[Traduction]
Merci, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.
[Traduction]
Je suis très honorée de m'adresser à vous en tant que nouvelle conseillère scientifique en chef du Canada.
Comme vous, je suis convaincue que la science et la technologie permettent de faire progresser notre économie et d'améliorer notre bien-être collectif.
[Français]
J'occupe mon poste depuis une dizaine de semaines. J'ai été bien occupée à mettre sur pied ce bureau à partir de zéro, comme vous le savez.
[Traduction]
J'aime dire à la blague que je suis une entreprise en démarrage au sein du gouvernement, et je vous laisserai juger de ce que cela signifie.
Comme vous le savez, mon rôle est de fournir des avis scientifiques au , à la et au Cabinet pour les aider dans les décisions politiques qu'ils ont à prendre. Je tenterai de trouver des façons de permettre au gouvernement de renforcer la science, et de veiller à ce que les travaux scientifiques soient pleinement accessibles au public, et à ce que les scientifiques fédéraux puissent parler librement de leurs travaux.
[Français]
Je crois fermement en l'importance de la science pour notre société. J'agirai à titre de championne de la science ouverte et accessible.
[Traduction]
Permettez-moi de profiter de l'occasion qui m'est donnée pour me présenter brièvement et vous parler de mon parcours et de l'expérience que j'apporte à cette fonction. Je vous décrirai aussi ce que nous avons fait depuis le 26 septembre, mon premier jour en poste, et l'orientation générale de nos activités au cours des prochains mois.
Comme certains d'entre vous le savent, je suis née et j'ai grandi à Beyrouth avec des parents aimants et travailleurs. Ma mère était institutrice et mon père, technicien en mécanique. Ils étaient tous deux très activement engagés dans les réformes sociétales progressistes. L'éducation et le fait de redonner à la société ont toujours été très importants dans notre famille.
J'ai fait mes études à l'Université américaine de Beyrouth. J'ai choisi la chimie, car, dès cet âge, j'étais très attirée par les sciences et je voulais faire quelque chose d'utile pour aider les gens, comme trouver de nouveaux traitements pour combattre les maladies.
Cependant, la guerre a éclaté peu après au Liban, et les études sont devenues extrêmement difficiles. À vrai dire, je passais plus de temps dans les abris que dans les salles de classe et les laboratoires. Après avoir longuement réfléchi, j'ai quitté Beyrouth pour l'Amérique du Nord, où j'ai poursuivi mes études à Wichita, au Kansas, figurez-vous. J'ai ensuite déménagé dans la belle ville de Montréal en 1977, où j'ai fait un doctorat en chimie à l'Université McGill.
Après mon doctorat, j'ai travaillé dans une nouvelle entreprise de biotechnologie. Même si c'était très agréable, j'ai vite réalisé que, pour faire quelque chose de révolutionnaire, je devais vraiment mieux comprendre la biologie et la physiologie.
Je suis donc retournée suivre une formation dans le domaine en plein essor de la biologie moléculaire et de la biotechnologie. Il y avait très peu de laboratoires dans le monde qui faisaient ce genre de travail. L'un d'entre eux se trouvait à Montréal, où je suis allée, après quoi j'ai complété ma formation à l'Université Columbia de New York.
Quand j'ai terminé cette formation, qui m'a pris de nombreuses années — vous pouvez les compter —, je n'imaginais toujours pas que mon intérêt pour la compréhension de la régulation des gènes me conduirait à une carrière dans le domaine de la santé cardiovasculaire, encore moins au poste que j'occupe devant vous aujourd'hui. Si je vous raconte mon histoire personnelle, c'est parce qu'il est important de comprendre que bon nombre de chercheurs n'ont pas une idée claire de ce qu'ils feront après leurs études supérieures. Quand de jeunes étudiants me demandent des conseils pour l'orientation de leur carrière, je leur réponds toujours qu'il est important de saisir les occasions lorsqu'elles se présentent. C'est une responsabilité partagée des éducateurs, des établissements et des gouvernements que de préparer nos jeunes à diverses possibilités de carrière — je vous assure qu'il y en a certaines que nous ne saurions même pas imaginer encore. C'est une responsabilité que j'ai toujours prise à coeur en tant qu'éducatrice et en tant que directrice en milieu universitaire.
J'en parle aussi parce que, en un certain sens, mon parcours est une analogie de la recherche elle-même. Chercher signifie ne pas savoir à l'avance ce qu'on va découvrir. Pourtant, beaucoup de découvertes issues de la recherche fondamentale ou appliquée ont d'importantes retombées socioéconomiques, allant du développement des technologies à la prévention et au traitement des maladies.
Fait important, c'est grâce à la recherche axée sur la découverte, qu'elle soit fondamentale ou appliquée, que nous formons les travailleurs, les innovateurs et les dirigeants de demain. Il est essentiel d'appuyer la recherche axée sur la découverte, car, sans elle, il n'y a pas de développement des talents, pas de nouvelles connaissances, et pas d'innovation.
[Français]
C'est une chose que j'ai apprise tout au long de ma carrière universitaire, en tant que professeure d'abord, puis comme directrice de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, et enfin, plus récemment, comme vice-rectrice à la recherche à l'Université d'Ottawa.
Pendant ces années, j'ai eu le privilège d'interagir avec des chercheurs et des professeurs brillants, dynamiques et passionnés par leur science qui se préoccupaient de leurs étudiants ainsi que de leur communauté. Je considérais mon rôle comme celui d'une facilitatrice, d'une rassembleuse et d'une ambassadrice. Je suis fière de ces 20 années passées à l'Institut de recherches cliniques de Montréal et à l'Université d'Ottawa, qui m'ont bien préparée à occuper mon poste actuel.
Le potentiel scientifique du Canada est un immense atout. Une collaboration plus étroite entre les chercheurs internes et externes ne peut qu'être bénéfique pour le rayonnement scientifique de notre pays et pour sa capacité d'innovation globale.
[Traduction]
Nos plus grands défis mondiaux, de la santé aux transports en passant par un environnement sécuritaire et des sociétés résilientes, sont complexes et comportent de multiples facettes. Pour y faire face, nous devons de plus en plus travailler de façon transversale, interdisciplinaire, interministérielle et intersectorielle. Et c'est ce que j'ai l'intention de faire et de promouvoir.
Alors, qu'avons-nous fait depuis le 26 et le 27 septembre? Eh bien, ces 10 semaines ont été assez occupées; nous avons tenu des réunions, nous avons échangé avec le public et fait de la sensibilisation, tant au pays qu'à l'international. J'ai rencontré des intervenants du milieu scientifique de divers endroits au Canada et à l'étranger.
Je peux vous affirmer que la communauté scientifique est très enthousiaste à l'idée que la et le gouvernement accordent la priorité à des politiques fondées sur des données probantes. En fait, cet enthousiasme ne provient pas uniquement de la communauté scientifique. J'ai reçu près de 1 000 lettres et communications de la population, dont au moins 200 ou 300 ne proviennent pas de scientifiques. Tout le monde est emballé par mon poste et par l'attention accordée à la prise de décisions fondées sur des données probantes. Partout où je vais, les gens communiquent leur enthousiasme à l'égard du fait que la science soit à l'avant-plan de la prise de décisions.
J'ai donc cherché des moyens de canaliser et de mettre à profit l'appui enthousiaste de la communauté pour l'un des aspects clés de mon mandat: promouvoir un dialogue positif et productif entre les scientifiques, ainsi qu'avec la population, tant au Canada qu'à l'étranger. Le gouvernement est engagé dans des programmes de recherche très importants, et nous devons tisser davantage de liens entre les chercheurs du gouvernement et ceux des universités.
J'ai déjà amorcé ce processus avec des intervenants du gouvernement et du milieu de la recherche postsecondaire. J'ai rencontré mes homologues du gouvernement du Québec et des gouvernements territoriaux, ainsi que les principaux conseillers scientifiques du gouvernement fédéral.
[Français]
J'ai communiqué avec tous les ministères à vocation scientifique pour leur demander de me fournir les directives et les pratiques exemplaires qui aident leurs scientifiques à communiquer avec les médias. Nous évaluerons ces pratiques et nous recommanderons des lignes directrices à adopter par tous les ministères fédéraux à vocation scientifique.
Je travaillerai aussi avec le Secrétariat du Conseil du Trésor en vue de promouvoir une consultation publique sur le gouvernement ouvert, ce qui comprend des initiatives sur les sciences, mais aussi sur les données ouvertes. Ce sont des mesures importantes à l'aide desquelles nous pouvons nous assurer que le public peut accéder librement aux données scientifiques produites par les chercheurs du gouvernement fédéral.
[Traduction]
J'ai aussi reçu la rétroaction de groupes d'étudiants qui souhaitent contribuer à l'élaboration de nos politiques scientifiques, et nous cherchons des façons d'intégrer leurs suggestions à nos processus. Je trouve formidable que nos jeunes se réapproprient l'arène publique.
En plus de tous les intervenants rencontrés partout au pays, j'ai également communiqué avec la communauté scientifique internationale. Le message que je leur ai transmis est que le Canada est encore ouvert à la collaboration scientifique. Surtout, ce que j'entends en retour, c'est qu'ils s'attendent à ce que le Canada fasse preuve de leadership sur plusieurs fronts, notamment la recherche dans l'Arctique, la santé du cerveau, la médecine régénérative, l'intelligence artificielle, les sciences du climat et des océans et l'information quantique, pour ne nommer que ceux-là.
À Washington, à Boston, à Paris, au siège social de l'Union européenne, en Australie, en Nouvelle-Zélande — enfin, partout —, le message est le même: le Canada est un partenaire de choix. Le moment est venu d'agir; j'en suis convaincue. Les défis mondiaux du XXIe siècle exigeront des réponses mondiales. Et le Canada est très bien placé pour diriger au moins certaines de ces initiatives. Nous avons les talents, les installations, la réputation et l'expertise nécessaires.
J'ai hâte de collaborer avec les membres du Comité dans les semaines et les mois à venir en vue de promouvoir le leadership du Canada dans les sciences et l'innovation.
Merci, monsieur le président.
[Français]
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité.