès à des données fiables lorsque vient le temps de décider des politiques publiques.
Beaucoup de Canadiens, notamment du Canada atlantique, travaillent dans d'autres régions ou dans d'autres provinces, parfois pendant des semaines et des semaines, mais continuent à vivre dans leur province d'origine avec leur famille et font leur déclaration de revenus là aussi. J'aimerais avoir une meilleure idée du nombre de Canadiens de l'Atlantique qui sont dans cette situation. Nous avons examiné les données de Statistique Canada sur la main-d'oeuvre interprovinciale. Les données les plus récentes semblent remonter à 2009, mais le secteur des ressources, entre autres, s'est beaucoup développé depuis 2009.
Est-ce que l'ARC compile des données sur le nombre de Canadiens qui travaillent en dehors de la province dans laquelle ils résident et paient leurs impôts?
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Nous avons constaté une augmentation considérable depuis 2010. À l'époque, environ 60 % des déclarations ont été faites en ligne. Cette année, on parle d'environ 81 %. C'est une augmentation vertigineuse. L'an dernier, environ 77 % des déclarations ont été faites en ligne. Donc, même par rapport à l'an dernier, c'est une augmentation considérable.
Donc, oui, nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive. Bien entendu, il y a encore place à la croissance.
Pour répondre à la première partie de votre question concernant les 17 millions de dollars auxquels j'ai fait référence pour la mise à niveau du système T1, le système des particuliers, l'agence s'est vue accorder un investissement de 251 millions de dollars sur neuf ans pour effectuer cette mise à niveau qui vise à assurer la durabilité du système. Bien entendu, il s'agit d'un système très important. Aussi, comme l'a souligné le BVG dans le cadre d'une vérification des grands systèmes, ce système devait être modernisé. C'est la raison pour laquelle nous avons reçu ce financement.
La somme de 17 millions de dollars est en réalité un flux de trésorerie de l'an dernier. Notre Budget principal des dépenses de l'an dernier prévoyait 23 millions de dollars en 2013-2014 pour ce projet. Cette année, 40 millions de dollars ont été réservés pour la mise à niveau du système. Nous en sommes à la première étape du projet, donc, il reste encore du travail à faire.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec M. Cullen.
J'aimerais parler d'un article publié hier dans La Presse au sujet de la dette fiscale, c'est-à-dire des impôts impayés. Vous l'avez probablement déjà lu.
L'an dernier, la dette fiscale se chiffrait à 31 milliards de dollars, alors qu'elle était de 29 milliards de dollars l'année précédente. Il s'agit d'une augmentation de 2 milliards de dollars. Un porte-parole de l'Agence du revenu du Canada a justifié cette augmentation en disant qu'elle était due à l'harmonisation de la TPS ainsi qu'à l'accroissement de la population. Cependant, le montant qui était dû en 2005-2006 était de 18,5 milliards de dollars. Les montants ont donc augmenté de près de 80 % sur une période de huit ou neuf ans.
Est-ce vraiment dû uniquement à l'harmonisation de la TPS et à l'accroissement de la population? N'y a-t-il pas également un manque d'effectif qui fait qu'il devient difficile de se tenir à jour avant la période de 10 ans à la fin de laquelle les impôts dus sont oubliés?
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Je vous remercie de la question.
Je ne connais pas tous les détails ni toutes les raisons. Ce que je peux dire, c'est que l'augmentation des revenus en général fait évidemment partie des raisons. La dette a augmenté en conséquence à cet égard.
Je peux vous assurer que depuis les dernières années, l'agence réalloue annuellement des fonds pour augmenter ses capacités au sein du groupe de recouvrement.
J'aimerais aussi mentionner que selon une étude internationale menée par Capgemini auprès de 10 pays importants, l'Agence du revenu du Canada figure parmi les deux premiers organismes pour le recouvrement de la dette par rapport au pourcentage du revenu ainsi que pour le montant qu'il en coûte afin de recouvrer 1 $ de dette. Nous sommes parmi ceux qui ont les coûts les plus bas.
Nous avons aussi réagi à une vérification du Bureau du vérificateur général portant sur le recouvrement de la dette. Nous avons apporté des modifications à certains processus pour nous assurer de maintenir le portfolio à un niveau acceptable.
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Merci aux témoins d'avoir accepté notre invitation.
J'aimerais apporter une précision au sujet de propos tenus plus tôt sur les impôts non contestés et impayés. On a fait référence à une somme de 29 milliards de dollars. Il est important de souligner que, comme vous le savez, 40 milliards de dollars en impôts dus ont été recouvrés. Il est important de faire la distinction. La situation n'est pas aussi grave qu'on le pense; en fait, c'est plutôt positif.
Le Canada jouit d'un des meilleurs bilans au monde quant à l'observation des règles fiscales. N'est-ce pas vrai? Oui.
Notre gouvernement joue un rôle de premier plan pour promouvoir l'idée selon laquelle tous les contribuables doivent payer leur juste part d'impôt. Depuis 2006, nous avons adopté 85 mesures visant à améliorer l'intégrité de notre système fiscal. J'ajouterais que le Parti libéral et le NPD ont voté contre chacune de ces mesures.
J'ajouterais aussi qu'en ce qui a trait à la perception fiscale, les sommes recouvrées entre 2006 et 2013 ont augmenté de 75 %. N'est-ce pas? C'est environ cela, non?
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Nous vous en sommes très reconnaissants.
Merci, messieurs Adler et Van Kesteren.
Je remercie nos trois représentants de leur présence et de leurs réponses à nos questions. Nous avons eu une séance très instructive.
Chers collègues, j'aimerais rapidement mettre aux voix les crédits.
AGENCE DU REVENU DU CANADA
Crédit 1 — dépenses de fonctionnement..........2 877 504 675 $
Crédit 5 — dépenses en immobilisations..........72 447 985 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Puis-je faire rapport à la Chambre des crédits inscrits sous la rubrique Agence du revenu du Canada?
Des voix: D'accord.
Une voix: Avec dissidence.
Le président: Je le ferai vendredi.
Merci beaucoup, chers collègues.
La séance est levée.