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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du Comité. Je m'appelle Susan Hart et je suis la directrice générale de la Direction générale d'Un Canada branché, à Innovation, Sciences et Développement économique, l'organisation responsable de la gestion de deux programmes à large bande visant les collectivités rurales et éloignées: le programme Un Canada branché et le programme Brancher pour innover, qui avait été présenté dans le budget fédéral de 2016.
Je suis heureuse de me présenter devant vous pour une deuxième fois en vue de faire le point sur le programme à large bande nouvellement lancé, Brancher pour innover. Je suis accompagnée de trois de mes collègues du ministère: Luc Delorme, directeur de l'ingénierie; André Arbour, des politiques sur les télécommunications; et Adam Scott, des licences du spectre.
Depuis ma dernière visite, au printemps, nous avons poursuivi nos efforts visant à réduire le fossé numérique au pays grâce aux programmes Un Canada branché et Brancher pour innover. Comme certains d'entre vous ne le savent que trop bien, la grande majorité des Canadiens en régions urbaines ont accès à une connexion de 50 mégabits par seconde, tandis que seulement 41 % des foyers ruraux peuvent en dire autant. Et pour les foyers autochtones, c'est plus difficile encore. La capacité des services à large bande auxquels ils ont accès ne suffit pas pour desservir leurs écoles, hôpitaux, tribunaux et conseils de bande.
Soixante-dix-sept collectivités autochtones dépendent de liaisons par satellite pour tous leurs besoins en communication. Elles sont ainsi confrontées à d'importantes lacunes qui rendent une foule de choses impossibles, comme la télémédecine et la tenue d'audiences à distance. Cela explique en partie pourquoi la demande dans le cadre de Brancher pour innover a été remarquablement élevée.
[Français]
J'aimerais ouvrir ici une parenthèse au bénéfice des nouveaux membres de ce comité: le programme de large bande Brancher pour innover découle d'une initiative du budget de 2016.
Avant son lancement, les paramètres du programme Brancher pour innover ont fait l'objet de consultations considérables auprès de plus de 300 organisations.
[Traduction]
L'essentiel du programme Brancher pour innover est d'investir dans les réseaux de base, à savoir les autoroutes numériques qui font le pont entre les collectivités.
[Français]
Les consultations ont permis d'élargir ces paramètres et d'y inclure des projets de dernier kilomètre. La période de présentation des demandes de financement en vertu de Brancher pour innover a pris fin le 20 avril 2017.
[Traduction]
Et la demande a été très forte. En fait, nous avons reçu 892 projets, équivalant à 4,4 milliards de dollars en demandes de financement, pour une enveloppe budgétaire de seulement 500 millions de dollars. Nous avons reçu des demandes de l'ensemble des provinces et territoires. La majorité des projets financés par le programme Brancher pour innover seront consacrés à l'infrastructure de base. Ces investissements permettront en outre d'améliorer le service résidentiel qui, je sais, présente également un intérêt pour certains membres du Comité. Les projets de Brancher pour innover permettront à un plus grand nombre de foyers dans les régions rurales d'atteindre l'objectif universel de 50 mégabits par seconde.
[Français]
Au cours des derniers mois, mon équipe a entamé l'évaluation de ses 892 projets en fonction des objectifs du programme.
[Traduction]
Nous avons commencé à annoncer les projets retenus, et nous continuerons à en approuver tout au long de l'automne et de l'hiver. À ce jour, la valeur des projets retenus s'élève à 488 millions de dollars, pour un investissement total de 177 millions de dollars du programme Brancher pour innover.
Par exemple, le gouvernement a annoncé cet été un projet qui permettra de desservir tout le Nunavut. On prévoit mettre en place une connectivité de base assurée par un signal satellite à haut débit ayant 10 fois plus de capacité que le service existant. Les Canadiens des 25 collectivités du Nunavut pourront ainsi faire des affaires ou effectuer une recherche d'emploi en ligne, ou encore suivre des cours de formation à distance.
[Français]
En octobre, le gouvernement a aussi fait une annonce aux habitants de cinq collectivités des Premières Nations, dans le Nord de l'Ontario, qui seront reliées par fibre optique.
Ces collectivités pourront profiter sous peu d'un accès amélioré à la formation à distance et à de nouveaux débouchés d'affaires grâce à un investissement conjoint du gouvernement du Canada, par l'entremise du programme Brancher pour innover, et de la province de l'Ontario.
À ce sujet, le directeur général de Matawa First Nations Management a dit ce qui suit:
Les Premières Nations de Matawa sont ravies des investissements financiers dans ce projet qui, tout en faisant partie du patrimoine des générations futures, aborde nos préoccupations communautaires de longue date.
[Traduction]
J'ai un dernier exemple à donner, monsieur le président.
[Français]
Lundi, le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec ont annoncé des fonds pour des projets dans la région de la Mauricie ainsi que plusieurs projets au Québec. Les détails à ce sujet suivront sous peu.
La mise en oeuvre de ces trois projets en Mauricie permettra à plus de 5 000 foyers d'avoir accès à des services Internet haute vitesse.
[Traduction]
Les détails de ces annonces se trouvent sur notre site Web.
Il s'agit là de quelques exemples de projets qui permettront de réduire le fossé numérique. Ils doteront les Canadiens dans les régions rurales et éloignées des outils dont ils ont besoin pour faire concurrence au sein d'une économie de plus en plus numérique et mondiale.
[Français]
Comme je l'ai déjà mentionné, le gouvernement va continuer d'annoncer des projets au cours des prochaines semaines.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité portant sur la large bande dans les régions rurales du Canada.
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Merci, monsieur le président, de l'occasion qui m'est offerte de discuter des services Internet à large bande et des mesures réglementaires que prendra le CRTC pour améliorer l'accès à ces services dans les régions rurales et éloignées du Canada.
Je m'appelle Chris Seidl. Je suis directeur exécutif des Télécommunications et secrétaire général par intérim au CRTC.
Comme je l'ai mentionné en mai, lorsque je me suis adressé au Comité, le CRTC est d'avis que tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils habitent, doivent avoir accès aux services Internet à large bande au moyen des réseaux sans fil mobiles et fixes. Cet engagement a été clairement énoncé dans l'annonce du CRTC faite en décembre 2016 et voulant que l'accès aux services Internet à large bande soit désormais perçu comme un service de télécommunications de base. En cette époque moderne, les réseaux de télécommunications constituent une composante essentielle de l'infrastructure publique, tout comme l'électricité l'a été il y a un siècle, ou comme les chemins de fer l'ont été au temps de la Confédération.
[Français]
Il ne fait aucun doute que la connexion Internet à large bande jouera un rôle charnière dans la prospérité économique future du Canada et sa compétitivité à l'échelle mondiale ainsi que dans le développement social et démocratique.
Tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils vivent, devraient être en mesure de contribuer à la prospérité du pays. L'amélioration de l'accès aux services Internet à large bande favorisera l'atteinte de cet objectif.
[Traduction]
L'objectif de service universel nouvellement établi par le CRTC permettra à l'ensemble de la population canadienne d'avoir accès à des services Internet à large bande dotés de vitesses de téléchargement d'au moins 50 mégabits par seconde et de vitesses de téléversement de 10 mégabits par seconde. Ces deux objectifs se rattachent à des services sur les réseaux fixes d'accès à Internet. Ces vitesses sont 10 fois plus grandes que les objectifs fixés en 2011, ce qui se veut le reflet de la rapidité à laquelle sont survenus les changements technologiques et du rythme imposé par nos concurrents internationaux.
À la fin de l'année 2016, 84 % des Canadiens avaient déjà accès à ces nouvelles vitesses cibles. D'ici la fin de 2021, nous nous attendons à ce qu'elles soient offertes à 90 % des foyers et entreprises au Canada, et au 10 % restant dans un délai de 10 à 15 ans.
Les dernières données découlant du Rapport de surveillance des communications du CRTC, publié récemment, montrent qu'un nombre croissant de Canadiens sont abonnés à un service qui offre des vitesses plus élevées.
Ainsi, il y a cinq ans, moins de 4 % des abonnés à des services Internet au Canada bénéficiaient d'une vitesse de téléchargement d'au moins 50 mégabits par seconde. En 2016, 26 % étaient abonnés à un service offrant une vitesse de téléchargement d'au moins 50 mégabits par seconde. En outre, la quantité de données auxquelles les Canadiens ont accès en ligne est toujours à la hausse. Entre 2015 et 2016, les téléchargements et téléversements à partir de connexions Internet résidentielles ont continué de s'accroître de plus de 23 %, s'établissant à 128 gigabits par mois. Ces tendances ne semblent pas être sur le point de s'essouffler.
Les Canadiens doivent avoir accès à une expérience Internet illimitée. Ils doivent avoir accès aux applications de leur choix pour combler des besoins précis, comme effectuer des transactions bancaires en ligne, faire des achats, se divertir ou s'instruire, sans être restreints par des préoccupations relatives à l'utilisation de données. Par conséquent, notre objectif de service universel vise à faire en sorte que tous les Canadiens aient accès à un forfait de données illimitées pour les services Internet à large bande sur les réseaux fixes.
En fait, ils sont de plus en plus nombreux à se prévaloir de cette option. À la fin de l'année 2016, 23 % des abonnés à un service Internet résidentiel disposaient d'un plan d'utilisation de données illimitées. C'est presque deux fois plus qu'en 2012.
Le CRTC reconnaît également l'importance de l'accès mobile aux services Internet à large bande. À la fin de l'année 2016, 98,5 % des Canadiens pouvaient avoir accès à la technologie de l'évolution à long terme, ou LTE, technologie mobile de dernière génération. Environ 25 millions de Canadiens sont abonnés à des services Internet mobiles. Le nouvel objectif de service universel du Conseil prévoit que la technologie mobile de dernière génération soit offerte à tous les Canadiens, non seulement dans les foyers et les entreprises, mais aussi le long du plus grand nombre possible de routes canadiennes d'envergure.
[Français]
Comme les membres du Comité le savent sans doute, certaines régions du pays n'ont accès qu'à des services Internet limités. En fait, environ 16 % des ménages canadiens ne peuvent compter sur des services Internet qui répondent à l'objectif de service universel. La plupart de ces ménages vivent dans des régions rurales et éloignées du Canada, y compris dans le Grand Nord ainsi que dans de nombreuses régions situées en périphérie des zones urbaines.
[Traduction]
Or, plus le fossé se creuse entre les régions mal desservies et les régions urbaines, plus le développement économique et social du pays en souffre.
Puisque le CRTC a désigné le service Internet à large bande comme un service de télécommunications de base, nous sommes en mesure d'établir un fonds pour aider à combler cet écart. Ce fonds offrira 750 millions de dollars sur 5 ans afin d'appuyer des projets visant à améliorer l'accès aux services Internet dans les régions qui n'atteignent pas l'objectif de service universel. Le fonds appuiera les projets des services Internet sur réseaux fixes et mobiles pour mettre à niveau les infrastructures existantes ou en bâtir de nouvelles.
L'objectif du CRTC est de veiller à ce que les services offerts en milieu rural soient comparables à ceux qui sont offerts en milieu urbain, et à ce que l'infrastructure de connectivité appuie l'évolution des besoins des Canadiens. Notre objectif est de soutenir les projets qui maximisent les résultats et minimisent les versements du fonds.
Les demandeurs devront obtenir un niveau minimal de soutien financier de la part d'une administration — fédérale, provinciale, régionale, municipale ou autochtone — ou de groupes communautaires et d'organismes sans but lucratif. Les demandeurs devront également investir dans les projets proposés et démontrer clairement en quoi ces projets respecteront les cibles fixées quant aux vitesses, à la capacité et à la qualité du service.
À l'instar de programmes semblables, le fonds s'appuiera sur un processus d'appel d’offres concurrentiel et des critères objectifs. Un administrateur tiers gérera le fonds de manière indépendante, transparente, juste et efficace. Le CRTC sera chargé de superviser le fonds et d'approuver les projets.
Le nouveau régime de financement du CRTC sera conçu pour compléter — et non remplacer — les investissements courants et futurs des secteurs public et privé, ce qui comprend le programme Brancher pour innover du gouvernement du Canada.
[Français]
Le CRTC travaille en étroite collaboration avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour réunir et diffuser des données sur le déploiement des services à large bande. Répertorier la disponibilité des réseaux mobiles et à large bande est crucial pour atteindre l'objectif d'offrir un service Internet à large bande à tous les Canadiens.
Nous prévoyons que le programme Brancher pour innover, ainsi que le nouveau régime de financement du CRTC et d'autres dispositions de soutien du secteur public, permettront une amélioration appréciable de l'accès aux services à large bande partout au pays.
[Traduction]
Nous en sommes encore à mettre la dernière main aux détails entourant le régime de financement du CRTC pour l'accès aux services à large bande. Nous avons d'ailleurs amorcé en avril dernier une consultation publique à ce sujet. Le processus de consultation porte sur certains enjeux comme le cadre de financement, qui comprend les critères d'admissibilité et d'évaluation, et le cadre de gouvernance, de fonctionnement et de reddition de comptes.
À ce jour, nous avons reçu près de 90 propositions provenant d'une vaste gamme d'intéressés, dont des députés, des grands et petits fournisseurs de services Internet, des groupes de consommateurs, des chambres de commerce et des représentants d'administrations municipales, provinciales, territoriales et autochtones. Nous continuons de monter le dossier public sur lequel nous appuyons nos décisions, et les propositions finales doivent être présentées d'ici décembre.
Du fait que le processus de consultation est en cours, il m'est impossible de vous fournir plus de détails en ce moment. Je peux toutefois réitérer au Comité que le CRTC travaille diligemment pour publier sa décision sur le régime de financement dès que possible en 2018.
Monsieur le président, il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Le prolongement des services à large bande et mobiles aux ménages et aux entreprises mal desservis ou situés le long de routes d'envergure pourrait coûter plusieurs milliards de dollars d'investissements en matière d'infrastructure. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'un objectif ambitieux, en partie en raison de notre vaste territoire et des saisons de construction plus courtes. Je demeure toutefois convaincu que nous réussirons à atteindre cet objectif de la même manière que nous avons réussi à bâtir notre réseau d'électricité et nos voies ferroviaires: en reliant une collectivité à la fois.
Merci de votre attention. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je tiens à dire à tous mes collègues qu'il est bon d'être de retour.
Bienvenue à nos invités. Nous avions discuté ensemble précédemment, aussi.
Notre Comité s'est rendu aux États-Unis, a assisté à des séances de comités d'État et de comités sénatoriaux, et a constaté que les États-Unis croient aussi que les services à large bande dans les régions rurales et éloignées sont essentiels. Ils se penchent sur divers types de solutions.
Bien entendu, comme M. Longfield vient de le mentionner, les gens de la FCM sont ici cette semaine, et l'un des grands thèmes dont ils discutent, c'est l'importance de veiller à ce que nous ayons une robuste connectivité à large bande à l'échelle du pays. L'un des autres groupes aussi associés à cela est l'AAMDC, qui se concentre plutôt sur les besoins des municipalités rurales.
Nous avons eu une année pour nous occuper de Brancher pour innover. Je reviens toujours à ce que nous avions amorcé: Un Canada branché. Nous avons eu une année pour nous pencher sur Brancher pour innover. Il y avait eu une discussion au début sur l'importance de discuter avec diverses organisations. Madame Hart, vous avez dit avoir discuté avec 300 organisations, et vous avez leurs contributions.
Je pense que l'attention qu'on portera principalement à ce qui va se passer à l'avenir est critique, car nous avons toujours voulu parler de flexibilité. Nous avons vu l'éventail passer de 5 à 50. Puis, monsieur Seidl, vous avez parlé de pouvoir obtenir, je pense, 90 % — ou un certain pourcentage — de cela, et de faire en sorte que le reste en soit là d'ici 10 à 15 ans. Eh bien, avec cette technologie, malheureusement, à moins que vous trouviez un moyen de sauter par dessus les obstacles, ce n'est pas en 10 ou 15 ans qu'on arrivera à résoudre le problème que nous avons en ce moment.
D'après certaines de vos discussions au sujet de l'aspect technique, est-ce que nous pouvons envisager, pour ces régions extrêmement rurales ou éloignées, des solutions que nous pourrions mettre en oeuvre pour certains de ces problèmes?
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Je peux vous parler de quelques technologies sans fil qui sont extrêmement pertinentes pour certaines de nos collectivités les plus éloignées, car il y en a encore beaucoup qui misent sur la technologie satellite. Nous ciblons très certainement ce qu'on appelle souvent les satellites sur orbite basse et qui sont géostationnaires. Nous avons maintenant autorisé deux sociétés au Canada.
Pour les satellites, les licences sont généralement délivrées dès le début du cycle du projet, alors je ne veux pas donner l'impression que cela est imminent, mais nous en avons deux, et ce sont des satellites qui n'ont pas les problèmes de latence des générations précédentes de satellites. Ils sont plus près de la terre, il y en a un plus grand nombre, et ils sont en rotation constante autour de la planète. Ils assurent une bonne couverture du Canada. Cela offre beaucoup de potentiel, mais il y a aussi beaucoup de problèmes à résoudre.
De gros joueurs sont présents, mais ils travaillent encore à résoudre la question du financement. Ils éclaircissent la réglementation internationale, qui est complexe concernant les satellites. Il y a des progrès, et beaucoup de potentiel.
Nous envisageons aussi une autre innovation sans fil, soit la partie inutilisée du spectre de télévision. Pour les petits fournisseurs ruraux en particulier, c'est l'occasion d'obtenir l'accès au spectre qui est normalement conçu à une autre fin. Si une partie du spectre conçue pour la télédiffusion n'est pas utilisée en ce moment, ils peuvent consulter une base de données qui va confirmer qu'aucun utilisateur n'est en concurrence et qui va leur donner la permission — essentiellement sur demande — d'utiliser ce spectre pour une connexion à large bande. C'est une manière d'améliorer la productivité d'une ressource limitée dans les régions rurales. Nous venons d'autoriser notre premier administrateur de base de données, ce qui signifie que nous pourrions constater le déploiement de cela en 2018-2019.