:
Je déclare la séance ouverte. Il s'agit de la 39
e séance du Comité permanent des finances. Chers collègues, il s'agit d'une séance télévisée. Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 8 avril 2014, nous poursuivons notre étude article par article du projet de loi , Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 11 février 2014 et mettant en oeuvre d'autres mesures.
Nous en sommes à la partie 5. Comme vous le savez, nous nous sommes déjà occupés des parties 1 à 4 durant la réunion de mardi. La partie 5 traite de la Loi de mise en oeuvre de l'Accord Canada-États-Unis pour un meilleur échange de renseignements fiscaux.
Nous accueillons deux représentants du ministère des Finances, M. Ted Cook et M. Brian Ernewein, que des collègues membres du comité connaissent très bien. Merci d'être ici.
(Article 99 — Édiction)
Le président:Nous allons commencer par l'article 99. J'aimerais rappeler, comme vous pouvez le constater dans votre ordre du jour, qu'il y a beaucoup d'amendements liés à cet article, alors je prévois pas mal de débats à ce sujet.
Nous allons commencer par l'amendement NDP-6, et j'aimerais préciser que, si l'amendement NDP-6 est adopté, nous pourrons sauter l'amendement LIB-2, puisqu'ils sont identiques. Évidemment, on réglera ainsi le cas de l'amendement LIB-2.
Si l'amendement LIB-3 est adopté, l'amendement PV-1 du Parti Vert ne peut pas être adopté puisqu'il y a un conflit de ligne, ni l'amendement NDP-7, qui est consécutif. De plus, si l'amendement PV-1 du Parti Vert est adopté, on ne peut pas examiner l'amendement NDP-7.
Nous avons donc tous ces amendements à étudier. Nous allons commencer avec le NPD. C'est une décision qui revient aux membres, mais, parfois, ils veulent regrouper leurs amendements ou les aborder un par un. Je laisse cette décision aux membres et partis intéressés.
Je vais commencer par l'amendement NDP-6, avec M. Rankin, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais fournir quelques renseignements contextuels avant de procéder avec le premier de plusieurs amendements à la partie 5 de la loi d'exécution du budget sur la mise en oeuvre de la Foreign Account Tax Compliance Act américaine, communément appelée la FATCA.
J'aimerais que les membres de l'autre côté réfléchissent bien aux graves problèmes qui ont été soulevés dans le cadre de nos travaux concernant la mise en oeuvre de cet accord très, très imparfait. J'espère qu'ils examineront très minutieusement et appuieront les amendements du NPD qui permettent d'éliminer certains des graves problèmes cernés.
Il est devenu de plus en plus évident, avec la comparution de membres du ministère et de témoins ici même, que le gouvernement conservateur n'a tout simplement pas bien réfléchi aux répercussions de la FATCA et de l'accord de mise en oeuvre en ce qui concerne la protection des renseignements personnels, la constitutionnalité et les coûts.
Le fait d'essayer de rapidement faire adopter ces dispositions dans un projet de loi omnibus sans procéder à une étude appropriée est non seulement insouciant, mais aussi totalement inutile. Les États-Unis ont récemment reporté l'application des sanctions prévues dans la FATCA en janvier 2015. On juge déjà que le Canada se conforme au droit américain, et des experts juridiques ont dit, ici même, qu'il y avait amplement de temps, par conséquent, pour bien étudier et modifier cet accord.
Plus d'un million de Canadiens pourraient être touchés défavorablement par cet accord très, très imparfait. Par conséquent, nous demandons simplement aux conservateurs, encore une fois, de ralentir et de retirer la FATCA de la loi d'exécution du budget, afin qu'on puisse en faire un examen approfondi et qu'on puisse y apporter les modifications nécessaires, de façon à protéger les renseignements personnels et les droits constitutionnels des Canadiens. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une préoccupation pour tous les membres du comité. Selon nous, il est plus important de régler ce problème et de protéger les nombreux Canadiens qui seront touchés que d'adopter le tout dans un projet de loi omnibus, où cet accord n'avait pas sa place à la base.
Le premier amendement, monsieur le président, est l'amendement NDP-6, qui dirait simplement que le projet de loi, à l'article 99, soit modifié par adjonction, après la ligne 11, page 73, de ce qui suit:
« (2) Malgré les autres dispositions de la présente loi ou de l'Accord, dans le cadre de la mise en oeuvre de la présente loi et de l'Accord, « personne des États-Unis » et « personne désignée des États-Unis » ne visent pas la personne qui, à la fois :
a) est un citoyen canadien au sens de la Loi sur la citoyenneté ou un résident permanent au sens du paragraphe 2(1) de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés;
b) réside habituellement au Canada. »
Cet amendement vise à régler l'un des principaux problèmes liés à la FATCA et peut-être sa principale lacune, soit le fait que la loi aura un impact sur les citoyens canadiens qui sont considérés comme des personnes des États-unis et qui sont ciblés par l'accord, mais qui sont, à tout autre égard, des citoyens canadiens et des résidents permanents du pays.
J'aimerais remercier Lynne Swanson, qui a comparu devant le comité, tout comme Stephen Kish et beaucoup d'autres personnes, qui se sont portés à la défense de ceux qui seront injustement visés par la FATCA. Bon nombre d'experts ont analysé l'accord, et on constate qu'il a vraiment été négocié dans le but de protéger les banques, nous a-t-on dit, pas les personnes touchées.
Je demande aux membres de l'autre côté de bien examiner et d'appuyer cet amendement qui, s'il est adopté, permettra de protéger nos concitoyens canadiens qui, pour des raisons pratiques, ne devraient pas être visés par l'accord et devraient avoir les mêmes droits que tout autre citoyen. Nous ne devrions pas créer une seconde classe de Canadiens qui ont des droits différents tout simplement parce que le droit américain juge qu'ils sont des personnes des États-Unis. Même des personnes nées au Canada peuvent être visées par la FATCA.
Pour terminer, cela aiderait le gouvernement à éviter une contestation fondée sur la Charte qui serait déposée un jour ou l'autre, ce qui, j'ose espérer, est quelque chose qu'il voudrait éviter.
Monsieur le président, voilà donc le but et l'intention de l'amendement NDP-6.
:
Monsieur le président, bien sûr, ce que l'honorable député nous demande vraiment, c'est de changer la façon dont les Américains appliquent leurs propres lois, ce qu'ils ont le droit de faire. Nous n'avons pas à être d'accord, mais leur système d'imposition est fondé sur la citoyenneté, et on ne peut rien y changer. Pire encore, son amendement ne modifierait pas simplement la façon dont l'Accord Canada-États-Unis pour un meilleur échange de renseignements fiscaux fonctionne, mais il contournerait en fait les dispositions de l'accord intergouvernemental négocié avec les États-Unis en prévoyant que les notions de « personne des États-Unis » ou de « personne désignée des États-Unis » n'incluent pas une personne qui réside habituellement au Canada qui est un citoyen canadien ou un résident permanent. Bien sûr, ce qu'ils ne disent pas, c'est que cette personne devrait aussi être un citoyen américain ou un citoyen ayant la double citoyenneté.
L'amendement ferait en sorte que les comptes financiers des citoyens américains qui ont de tels liens avec le Canada ne feraient pas l'objet de déclarations. Il est évident, monsieur le président, que les personnes au sujet desquelles les États-Unis veulent obtenir des renseignements aux termes de l'accord intergouvernemental, conformément au droit fiscal américain, incluent tous les citoyens américains, y compris les citoyens ayant la double citoyenneté ou les résidents d'un autre pays. Il s'agit d'une exigence du système fiscal américain, comme je l'ai déjà mentionné, qui oblige tous les citoyens américains à présenter une déclaration de revenus, même les citoyens d'un autre pays. Au bout du compte, cela ferait en sorte que les institutions financières canadiennes et leurs clients seraient visés par des retenues d'impôt dans le cadre de la FATCA américaine.
Enfin, j'aimerais souligner que certains renseignements trompeurs ont été véhiculés. Les citoyens américains ont toujours eu l'obligation de payer des impôts aux États-Unis en application du système fiscal américain. La plupart d'entre nous ont des parents, des membres de leur famille ou des connaissances des États-Unis, surtout ceux d'entre nous qui vivent dans le Canada atlantique. La réalité, c'est que la différence, ici, n'est pas différente du droit fiscal américain. La différence, c'est qu'ils appliquent les règles qui ont toujours été en place. Si vous êtes un citoyen américain, vous devez respecter les règles fiscales américaines et devez produire une déclaration de revenus. Cela ne signifie pas que vous allez payer de l'impôt, mais vous avez toujours eu la responsabilité de présenter une déclaration. C'est l'un des devoirs des citoyens. Que l'on soit d'accord ou non, ce n'est pas à nous de trancher.
En ce qui concerne l'utilisation des données, une des préoccupations qui ont été soulevées, et cela s'est produit, en passant, lorsque la gestion des dossiers de santé a été impartie à une entreprise américaine... L'entreprise américaine s'expose... Je suis sûr que cela est arrivé à des électeurs dans les circonscriptions des membres du comité. Les dossiers de santé ont été communiqués aux termes de la Patriot Act. Un Canadien passe la frontière, et une alerte s'affiche parce que les services frontaliers apprennent, à la lumière de ces renseignements sur la santé, qu'il a, par exemple, eu accès à des services de santé mentale ou qu'il a tel ou tel problème. Ils se servent de cette information pour lui refuser l'accès.
C'est une situation troublante, comme vous pouvez vous l'imaginer, lorsque de tels renseignements se retrouvent soudainement entre les mains d'un agent des services frontaliers américains alors que cela n'a rien à voir avec...
Notre préoccupation est la suivante: quelle garantie avons-nous que l'IRS, aux termes de la Patriot Act ou d'autres dispositions du droit américain sur lesquelles nous n'avons aucune prise, ne permettra pas la communication des renseignements financiers qui, selon certains, sont de nature aussi délicate que les renseignements sur la santé? Vous pouvez apprendre pas mal de choses sur une personne en consultant ses dossiers financiers — beaucoup, peut-être plus qu'on ne devrait en savoir.
Compte tenu de la nature des atteintes à la protection des données qui se sont produites à l'ARC et à l'IRS au cours des dernières années, de quelle façon peut-on contrôler ce qui se produira aux États-Unis? Une fois que les renseignements entrent aux États-Unis, ils sont visés par le droit américain, et nous ne pouvons pas contrôler ce que les Américains en font de leur côté de la frontière.
:
Je veux simplement répondre aux commentaires de M. Keddy en ce qui concerne l'amendement que j'ai proposé. Il a dit, et je suis tout à fait d'accord avec lui, que c'est vraiment une question de droit fiscal américain et d'imposition fondée sur la citoyenneté. Je suis tout à fait d'accord. Cependant, le Canada est un pays souverain. Le Canada a des droits au niveau international. Le Canada a choisi, par cet accord et la loi d'exécution du budget, de traiter certains de nos concitoyens canadiens, même ceux qui sont nés ici de personnes des États-Unis, comme des citoyens de seconde classe.
Cela, bien sûr, mènera à une contestation fondée sur la Charte, qui est actuellement préparée. Je le dis simplement pour le compte rendu.
Monsieur Keddy, on ne parle pas seulement des personnes ayant la double citoyenneté. On parle aussi des personnes mariées. Je vous le dis à vous, monsieur le président, mais c'est en réaction à ses commentaires.
Les personnes à double citoyenneté ne sont qu'une petite partie des personnes visées par l'accord intergouvernemental et la loi d'exécution du budget. Nous parlons aussi des personnes qui ont épousé des personnes des États-Unis, des personnes nées au Canada de personnes des États-Unis. Dorénavant, elles seront traitées différemment de leurs concitoyens canadiens.
L'objectif de l'amendement est de simplement dire que nous sommes tous les mêmes, au Canada, et que notre gouvernement n'aurait pas dû sacrifier notre souveraineté simplement parce que les États-Unis se sont dotés d'un régime d'imposition fondé sur la citoyenneté.
Je crois que M. Keddy a aussi dit, et je suis là aussi d'accord, que l'objectif du projet de loi semble être de protéger nos banques contre d'éventuelles retenues d'impôt aux États-Unis. Pour ma part, grâce à mon amendement, monsieur le président, je veux protéger nos concitoyens de cette loi.
:
Monsieur le président, en passant par vous, j'aimerais formuler deux ou trois commentaires et poser deux ou trois questions à nos témoins pour obtenir des éclaircissements.
Monsieur Ernewein, vous avez dit qu'on envisage de fournir moins de renseignements aux termes de l'accord intergouvernemental qu'il aurait fallu en communiquer aux termes de la FATCA ou de ce qui serait prévu aux termes de la FATCA si nous n'avions pas conclu d'accord intergouvernemental.
Je crois que c'est l'une des questions que l'on se pose: faut-il mettre en place un accord intergouvernemental ou non? Nous avons un accord intergouvernemental, mais nous pourrions nous trouver dans une situation où nous n'en avons pas, et la FATCA s'appliquera aux Canadiens et aux banques peu importe. Cela se produira d'une façon comme de l'autre.
Vous avez parlé de deux facteurs. Premièrement, la quantité moindre d'information. Je crois aussi savoir que les procédures de diligence raisonnable dont vous venez de parler en ce qui concerne la vérification électronique des comptes de faible valeur, ceux qui comptent moins de 1 million de dollars, exigent des renseignements beaucoup plus généraux et un examen beaucoup moins minutieux que pour la plupart des autres pays.
Je crois que c'est important, parce qu'il y a un certain nombre de ces amendements sur lesquels nous devrons nous pencher. Je crois que bon nombre d'entre eux ont le même objectif, mais je crois que, dans la plupart des cas, la réponse sera la même. Dans la situation actuelle et en ce qui concerne l'amendement proposé, et dont M. Rankin a parlé, je dirais même que ce serait dangereux. En effet, nous ne respecterions pas l'accord intergouvernemental si nous commencions à imposer des restrictions à des citoyens américains, sans parler des résidents permanents, dont il serait aussi question.
Ma question est la suivante: si nous invalidons l'accord intergouvernemental, dans quelle situation nous retrouverons-nous? Les États-Unis pourraient dire: « Parfait, pas de problème. Vous imposez trop de restrictions, et cela ne nous satisfait pas. Nous allons revenir à la FATCA, et nous allons négocier des accords individuels avec vos banques ». Et c'est ce qu'ils auraient fait.
Nos banques auraient non seulement essuyé une retenue de 30 %, mais la retenue se serait aussi appliquée aux virements aux particuliers au Canada. Je ne peux qu'imaginer tous les problèmes que nous aurions dans nos bureaux si la retenue de 30 % s'appliquait aux virements aux particuliers.
Dans un tel contexte, il faut faire très attention aux amendements que nous voulons apporter. Pour moi, cet amendement pourrait invalider l'accord intergouvernemental aux yeux des Américains.
Pouvez-vous nous donner des renseignements contextuels à ce sujet?
:
Oui, je vais essayer d'être bref.
Pour commencer, quant à savoir si on tentait d'inclure ou non les citoyens américains dans l'accord, je crois sans hésitation que c'était le cas. L'accord décrit une personne des États-Unis comme incluant un citoyen ou un résident américain.
Selon moi, si nous affirmions que les citoyens américains ou une catégorie de citoyens américains qui résident au Canada ne sont pas du tout visés par les obligations redditionnelles ou qu'ils en sont exemptés, les États-Unis considéreraient cela comme contraire aux obligations que nous estimions avoir acceptées aux termes de l'accord lui-même.
En ce qui concerne ce que vous avez dit au sujet de la portée de l'accord, comparativement à la FATCA, en effet, la portée est limitée, et il y a un nombre restreint de comptes à déclarer ou assujettis aux exigences redditionnelles aux termes de l'accord intergouvernemental. Je ne vais pas dresser une liste exhaustive des exclusions, mais nous avons déjà parlé de tous les comptes enregistrés qui ne sont pas visés par cette obligation redditionnelle en raison de l'accord. Il y a aussi des exemptions comme celles visant les petites institutions financières. Toutes ces dispositions viennent limiter les exigences redditionnelles comparativement à ce que prévoyait la FATCA.
Pour enfin répondre à votre question, si nous laissions tomber l'accord et que nous options plutôt pour la FATCA, alors oui, nous reviendrions à cette situation difficile où les banques essaieraient de se conformer aux exigences américaines en communiquant directement de l'information aux États-Unis au sujet d'un bien plus grand éventail de comptes que ne le prévoit l'accord intergouvernemental ou elles s'exposeraient à des retenues d'impôt en leur nom et au nom de leurs clients, ce qui, je crois, leur bloquerait l'accès aux États-Unis.
:
Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez mentionné, l'amendement LIB-2 du Parti libéral est le même que l'amendement NDP-6 du NPD. Comme cet amendement est proposé par le NPD, je ne proposerai pas l'amendement LIB-2 du Parti libéral, mais je vais formuler certains commentaires.
Je veux vous remercier, monsieur le président, de me permettre de regrouper tous mes commentaires concernant les trois prochains articles. Je vais faire toutes mes observations maintenant, et je ne formulerai pas de long commentaire pour les trois prochains articles.
Cette loi concernant l'accord conclu entre le gouvernement conservateur et les États-Unis relativement à la FATCA ne devrait pas faire partie d'un projet de loi budgétaire omnibus que l'on tente de faire adopter à la hâte au Parlement dans les dernières semaines de nos séances de juin. Cet accord touchera beaucoup de gens, environ un million d'Américains désignés vivant au Canada. Bon nombre d'entre eux sont citoyens canadiens. Il y a des exemples de personnes qui sont américaines par accident; par exemple, des Canadiens de villes frontalières canadiennes qui sont nés dans un hôpital américain parce que c'était l'hôpital le plus près. Je connais un prêtre du Nouveau-Brunswick qui est exactement dans cette situation. Il vivait exactement à la frontière du Nouveau-Brunswick. Il y a aussi des parents qui pensaient à tort qu'ils avaient perdu leur citoyenneté américaine au moment où ils sont devenus citoyens canadiens. Leur enfant, qui est né au Canada, n'est jamais allé aux États-Unis, mais il découvre qu'il a la citoyenneté américaine et qu'il a des obligations en vertu de la loi dont nous débattons aujourd'hui.
Le gouvernement n'a mené aucune campagne d'information pour faire savoir aux Canadiens comment l'accord conclu entre les conservateurs et les États-Unis relativement à la FATCA les touchera. Cela aurait peut-être dû être fait avant même que cette loi ne soit envisagée, de sorte que nous, les parlementaires, leurs représentants, aurions pu savoir ce qu'ils en pensaient après qu'ils auraient été informés adéquatement. C'est de cette façon que la responsabilité du gouvernement à l'égard du Parlement et à l'égard des Canadiens par l'intermédiaire du Parlement devrait fonctionner. Je pense qu'il est très important d'informer les Canadiens d'abord.
La quantité limitée d'information qui circule induit parfois les gens en erreur. Par exemple, le gouvernement s'est vanté du fait que les comptes enregistrés, comme les REEE et les REEI, ne sont pas déclarables. Autrement dit, l'ARC ne les déclarera pas aux États-Unis. Toutefois, même si les banques canadiennes ne déclareront pas ces comptes, les Canadiens qui ont la citoyenneté américaine devront tout de même remplir des formulaires pour déclarer ces comptes à l'IRS, aux États-Unis, si la valeur globale totale de tous les comptes dépasse 10 000 $. Il est regrettable qu'on ne se soit pas occupé de cette question dans le cadre des négociations qui ont mené à l'AIG. Si ces Canadiens ne déclarent pas leurs comptes à l'IRS, ils risquent de se voir infliger par les États-Unis des pénalités allant jusqu'à 100 000 $ ou 50 % du solde du compte, selon le plus élevé des deux montants, par infraction.
En vertu de l'accord, monsieur le président, l'ARC communiquera à l'IRS des renseignements fiscaux personnels sur les Canadiens, mais nos représentants, notre gouvernement, n'ont pas été en mesure de nous expliquer, à nous ainsi qu'aux Canadiens, de façon plus détaillée, quels renseignements seront communiqués exactement. Nous savons que, aux termes de l'accord, l'ARC punira les Canadiens qui ne fournissent pas au gouvernement du Canada leur numéro d'identification aux fins de l'impôt américain. Dans la plupart des cas, il s'agira du numéro de sécurité sociale aux États-Unis. Quand les Canadiens fourniront ces renseignements à l'ARC, elle les transmettra à l'IRS.
L'ARC recueille déjà des renseignements sur le revenu des Canadiens, bien entendu — cela fait partie de la production d'une déclaration de revenus —, et tous les renseignements au sujet de tous nos comptes enregistrés, mais nous ne savons pas en détail combien de ces renseignements l'ARC transmettra à l'IRS.
Le gouvernement conservateur prétend que le gouvernement n'utilisera pas ces renseignements pour aider l'IRS à percevoir des impôts américains sur des actifs canadiens et sur les revenus canadiens touchés par les Canadiens. Cependant, le gouvernement instaurera une pénalité de 100 $ pour les Canadiens qui ne fournissent pas leur numéro d'identification aux fins de l'impôt des États-Unis à l'ARC, mais l'ARC n'a rien à faire d'un numéro d'identification aux fins de l'impôt des États-Unis, sauf pour transmettre ce numéro au gouvernement des États-Unis dans le cadre de l'AIG.
Il est clair, malheureusement, que notre gouvernement conservateur a conclu avec les États-Unis un accord selon lequel le gouvernement canadien travaille pour le gouvernement des États-Unis, c'est-à-dire en recueillant des renseignements pour l'IRS. Nos représentants ont été incapables de donner aux Canadiens des détails précis sur la façon dont l'accord touchera les citoyens canadiens financièrement; ils n'ont donc pas été en mesure de donner une réponse complète à leurs représentants, ici, au Parlement.
Il y a un autre exemple. Nous savons que les REEE, les régimes enregistrés d'épargne-études, ainsi que les REEI, seront imposables aux États-Unis au titre de l'accord, mais nous ne savons pas combien les Canadiens devront payer d'impôts américains sur ces comptes. Cela pourrait poser problème, par exemple, si ces comptes sont utilisés par des Canadiens pour aider à payer les études d'un enfant ou pour aider des Canadiens handicapés à éviter la pauvreté. Ces comptes n'ont pas été créés pour aider le Trésor américain à rembourser ses dettes de l'autre côté de la frontière.
Nous savons que les conjoints canadiens des personnes dites des États-Unis au Canada seront également touchés s'ils ont un compte conjoint et que ce compte conjoint sera assujetti à l'imposition américaine, mais les représentants canadiens n'ont pas pu nous dire si le compte en entier sera assujetti à l'imposition américaine ou seulement une partie.
L'accord comporte beaucoup d'aspects qui seront mis en pratique et que nous ne connaissons pas.
L'étude de l'accord des conservateurs relatif à la FATCA par le Parlement a été effectuée à la hâte. Nous n'avons pas eu le temps ni les ressources nécessaires pour établir des balises adéquates, pour écouter les électeurs qui sont informés ou pour nous acquitter de notre responsabilité à leur égard. Si cet article du projet de loi est adopté, nous lui aurons donné force de loi sans avoir bien compris comment il fonctionnera et comment il touchera les Canadiens. C'est pourquoi le Parti libéral s'oppose à la partie 5 du projet de loi.
Je vais attendre que nous arrivions au point à l'ordre du jour où nous aborderons les autres amendements des libéraux et, à ce moment-là, je me contenterai de proposer ces amendements.
:
Soyons clairs. Quiconque est seulement citoyen canadien n'est pas visé par cette disposition. Oui, si la personne est mariée à un Américain et qu'ils ont un compte conjoint, c'est une possibilité, mais, en réalité, quiconque est seulement citoyen canadien n'est pas visé par cette disposition. Si vous êtes un citoyen canadien marié à un Américain et que vous n'avez pas de compte conjoint, vous n'êtes pas visé par cette disposition.
Encore une fois, il s'agit d'un impôt pour les citoyens américains. Si vous êtes le fils ou la fille d'un Américain et que vous êtes né au Canada, à l'extérieur du territoire des États-Unis, vous n'êtes pas automatiquement citoyen américain. Ce que j'entends l'opposition dire, c'est que vous l'êtes, je ne sais trop comment. Vous ne l'êtes absolument pas. Vous devez faire une demande au plus tard le jour de votre 18e anniversaire pour obtenir la citoyenneté américaine, et ce n'est pas garanti. Il faut remplir un formulaire de demande.
Comprenez-moi bien: s'il n'y avait pas d'accord, cette loi serait quand même en vigueur aux États-Unis. Ces personnes seraient tout de même assujetties à l'impôt. Nous n'avons pas à aimer cela. Nous n'avons pas à être d'accord. Ce n'est pas le but. Nous devons trouver une façon de faire en sorte que ce soit au moins acceptable que, si ces personnes veulent voyager aux États-Unis, elles ne soient pas repérées et interceptées à la frontière des États-Unis, qu'elles ne fassent pas l'objet, si cela se produit, d'une retenue d'impôt de 30 % dans leur compte bancaire personnel et que l'institution financière qui tient ce compte bancaire ne fasse pas l'objet d'une retenue d'impôt de 30 %.
Cette disposition n'a rien de bien méchant. Il s'agit d'un processus très compliqué, et nous tentons de trouver une façon raisonnable, grâce à l'entente relative à la FATCA et à l'AIG, de tirer notre épingle du jeu. Pour être honnête, je pense que les représentants s'en sont très bien tirés.
En terminant, monsieur le président, je voudrais que ce soit clair: on parle beaucoup, de l'autre côté, et je suis certain que ce n'est qu'une question de langue, un lapsus. Les Canadiens savent que seules les personnes qui ont la double citoyenneté seront visées par cet accord. Il ne sera possible que dans de rares cas que les personnes qui pourraient avoir un compte conjoint soient visées par cette disposition. Toutefois, en ce qui concerne les enfants de parents américains, comme M. Rankin l'a mentionné, ou d'une mère américaine ou d'un père américain né au Canada, ils ne sont pas automatiquement américains.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai certainement parlé avec une femme, à Calgary, qui était une personne des États-Unis, même si elle était canadienne depuis de nombreuses années, et dont le fils était né au Canada. Elle craint que son fils n'ait pas la capacité mentale, parce qu'il est handicapé mental, de renoncer à sa citoyenneté américaine. Il n'a pas présenté de demande aux États-Unis avant son 19e anniversaire. Il est considéré comme une personne des États-Unis en vertu d'une loi étrangère. Il est un concitoyen canadien, et il est pris dans la toile de la FATCA.
Je ne comprends pas pourquoi nous, un pays souverain, devons simplement accepter cette loi, supposément afin de protéger les banques. Je me rends compte de l'importance de l'économie et de ce qui s'y rattache, mais il s'agit d'un enjeu lié aux droits de la personne, monsieur le président.
Nous avons également entendu le témoignage de M. Cockfield, qui était présent à une séance de notre comité et qui a indiqué:
[...] qu'en signant l'AIG, nous sommes en conformité. Cela nous a permis de gagner du temps. La retenue d'impôt du 1er juillet, d'après ce que je comprends, en tant que loi technique, ne serait pas mise en oeuvre, car nous sommes en conformité. Nous sommes une démocratie et un pays souverain. Nous enquêtons sur certaines préoccupations liées à l'AIG, et il sera mis en oeuvre à une date ultérieure.
Monsieur le président, nous avons amplement le temps de corriger cette situation. Ce n'est tout simplement pas bien de faire adopter cette disposition à toute vitesse dans un projet de loi budgétaire omnibus sans prendre le temps qu'il faut pour analyser une loi aussi compliquée qui aura une telle incidence sur nos concitoyens canadiens.
:
Merci, monsieur le président.
Dans un sens, son but est semblable à celui de l'amendement du Parti Vert; il pourrait donc ne pas être acceptable, mais je le propose en tant qu'amendement, encore une fois, pour offrir une plus grande certitude à l'égard de l'expression « autre loi » dans le paragraphe proposé dont elle a parlé. Il ne vise pas les dispositions incompatibles des lois qui expriment des valeurs fondamentales, telles que la Charte canadienne des droits et libertés, la Déclaration canadienne des droits, la Loi canadienne sur les droits de la personne, la Loi sur la protection des renseignements personnels, la Loi sur les langues officielles et la Loi sur l'accès à l'information.
Monsieur le président, dans les tribunaux, toutes ces lois sont considérées comme étant de nature quasi constitutionnelle, sauf dans le cas de la Charte, bien entendu, qu'on appelle une loi constitutionnelle. Elles font partie de notre cadre fondamental de lois au Canada. L'article 4 proposé semble présenter une certaine ambiguïté au sujet des contradictions entre le projet de loi, la loi d'exécution du budget et les dispositions de toute autre loi. Il énonce bel et bien que l'accord l'emporte en ce qui concerne la contradiction. L'emporte-t-il sur la Loi sur la protection des renseignements personnels? C'est impossible. Ce ne peut pas être le cas; ainsi, l'amendement ne ferait que clarifier cette question et rassurer les Canadiens du fait que nous ne vendons pas notre âme et nos droits fondamentaux en adoptant une loi de ce genre.
:
D'accord, on peut donc parfaitement dire: « Nous avons consulté le ministère de la Justice pour savoir si une contestation en vertu de la Charte serait fatale », mais sans parler des chances réelles de survie. C'est en quelque sorte comme si on faisait vérifier sa voiture et que les résultats étaient bons, mais qu'on avait seulement fait vérifier 5 % de la voiture. Oui, la voiture a été vérifiée, mais la vérification était médiocre.
Notre question à ce sujet, c'est... Ce qui est malheureux, dans tout cela, dans ce processus que nous suivons, c'est que le gouvernement du Canada est réellement susceptible de devoir se présenter devant les tribunaux pour défendre cette partie de l'accord en matière fiscale que nous allons signer avec les États-Unis, et que tout ce processus va coûter aux contribuables canadiens des millions de dollars et causer des problèmes financiers à un nombre incalculable de Canadiens. C'est un problème prévisible, que le gouvernement s'est lui-même créé.
Je m'excuse, monsieur le président, mais en fin de compte, c'est frustrant de voir que tout cela doit rester confidentiel. Si les chances de survie advenant une contestation en vertu de la Charte étaient bonnes, il est certain que le gouvernement serait fier de le dire, alors qu'il se cache derrière le paravent de la confidentialité.
Tout cela a pour résultat, monsieur le président, d'inscrire dans la loi même ce que M. Allen a demandé à M. Ernewein en parlant de ce qui se passe au regard des autres pratiques et des autres conventions fiscales.
Je n'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi le gouvernement ne voudrait pas que l'on vote pour clarifier le fait que la Charte des droits, la Déclaration des droits, la Loi sur les droits de la personne, la Loi sur la protection des renseignements personnels, la Loi sur les langues officielles et la Loi sur l'accès à l'information n'ont pas préséance sur toutes les dispositions de cette convention fiscale que nous allons signer. Si c'est redondant, eh bien, qu'il en soit ainsi. Laissons la redondance dans le projet de loi. Je suis abasourdi de constater que l'on ne peut pas intégrer à la loi quelque chose d'aussi évident.
:
Eh bien, merci, monsieur le président.
Il est relativement simple, même si son libellé lui donne l'air compliqué. Il s'agit tout simplement d'un amendement que j'ai soumis pour m'assurer que, si la FATCA était rejetée par les États-Unis — et après tout, cette loi vient des États-Unis et elle peut, là-bas, être contestée en vertu de la constitution —, cet amendement vise à clarifier ce qui se passerait dans l'éventualité où elle était invalidée, aux États-Unis, en nous assurant que les changements apportés pour permettre la mise en oeuvre de l'accord intergouvernemental seraient en même temps révoqués.
Quant à ce qui se passerait, en passant, si l'amendement était accepté, c'est qu'il permettrait de rétablir la procédure préexistante d'échange d'information en supprimant toute référence aux mesures de la FATCA qui étaient intégrées dans ce paragraphe de l'AIG.
Encore une fois, il s'agit tout simplement de prévoir la possibilité de la réussite d'une contestation en vertu de la constitution, aux États-Unis, dont bien des choses découlent, et pour nous ramener au statu quo, pour notre loi, si cela se produisait aux États-Unis.
:
Je vous suis reconnaissante, monsieur le président, de votre nature généreuse et des aspects de votre personnalité qui font en sorte qu'il est extrêmement plaisant de travailler avec vous et qui sont très bien connus à l'échelle de la Chambre des communes.
Des voix: Oh, oh!
Mme Elizabeth May: Non, c'est vrai.
La réalité de la chose ici, c'est qu'il est particulièrement difficile d'aborder les amendements un par un, car le projet de loi est très compliqué.
Je veux revenir en arrière pour rappeler à tous — et cela s'applique particulièrement à l'amendement PV-2, que je vais aborder brièvement — le témoignage qu'a entendu le comité d'une fiscaliste reconnue au Canada, Allison Christians, titulaire de la Chaire Stikeman de droit fiscal à l'Université McGill. Ce qu'elle a dit, notamment, à ce sujet, c'est que l'une des principales raisons pour lesquelles il faut prendre le temps d'étudier l'AIG, l'accord intergouvernemental, avec soin et de penser aux répercussions de la loi d'exécution sur le travail d'interprétation, c'est que l'AIG a par inadvertance mis en lumière une ambiguïté existante sur la question de savoir si l'échange de renseignements constitue en droit de l'« assistance en matière de perception ».
Il y a de nombreuses ambiguïtés — de nombreuses questions — ici qui rendent particulièrement inapproprié, comme l'a déjà souligné mon ami Murray Rankin, de gérer la FATCA dans le cadre d'un projet de loi omnibus qui chemine plutôt rapidement à la Chambre. Permettez-moi d'aborder seulement une des préoccupations.
Je comprends ce qu'a dit mon ami M. Keddy, à savoir que tout cela est normal et qu'il est évident que des citoyens américains seront toujours identifiés comme tels, mais, comme l'ont fait valoir nombre d'experts, dont Peter Hogg — j'ai obtenu sa lettre en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, et il s'agit d'un chef de file canadien en droit constitutionnel —, dont Mme Christians et bien d'autres, il n'est pas du tout clair que la FATCA ne s'applique qu'aux citoyens américains qui sont manifestement des citoyens américains. Comme l'a aussi souligné M. Hogg, aucune disposition ne prévoit d'avis donné aux citoyens canadiens, qui peuvent aussi être citoyens américains selon l'interprétation de « personne des États-Unis », les informant que leurs données ont été transmises à l'IRS.
Il y a ici des questions de droit constitutionnel absolument fondamentales ainsi que des questions de droit fiscal.
Permettez-moi d'aborder mes amendements assez brièvement.
Ce qu'on tente de faire avec l'amendement PV-2, c'est essentiellement d'ajouter deux paragraphes, de sorte que, à la page 76, qui précise que « compte déclarable américain » s'entend d'un « compte financier qui, selon l'accord, doit être considéré comme un compte déclarable américain », l'amendement que je propose clarifie les choses et, selon moi, d'une façon qui correspond réellement aux arguments que nous entendons des représentants du gouvernement, qui défendent l'accord, en ajoutant ce qui suit:
Est exclu de la présente définition:
a) s'agissant d'un compte dont le titulaire est un particulier, le compte financier qui, à tout moment au cours de la période de déclaration, a été détenu par un particulier qui, à la fois :
(i) est citoyen canadien au sens de la Loi sur la citoyenneté ou résident permanent au sens du paragraphe 2(1) de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés
... « et », non pas « ou » — aussi:
(ii) réside habituellement au Canada;
b) s'agissant d'un compte dont le titulaire est une entité — entreprise, succession ou fiducie —, le compte financier qui, à tout moment au cours de la période de déclaration, a été détenu par une entité qui tire son statut de la législation en vigueur au Canada.
Autrement dit, l'amendement vise à éviter que de l'information soit transmise de manière à — selon une interprétation raisonnable de « citoyen canadien » par opposition à « citoyen américain » — ne pas exposer les personnes qui ne sont pas des citoyens américains aux conséquences du transfert des renseignements personnels les concernant à l'IRS.
Le deuxième amendement, PV-3 — et, encore une fois, l'idée est ici de préciser l'interprétation de « personne des États-Unis », et elle est un produit direct des témoignages qui ont déjà été présentés au comité —, fait la même chose d'une façon légèrement différente.
Avec l'amendement PV-3, ce que nous avons fait c'est apporter des précisions, en ajoutant une autre disposition à la page suivante, de façon à créer un nouveau paragraphe, le paragraphe 263(2.1), pour restreindre l'interprétation de « personnes des États-Unis ». Voici le paragraphe proposé:
(1) une personne physique qui est un citoyen ou un résident des États-Unis et qui n'est pas un résident du Canada.
Encore une fois, cette clarification est fondée sur les meilleurs conseils juridiques qui ont été présentés au comité.
L'amendement PV-4 est très simple. Il s'agit de modifier l'article 264 proposé, aux termes du libellé actuel du projet de loi, qui prévoit qu'un compte financier « peut » être désigné par une institution financière canadienne déclarante comme n'étant pas un compte déclarable américain dans les circonstances suivantes.
L'amendement que je propose, le PV-4, si mes collègues réussissent à me suivre, se rattache à la ligne 40, page 77; il s'agit tout simplement de substituer à « peuvent être », qui fait appel à un pouvoir discrétionnaire, « sont », pour rendre la chose obligatoire. Cela reflète un effort pour s'assurer que, comme l'a décrit Murray avec beaucoup d'éloquence, le filet de la FATCA ne ratisse pas à tort encore plus large qu'il le fait déjà.
Pour le dernier amendement à l'article 101... ou je crois qu'il s'agit de mon dernier amendement à l'article 101, mais ce n'est peut-être pas le cas. Non, il y en a encore quelques-uns. Les amendements PV-4, PV-5 et PV-6 se rattachent tous à l'article 101.
Encore une fois, ils ont le même effet: répéter que les institutions financières canadiennes ont fait preuve de diligence raisonnable pour s'assurer que le formulaire était autorisé par elles ou par le ministre et est le seul qui peut être utilisé. Il s'agit de l'amendement PV-6.
PV-5, encore une fois, ressemble beaucoup à PV-4 « ... d'un particulier qui réside au Canada pour l'application de la présente loi. »
L'amendement PV-6 modifie l'article 101 à la page 78 — c'est ce que je viens de mentionner — pour assurer le recours à la diligence raisonnable. Il s'agit d'une disposition qui serait insérée après la ligne 26. La ligne qui précède est ainsi libellée:
265(1) Toute institution financière canadienne déclarante est tenue d'établir, de tenir à jour et de documenter les procédures de diligence raisonnable visées...
Avec cet amendement, on ajouterait:
Les procédures de diligence raisonnable établies...
... elles sont déjà dans la loi...
... par l'institution financière canadienne déclarante prévoient que seuls les formulaires qu'elle a autorisés ou ceux que le ministre a autorisés peuvent être utilisés.
Comme vous vous en souvenez peut-être, PV-6 est fondé sur les témoignages que le comité a entendus, et sur une recommandation aussi présentée par Allison Christians, titulaire de la Chaire Stikeman de droit à l'Université McGill. Voilà qui conclut mes amendements pour cet article.
Monsieur le président, il est essentiel que j'ajoute brièvement ce qui suit pour conclure. Nous savons que le projet de loi, s'il est adopté tel quel, va être soumis à la Cour suprême. Nous tenons cette information du plus grand penseur en droit constitutionnel au pays, M. Peter Hogg, qui, soit dit en passant, s'est vu attribuer un A en droit constitutionnel par feu Jim Flaherty. Voici la dernière anecdote de Jim: il est d'accord pour dire que Peter Hogg est l'expert canadien en droit constitutionnel. M. Hogg affirme très clairement que la loi contrevient à l'article 15 de la Charte. J'ignore pourquoi nous insistons pour l'adopter dans le cadre d'un projet de loi omnibus alors qu'elle sera clairement infirmée par la Cour suprême.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, madame May, de vos commentaires.
J'ai deux ou trois choses, et j'aimerais prendre une seconde pour aborder la première, car j'aimerais obtenir des précisions de nos fonctionnaires.
Premièrement, un certain nombre des amendements proposés nous ramènent encore une fois au commentaire selon lequel des restrictions apportées à l'AIG le rendraient, au bout du compte, impossible à mettre en oeuvre, ce qui, ultimement, ferait en sorte que les États-Unis imposeraient carrément la FATCA au Canada en l'absence d'un AIG. Je ne saurais être en faveur de cela, et j'aimerais seulement le confirmer auprès du fonctionnaire...
Aussi, si vous le voulez bien, vous pourriez peut-être nous parler d'un nouveau paragraphe 265(5) qui prévoit aussi le cas où un examen des données par voie électronique mené par une de nos institutions financières canadiennes révèle la présence d'indices américains. Pourriez-vous nous donner plus de détails à cet égard? Il existe un processus qu'elles doivent adopter pour vérifier si les données sont effectivement exactes.
:
Je vois ce que vous voulez dire. J'ai l'impression qu'on pourrait aussi affirmer le contraire, comme c'est souvent le cas, simplement sur le plan des coûts et de la clarté.
J'ai une autre chose à dire là-dessus, et je m'adresse dans ce cas-ci à vos fonctionnaires. Je présume que Mme May essaie de préciser la définition de personne des États-Unis. Nous savons bien que les lois américaines vont laisser l'interprétation libre aux autorités américaines, mais, chose certaine, du côté canadien, nous voudrions en venir à une entente faisant en sorte que la loi désigne des Canadiens évidents, si vous me passez l'expression, et non des Américains par accident.
Nous avons beaucoup parlé de désinformation. Je sais que les conventions fiscales offrent aux deux parties l'occasion de trop simplifier les choses et de donner dans la rhétorique. Nous avons souvent entendu le ministre et d'autres membres du gouvernement affirmer qu'aucun Canadien n'allait être touché par la mesure. Je continue d'avoir de la difficulté à admettre cette observation, simplement parce qu'elle laisse entendre qu'une personne possédant la double citoyenneté n'est pas canadienne. C'est quelque chose de très contrariant pour quiconque est citoyen de notre pays ou pour quiconque est né aux États-Unis et devient canadien. Les gens concernés ne sont pas canadiens, et pourtant ils vont être visés par la loi. C'est un fait.
M. Saxton peut me contredire, mais, aux termes de la définition existant actuellement dans l'intégration de cette loi que le Canada est prêt à approuver, il s'agirait de personnes des États-Unis. Nous pouvons déplorer le fait que les Américains définissent la chose ainsi, mais c'est un fait. Je pense que les amendements visent à réduire la portée, à faire en sorte que ces gens ne finissent pas par être pris dans le piège américain par accident. Ce que je crains, c'est que les renseignements concernant ces gens finissent par être transmis sans qu'ils en soient avisés.
Voilà ma question, monsieur Ernewein. Il y a un amendement qui s'en vient concernant une exigence de notification du client par l'établissement bancaire. Je ne vois pas du tout en quoi cela pose problème ou constitue une préoccupation aux yeux de toute personne sensée. Si l'établissement bancaire veut par exemple obtenir des renseignements supplémentaires, et juge d'après son critère, d'après un critère informatique, dans certains cas... et est sur le point de transmettre les renseignements en sa possession à l'ARC, sachant qu'ils vont aboutir entre les mains des représentants de l'IRS, pourquoi ne pas avertir le client? Pourquoi ne pas exiger que la banque avertisse le client?
Ma question est simplement la suivante, monsieur Ernewein: est-il possible, en vertu des pouvoirs que possède le gouvernement canadien, d'exiger cela des banques? Si elles sont sur le point de transmettre ces renseignements de leurs clients, avons-nous le pouvoir d'exiger qu'elles informent implicitement le client de la transmission des renseignements le concernant et des raisons pour lesquelles ils sont transmis? Le gouvernement canadien peut-il exercer ce pouvoir sur les banques à charte?
:
Je vais m'arrêter là-dessus, monsieur le président.
Cette question a peut-être un aspect lié au marché, c'est-à-dire que les banques vont recevoir des plaintes. Les gens qui se considèrent comme étant citoyens canadiens et qui agissent et fonctionnent comme tels vont demander à leur banque comment il se fait que l'IRS a obtenu leurs renseignements bancaires dès qu'ils vont recevoir une lettre de cette organisation leur expliquant qu'ils ont un impôt à payer aux termes de la nouvelle entente intergouvernementale. La banque va répondre qu'elle a transmis les renseignements en vertu de l'entente intergouvernementale.
Cette réaction va peut-être se produire sur le marché, et les gens vont peut-être téléphoner à leur banque, mais, s'il est en notre pouvoir de procéder ainsi pour prévoir des avis dans les dispositions en question... puisque vous évoquez — et je pense qu'il est indiqué de le faire, et M. Keddy a fait la même chose — ces cas tranchés: celui d'un citoyen américain qui vit et qui travaille au Canada et qui touche un revenu provenant d'actifs qu'il possède aux États-Unis; tout le monde comprend.
Les cas qui nous préoccupent, ce sont ceux des gens qui, en toute bonne foi, ne produisent pas de déclaration d'impôt aux États-Unis, car ils sont Canadiens et vivent au Canada depuis l'âge de trois ans, mais le gouvernement américain va les considérer comme étant des personnes américaines, ils vont être visés par l'entente comme les autres, et leurs renseignements vont être transmis sans qu'ils en soient avisés du tout. Voilà les gens dont nous devrions nous préoccuper. Ces gens qui n'ont pas la double citoyenneté, qui sont canadiens.
Encore une fois, nous allons voter en faveur des amendements proposés par Mme May, puisque, s'il s'agit de clarifier le cas, pourquoi ne pas être en faveur de cet amendement?
:
Je le ferai, et je tenterai d'être le plus bref possible.
Toutefois, j'aimerais d'abord ouvrir une petite parenthèse pour indiquer à tous les fonctionnaires présents ici ce soir que nous sommes désolés qu'ils soient engagés dans un processus qui s'étire ridiculement en longueur. Monsieur le président, je propose amicalement un amendement visant à ce que nous leur commandions de la pizza, car je sais que la nourriture qui est fournie ici ne leur permettra pas de tenir le coup. Toutefois, il s'agit peut-être là d'une question d'ordre budgétaire.
Quant à l'article proprement dit, des questions ont été posées au cours de la séance d'information des représentants du ministère, peut-être par M. Butler, mais je pense qu'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Cet article concerne les déductions faites par le gouvernement et la décision favorable rendue par le tribunal à ce sujet. Tout a débuté en 2006. L'amendement que nous proposons vise simplement à ramener la situation à ce qu'elle était à cette époque, en 2006.
J'ai demandé très clairement aux représentants du ministère de m'indiquer le raisonnement qui avait sous-tendu la décision d'arrêter avant 2006, de ne pas effectuer la déduction en entier. Ils m'ont répondu qu'il s'agissait d'une décision stratégique, ce qui ne veut pas dire grand-chose. Cela ne veut pas dire grand-chose pour nos anciens combattants. Nous proposons la présente motion pour que justice soit rendue et que nos anciens combattants, surtout ceux qui sont blessés — à savoir ceux à qui cela s'applique — obtiennent une compensation adéquate. Nous espérons que le gouvernement nous appuiera à cet égard. Quoi qu'il en soit, voilà notre amendement, monsieur le président.
:
Merci, monsieur Cullen.
Je dois vous informer d'une décision que j'ai prise à propos de l'amendement NDP-10, et qui s'applique également à l'amendement LIB-10.
Le projet de loi établit une période pour laquelle les demandeurs et les bénéficiaires d'une allocation pour perte de revenus recevront rétroactivement une compensation. Le présent amendement vise à accroître l'ampleur de la période en question. À ce sujet, voici un extrait des pages 767 et 768 de La procédure et les usages de la Chambre des communes, deuxième édition:
Étant donné qu’un amendement ne peut empiéter sur la prérogative de la Couronne en matière financière, est irrecevable tout amendement qui entraîne une imputation sur le Trésor, qui étend l’objet ou le but de la recommandation royale ou qui en assouplit les conditions et les réserves.
En l'occurrence, la présidence est d'avis que le présent amendement, en modifiant la période d'admissibilité, assouplit les conditions et les réserves de la recommandation royale, et est donc irrecevable.
Cette décision s'applique aux amendements NDP-10 et LIB-10.
Nous allons passer à l'étude de l'article 102.
Des intervenants vont nous parler de cet article. Je cède d'abord la parole à M. Cullen.
La date est le 29 mai 2012, soit la date à laquelle le gouvernement a annoncé qu'il cesserait de déduire des sommes des prestations d'invalidité versées au titre de ces trois programmes. À partir de cette date, ce qui est commun... Comme vous le savez, il a fallu six mois pour mettre fin à la déduction dans le cadre des deux premiers programmes — à savoir le programme d'allocation pour perte de revenus et celui d'allocation de soutien du revenu —, et il a fallu six autres mois pour mettre fin à la déduction liée à l'allocation aux anciens combattants, vu que des modifications législatives devaient préalablement être adoptées.
En ce qui concerne les deux premiers programmes, monsieur Cullen, vous avez raison — ils sont entrés en vigueur en avril 2006 par suite de l'instauration de la Nouvelle Charte des anciens combattants. Quant aux dispositions législatives liées à l'allocation d'ancien combattant et à la Loi sur les prestations de guerre pour les civils, elles remontent à plus loin — en fait, les dispositions relatives à l'allocation d'ancien combattant remontent aux années 1930.
L'une des préoccupations ou des difficultés auxquelles nous avons fait face tenait au fait de trouver une date commune aux fins du calcul du montant des prestations. L'autre difficulté — je le répète pour que cela soit bien clair — tenait à la décision rendue par la Cour fédérale dans le cadre de l'affaire Manuge relativement au Régime d'assurance-revenu militaire, du RARM.
Comme nous l'avons mentionné la dernière fois que nous nous sommes présentés ici, le gouvernement du Canada ne s'est pas vu ordonner de cesser la déduction des prestations d'invalidité dans le cadre des programmes d'Anciens Combattants Canada. Nous avons affaire ici à deux notions complètement distinctes. La pratique en question était une politique du Régime d'assurance-revenu militaire administré par le ministère de la Défense nationale.
Quant à notre programme, il est de nature législative et, dans les faits, la décision en question n'ordonnait pas au gouvernement du Canada de cesser la déduction des prestations d'invalidité. En d'autres termes, à la lumière de cette décision, le gouvernement du Canada a simplement décidé, de sa propre initiative, de mettre fin à cette déduction. Cette décision a été annoncée le 29 mai 2012.
Voilà, monsieur le président, ce qui explique que cette date a été retenue.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie Mme Frenette de comparaître aujourd'hui.
Je la remercie également d'apporter ces précisions, car elle a raison. Quand l'APECA a été créée, c'était pour un cycle de cinq ans, avec un financement qu'il fallait renouveler aux cinq ans. C'est ainsi qu'elle a été créée. Maintenant que la structure est permanente, le financement l'est aussi.
Essentiellement, cela permet d'harmoniser les pratiques de l'organisme avec celles des autres organismes de développement régional, qui, si on les examine, présentent eux aussi des rapports annuels, comme les rapports financiers et le rapport annuel sur le rendement. C'est tout simplement logique.
Ainsi, M. Cullen ne devrait pas désespérer de voir que l'amendement est irrecevable, puisque la reddition de comptes est encore plus stricte qu'avant.
Merci.
:
C'est parce qu'il y a un lien entre les deux. Je suis un peu désavantagé, puisqu'il s'agit habituellement du dossier de M. . Nous présentons ces deux amendements du fait que la commissaire à l'intégrité du secteur public a conclu que le premier dirigeant de la SECB, John Lynn, avait posé des actes répréhensibles.
Voici une citation tirée du rapport, qui indique ce qui suit:
L'enquête a démontré ce qui suit:
M. Lynn a commis une contravention grave de la politique de conduite au travail et de discipline de la SECB, qui constituait le code de conduite de la SECB à ce moment-là. Cette conclusion découle de la nomination de quatre personnes ayant des liens avec le Parti conservateur du Canada ou du Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse à des postes de direction de la SECB, et ce, sans ou à peu près sans justification écrite et sans qu’il ait été démontré que les nominations étaient fondées sur le principe du mérite.
Le rapport indique également ce qui suit:
La conduite de M. Lynn dénotait un caractère délibéré...
La conduite de M. Lynn était incompatible avec la confiance que le gouvernement du Canada et le public lui avaient témoignée en tant que premier dirigeant.
À la lumière des actes répréhensibles mis au jour par la commissaire, on constate qu'il y a deux problèmes dans le projet de loi . Les deux amendements visent à corriger ces problèmes. Aux termes de l'article 182, les intéressés ont été engagés de façon inappropriée par M. Lynn. Ils sont toujours aux services de la SECB et sont devenus des employés permanents de la fonction publique. Selon l'article 183, M. Lynn est, à titre de premier dirigeant, le seul membre du conseil d'administration admissible à un dédommagement en cas de cessation d'emploi.
En bref, monsieur le président, nous sommes ici confrontés à une violation grave de l'éthique et des pratiques d'embauche; pourtant, l'affaire se solde par une récompense, puisque ces gens sont devenus des employés permanents et que M. Lynn empoche un joli pactole.
Le premier amendement fera en sorte que les employés engagés après le 1er juin, c'est-à-dire après que M. Lynn est devenu premier dirigeant, dans le cadre d'un processus que la commissaire à l'intégrité du secteur public a jugé répréhensible en vertu de l'alinéa 8e) de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d’actes répréhensibles, soient exclus des employés de la SECB automatiquement devenus des employés de la fonction publique. Cela les empêcherait de devenir membres de la fonction publique.
Le deuxième amendement élimine l'exemption qui permet au premier dirigeant, et à lui seul, d'obtenir un dédommagement en cas de cessation d'emploi. La raison pour laquelle on a décidé d'accorder ce traitement particulier au premier dirigeant n'est pas claire. Il conviendrait d'éliminer ce privilège, puisque la commissaire à l'intégrité du secteur public a conclu qu'il y avait un acte répréhensible.
:
Ils n'en sont toujours pas remis.
Or, nous ne voulons pas récompenser un mauvais comportement. Je crois que M. Keddy cherchait à savoir si l'amendement se rapportait au ministre et ainsi de suite, et cela reste à voir. Mais en ce qui concerne l'amendement, s'il a été déterminé qu'une nomination a été faite de façon inappropriée et a donné lieu à d'autres nominations inappropriées, nous ne voulons surtout pas laisser entendre qu'il s'agit d'un comportement louable.
Je me souviens des paroles du lorsqu'il s'est rendu dans les provinces de l'Atlantique et a parlé d'une culture défaitiste. Je ne peux pas m'empêcher de vous lire une citation, car elle est tout à fait représentative. Le premier ministre a indiqué que les bonnes gens des provinces de l'Atlantique ne devraient pas « rester assis en attendant que tout leur tombe tout cuit dans le bec ».
Je crois comprendre qu'il faut donc avoir des relations avec le Bureau du premier ministre. Ce que laisse entendre cet amendement, que nous appuierons, par ailleurs, c'est que si on a appris certaines choses au sujet du processus de nomination indiquant que certaines personnes ont été récompensées en raison de leurs relations politiques, notamment lorsque la commission publique en est arrivée à cette conclusion, il ne faudrait pas en faire une nomination permanente.
C'est donc ce que tente de faire l'amendement, et nous devrons tous l'appuyer, car nous ne voulons pas récompenser le népotisme ou le copinage qui se produit lorsque la fonction publique se sert de l'argent du contribuable pour récompenser les gens, même s'il s'agit de gens bien gentils et ainsi de suite, qui ont cependant été nommés en raison de leurs relations. Voilà ce dont il était question lorsqu'on a parlé du commissaire à l'intégrité.
Bien évidemment, nous ne sommes pas d'accord avec les conservateurs sur cette question, et nous appuierons l'amendement.
:
Je vais m'en tenir au Règlement pour aborder les arguments de M. Keddy, même s'il est d'avis que j'enfreins le Règlement. Si vous ne m'avez pas fait de rappel à l'ordre, c'est que je m'en serai tenu au projet de loi déposé par le gouvernement et respecté le Règlement. C'est terriblement triste de se faire prendre à son propre piège. Je me sens tellement mal pour vous.
Quant à l'atteinte de la réputation de M. Lynn, sachez que je ne fais aucunement atteinte à sa réputation, je ne fais que citer le rapport. J'imagine que si vous pensez que le commissaire à l'intégrité porte atteinte à la réputation de M. Lynn, il faudrait en parler au commissaire.
Monsieur le président, à la lumière des conclusions du commissaire, il reste à savoir si nous allons récompenser un mauvais comportement. Soyons réalistes, si l'amendement est rejeté, les quatre personnes deviendront d'office des fonctionnaires avec toute la sécurité d'emploi connexe, ce qui est bien beau pour eux, mais moins beau pour les autres candidats possibles.
En deuxième lieu, j'ajouterais que M. Lynn a tiré de nombreux avantages de sa nomination, et je ne comprends pas pourquoi, alors qu'il se fait tellement malmener par le commissaire à l'intégrité de la fonction publique, il devrait être récompensé de son mauvais comportement.
:
Nous allons procéder à un vote par appel nominal sur l'article 207.
(L'article 207 est adopté par 5 voix contre 4.)
(Les articles 208 et 209 sont adoptés.)
(Article 210)
Le président: J'aimerais remercier M. Halverson d'être venu ce soir.
Chers collègues, nous en sommes maintenant à la section 13 de la Loi sur les banques. Il y a un seul article, l'article 210. Nous avons reçu l'amendement PV-12, ce que vous avez dans vos documents, ce qui veut dire qu'il a été déposé en bonne et due forme.
Tous ceux en faveur de l'amendement PV-12?
(L'amendement est rejeté. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Le PV-12 est rejeté. Tous ceux en faveur de...
Une voix: En ce qui concerne la partie principale de la motion...
Le président: D'accord.
Je crois que nous avons des représentants du ministère des Finances ici.
Nous accueillons M. Foster devant le comité. Nous en sommes à l'article 210.
[Français]
Il y aura un débat à ce sujet.
Monsieur Caron, vous avez la parole.
Il s'agit de la démutualisation, comme vous le savez. Les sociétés mutuelles occupent un rôle fort important dans les collectivités rurales. Lorsque le gouvernement a tenu des consultations sur la structure de démutualisation, il a consulté Finances Canada et a indiqué dans son sommaire des consultations ce qui suit:
Certains intervenants s'inquiétaient du fait que la démutualisation puisse mener à une consolidation, réduirait la compétitivité et l'accès aux services et affaiblirait les liens avec les collectivités rurales, où se trouvent la plupart des sociétés mutuelles.
Le comité a également entendu certaines préoccupations du fait que des votes visant les propositions de démutualisation pourraient uniquement être décidés par les souscripteurs des mutuelles, et pas par l'ensemble des souscripteurs. L'amendement LIB-15 aide à atténuer ces préoccupations en exigeant que tous les souscripteurs soient permis de voter sur la proposition de démutualisation. L'amendement exige également que tout vote ait lieu lors d'une réunion où il y a le quorum constitué d'une majorité de tous les souscripteurs présents ou représentés.
Cet amendement a été demandé par l'Association canadienne des compagnies d'assurance mutuelles.
J'ai les instructions de mon collègue, mais en fait, c'est fort simple. S'il doit y avoir démutualisation, il faudrait que tous les souscripteurs y participent, plutôt qu'un bassin restreint de souscripteurs, de crainte que les sociétés mutuelles ne disparaissent, notamment dans les régions rurales du Canada mais ailleurs également.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Selon nous, ce qu'on retrouve à l'article 14 ne respecte pas l'engagement que le gouvernement a pris pour établir un cadre de réglementation qui soit efficace et juste pour encadrer le processus de démutualisation.
Selon moi, les dispositions qui permettent au gouvernement de présenter certains cas devant les tribunaux illustrent un manque de sérieux. Elles illustrent également le manque de volonté politique de vouloir établir un véritable cadre et de protéger l'industrie contre les intérêts personnels.
Encore une fois, l'article 14 du projet de loi ne tient pas compte de la nécessité de moderniser les lois et les procédures relatives aux billets de souscription et, conséquemment, au droit de vote des souscripteurs dans le contexte d'un processus de démutualisation. Le projet de loi actuel ne traite aucunement de la nature des actifs des mutuelles et de la façon dont ils devraient être utilisés et attribués à la suite d'une démutualisation.
On a également entendu un témoin représentant l'Association canadienne des compagnies d'assurances mutuelles dire que les actifs des mutuelles devraient être considérés comme un actif collectif à l'industrie mutuelle. C'est particulièrement vrai dans le cas où une mutuelle d'assurances fait faillite. À ce moment-là, les autres mutuelles devraient être responsables des contrats laissés en suspens.
On a entendu plusieurs témoignages à ce sujet. Plusieurs de mes collègues de ce comité étaient là lorsqu'on a étudié la question de la démutualisation au cours d'une séance qui y était entièrement consacrée. Cela a été très intéressant parce que c'est un domaine assez complexe. Lors de cette étude, des faits assez intéressants avaient été soulevés, en particulier lorsqu'on a abordé un cas-type. C'était le cas de l'Economical Mutual Insurance Company qui avait soulevé les problèmes de démutualisation.
La compagnie elle-même a présentement plus d'un million de polices d'assurance. Or, seulement 943 personnes sont détentrices d'une police mutuelle. La compagnie a une capitalisation d'environ 1,3 milliard de dollars. Une tentative de démutualisation avait été amorcée qui aurait permis à chacun des mutualistes, soit chacune des 943 personnes, d'obtenir un actif personnel de plus de 1 million de dollars. Que serait-il arrivé aux détenteurs de polices régulières? Ils auraient été laissés en plan.
En somme, il est ici vraiment important de penser à l'intérêt de l'ensemble des usagers de ces mutuelles d'assurance. Il est aussi important de s'assurer que ces détenteurs de polices, non seulement les mutualistes, mais l'ensemble des détenteurs de polices, peuvent avoir voix au chapitre lors d'une tentative de démutualisation.
Présentement, le projet de loi délègue beaucoup trop de pouvoirs aux tribunaux. Il déleste le gouvernement de sa responsabilité de prendre une décision, et ce, malgré l'engagement qu'on a entendu de sa part. Finalement, cela laisse le loisir aux cours et aux tribunaux de déterminer ce qui se passe dans le cas d'une démutualisation, ce qui risque en effet de mettre tout le pouvoir entre les mains des mutualistes.
Ainsi, on est devant des mutuelles où les mutualistes, soit chacun des détenteurs, se retrouvent à être attirés par l'appât du gain à court terme. C'est la mutuelle elle-même qui est à risque. C'est éventuellement la compagnie qui est également à risque. En effet, la présidente de l'Economical Mutual Insurance Company n'a même pas caché que l'intention de la compagnie, ou de la mutuelle, était à terme d'être absorbée ou de fusionner avec une autre compagnie et, finalement, de disparaître.
Encore une fois, en fin de compte, ce sont les détenteurs de polices individuelles qui écopent dans une telle situation pour un gain à court terme de la part des mutualistes.
Je sais que nos amendements ressemblent un peu à ceux présentés par le Parti libéral. Cependant, ceux-ci visent à pouvoir intégrer les détenteurs de polices, soit en s'assurant qu'ils soient convoqués lors d'assemblées générales où une telle démutualisation serait à l'enjeu, soit encore de leur permettre d'avoir voix au chapitre dans l'éventualité où ils participent en effet à cette assemblée générale.
J'invite mes collègues à bien réfléchir au choix qu'ils vont poser lors de ce vote parce qu'il aura des conséquences assez importantes pour des milliers, voire des millions de personnes. Je sais que M. Van Kesteren, entre autres, a fait affaire avec une mutuelle dans sa circonscription.
Pensez-y bien parce que c'est un vote qui aura des répercussions assez importantes.
Je vous remercie.
:
Toutefois, cela réduit la transparence et la reddition de comptes pour la population.
Les règlements sont publiés dans la Gazette du Canada afin de les rendre officiels et de s'assurer de la participation du public ou des parties prenantes, comme vous le mentionnez, à un processus d'élaboration, de modification ou d'élimination de la réglementation.
On parle de sécurité automobile. Par conséquent, une grande partie de la population sera touchée par diverses modifications aux réglementations proposées par le gouvernement. Par rapport à ce qui est proposé, je suis heureux d'entendre que vous me confirmiez que c'est bien ça. Vous proposez, en fait, d'éliminer l'étape de publication dans la Gazette du Canada qui est présentement requise.
Vous avez mentionné que ce n'est pas obligatoire dans le cas de plusieurs réglementations, mais que ce l'est pour la plupart des modifications réglementaires proposées. Encore une fois, dans l'intérêt de la transparence, j'aimerais savoir si l'on n'est pas en train de se donner de la flexibilité,
[Traduction]
Certains parleraient de flexibilité, tandis que d'autres évoqueraient l'accélération du processus.
[Français]
et ce, en sacrifiant l'intérêt public et la transparence.
(L'article 225 est adopté par 5 voix contre 4.)
Le président: Voulez-vous discuter des articles 226 à 230? Non?
(Les articles 226 à 230 inclusivement sont adoptés.)
Le président: Chers collègues, nous étudions l'article 231.
L'amendement PV-13 est réputé comme ayant été déposé. Je vais rendre ma décision sur cet amendement.
Le projet de loi retire l'article 50 de la Loi sur la sécurité ferroviaire, qui exige la prépublication de certains règlements proposés dans la Gazette du Canada. La modification vise à rétablir l'exigence de prépublication pour tous les règlements liés à cette loi.
Comme l'indique la deuxième édition de l'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 766:
Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture ou à un projet de loi à l'étape du rapport est irrecevable s'il en dépasse la portée et le principe.
Selon l'avis de la présidence, l'amendement vise à maintenir l'exigence de prépublication, qui est contraire au principe du projet de loi. L'amendement est donc irrecevable.
Nous passons donc à l'article 231.
Des commentaires?
:
Merci, monsieur le président.
J'ai attendu jusqu'à maintenant pour parler plus longuement du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Les modifications que le gouvernement conservateur a apportées à ce programme ont fait en sorte que ce dernier a pris des proportions scandaleuses, ce qui a engendré notamment une pression à la baisse sur les salaires et le remplacement de travailleurs canadiens par des travailleurs étrangers. De nombreux cas peuvent être évoqués en ce sens.
Le ministre a dit à maintes reprises que des mesures concrètes et rapides étaient prises dès que l'existence d'abus était connue. Toutefois, il est clair que le gouvernement conservateur n'agit que lorsque les abus sont exposés dans les médias.
Les correctifs mineurs qui sont proposés jusqu'à maintenant ne suffiront pas à régler la situation. Nous avons exigé qu'un moratoire sur le volet des professions peu spécialisées soit tenu pendant la durée de l'examen indépendant du programme. Nous avions proposé l'an dernier des amendements pertinents visant à renforcer le programme, mais ceux-ci ont été rejetés par les conservateurs.
Nous proposons donc un autre amendement qui vise à accroître la transparence du programme. Nous espérons que les conservateurs et le représentant libéral qui siègent au comité vont l'appuyer.
Lorsque nous posons des questions à la Chambre pour savoir si les mesures administratives sont appliquées — nous demandons, par exemple, si plusieurs compagnies se retrouvent sur la liste noire —, le gouvernement répond de façon affirmative. De notre côté, nous voyons qu'il n'y a pas vraiment de mesures qui sont appliquées. Il y a même une confusion sur le nombre de compagnies inscrites sur la liste noire, c'est-à-dire quatre ou aucune. Quoi qu'il en soit, il est clair que l'information est déficiente et que nous, comme députés, devrions pouvoir recevoir régulièrement des rapports sur cette liste noire et sur les sanctions qui sont appliquées.
En somme, c'est pour avoir la possibilité de consulter les rapports portant sur l'administration du programme que nous proposons l'amendement no18.
:
Le projet de loi supprime l'obligation d'employer une marque de commerce avant que celle-ci ne puisse être enregistrée et que le propriétaire ne puisse se faire accorder des droits exclusifs.
La Chambre de commerce du Canada a invité ses membres à s'opposer à cette section du projet de loi. Depuis, les chambres d'un bout à l'autre du pays, de Surrey à Gander en passant par les Territoires du Nord-Ouest, nous avertissent que ces dispositions augmenteraient les coûts et le risque des affaires au Canada, déplorent que le gouvernement ne les ait pas consultées, et demandent que les dispositions sur les marques de commerce soient retirées du projet de loi C-31 jusqu'à ce qu'on les étudie davantage.
De nombreux employeurs au Canada abondent dans le même sens, comme le détaillant Tigre Géant, le fabricant de produits alimentaires Pepsi-Cola, et l'Institut canadien de plomberie et de chauffage.
L'Association du Barreau canadien, ou ABC, nous a aussi avertis que les dispositions « causeront des problèmes si graves que nous recommandons de les supprimer ». Voici ce qu'elle dit ensuite:
La Section de l’ABC n’a connaissance d’aucune consultation spécifique qui ait eu lieu avec quelque partie intéressée que ce soit au sujet des effets de ces modifications. Selon certaines indications, le changement aurait été demandé par l’Office de la propriété intellectuelle du Canada et pourrait relever d’une volonté davantage d’accroître l’efficacité interne du Bureau des marques de commerce que de protéger les intérêts des entreprises canadiennes. Aucune raison d’intérêt public ne semble motiver ces changements, qui ne sont du reste pas nécessaires pour adhérer au Protocole de Madrid non plus qu’au Traité de Singapour.
Elle ajoute que ces dispositions du projet de loi C-31:
… auront une incidence négative pour les entreprises canadiennes. Les entrepreneurs canadiens et ceux qui veulent protéger des marques de commerce au Canada feront face à des frais supplémentaires et à un désavantage économique par rapport aux entrepreneurs d’autres ressorts. [...] En même temps que les entreprises canadiennes seront confrontées à ces coûts et incertitudes accrus, elles devront sans doute aussi acquitter davantage de droits de dépôt pour des catégories différentes et des renouvellements plus fréquents.
L'association termine ainsi:
La renonciation soudaine à un système fondé sur l’emploi, sans consultation et analyse par les parties intéressées, ne pourra que perturber les relations économiques entre le Canada et les États-Unis. Les membres de la Section de l’ABC ont été consultés par des membres de l’Association du Barreau américain étonnés d’apprendre que ces changements étaient en cours.
En réponse à ces préoccupations, l'ABC a explicitement demandé trois amendements afin de rétablir l'exigence que le requérant emploie la marque de commerce avant de pouvoir l'enregistrer. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait au moyen des amendements LIB-18, 19 et 20, qui modifient les articles 330, 339 et 345 respectivement. Ils contribuent aussi à apaiser les craintes très sérieuses des entreprises canadiennes du Pacifique à l'Atlantique en passant par l'Arctique.
De toute évidence, monsieur le président, les gens d'affaires des petites et des grandes entreprises d'un bout à l'autre du pays sont mécontents. Leurs récriminations sont les mêmes que celles de l'ABC, notamment au sujet de l'absence de consultations. Fait intéressant, l'ABC trouve aussi qu'aucune raison d'intérêt public ne justifie ces changements, qui ne sont nécessaires pour adhérer ni au Protocole de Madrid ni au Traité de Singapour. Et pour ajouter l'insulte à l'injure, les Américains aussi sont contrariés.
On peut donc voir que pas mal l'ensemble de l'Amérique du Nord a réagi. C'est assez difficile à faire, et c'est apparemment une sorte de réussite, mais la mesure semble néanmoins avoir beaucoup fait parler, et toujours de façon négative, toutes les chambres de commerce de même que les associations du Barreau américain et canadien.
Voilà une des difficultés relatives à cette procédure dont nous avons parlé en long et en large. Les amendements concernant les marques de commerce et la propriété intellectuelle que mon ami a proposés et que nous appuierons... J'imagine qu'il perdra ses votes et que le projet de loi sera adopté tel quel.
Mais voici ce que j'aimerais sincèrement dire à mes amis d'en face. Prenez un instant pour réfléchir, car le ministre tentait au départ de dire qu'une bande d'avocats voulait simplement plus de travail sur les marques de commerce. Mais vous avez entendu les avertissements de l'ABC et de l'Association du Barreau américain, de même que des Manufacturiers et exportateurs du Canada, de la Chambre de commerce du Canada et de dizaines d'autres chambres de commerce de partout au pays, qui écrivent au gouvernement et l'exhortent même de ne pas aller de l'avant en raison d'une disposition sur la nécessité d'utilisation.
Certains comme moi ont dû apprendre le fonctionnement des marques de commerce au Canada. Quant à leur enregistrement, il est logique que le requérant doive employer la marque. Si vous avez l'intention de déposer une marque, cette appellation doit être associée à un produit, à une gamme de produits ou à une chose que vous faites.
La modification proposée va bien au-delà de toute exigence internationale et de ce que nous sommes censés faire au sein des conventions auxquelles le Canada souhaite se conformer. En supprimant cette disposition, le projet de loi ouvre la porte aux chasseurs de marques de commerce au Canada. Lorsqu'Internet a vu le jour, certains se rappelleront les chasseurs de marque de commerce qui enregistraient des centaines et des milliers de noms de domaine à partir de leur sous-sol pour essayer de faire de l'argent. Or, tout économiste prudent vous dira qu'il s'agit d'une taxe de plus, puisque ces intermédiaires n'ajoutent aucune valeur, en fait. Ils ne représentent qu'un coût supplémentaire pour les entreprises, qui doivent payer le détenteur du nom de domaine convoité pour se l'approprier, comme Les Canadiens de Montréal.com ou quoi que ce soit d'autre. Il s'agit bel et bien d'une taxe sur le système, et c'est pourquoi les différents groupes se sont fait entendre.
Je comprends pourquoi les conservateurs font la sourde oreille à l'Association du Barreau canadien. Ils n'ont jamais été de grands amis, et je peux comprendre. Mais les Manufacturiers et exportateurs du Canada et la Chambre de commerce du Canada, qui ne sont certainement pas reconnus pour exagérer dans ce genre d'affaires, ont clairement dit dans tous leurs commentaires déjà bien énoncés... Je vais lire une seule citation du directeur de la propriété intellectuelle et de la politique d'innovation à la chambre — et j'ai bientôt terminé, monsieur le président:
Une telle modification signifierait que quiconque peut enregistrer une marque de commerce pour n'importe quelle marchandise ou n'importe quel service simplement en payant des droits au gouvernement. Une telle mesure ouvrirait la porte aux chasseurs de marques de commerce qui enregistreraient ainsi des appellations et des marques de commerce déjà existantes et qui, de ce fait, s'en approprieraient la valeur aux dépens des actuels propriétaires non enregistrés.
Voilà le problème. Une telle pratique nuirait à la productivité, à l'efficacité et à toutes ces variables que le gouvernement cible afin d'aider l'économie canadienne, aussi fragile soit-elle.
Bon sang, la disposition sera adoptée de force au sein d'un projet de loi omnibus. Je comprends les obligations de mes collègues d'en face, qui reçoivent des feuilles de vote et doivent se conformer à la ligne du parti, mais les amendements qui abrogent cette disposition comme le souhaitent les exportateurs, l'ABC et les Manufacturiers et exportateurs du Canada devraient amener les conservateurs d'en face à réfléchir un instant.
Nous éliminons une formalité administrative. Le formulaire n'est utilisé ni par l'Office de la propriété intellectuelle du Canada ni par les tribunaux, en cas de litige concernant l'emploi d'une marque de commerce sur le marché. Dans ce cas, la preuve présentée est plutôt le fait que la marque soit utilisée ou non sur le marché.
Pour ce qui est des lettres et commentaires qui viennent d'être mentionnés, permettez-moi de prendre un exemple qui, selon moi, apaise certaines craintes et réfute certains arguments. On semble dire que la situation actuelle est la même que celle des noms de domaine. Or, l'enregistrement ne disparaîtra pas du jour au lendemain lorsque nous ferons partie du Protocole de Madrid. Tous ceux qui ont des droits relatifs aux marques de commerce au Canada les conserveront. Dans le cas des noms de domaine, aucun droit de propriété ne s'applique aux noms des grands joueurs lorsqu'une nouvelle adresse point-quoi que ce soit est créée. Puisque tout le monde connaît la valeur des gros bonnets, c'est la débandade.
Nous sommes loin de mettre fin au système d'enregistrement. Je pense que cela démontre le genre de campagne de peur à laquelle on assiste. Si je peux me permettre, les trois amendements maintiennent essentiellement le statu quo. Or, le gouvernement a choisi d'adhérer au Protocole de Madrid, comme 93 autres pays l'ont fait avant lui. Le système n'a rien de nouveau, est éprouvé et a été profitable à toutes les économies et nations qui s'y sont jointes. Voilà donc la raison d'intérêt public pour laquelle le Canada leur emboîte le pas.
:
Je me sens d'accord avec ce que John vient de dire, et nous entendrons la décision du président, si c'est nécessaire.
C'est difficile, parce qu'il faut essayer de saisir les conséquences. Voilà pourquoi on a fixé un délai administratif, qui, à ce que je sache, n'est pas rigide pour le dépôt d'une motion au dernier moment.
J'ignore si le gouvernement envisagerait de les reporter à l'étape du rapport ou, même s'ils sont recevables, de nous donner le temps d'en déterminer les conséquences. Ils touchent la sécurité de la vieillesse, d'après ce que j'ai cru comprendre au début, et c'est important pour les gens. Cela ne fait pas partie de ces mesures qu'on veut précipiter au dernier moment pour ensuite s'apercevoir qu'on s'est trompé.
Si, sur le plan de la procédure, c'est impossible, et vous voudrez bien nous le dire, monsieur le président, je soupçonne alors que c'est recevable. Mais nous sommes ici en train de chercher, sur nos BlackBerry, le texte en vigueur de la loi pour essayer de prévoir les conséquences. Une représentante du ministère est ici, et c'est tant mieux, mais, en fin de compte, ça se ramène à faire un acte de foi. Vous voudrez bien nous pardonner nos doutes à l'égard des projets de loi omnibus du Parti conservateur.
Je pense donc que c'est peut-être recevable, mais le procédé n'est pas très élégant. Cela demande un gros acte de foi, une foi qui n'a pas été méritée, ne serait-ce que pour les changements qui toucheront notre système de sécurité sociale.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens seulement à répondre à certaines observations de mes collègues d'en face. D'abord, comme j'ai dit, il s'agit d'amendements mineurs. Ils concernent le sujet de la discussion. Et rien n'empêche un membre du comité de déposer des amendements mineurs, tant qu'ils se rapportent au sujet.
En ce qui concerne l'élucidation de ces amendements, j'ai dit, plus tôt, qu'il s'agissait, que vous ayez confiance ou pas, de vraiment annuler une conséquence imprévue pour conserver aux prestataires actuels du supplément de revenu garanti le droit de continuer de le recevoir. Voilà ce dont il s'agit.
Si on se pose d'autres questions ou des questions précises, alors, comme cela a été dit, nous pouvons interroger la représentante du ministère. Vous n'avez peut-être pas confiance en moi, mais vous pouvez sûrement vous fier à elle.
Il y a aussi la loi. La loi est consultable en ligne. Nous l'avons ici, sur cet iPad.
Écoutez, comme j'ai dit, nous n'essayons de duper personne. N'y voyez rien de plus que ce que c'est. Nous exposons franchement le problème et nos intentions. Je suis sûr que vous comprendrez.
Monsieur le président, je vous demande d'autoriser maintenant le dépôt de ces amendements.
:
L'effet de l'amendement est très simple. La seule nouveauté est le projet d'alinéa
a), qui est le même pour les articles 371, 372 et 373. L'alinéa
b) existe déjà dans la loi.
Essentiellement, comme M. Saxton l'a dit, il s'agit de protéger les prestataires actuels du supplément de revenu garanti. Voici un exemple.
C'est très rare, mais j'imagine que ce n'est pas impossible. Un nouvel immigrant au Canada pourrait avoir accumulé 10 années de résidence au pays — par exemple l'année dernière — tout en continuant d'être assujetti à une entente de parrainage. C'est possible s'il est déjà venu au Canada et a accumulé, à l'époque, un certain nombre d'années de résidence. Par exemple, s'il est venu au Canada dans les années 1970 pour des études universitaires, puis est revenu en étant assujetti à une entente de parrainage, il aurait totalisé 10 années de résidence au Canada, tout en continuant d'être assujetti à l'entente de parrainage. Après avoir accumulé 10 années, il commencerait à recevoir le supplément de revenu garanti. Mais, en 2017, la modification, en entrant en jeu, lui ferait perdre le droit à ce supplément, parce qu'il est encore parrainé.
Nous ne voulons pas que cela arrive. Nous voulons protéger les individus dans cette situation. Voilà l'effet de l'alinéa a), qui est de s'assurer que les prestataires du supplément de revenu garanti ou d'allocations — dans le cas des articles 372 et 373 — sont protégés au moment de l'entrée en vigueur de la disposition et ne perdront pas le droit à leurs prestations. C'est simplement une mesure de protection.
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
(L'article 371 modifié est adopté.)
Le président: Nous passons à l'article 372 et, visiblement, nous avons un deuxième amendement.
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
(L'article 372 modifié est adopté.)
Le président: Vient ensuite l'amendement proposé pour l'article 373.
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
(L'article 373 modifié est adopté.)
Le président: Il n'y a pas d'amendement pour l'article 374.
(L'article 374 est adopté.)
Le président: D'accord. Je tiens à remercier la représentante du ministère.
[Français]
Merci, madame Martel.
[Traduction]
Bon, passons à la section 28.
Chers collègues, il y a énormément d'amendements pour cette section, mais je vais vous préciser lesquels.
Il y a l'amendement LIB-21. C'est le premier dont nous allons discuter. Le résultat du vote sur cet amendement s'applique aux amendements NDP-19, NDP-20, LIB-22, LIB-23, NDP-21, LIB-24, NDP-22 et LIB-25, puisque ces amendements sont consécutifs.
Je propose que nous demandions à M. McKay de proposer l'amendement LIB-21, puis nous nous occuperons de l'amendement NDP-20. Je demande d'abord à M. McKay de proposer l'amendement LIB-21, puis à mes collègues de discuter de manière générale de l'amendement et de l'article, puis, manifestement, nous mettrons l'amendement aux voix.
Monsieur McKay.
:
Je voudrais mentionner que M. Keddy a fait valoir un point qui est pertinent. Il a fait une comparaison entre un péage sur une autoroute et la possibilité d'utiliser par la suite des routes secondaires. Il est évident qu'il n'y a pas de choix à cet égard. C'est la seule autoroute et le seul endroit qui mène jusqu'à Truro ou à Halifax, alors que le pont Champlain est un pont parmi quatre autres. La route Transcanadienne ne remplaçait pas une autre autoroute, mais dans le cas qui nous occupe, un pont remplace un autre pont.
Il a été fait mention que des études ont été faites pour connaître l'impact que le péage aurait sur la circulation. Nous n'aurons pas accès à ces études. M. Keddy, ni personne d'autre ne pourra nier que l'instauration d'un péage sert généralement à moduler l'utilisation. Il est clair que tous les péages ont un impact sur l'utilisation. Personne ne remet en doute que dans le cas du pont Champlain, il ne s'agit pas d'une nouvelle infrastructure, mais de son remplacement. Actuellement, il n'y a pas de péage sur le pont Champlain, mais selon le plan conservateur, il y en aurait un sur le nouveau pont.
À Montréal, quand on a prolongé l'autoroute 25, un péage a été installé. Sur l'autoroute 30, qui est une extension, un péage a été installé et il n'y a pas eu beaucoup de résistance. Or là, on met un péage sur l'un des principaux points d'accès de Montréal qui est emprunté par 19 % du PIB québécois. Pourtant, on nous dit que cela n'aura aucune incidence sur l'utilisation du pont Champlain ou sur celle des autres ponts. Il est clair qu'il y aura des conséquences et qu'elles ont été étudiées.
Madame Pham, vous mentionnez que les études n'ont pas été publiées. Elles existent, mais elles sont confidentielles. Des représentants de Transports Canada ont comparu devant le Comité permanent des transports. Ils ont dit qu'ils ne disposaient pas de toutes les données nécessaires et qu'ils n'avaient pas analysé les répercussions d'un péage sur la région et sur les autres ponts de l'île.
Je suis prêt à accepter ce que vous nous dites, mais d'autres représentants du ministère des Transports — je ne sais pas si c'était vous ou d'autres — ont mentionné que toutes les analyses n'avaient pas été faites.
Il est clair que le gouvernement du Québec n'est pas en faveur d'un péage. Les organisations économiques ne veulent pas d'un péage, car elles comprennent l'impact négatif qu'il aura. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement s'entête à aller dans cette direction. Il devrait travailler davantage en collaboration avec les provinces.
À l'heure actuelle, on entend parler d'une volonté du gouvernement fédéral de se départir du pont qui sera à péage en espérant que le gouvernement du Québec va le gérer. Par la suite, on dira au gouvernement du Québec que, s'il n'est pas d'accord, il devra supprimer le péage et en prendre la responsabilité. C'est tout à fait irresponsable de la part du gouvernement fédéral. Cela met en danger la santé économique de Montréal. C'est pour cette raison que nous avons proposé divers amendements, incluant quatre amendements liés au péage sur le pont.
Je ne comprends pas l'entêtement du gouvernement fédéral. Le parle toujours de consultation. Or il n'y a pas de consultation. Le gouvernement fédéral impose sa décision. Le gouvernement du Québec est contre, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain est contre et l'Agence métropolitaine de transport est contre. Tout le monde comprend l'impact que cela va avoir sur le pont Jacques-Cartier, le pont Victoria et le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Encore une fois, j'aimerais savoir qui est en faveur du plan conservateur qui consiste à imposer un péage. Avez-vous même un seul témoin en faveur d'un péage sur le nouveau pont Champlain? Je n'en ai pas encore entendu un.
Avant de voter sur cette solution et sur les amendements, j'aimerais que vous puissiez me démontrer qu'il existe des gens sur qui le péage aura un impact et qui sont en faveur du péage. J'ai encore besoin d'en rencontrer un. Cela fait environ un an ou un an et demi qu'on discute de ce sujet.
:
J'aimerais fournir un peu de contexte au sujet de l'amendement et signaler que nous abordons la section 29 en tant qu'opposition officielle. Nous nous opposons à cette initiative, mais j'aimerais surtout préciser qu'il reste essentiellement 25 minutes avant qu’on invoque la clôture et que nous traitons un autre projet de loi omnibus, une partie qui créerait un nouveau mécanisme pour le tribunal administratif et qui n'a rien à voir avec le budget. Mais cela revient à la façon dont on a traité le cas du juge Nadon par l'entremise du dernier projet de loi omnibus sur le budget, et on essaie maintenant de donner une certaine légitimité à ce processus.
Dans ce cas-ci, nous sommes pris, car d'une façon, on pourrait appuyer un modèle de services partagés. Nous avons vu cela en Ontario. Nous l'avons vu également en Colombie-Britannique. Il y a bien des raisons d'adopter ce système si l'on peut croire en toute confiance qu'on essaie d'atteindre l'efficacité administrative et de réduire les coûts en regroupant les tribunaux d'une certaine façon et en leur fournissant des services partagés. Comme je le dis, cela a été fait ailleurs et nous applaudissons ces initiatives.
Ce qui préoccupe manifestement un si grand nombre de gens, des représentants de nombreux tribunaux que j'ai consultés, ainsi que les professeurs de droit administratif, c'est que ces organismes doivent être indépendants sur le plan administratif. C'est la raison pour laquelle ils ont été créés et le gouvernement les craint énormément, car la personne assujettie à cet amendement, c'est-à-dire l'administrateur, relèvera essentiellement du , le même ministre de la Justice qui a nommé ses acolytes à la Société d'expansion du Cap-Breton et qui a fait preuve d'un incroyable favoritisme... C'est pourquoi nous devons réfléchir au fait qu'il faut maintenant traiter ce genre d'initiative.
Pour cette raison, je pense que cette personne devrait exercer ses fonctions à titre inamovible pour une durée maximale de cinq ans, sous réserve de révocation motivée par le gouverneur en conseil. C'est la raison d'être de l'amendement. Bref, on craint grandement que la capacité de nommer un administrateur à titre amovible, comme le gouvernement souhaite le faire, pour une durée de cinq ans, crée simplement d'autres occasions de favoritisme pour le gouvernement. C'est la raison d'être de l'amendement, monsieur le président.