:
Je déclare ouverte la 33
e séance du Comité permanent des finances. Nous avons à l'ordre du jour, conformément à l'ordre de renvoi du mardi 8 avril 2014, la poursuite de l'étude du projet de loi , Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 11 février 2014 et mettant en oeuvre d'autres mesures.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos invités cet après-midi. Dans le premier groupe de témoins pour l'étude du projet de loi, nous accueillons, à titre personnel, M. Stéphane Eljarrat. Bienvenue.
Nous accueillons aussi M. Mark Tonkovich, associé chez Baker and McKenzie LLP. Bienvenue.
Nous avons aussi Mme Beatrice Keleher Raffoul, vice-présidente, Affaires publiques de l'Association canadienne des institutions de santé universitaire et de l'Association canadienne des soins en santé.
Nous accueillons aussi Mme Carole Presseault, vice-présidente de l'Association des comptables généraux accrédités du Canada. Je crois comprendre qu'il s'agira de sa dernière comparution devant le comité dans ses fonctions actuelles. Nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue.
Nous allons aussi rencontrer Harry Blackmore, président de l'Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage. Bienvenue, monsieur.
Vous aurez chacun un maximum de cinq minutes pour présenter votre déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions des membres.
Nous allons commencer par M. Eljarrat, s'il vous plaît.
:
Je vous remercie, monsieur le président. Bonjour.
J'aimerais indiquer ce qui a particulièrement attiré mon attention dans ces dispositions. Il s'agit de la modification faite au paragraphe 9.4 de l'article 241 de la loi. Cette modification vise à étendre ou à faire une brèche au secret fiscal en permettant aux autorités de l'Agence du revenu Canada de fournir de l'information à des autorités policières si elles ont des motifs raisonnables de croire qu'une infraction a été commise.
Je pense que cette disposition devrait être analysée pour bien tenir compte des différents enjeux qu'elle implique puisque la Cour suprême nous rappelait, il y a plus de 20 ans maintenant, dans l'affaire Slattery,
[Traduction]
que la protection des renseignements fiscaux confidentiels est extrêmement importante dans notre système fiscal, qui est fondé sur la déclaration volontaire. Il faut faire attention lorsqu'on apporte ce genre de changement, qui permet aux autorités fiscales de modifier des renseignements dans les situations où elles croient qu'un crime a été commis, que cela ne sera pas problématique du point de vue des principes fondamentaux sous-jacents à notre système fiscal fondé sur la déclaration volontaire.
Je serai très heureux de répondre aux questions des membres du comité sur mes observations en ce qui concerne cette disposition précise, soit le paragraphe 28(3), qui modifie le paragraphe 241(9.4) de la loi.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci au comité de m'avoir invité ici aujourd'hui. J'ai eu le privilège de voir des litiges fiscaux sous différents angles: en tant qu'avocat en pratique privée, en tant qu'avocat du ministère fédéral de la Justice et en tant que commis judiciaire à la Cour d'appel fédérale.
Ma pratique juridique actuelle consiste exclusivement à aider des contribuables à résoudre leurs problèmes avec les autorités fiscales canadiennes. Mais je suis ici aujourd'hui à titre personnel, et mes commentaires reflètent mes points de vue personnels, pas nécessairement ceux de mon cabinet ni de nos clients.
Cela dit, je suis prêt à aider le comité comme je peux dans le cadre de son examen des parties 1 à 4 du projet de loi budgétaire fédéral. Cependant, j'aimerais profiter de l'occasion pour souligner deux initiatives qui découlent du budget.
Le Canada s'efforce vraiment de trouver le juste équilibre entre les besoins budgétaires et la politique étrangère et la planification fiscale raffinée qui a cours à l'échelle mondiale. L'un des défis permanents consiste à s'assurer que l'ARC a les outils dont elle a besoin pour maintenir l'intégrité du système fiscal tout en respectant les droits fondamentaux des contribuables à l'uniformité, la prévisibilité et l'équité. Après tout, notre société et nos lois reconnaissent comme il se doit le droit de chaque contribuable à organiser ses affaires de la façon la plus intelligente du point de vue des affaires et la plus efficiente du point de vue fiscal.
Revenons au projet de loi. Le projet de loi contient des dispositions relatives à deux nouveaux outils de collecte de données visant à aider l'ARC à réaliser son mandat. Le premier concerne l'introduction du nouveau régime de déclaration par télévirements dans la partie XV.1 de la Loi de l'impôt sur le revenu. Le deuxième concerne l'initiative actuelle de l'ARC, le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger, le PDIFE.
Le ministère des Finances a présenté des propositions législatives liées au nouveau régime de déclaration par télévirements en janvier dernier, et les règles proposées figurent dans le projet de loi . Grâce à ces règles, la plupart des intermédiaires financiers devront présenter des déclarations à l'ARC des jours après avoir procédé à un télévirement de 10 000 $ ou plus qui arrive au Canada ou qui sort du pays, et ce, à la demande de leurs clients. Le nouveau régime inclut des dispositions détaillées définissant quelles entités financières doivent présenter les déclarations, l'obligation correspondante touchant la tenue des dossiers de ces entités, la création d'une infraction pour toute omission de respecter cette obligation et des règles expliquant que les renseignements sur les télévirements peuvent aussi être utilisés à des fins non fiscales.
Même si l'ARC aura besoin de ressources pour bien contrôler et analyser ces nouveaux renseignements sur les télévirements, le régime proposé lui permettra de brosser, sans aucun doute, un portrait plus complet des virements de fonds transfrontaliers traditionnels. En outre, il sera plus facile pour l'ARC de déterminer si les fonds ont été bien comptabilisés à des fins fiscales.
Passons à la deuxième initiative, le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger. Il s'agit d'un programme de dénonciation qui a été annoncé pour la première fois dans le budget 2013 et qui a été lancé officiellement par l'ARC en janvier, cette année. Le PDIFE permet de recevoir une prime allant de 5 à 15 % de l'impôt fédéral perçu en raison d'informations fournies à l'ARC concernant des cas majeurs de non-conformité fiscale de nature internationale. En passant, je crois savoir qu'un certain nombre de soi-disant dénonciateurs ont déjà commencé à communiquer avec des conseillers professionnels et à ouvrir des dossiers de dénonciation auprès de l'ARC.
Contrairement au cadre législatif détaillé mis en place pour la déclaration des télévirements, il n'y a aucune règle législative définissant le nouveau régime de dénonciation. Il y a un certain nombre de dispositions dans le projet de loi qui concernent le programme de dénonciation — que j'ai répertoriées dans une annexe à mes notes d'allocution —, mais celles-ci portent en général sur la façon dont les primes seront imposées, et de quelle façon les dénonciateurs seront tenus au fait du statut de leur dossier.
Sinon, toutes les règles concernant le PDIFE seront établies par l'ARC. Cela inclut qui peut être dénonciateur, si des primes peuvent être versées pour de l'information concernant des cas de non-conformité au pays, plutôt qu'à l'échelle internationale, s'il y a des limites à la façon dont l'information fiscale peut être obtenue et si l'identité du dénonciateur sera protégée par la suite.
Le fait de laisser l'ARC établir le cadre est efficace, dans une certaine mesure. Cela permet de modifier les règles sans avoir à demander des modifications législatives, mais cela est aussi problématique, à certains égards. Par exemple, sans règles législatives ou réglementation, la mesure dans laquelle les dénonciateurs peuvent s'appuyer sur les politiques de l'ARC ou les appliquer n'est pas claire. L'étendue des pouvoirs de l'ARC de verser des primes à même l'argent des contribuables ne l'est pas plus.
On ne sait pas non plus très bien de quelle façon l'information peut être obtenue, ni si de bons renseignements peuvent ou devraient être obtenus en violant la loi ou en ne respectant pas certaines obligations professionnelles ou éthiques. Une institution publique importante comme l'ARC ne devrait pas être perçue comme encourageant des contribuables ou leurs conseillers à utiliser la tromperie ou le vol pour obtenir des renseignements fiscaux potentiellement utiles afin de faire de l'argent.
Pour terminer, on ne connaît pas la portée des obligations des dénonciateurs dans le cadre de toute évaluation fiscale ou procédure d'application de la loi future. On ne sait pas non plus quels efforts déploiera l'ARC pour protéger l'identité des dénonciateurs.
Des règles législatives assurant un certain niveau de protection aux dénonciateurs rendraient le système plus facile à administrer et plus fiable pour les contribuables. C'est pourquoi nous faisons valoir que l'établissement de règles législatives ou de règlements pourrait aider à apporter des précisions dans le cadre du programme.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis la vice-présidente des Affaires publiques de la nouvelle organisation née de la fusion récente de l'Association canadienne des institutions de santé universitaire et de l'Association canadienne des soins en santé. Nous sommes la voix institutionnelle des hôpitaux de recherche, des autorités régionales de la santé, de leurs instituts de recherche, des hôpitaux communautaires et des installations de soins de longue durée. Depuis quatre mois, on nous appelle par la version longue de nos deux noms, mais je vous invite à rester à l'écoute, puisque nous annoncerons notre nouvelle appellation le 1er juin.
[Français]
L'association est heureuse d'avoir été invitée à comparaître devant le comité afin de participer à l'étude du budget et, plus particulièrement, de parler des articles 56 à 60 du projet de loi en ce qui concerne l'aire de stationnement de l'hôpital et la TPS/TVH.
[Traduction]
Dans le budget de 2013, il a été déterminé que les offres de stationnements payants étaient imposables, qu'elles soient fournies par le secteur privé ou public, y compris les organismes de bienfaisance, puisqu'on a considéré que toute offre de stationnement payant constituait une activité commerciale afin d'assurer l'équité concurrentielle avec les fournisseurs du secteur privé. Il convient de signaler que, depuis l'introduction de la TPS, les stationnements payants offerts par un organisme du secteur public, ou OSP, sont exclus de la disposition d'exonération générale aux fins du calcul de la TPS/TVH. Un OSP est une municipalité, une université, un collège public, des autorités scolaires, des autorités hospitalières, un organisme de bienfaisance, une organisation sans but lucratif ou un gouvernement.
Le budget de 2013 proposait deux mesures visant à préciser que certaines conditions à l'exonération spéciale — fourniture de produits ou de services gratuitement, offre occasionnelle de stationnement payant par un OSP, comme dans le cas d'un événement de collecte de fonds spécial — continueront de s'appliquer.
L'Association canadienne des institutions de santé universitaire, au nom de ses membres et du milieu hospitalier en général, a immédiatement porté les répercussions de telles mesures à l'attention du ministre des Finances et, par son truchement, au gouvernement. Il faut reconnaître, à la décharge du ministre et du gouvernement, que l'application de ces éléments du budget de 2013 a été reportée. M. Flaherty et son personnel avaient reconnu que les conséquences imprévues portées à leur attention exigeaient une analyse plus poussée. De plus, le gouvernement a reconnu que ces mesures, à tout le moins, exigeaient une consultation supplémentaire. Nous avons aidé le gouvernement dans le cadre de ce processus de consultation, et nous lui sommes reconnaissants de l'occasion qu'il nous a offerte.
Un grand nombre d'hôpitaux partout au pays, mais pas tous, avaient confié l'exploitation de leurs installations de stationnement à leur fondation ou à leur auxiliaire. Ces recettes supplémentaires contribuaient grandement à leurs enveloppes de dons pour la recherche, des appareils médicaux, de l'équipement médical, les soins aux patients et d'autres éléments importants dont les hôpitaux et les instituts de recherche ont besoin, le tout pour offrir de meilleurs soins, de meilleurs résultats en matière de santé et une plus-value pour la population servie. De plus, on avait souligné que l'impact ne se limitait pas à la TPS, mais aussi à toute la TVH où elle était appliquée.
L'annonce du défunt , le 24 janvier, que les modifications proposées à la Loi sur la taxe d'accise visant à offrir une exonération touchant la taxe sur les produits et services et la taxe de vente harmonisée, la TPS/TVH, relativement aux stationnements d'hôpitaux pour les patients et les visiteurs a été bien accueillie par le milieu des soins de santé. Ces modifications allaient permettre d'annuler en bonne partie les mesures proposées dans le budget de 2013.
Nous sommes très heureux de voir ces modifications reflétées dans les articles 56 à 60 du projet de loi , et nous demandons aux membres du comité de bien vouloir approuver ces articles.
Je serais heureuse de répondre à vos questions. Merci.
:
Monsieur le président, madame et messieurs membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à vous rencontrer aujourd'hui pour parler du projet de loi touchant le Plan d'action économique 2014 du gouvernement. C'est avec grand plaisir que nous saisissons cette occasion.
Au fil des nombreuses allocutions que nous avons livrées devant votre comité, vous avez appris à bien nous connaître. Présentement, CGA-Canada et les Comptables professionnels agréés du Canada, ou CPA Canada, travaillent à l'intégration de leurs activités sous la bannière CPA.
L'unification de la profession comptable permettra de renforcer l'influence, la pertinence et l'apport de la profession comptable canadienne au pays et sur la scène internationale.
[Traduction]
Dans le climat d'incertitude qui entoure l'économie mondiale, CGA-Canada reconnaît que le gouvernement fédéral fait preuve d'un solide leadership économique pour équilibrer le budget et dégager un excédent en 2015. Malgré la vaste portée de ce projet de loi budgétaire qui comporte un large éventail de mesures et touche plusieurs lois fédérales, nous concentrerons nos commentaires sur une seule mesure.
Nous appuyons les dispositions énoncées à l'article 31 de la partie 1 du projet de loi qui portent sur les mesures fiscales qui n'ont pas encore été instaurées. Au départ, je croyais qu’il s’agissait d’une erreur de frappe, mais c’est bien l'article 31 de la partie 1 du projet de loi C-31 qui modifie la Loi sur la gestion des finances publiques.
L'article 31 exige que le ministre des Finances dépose chaque année au Parlement une liste de propositions législatives. Or, on ne parle pas d’une liste comme les autres. Elle inclura les propositions législatives annoncées publiquement qui n'ont pas été édictées par le Parlement depuis les dernières élections fédérales.
Bien que cette mesure budgétaire constitue nettement un pas dans la bonne direction pour assurer une meilleure gestion des modifications apportées à la Loi de l’impôt sur le revenu, le Comité permanent des finances peut améliorer considérablement l'article 31. Sous sa forme actuelle, cet article exige du ministre qu'il ne fasse rapport que sur les mesures fiscales proposées au cours de la présente législature. En conséquence, la liste déposée ne comprendra pas les nombreuses mesures fiscales qui étaient déjà en attente avant l'entrée en fonction du Parlement actuel.
Les membres du comité voudront peut-être prendre exemple sur le projet de loi , que le député a présenté l'an dernier. Comme l'article 31, le projet de loi C-549 modifie la Loi sur la gestion des finances publiques de manière que cette dernière exige que le ministre des Finances dépose devant la Chambre des communes un rapport faisant état des mesures fiscales qu’il a l’intention d'édicter.
Cependant, le projet de loi va plus loin en exigeant que le ministre présente des rapports cumulatifs plutôt que des rapports qui ne remontent qu'aux dernières élections. Il exige en outre qu'un comité parlementaire examine le rapport déposé par le ministre et présente ses conclusions à la Chambre.
Nous estimons qu'il serait préférable que le rapport du ministre des Finances porte sur toutes les mesures fiscales en attente d'adoption sans faire de distinction entre le Parlement actuel et ceux qui l'ont précédé. En dressant une liste cumulative des propositions législatives, on améliorerait grandement la transparence.
Certains d'entre vous se souviennent sans doute qu'il a fallu 12 ans au Parlement pour adopter un projet de loi technique à caractère fiscal. Il s'agit bien entendu du projet de loi , qui compte presque 1 000 pages et édicte des centaines de mesures fiscales qui n'avaient pas encore été instaurées.
Nous avons entendu de nombreux parlementaires dire qu'ils ne voulaient plus jamais se trouver dans ce genre de situation. Et nous sommes d'accord avec eux. Les contribuables canadiens méritent un processus plus efficace et plus efficient pour la gestion, la présentation et l’adoption des mesures fiscales en attente. Dans cette optique, CGA-Canada recommande au comité d'envisager un amendement de forme mineur pour conforter l'intention de l'article 31 en prévoyant la présentation régulière de rapports cumulatifs sur les mesures fiscales non édictées.
[Français]
CGA-Canada remercie le comité d'avoir recommandé au gouvernement fédéral d'explorer les moyens de rationaliser la Loi de l'impôt sur le revenu du Canada pour en réduire la complexité et le manque d'efficience.
Nous vous exhortons à continuer à vous faire les champions de cette cause importante. Que ce soit au moyen de la création d'un groupe d'experts indépendant, au moyen d'un office de la simplification fiscale ou encore au moyen d'une étude en comité parlementaire, il est essentiel d'amorcer une discussion nationale à ce sujet. L'imposition est une question qui touche tous les Canadiens. Pourtant, le système fiscal n'a fait l'objet d'aucune discussion sérieuse depuis les travaux de la Commission Carter dans les années 1960. Le moment est venu pour les parlementaires, les parties prenantes, les milieux universitaires et les contribuables canadiens de parler de réforme fiscale.
Monsieur le président et distingués membres du comité, nous vous remercions de nous avoir donné consacré ce temps. Nous nous ferons un grand plaisir de participer à la discussion qui suivra.
:
Merci, monsieur le président.
L'Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage est une organisation nationale qui représente toutes les associations provinciales et territoriales de recherche et de sauvetage au sol, qu'on appelle les associations de RSS. Toutes ces associations et leurs 300 équipes sont entièrement composées de volontaires.
L'ACVRS est une organisation de bienfaisance constituée en vertu d'une loi fédérale qui offre des services de surveillance, de formation et de soutien. Nous favorisons, coordonnons et encourageons l'excellence au sein des organisations de volontaires en recherche et sauvetage au Canada. Notre vision est de posséder une communauté nationale de volontaires compétents en recherche et sauvetage dont les contributions sont appréciées et appuyées par le grand public et tous les ordres de gouvernement.
L'ACVRS compte plus de 9 000 chercheurs, chefs d'équipe et gestionnaires de recherches bénévoles qui répondent, en moyenne, à 1 900 appels par année. Ensemble, ils consacrent 142 000 heures en recherche, 63 000 heures en formation, 10 000 heures en prévention et 19 000 heures de travail communautaire pour la recherche et le sauvetage au sol chaque année.
L'Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage, l'Association civile de recherche et de sauvetage aériens, l'ACRSA, et la Garde côtière auxiliaire canadienne sont les trois principales organisations responsables des volontaires en recherche et sauvetage au Canada.
Depuis de nombreuses années, l'ACVRS demande la création d'un crédit d'impôt pour reconnaître la valeur des volontaires en RSS qui consacrent de leur temps et déploient des efforts pour trouver des personnes perdues, assurer leur formation et maintenir leur état de préparation. Le nouveau crédit d'impôt pour les volontaires en recherche et sauvetage est donc vraiment apprécié par les volontaires en RSS qui consacrent de leur temps, déploient des efforts et fournissent leur équipement pour trouver des personnes perdues dans leurs collectivités. Le nouveau crédit d'impôt est une reconnaissance du rôle important que jouent les volontaires en recherche et sauvetage et de leur contribution à la sécurité et la sûreté des citoyens et des visiteurs du pays.
Afin de déterminer les économies de coûts découlant du travail des bénévoles, une valeur de 25 $ l'heure a été attribuée à divers organismes gouvernementaux. Ces données ont maintenant 10 ans. Cela signifie qu'en ayant recours à des volontaires compétents en recherche et sauvetage, on réduit beaucoup le fardeau financier des gouvernements qui doivent réaliser des missions de RSS.
Pour être admissible au nouveau crédit d'impôt, un bénévole doit avoir fait au moins 200 heures de bénévolat. Bien sûr, il faudra mettre en place une procédure de documentation appropriée et s'assurer que l'on tient des dossiers clairs et que l'on distingue bien les heures principales, qui incluent les activités de recherche, la formation, les réunions et le fait d'être en disponibilité, et les heures secondaires, qui incluent l'entretien de l'équipement et les activités de prévention, parce qu'il faut un minimum de 200 heures pour être admissible au crédit. Du nombre, au moins 101 heures doivent être consacrées à des activités principales.
Les bénévoles en RSS s'exposent à des dangers lorsqu'ils partent à la recherche d'une personne disparue ou perdue. Les recherches ont souvent lieu sur des terrains accidentés et dans de mauvaises conditions météorologiques, de jour comme de nuit. Ces personnes ont reçu une formation sur les techniques de recherche, les premiers soins, le sauvetage et le rétablissement, la navigation et la survie. Elles offrent leurs services en tant que ressources professionnelles pour les services de police du Canada.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présentation devant nous.
J'aimerais adresser mes premières questions à MM. Eljarrat et Tonkovich. Je voudrais parler de l'inobservation fiscale et du recours aux dénonciateurs par l'Agence du revenu du Canada.
Lors d'une séance d'information au cours de laquelle des fonctionnaires du ministère nous ont expliqué les diverses dispositions du projet de loi, ceux-ci nous ont dit que les dénonciations anonymes ne seraient plus acceptées. Or le sous-ministre nous a mentionné qu'il n'avait pas entendu dire que le gouvernement voulait abolir ou modifier le programme existant qui est axé sur les indices.
On peut donc supposer que si l'agence reçoit des renseignements anonymes qui correspondent aux critères du nouveau programme d'inobservation mais que cela se fait dans le cadre du programme d'indices, tel que stipulé dans le projet de loi, on les invitera à participer au nouveau programme.
À quel point croyez-vous que les dénonciateurs seront rebutés par le fait d'avoir à officialiser leur collaboration avec l'Agence du revenu du Canada? Pensez-vous que cela pourrait leur faire peur?
:
Je pense qu'il s'agit d'une excellente question et qu'elle se pose à différents niveaux.
Premièrement, ces programmes de dénonciations anonymes existent depuis très longtemps. Je pense qu'ils fonctionnent relativement bien puisqu'il y a toujours des gens qui sont disposés, sans rien attendre de l'État en termes de rémunération, à fournir de l'information. Toutefois, en vertu de mon expérience et des discussions que j'ai eues avec des personnes qui sont au courant de l'administration de ces programmes, l'une des composantes les plus importantes pour les gens est l'anonymat. La première chose que les gens demandent lorsqu'ils appellent ce genre de lignes pour fournir de l'information, c'est de s'assurer que leur identité va demeurer anonyme. En somme, je pense que ce sont deux programmes qui sont jusqu'à un certain point complètement distincts parce que, dans le premier cas, la dénonciation anonyme ne requiert pas un énorme travail. La personne appelle, fournit un indice et les autorités, avec les moyens dont elles disposent, peuvent vérifier la validité ou non de cet indice.
Par contre, relativement au programme officiel de dénonciation avec rémunération, cela demande du travail. L'agence ne va pas rémunérer les gens à ne rien faire ou à ne pas fournir d'informations détaillées. D'ailleurs, le pourcentage remis au dénonciateur varie selon la qualité de l'information qu'il fournit et le travail qui est fait. Je pense donc que cela s'adresse à deux clientèles différentes.
Deuxièmement, pour la dénonciation qui fait l'objet d'une rémunération, cela vise majoritairement des transactions internationales touchant l'impôt. Il s'agit donc de cas beaucoup plus complexes et beaucoup plus difficiles à cerner que celui d'une personne qui appelle pour dire qu'elle pense que son voisin possède ou s'achète des biens alors que ses revenus ne semblent pas le justifier. Je pense que ces deux programmes ont une existence propre, repose sur des problèmes particuliers ainsi que sur des réalités qui leurs sont propres.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord. Il s'agit de deux types de programmes différents. Selon les indications de l'Agence du revenu du Canada, les deux programmes sont maintenus. L'un des deux est le programme anonyme pour les personnes qui ne veulent pas révéler leur identité ni dire comment elles ont obtenu l'information. On reçoit un plus grand nombre de ces renseignements anonymes, sans toutefois attraper un plus grand nombre de fautifs. L'autre programme, celui dont j'ai parlé, le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger, a été officialisé. En effet, l'Agence du revenu du Canada a produit un certain nombre de règles et de documents d'orientation qui décrivent son fonctionnement. Une des règles, c'est qu'il faut fournir des renseignements détaillés sur l'identité du dénonciateur et sur l'endroit où l'information a été obtenue.
En ce qui concerne l'officialisation du programme, ma préoccupation, c'est qu'il s'agit simplement de documents d'orientation de nature administrative et qu'il n'y a pas de règlements ni de politiques législatives expliquant de quelle façon cela fonctionnera et de quelle façon on assurera la confidentialité des dénonciateurs contre les autres parties. L'absence de renseignements supplémentaires à ce sujet fera en sorte qu'il sera plus difficile pour les conseillers professionnels ou les éventuels dénonciateurs de décider d'aller de l'avant, parce qu'on ne sait pas dans quelle mesure l'Agence du revenu du Canada protégera leur identité. En toute franchise, en fournissant ce type de renseignements, les dénonciateurs s'exposent à d'autres types de risques. S'il n'y a pas de règles claires sur la façon dont l'identité des dénonciateurs sera protégée, alors le programme ne fonctionnera pas aussi bien qu'il le pourrait s'il y en avait.
:
Je vais y aller rapidement.
En fait, c'est l'un des éléments potentiellement préoccupants. Il y a des règles et des propositions de dispositions dans le projet de loi selon lesquelles les dénonciateurs doivent déclarer les sommes qu'ils ont reçues, par exemple, en tant que revenu et ce genre de choses, mais c'est seulement l'un des aspects des règles. On ne sait pas de quelle façon le programme lui-même fonctionnera ni le genre de protection qu'on accorderait aux dénonciateurs, qu'il s'agisse d'un type de privilège ou je ne sais quoi.
Cela me préoccupe parce que, lorsque je compare ces règles à celles touchant les télévirements, il y a, dans le deuxième cas, un cadre législatif assez détaillé. Ce n'est vraiment pas le cas dans le cadre du programme des dénonciateurs. C'est peut-être quelque chose dont le comité devrait tenir compte.
:
Ce l'est, évidemment, mais on voit aussi que, aux termes de la modification proposée au paragraphe 241(9.4), dans certaines situations, l'ARC pourrait fournir de l'information à d'autres autorités.
Cela dit, comme je l'ai déjà mentionné et comme mon collègue l'a affirmé aussi, puisqu'il n'y a pas de règles, il pourrait y avoir plein de problèmes, comme la possibilité de recours en responsabilité civile de tiers. Un des points que je voulais souligner, en guise d'exemple, est le suivant: si la personne est forcée d'inclure dans son revenu la somme qu'elle a reçue de l'Agence du revenu du Canada pour l'aide qu'elle lui a fournie, en cas de poursuite ultérieure, cette personne pourrait être forcée par les tribunaux civils de comparaître avec sa déclaration de revenus, et l'information pourrait alors être communiquée.
Mais il y a d'autres problèmes graves quant à savoir si, dans toutes les situations, l'ARC pourrait protéger les renseignements. Par exemple, si la personne est accusée de fraude fiscale, dans certaines situations, il y a une certaine protection des dénonciateurs prévue dans la common law pour les informateurs de la police, mais lorsque c'est une question d'innocence, dans certaines situations, l'information doit être communiquée.
Par conséquent, ce n'est pas totalement clair. Je suis d'accord: s'il y avait des règles plus détaillées sur la façon dont les protections seraient accordées, cela améliorerait le fonctionnement du programme. Je suis tout à fait d'accord avec M. Tonkovich à ce sujet.
:
Je suis d'accord avec M. Eljarrat, évidemment. Je crois que nous avons une position semblable sur le sujet.
Évidemment, je connais très bien les règles qui interdisent à l'Agence du revenu du Canada de communiquer des renseignements sur les contribuables. Cependant, il y a un certain nombre d'exceptions à ces règles, l'une d'elles étant si l'information est nécessaire aux fins de l'application de la loi.
C'est quelque chose qui est soulevé, particulièrement dans le contexte de l'évaluation dans le cadre de procédures d'application de la loi. Lorsque les contribuables qui sont visés par les renseignements confidentiels anonymes, ou des renseignements non anonymes, font l'objet d'évaluations à des fins fiscales et que l'affaire se retrouve devant les tribunaux en vue du recouvrement des sommes dues, alors, ce genre de protections ne s'appliqueront pas ou pourraient ne pas s'appliquer.
Je crains que si on n'inclut pas des dispositions précises qui indiquent clairement dans quelles situations l'anonymat et l'identité des dénonciateurs seront protégés, il restera une zone d'ombre au moment de prendre des décisions lorsque nous prodiguons des conseils à des dénonciateurs potentiels... En fait, même lorsque nous ne prodiguons pas de conseils, il y a une zone d'ombre, et les dénonciateurs y réfléchiront deux fois plutôt qu'une avant de fournir l'information parce qu'ils ne sauront pas clairement de quelle façon leur identité sera protégée s'ils le font.
:
Oh, alors je suis moins pressé que je ne le croyais.
Monsieur Blackmore, merci d'être là aujourd'hui.
Je représente une circonscription rurale et côtière en Nouvelle-Écosse, alors j'ai une bonne relation avec notre garde côtière auxiliaire et les responsables de la recherche et du sauvetage au sol ainsi que les pompiers volontaires. Ma circonscription est surtout composée de petites villes typiques, la plus grande collectivité ne comptant que 8 000 personnes. Alors, c'est vraiment une zone rurale.
Une des dispositions du budget permet à votre organisme de combiner les crédits d'impôt pour la recherche et le sauvetage et les pompiers volontaires. Avez-vous une idée réaliste du nombre de personnes touchées? Dans des petites collectivités, certains pompiers volontaires peuvent faire 100 heures à ce titre et consacrer 110 heures à des activités de recherche et sauvetage, mais ils n'en ont pas suffisamment, ni d'un côté ni de l'autre, pour être admissibles aux crédits. Il y a donc un certain nombre de personnes qui...?
:
Merci, monsieur le président.
C'est à mon tour de saluer tous les témoins qui sont avec nous cet après-midi.
Ma question s'adresse à M. Eljarrat.
Il n'y a pas si longtemps, en 2012, M. Eljarrat représentait son organisation dans le cadre d'une réunion en commission parlementaire au Québec. Il était question de brèches en matière de confidentialité de l'information.
On sait que l'Agence du revenu du Canada a beaucoup de pouvoirs lui permettant d'aller chercher de l'information. On sait aussi que nous avons un système d'observation volontaire de la Loi de l'impôt sur le revenu. Or, les impacts négatifs d'une mesure comme celle qui est proposée dans le projet de loi sont énormes, sans compter le fait que l'agence a aussi conclu des ententes d'échanges d'informations avec, notamment, le ministère du Revenu du Québec. Alors que j'étais député à l'Assemblée nationale du Québec, l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec et le Barreau du Québec ont dit au ministre qu'il était vraiment inadéquat de proposer une telle mesure. L'un des experts présent était M. Eljarrat. J'aimerais lui demander de rappeler aux membres de ce comité les impacts négatifs d'une telle mesure comme celle qui est proposée dans le projet de loi C-31.
:
Comme je le rappelais dans mon commentaire d'ouverture, je dirai simplement que la Cour suprême nous rappelait, dans le jugement Slattery, que la confidentialité des informations fiscales est fondamentale dans notre système d'autocotisations.
On doit rapporter l'ensemble de nos revenus. Pour que notre système fonctionne et pour que tous les Canadiens puissent bénéficier finalement du fait de rapporter correctement l'ensemble de leurs revenus, ils doivent pouvoir le faire sans crainte de se retrouver dans une situation où cette information pourrait mener à des accusations ou à des poursuites criminelles dans un contexte complètement différent. Gardons en tête que les gens déclarent leurs revenus de façon complète puisqu'ils sont obligés de le faire en vertu de la loi.
Il faut toutefois faire attention parce qu'on est dans un monde qui évolue et qu'il faut s'adapter. Il y a des réalités, notamment le fait que la loi aborde des questions relatives au terrorisme ou des choses extrêmement graves. On ne peut que comprendre la situation et le monde qui évolue.
Toutefois, il faut quand même garder à l'esprit que le secret fiscal a malgré tout ses bienfaits. Si les gens commencent à craindre de fournir des informations, c'est l'ensemble des contribuables qui pourraient se retrouver perdants puisque une partie des revenus ne serait pas déclarée et, à ce moment-là, on pourrait voir des dérapages.
Dans l'expérience que vous avez mentionnée dans le cadre de la loi au Québec, il existe une disposition similaire qui comporte toutefois une grande différence. C'est l'article 69.0.0.12 de la Loi sur l'administration fiscale. L'article prévoit que ce genre d'informations peut être partagée, mais seulement avec l'autorisation d'un juge.
Je pense que cette balise, soit l'ajout de l'autorisation d'un juge entre l'agence et les autorités policières, permettrait, d'une part, de rendre ces transmissions de renseignements adéquates lorsqu'elles sont nécessaires et éviterait qu'elles deviennent un automatisme et, d'autre part, permettrait de protéger à la fois l'enquête policière et les autorités fiscales. Ces dernières ont d'ailleurs une double responsabilité. Elles s'assurent que les impôts sont payés de façon civile et qu'elles peuvent également mener à des poursuites criminelles en cas d'évasion fiscale.
Lorsque les autorités font des vérifications civiles, elles ont un pouvoir de contraintes, c'est-à-dire qu'elles peuvent forcer les gens à fournir de l'information. Si cette information est fournie par la contrainte, plus tard, quelqu'un qui ferait face à une accusation fondée sur une information fournie sous la contrainte pourrait-il se trouver acquitté?
Ainsi, on mettrait en péril l'objectif visé par cette disposition qui est, finalement, d'obtenir une condamnation. Ce qu'on veut, au final, ce n'est pas d'accuser des criminels, mais de les condamner. Alors, ça ne donne rien si on prend des mesures qui peuvent mener à des dérapages.
C'est pourquoi je soumettrais à ce comité s'il ne serait pas adéquat de considérer la mesure qui a été adoptée dans d'autres juridictions, notamment au Québec, à savoir d'inclure un juge dans le processus. Cela permettrait d'avoir un équilibre entre la nouvelle réalité qui demande de combattre certains crimes extrêmement graves et le changement de rôle qu'on attribue à l'Agence du revenu du Canada.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être là.
Personne ne sera surpris si je commence par Mme Presseault.
Merci pour ces bons mots, même si je sais que mes collègues vont probablement me le rappeler longtemps. Vous comprenez, je veux simplement épargner le purgatoire au président. C'est ce que nous voulons.
Quelques questions... Nous avons parlé des mesures fiscales non édictées. La semaine dernière, dans le cadre d'une réunion du comité, j'ai posé quelques questions à M. Cook, du ministère des Finances. Il a mentionné que le ministère des Finances tient une liste publique sur son site Web des avant-projets de loi qui ont été communiqués aux fins de commentaires ou fournis au public. Je comprends cela.
Savez-vous s'il existe une liste des mesures fiscales non édictées à laquelle le grand public aurait accès?
Je lui ai aussi posé des questions sur l'échéancier. Compte tenu des dispositions et du libellé du projet de loi, une des choses qui était bien, comparativement à mon projet de loi, c'est que cela ramène le tout à environ 18 mois avant, c'est donc une bonne chose. Le premier rapport serait présenté à la Chambre des communes en octobre 2014. Je lui ai demandé ce qui arrivera après 2014. Mon hypothèse, c'est que, en cas d'élections en octobre 2015, certains rapports seraient présentés en retard. Ensuite, compte tenu du libellé de l'initiative gouvernementale, à quand pourrait-on voir un rapport? L'une de mes craintes serait qu'on ne puisse pas obtenir de rapports sur une base régulière dans un cas où, par exemple, si un gouvernement minoritaire est élu, on pourrait ne pas avoir de rapport durant le mandat de ce gouvernement minoritaire.
Pouvez-vous nous parler de l'échéancier et du moment où nous pourrions avoir accès aux rapports?
Lorsque nous avons vu l'article 31 du projet de loi , nous avons été préoccupés par l'échéancier, et nous avons préparé un tableau. Si vous acceptez, je peux vous l'expliquer.
En juin 2013, le projet de loi a eu pour effet d'éliminer cet important arriéré. Durant l'année, sous réserve de l'approbation du Parlement, le projet de loi serait publié, puis, en octobre de cette année, nous aurions un rapport visant l'exercice 2012-2013. C'est ainsi que les choses se passeraient. C'est ce que prévoit le projet de loi.
Le 31 octobre 2015, ce sera probablement tout juste après les élections. Il n'y aura pas de liste, pas de tableau. En octobre 2016, il n'y aurait pas de rapport. Alors, on ne pourrait pas obtenir le prochain rapport avant 2017, et il couvrirait la période depuis l'émission du bref.
Alors, essentiellement, au cours des trois prochaines années, on aurait un rapport couvrant l'exercice 2012-2013, et un rapport couvrant la période allant jusqu'au 31 mars 2016, auquel on aurait seulement accès en 2017. Je suis désolée, c'est simplement la façon dont nous avons réussi à définir les dates.
Le rapport que le Parlement obtiendra le 31 octobre 2017 concernera la période se terminerait le 31 mars 2016, mais pas la période avant l'émission du bref. C'est ce qui nous pose le plus problème. On l'a appelé rapport cumulatif
[Français]
à défaut d'un meilleur monde.
[Traduction]
C'est le mot que nous avons utilisé. Les problèmes qui ont été cernés par le vérificateur général précédent concernaient le fait que nous ne pouvons pas évaluer l'arriéré.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais poursuivre sur cette voie pendant un instant avec Mme Presseault.
Nous trouvons le projet de loi de M. Allen très intéressant, ne serait-ce que pour la discipline qu'il impose au gouvernement, comme vous l'avez dit. Vous présentez un certain nombre d'initiatives fiscales, mais la suite...
Pouvez-vous m'expliquer, si possible en termes simples, quelle est l'incertitude pour les petites et moyennes entreprises à laquelle vos membres font face? Quelles sont les répercussions de cette incertitude pour les petites et moyennes entreprises au Canada si l'on pense à toutes ces mesures fiscales qui ne sont pas prévues par la loi et qui n'ont pas été clarifiées, mais qui existent bel et bien?
:
Cela pourrait être une avenue intéressante à explorer pour le comité dans l'avenir.
J'ai moi-même dirigé une petite entreprise, et ce que l'on constate, quand on remet tout cela au comptable, c'est que les coûts ne sont pas toujours ce que l'on pensait, selon la complexité de ce que l'on demande.
Avons-nous un terme pour le supplément...? Je parcours simplement ce...
Je pense que je devrais parler un peu du processus, pour nos témoins. Certains d'entre vous ont déjà témoigné devant des comités.
Le projet de loi fait plus de 330 pages et compte 30 parties distinctes. Nous abordons présentement les parties 1 à 4, en une heure et demie. Si vous pensiez que ce projet de loi fait l'objet d'une étude minutieuse appropriée, vous pouvez oublier ça. Il est très difficile, je dirais, pour tous les membres du comité, des deux côtés, de vraiment procéder à une étude minutieuse convenable des répercussions de ce qui est proposé dans un si gros document. Il y a tant d'éléments dans ces projets de loi omnibus. Il y a des mesures comme celles qui vous touchent, monsieur Blackmore, et qui touchent des Canadiens du secteur de la recherche et du sauvetage, il y a d'autres mesures qui complexifient le code de l'impôt, et des mesures qui concernent les dénonciateurs.
J'aimerais aborder un peu cette question, monsieur Eljarrat.
Il y a deux scénarios distincts selon lesquels nous imaginons une personne qui vient raconter qu'une autre personne commet une fraude fiscale — et on pense à quelqu'un de votre profession ou à un membre du groupe de Mme Presseault — ou qu'une autre personne pourrait être soupçonnée de soutenir financièrement une organisation terroriste. Est-ce qu'il s'agit de scénarios distincts sur le plan juridique? Je m'excuse, mais je ne connais pas bien votre domaine. J'essaie de comprendre. Est-ce que ces deux scénarios sont perçus différemment par le gouvernement fédéral, ou sont-ils plutôt reçus et considérés comme étant du même ressort du point de vue du code des impôts?
:
C'est ce qu'elle dit en ce moment même.
S'il y avait au moins davantage de règles visant à protéger l'identité des personnes, cela ne ferait qu'aider le programme, à mon avis. Les gens se sentiraient plus à l'aise de fournir de l'information.
Il y a beaucoup d'obstacles. D'abord, vous devez fournir de l'information très détaillée. Pour obtenir une rémunération, vous devez fournir une information de très grande qualité, et vous devez intégrer la rémunération à votre revenu selon les règles proposées dans le projet de loi.
Si l'on veut que le programme fonctionne, on doit s'assurer que les gens sont suffisamment convaincus que l'on protégera leur identité.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à tous les témoins.
J'aimerais commencer en poursuivant la discussion avec M. Tonkovich un peu, si vous me le permettez.
Vous avez beaucoup parlé du Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger et des préoccupations que suscite le fait qu'on assure la confidentialité des dénonciateurs. J'aimerais seulement aborder cela de façon un peu plus approfondie.
Vous avez dit qu'il y a des documents d'orientation de l'ARC, mais je pense que ce que vous avez dit, c'est qu'il n'y a aucune règle législative définissant la protection des dénonciateurs. Puis, il y a les protections des dénonciateurs de la common law, dont, je pense, M. Eljarrat a parlé.
Ce que je veux savoir, c'est si ce que vous voulez, ce sont des règles claires écrites dans les règlements d'application de la Loi de l'impôt sur le revenu, parce que, si c'est le cas, doit-on se soucier du fait qu'elles devraient être modifiées chaque fois que la situation change? Il y a, d'une part, la souplesse, et d'autre part, des règles claires, et je me demande seulement si vous pourriez nous en dire un peu plus là-dessus.
:
Certainement. Vous le savez tous mieux que moi, comme vous êtes si étroitement associés au processus législatif et que vous en faites partie. Mais, comme pour tout type de système assujetti à de nouvelles règles — nous sommes en train de créer ou de proposer un nouveau régime, ici —, il y a un ensemble de règles générales, un cadre, si vous voulez, qui pourrait être mis sur pied. Cela permet de formuler des propositions fondamentales relatives au fonctionnement du système.
Puis, dans la mesure où, dans une situation donnée, vous avez besoin de dispositions détaillées, il est peut-être possible d'exercer un pouvoir discrétionnaire administratif, ou l'Agence du revenu du Canada pourrait fournir une orientation relativement aux cas précis. Mais, la plupart du temps, lorsque ce type de régime est mis en place, on procède au moyen d'un cadre général, puis on permet à l'ARC ou à une autre autorité fiscale de fournir des directives pour des cas précis.
C'est de cette façon que fonctionne le système de dénonciation aux États-Unis. Il y a des dispositions législatives dans le Code des impôts qui donnent lieu à ce régime, puis il y a des règlements qui en découlent ainsi que des documents d'orientation de l'IRS qui présentent de l'information plus précise.
Les commentaires que j'ai formulés plus tôt portaient non seulement sur la confidentialité des dénonciateurs, mais également sur le fait de fournir un cadre pour l'ensemble du régime qui permettrait aux dénonciateurs d'en comprendre plus facilement le fonctionnement et qui ferait en sorte qu'il soit plus facile pour les conseillers de les informer de ce qui se passera après la dénonciation.
:
Aux États-Unis, c'est quelque chose de courant en matière d'impôts. Différents organismes fédéraux américains, par exemple la U.S. Securities and Exchange Commission, ont des programmes bien établis depuis longtemps en vertu desquels les informations fournies visant à aider les autorités sont rémunérées de façon tout à fait encadrée.
Au Canada, c'est quelque chose de complètement nouveau. Un programme d'indices anonymes a toujours été en place, mais il n'y a pas de système où des gens sont rémunérés pour faire en quelque sorte du travail à la place des fonctionnaires de l'Agence du revenu du Canada. Selon un tel système, des gens monteraient des dossiers et recevraient ensuite de l'argent pour ce faire. Par la suite, l'ARC pourrait potentiellement aller chercher de l'argent.
La question qui va se poser serait de savoir qui est le plus qualifié pour détecter de l'évitement fiscal international. D'après moi, ce sont les fonctionnaires de l'Agence du revenu du Canada qui sont les mieux placés et qui ont le plus les moyens de le faire. Avec ce programme, on demanderait à des tiers de faire ce travail. De plus, cela pourrait mener l'ARC à dépenser de l'argent en suivant de fausses pistes, car ces tiers présenteront peut-être des dossiers qui n'auront pas bien été bien constitués.
L'évitement fiscal est une matière complexe. Tout le monde comprend ce qu'est l'évasion fiscale et ce qui est criminel, mais les autres dossiers seront assez compliqués.
Effectivement, on assiste à un changement de culture.
:
Merci, monsieur Rankin, de votre question.
En fait, ce n'est pas une chose que nous avons examinée de très près. Nous essayons d'éviter de nous pencher sur des crédits d'impôt précis pour la simple raison que, lorsque nous examinons un programme d'imposition, nous cherchons à réduire au minimum et à rationaliser les impôts et à voir s'il y a d'autres façons de remettre de l'argent dans les poches des entrepreneurs ou des petites entreprises qui ne sont pas visés précisément par des crédits d'impôt ou des mesures fiscales.
Nous parlions des coûts plus tôt. Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, nous prévoyons un coût pour les PME qui sera environ le même que celui de la conformité fiscale, qui est d'environ 6 milliards de dollars. Si on compare cela au crédit pour l'embauche, je pense qu'il doit y avoir un certain équilibre. Comment pouvons-nous nous pencher sur le régime fiscal et le rendre plus efficient et plus équitable de sorte que tout le monde paie sa juste part, mais que, de l'autre côté, il ne coûte pas trop cher de s'y conformer?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais adresser ma question à Mme Presseault. Simplement pour vous informer de ma situation, il y a une quarantaine d'années, je travaillais dans le domaine de la comptabilité publique, à l'une des cinq banques les plus importantes. Par la suite, j'ai également exercé la fonction de directeur d'une société publique, j'ai donc de l'expérience avec les rapports de la direction, et ce genre de choses.
Tout au long de cette période, l'évolution de notre point de vue à l'égard de la façon dont notre loi de l'impôt a changé, alors qu'elle donnait lieu, avant 1972, à des piles de bulletins d'interprétation d'un quart de pouce, qui sont maintenant rendus à environ deux pouces — le FASB et les NCI, et ainsi de suite —, a permis à plus d'un comptable de conserver son emploi.
J'aimerais entendre votre opinion au sujet d'une chose très simple. Pourrions-nous revenir à une comptabilité de trésorerie, pour commencer? Sinon, comme nous sommes pris avec la comptabilité d'exercice, parce que le gouvernement veut participer à faire en sorte que le système soit équitable, nous commençons à avoir des actifs. Une des choses qui, selon moi, nous aiderait vraiment, c'est d'effectuer une réévaluation générale des actifs tous les 10 ans, de sorte que nous utilisions maintenant un indice base 100 tous les 10 ans et que nous n'ayons plus à revenir et tenir compte d'actifs qui attendent sur une tablette et dont nous avons probablement perdu les documents originaux.
Sur ces deux points en particulier, j'aimerais vous entendre dire comment nous pourrions simplifier la loi de l'impôt. J'apprécie la proposition de M. Allen d'aborder tous ces éléments, parce que chaque fois que nous passons en revue un budget, nous nous demandons ce qui manque, et ce qui ne manque pas. Simplifions tout cela, et effectuons une autre évaluation.
:
Il y a des gens ici qui sont beaucoup plus qualifiés que je le suis pour répondre à ces questions très précises que vous me posez, mais il y a certaines idées, notamment celle de revenir à la comptabilité de trésorerie, qui permettraient sûrement de simplifier les choses. Cependant, lorsque nous examinons la question de la simplification fiscale, nous constatons à quel point la chose a pris de l'ampleur. Non seulement a-t-elle pris de l'ampleur, mais nous parlons de la partie incertaine, du fait que les pages grises de la Loi de l'impôt sur le revenu sont plus volumineuses que la loi elle-même.
Il y a environ cinq façons d'aborder la chose. Je vais répondre à votre question d'une manière très indirecte. Nous voulons un système qui serait équitable pour tous les groupes, efficient, administrable à faible coût — nous avons parlé de cela —, simple et assorti de règles claires.
Pour les entreprises, c'est complexe. Lorsque nous parlons de simplification du régime fiscal, nous n'entendons pas le simplifier en le réduisant au minimum. Pour les entreprises, c'est complexe, et je pense à certaines des mesures de cette législation, comme celle qui touche le stationnement des hôpitaux. Il y a quatre ou cinq articles. Ce sont des questions complexes. Mais il y a des méthodes simplifiées que nous envisageons, ainsi que, bien sûr, la certitude dont nous avons parlé lorsque nous avons examiné l'article 31, en fait de compétitivité en comparaison d'autres pays de l'OCDE.
Je ne réponds pas à votre question parce que je ne suis pas à même de le faire, mais je vous parle des cinq façons de simplifier un régime fiscal.
:
Je voudrais également poser une question au sujet des paradis fiscaux, parce que j'ai traité avec les îles Caïmans, les îles Vierges britanniques, Tonga, Hong Kong, Singapour et Labuan, par le passé.
Il me semble que, si nous faisons en sorte que les taux d'imposition restent le plus bas possible, alors le Canada pourrait devenir un paradis fiscal lui-même. Ainsi, nous n'aurions plus affaire à aucun de ces problèmes, parce que la seule raison pour laquelle les gens utilisent un paradis fiscal, c'est pour profiter d'un pays où les impôts sont moins élevés.
Nous sommes déjà à 15 %, un des pays où les impôts sont les moins élevés, même en comparaison de Hong Kong, à 16,5 %. Y a-t-il un avantage lié à l'harmonisation ou, à tout le moins, au fait d'amener les provinces à harmoniser notre régime fiscal à l'échelle nationale de sorte que nous ayons un régime fiscal uniforme dans l'ensemble du pays?
Vos commentaires, s'il vous plaît, monsieur Eljarrat...
:
Je pense que la principale préoccupation liée à cela, c'est que l'ARC a déclaré, dans ses documents d'orientation, qu'elle s'attachera à protéger l'identité, et je ne suis pas certain des mots qui ont été utilisés, mais c'était quelque chose comme « dans la mesure du possible ».
Je pense que c'est un bon point de départ, mais, au bout du compte, ce n'est qu'une interprétation. Ce n'est qu'un document d'orientation qui a été affiché sur son site Web. Les façons dont les contribuables ou les dénonciateurs peuvent appliquer ces types de déclarations sont limitées, et même une déclaration découlant du même type de principe dans une disposition législative ou réglementaire facilitera passablement les choses. Cependant, il y a des façons de renforcer ce genre de protection.
La Loi de l'impôt sur le revenu définit en soi les protections comme le secret professionnel de l'avocat. Il serait possible d'élargir une protection dans une disposition législative en disant que l'identité ne sera pas divulguée, sauf dans ce genre de situations. Je pense que c'est un choix stratégique que de déterminer avec précision jusqu'où le Parlement veut que la protection s'étende, mais je pense que l'idée, c'est que la décision devrait être prise, plutôt que de simplement laisser un commentaire vague qui pourrait ou non être utilisé contre l'ARC.
Ce qui est préoccupant, ici, c'est qu'il y a évidemment différentes façons pour les dénonciateurs d'obtenir l'information qui permettrait à l'Agence du revenu du Canada de lutter contre l'évitement fiscal.
Cela pourrait avoir lieu dans le contexte d'une relation professionnelle. Il pourrait s'agir d'une relation entre un avocat et un client. Il pourrait s'agir d'une relation avec un CGA. Il pourrait s'agir de n'importe quel conseiller professionnel. Il pourrait également s'agir d'employés d'une organisation étrangère ou d'une organisation canadienne qui a un bureau à l'étranger, par exemple. Comme il y a un si grand nombre de façons d'obtenir cette information, il n'est pas clairement indiqué s'il y a des limites quant à la façon de l'obtenir. On ne sait pas si l'Agence du revenu du Canada acceptera des renseignements et des disques durs volés ni si elle devrait ne pas les accepter.
Cela, encore une fois, constitue une autre décision stratégique qui devrait être prise si l'ARC veut fixer des limites sur le type d'informations qui peuvent être utilisées, car c'est une chose de dire que nous voulons n'importe quelle information qui pourrait nous aider à lutter contre l'évitement fiscal, et c'en est une autre de dire qu'il y a, sur le plan pratique, encore des limites. Nous ne voulons pas que les dénonciateurs soient perçus comme des agents de l'ARC qui sortent et qui vont voler ces disques durs, si cela ne respecte pas la volonté du Parlement.
:
Concernant votre question sur la protection des dénonciateurs, je pense qu'il faudra faire une distinction entre le dénonciateur qui fournit de l'information dans le contexte d'une fraude fiscale, ce qui est un crime, qui bénéficierait de la protection de la police en vertu de la common law, que les tribunaux ont le devoir d'appliquer à moins qu'il y ait des circonstances spéciales où l'innocence de l'accusé est en jeu...
Là où les choses se corsent, c'est lorsque nous parlons de dénonciateurs qui fourniront de l'information concernant une planification fiscale abusive ou ce genre de choses, qui sont de nature civile. Cette protection ne s'appliquerait pas. Donc, il devrait y avoir une protection. S'il doit y avoir une véritable protection, celle-ci doit être assurée par la loi.
Comme l'a dit mon collègue, M. Tonkovich, je pense qu'il est important que, si l'Agence du revenu du Canada veut que les gens lui communiquent des renseignements, ceux-ci doivent savoir dans quoi ils se lancent. Donc, des amendements à cet égard seraient utiles.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Honorables membres du comité, nous vous remercions de nous avoir invités venir témoigner, aujourd'hui.
Nous soutenons fortement l'augmentation de la taxe sur le tabac comprise dans le budget fédéral et le projet de loi . Cette mesure aura pour effet de réduire le tabagisme chez les jeunes et de sauver des vies. C'est aussi simple que cela. L'augmentation des taxes sur le tabac constitue la stratégie la plus efficace pour réduire le tabagisme, particulièrement chez les jeunes. Nous ne voulons pas de nouveaux fumeurs.
Nous exhortons tous les partis à appuyer cette mesure. En fait, l'augmentation des taxes fédérales sur la cigarette dans le projet de loi , de l'ordre de 4,03 $ par cartouche de 200 cigarettes, n'est qu'un simple rajustement inflationniste, même s'il s'agit d'un rajustement plus que nécessaire. Avant ce changement, il n'y avait pas eu d'augmentation nette des taxes fédérales sur le tabac depuis 2002, une période de 12 ans complète. Cela signifie que le taux de la taxe fédérale sur le tabac, à vrai dire, diminuait, si on tient compte de l'inflation. Il y a un vaste ensemble de preuves à l'échelle mondiale qui confirment ce qui est l'évidence même. À mesure que le prix du tabac augmente, la consommation de celui-ci diminue. Les études révèlent qu'une augmentation de 10 % du prix après inflation entraîne une diminution de la consommation de tabac d'environ 4 %, et même une diminution plus importante chez les jeunes.
L'augmentation de la taxe sur le tabac est une formule qui profite à tout le monde, car la santé et les recettes publiques en bénéficient. La consommation de tabac ainsi que les maladies et les décès causés par le tabac diminueront, et près de 700 millions de dollars en recettes supplémentaires tirées de la taxe fédérale sur le tabac seront générés chaque année.
Laissez-moi aborder la question de la contrebande. Bon nombre d'associations financées par l'industrie du tabac ont réagi à l'augmentation de la taxe fédérale sur le tabac en faisant allusion à la contrebande. Ces organisations s'opposent depuis longtemps aux mesures de lutte contre le tabagisme. Voici certains faits.
La contrebande a diminué de façon importante au Canada, ce que l'industrie du tabac a reconnu. Dans notre document, que, j'espère, vous avez, à l'onglet 1, il y a un tableau de la British American Tobacco qui dit que la contrebande dans l'ensemble du Canada était de 17 % en 2006; de 22 % en 2007; de 33 % en 2008; puis en baisse en 2010, pour s'établir à 19 %. Un tableau dans le même onglet, préparé par Philip Morris, indique également une tendance à la baisse. Aussi, les données des gouvernements fédéral et provinciaux sur les ventes taxées pour ces mêmes années, ainsi que les années subséquentes, confirment l'importante diminution de la contrebande.
L'onglet 2 de notre document montre une augmentation importante du nombre de cigarettes vendues légalement à prix réduit par les entreprises de tabac. L'industrie du tabac a réduit ses prix de 20 $ ou plus par cartouche pour certaines marques, et l'augmentation de la taxe fédérale de 4 $ par cartouche n'en représente qu'une partie.
L'onglet 3 de notre document comprend un tableau qui montre les taux de taxation sur le tabac provinciaux et territoriaux. Les taxes sur le tabac sont beaucoup plus élevées dans l'Ouest du Canada qu'en Ontario et qu'au Québec. Cependant, les volumes de contrebande dans l'Ouest du Canada sont minimes. Ce tableau démontre que la cause de la contrebande, telle que nous la connaissons, aujourd'hui, au Canada, n'est pas les taux élevés de taxes sur le tabac. Les taxes élevées sur le tabac et la faible contrebande sont possibles, comme en témoignent les provinces de l'Ouest.
Il ne fait aucun doute que d'autres mesures visant à lutter contre la contrebande auraient un effet bénéfique supplémentaire. Nous soutenons l'annonce, dans le budget, d'un investissement supplémentaire de 92 millions de dollars sur cinq ans pour lutter contre la contrebande, et nous continuons d'appuyer le projet de loi , la Loi visant à combattre la contrebande de tabac.
Aussi, nous avons d'autres recommandations liées à la prévention de la contrebande.
D'abord, la GRC devrait prêter davantage attention au blocage de l'approvisionnement en matières premières, comme le tabac en feuilles, le papier à cigarettes et les filtres à cigarettes destinés aux usines illégales. Deuxièmement, le gouvernement fédéral devrait modifier son projet visant à déplacer le poste frontalier de Cornwall à un nouvel endroit, à Massena, dans l'État de New York. Il devrait plutôt y avoir un poste frontalier en deux parties, avec des points de contrôle à Massena et à Cornwall afin de mieux intercepter la contrebande. Troisièmement, le gouvernement fédéral doit convaincre le gouvernement américain de forcer la fermeture des usines illégales du côté américain d'Akwesasne.
L'augmentation de la taxe sur le tabac et les mesures visant à lutter contre la contrebande dans le budget fédéral sont des éléments essentiels d'une stratégie globale qui devrait également inclure, premièrement, l'interdiction des produits du tabac aromatisés; deuxièmement, un emballage neutre, comme ce qui a été mis en oeuvre en Australie; et, troisièmement, des programmes durables et bien financés de Santé Canada.
La consommation de tabac demeure la première cause évitable de maladie et de décès au Canada, tuant plus de 37 000 Canadiens chaque année. Le tabagisme est encore responsable de 30 % de tous les décès liés au cancer, et il y a encore cinq millions de Canadiens qui fument, et beaucoup trop de jeunes.
Enfin, pour conclure mon exposé, je veux exprimer mon soutien à l'égard d'une autre mesure prévue dans le budget fédéral — à savoir celle touchant les loteries — et des modifications législatives proposées pour permettre aux organismes de bienfaisance d'utiliser des ordinateurs et d'autres technologies modernes pour la vente de billets de loterie et les activités connexes. Cela réduira les coûts d'administration et permettra à la Société canadienne du cancer d'affecter plus de fonds à ses importants services et travaux de recherche.
Merci beaucoup.
:
Merci de me donner l'occasion de parler de certains passages du projet de loi
qui s'appliquent aux paradis fiscaux.
Nous sommes en faveur de la mise en oeuvre de plusieurs mesures visant à lutter contre les paradis fiscaux — annoncées dans les budgets de 2013 et de 2014 —, qui figurent dans le projet de loi. Cependant, nous estimons que ces mesures limitées n'en font pas assez pour lutter contre un problème qui croît en importance. Nous aimerions proposer des mesures supplémentaires auxquelles le gouvernement devrait songer s'il veut vraiment s'attaquer aux fraudeurs qui utilisent des paradis fiscaux.
Premièrement, nous sommes enthousiastes à l'égard des améliorations apportées à la capacité de l'Agence du revenu du Canada de transmettre des commentaires au Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada et aux organismes d'application de la loi. Ces changements sont plutôt mineurs, mais ils rendront plus efficiente l'application de la loi. Il y a peut-être un certain recul sur le plan du respect de la vie privée, mais nous estimons qu'il est justifié, vu l'avantage pour l'ensemble de la société.
Deuxièmement, sur le plan des déclarations, nous saluons certains des changements qui prévoient le resserrement des dispositions et de la réglementation liées aux télévirements, surtout ceux qui touchent les casinos, lesquels sont une méthode de blanchiment d'argent privilégiée. Les fraudeurs fiscaux et les syndicats de crime organisé sont toujours à l'affût de nouvelles façons de contourner les règles, alors il est logique que le gouvernement essaie toujours d'anticiper et de colmater toute fissure dans le système de surveillance.
Troisièmement, en ce qui concerne le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger, l'utilisation des renseignements fournis par des dénonciateurs est l'une des choses qui permettent aux autorités fiscales de lever le voile qui recouvre les paradis fiscaux et de repérer les particuliers et les sociétés qui se dérobent à leur obligation de payer leur juste part d'impôts. Mais nous ne devrions pas nous attendre à ce que ce programme entraîne une grande augmentation des déclarations de culpabilité.
Le Whistleblower Office de l'IRS, aux États-Unis, vient tout juste de publier un rapport de 2013 qui révèle que les États-Unis ont récupéré l'an dernier 367 millions de dollars grâce aux renseignements de dénonciateurs dans six cas seulement. Il y avait 12 cas en 2012, et on a récupéré un peu plus d'argent. L'économie canadienne équivaut à environ 10 % de l'économie américaine, alors on risque fort de ne pas voir plus qu'un ou deux cas dans une année.
Selon le rapport annuel du Whistleblower Office des États-Unis, il faut habituellement de cinq à sept ans pour clore un cas et obtenir le montant de la réclamation, alors il faudra peut-être attendre un certain nombre d'années avant que le Canada obtienne des résultats tangibles.
L'aspect le plus important de cette mesure est peut-être l'effet dissuasif, qu'il sera difficile de qualifier. Mais, pour maximiser l'effet dissuasif de cette mesure, le gouvernement doit faire un travail de promotion et d'éducation plus énergique auprès du public. Il s'agit d'un programme où la dépense de deniers publics pour la publicité, afin de faire connaître le programme, serait fondée.
L'autre question qu'il faut aborder est la protection de l'anonymat des dénonciateurs. Plusieurs dénonciateurs potentiels ont communiqué avec moi pour obtenir des renseignements sur la façon de communiquer avec le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger, car ils craignaient beaucoup pour leur sécurité. Je sais qu'il existe des mesures pour protéger l'anonymat des dénonciateurs fiscaux, mais le site Web de l'ARC n'offre pas d'assurances adéquates à cet égard, et le gouvernement doit en faire plus pour rassurer les dénonciateurs potentiels.
Le problème des paradis fiscaux est croissant, comme nous l'avons récemment démontré dans un rapport de Statistique Canada portant sur les investissements directs à l'étranger. On a observé une augmentation de 10 % par rapport à l'année dernière.
Quant aux mesures supplémentaires qui sont nécessaires, selon nous, il faudrait, entre autres, fournir à l'ARC l'information dont a besoin le Bureau du directeur parlementaire du budget pour faire une estimation de l'écart fiscal. Deuxièmement, il faut renforcer la capacité de l'Agence du revenu du Canada de poursuivre les fraudeurs fiscaux. Troisièmement, il faut modifier la disposition anti-évitement générale afin qu'elle prévoie clairement qu'une transaction doit être assortie de substance économique. Quatrièmement, le Canada doit soutenir les réformes substantielles des règles fiscales internationales relatives aux sociétés dans le cadre du processus de l'OCDE sur l'érosion de l'assiette fiscale et les transferts de bénéfices.
Je serais ravi de répondre à des questions à ce sujet, si vous voulez.
:
Merci, monsieur le président, de me permettre de comparaître devant vos collègues et vous aujourd'hui pour parler des enjeux importants liés à l'écosystème du capital de risque du Canada.
Dans son budget de mars 2013, le gouvernement fédéral a surpris la population en annonçant l'élimination graduelle du crédit d'impôt de 15 % qu'il offrait depuis longtemps aux investisseurs canadiens ayant fait le choix de soutenir les nouveaux entrepreneurs de partout au Canada qui souhaitent se lancer en affaires ou faire croître leurs affaires. Ce crédit d'impôt fédéral a incité des millions de Canadiens à investir des milliards de dollars dans du capital de risque investi dans des milliers de nouvelles entreprises depuis le début des années 1980. En réalité, depuis la création du programme par le gouvernement Mulroney, beaucoup plus du tiers du capital de risque investi au Canada est venu de fonds de capital de risque de travailleurs de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l'Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle- Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
Malgré les grands efforts déployés par nombre de Canadiens pour convaincre le gouvernement fédéral de revenir sur sa décision d'éliminer graduellement le crédit d'impôt fédéral, l'industrie doit maintenant se résigner à continuer son chemin en composant avec le grand nombre de difficultés découlant de l'élimination du crédit d'impôt. La principale difficulté tient à la liquidité des fonds et à l'incidence négative pour les actionnaires existants qui investissent dans nos fonds et pour les entreprises dans notre portefeuille auxquelles des fonds ont déjà été consentis.
Le ministère des Finances a déclaré que des changements seraient apportés à certaines règles régissant les obligations de retrait graduel des investissements fédéraux des fonds de travailleurs qui veulent quitter le programme, ce qui, au premier abord, semble bénéfique dans le cadre de ce processus de transition. Toutefois, ces mêmes fonds sont assujettis à des obligations de retrait graduel provinciales, qui ne permettent pas les mêmes modalités d'exemption que les changements fédéraux proposés, alors les fonds sont toujours obligés d'investir à même une assise financière réduite, ce qui exacerbe le problème de la liquidité. Il serait utile que le ministère fédéral des Finances collabore avec ses homologues provinciaux dans ce dossier.
Nous savons aussi que le gouvernement fédéral change de démarche pour s'assurer que les entrepreneurs et les sociétés du Canada disposent d'un capital de risque adéquat en investissant directement 400 millions de dollars en nouveau capital dans le secteur. Nous sommes nombreux dans celui-ci à appuyer fortement cette initiative qu'on appelle maintenant le PACR. Je crois comprendre que d'autres annonces positives seront diffusées d'ici le début de l'automne au sujet de fonds supplémentaires du secteur privé qui seront sélectionnés pour participer au PACR.
Ces annonces seront bien accueillies par l'industrie, mais il convient d'apporter une mise en garde. La sélection de fonds supplémentaires admissibles à du financement fédéral par le truchement du PACR n'est que la première étape de la création de bassins de capital pour les entrepreneurs canadiens. Ces fonds doivent alors relever le défi considérable qui consiste à trouver du financement de contrepartie dans le secteur privé avant de pouvoir véritablement signer des chèques à l'intention des entrepreneurs canadiens à la recherche de capital de risque. On ne peut que deviner quelle sera la longueur du processus de collecte de capitaux privés et dans quelle mesure ces investissements seront fructueux. Ne serait-ce que pour cette raison, je demanderais au gouvernement fédéral de songer à prolonger le crédit d'impôt fédéral existant d'un an ou deux pour assurer la disponibilité continue de capital de risque adéquat le temps de bien roder le PACR.
Pour conclure, le fonds que je gère mène des activités dans le Canada atlantique, et j'aimerais dire quelques mots au sujet de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique et de ses retombées positives dans la communauté des jeunes entreprises de notre région. Nous aimons dire que, si vous croyez qu'il est difficile pour un entrepreneur de recueillir du capital de risque dans le centre du Canada, venez dans l'Est pour voir à quel point ça l'est dans notre région. L'APECA est devenue une source très importante de capital non dilutif pour nombre d'entreprises locales et un excellent partenaire pour ceux d'entre nous, dans le secteur privé, qui investissent aussi dans ces entreprises. Nous leur sommes reconnaissants de leur bon travail, et je voulais seulement m'assurer que votre comité en soit au courant.
Merci de votre temps, et je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions plus tard dans la séance.
Je m'appelle Lindsay Tedds. Je suis professeure agrégée d'économie à l'école d'administration publique de l'Université de Victoria. Mon principal champ d'expertise est la politique fiscale canadienne, et je m'attache particulièrement à sa conception et à sa mise en oeuvre.
Sur ce, je tiens à remercier le comité de me donner l'occasion de faire connaître mon point de vue sur deux mesures en matière de politique fiscale contenues dans le projet de loi . Il s'agit essentiellement de l'élimination du devoir pour un particulier de demander le crédit d'impôt pour TPS/TVH, de sorte que le ministre du Revenu national puisse déterminer automatiquement si un particulier y a droit. J'aimerais aussi parler de la nouvelle prolongation d'un an du crédit d'impôt pour l'exploration minière à l'intention des investisseurs qui possèdent des actions accréditives.
En ce qui concerne le crédit pour TPS/TVH, l'une des principales difficultés liées à la taxe elle-même est son caractère régressif. Toutefois, certaines caractéristiques de la mise en oeuvre de cette taxe compensent son caractère régressif, notamment le crédit d'impôt pour TPS. Ce crédit d'impôt est une source de liquidité pour les ménages à revenu modeste et à revenu moyen pour compenser la taxe perçue sur les biens qu'ils consomment.
Sans l'adoption du projet de loi , il faudra toujours demander cet important crédit d'impôt, ce qui est très malheureux. Les modalités d'administration actuelles de ce crédit d'impôt exigent des particuliers qu'ils le demandent année après année, en cochant une case dans leur déclaration de revenus. Cette méthode de participation volontaire fait en sorte que des personnes à faible revenu oublient de cocher la case ou, encore plus fréquemment, ne comprennent pas le crédit d'impôt et ne cochent pas la case, ce qui leur fait rater la chance de réaliser d'importantes économies. Par l'intermédiaire du projet de loi , le gouvernement instaure une réforme très significative et très importante relativement à l'administration du crédit d'impôt pour TPS/TVH en exemptant les gens de l'obligation de demander le crédit et en permettant à l'ARC de déterminer automatiquement si la personne a droit au crédit, comme on le fait pour la plupart des crédits d'impôt.
Je suis en faveur du passage à une méthode fondée sur une évaluation plutôt que sur la participation volontaire, car le crédit est une façon importante de mettre de l'argent dans la poche de Canadiens à revenu modeste et à revenu moyen, et ce simple changement va, de fait, accroître la quantité d'argent versé à ces ménages.
En ce qui concerne le crédit d'impôt pour l'exploration minière, la forme et la fonction de ce crédit d'impôt remontent à l'année 2000, époque à laquelle on l'appelait le crédit d'impôt à l'investissement dans l'exploration minière. Ce crédit d'impôt à l'investissement non remboursable pour les détenteurs d'actions accréditives dans des sociétés d'exploration minière était fondé sur le faible prix des métaux dans les années 1990, ce qui a causé un ralentissement considérable dans le secteur de l'exploration minière. Aujourd'hui, le prix des métaux a repris beaucoup de vigueur depuis 2000, et ce crédit d'impôt, qui devait initialement expirer en 2003, a malheureusement été renouvelé de façon continue jusqu'à aujourd'hui. La dernière date d'expiration du CIEM avait été fixée au 31 mars 2014, mais le projet de loi prévoit une prolongation d'encore d'un an, malgré le fait que l'impôt perçu sur les minéraux est aussi élevé que jamais, et qu'il a triplé depuis l'instauration du crédit d'impôt.
En plus du fait que les conditions à l'origine de la création du crédit d'impôt ont disparu, il n'y a en fait aucune donnée probante à l'appui de l'existence du crédit d'impôt. Rien ne démontre que le crédit stimule les activités d'exploration, ce qui se répercute sur le cours des produits de base. Pour les investisseurs, le crédit sert de subvention aux investissements à risque élevé, qui sont principalement utilisés à des fins de planification fiscale par les contribuables à revenu élevé plutôt qu'à des fins d'investissement judicieux.
La conséquence néfaste, c'est que le crédit d'impôt détourne des investissements qui pourraient aller à des secteurs plus lucratifs, mais non subventionnés. De fait, le taux de rendement des investissements admissibles à ce crédit d'impôt est très faible, ce qui donne à penser que l'obtention d'un ouvrage fiscal est la seule raison derrière ces investissements. Du côté administratif, le régime du CIEM est associé à des coûts élevés sur le plan de l'administration et de la surveillance de la conformité, ce qui ne profite qu'aux avocats fiscalistes et aux comptables.
Il est temps de mettre fin à ce crédit d'impôt qui profite aux riches investisseurs et subventionne des investissements à mauvais rendement. Ainsi, on contribuerait à rétablir l'équité de notre régime fiscal et on colmaterait une faille qui procure très peu d'avantages tangibles aux contribuables qui la financent.
Pour conclure, j'aimerais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de vous présenter mon point de vue sur ces deux mesures, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
Merci.
:
Il est particulièrement important de déterminer si la mesure occasionnera des avantages supplémentaires. Prenons le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Ce crédit d'impôt visait à accroître le nombre d'enfants qui pratiquent un sport athlétique. Or, les données montrent qu'il n'a eu aucun effet notable à cet égard. Il s'agit plutôt d'une subvention accordée aux parents qui font déjà faire du sport à leurs enfants.
Si la mesure en tant que telle ne permet pas de réaliser cet objectif — qui est d'ailleurs fort louable —, alors ce n'est pas un outil adéquat. Dans ce cas, des subventions accordées aux ménages à faible revenu — ou, du moins, celles qui contribuent à réduire les frais associés à la pratique d'un sport par les enfants de ces ménages — seraient plus utiles. De telles subventions encourageraient les parents de ces ménages à inscrire leurs enfants à un sport parce qu'ils obtiendraient un avantage immédiat. Ils n'auraient pas à attendre un an ou un an et demi après avoir inscrit leur enfant pour se faire rembourser cette dépense.
À mon avis, il n'y a pas de règle absolue. Il faut se demander ceci: que veut-on accomplir et quel outil nous permettrait de le faire? Dans la plupart des cas, quand il est question d'avantages supplémentaires, si on veut accroître le nombre de personnes qui font quelque chose, le crédit d'impôt n'est pas la solution.
Madame Fralick…
C'est assurément un nom de par chez nous, monsieur le président. Il n'y a aucun doute sur la façon de le prononcer.
Pour ce qui est de la taxe sur le tabac, vous avez abordé tous les points pertinents. Le véritable problème, c'est que le taux sur le marché intérieur du droit d’accise sur les cigarettes n'a pas beaucoup changé depuis 2002. Il n'a pas suivi l'inflation. Je pense qu'en fait, il aurait fallu qu'il augmente de 23,2 %.
Je suis tout à fait d'accord avec vous: cela aura un effet dissuasif sur les gens qui fument des cigarettes — qui consomment du tabac d'une façon ou d'une autre, en fait —, et les économies réalisées au chapitre des soins de santé assureront la rentabilité de cette mesure. Il n'y a selon moi aucun doute là-dessus. Par ailleurs, ceci ne fait pas partie du budget, mais il y a eu récemment beaucoup de discussions à propos de la vente de produits du tabac dans les réserves à des gens de l'extérieur ainsi qu'à la taxation de ces produits; je suis sûr que vous avez entendu les commentaires de membres des Premières Nations à cet égard.
Votre groupe s'est-il penché sur la question — ne serait-ce que de façon superficielle — et a-t-il réfléchi au fait que des gens continueront malheureusement à fumer dans ce pays? Cela contribuera peut-être de bien des façons à éliminer le marché clandestin du tabac. Vous êtes-vous penchés sur cette question?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais parler lentement parce que je vais poser ma question en français.
[Français]
Je vais d'abord remercier les témoins. Leurs présentations étaient très intéressantes, incluant celle de Mme Tedds, qui est à Victoria.
Ma première question s'adresse à M. Hayes.
Dans le Budget de 2013, le gouvernement a annoncé l'élimination progressive du crédit d'impôt relatif à une société à capital de risque de travailleurs. Or au Québec, c'est extrêmement important. En effet, on dit que plus de 80 % de ces sociétés réglementées se trouvent au Québec. Vous avez parlé d'autres provinces et de nombreux défis auxquels font face les investisseurs.
Pourriez-vous nous dire quel impact auront ces mesures sur l'économie?
:
Nous sommes d'accord. En particulier, comme vous l'avez souligné, il y a deux grands fonds au Québec — le Fonds de solidarité et Fondaction — qui ont énormément contribué à financer tous les secteurs de l'économie, tout particulièrement — dans une certaine mesure, si je ne m'abuse — le secteur des technologies. Cela pourrait avoir d'assez graves répercussions sur leurs investissements futurs ailleurs au Canada.
Il ne reste plus qu'environ huit fonds dans cette classe d'actif, et nous avons déjà des raisons de croire que certains d'entre eux ont des problèmes de liquidités ou en auront dans l'avenir. Voilà pourquoi il est important, pendant la transition, d'établir des règles afin de pallier les effets négatifs pour les actionnaires et les sociétés de portefeuille.
Nous sommes plutôt préoccupés par la possibilité que le Plan d'action pour le capital de risque, formidable en principe, tarde à être mis en oeuvre — comme je l'ai dit plus tôt — et que la création de ces bassins de capitaux pour les entrepreneurs canadiens se fasse attendre. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement de revenir sur sa décision.
Nous acceptons la décision, mais nous préférerions que la temporarisation du crédit d'impôt s'étende sur une plus longue période afin que nous ayons plus de temps pour renforcer les entreprises et procéder à des liquidations, ce qui compensera les répercussions de cette réduction du crédit d'impôt.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
C'est vous que je voulais questionner en premier, monsieur Hayes, au sujet des SCRT. Je n'aurai pas le temps de le faire, mais j'aimerais revenir là-dessus avec vous à un moment donné.
Je veux questionner Mme Fralick au sujet des taxes de consommation sur les cigarettes. Tous ceux d'entre nous qui ont fait des études en économie connaissent la règle de Ramsey: on applique des taxes de consommation sur les produits dont la demande ne fluctue pas en vue de réduire au minimum les coûts économiques qui y sont associés.
Sommes-nous rendus à un point où, peu importe l'ampleur de la taxe sur les cigarettes, les gens continueront à en acheter autant? Sommes-nous rendus à ce stade?
:
Puis, nous avons pris en charge la gestion d'un des fonds originaux, le Working Ventures Fund, qui était présent en Saskatchewan, en Ontario et plus loin dans l'Est. Plus d'un millier d'ententes ont probablement été conclues grâce à ce fonds également.
Ensuite, nous avons créé un fonds dans le Canada atlantique en 2005. C'est un petit fonds. Nous avons conclu une vingtaine d'ententes.
Pour ce qui est du Québec — ma foi —, je ne saurais fournir d'estimation. Des milliers d'entreprises ont reçu un financement grâce à ces fonds. Ce sont vraiment de grands fonds. À lui seul, le Fonds de solidarité a une valeur d'environ 10 millions de dollars, alors vous pouvez imaginer l'ampleur de ses activités.
Je pense que durant les belles années de ces fonds — c'est-à-dire à l'époque où ils ont été créés —, les gens étaient surtout intéressés par les crédits fiscaux, mais dans une certaine mesure, c'était probablement une erreur. Certains de ces fonds étaient mal gérés, entre autres choses, mais leur contribution a été importante. Selon les statistiques, plus du tiers de tout le capital de risque au Canada depuis 1984 a été fourni par les divers fonds de travailleurs qui ont été créés et gérés au pays.
Ce facteur est devenu moins important ces dernières années, mais la participation des institutions aux fonds de capital de risque à l'échelle canadienne a aussi diminué de façon importante, alors il est probable que les fonds de travailleurs représentaient encore un pourcentage plutôt élevé de l'écosystème du capital de risque.
Monsieur Howlett, vous avez parlé de la capacité de s'attaquer à la fraude fiscale et à l'évasion fiscale. Tout gouvernement souhaiterait faire cela.
Souvent, les déductions déclarées dans le cadre d'un stratagème de fraude fiscale sont gonflées, mais on ne peut certainement pas sévir contre les fraudeurs si on n'a pas les effectifs nécessaires pour les détecter. Pourriez-vous relire l'extrait du rapport du vérificateur général et nous dire encore quels problèmes particuliers… Je veux les comprendre.
Dans le budget, le gouvernement affirme qu'il sera en mesure de recouvrer — dans le cadre de ses efforts pour atteindre l'équilibre budgétaire — un certain montant auprès des gens qui ont placé de l'argent à l'étranger ou fait de l'évasion fiscale. Or, il a ensuite décidé qu'il amputerait de 250 millions de dollars le budget de l'agence qui est censée accomplir cela. J'essaie de comprendre comment ces deux points se rejoignent et de trouver la logique derrière les allégations du gouvernement.
:
Merci, monsieur Cullen.
Je vais amorcer la prochaine série d'interventions, puis M. Keddy prendra la parole.
Je voulais revenir sur votre exposé, madame Tedds. J'ai beaucoup apprécié vos observations, surtout en ce qui concerne le crédit pour TPS/TVH qui sera fondé sur une évaluation plutôt que sur l'inscription. Comme vous le dites, c'est une façon importante de mettre de l'argent dans les poches des Canadiens à faible revenu.
Y a-t-il d'autres crédits auxquels nous devrions songer en vue de changer notre façon de faire? Alors que nous ferons la transition vers la méthode d'évaluation, y a-t-il d'autres crédits à l'égard desquels nous devrions faire la même chose?
:
D'accord. Je comprends.
J'aimerais maintenant qu'on parle du crédit d’impôt pour l’exploration minière. Le Comité des finances en entend parler à toutes les consultations prébudgétaires. Cela ne va pas vous surprendre. Nous avons entendu le témoignage d'organisations comme l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs. Évidemment, celle-ci appuie sans réserve ce crédit. D'ailleurs, chaque automne, elle recommande qu'on le bonifie.
Ses arguments — et je veux que vous y réagissiez — et le point de vue qu'elle fait valoir habituellement devant le comité, c'est que les études menées par le gouvernement fédéral entre 1994 et 2000 indiquent que chaque dépense fiscale de un dollar génère 2,60 $ en nouvelles dépenses d'exploration.
En outre, quand le comité était à Whitehorse, je crois, les petites sociétés minières ont affirmé encore plus fermement que, si on élimine le traitement fiscal préférentiel dont elles jouissent en raison du risque très élevé auquel elles sont exposées… Certes, les risques sont de moins en moins grands à mesure qu'on se rapproche des mines existantes; mais, si on élimine ce traitement fiscal préférentiel pour les sociétés qui effectuent de l'exploration pure, le volume des activités d'exploration en souffrira beaucoup. Le travail des petites sociétés minières est évidemment à la base des grandes sociétés qui exploitent les mines.
Je veux entendre les arguments des deux camps, alors j'aimerais vous donner l'occasion de réagir aux arguments que ces sociétés font valoir devant le comité chaque automne.
:
Je pense qu'il est important de faire la distinction entre le régime d'actions accréditives de base et ce même régime assorti du crédit d'impôt pour l'exploration minière, ce que nous appelons le « régime d'actions accréditives bonifié ».
Les études menées par le gouvernement fédéral — il y en a eu deux jusqu'ici — et trois études universitaires étaient toutes concentrées sur le régime d'actions accréditives. Cela inclut la plus récente étude du ministère des Finances, qui a été publiée en 2013. Aucune de ces études ne tente en particulier de déterminer si le crédit d'impôt pour l'exploration minière a occasionné une augmentation des activités d'exploration.
Quand on examine les activités menées depuis l'entrée en vigueur du crédit d'impôt, on s'aperçoit que rien ne semble indiquer qu'il a encouragé des investissements additionnels, contrairement au simple fait de récompenser l'investissement comme cela se fait déjà dans le cadre du régime d'actions accréditives.
De fait, le crédit d'impôt pour l'exploration minière est une subvention aux investisseurs. Tout ce qu'il fait, c'est donner de l'argent pour des investissements qui se produisent déjà.
:
Mais il représente maintenant une circonscription à l'extrémité du Nouveau-Brunswick. C'est complètement différent.
Pour dire les choses franchement, monsieur Howlett, la complexité des manœuvres d'évasion fiscale à l'étranger et d'inobservation fiscale est extraordinaire. Il y a une économie souterraine. Elle est cachée. Des personnes fortunées paient beaucoup d'argent à des gens qui sont très habiles pour cacher des revenus qui devraient être imposés. Donc, le problème est difficile à régler de par sa nature même. C'est ce que j'ai essayé de dire — sans y arriver — en 30 secondes tout à l'heure.
Il semble que le Programme de dénonciateurs de l'inobservation fiscale à l'étranger sera un de nos outils qui nous permettront de mieux nous attaquer à ce problème, et je sais qu'il n'a pas encore produit de résultats tangibles.
Mais je dois démentir votre affirmation selon laquelle nous avons moins de vérificateurs. En réalité, nous avons maintenant 400 vérificateurs de plus aujourd'hui qu'en 2006, année où nous avons formé le gouvernement. Si vous pouviez me dire d'où vous tenez ce renseignement, nous pourrions tâcher de bonne foi de rectifier les faits. Nous avons bel et bien plus de vérificateurs sur le terrain qu'auparavant.
Encore une fois, comme vous le savez, nous avons traité 8 195 cas internationaux de fraude fiscale. Nous les avons détectés et avons perçu 5,15 milliards de dollars additionnels d'impôts relativement à ces comptes à l'étranger. Donc, même sans le nouveau programme de dénonciateurs, nous avons un meilleur bilan que les États-Unis, compte tenu du nombre d'habitants. Ce bilan est avec l'ancien système. Je trouve cela quelque peu étonnant, mais je pense que ce n'est pas du tout une mauvaise chose.
J'ai un dernier commentaire, monsieur le président, par rapport à la discussion tenue avec M. Rankin concernant le vérificateur général. Je pense qu'il serait utile de répéter que le rapport du vérificateur général — auquel tout le monde a accès — a confirmé que le programme de l’ARC contre la planification fiscale abusive « dispose d’outils pour détecter, corriger et décourager l’inobservation ».
Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire mieux. Ni que nous ne devrions pas essayer de faire mieux. Cependant, je pense que notre bilan, comparativement à celui des États-Unis, est réjouissant et, certes, susceptible d'être amélioré.
Je vais m'arrêter là. Merci.