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Merci de l'occasion que vous m'offrez de participer à votre étude sur la propriété intellectuelle et le transfert des technologies des établissements d'enseignement postsecondaire vers les entreprises.
Même si je représente aujourd'hui le CRSNG, j'ai acquis un intérêt personnel marqué pour les politiques liées à l'innovation au cours des 13 années durant lesquelles j'ai travaillé comme chercheur pour le CNRC, les cinq années que j'ai passées dans une petite entreprise de haute technologie et les nombreuses années que j'ai passées au CRSNG.
Le CRSNG est l'un des trois organismes de financement — mon collègue, Ted, en représente un autre, le CRSH — qui soutient les activités de recherche dans les universités et les collèges canadiens. Le financement du CRSNG permet aux chercheurs d'approfondir des idées, de faire des découvertes prometteuses et d'attirer des entreprises capables de commercialiser les résultats de recherche. Cette année, nous allons investir environ 1,1 milliard de dollars en subventions, dont la grande majorité soutiennent la participation des étudiants aux activités de recherche. Environ un autre tiers du financement est destiné à des partenariats de transfert des connaissances, et seulement 4 % du financement sont destinés à la commercialisation des inventions.
Un aspect clé de l'approche du CRSNG consiste à fournir un financement qui permet aux chercheurs de travailler dans tout le continuum de la découverte et l'innovation — l'évaluation de nouvelles idées et le travail en collaboration avec des entreprises pour concrétiser ces idées prometteuses —, ce qui génère ensuite de nouvelles idées à approfondir. C'est donc un cercle vertueux.
Certains des programmes du CRSNG qui permettent aux universités et aux collèges de soutenir l'innovation dans le milieu des affaires et la commercialisation ont déjà été mentionnés par des témoins précédents du Comité. Cela inclut De l'idée à l'innovation, l'engagement partenarial et les centres d'accès à la technologie, les CAT. Chaque année, grâce à notre soutien, plus de 3 600 entreprises ont accès à une expertise universitaire ou collégiale. Ces dernières peuvent travailler en collaboration avec 30 000 étudiants que nous finançons et environ 10 000 professeurs agrégés. Ce soutien au transfert des connaissances attire environ 95 millions de dollars en espèces et 140 millions de dollars de contributions en nature. En travaillant dans le cadre de projets axés sur la collaboration avec des partenaires, les étudiants acquièrent une importante expérience d'apprentissage liée au travail. Une entreprise sur trois qui travaille en partenariat avec le CRSNG embauche un des étudiants qui participaient à un projet financé.
Selon moi, l'innovation est un sport de contact, et le financement du CRSNG vise justement à mettre en contact des gens du milieu universitaire et collégial avec des représentants d'entreprises, et ce, parallèlement à l'expérimentation, la mise au point de prototypes, l'établissement de normes et la réalisation d'autres activités qui permettent de transférer des connaissances. Les entreprises affirment acquérir des connaissances et accroître leurs capacités de recherche, rehausser la maturité technologique de leurs produits, processus et services et même, parfois, réussir à attirer des investissements.
Selon une étude réalisée il y a quelques années par le CRSNG en collaboration avec Statistique Canada, les entreprises qui participent à nos programmes ont tendance à afficher des ventes plus élevées et à créer plus de nouveaux emplois une fois qu'elles commencent à travailler en collaboration avec des équipes universitaires ou collégiales.
Nous investissons aussi pour aider les inventions des universités à attirer des investissements du milieu des affaires. Chaque année, par l'intermédiaire de notre programme De l'idée à l'innovation, nous soutenons environ 50 projets, et, dans un contexte où, habituellement, 1 entreprise en démarrage sur 10 réussit, nous sommes fiers de dire qu'environ 1 projet De l'idée à l'innovation sur 7 mène à la commercialisation de produits ou de services par des entreprises canadiennes, ce qui, bien sûr, crée des emplois.
Le CRSNG soutient aussi des centres dont l'objectif est la commercialisation des technologies. Ce sont des centres d'excellence pour la commercialisation et la recherche. Ces centres s'efforcent souvent de commercialiser les résultats des recherches universitaires. Mentionnons, par exemple, GreenCentre Canada, qui s'appuie sur les inventions du milieu universitaire pour mettre au point des solutions écologiques fondées sur la chimie qui permettent de répondre aux besoins de diverses industries. Ces centres réussissent efficacement à commercialiser les technologies et à attirer du financement d'autres ordres de gouvernement et d'autres investisseurs en plus de générer des revenus en raison de la réussite sur le marché.
En 2004, le CRSNG a commencé à financer des activités de recherche appliquée dans les collèges. Ce financement tire profit des avantages offerts par les Collèges canadiens, les écoles polytechniques et les cégeps. Ils assurent une présence locale, ils mettent l'accent sur les clients et, bien sûr, ils comptent sur des employés et des étudiants talentueux.
Cette année, nous fournirons plus de 500 subventions à plus de 70 collèges et aiderons environ 1 000 entreprises à promouvoir leurs projets d'innovation. Un réseau de 30 centres d'accès technologiques constitue un des éléments clés du soutien que nous offrons. Chaque centre répond aux besoins des entreprises locales en matière d'innovation dans des domaines qui vont de l'agriculture à la fabrication de pointe. Pour accroître l'efficacité de ces centres, le CRSNG soutient une organisation de réseautage qui communique les pistes et les pratiques exemplaires à tous les centres afin d'améliorer leur extension et leur réputation.
Le CRSNG soutient le travail de collaboration dans le domaine de la recherche entre les entreprises et les chercheurs universitaires depuis plus de 30 ans, et nous continuons à évoluer pour accroître l'impact de notre soutien. Cela inclut des changements qui ont été apportés à l'approche du Conseil en matière de propriété intellectuelle. Par exemple, en 2009, nous avons commencé à permettre que de la propriété intellectuelle soit attribuée à une entreprise participante. En 2015, le CRSNG a mis en oeuvre le libre accès — dont, si je ne m'abuse, Ted vous parlera de façon plus générale —, qui aide les entreprises à trouver des chercheurs possédant une expertise pertinente.
Nous tentons actuellement de réduire les délais de financement dans le cadre de nos subventions de partenariat. L'objectif est de réduire la friction dans le cadre de nos processus. Nous nous efforçons aussi de rationaliser le processus d'élaboration des accords de PI entre les universités et les entreprises.
Comme le Comité l'a déjà appris, si les grandes entreprises peuvent rester à l'affût des idées et des chercheurs prometteurs, les petites entreprises n'ont pas ce luxe. Vu ces défis, en 2009, le CRSNG a mis en place une série de mesures qui visaient à faciliter la tâche des entreprises voulant avoir accès aux capacités universitaires dans le cadre de l'initiative « Stratégie en matière de partenariats et d'innovation ».
L'objectif de cette stratégie est de doubler en cinq ans le nombre d'entreprises partenaires du CRSNG. Par conséquent, nous finançons maintenant des événements de liaison dans le cadre desquels nous encourageons le réseautage entre les chercheurs et les entreprises et soutenons des visites de recherche pour définir des projets et des projets d'engagement partenarial de six mois où les entreprises n'ont pas à fournir de fonds, mais bénéficient tout de même de PI générée dans le cadre du projet de collaboration. Ces changements favorisent la création de nouveaux partenariats, et les résultats ont dépassé nos attentes; en outre, nous avons plus que doublé le nombre de partenaires participants.
Pour terminer, dans le cadre des témoignages et des discussions, le Comité a examiné des façons d'accroître la connaissance concernant les capacités générées par les investissements du gouvernement dans la recherche universitaire et collégiale et étudié les liens avec ces capacités et leur utilisation. Parmi les possibilités, mentionnons la création de registres publics de renseignements sur les capacités de recherche, comme des bases de données, et le renforcement des relations interpersonnelles grâce à des meilleurs réseaux et/ou des services de conciergerie. Le CRSNG et, plus particulièrement, ses cinq bureaux régionaux, continue de travailler en collaboration avec une grande diversité d'organisations sur ces deux fronts afin de mieux mobiliser les connaissances et les talents des universités et des collèges du Canada au profit de tous les Canadiens.
Merci. Je serais heureux de répondre à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et distingués membres du Comité.
[Traduction]
Je tiens à tous vous remercier de m'avoir invité aujourd'hui. Comme Bert, je m'intéresse aussi beaucoup à ce sujet et je suis donc très heureux d'avoir l'occasion d'en discuter de façon plus approfondie. C'est assurément un très beau mandat: cerner les pratiques exemplaires pour partager et commercialiser les recherches exceptionnelles réalisées dans les établissements d'enseignement postsecondaire du Canada. Le mandat peut s'avérer très utile, pas seulement pour les chercheurs et les entrepreneurs, mais pour tous les Canadiens.
Une des choses que je veux expliquer, cependant, c'est que je ne suis pas ici principalement en ma qualité de président du Conseil de recherches en sciences humaines, le CRSH, comme on l'appelle communément.
[Français]
Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, ou CRSH, a certes financé de la recherche au sujet de la propriété intellectuelle. Par exemple, une des études que nous avons financées portait sur l'avenir de la Loi sur le droit d'auteur au Canada et la conciliation des droits d'auteur et des droits des utilisateurs.
[Traduction]
En fait, nous en avons de longues listes — que j'ai fournies à certains d'entre vous — qui concernent directement certains des travaux que vous faites en ce qui a trait à l'évaluation, l'analyse, les politiques et ainsi de suite. Nous serons très heureux de vous aiguiller vers ces recherches et de vous mettre en contact avec ces chercheurs.
Cependant, le CRSH, contrairement au CRSNG, met moins l'accent sur les questions et les politiques liées directement à la propriété intellectuelle. En d'autres mots, cela signifie qu'il ne donne aucune consigne aux chercheurs des universités et des collèges par rapport aux droits de propriété intellectuelle découlant des projets qu'il finance. Nous déférons plutôt ces questions aux responsables des politiques des établissements d'enseignement postsecondaire. Je ne dis pas nécessairement que c'est de cette façon qu'il faut ou qu'il faudrait travailler, mais, jusqu'à présent, c'est notre politique.
[Français]
Aujourd'hui, j'aimerais parler des défis liés à la propriété intellectuelle, en particulier dans le secteur universitaire. Pour ce faire, je m'appuierai sur mon expérience en tant qu'ancien vice-recteur de la recherche à l'Université Western de London, en Ontario.
[Traduction]
Vous avez parlé à George Dixon, le vice-président de la recherche à l'Université de Waterloo. Eh bien, j'étais son homologue à l'autre UdeW, au bout de la rue, et nous avons travaillé en collaboration de façon très efficace.
[Français]
Dans le milieu universitaire, on parle beaucoup, en ce moment, des droits de propriété intellectuelle et surtout des modèles liés à l'université, d'une part, et de ceux liés aux chercheurs, d'autre part.
[Traduction]
Nous parlons — et vous avez déjà probablement beaucoup parlé — de la question de savoir si la PI doit appartenir au chercheur ou à l'université. En fait, comme vous le savez déjà ou comme vous devriez le savoir, la plupart des universités ont des politiques qui prévoient que la PI appartient au chercheur, c'est-à-dire que c'est, en fait, le chercheur qui détient la PI produite dans le cadre de ses travaux, peu importe qui a payé. Il y a aussi certaines politiques selon lesquelles la PI appartient aux universités. C'est une question qui suscite un grand débat, et c'est un sujet dont il faudra parler. Selon moi, le vrai débat consiste non pas nécessairement à savoir à qui appartient la PI — parce que, au bout du compte, elle finira quelque part et sera habituellement cédée sous licence —, mais plutôt à déterminer de quelle façon les établissements d'enseignement postsecondaire facilitent ou soutiennent la commercialisation de la PI; la liberté d'action, d'un côté, et les incitatifs ou les facteurs de dissuasion — ou la façon dont les choses se déroulent — de l'autre.
Actuellement, nous savons que le résultat — si nous regardons les modèles de transfert des technologies traditionnelles — est assez limité. Par exemple, les redevances des investissements dans la propriété intellectuelle sont à peu près équivalentes aux montants investis dans le développement de la PI aux fins de communication et de transfert.
Ce n'est pas non plus une question de portée ni d'ampleur de l'invention ou du brevet, parce que, selon moi, dans une certaine mesure, les universités détiennent déjà une quantité considérable de brevets, des centaines et des milliers de brevets, en fait. En réalité, tous ces brevets ne servent à rien, et il faut se demander pourquoi.
Selon moi, il ne s'agit peut-être même pas de la politique touchant la propriété intellectuelle ou du cadre juridique connexe. Le véritable enjeu dans le milieu universitaire, comme je l'ai dit, c'est la commercialisation de la PI et la façon d'y arriver, c'est-à-dire la question de savoir comment appliquer les connaissances et — ce qui est important — d'éliminer les risques associés au processus, et ce, pour tous les partenaires.
[Français]
Les anciennes façons de faire ne fonctionnent pas. Il faut donc trouver de nouveaux outils. Pour commercialiser avec succès la recherche universitaire, nous devons établir une meilleure collaboration entre les entreprises et les universitaires.
[Traduction]
Nous devons assurément faire augmenter la demande du secteur privé à l'égard des connaissances que les chercheurs peuvent fournir, et cela, tout en assurant l'intégrité de cette recherche dans le cadre du processus de transfert.
De quelle façon pouvons-nous y arriver? Nous pouvons assurément utiliser des choses comme des modèles d'accord contractuel qui seraient utilisés par tous. Actuellement, on utilise un large éventail d'outils différents. Les accords-cadres entre l'industrie, les universités, et les chercheurs et sur l'échange d'information fonctionnent très bien. Nous utilisions à très bon escient de tels accords lorsque je travaillais pour l'Université Western. Ce sont toutes des façons de normaliser et de faciliter le transfert des connaissances par un plus large éventail de moyens.
Il y a aussi le regroupement de technologies et la création de consortiums régionaux formés d'universitaires et d'entreprises. Vous avez peut-être entendu parler des Western Canadian Innovation Offices et du CRIAQ, le consortium du domaine de l'aérospatiale, au Québec. Ce sont autant de façons de promouvoir ou de susciter l'engagement de l'industrie et d'éliminer les obstacles à la commercialisation.
[Français]
De telles stratégies réduisent l'élan premier des établissements qui est de préconiser la compétitivité. Elles permettent donc de remplacer cette approche par des efforts visant la collaboration. Il faut toutefois que la collaboration soit récompensée d'une manière ou d'une autre.
[Traduction]
J'ai entendu une suggestion très intéressante sur la PI et le transfert des technologies. Plutôt que de laisser les universités chercher des fonds en passant, par exemple, des accords de redevances, nous devrions, en tant que société, province ou pays, tout simplement financer le développement de la PI et son transfert. Si des universités touchent seulement 60 millions de dollars par année de redevances, pourquoi ne pas tout simplement investir le double dans les universités et leur demander de transférer la PI? Prenez l'argent, allez-y, et faites avancer les choses, plutôt que de dépenser tout ce temps et de déployer tous ces efforts pour mettre au point tous ces accords de licence.
Je vous ai remis quelques documents. On pourrait aussi justifier une démarche entièrement ouverte, une innovation ouverte qui dégage la recherche des modèles d'utilisation de licences exclusives traditionnelles fermées et rigides.
Cela étant dit, on ne parle pas ici d'universités et de chercheurs qui donneraient tout simplement leur propriété intellectuelle. Il s'agit plutôt d'inviter des entreprises et des tierces parties à participer dès le début du processus de découverte — souvent en échange d'honoraires ou de financement donnant un accès —, puis de leur permettre de protéger et d'utiliser la propriété intellectuelle à l'étape qui leur est utile.
Les étapes préliminaires de la recherche — au sein de nos universités publiques, qui sont habituellement financées par l'argent des contribuables — seront ainsi ouvertes à tous — comme plateforme sur laquelle s'appuyer —, mais cette façon de procéder permettrait aussi aux partenaires de recherche tiers de protéger la propriété intellectuelle et de mettre au point de la propriété intellectuelle qu'ils sont en mesure d'utiliser.
[Français]
On fait valoir, par exemple, qu'un tel modèle pourrait diminuer le nombre d'années requises pour la mise au point des produits pharmaceutiques. C'est le cas, car les étapes préliminaires de la recherche dans un milieu plus protégé ne sont connues de personne, à part le commanditaire de la recherche.
[Traduction]
En fait, la recherche que j'ai vue, chers collègues — comme celle d'Aled Edwards, à l'Université de Toronto —, a révélé que, dans un environnement d'innovation ouvert, on peut potentiellement réduire de dizaines d'années le temps qu'il faut pour réaliser des projets pharmaceutiques.
[Français]
Ces méthodes sont déjà en place au sein du Structural Genomics Consortium de Toronto, et à l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal. Cette démarche ne conviendrait peut-être pas à tous les domaines, surtout si le délai de mise en marché est très court.
[Traduction]
Cette démarche peut ne pas convenir au domaine du développement de logiciels où les choses bougent très rapidement, mais ça peut très certainement fonctionner dans le cas du développement pharmaceutique.
Pour terminer, permettez-moi de dire une chose évidente. Essentiellement, les recherches qui accumulent de la poussière sur une tablette — et il y en a beaucoup — ne servent à rien, et les biens et services qui sont sans lien avec les gens ou qui ne correspondent pas aux préférences des consommateurs sont voués à l'échec. Selon moi, les universités et les entrepreneurs perdent cela de vue. Pour assurer la croissance économique indispensable au Canada dans un contexte commercial de plus en plus mondialisé, nous devons commercialiser nos idées rapidement et de manière équitable. En évaluant nos capacités de travailler en collaboration, comme le fait actuellement le Comité, nous pourrons, je l'espère, créer un modèle par défaut qui élimine les obstacles à cette commercialisation et qui améliore l'efficacité du transfert de connaissances, à l'avantage de tous les Canadiens.
[Français]
Merci.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Je dirais qu'il existe plusieurs entités. Nous avons parlé du PARI, des centres d'accès à la technologie, bien sûr, et ainsi de suite.
Tout cela dépendra en bonne partie de la capacité de l'entreprise de reconnaître les occasions qui s'offrent, en tout premier lieu. C'est en partie une activité éducative et en partie une vente que les universités et les collèges doivent faire. C'est ce que je faisais, avant; j'effectuais des tournées; tout simplement.
La difficulté a plutôt trait aux structures. L'accès rapide ou les activités de recherche en collaboration sont quand même déjà une réalité, au Canada, et leur valeur atteint quelques milliards de dollars. Ce que les gens font actuellement à l'Institut neurologique de Montréal et, en particulier, au sein du Consortium de génomique structurelle, à Toronto, est différent. On amène les entreprises à participer au processus de recherche — c'est particulièrement vrai pour le Consortium de génomique structurelle — dès le tout début, et les entreprises vont payer pour avoir accès, de façon à être présentes lorsque des découvertes seront faites et à pouvoir collaborer avec les chercheurs et les inventeurs aux activités de mise en marché.
À cette première étape, la recherche n'est jamais perdue, car elle est entièrement publique. Tout le monde peut y avoir accès, ce qui n'est pas le cas des recherches entamées dans le laboratoire ou dans les installations d'une entreprise, qui sont alors protégées à tous égards. Les entreprises ont la possibilité d'éviter bien des dépenses, elles n'ont pas à investir dans plusieurs projets qui démarrent. Elles peuvent choisir une technologie lorsque celle-ci est presque utilisable, puis la protéger: elles s'en serviront, et tout le monde sera content. Mais c'est l'exception, actuellement. Si j'étais vice-président de la recherche, ici et maintenant, mon objectif serait de multiplier ce type de projets.
Vous êtes actuellement au pied d'un mur culturel qui fait en sorte que cela serait plutôt difficile; c'est en partie en raison de la façon dont les chercheurs abordent la question, en partie vu la manière dont les entreprises envisagent l'exercice et en partie à cause de la façon dont les bureaux de transfert de la technologie gèrent le processus. Mais je suis quand même convaincu, après avoir étudié la question, que ce modèle est tout à fait sensé.
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Je vous remercie de l'invitation et de l'occasion de témoigner devant le Comité. J'ai écouté les témoignages jusqu'ici, et je vais m'y reporter tout au long de mon exposé.
Ma position relativement à la propriété intellectuelle et au transfert des technologies s'appuie sur certains des domaines auxquels j'ai touché pendant mon parcours professionnel. J'ai exercé le droit de la propriété intellectuelle pendant 17 ans pour de petites entreprises de haute technologie et j'ai un doctorat en droit de la propriété intellectuelle. J'ai aussi passé un grand nombre d'heures à essayer de percer dans le domaine de la propriété intellectuelle émanant des universités.
Dans le cadre de mon travail actuel, j'étudie les stratégies d'entrepreneuriat, l'innovation régionale et le rôle des établissements d'enseignement postsecondaires dans le développement économique. J'espère pouvoir vous offrir un nouveau point de vue sur cette question.
La réponse à la question que vous posez est très loin d'être simple; je doute qu'il existe une solution miracle. Cependant, je crois fermement qu'il existe un obstacle fondamental à l'avancement de la technologie et au transfert des connaissances. Selon moi, l'obstacle émane non pas des chercheurs ou des BTT, mais bien des universités elles-mêmes, de leur administration et de leurs responsables. Laissez-moi m'expliquer.
Nous savons que le fonctionnement des universités est complexe et lourd. Avec un grand nombre d'intervenants qui ont des demandes opposées, les universités sont soumises à une énorme pression, et c'est d'autant plus vrai aujourd'hui avec la réduction des fonds d'administration, les contraintes budgétaires, le besoin de mousser les inscriptions dans un contexte international ainsi que la nécessité de plus en plus grande de montrer aux contribuables leur valeur. Tout cela fait que les dirigeants universitaires avancent en territoire relativement inconnu.
Les universités ont traditionnellement deux missions: l'enseignement et la recherche. Dans un grand nombre de pays étrangers, les universités se sont trouvé une troisième mission, comme les universitaires l’appellent, à savoir le développement économique. Je crois que le Canada n'a pas progressé autant à cet égard que d'autres pays. De fait, j'irais même jusqu'à dire que nous essayons encore, dans bon nombre de domaines, d'atteindre notre plein potentiel pour la deuxième mission, la recherche. Un grand nombre d'universités étrangères ont intégré un concept que nous appelons de nos jours l'entrepreneuriat universitaire. Dans la littérature, ce concept a beaucoup de définitions, alors je vais me contenter de vous en présenter les principaux éléments. D'abord, les universités doivent mettre l'accent, dans leurs activités principales, sur le transfert des connaissances issues de la recherche, y compris le transfert et l'échange des technologies, sur l'établissement de partenariats à l'échelle régionale, sur la pédagogie entrepreneuriale et le soutien des infrastructures relatives à l'entrepreneuriat — par exemple les incubateurs et les laboratoires ouverts — ainsi que sur la gouvernance, les stratégies et le leadership relatifs à la conception des organisations qui permettront — et c'est très important — de réaliser tout le reste.
Une partie des problèmes du Canada à ce chapitre est causée par une absence de gouvernance, de stratégie et de concepts. Par exemple, pour être efficace, le transfert des technologies a besoin d'importantes ressources, de capacités, d'expertise, de patience, de leadership, de partenariats très actifs et de persévérance. Il ne faut pas non plus avoir peur de prendre des risques. Il est impossible d'atteindre les objectifs sans orientation, leadership ni facteurs de motivation. À présent qu'on s'intéresse au BTT, dites-moi, qui est à la tête du BTT? Ce sont les administrateurs universitaires. Ce sont des administrateurs des universités qui décident de la politique universitaire, de la politique en matière de ressources humaines ainsi que des objectifs et des orientations pour leur BTT.
Dans la même veine, nous nous intéressons aux incitatifs pour le corps enseignant. Puisque les membres du corps enseignant sont des employés de l'université, il n'y a que l'université qui peut négocier une convention collective avec eux. Plus tôt, on a discuté d'incitatifs monétaires pour le corps enseignant. Cela a souvent été tenté ailleurs. En général, le corps enseignant n'est pas motivé par l'argent. Ces personnes sont relativement bien payées, et elles sont davantage motivées par leurs buts personnels, et c'est pourquoi nous devons trouver des façons de les motiver. Il revient à l'université de trouver comment motiver ses employés. Je doute que le gouvernement fédéral en soit capable, sans prendre des mesures très brusques pour y arriver.
Lorsqu'il est question de l'industrie et de la façon dont nous pouvons la motiver à travailler avec les universités, il faut savoir que ce qui motive l'industrie, c'est d'avoir un accès approprié en temps opportun à une PI de valeur, et ce, à un coût de transaction minimal. Voilà son incitatif. Elle n'a pas besoin de bien plus, mais ce n'est pas quelque chose de facile à obtenir. Encore une fois, c'est aux administrateurs universitaires d'élaborer un processus interne qui permettra des transferts de technologie pratiques et efficients.
Voilà pour les incitatifs qui visent le corps professoral et les BTT, mais qui va se charger de motiver les universités canadiennes? Comment pouvons-nous faire en sorte que toutes les universités canadiennes s'intéressent davantage à l'entrepreneuriat? J'ai quelques recommandations à ce sujet, tirées d'études que j'ai menées au Royaume-Uni, en Suède et dans d'autres régions de l'Europe où il y a une forte tendance à vouloir transformer ces établissements en ce qu'on appelle des universités entrepreneuriales.
Donc, voici mes recommandations: le gouvernement fédéral pourrait conclure des accords avec les gouvernements provinciaux afin de financer les universités qui sont prêtes à devenir des universités entrepreneuriales. Le gouvernement fédéral pourrait accorder des fonds de recherche aux universités qui respectent des critères très déterminés relatifs à l'entrepreneuriat universitaire. Il pourrait également offrir des programmes de formation ou de certification pour les dirigeants universitaires qui souhaitent intégrer le concept d'entrepreneuriat aux activités universitaires afin d'agir en tant qu'agent de changement au sein de leur établissement et de leur région. Et cela se fait actuellement à l'échelle du Royaume-Uni.
Ensuite, j'aimerais vous fournir des conseils en ce qui concerne le Canada atlantique. La discussion à propos des collèges et des régions rurales du Canada était excellente, et c'est pourquoi je veux vous offrir mes conseils à ce sujet. Le Canada atlantique comprend 20 établissements universitaires et collégiaux. Il s'agit d'établissements qui font un excellent travail dans ces régions et dans le monde entier. Ils sont un élément crucial de la réussite du Canada atlantique et des petites entreprises. Tous ces établissements ne deviendront probablement pas des chefs de file pour le transfert des technologies, mais ils pourront certainement tous devenir des établissements entrepreneuriaux, advenant qu'on leur offre les bons facteurs incitatifs et qu'on les motive adéquatement.
Le Canada atlantique a la chance d'avoir Springboard Atlantic. Il s'agit d'une initiative financée par le gouvernemental fédéral par l'intermédiaire de l'APECA. Springboard Atlantic agit comme un réseau central de liaison pour la commercialisation et l'industrie. Il compte 19 établissements membres, et le financement accordé lui permettra de soutenir 30 postes spécialisés dans les établissements membres. Je crois que Springboard va envoyer un mémoire au Comité, et je crois que cela sera très utile pour comprendre ce qui se passe au Canada atlantique.
Springboard, comme je l'ai dit, finance 30 postes. Je crois que Springboard subventionne ces postes à hauteur de 65 %. Les 35 % restants sont financés par les établissements. Il s'agit surtout de postes contractuels — très peu sont permanents —, et il est donc logique de supposer que ces postes vont disparaître si le financement cesse. Il semble que les établissements universitaires et collégiaux soient réticents à ce que ces postes soient permanents. Springboard joue un rôle clé, et nous sommes très heureux que cette initiative ait été lancée au Canada atlantique.
Nos établissements doivent composer avec une diminution des inscriptions, une population vieillissante et une diminution des revenus et des fonds d'administration. Pourtant, jamais auparavant ils n'ont été si importants pour notre économie et le développement de la société. Mis à part l'Université Dalhousie, aucun de nos établissements ne fait partie du U15. Alors, ils doivent se battre entre eux pour obtenir une très petite part des fonds de recherche à leur disposition. Si j'ai soulevé ce point, c'est parce qu'on a proposé, au cours de discussions précédentes, que certaines mesures pourraient être utilisées pour que les fonds de recherche soient accordés directement en fonction du transfert des technologies. Les établissements du Canada atlantique ne pourraient qu'en sortir perdants, parce que ceux-ci ne sont pas nécessairement en mesure d'atteindre le niveau souhaité pour le transfert des technologies. Pour que tous les établissements universitaires puissent répondre aux besoins du Canada, je crois qu'il faudrait que les mesures soient plus vastes et qu'elles visent davantage les conditions préalables à l'entrepreneuriat universitaire.
Pour terminer, j'aimerais vous parler du potentiel unique qu'offrent les collèges communautaires du Canada atlantique: ceux-ci pourraient jouer un rôle très important dans le développement économique. À Terre-Neuve, au Labrador, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, ces collèges communautaires financés par les deniers publics ont adopté une approche à campus multiples. Par exemple, à Terre-Neuve, nous avons 17 campus dans l'ensemble de la province. Ainsi, il est possible de se rapprocher des régions rurales profondes de Terre-Neuve-et-Labrador.
Un aspect que je trouve particulièrement intéressant en ce qui concerne les collèges, c'est le fait qu'ils ont déjà cet objectif de développement économique. Contrairement aux universités, on peut leur confier un mandat. Les collèges ne possèdent pas la même indépendance que les universités. Le gouvernement a une marge de manoeuvre plus grande lorsque vient le temps de négocier la convention collective. Les collèges ont des mécanismes en place pour le perfectionnement professionnel qui peuvent être justement utilisés pour favoriser le développement régional. C'est un moyen plus subtil que les universités pour intervenir auprès de petites entreprises.
De cela...
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Je remercie le Comité de me donner cette occasion.
Pour ceux qui l'ignorent, Communitech est un centre d'innovation public-privé établi dans la région de Waterloo et qui compte pus de 1 000 membres. Nous travaillons avec des entreprises de technologie de toutes les tailles; certaines sont de toutes jeunes entreprises en démarrage, d'autres, des multinationales oeuvrant à l'échelle du globe et nous leur fournissons du soutien afin de les aider à se développer.
L'année dernière, nous avons travaillé de façon directe avec 717 entreprises en démarrage, 124 entreprises de taille moyenne en développement ainsi que 66 entreprises internationales. Notre travail avec elles comprend des camps de formation et des programmes de formation essentielle en entrepreneuriat pour les fondateurs d'entreprises en démarrage, du soutien pour aider les entreprises échelonnables à accéder à du financement et aux talents dont elles ont besoin, des solutions pour les problèmes d'innovation organisationnels qui pèsent sur les multinationales comme General Motors, Thomson Reuters et la Banque TD, et tout le reste.
Pour toutes ces raisons, mon exposé sera surtout axé sur un point de vue pratique, selon ce qui se fait dans la région de Waterloo, et d'après les réussites que nous avons vues en ce qui concerne le transfert des connaissances entre les universités et les entreprises, ainsi que sur ce dont les entreprises ont besoin pour échelonner leurs activités commerciales.
D'expérience, le programme de transfert des technologies ou des connaissances qui réussit le mieux est un programme coopératif, en particulier celui exécuté à l'Université de Waterloo. Plus de 19 000 étudiants participent à des programmes coopératifs à temps plein, ce qui leur permet d'obtenir deux années d'expérience de travail avant de terminer leurs études.
On s'est rendu compte que les étudiants qui participent à l'entrepreneuriat avant de continuer leurs études contribuent à abattre les cloisons qui existent souvent entre ces mondes. Les professeurs sont obligés de mieux comprendre les problèmes auxquels les entreprises doivent faire face, et les étudiants amènent à leurs stages les études et des connaissances les plus récentes. Cela aide à créer des collaborations entre les entreprises existantes, d'une part, et d'autre part, cela encourage les étudiants à monter de nouvelles entreprises qui arrivent à résoudre les problèmes qu'ils ont rencontrés pendant leurs stages. L'une des principales raisons pour lesquelles les entreprises de Waterloo doivent surtout affronter des problèmes concernant le commerce interentreprises — des problèmes ennuyeux, mais qui rapportent beaucoup — tient au fait que ces problèmes ne leur sont pas étrangers et qu'elles ont tendance à les faire ressortir chez les entreprises avec qui elles travaillent.
Un autre ingrédient clé, ce sont les incitatifs pour les professeurs et les étudiants qui les motivent à commercialiser les fruits de leurs recherches. C'est le problème le plus difficile à résoudre, et je sais que beaucoup de personnes en ont déjà parlé dans leur témoignage devant le Comité, mais l'accent mise sur l'entrepreneuriat rapporte en général des dividendes importants. Il y a une expression selon laquelle la culture ne fait qu'une bouchée de la stratégie; lorsque vous avez une culture d'entrepreneurship et une culture où on encourage les professeurs ainsi que les étudiants à lancer leurs propres entreprises ou à travailler directement avec les entreprises, les avantages sont énormes.
Dans la région de Waterloo, on peut voir les résultats de l'éducation entrepreneuriale dispensée par l'Université de Waterloo. En particulier, le programme Velocity, qui s'adresse autant aux étudiants qu'aux professeurs, s'assortit d'importants avantages. Au cours des cinq dernières années, il y a au moins 400 nouvelles entreprises en démarrage par année dans la région de Waterloo, et la très grande majorité provient de l'Université de Waterloo.
Bien entendu, le fait de lancer une entreprise ne veut pas assurément dire que vous allez réussir à commercialiser votre technologie brevetée ou même à faire de l'argent. Un grand nombre de personnes ont de la difficulté à élaborer une stratégie appropriée pour leur PI. Il est difficile d'obtenir des conseils de haute qualité à propos de la PI parce qu'il y a peu d'experts ici au Canada, et obtenir ce genre de service est généralement trop coûteux pour les entreprises en démarrage. Cependant, si une entreprise en démarrage n'élabore pas assez tôt une stratégie de PI, il lui arrive souvent de prendre des décisions qui s'avèrent coûteuses au bout du compte, soit parce qu'elle a révélé trop d'information à ses concurrents soit parce qu'elle a présenté sa demande de brevet trop tard, ce qui l'expose à des actions en justice en aval.
Pour régler ce problème, Communitech offre un certain nombre de services axés sur la PI aux jeunes entreprises en démarrage. Cela comprend un survol rapide dans le cadre de nos programmes d'introduction, puis une séance approfondie avec l'OPIC et des cabinets d'avocats locaux. Fait plus important encore, nous offrons une clinique juridique bénévole tous les jeudis pour les entreprises dont le rendement est inférieur à un million de dollars.
Dans cet effort, nous sommes extrêmement reconnaissants à Jim Hinton de ses services. Je crois qu'il est déjà venu témoigner devant le Comité. C'est la force principale derrière notre clinique bénévole, et il fournit des conseils d'expert en matière de PI auxquels très peu d'entreprises en démarrage ont accès. À bien des égards, la seule chose qui soit pire qu'un manque de renseignements à propos de la PI, ce sont de mauvais conseils quant à la PI que les entreprises reçoivent à leurs débuts. Afin de pouvoir fournir une éducation de base à ce sujet à tout le pays, il faut — et c'est capital — trouver des façons d'uniformiser et d'approfondir ces services afin que les entreprises ne soient pas obligées de s'en remettre à la bonté de personnes comme Jim. Il faudrait aussi échelonner ces services afin qu'un plus grand nombre d'entreprises en démarrage et d'autres entreprises au Canada y aient accès.
Au niveau plus général des politiques, nous croyons que le Canada est assez efficace en ce qui concerne l'élaboration des brevets. Selon une étude récente menée par l'Impact Centre de l'Université de Toronto, le nombre de brevets américains avec un inventeur canadien a grimpé de 3 661 en 2005 à 8 903 en 2015, ce qui classe le Canada au huitième rang parmi les pays concurrents en fonction du PIB. Nous pouvons encore faire du chemin, mais ce n'est pas mal.
Cependant, la même étude mentionne que le pourcentage de brevets mis au point par un Canadien, puis déposés dans un autre pays est passé de 45 % à 58 % au cours de la même période. Cela s'explique principalement par le fait qu'il y a peu de grandes entreprises canadiennes qui mettent au point et qui exploitent des brevets ici au Canada. Avec le déclin de Nortel et de Blackberry, ce problème est devenu encore plus marqué. L'étude n'a pas cherché à expliquer pourquoi, mais on peut tout de même remarquer des pics dans les années où ces entreprises ont commencé à avoir des difficultés.
De notre point de vue, cela veut dire que les politiques publiques devraient mettre l'accent sur l'aide pour l'échelonnage des entreprises canadiennes, y compris des investissements dans les ventes, dans le marketing, dans la protection de la PI et d'autres activités commerciales dont les entreprises ont besoin pour se développer rapidement. Cependant, la très grande majorité des investissements et des subventions gouvernementaux vont à la R-D; ces autres types d'activités n'y ont pas accès.
Le crédit d'impôt à la RS&DE en est le plus grand exemple. Il s'agit d'un crédit d'impôt extrêmement important pour les entreprises en démarrage, puisqu'il les aide à compenser le manque relatif de capitaux de lancement pour les entreprises canadiennes par rapport aux jeunes entreprises américaines. Cependant, les dépenses pour les ventes et pour le marketing ne sont pas admissibles, ce qui veut dire que les entreprises canadiennes sont encouragées à prioriser excessivement les activités de R-D, au détriment des activités de ventes et de marketing, afin de se développer.
Ce programme est très loin d'être simple, et ce n'est probablement pas le bon moment pour en parler. Je ne veux pas dire que les activités de RS&DE ne sont pas importantes, bien au contraire, mais vous commencez à encourager les entreprises à prioriser leurs recherches au détriment des ventes et du marketing, comme si ces deux aspects n'étaient pas importants au développement d'une entreprise.
Nous avons essayé de compenser ces lacunes grâce à des programmes comme notre Rev Accelerator, un programme axé sur l'établissement d'équipes de ventes échelonnables pour les entreprises. Cependant, puisque le financement pour cela est limité, l'élément de dissuasion demeure.
Le dernier budget a présenté un certain nombre de programmes prometteurs, par exemple le Fonds stratégique pour l'innovation et le programme Solutions innovatrices Canada, qui vont peut-être aider les entreprises échelonnables à accéder à du financement de portée générale ainsi qu'à augmenter l'approvisionnement gouvernemental, respectivement. Nous sommes impatients d'en savoir davantage sur ces programmes.
Enfin, dans un témoignage précédent, on vous a parlé des difficultés d'une de nos entreprises membres, D2L, qui est poursuivie en justice par un concurrent américain. Il y a un certain nombre d'autres entreprises qui éprouvent le même genre de problèmes actuellement, y compris un autre de nos membres, Sandvine, qui tente présentement de régler un litige à propos d'une PI avec une entreprise dans l'Est du Texas. Cela met en relief un point important qui, je crois, a déjà été souligné par bon nombre d'autres témoins, mais il mérite d'être répété. La très grande majorité des entreprises canadiennes en croissance vont surtout déployer des efforts afin de déposer des brevets aux États-Unis et à l'étranger. Le marché canadien est simplement trop petit, et toute modification du droit des brevets du Canada n'aura qu'un impact limité sur la façon dont les entreprises canadiennes mènent leurs activités.
Même si je suis conscient de la capacité limitée du Canada d'influencer les lois ou la réglementation aux États-Unis, il y a quelques occasions dans l'avenir que nous devons saisir: par exemple, les nouvelles négociations à propos des nouveaux chapitres de l'ALENA sur le commerce électronique et la renégociation des chapitres concernant la PI.
Il y a deux mesures en particulier qui pourraient nous aider à bloquer les chasseurs de brevets aux États-Unis.
Premièrement, nous devons veiller à ce que l'arrêt rendu récemment par la Cour suprême à propos de l'endroit où les poursuites relatives aux brevets sont déposées s'applique également aux entreprises canadiennes. Présentement, les chasseurs de brevets déposent ce genre de poursuites dans l'Est du Texas, où il y a eu l'année dernière 2 500 poursuites relativement à des brevets, parce que les règles judiciaires et les décisions des tribunaux y favorisent nettement le plaignant, en particulier les chasseurs de brevets, lesquelles sont en réalité des entreprises qui ne sont pas en exploitation.
Selon l'arrêt rendu récemment, ces poursuites devront se faire dans l'État où l'entreprise est enregistrée ou dans l'État où le droit de brevet a été violé. Il n'est pas précisé ce que cela veut dire pour les entreprises canadiennes; toutefois, il serait important de clarifier ces questions afin de bien les comprendre.
Deuxièmement, les tribunaux américains n'assurent pas le remboursement des frais de justice si le plaignant perd sa cause, contrairement au Canada et à bon nombre de pays étrangers. Cela veut dire que rien ne dissuade les chasseurs de brevets d'intenter des poursuites non fondées qui vont obliger un grand nombre d'entreprises à conclure un accord plutôt que de débourser des frais de justice très élevés.
Même s'il peut être difficile d'influencer les lois aux États-Unis, il est important de reconnaître que ce sont les marchés de brevets internationaux qui sont importants, et c'est sur eux que nous devons axer nos efforts. Vous devriez prendre en considération les solutions novatrices que d'autres personnes ont mentionnées, par exemple des brevets groupés ou un fonds destiné à protéger la PI canadienne. Cela permettrait de renforcer la protection de la PI canadienne sur les marchés internationaux.
Je vous remercie de m'avoir écouté. Je répondrai avec plaisir à toutes vos questions.