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Excellent. Merci de nous donner cette occasion de témoigner devant le Comité. Nous vous sommes très reconnaissants de cette occasion qui nous est accordée de présenter notre point de vue sur ce qui constitue pour nous et pour tous nos intervenants une source de préoccupation déterminante.
Comme vous l'avez souligné, mon nom est David Swail, et je suis le président du Canadian Publishers' Council. Notre organisation représente 16 des éditeurs les plus importants au pays dans tous les secteurs de notre industrie, y compris les publications spécialisées, l'enseignement supérieur, la maternelle à la 12e année et les marchés professionnels. Nos membres sont un mélange d'entreprises canadiennes et de filiales canadiennes d'éditeurs mondiaux, comme Penguin Random House, HarperCollins, Pearson, Scholastic et Nelson, pour ne nommer que ceux-là.
En 2017, les revenus globaux de nos membres s'élevaient à 853 millions de dollars, dont 384 millions étaient tirés de transactions avec nos clients du secteur de la maternelle à la 12e année et de l'enseignement supérieur. Ensemble, nos membres emploient plus de 3 000 travailleurs du savoir hautement qualifiés et plusieurs milliers d'autres par l'entremise de contrats de pige, comme des rédacteurs, éditeurs, experts en la matière, concepteurs, illustrateurs, chercheurs, imprimeurs, et bien d'autres.
En 2017, nos membres ont versé 40 millions de dollars en acomptes et droits d'auteur à des auteurs canadiens. De plus, nos membres vendent chaque année plus de 80 % des livres achetés par des Canadiens. Tous nos membres sont des entreprises contribuables canadiennes sans but lucratif et la majorité d'entre eux ne reçoivent aucune subvention du gouvernement.
J'aimerais me concentrer sur trois secteurs principaux qui ont été touchés par la modernisation du droit d'auteur, notamment par l'exception concernant l'utilisation équitable en matière d'éducation. Ces trois secteurs sont l'emploi, l'investissement et l'innovation.
Mais, auparavant, j'aimerais souligner au Comité que le secteur de l'éducation est parmi les clients les plus importants pour les membres du Canadian Publishers' Council. Dans le cadre des consultations sur l'ACM avant 2012, nous soutenions clairement le concept de l'utilisation équitable, y compris en matière d'éducation. Tout ce que nous demandions à l'époque, c'était que la loi clarifie l'intention de cette exception en matière d'éducation et, surtout, qu'elle contienne des définitions qui protégeraient le marché commercial pour les ressources que créent nos membres à l'intention des clients du secteur de l'éducation. Nous avions cru comprendre que nos clients du secteur de l'éducation partageaient cet objectif.
La majeure partie de ce qui a été fait depuis 2012 a confirmé nos préoccupations les plus profondes: les définitions que l'on retrouve dans la loi sont vagues. Par conséquent, ce que nous demandons au Comité dans le cadre de ce processus d'examen, c'est de ramener une certaine clarté et un certain équilibre à notre marché.
Je vais maintenant parler des trois secteurs mentionnés plus tôt, soit l'emploi, l'investissement et l'innovation.
Comme je l'ai déjà souligné, nos membres emploient directement plus de 3 000 Canadiens, mais encore bien plus dans l'important écosystème où l'on crée le contenu éducatif pour les étudiants et éducateurs canadiens. Il s'agit principalement d'emplois hautement qualifiés qui s'appuient sur une connaissance approfondie des matières clés, comme les mathématiques et sciences, et de la façon dont le secteur de l'éducation enseigne ces matières aux étudiants canadiens d'une province à l'autre.
Les éditeurs professionnels canadiens sont largement reconnus pour leur expertise par les entreprises mondiales pour lesquelles ils travaillent et on leur demande régulièrement de participer à des projets internationaux où leur compréhension de la conception pédagogique et des objectifs d'apprentissage est hautement respectée. Nous sommes fiers du contenu que nous produisons pour les curriculums provinciaux, contenu très pertinent et de grande qualité et, surtout, qui reflète bien les principaux éléments qui constituent l'identité et la culture canadiennes. Cette pertinence culturelle est l'une des principales exigences de nos clients et c'est ce qui différencie nos produits du matériel étranger que l'on retrouvait abondamment auparavant dans les salles de classe canadiennes.
La perte de revenu découlant de l'abandon des licences collectives a eu un impact important sur les marges des éditeurs canadiens. Vous avez déjà pris connaissance du chiffre de 30 millions de dollars qui représente environ 16 % des profits de l'industrie, selon certaines mesures. Les maisons d'édition canadiennes sont donc moins profitables et donc moins aptes à soutenir des niveaux d'emploi. Au cours des cinq dernières années, chaque année, nos membres ont réduit leur main-d'oeuvre de 5 %, ce qui équivaut à environ 200 emplois. Parallèlement, ils ont augmenté le nombre d'emplois axés sur la technologie et introduit dans la main-d'oeuvre de nouveaux rôles, comme celui de créateurs, de programmeurs et de webmestres, en plus des ensembles de compétences connexes. Nos employés du service à la clientèle ont reçu de nouvelles formations pour pouvoir offrir un soutien technologique. Nous envoyons des spécialistes canadiens dans les écoles et sur les campus afin d'aider les éducateurs à apprendre comment utiliser efficacement les ressources numériques dans leurs salles de classe. Malgré ces ajouts, le nombre d'emplois dans notre secteur continue de baisser de 5 % par année.
Concernant l'investissement, la création de plateformes et de produits numériques à l'intention du secteur de l'éducation continue d'être une stratégie essentielle pour les éditeurs canadiens. Ceci est pour répondre à la demande des éducateurs pour ce genre d'innovation. Les éditeurs canadiens sont des leaders mondiaux en matière de création et d'adoption de technologies clés, d'élaboration de solutions canadiennes et d'adaptation de plateformes mondiales à des fins canadiennes.
Cet effort a entraîné une réorientation importante de l'investissement du secteur de l'impression vers le secteur de l'édition et de la technologie, celle-ci s'adaptant souvent aux besoins des étudiants, car elle est plus efficiente, plus actuelle et souvent moins dispendieuse. Cet investissement est donc à risque lorsque le rendement du capital investi est réduit. Par conséquent, les éditeurs mondiaux voient de plus en plus le marché canadien comme étant un marché moins viable et plus risqué qu'avant 2012 et les investissements dans notre secteur continuent d'être à risque et de baisser.
Trois de nos membres, soit Oxford University Press, Emond Publishing et McGraw-Hill Education, ont quitté le secteur de la maternelle à la 12e année depuis 2012, ce qui a entraîné une baisse des ressources et de la diversité pour ces classes. Le nombre d'emplois a baissé, mais, comme on pourrait s'y attendre, les investissements ont également baissé dans d'autres secteurs de l'édition.
Finalement, j'aimerais parler de l'innovation qui, bien entendu, est étroitement liée à l'investissement. J'ai déjà parlé de la réorientation stratégique de nos membres vers les ressources numériques. Cette réorientation a eu un impact non seulement sur l'emploi et la nature des emplois, comme je l'ai souligné, mais surtout sur les étudiants et enseignants et les résultats pour les étudiants. Tous nos membres ont maintenant adopté des solutions numériques qui s'adaptent aux besoins des étudiants, offrant ainsi du matériel plus pertinent et opportun permettant aux étudiants d'optimiser leur temps d'étude et leurs résultats d'apprentissage. Grâce à ces technologies, nous permettons aux enseignants de la maternelle à la 20e année de donner et de corriger des travaux et d'évaluer les résultats de façon beaucoup plus efficiente qu'auparavant. Comme vous pouvez l'imaginer, ceci est particulièrement important pour l'apprentissage à distance à laquelle ont recours de nombreux étudiants des Premières Nations.
Ce progrès important, et le Canada est un leader mondial à cet égard, améliore la capacité de nos étudiants à concurrencer sur le marché mondial, mais cette capacité est sérieusement mise à risque lorsque les investissements diminuent. Lorsqu'il est plus efficient pour les entreprises mondiales de simplement offrir du contenu mondial non adapté sans la participation canadienne, ou si peu, nous perdons l'occasion de créer et d'adapter des solutions mondiales à nos salles de classe.
Alors que notre secteur amorce ce virage essentiel, il est clair que nous continuerons de dépendre dans une certaine mesure du secteur de l'impression si nous voulons jouer un rôle dans les salles de classe, ce qui explique pourquoi 600 millions de pages sont copiées chaque année sans compensation dans les écoles, collèges et universités canadiennes. Nous demandons à ce que le libellé législatif que nous avons proposé soit utilisé pour rétablir ce marché de la reproduction du contenu afin que les intervenants du marché puissent être proprement indemnisés. Cela permettra aux intervenants d'avoir les fonds essentiels pour revenir à la création de ressources éducatives canadiennes au profit des étudiants, enseignants, créateurs et travailleurs du savoir qui contribuent depuis longtemps au taux élevé de réussite en éducation au pays.
Merci.
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Bonjour. Je m'appelle John Hinds. Je suis le président de Médias d'info Canada.
[Traduction]
Nous représentons plus de 700 journaux hebdomadaires et quotidiens communautaires de partout au pays, en anglais et en français. Nous sommes très heureux que vous ayez organisé ces audiences, car il s'agit d'une période critique pour l'industrie de la presse. Notre monnaie, c'est notre contenu. Donc, il est essentiel pour notre secteur d'affaires de disposer d'un système de droit d'auteur de qualité.
Comme vous le savez, notre industrie est confrontée à un défi important, en ce sens que notre modèle d'affaires a été perturbé. Nous tentons de passer d'un modèle d'affaires industriel traditionnel où la majorité des revenus proviennent des publicités imprimées à un modèle numérique où les revenus proviennent des lecteurs et des annonceurs.
Toutefois, nous n'avons aucune difficulté en ce qui a trait aux lecteurs. Les Canadiens consomment de plus en plus de contenu imprimé; 88 % des gens lisent des journaux chaque semaine. Bien entendu, ils consomment notre contenu de façon différente, quoiqu'environ six Canadiens sur dix continuent de lire chaque semaine des journaux.
Dans la plupart des communautés canadiennes, les journaux demeurent la principale source de nouvelles. Ils emploient près des deux tiers des journalistes au pays. Comme vous le savez, le contenu de qualité est dispendieux, surtout le journalisme d'enquête et d'intérêt public, le genre de journalisme qui, vous en conviendrez, est important pour le fonctionnement d'une société civile. L'industrie de la presse continue d'investir des sommes importantes pour produire dans chaque communauté au pays des articles de qualité fondés sur des faits.
Cependant, nous sommes confrontés à un défi important. En tant qu'industrie, nous devons être en mesure d'obtenir un retour sur l'investissement en capital important que nous faisons. Malheureusement, dans le cadre du régime de droit d'auteur actuel, cela devient de plus en plus difficile. Alors que nous tentons d'adapter notre modèle d'affaires aux réalités du marché numérique, nous devons être en mesure de mieux protéger cet investissement.
Historiquement, les journaux se sont plaints que leurs compétiteurs à la télévision locale et dans les stations radio faisaient de la lecture directe. À l'époque, nous étions conscients que c'était le prix à payer pour être des chefs de file dans le milieu des nouvelles. Toutefois, la situation est totalement différente dans le milieu numérique. Les resquilleurs, comme Google Actualités et autres revendeurs de contenu, ne font aucun investissement dans le contenu, mais font des millions sur notre contenu. C'est une triste réalité que dans Internet, de nombreuses entreprises, grandes et petites, vieilles et nouvelles, canadiennes et étrangères, prennent systématiquement du contenu des journaux et le publient de nouveau à des fins commerciales sans payer ou obtenir au préalable la permission des journaux concernés. Le régime actuel de droit d'auteur le permet.
Je dirais même que chacun de vous, dans vos bureaux parlementaires, avez recours à un service de revendeurs de contenu. De nos jours, notre contenu est saisi, copié et distribué par des organisations commerciales qui en profitent sans permission. Il est clair que les lecteurs et annonceurs accordent de l'importance au contenu éditorial des journaux publié sur les sites Web, plateformes et moteurs de recherche de tierces parties et qui apporte beaucoup de valeur à ces tierces parties. De plus, les éditeurs remarquent de plus en plus que ces tierces parties deviennent des substituts pour la publication originale.
Une presse libre et indépendante ne peut exister que si elle touche des revenus suffisants pour payer les journalistes, éditeurs, photographes et pigistes, notamment. De nos jours, cette structure s'effrite en raison de la perte des revenus. La majorité des recettes publicitaires vont à la recherche et aux médias sociaux. De plus, nous remarquons une utilisation non autorisée et non rémunérée à grande échelle du contenu des éditeurs, ainsi qu'un manque de recours juridique pour lutter contre ce non-respect à grande échelle.
La liberté de presse, c'est plus qu'une question constitutionnelle; elle dépend d'un marché capable de générer suffisamment de revenus pour compenser des investissements financiers énormes nécessaires pour couvrir les risques juridiques et commerciaux importants du secteur des nouvelles. Un marché rigoureux et dynamique offrant des retombées intéressantes est une composante essentielle d'une presse solide, indépendante et libre. Afin que les éditeurs puissent continuer de produire des nouvelles, analyses, reportages d'enquête, articles-vedettes et lettres d'opinion et d'assurer la couverture d'institutions, comme le Parlement, il doit y avoir un échange équitable de valeurs entre les créateurs et distributeurs de contenu.
Nous souhaitons un changement dans l'équilibre de la loi qui permettrait aux éditeurs d'avoir le contrôle sur leur contenu et de jouir d'une protection et d'une clarté juridiques. Nous espérons que toute nouvelle mesure législative offrira une protection juridique en introduisant des droits visant à protéger les intervenants contre la reproduction et distribution non autorisées de publications dans l'espace numérique.
C'est le genre de protection dont jouissent les industries du film, de la musique et du logiciel où ce qui est produit est protégé par le droit d'auteur. La loi donne aux créateurs de contenu de ces industries le droit légal de décider quand et comment leur contenu peut être distribué et, peut-être tout aussi important, de négocier des contrats équitables et adéquats avec les utilisateurs. Toutefois, nous tenons à être clairs que ce n'est qu'à des fins commerciales. Tout nouveau droit n'aurait aucune conséquence sur le droit qu'ont les gens de partager des articles ou d'envoyer des liens vers des articles. Bien entendu, les éditeurs encouragent leurs lecteurs à partager leurs articles ou à envoyer des liens vers ces articles grâce aux boutons de partages multiples qu'ils utilisent sur leurs sites Web ou applications.
Les membres du gouvernement nous disent constamment que nous devons adopter de nouveaux modèles d'affaires. Au cours de la dernière décennie, les journaux canadiens ont effectué une transition importante vers l'espace numérique en apportant beaucoup d'innovations. Leurs publics ont beaucoup augmenté. Nous nous sommes conformés à l'ère du numérique et de nombreuses salles de nouvelles comptent maintenant autant de techniciens que d'éditorialistes. Toutefois, en raison de l'exploitation du contenu par de tierces parties sans autorisation préalable ou rémunération, il est difficile pour les éditeurs de soutenir un journalisme indépendant de qualité.
Il est essentiel que le régime de droits d'auteurs du Canada soit ajusté aux réalités d'aujourd'hui et de donner aux éditeurs le droit de contrôler l'utilisation commerciale de leur contenu.
Merci.
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Monsieur le président, d'entrée de jeu, j'aimerais apporter une précision: je représente Wikimédia Canada, mais pas la fondation Wikimédia.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je me présente: je m'appelle Jean-Philippe Béland et je suis le vice-président de Wikimédia Canada.
Wikimédia Canada a pour mission de permettre aux Canadiens d'avoir accès au savoir librement et gratuitement, en plus de leur fournir les outils et les compétences nécessaires afin qu'ils puissent contribuer à la transmission de leurs connaissances à l'échelle de la planète. Nous aidons les Canadiens à rassembler, à développer et à diffuser des connaissances et des contenus pédagogiques, culturels et historiques dans toutes les langues du Canada, y compris les langues autochtones, sous une licence libre ou dans le domaine public.
Dans ce contexte, une licence libre est une licence que les auteurs appliquent à leurs créations, ce qui permet à quiconque d'utiliser, de transmettre et de modifier le contenu des créations sans permissions ni redevances, alors que les auteurs conservent la paternité de leurs oeuvres.
Ce travail s'applique en grande partie aux projets en ligne, sous la plateforme Wikimédia. Le projet le plus connu est Wikipédia, une encyclopédie collaborative consultée par plusieurs millions de visiteurs chaque jour et offerte en plus de 300 langues. Les projets de Wikimédia sont soutenus par la fondation Wikimédia, basée aux États-Unis, et dont Wikimédia Canada est un chapitre officiel.
Wikimédia est une plateforme non marchande et sans publicité. Contrairement à Google ou à Facebook, la fondation Wikimédia ne conserve pas de profils de données personnelles de ses utilisateurs.
L'importance de Wikipédia dans le domaine de l'accès à la connaissance n'est plus à démontrer. L'encyclopédie est développée par des milliers de bénévoles de partout dans le monde, dont un grand nombre de Canadiens dévoués. Le site est classé au sixième rang des sites les plus consultés au monde, et il se trouve très souvent parmi les premiers résultats donnés par les moteurs de recherche. Nous pouvons affirmer avec certitude que Wikipédia est l'une des sources d'information et de connaissances les plus populaires auprès des citoyens. En fait, il s'agit d'un noeud central de l'écosystème des données du Web, puisque Facebook et YouTube ont récemment annoncé que le contenu de Wikipédia constituerait un élément central de leur plan de lutte contre les fausses nouvelles.
Le type de licence utilisé pour diffuser le contenu sur Wikipédia est une pierre d'assise du projet, permettant la plus grande diffusion possible du savoir en autorisant la réutilisation du contenu sans redevances ni permissions.
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Oui. Ce n'est pas un problème.
Dans une lettre de ses ministres, le gouvernement du Canada a affirmé qu'un « régime de droit d'auteur efficace devrait favoriser un marché et un environnement où les utilisateurs ont accès à du contenu [...] à des fins d'information et de divertissement, d'éducation et de patrimoine culturel ». Wikimédia Canada est fière de constater les efforts du gouvernement du Canada pour un gouvernement ouvert. Pour qu'un gouvernement soit considéré comme ouvert, il doit favoriser tous les moyens qui rendent l'information accessible à ses citoyens. Wikimédia est l'un de ces moyens.
Il serait judicieux de mettre à profit le référencement exceptionnel dont bénéficient les projets Wikimédia dans les moteurs de recherche. Une information fiable et de bonne qualité devrait toujours se retrouver parmi les premiers résultats de recherche auxquels les citoyens ont accès.
Les contributeurs à des projets Wikimédia sont très enthousiastes à l'idée d'avoir accès à du contenu de qualité provenant du gouvernement canadien afin d'améliorer les articles de l'encyclopédie libre. À ce jour, il existe un frein majeur à l'utilisation de ce contenu. En effet, celui-ci est protégé par défaut par le droit d'auteur de la Couronne, qui interdit son utilisation dans Wikipédia et dans les autres projets Wikimédia.
Afin de remédier à ce problème de diffusion des connaissances, il est de notre avis que la Loi sur le droit d'auteur, plus précisément l'article 12, qui régit le droit d'auteur de la Couronne, devrait être révisée afin que les données du gouvernement et de ses organismes deviennent libres d'utilisation. Ainsi, nous proposons au gouvernement canadien de remplacer le droit d'auteur de la Couronne par le versement dans le domaine public de l'intégralité de ses oeuvres ou, au minimum, d'accorder une licence permettant leur réutilisation sans avoir à demander de permission, y compris à des fins commerciales. Cette proposition cadre tout à fait avec la vision du gouvernement ouvert du Canada. En fin de compte, cela permettrait la réutilisation du contenu canadien et, par conséquent, une diffusion et une accessibilité plus larges au profit de tous les citoyens.
Prenons un exemple simple. Aux États-Unis, où le travail des employés fédéraux est automatiquement versé dans le domaine public, on constate que les photographies produites par le gouvernement sont utilisées pour illustrer les articles de Wikipédia et qu'elles sont par la suite réutilisées par les journalistes pour qui Wikipédia est souvent la première référence.
Présentement, un grand nombre d'articles encyclopédiques portant sur des sujets d'intérêt pour les Canadiens sont illustrés par des photographies provenant du gouvernement américain, étant donné qu'elles appartiennent au domaine public, ou par des photographies de mauvaise qualité. Si le gouvernement du Canada adoptait une politique semblable à celle des États-Unis, les photographies officielles du gouvernement seraient versées dans le domaine public et pourraient être utilisées sur Wikipédia afin d'illustrer les articles concernés.
Prenons un exemple un peu plus complexe, qui touche toutes les données du gouvernement canadien amassées par ses chercheurs d'un bout à l'autre du pays. En rendant ces données accessibles à tous, on permettrait la réutilisation d'ensembles de données dans le cadre de nouvelles recherches et collaborations, aussi bien au Canada qu'à l'international. On peut penser à des données météorologiques, par exemple. Si ces données étaient rendues compatibles avec celles de la base de données Wikidata, les chercheurs et les citoyens de partout sur la planète y auraient accès. De surcroît, le gouvernement du Canada et ses citoyens pourraient tirer avantage du fait que la fondation Wikimédia offre un hébergement gratuit dans ses nuages pour la maintenance de ces données. En outre, il serait ainsi possible de les intégrer à d'autres données afin d'effectuer des recherches plus poussées et d'obtenir de meilleurs résultats.
De telles dispositions ne changeraient rien à la protection des documents classifiés et autres informations confidentielles devant demeurer secrets ou ne devant pas être communiqués au public, étant donné que cette information est déjà protégée par d'autres lois et règlements et que ceux-ci s'appliqueraient.
Je tiens à remercier le Comité d'avoir invité Wikimédia Canada à participer au processus de révision de la Loi sur le droit d'auteur. Nous demeurons à la disposition du gouvernement pour participer aux démarches visant à le rendre plus ouvert et plus accessible.
Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Merci beaucoup.
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Je peux certainement vous fournir ces explications.
Notre affiliation avec Access Copyright est par l'entremise d'entreprises qui sont membres du Publishers' Council. Pearson Canada, par exemple, est une entreprise affiliée à Access Copyright. Elle reçoit donc des redevances d'Access Copyright qui tient compte du modèle d'utilisation de ces ressources dans le secteur de l'éducation en vertu du régime de licences collectives qui, comme nous le savons, a été grandement réduit au Canada.
Les fonds de 30 millions de dollars que j'ai mentionnés dans mes remarques ont déjà fait l'objet de discussions au Comité, si je ne m'abuse. C'est une assez bonne estimation des revenus qui ont été attribués par l'entremise d'Access Copyright aux éditeurs et aux créateurs dans le secteur au fil des ans, lorsque les licences collectives étaient plus répandues qu'elles le sont à l'heure actuelle. La moitié de ces 30 millions de dollars sont remis aux créateurs, aux auteurs et aux autres contributeurs. L'autre moitié de ces fonds sont versés aux éditeurs, qui prennent les décisions pour réinvestir l'argent dans le contenu canadien.
C'est essentiellement ce que je voulais dire au sujet des investissements, à savoir que les redevances versées aux éditeurs et aux créateurs — dans le cas de ce membre, aux éditeurs — sont essentielles pour appuyer le rendement sur l'investissement auquel ils peuvent s'attendre sur un marché canadien. Nous aimerions que ce soit rétabli par l'entremise d'une modification législative.
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C'est intéressant. En ce qui concerne votre observation au sujet de la presse écrite, je pense que nous avons vu cette situation récemment dans le Nord de l'Ontario, à Sault Ste. Marie. Nous avons constaté le déclin d'autres médias également. La télévision est maintenant centralisée à Sudbury, où il y a quelques journalistes. CBC avait autrefois un reporter local, mais il n'en a plus. Il y a une augmentation dans quelques-unes des entreprises Internet, telles que SooToday, qui ont également une présence à Guelph, à Thunder Bay, etc. Je suis certain que vous les connaissez.
Il me semble que l'une des différences également, c'est que quelques-unes de ces entreprises Internet qui démarrent ne sont pas forcément syndiquées et n'ont pas de convention collective...
M. John Hinds: Non.
M. Terry Sheehan: ... et elles ont différentes sources de revenus qu'elles tentent de mettre en place.
J'ai regardé l'évolution de SooToday et du Sault Star. Le Sault Star essaie d'avoir une présence sur Internet. Pour en arriver à ma question, l'une des mesures que le Sault Star prendra, par exemple, c'est de publier un article, puis de l'afficher sur Facebook et sur Twitter.
A-t-on réfléchi à un type de rémunération? Facebook adore cette pratique, et le Sault Star doit vouloir faire cela aussi, car lorsque je partage un article avec un certain nombre de mes abonnés, l'article est sur le Web. A-t-on réfléchi à la façon de verser une rémunération en utilisant les médias sociaux et les médias traditionnels, et y a-t-il eu des discussions à ce sujet?
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Oui. Je pense que tout le monde reconnaît la valeur des médias sociaux. Je pense que nous voyons tous ces articles sur les médias sociaux, et les journaux affichent une bonne partie de leur contenu sur les médias sociaux. Je pense que c'est volontaire. Ce qui nous préoccupe le plus, c'est le modèle de rémunération lorsque ce n'est pas fait de façon volontaire. C'est une chose d'utiliser les médias sociaux pour attirer le public, et c'est essentiellement volontaire.
Google est un autre exemple. Il y a de nombreux exemples. Si vous parlez à des représentants de Village Media, qui est propriétaire de SooToday, vous pouvez voir qu'ils ont des relations très efficaces avec Google.
M. Terry Sheehan: Oui, c'est vrai.
M. John Hinds: Fait intéressant, dans bien des cas, ces entreprises n'utilisent pas les annonces de Google. Elles vendent leur propre annonce publicitaire à Soo et à ces communautés, car elles ne peuvent pas gagner suffisamment d'argent avec les annonces de Google. Elles vendent leurs propres annonces publicitaires, mais elles utilisent une vaste gamme d'outils, dont bon nombre sont gratuits. C'est la discussion classique sur les frères ennemis que nos membres tiennent, mais les médias sociaux sont évidemment essentiels pour l'avenir.
La difficulté est de conserver l'image de marque, car je pense que même si vous discutez avec les gens et qu'ils disent qu'ils obtiennent toutes leurs nouvelles sur un site de médias sociaux donné, ce n'est pas la source des nouvelles. Ils obtiennent les nouvelles d'une image de marque journalistique. Je pense que c'est un lien très important à maintenir dans un monde où vous n'avez que votre propriété intellectuelle et votre image de marque. Je pense qu'une partie des difficultés financières et une partie de la distribution de contenu sans licence détruisent ce lien entre l'image de marque et le lectorat. Si vous obtenez du contenu dans les médias sociaux et qu'il a été affiché par l'image de marque, alors l'image de marque est là. C'est un article du Globe and Mail, par exemple, qui est affiché sur Facebook, et c'est clair, mais ce n'est pas l'histoire générique, celle dont on ne connaît pas la source.
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Je répondrai d'abord à la dernière partie de la question.
Je pense qu'à toutes fins utiles, nous parlons d'une seule voix avec nos créateurs, et vous avez vu les chiffres, vous avez vu l'effet de la réduction des redevances sur les revenus des créateurs. C'est pas mal la même chose pour les éditeurs.
L'une des difficultés, c'est qu'il continue d'y avoir assez d'incitatifs sur le marché pour pousser les auteurs à signer des contrats avec nous et à produire de nouvelles choses pour le secteur de l'éducation. Nous partageons le même but d'obtenir une indemnisation pour cet effort.
Pour ce qui est des dommages-intérêts et de l'harmonisation prévus dans le cadre de l'examen de la Commission du droit d'auteur actuellement en cours, nous souhaiterions une certaine uniformité entre les divers secteurs créatifs, parce qu'à l'heure actuelle, les sanctions sont plus élevées dans l'industrie de la musique, par exemple, qu'en édition. Je ne peux pas vraiment vous dire sur quoi cela se fonde, mais nous savons qu'il serait très utile que la loi contienne des dispositions plus musclées et plus cohérentes concernant les dommages-intérêts, et c'est ce que nous avons proposé au gouvernement, afin de dissuader davantage les gens d'y contrevenir, en gros.