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Je vous remercie infiniment de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui au nom de l'Assemblée canadienne de la danse.
Je représente l'Assemblée canadienne de la danse, une organisation nationale de service qui s'est associée à 10 organisations provinciales de danse afin de servir le secteur de la danse, lequel englobe des centaines de compagnies, d'écoles et de danseurs particuliers à l'échelle du pays.
En tant que membre de Pleins feux sur les créateurs, je suis ici pour ajouter ma voix à celles des personnes qui réclament une rémunération équitable pour les artistes canadiens, peu importe la discipline artistique. À la fin de ma déclaration, je vous présenterai deux recommandations.
Le droit d'auteur est l'un des principaux piliers de l'économie créative, et c'est un outil stratégique essentiel pour le gouvernement fédéral. Il existe pour garantir les droits de propriété intellectuelle des producteurs et des créateurs tout en permettant aux Canadiens d'avoir un accès facile au contenu sur lequel ils comptent pour leur travail, leur divertissement et, surtout, leur éducation.
La ministre Joly a déclaré que le Canada a besoin d'un cadre de protection du droit d'auteur qui fonctionne bien dans notre univers numérique en rapide croissance et qui donne aux créateurs des possibilités d'obtenir une juste rétribution pour leur travail.
La chorégraphie est mentionnée une fois dans la Loi sur le droit d'auteur, dans les définitions. Honnêtement, je suis très contente qu'elle soit même mentionnée. Cette définition d'une oeuvre chorégraphique est dépassée, cependant. Elle pourrait, par exemple, mentionner la chorégraphie pour la scène, la chorégraphie pour des oeuvres in situ et la chorégraphie sur les plateformes numériques.
Il y a notamment eu des débats dans les médias concernant l'utilisation de la danse dans les jeux vidéo comme Fortnite. Il est donc impératif de veiller à ce que les définitions de la Loi sur le droit d'auteur soient pertinentes et à jour. Après avoir discuté avec plusieurs collègues du secteur de la danse, je sais que le droit d'auteur des oeuvres chorégraphiques et les redevances liées aux performances subséquentes sont réglés dans le cadre d'un contrat. À ma connaissance, la Commission du droit d'auteur n'a été saisie d'aucun dossier touchant des oeuvres chorégraphiques. Malheureusement, le secteur canadien de la danse n'est pas assez important en ce moment pour qu'il y ait de multiples performances et pour que des oeuvres chorégraphiques soient montées de nouveau. Les redevances sont par conséquent rares.
Fait remarquable, il y a eu des discussions à l'échelle mondiale sur la question de savoir s'il est même possible de soumettre un mouvement au droit d'auteur. En 2011, la grande vedette Beyoncé a été accusée d'avoir fait des emprunts libéralement à la chorégraphie belge Anne Teresa De Keersmaeker pour son vidéoclip Countdown. Dans le Guardian, l'écrivain Luke Jennings a affirmé qu'il serait difficile de démontrer qu'il s'agit de plagiat, puisque les oeuvres d'art font référence à d'autres oeuvres d'art.
Je ne suis pas ici pour vous parler des redevances liées à la chorégraphie, mais plutôt, principalement, de l'utilisation de la musique en danse.
La danse s'exécute normalement, en spectacle, avec de la musique en direct ou enregistrée. La musique en direct est très coûteuse, et je dirais que la majorité des membres de mon organisation utilise de la musique enregistrée. Les grosses compagnies de danse paient régulièrement des redevances pour la musique enregistrée et sont très conscientes de leurs obligations, mais les petites compagnies de danse ignorent souvent les règles et, par conséquent, ne se conforment pas.
Nos collègues de Ré:Sonne, que vous avez entendus dans le cadre de votre étude, sont conscients du fardeau administratif que doivent assumer les petites compagnies pour se conformer, et ils sont prêts à travailler avec les organisations de service lié à la danse, comme l'Assemblée canadienne de la danse, à l'organisation de webinaires servant à éduquer nos membres. L'Assemblée canadienne de la danse travaille avec ses collègues provinciaux et Ré:Sonne à améliorer la compréhension et, ainsi, le degré de conformité.
En juillet 2017, le gouvernement fédéral a annoncé son intention de réformer la Commission du droit d'auteur. L'Assemblée canadienne de la danse appuie pleinement l'examen et la réforme de la Commission du droit d'auteur. La Commission joue un rôle important pour ce qui est de veiller à ce que les créateurs et éditeurs soient rémunérés pour l'utilisation de leurs oeuvres quand il n'est pas possible d'établir les modalités de cette utilisation par la négociation. De plus, la Commission du droit d'auteur a l'obligation de consulter les secteurs touchés par les tarifs. C'est de la consultation que j'aimerais vous parler.
En danse, la Commission du droit d'auteur administre les ententes entre les écoles de danse et Ré:Sonne pour l'utilisation de musique enregistrée pendant les cours de danse, et c'est le tarif 6.B qui s'applique. La Commission administre aussi les accords avec Ré:Sonne concernant l'utilisation de musique enregistrée lors de spectacles, et dans ce cas, c'est le tarif 5.K. Il y a aussi des accords avec la SOCAN, mais je veux parler de Ré:Sonne.
Mes collègues des organisations de service provinciales qui travaillent directement avec les studios de danse de partout au Canada sont très préoccupés par le tarif 6.B, le « tarif convenu ». Le tarif a été négocié en mars 2014 entre le Conseil du secteur du conditionnement physique du Canada, GoodLife Fitness et Ré:Sonne.
Veuillez noter qu'il n'y a pas d'organisation de danse parmi les négociateurs, mais que le tarif s'applique à l'enseignement de la danse. Le tarif convenu, homologué par la Commission du droit d'auteur en mars 2015 est fixé par classe, alors que le tarif original était établi par lieu. Ce changement, combiné à une augmentation importante du taux de base, s'est soldé par un tarif convenu, considérablement plus élevé qu'avant pour les écoles de danse. Par exemple, le studio où ma fille de 4 ans suit ses cours payait 25 $ pour un permis en fonction du lieu. Maintenant, parce qu'il s'y donne 44 cours par semaine, l'école doit payer 1 100 $. Ce qui est frustrant de ces négociations, c'est que les organisations de danse n'étaient pas vraiment représentées à la table, lors de l'examen réalisé par la Commission du droit d'auteur.
Soulignons de plus que le tarif convenu s'applique aux cours récréatifs, et non aux cours éducatifs. La majorité des écoles de danse du pays se concentrent sur les enfants d'âge scolaire, ce qui fait qu'éclaircir la définition pour bien faire la distinction entre un établissement d'enseignement et une école où l'on donne des cours récréatifs pourrait avoir une incidence importante sur les frais que les écoles de danse paient.
Notons qu'en mars 2015, la Commission du droit d'auteur a supposé que le Conseil du secteur du conditionnement physique du Canada pouvait parler de cours de danse, alors qu'il y a bien sûr plusieurs organisations du domaine, des organisations de service lié à la danse, qui pouvaient parler de danse. En janvier 2018, quand le tarif 6.B a été réexaminé, un groupe de danse provincial a participé brièvement aux discussions, l'Association canadienne des professeurs de danse, mais il n'a pas pu se permettre de continuer à participer à toutes les discussions.
Je reconnais pleinement que les actions de la Commission du droit d'auteur ne relèvent pas du Comité, mais je tiens à souligner ici que la danse n'a pas été représentée afin que ce soit connu du public.
Au nom de l'Assemblée canadienne de la danse, je souhaite encourager le Comité à se concentrer sur la rémunération équitable des artistes, dans le cadre de son étude.
En guise de conclusion, l'Assemblée canadienne de la danse recommande que le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie modifie la Loi sur le droit d'auteur de deux façons: premièrement, en précisant la définition de la chorégraphie de sorte qu'elle soit le reflet de la profession de la danse en 2018, et deuxièmement, en réexaminant la définition des établissements d'enseignement pour tenir compte des instituts de formation non gouvernementaux comme les écoles de danse.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à vous et aux membres du Comité de me permettre de prendre la parole cet après-midi.
Je suis avocat spécialisé en droit du travail et en droits de la personne, ici même à Ottawa, mais n'insistons pas trop là-dessus. J'ai beaucoup travaillé auprès des artistes en arts visuels depuis une dizaine d'années, et je suis récemment devenu membre du conseil d'administration de l'organisme Droits d'auteur Arts visuels que je représente ici aujourd'hui.
Nous sommes une organisation sans but lucratif de gestion collective des droits d'auteur qui est dirigée par des artistes. Nous avons soumis un mémoire où nous formulons trois recommandations qui, à notre avis, vont influer directement et considérablement sur le gagne-pain des artistes en arts visuels au Canada. Je vais vous soumettre sans plus tarder ces trois recommandations avant d'être bien sûr à votre disposition pour répondre à toutes vos questions une fois que tous les exposés auront été présentés.
Nos trois recommandations portent sur l'utilisation équitable, le droit d'exposition et le droit de suite de l'artiste.
Je vais d'abord vous parler d'utilisation équitable. Les représentants d'Access Copyright et d'autres groupes d'auteurs et d'éditeurs vous ont déjà parlé cet été de l'ajout de l'éducation aux exceptions touchant l'utilisation équitable à la suite des modifications apportées à la loi en 2012. La loi ne définit cependant pas la portée de cette exception. Depuis lors, les établissements d'enseignement ont décidé d'établir leurs propres lignes directrices en matière d'utilisation équitable, ce qui est problématique pour les artistes des arts visuels. En outre, ces établissements ont cessé de se procurer des licences collectives auprès d'Access Copyright en invoquant l'exception relative à l'utilisation équitable. Bien que les paiements ponctuels aux artistes visuels soient modestes, ceux-ci y trouvent une source régulière de revenus. Il y a quelques années, un artiste pouvait payer un mois de loyer avec ses redevances annuelles. Ils ne reçoivent désormais que 50 $ par année en moyenne. Au cours des quatre dernières années, les redevances payées par Access Copyright aux artistes visuels ont chuté de 66 %, passant d'un montant nettement supérieur à 500 000 $ à un total inférieur à 200 000 $. Dans des endroits comme le Royaume-Uni, l'Australie et les pays scandinaves, des restrictions en matière d'utilisation équitable ont été inscrites dans la loi pour en arriver à un juste équilibre entre les droits des utilisateurs et ceux des créateurs, lorsque le gagne-pain des artistes n'est pas en jeu. Nous recommandons que l'on intègre un libellé similaire à notre loi de manière à ne pas interférer avec l'octroi de licences collectives. Vous trouverez de plus amples détails à ce sujet dans notre mémoire et je vous encourage également à consulter celui que vous a présenté Access Copyright durant l'été. Vous y aurez droit à une analyse détaillée de ces questions.
Notre deuxième recommandation concerne le droit d'exposition et la date butoir de 1988. Comme vous le savez tous, la loi prévoit un droit d'exposition permettant aux artistes d'exiger un paiement pour l'exposition de leurs oeuvres à des fins autres que la vente ou la location. Or, les galeries d'art et les musées publics ne sont pas tenus de payer des droits aux artistes pour les oeuvres créées avant le 8 juin 1988, date d'entrée en vigueur de ce droit d'exposition. L'application de cette date butoir est discriminatoire à l'encontre des artistes âgés et de leurs héritiers. Certains musées choisissent de payer les artistes pour les oeuvres créées avant cette date, mais la plupart ne le font pas. En l'absence de droits légaux mieux affirmés, il n'est pas rare que les artistes plus âgés ne soient pas payés, alors que leurs jeunes homologues n'ont pas à composer avec ce problème. À nos yeux, il ne serait pas difficile d'établir que cette mesure discriminatoire contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés. Nous recommandons par conséquent que l'on élimine la date butoir de 1988 et que le droit d'exposition soit étendu à toutes les oeuvres assujetties à un droit d'auteur et s'applique donc pendant toute la vie de l'artiste et jusqu'à 50 ans après sa mort.
Notre dernière recommandation porte sur le droit de suite de l'artiste. Ce droit de suite ou de revente est une redevance qu'un artiste des arts visuels devrait toucher chaque fois que son oeuvre est revendue publiquement par une maison d'encan ou une galerie commerciale. Si un artiste vend ou donne une oeuvre qui est revendue par la suite, nous voudrions que lui-même ou sa succession reçoive un montant équivalent à 5 % du prix de vente. C'est une somme plutôt symbolique. À l'heure actuelle, les artistes canadiens sont payés uniquement au moment de la vente initiale de leur oeuvre. Cette redevance contribuerait grandement à améliorer la situation financière des artistes. Un auteur ou un compositeur continue à être payé tant et aussi longtemps que des gens achètent ses livres ou ses chansons. Les artistes des arts visuels devraient aussi être payés lorsque leurs oeuvres reviennent sur le marché et sont revendues, car ils en conservent la propriété intellectuelle. Le droit de suite n'est pas un nouveau phénomène. Il est appliqué dans plus de 90 pays du monde. L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) s'efforce de rendre l'application de ce droit obligatoire à l'échelle internationale. Cette application est pour l'instant optionnelle pour les signataires de la Convention de Berne. L'an dernier, le CIAGP, un conseil représentant les collectifs de droits d'auteur en arts visuels sur la scène internationale, a adopté une motion exhortant le et la , alors qu'elle était encore ministre du Patrimoine canadien, à adopter le droit de suite de l'artiste et à appuyer la ratification d'un traité international à l'OMPI.
Nous vous exhortons à joindre les rangs d'une communauté internationale qui appuie les artistes en adoptant le droit de suite de l'artiste.
Je dois noter qu'en 2011, votre comité a appuyé nos efforts en ce sens en nous encourageant à travailler à l'adoption d'un tel droit de suite, via un projet de loi d'initiative parlementaire. C'est ce que nous avons tenté de faire en 2013, mais l'initiative n'a pas abouti.
Merci pour le temps que vous m'avez consacré. Je serai ravi d'essayer de répondre à toutes les questions que vous voudrez bien m'adresser.
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Merci de m'avoir invitée à prendre la parole devant vous.
Je m'appelle Robin Sokoloski et je suis directrice générale de la Playwrights Guild of Canada, une organisation qui s'emploie depuis 46 ans à protéger et mettre en valeur le travail des auteurs dramatiques. Mes 10 années de travail au sein de notre organisation m'ont appris à quel point il pouvait être difficile de protéger le travail de nos créateurs artistiques tout en veillant à ce que leurs oeuvres soient accessibles.
Je vous suis reconnaissante de bien vouloir consacrer le temps et l'attention nécessaires à l'examen des enjeux complexes liés au droit d'auteur, surtout dans le contexte d'un milieu en constante évolution.
Je veux vous parler aujourd'hui des répercussions que peuvent avoir les dispositions de la Loi sur le droit d'auteur actuellement en vigueur sur le contenu artistique, et ce, du point de vue des membres de notre organisation, soit plus de 900 auteurs dramatiques du Canada. Comme le font si bien nos membres, je vais commencer par vous raconter une histoire.
Il y a environ un an, un des membres les plus en vue de la Playwrights Guild of Canada, David Craig, a été invité à discuter de son travail devant une classe d'étudiants. David écrit des pièces de théâtre s'adressant à un public jeunesse, un genre théâtral qui, lorsqu'il est bien maîtrisé, peut permettre d'améliorer grandement les comportements des jeunes, notamment pour ce qui est de l'empathie et du respect d'autrui. Vous pouvez imaginer la consternation de David lorsqu'il s'est rendu compte en arrivant dans cette classe que chaque étudiant avait devant lui une copie de la version intégrale de sa pièce, sachant que celle-ci est publiée par un éditeur canadien, Playwrights Canada Press, et que notre organisation reçoit du financement gouvernemental pour en assurer l'accessibilité au plus grand nombre.
Si je vous donne cet exemple aujourd'hui, c'est pour illustrer, aussi clairement que possible, les défaillances attribuables à l'ambiguïté inhérente à notre Loi sur le droit d'auteur, et plus particulièrement à l'incertitude qui règne quant au contexte de l'éducation.
L'éducation n'a pas été définie lorsqu'on l'a ajoutée à titre d'objet d'utilisation équitable dans le cadre de la Loi sur la modernisation du droit d'auteur. Le milieu de l'éducation a ainsi adopté unilatéralement ses propres lignes directrices en la matière. Ces lignes directrices permettant la copie d'oeuvres ont été récemment jugées inéquitables, aussi bien dans leur énoncé que dans leur application, par la Cour fédérale du Canada. Reste quand même que le recours à la photocopie demeure bien présent dans le milieu de l'éducation. Je sais que vous êtes tous bien au fait de la situation, mais j'aimerais vous rappeler les conséquences pour les auteurs dramatiques canadiens. Depuis 2011, Playwrights Canada Press, l'éditeur de cet ouvrage, a vu les redevances versées par Access Copyright chuter de 86 %. Elles sont ainsi passées de 28 000 $ en 2012 à 4 000 $ en 2017. Cette source de revenus permet à l'entreprise de publier d'autres oeuvres canadiennes.
Chacun de nos membres signale une dégringolade de ses revenus provenant des droits d'auteur. Cette réduction de l'ordre de 85 % sur une période de cinq ans se traduit par des milliers de dollars de revenus en moins. Ces exemples témoignent éloquemment des effets concrets de ces statistiques que l'on vous répète sans cesse, comme les 600 millions de pages de contenu protégé par le droit d'auteur qui sont photocopiées sans frais chaque année dans le milieu de l'éducation. Ce total ne tient pas compte du contenu rendu accessible via les licences d'utilisation des bibliothèques scolaires ou les licences d'accès libre. Pour ces 600 millions de pages dont on vous parle toujours, on a fonctionné un peu comme pour celles de cet ouvrage-ci.
Nous devons tous faire de notre mieux pour sensibiliser les gens à la valeur des arts et de nos artistes canadiens. Nous octroyons des licences de droits de représentation pour amateurs aux écoles qui souhaitent monter les pièces de l'un de nos membres. Nous constatons qu'il est de plus en plus fréquent que nous ayons à rappeler à l'ordre des écoles qui ont négligé de demander l'autorisation avant de présenter une telle production. Dès que ce manquement est porté à leur attention, les écoles s'empressent de faire le nécessaire rétroactivement sans que cela ne pose aucune difficulté. Cela s'explique du fait que la Loi sur le droit d'auteur autorise la Playwrights Guild of Canada à prendre les mesures requises pour que ses membres soient rémunérés lorsque leurs oeuvres sont utilisées.
Je tenais toutefois à vous exposer cette problématique, car il semble bien évident que les gens peuvent oublier facilement la question des droits d'auteur lorsqu'ils utilisent la propriété intellectuelle d'autrui. Il y a certaines actions à entreprendre pour créer un environnement florissant autant pour les artistes que pour les étudiants canadiens, et je me sens obligée d'y voir dans bon nombre de cas, à titre de directrice générale de notre organisation. J'aurais donc des recommandations à vous adresser — seulement deux, en fait —, en vue de favoriser l'émergence d'un contexte encore plus propice à la création et à l'apprentissage.
Premièrement, nous estimons que l'on devrait rayer l'éducation parmi les fins d'utilisation équitable prévue dans la Loi sur le droit d'auteur. En y laissant cette catégorie qui prête à interprétation, on a favorisé l'utilisation inappropriée. Dans l'arrêt York, le juge de première instance a conclu qu'il avait été clairement établi que la pratique permettant de faire des photocopies sans frais en vertu de la politique du secteur de l'éducation s'était substituée à l'achat de livres. Malgré cette décision judiciaire, les comportements n'ont pas changé dans le milieu de l'éducation. Rien ne peut justifier que l'on traite ainsi les artistes canadiens comme de simples fournisseurs que l'on n'a pas à rémunérer. En rayant le terme « éducation », on évitera aux parties en cause de s'enliser dans des procédures judiciaires qui semblent désormais vouloir se multiplier.
Notre seconde recommandation serait que l'on revienne à un régime d'octroi de licence par le truchement d'organisations de gestion collective comme Access Copyright.
Comme vous le savez sans doute, après les modifications apportées à la loi en 2012, le milieu de l'éducation dans l'ensemble du Canada, à l'exception du Québec, a renoncé aux licences collectives et cessé de payer les droits obligatoires. Pour dire les choses simplement, les oeuvres des membres de notre organisation nationale continuent à être utilisées sous licence par le milieu de l'éducation au Québec, contrairement à ce qui se passe dans le reste du Canada où elles sont accessibles sans licence.
La solution pour offrir à peu de frais un accès facile aux oeuvres protégées par droit d'auteur tout en rémunérant adéquatement les artistes existe déjà sous la forme des collectifs comme Access Copyright. Vous pourriez aisément favoriser le recours à cette solution en harmonisant les dommages-intérêts préétablis à verser à ces collectifs.
À l'heure actuelle, seules deux sociétés de gestion collective des droits d'auteur, la SOCAN et Ré:Sonne, peuvent exiger des dommages-intérêts préétablis atteignant entre 3 et 10 fois la valeur du droit non payé. Les autres sociétés comme Access Copyright, celle qui a été mise sur pied pour assurer le paiement des redevances à nos membres, ne peuvent pour l'instant réclamer que le montant du droit impayé.
Un tel changement aurait un impact considérable. En plus de son effet dissuasif, il favoriserait les règlements hors cour et permettrait des gains d'efficience dans le système judiciaire en réduisant le nombre de ces poursuites interminables dont je parlais précédemment.
C'est le mieux-être de la collectivité qui fait foi de l'efficacité d'une politique. Les nouvelles dissensions créées par les modifications apportées à la Loi sur le droit d'auteur en 2012 ne vont pas dans le sens d'une communauté où il fait bon travailler, vivre et apprendre. La mise en oeuvre des recommandations que je vous ai soumises aujourd'hui permettrait d'améliorer le sort des créateurs artistiques canadiens ainsi que des étudiants qui s'en inspirent.
Je vous remercie.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, nous vous remercions de nous avoir invités à participer à l'examen de la Loi sur le droit d'auteur.
Je m'appelle Élisabeth Schlittler et je suis déléguée générale au Canada de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, ou SACD, et de la Société civile des auteurs multimédia. Cela va faire hurler, mais l'acronyme de la Société civile des auteurs multimédia est SCAM. Comme cela fait 30 ans que je dis « la SCAM » dans mon texte, je vais continuer à le dire. Je suis accompagnée par M. Patrick Lowe, scénariste et représentant du Comité des auteurs.
La SACD et la SCAM ont des bureaux à Montréal depuis plus de 30 ans. Ces deux sociétés gèrent, au Canada et à l'international, les droits de leurs membres sur un vaste répertoire d'oeuvres dramatiques et documentaires, ce qui explique les deux sociétés. Elles ont été chargées par leurs auteurs membres de négocier, de percevoir et de répartir les redevances versées par les utilisateurs des oeuvres des répertoires audiovisuel, radiophonique et scénique. Ce sont deux sociétés de gestion collective au sens de la Loi sur le droit d'auteur.
La SACD regroupe les auteurs d'oeuvres à caractère dramatique, soit des scénaristes, des réalisateurs et des réalisatrices. Je précise qu'il s'agit de directors en anglais, et non pas de producers. Nous représentons également des dramaturges, des chorégraphes, des compositeurs et des metteurs en scène.
De son côté, la SCAM représente les scénaristes, les réalisateurs et les réalisatrices d'oeuvres à caractère documentaire.
La SACD-SCAM représente près de 2 000 auteurs canadiens, francophones et anglophones, qui sont essentiellement des scénaristes et des réalisateurs de séries télévisuelles, de longs métrages, de dessins animés, de courts métrages, de séries Web et radiophoniques ainsi que des dramaturges et des chorégraphes.
En adhérant à la SACD ou à la SCAM, les auteurs nous apportent, entre autres, leur droit de communiquer leurs oeuvres au public par télécommunication. À titre d'exemple, le répertoire audiovisuel de la SACD est constitué de longs métrages tels que La chute de l'empire américain, de Denys Arcand, et de séries telles que District 31, de Luc Dionne. Le répertoire de la SCAM est constitué de documentaires tels que Roger Toupin, épicier variété, de Benoît Pilon, et de Un pont entre deux mondes, de Pascal Gélinas.
En contrepartie des apports de droits d'auteur, la SACD-SCAM leur assure de négocier les conditions des licences qu'elle accordera notamment aux chaînes de télévision et aux plateformes numériques leur permettant d'exploiter nos répertoires.
Au Canada, la SACD-SCAM a négocié des licences qui couvrent six chaînes traditionnelles, vingt chaînes spécialisées, une chaîne payante, cinq plateformes numériques, une chaîne de radio et une entente pour les droits du câble.
Grâce aux contrats négociés par la SACD-SCAM en France, en Belgique, au Luxembourg et à Monaco avec les chaînes de télévision, les plateformes numériques telles que YouTube et Netflix, et à ses ententes avec des sociétés d'auteurs notamment en Suisse, en Italie, en Espagne et en Pologne, les membres canadiens sont assurés de recevoir les redevances qui leur reviennent pour l'exploitation de leurs oeuvres dans ces pays.
Le principe de rémunération défendu par la SACD-SCAM, notamment dans les pays francophones d'Europe, et qui est implanté au Québec est très simple: un auteur doit être lié à la durée de vie économique de son oeuvre et il doit être rémunéré pour toutes les formes d'exploitation de cette dernière.
À ce titre, la gestion collective des droits continue d'être indispensable, particulièrement à l'ère du numérique. L'examen actuel de la Loi sur le droit d'auteur doit favoriser la création des oeuvres et la juste rémunération des auteurs en outillant plus adéquatement les sociétés de gestion collective.
Il est temps de faire contrepoids aux multiples exceptions adoptées en 2012 et de se souvenir que cette loi est censée protéger les auteurs.
Le gouvernement doit stopper le pillage des biens intellectuels issus du travail des auteurs. Il doit envoyer un message clair que tout travail mérite salaire et qu'on ne peut pas tout obtenir gratuitement.
Dans notre mémoire déposé en mai, vous trouverez le détail de nos recommandations, dont voici un bref aperçu.
Tout d'abord, nous recommandons que le flou juridique entourant la question de la titularité des droits sur l'oeuvre cinématographique — enfin, l'oeuvre audiovisuelle — soit clarifié. Selon nous, il est nécessaire de préciser qu'il s'agit d'une oeuvre de collaboration entre plusieurs coauteurs et de prévoir une présomption de titularité au bénéfice du scénariste et du réalisateur. Cette clarification nous permettra, notamment, de négocier avec les chaînes et les plateformes canadiennes la rémunération de nos membres réalisateurs, qui en ont été privés jusqu'ici.
À l'instar de la majorité des pays disposant d'un régime de copie privée, nous recommandons que le régime canadien de copie privée soit étendu aux oeuvres audiovisuelles et qu'il s'applique à tous les supports utilisés par les consommateurs pour les reproduire. Cette extension du régime à l'audiovisuel corrigerait ainsi une situation impossible à justifier aux auteurs et aux sociétés soeurs avec lesquelles nous avons des ententes fondées sur la réciprocité.
À l'instar du Parlement européen, nous recommandons que tous les intermédiaires du numérique contribuent au financement du contenu culturel, puisqu'ils l'acheminent ou y donnent accès à leurs abonnés et en tirent des profits.
Nous saluons la démarche du visant à trouver des solutions fiscales au commerce électronique, mais nous demandons que toutes les taxes perçues par les entreprises nationales le soient également par les entreprises étrangères, et qu'une part des sommes ainsi perçues soit réservée au financement de la culture canadienne.
Finalement, nous nous réjouissons que le Canada se soit engagé, dans l'Accord États-Unis—Mexique—Canada, à modifier enfin la durée du droit d'auteur au Canada en la portant à 70 ans afin de refléter la durée prolongée de l'exploitation des oeuvres et d'harmoniser la loi canadienne avec les lois étrangères modernes.
Au nom des membres de la SACD-SCAM, nous vous remercions de votre attention et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Merci.
Je vais d'abord m'adresser à Mme Cornell. Vous avez indiqué au départ que vous alliez vous intéresser surtout à l'aspect musical de la danse, plutôt qu'à sa composante chorégraphique.
Comme je veux contribuer à faire en sorte qu'il soit davantage question de chorégraphie dans la loi, je vais me concentrer sur cet aspect.
Je n'étais pas au fait de l'exemple que vous avez donné dans le cas de Beyoncé. Je vais vous donner un autre exemple en citant un article publié en septembre 2018 dans le magazine Forbes où l'on traite des jeux vidéo et, plus particulièrement, des jeux Epic. Je vais simplement vous en lire un extrait:
Selon Chance the Rapper, l'un des premiers artistes à se prononcer sur la question, Fortnite
... un jeu vidéo qui utilise des danses...
profite indûment de danses déjà baptisées et reconnaissables sans en donner le crédit à leurs créateurs ni les rémunérer. « Fortnite devrait faire jouer la chanson originale en rap en même temps que les danses qui font sa fortune à titre d'“emotes” », a-t-il déclaré... « Des rappeurs noirs ont créé et popularisé ces danses, mais n'en tirent aucun bénéfice pécuniaire. Imaginez si tout l'argent dépensé pour ces « emotes » était partagé avec les artistes qui les ont créés. »
Comme nous sommes nombreux à le savoir, Epic Games a gagné plus d'un milliard de dollars avec Fortnite depuis sa mise en ligne en septembre de l'an dernier. On peut y jouer gratuitement, si bien que la plus grande partie des profits viennent de la vente de ces « emotes » que mon fils connaît sans doute beaucoup mieux que moi.
Vous nous avez dit que la définition était désuète. Comment pourrions-nous mettre à jour la définition de « chorégraphie » pour l'adapter à cette nouvelle réalité numérique, comme en témoigne l'exemple de Beyoncé, et comment pouvons-nous modifier la Loi sur le droit d'auteur pour apporter les correctifs nécessaires à l'égard de la situation que je viens de décrire pour les danseurs et les chorégraphes, surtout dans le contexte numérique?
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Je remercie tous les témoins pour leurs opinions.
Madame Cornell, je tenais à vous remercier de votre analyse. J'ai déjà dirigé une école d'arts martiaux qui avait pour voisine une école de ballet. Vous avez fait des observations sur les tarifs et l'absence de représentation. Effectivement, je crois que la représentation dans la discussion sur le tarif 6.B est nécessaire, parce que le modèle d'entreprise qu'incarnent les écoles de ballet diffère beaucoup du modèle sur lequel se calque le gymnase commercial, particulièrement les GoodLife Fitness, ne serait-ce qu'en raison de l'échelle de différences entre les deux et de leurs façons de faire. Sur ce point, vos observations sont bien notées.
Sur la chorégraphie, je m'aperçois de la justesse des remarques, quand on utilise le travail d'une artiste comme Beyoncé sans la reconnaître comme il se doit. Bien sûr, ça finit toujours par s'arranger, parce que, grâce à l'Internet, nous pouvons l'analyser et juger par nous-mêmes.
Vu mes antécédents dans les arts martiaux, je sais que les instructeurs du domaine sont très prompts à commercialiser ce qu'ils peuvent. Nous remettons au goût du jour d'anciennes disciplines que nous nous approprions. Un droit d'auteur touche les marques de commerce et ainsi de suite, pour assurer la commercialisation originale de la prétendue nouvelle discipline, mais, dans le même ordre d'idées, nous reprenons des mouvements millénaires. Comment les reconditionner et les moderniser, puis réclamer des redevances? Nous avons vu, dans les arts martiaux, comment, désormais, quelqu'un, à l'autre bout du monde, peut comparer différentes techniques. Si nous commencions à autoriser un droit d'auteur aux mouvements de danse, je suis convaincu que nous verrions bientôt des gens réclamer des droits d'auteurs pour leur propre discipline en arts martiaux. Qu'en pensez-vous?
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... parce que, encore une fois, c'est le corps humain. C'est l'art momentané, et personne ne peut réclamer la paternité d'un mouvement ou d'une suite de mouvements, parce que c'est essentiellement des arts martiaux, dans une grande mesure.
Selon certains témoignages, des groupes d'artistes voudraient bénéficier de l'extension du droit d'auteur aux oeuvres employées dans des films. Les enregistrements sonores qu'on y emploie étant diffusés à répétition exigent des redevances répétées, d'après certains témoignages.
Actuellement, les enregistrements sonores entraînent une rémunération du travail proprement dit. Si, ensuite, ils sont rediffusés dans un cinéma ou joués en continu sur une plateforme, c'est autre chose.
Un représentant de l'Association cinématographique du Canada, qui s'y opposait, nous a prévenus que ça pourrait s'étendre aussi aux numéros de danse. Il a dit que, actuellement, le réalisateur versait un montant forfaitaire au chorégraphe qui n'est pas autorisé à recevoir ensuite de rémunération quand l'oeuvre était intégrée dans un film. Essentiellement, quand les créateurs vendent l'oeuvre pour un film, ils n'ont pas droit, plus tard, à des redevances supplémentaires.
Est-ce que votre association appuierait des modifications de la loi pour le versement de redevances aux chorégraphes pour la diffusion de leur oeuvre?
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Je suppose que ça fonctionne dans ce cas précis.
Cependant, d'après de nombreux témoignages, on peut, dans certains cas, à l'extérieur du Québec, faire insérer dans les contrats entre la société et le réalisateur, chorégraphe ou producteur de son, une clause de rémunération.
Encore une fois, nous parlons du statu quo d'un bout à l'autre du pays. C'est la raison pour laquelle je le demande, si nous la rendons obligatoire pour toute diffusion continue sur une plateforme comme Netflix ou CraveTV, elle entraînera un surcoût qui pourra empêcher des travaux au Canada, à l'avenir. Je m'interroge aussi, parce que nous n'aurons alors pas d'écosystème où on pourra se trouver du travail.
Je reconnais le régime qui semble différent au Québec, mais nous parlons de ce qui se passe actuellement, dans tout le pays.
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Je joue à Fortnite. Je connais donc assez bien les pas de danse de ce jeu et d'autres jeux. C'est une nouveauté intéressante.
Pour ceux qui ne savent pas, ces danses durent de deux à cinq secondes, selon le jeu, mais elles n'ont habituellement aucun rapport avec lui. Elles font partie d'une forme d'expression des joueurs en ligne, qu'ils utilisent entre eux, souvent dans les salles d'attente ou pendant l'attente avant le jeu; elles peuvent aussi être une forme d'expression manifestée pendant le jeu. Elles ne sont pas propres à Fortnite. Des centaines de jeux intègrent ces danses.
Voici ma question: où tirer la ligne? On peut en acheter, mais c'est souvent à partir de crédits accordés au joueur. Certains de ces crédits — un certain problème est survenu, qui a été réglé par Battlefront — sont presque devenus une loterie. Ç'a été critiqué pour les coffres à butin et à d'autres trucs de ce genre, quand on achetait des améliorations pour les armes, les costumes ou les pas de danse.
Ces « emotes » peuvent aussi être des expressions ou des citations très répandues dans la culture pop, qui proviennent de films ou d'autres sources qui en sont devenues des sources généralement acceptables pour cet usage.
Avez-vous une idée de la distinction à établir et des modalités de la rémunération? Encore une fois, on peut en obtenir gratuitement. Le joueur obtient des unités de crédit en ligne.
Quelles seraient les modalités de la rémunération? Si c'est une suite de mouvements de trois à cinq secondes, ça s'insère aussi dans le contexte social du jeu — et non dans le jeu lui-même — comment limiter cet usage? Dans les salles et les éléments d'un monde virtuel où on ne se gêne pas pour exécuter ces pas de danse, c'est comme si, ici, vous tourniez les pouces vers le haut.
Ça comprend tous les mouvements de danse qui remontent à des expressions culturelles slaves ou russes ou à d'autres danses de l'est de l'Europe où on déplie la jambe en pointant le pied loin du corps, jusqu'aux mouvements de planche à roulettes apparus au sommet de la gloire de Tony Hawk, en passant par ceux qui sont apparus à l'émergence de cette culture.
Comment quantifier ces mouvements. Feriez-vous une distinction entre leur exécution, encore une fois dans un cadre virtuel, avant le jeu, quand le joueur s'exprime, en baignant dans cette culture où il sait tous ses gestes épiés et diffusés? Ça ne serait pas différent du monde réel.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais aussi aborder la question des manuels, madame Sokoloski. Il est clair qu'on observe un déclin précipité des revenus d'édition scolaire, d'après les témoignages que ce comité a recueillis, comme d'après les recherches de nos analystes. Il est assez ahurissant de constater à quel point le secteur de l'édition scolaire a souffert de la loi de 2012 sur le droit d'auteur. Vous avez dit que 600 millions de pages étaient reproduites sans aucune rémunération pour les auteurs. Il y a la décision rendue par la cour dans l'affaire de l'Université York qui doit toujours entrer en vigueur. Compte tenu de tous ces éléments, on obtient un portrait clair de l'effet des modifications de 2012 et on voit que l'inclusion du secteur de l'éducation aux dispositions sur l'utilisation équitable a eu un effet profond sur l'industrie.
Vos recommandations et celles d'autres témoins sont claires: il faut retirer l'éducation des dispositions de la loi sur l'utilisation équitable.
J'aimerais creuser un peu plus la question. J'ai été choqué de découvrir que notre commission scolaire locale n'achète plus de manuels scolaires pour les élèves du secondaire. Je n'en revenais pas. Je ne comprends pas comment on peut faire ses études secondaires sans un seul manuel. J'ai trois jeunes enfants à l'école. Au primaire, ils reçoivent des photocopies qui se retrouvent dans le fond de leurs sacs avec les restes de boîtes de jus, les espadrilles, les vêtements d'éducation physique sales et tout le reste. Il est parfois frustrant d'essayer de trouver un sens à tout cela.
J'ai fait toutes mes études à l'aide de manuels; ils étaient l'épine dorsale de mes apprentissages, donc je n'en reviens pas, et apparemment, ce n'est pas propre à notre seule commission scolaire locale. Il y a beaucoup de commissions scolaires de la province qui n'achètent plus de manuels. J'arrive ensuite à ce comité, où j'apprends tout cela sur le fait que l'éducation ait été incluse aux dispositions sur l'utilisation équitable et le déclin précipité des ventes. J'y réfléchis depuis quelques semaines.
Les établissements secondaires et postsecondaires ont-ils arrêté d'acheter des manuels à cause des coûts ou s'agit-il d'une nouvelle mode? Manifestement, l'échappatoire ou la modification apportée à la loi de 2012 leur permet de ne pas acheter autant de manuels qu'ils ne le faisaient avant 2012, ou à tout le moins c'est l'interprétation qu'ils en font. Outre cette modification législative, qu'est-ce qui cause le déclin précipité de l'achat de manuels dans les écoles secondaires et les universités? Le but est-il de réduire les coûts pour les étudiants et le système, ou s'agit-il d'une mode, selon laquelle nous n'aurions plus besoin de manuels et nous n'aurions qu'à assembler divers documents multimédias en ligne pour éduquer les étudiants de nos jours?
M. Longfield a commencé à poser une question que je voulais poser sur les danses autochtones, comme nous nous demandons comment gérer les droits d'auteur autochtones. Nous n'avons pas su bien le faire jusqu'ici. Nous cherchons des solutions. Nous savons qu'il y a des groupes plus vulnérables à ce genre de problème, et les Premières Nations en font partie.
À l'époque de la télévision en noir et blanc, par exemple, on voyait beaucoup de danses autochtones dans les westerns. Il n'y avait alors absolument aucune indemnité ni de permission demandée.
Je vous suis reconnaissant de vos observations sur cette question. Nous avons d'excellents danseurs aussi. Richard Kim, à Sault Ste. Marie, est bien connu dans le monde, et Tanya Kim est sa soeur. Il y a beaucoup d'autres artistes.
Nous avons parlé des différentes technologies qui nous sont imposées dans toutes sortes de contextes. Nous parlions du photocopieur avant qu'il ne puisse être utilisé pour photocopier des oeuvres entières. Cela a déjà été une nouvelle technologie pour des têtes grises comme moi. Ce n'était pas possible avant. Nous avons donc vu beaucoup de choses du genre se passer. Je pense qu'il y a plus de politiques, de règles et de lois sur toutes ces questions de nos jours.
Il y a de nouvelles technologies, comme Spotify, Google, les divers produits Apple et je ne sais quoi d'autre. Pouvez-vous nous décrire comment elles touchent vos organisations? Votre groupe est-il mieux ou moins bien rémunéré dans ce contexte?
Est-ce que quelqu'un veut briser la glace?
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Je crois que la motion est très raisonnable et juste. Tout d'abord, je peux donner des précisions sur une ou deux choses qu'a mentionnées M. Longfield. J'étais à Washington le jour où l'entente de principe a été conclue. m'a demandé, pour l'association parlementaire Canada-États-Unis, d'y être avec M. MacDonald en tant que membre d'un groupe bipartite, la délégation canadienne pour les réunions de la Border Trade Alliance. C'était intéressant d'y être à ce moment-là.
Les États-Unis ont décidé de déposer leur texte immédiatement. Ils ont habituellement 30 jours pour déposer leur texte, le corriger, et c'est pourquoi une partie du texte contient des erreurs. Par exemple, on a inversé le Mexique et le Canada à certains endroits. Or, ils l'ont fait pour lancer leurs discussions publiques, et c'est ce qui sera présenté au Congrès.
Voilà ce qu'il en est du processus actuel, mais il est indépendant du nôtre. Rien ne peut changer dans ce processus concernant l'entente finale. Ils présenteront des rapports au Congrès et le Sénat les examinera, mais rien ne peut changer dans l'entente. Elle correspond exactement à ce qui a été déposé aux États-Unis. Elle peut faire l'objet de modifications liées à la grammaire, par exemple, mais rien ne changera quant au fond.
De nombreuses audiences ont lieu — on a vu le gouverneur du Kentucky exprimer des préoccupations récemment —, mais elles visent à obtenir le point de vue du public de sorte que les membres du Congrès comprennent la situation avant de voter. C'est l'examen qu'ils en font. Je dirais que ce que nous faisons ici est similaire. Selon leur processus parlementaire d'évaluation, différents comités retourneront au Congrès, alors que dans notre cas, le ministre vient en parler. Nul doute qu'il serait utile de tenir une réunion à ce sujet, car cela permettrait également de dissiper la confusion concernant certaines dispositions sur lesquelles le Parlement doit se prononcer.
Je crois que c'est une démarche très raisonnable. À mon avis, il est presque déraisonnable de notre part de poursuivre l'étude sans tenir cette discussion. La situation est telle que nous faisons rapport sur une chose au sujet de laquelle les règles ont déjà changé sans avoir reçu même une observation à cet égard. En toute honnêteté, je crois qu'il serait absurde que nous prétendions que nous allons consacrer un an et demi et tous ces fonds publics et ce temps à une étude portant sur un sujet que notre plus important partenaire commercial... et nos liens sont tellement pertinents. Même avant, des témoins nous ont parlé de la loi américaine et des conséquences pour les artistes canadiens, nos industries culturelles, et j'en passe, que nous parvenions à une entente ou non. Et il se peut que l'entente ne soit pas adoptée par le Congrès actuel. Nous ne le savons pas.
Ce que nous savons en ce moment, c'est qu'on nous demande de préparer un rapport qui se fonde sur les choses qui sont devant nous, ce qui inclut maintenant l'entente possible entre le Canada et les États-Unis. Je crois qu'il est raisonnable de tenir une réunion avec le ministre pour avoir une idée juste de la situation et inclure dans notre rapport des commentaires à ce chapitre.
Si nous devons avoir des observations à ce sujet, j'inclurais le ministre et je crois que nous aurions alors probablement une excellente occasion d'obtenir des précisions sur une partie de ces questions.
Je sais que le secteur de l'automobile, par exemple, n'est pas inclus, mais parce que nous menons cette étude, c'est très pertinent. C'est pourquoi ce serait un peu plus valable puisqu'on semble si préoccupé par le côté politique. Je crois que nous devrions tenir une séance distincte sur le secteur automobile à ce sujet. Je l'ai étudié et j'ai demandé à des avocats spécialisés en droit commercial de le faire et il y a toute une liste de qualificatifs pour ce secteur, ce qui est très complexe. Or, cela n'a rien à voir avec ce que nous faisons maintenant. Nous ne sommes pas en train de mener une étude sur le secteur de l'automobile. Nous faisons l'examen sur le droit d'auteur, et nous venons de conclure une entente qui changera les choses à cet égard. Je crois que ce serait une très bonne occasion d'intégrer cela à ce que nous présenterons. Je suis désolé de m'éterniser, mais je crois que c'est important.
Nous allons présenter quelque chose au ministre, mais il devra répondre et nous soumettre quelque chose et peut-être prendre une mesure avant que la législature se termine. Puisque le temps est limité, je crois qu'il serait très utile d'inclure cet élément.
Il serait probablement étrange de le faire sans cela. Je crois que c'est la première chose qu'on dirait. Comment avez-vous fait tous ces travaux pour ensuite faire comme si l'entente avec les États-Unis n'avait pas été conclue? C'est pire qu'ignorer la présence de l'éléphant dans la pièce. C'est essentiellement comme si l'éléphant mourait dans la pièce et qu'on restait là à le laisser pourrir. Pendant ce temps, une entente est conclue. Les discussions se poursuivent, et l'odeur devient de plus en plus nauséabonde.
Je crois que ce serait bien de tenir une séance et c'est suffisant.