:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je m'appelle Kerry Buck, représentante permanente du Canada auprès du Conseil de l'Atlantique Nord. Comme vous l'avez mentionné, j'ai eu la chance de rencontrer certains d'entre vous à Bruxelles, l'automne dernier, et c'est un vrai honneur pour moi de m'adresser à vous tous aujourd'hui, aux côtés du lieutenant-général Hainse et de la lieutenante-générale Whitecross. J'espère que notre discussion permettra d'éclairer vos réflexions sur l'OTAN.
Mon objectif est de mettre en relief certains des défis auxquels l'Alliance fait face et décrire comment le Canada participe et contribue à la sécurité euro-antlantique. Pendant près de 70 ans, le but de l'OTAN a toujours été le même: préserver la paix et veiller à notre sécurité collective. Ce rôle demeure aussi pertinent que jamais. Les défis d'aujourd'hui en matière de sécurité, que ce soit l'aventurisme militaire de la Russie, l'extrémisme et le terrorisme en Irak et en Syrie, les tests nucléaires de la Corée du Nord ou encore le recours accru aux cyberattaques, mettent à l'épreuve l'ordre international fondé sur des règles.
En tant que nation commerçante tournée vers le reste du monde, le Canada n'a aucun doute qu'il est essentiel d'établir un ordre international stable, prévisible et fondé sur les notions fondamentales que sont l'intégrité territoriale, les droits de la personne, la démocratie et la primauté du droit. La présence d'institutions internationales fortes telles que l'OTAN est fermement dans notre intérêt national, comme l'a souligné la lors de son allocution au Parlement sur les priorités de la politique étrangère canadienne, en juin dernier.
La politique de défense du Canada, intitulée « Protection, Sécurité, Engagement », démontre que le Canada et les Forces canadiennes peuvent grandement contribuer à la paix, à la stabilité et à la prospérité dans le monde. Cette contribution comprend des mesures de soutien pour la diplomatie, le développement, l'aide humanitaire, le secours en cas de catastrophe, le renforcement des capacités et la mise en oeuvre du Programme mondial sur les femmes, la paix et la sécurité.
[Traduction]
Cela inclut aussi, en dernier recours, l'utilisation de la force en collaboration avec nos alliés et conformément au droit international. Un engagement ferme à l'égard de l'article 5 de l'OTAN demeure au centre de la politique de sécurité nationale du Canada. Cette unité fait de l'OTAN une organisation unique et solidifie le partenariat entre l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans le monde d'aujourd'hui, la coopération transatlantique est plus nécessaire que jamais et l'OTAN est un multiplicateur de force.
Bien que la raison d'être de l'OTAN n'ait pas changé depuis 1949, l'environnement de sécurité est devenu de plus en plus complexe et l'Alliance a dû s'adapter. L'OTAN a donc renforcé sa posture de dissuasion et de défense afin de prévenir les agressions contre les alliés. L'OTAN cherche aussi à assurer la stabilité au-delà de son territoire en développant de nouvelles capacités de sécurité avec des partenaires et en travaillant en plus étroite collaboration avec des entités internationales ayant les mêmes visées, notamment les Nations unies et l'Union européenne.
Après l'agression de la Russie contre l'Ukraine et le rassemblement de forces et de capacités à la périphérie du territoire de l'Alliance, l'OTAN a entrepris le renforcement le plus important de ses mécanismes de défense collective depuis la fin de la guerre froide. Au Sommet de Varsovie, en juillet 2016, les dirigeants ont convenu de la mise en oeuvre de sa présence avancée renforcée, qui comprend quatre groupes tactiques déployés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne.
Comme vous le savez, le Canada s'est engagé à diriger en Lettonie un groupement tactique multinational formé de troupes d'Albanie, d'Italie, de Pologne, de Slovaquie, de Slovénie et d'Espagne. Il s'agit d'une entreprise considérable. Le Canada se retrouve parmi les quatre pays dirigeants, les autres étant le Royaume-Uni, en Estonie; l'Allemagne, en Lituanie; les États-Unis, en Pologne. En outre, le Canada participe régulièrement aux missions de police aérienne de l'OTAN, ce qui comprend les missions en Islande et en Roumanie en 2017 et 2018, et fournit une frégate pour les patrouilles maritimes dans les eaux européennes.
L'approche de l'OTAN est de nature défensive. L'Alliance répond à la violation de la frontière internationale de l'est de l'Ukraine par la Russie, ainsi qu'à l'annexion illégale et illégitime de la Crimée. Le Canada souscrit entièrement à l'approche à deux volets — la dissuasion et le dialogue — adoptée par l'OTAN à l'égard de la Russie. Pour citer le secrétaire général de l'OTAN, cette approche peut être résumée ainsi:
L'OTAN vise toujours l'établissement de relations constructives et prévisibles avec la Russie [...] et encourage la Russie à agir dans le respect des normes et des règles de la communauté internationale. La transparence et la prévisibilité sont essentielles.
Tandis qu'elle renforce sa posture de dissuasion à l'égard de la Russie, l'OTAN demeure ouverte à la tenue d'un dialogue constructif visant à atténuer les tensions et les risques de malentendus.
Outre la question de la Russie, il est devenu évident que la sécurité collective des pays de l'OTAN passe nécessairement par la stabilité des pays voisins. Voilà pourquoi l'OTAN s'est jointe officiellement à la Coalition mondiale contre Daech et demeure déterminée à offrir de la formation aux forces de sécurité afghanes afin de garantir que l'Afghanistan ne serve plus jamais de refuge aux terroristes. L'OTAN a aussi augmenté son appui à ses partenaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, notamment, pour les aider à accroître leur résilience et à assurer leur propre sécurité. Le Canada exerce aussi, à l'extérieur du cadre de l'OTAN, des activités qui contribuent tout de même à la sécurité des alliés. Il offre de la formation, des conseils et de l'aide aux forces de sécurité irakiennes, appuie le renforcement des capacités des forces régionales et participe à des opérations aériennes en Irak et en Syrie par l'intermédiaire d'activités diverses: soutien de ravitaillement, surveillance maritime, transport tactique.
Au-delà de l'effort militaire, la nécessité d'adopter une approche globale et multidimensionnelle à long terme pour vaincre Daech fait consensus. Voilà pourquoi la réponse intégrée et exhaustive du Canada à la crise qui sévit en Irak et en Syrie, au coût de près de 3 milliards de dollars sur trois ans, mise sur l'expertise du Canada en matière d'aide humanitaire, de stabilisation et d'aide au développement et cible les endroits où nous pouvons réellement changer les choses, y compris dans la région.
Pour terminer, je tiens à aborder la question de l'Atlantique Nord. Les Canadiens savent que l'Atlantique Nord est le lien vital entre l'Europe et l'Amérique du Nord. Nous savons aussi que la Russie investit massivement dans la modernisation de ses forces militaires, ce qui comprend l'amélioration de sa capacité de mener des opérations dans l'Atlantique Nord. C'est pourquoi l'OTAN a convenu, lors du Sommet de Varsovie de 2016, de renforcer sa posture maritime et ses connaissances de la situation dans l'Atlantique Nord. Nous poursuivons notre collaboration avec l'OTAN pour la réalisation de cet engagement et le Canada a un rôle essentiel à jouer à cet égard, avec l'OTAN, pour assurer la sécurité des voies de communication transatlantiques qui sont indispensables à la sécurité et à la prospérité des Canadiens.
Quant à la suite des choses, le Sommet des dirigeants de l'OTAN se tiendra à Bruxelles l'été prochain. Dans notre préparation, nous nous concentrons sur l'avenir de l'OTAN, sur la contribution que le Canada peut apporter pour la façonner et sur les avantages qu'elle représente. Nous chercherons évidemment à préserver l'unité. Pendant près de 70 ans, les alliés — dont le Canada, un membre fondateur — ont été solidaires, et cette unité est notre principal outil de dissuasion contre les agressions. Nous continuerons de veiller à ce que l'OTAN puisse jouer son rôle et conserve sa capacité de répondre aux menaces actuelles et futures à mesure qu'elles se présentent et deviennent de plus en plus complexes. Nous contribuerons aux efforts de l'OTAN visant à assurer la stabilité dans la lutte contre le terrorisme tandis que nous renforçons les capacités de défense en Irak et que nous appuyons les réformes en Ukraine. Nous continuerons aussi de chercher des façons de traiter des enjeux de sécurité inclusive au sein de l'OTAN.
En ce qui concerne le Sommet de 2018, nous nous attendons à ce que l'OTAN présente un nouveau plan d'action sur les femmes, la paix et la sécurité. L'OTAN a fait d'importants progrès pour l'intégration de perspectives de genre dans ses activités de sensibilisation du public, de formation préalable au déploiement et de sensibilisation des partenaires, par exemple, mais il reste beaucoup à faire. Quant au plan d'action comme tel, notre intention est d'en renforcer certains aspects, notamment l'augmentation du nombre de femmes dans les forces militaires alliées et les déploiements internationaux, de renforcer les capacités de défense des pays partenaires pour mettre en oeuvre la résolution 1325 du CSNU, et augmenter la proportion de femmes au sein du personnel de l'OTAN, par exemple. Le Canada consacre d'importants efforts à tous les échelons de l'OTAN pour promouvoir le programme sur les femmes, la paix et la sécurité, et il est perçu, à bien des égards, comme un chef de file sur ces questions.
Le Sommet de l'OTAN qui aura lieu cet été sera l'occasion de faire progresser nos efforts de dissuasion et de défense et de discuter de la modernisation de l'Alliance, de la coopération entre l'UE et l'OTAN et du contexte de menace. Comme je l'ai indiqué, la priorité absolue du Canada est de souligner son rôle indispensable au sein de l'OTAN ainsi que l'importance primordiale de l'OTAN pour la sécurité et la prospérité du Canada.
Merci.
:
Bonjour. Je suis heureux de pouvoir m’exprimer devant ce comité aujourd’hui. Je vous remercie de l’invitation.
Je voudrais commencer mon discours en expliquant mon rôle en tant que représentant du chef d’état-major de la Défense sur une base permanente à l’OTAN. J’assume deux fonctions principales. Premièrement, je représente le chef d’état-major de la Défense au Comité militaire de l’OTAN, qui existe afin d’offrir des conseils militaires par consensus au Conseil de l’Atlantique Nord. Deuxièmement, j’appuie la représentante permanente du Canada à l’OTAN, l’ambassadrice Kerry Buck, en offrant des conseils militaires au nom du chef d’état-major de la Défense afin d’alimenter les discussions et les initiatives de l’OTAN. Pour ces deux fonctions, je me concentre tout d’abord à offrir les meilleurs conseils militaires afin d’appuyer la prise de décisions politique au sujet des intérêts du Canada.
L’ambassadrice Buck vous a donné un aperçu stratégique des domaines d’intérêt particulier actuels de l’OTAN. D’un point de vue militaire, je peux vous décrire mes deux tâches principales soit d’assurer le succès des opérations actuelles et garantir que nous sommes prêts à faire face au prochain défi en matière de sécurité.
Dans le Concept stratégique de 2010, l’OTAN a énoncé ses trois tâches fondamentales essentielles: la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative. Les forces armées alliées ont un rôle à jouer pour appuyer chacune de ces tâches.
[Français]
Pendant les 20 années qui ont précédé 2014, l'OTAN s'est principalement concentrée sur la gestion de crise à l'extérieur du territoire de l'Alliance, en Bosnie-Herzégovine ou en Afghanistan, par exemple. Toutefois, depuis que la Russie a adopté une position plus robuste et agressive — démontrée de manière concrète par son annexion illégale de la Crimée, combinée à un environnement de sécurité de plus en plus complexe qui est caractérisé par le terrorisme, les menaces hybrides et les défis reliés au climat pour n'en nommer que quelques-uns —, une approche plus équilibrée face aux trois tâches fondamentales essentielles s'est manifestée.
C'est pourquoi la défense collective a bénéficié d'un intérêt renouvelé en raison des menaces potentielles que posent la Russie et l'augmentation du terrorisme sur le territoire de l'OTAN. Simultanément, la sécurité coopérative est aussi renforcée puisque les Alliés ont reconnu que la projection d'une stabilité envers les pays partenaires au-delà des frontières de l'OTAN contribue aussi à rendre l'Alliance plus sécuritaire.
Le Canada se distingue depuis longtemps en offrant des contributions militaires précieuses aux opérations de l'OTAN et continue à le faire. Actuellement, nous fournissons du personnel et des capacités des Forces armées canadiennes aux missions des trois tâches fondamentales essentielles.
[Traduction]
Plus précisément, l’intérêt renouvelé de l’OTAN pour la défense collective est évident en raison des décisions prises lors du Sommet de Varsovie en 2016 pour renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance.
Comme l’ambassadrice Buck l’a expliqué, le Canada joue un rôle principal dans l’appui de la défense collective en servant de nation-cadre du groupement tactique multinational en Lettonie dans le cadre de la présence avancée renforcée de l’OTAN. Ceci représente une contribution importante sur plusieurs points.
Premièrement, cela envoie un signal très fort à propos de l’unité de l’Alliance qu’un allié nord-américain envoie des soldats pour dissuader les attaques en Europe et contribuer à la défense contre ces dernières. Deuxièmement, le groupement tactique que mène le Canada comprend actuellement des contributions de six autres alliés, en plus de la Lettonie en tant que pays hôte; c’est plus que n’importe quel autre groupement tactique de présence avancée renforcée. Ceci démontre notre engagement à travailler avec d’autres alliés et à améliorer l’interopérabilité entre les forces. Finalement, cette contribution représente la première présence militaire canadienne durable en Europe depuis que nous avons retiré nos forces de l’Allemagne au début des années 1990 après la fin de la guerre froide. Et ce « retour vers l’Europe » a été remarqué par nos alliés.
Dans le cadre de l’opération Reassurance des Forces armées canadiennes, nous respectons notre engagement en matière de présence avancée en Lettonie mentionné précédemment et nous fournissons aussi une frégate aux Forces maritimes permanentes de l’OTAN sur une base de rotations, en plus de fournir régulièrement des avions de chasse pour assurer une présence policière aérienne en Islande et en Roumanie.
En ce qui concerne la contribution militaire du Canada envers une autre tâche essentielle, la gestion de crise, l’histoire récente du Canada démontre un fort engagement envers les efforts de l’OTAN à fournir une stabilité en Afghanistan et en Libye. Nous continuons aussi de contribuer à la mission KFOR de l’OTAN au Kosovo.
Si nous passons à la sécurité coopérative, l’armée a un rôle à jouer afin d’aider les pays partenaires à développer leur propre capacité de faire face aux défis en matière de sécurité et de les surmonter. Les Forces armées canadiennes jouent actuellement un rôle très important dans le développement de la capacité militaire en Ukraine, un partenaire de l’OTAN. Nous offrons aussi de l’instruction aux forces irakiennes afin de contrer les dispositifs explosifs de circonstance et de neutraliser les explosifs et les munitions en vertu du programme d’instruction et de développement des capacités de l’OTAN dans ce pays.
[Français]
Comme je l'ai dit plus tôt dans mon allocution, en plus des opérations actuelles, mon autre priorité, en tant que représentant du chef d'état-major de la défense de l'OTAN, est de m'assurer comme membre permanent du Comité militaire que l'OTAN est prête, sur le plan militaire, à relever le prochain défi en matière de sécurité. Sans entrer dans les détails, cela demande de s'assurer que l'Alliance possède des structures et des mécanismes en place pour être en mesure de planifier des opérations, d'intégrer des forces de nombreux pays, ainsi que de les commander et de les contrôler. Cela demande aussi de cerner les types de capacités dont nous avons besoin maintenant et dans l'avenir.
Comme la politique de défense du Canada le souligne, le Canada effectue rarement des opérations seul. Des partenariats forts avec des organisations alliées et internationales, y compris l'OTAN, sont essentiels pour garantir que nous sommes prêts à faire face à la complexité de l'environnement de sécurité d'aujourd'hui.
Pour résumer le tout, je voudrais vous faire part de quelques réflexions sur le rôle du Canada au sein des structures militaires de l'OTAN et de ce que cela signifie pour les Forces armées canadiennes. Premièrement, le Canada est un allié très respecté autour de la table, et le professionnalisme reconnu de nos forces armées signifie que nous sommes pris au sérieux lorsque nous parlons. Nous avons une longue tradition de solidarité envers nos alliés et de réponse à l'appel lorsque celui-ci survient. Cela nous donne de la crédibilité. D'un point de vue militaire, nous continuerons d'être impliqués dans les programmes de dissuasion et de défense et de projection de la stabilité. Ce sont des priorités clés de l'OTAN dans un avenir prévisible.
[Traduction]
Laissez-moi terminer en indiquant que notre participation à l'OTAN, que ce soit comme représentant du Canada dans le Comité militaire ou en servant avec des équipes multinationales dans l'État-major militaire international ou l'un des commandements stratégiques de l'OTAN, nous donne de l'influence dans une forte alliance politico-militaire qui a résisté à l'épreuve du temps et a prouvé sa faculté d'adaptation.
Je me considère chanceux de pouvoir appuyer le chef d'état-major de la Défense et l'ambassadrice Buck dans leurs rôles de représentants du gouvernement du Canada alors que nous façonnons le futur de cette alliance.
Merci beaucoup.
[Français]
Je suis la lieutenante-générale Whitecross et je suis la commandante du Collège de défense de l'OTAN depuis le 29 novembre 2016.
Je suis responsable de l'accomplissement des missions prescrites par le Comité militaire de l'OTAN, que je vais résumer dans quelques minutes.
[Traduction]
Le Collège de défense de l’OTAN, ou NDC, est un établissement universitaire très particulier, le seul en son genre au sein de l’Alliance. Situé à l’origine à Paris, il a été fondé en 1951 par le général Eisenhower, qui déclarait à l’époque: « La formation des civils et des militaires est absolument nécessaire; elle leur permettra d’avoir une connaissance approfondie des nombreux facteurs complexes qui interviennent dans la problématique de la mise en place d’un dispositif de défense adéquat pour la zone du Traité de l’Atlantique Nord. »
L’orientation de politique du NDC est énoncée dans le document du Comité militaire, comme le soulignait, en juillet 2016, le Conseil de l’Atlantique Nord. Le NDC a pour mission de contribuer à l’efficacité et à la cohésion de l’Alliance grâce au développement de son rôle de grand centre de formation, de rayonnement et de recherche sur les questions de sécurité transatlantiques.
Pour favoriser une réflexion créative et tournée vers l’avenir sur les grandes questions d’intérêt pour l’Alliance, le NDC a reçu l’instruction de réaliser trois tâches de haut niveau.
Premièrement, fournir une formation de niveau supérieur et rassembler des représentants officiels civils haut placés et militaires haut gradés pour interagir sur les questions relatives à l’OTAN dans un cadre particulier, diversifié et multiculturel tout en cultivant le consensus multinational et en fournissant des possibilités de réseautage multinational. Deuxièmement, exercer un très large rayonnement pour appuyer l’atteinte des objectifs stratégiques de l’Alliance. Troisièmement, réaliser des études et des recherches sur la sécurité stratégique qui appuieront les buts plus vastes de l’Alliance. Dans l’exécution de la mission du NDC, les principes de la liberté universitaire sont respectés, protégés et élargis pour inclure le personnel, le corps enseignant et les apprenants.
Au sens organisationnel, au sein de l’OTAN, le NDC est une agence du Comité militaire et est sous la direction du commandant. Les activités d’enseignement et de recherche du Collège sont coordonnées avec le Commandement allié Transformation, situé à Norfolk, et le Commandement allié Opérations, situé près de Mons, en Belgique, ces deux groupes étant représentés au sein des conseils consultatifs universitaires du NDC.
[Français]
Le personnel du Collège de Défense de l'OTAN est composé de 130 militaires et civils qui proviennent de 20 pays membres de l'OTAN et de la Suisse, qui fournit une contribution. La formation générale n'est pas donnée par une faculté permanente, mais plutôt par l'entremise de locuteurs de haut niveau provenant des sphères universitaire, gouvernementale et militaire.
[Traduction]
Le programme du NDC demeure donc actuel et en évolution constante. Il est utile de savoir, car cela donne au NDC son caractère unique et lui confère un avantage concurrentiel sur les établissements nationaux d’enseignement sur la défense et la sécurité, que le programme du NDC est entièrement centré sur les activités de l’OTAN.
Nous formons les leaders du XXIe siècle en amenant les officiers militaires et les fonctionnaires civils à sortir de leur zone de confort sur les plans intellectuel, personnel, national et professionnel pour leur permettre d’en apprendre davantage sur d’autres perspectives du monde dans un milieu culturellement riche. Nous aidons les apprenants à développer et à raffiner leurs compétences en communication et en négociation, pour plusieurs dans une langue qui n’est pas leur langue d’usage, et d’abord et avant tout à établir le consensus. Les études apportent une bonne somme de capital intellectuel général et un certain degré d’humilité intellectuelle, une qualité précieuse chez ceux qui pourront être chargés, plus tard, de responsabilités très lourdes.
[Français]
En dernier lieu, les étudiants apprennent non seulement des livres et des professeurs: ils apprennent aussi les uns des autres et ils créent leurs propres réseaux professionnels.
Le Collège de Défense de l'OTAN propose deux programmes longs et une série de cours de moins longue durée et des cours modulaires.
[Traduction]
En bref, le cours du cycle supérieur dure 20 semaines et vise à mieux préparer les colonels et les lieutenants-colonels ainsi que leurs équivalents du fonctionnariat civil de l'Alliance, de la zone euro-atlantique, du Dialogue méditerranéen, de l'Initiative de coopération d'Istanbul et de pays de contact choisis aux fins des nominations supérieures de l'OTAN ou de fonctions liées aux états-majors multinationaux de l'OTAN ou encore d'autres fonctions liées à l'OTAN dans les capitales. Le cours de l'OTAN sur la coopération régionale, qui dure 10 semaines, vise à établir un lien entre les questions préoccupantes tant pour le Dialogue méditerranéen que pour les pays de l'Initiative de coopération d'Istanbul et pour l'OTAN et à en venir à une compréhension mutuelle et a un réseautage parmi les participants.
[Français]
Ce cours est ouvert aux officiers du grade de brigadier-général jusqu'à celui de lieutenant-colonel ainsi qu'aux fonctionnaires civils et diplomates de rang équivalent provenant de ministères pertinents tels que la Défense, les Affaires étrangères et d'autres qui portent un intérêt au programme de sécurité stratégique. Le Collège de Défense de l'OTAN propose aussi un cours abrégé similaire qui vise des généraux d'une à trois étoiles et leurs civils de niveau équivalent.
[Traduction]
Le Collège de défense de l'OTAN s'acquitte avec succès de sa triple mission de formation, de recherche et de rayonnement, fournissant d'excellents produits pédagogiques, un solide programme de recherche et un effort de rayonnement cible.
Un important engagement en cours consiste à élaborer un plan stratégique qui permettra de mieux lier entre elles ces trois tâches. Ce plan guidera l'évolution du Collège et en assurera l'harmonisation à l'orientation du Comité militaire par un ensemble de buts, de tâches et d'objectifs étalonnés selon des indicateurs de rendement clés.
[Français]
Le développement du plan stratégique du Collège de Défense de l'OTAN a commencé en 2017 et va se poursuivre tout au long de 2018, afin d'être présenté au Comité militaire et le Conseil de l'Atlantique Nord pour y être approuvé, afin d'assurer que, au cours des années à venir, le Collège de Défense de l'OTAN continuera à surveiller les besoins de l'Alliance et des nations qui l'ont construite.
[Traduction]
En ce qui a trait aux tendances liées à l'assiduité, l'évaluation des causes profondes demeure à faire; cependant, bien que le Collège constate une hausse marquée de l'intérêt des pays partenaires, il y a une stagnation en ce qui a trait au nombre de pays de l'OTAN, qui participent à hauteur de 16 à 19 pays sur 29.
Dans le cas des deux derniers cours du cycle supérieur, environ 20 % des places étaient occupées par des apprenants civils, et notamment par des diplomates. Un défi constant et un domaine d'intérêt particulier quant à son lien avec le programme Les femmes, la paix et la sécurité, tient au fait que le nombre d'apprenantes reste faible, soit 11 % et 6 % pour les deux derniers cours du cycle supérieur, et encore moins au cours de l'OTAN sur la coopération régionale, bien qu'il faille s'y attendre en raison du nombre relativement faible de femmes des pays qui assistent à ce cours destiné à des participants de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
Le Collège de défense de l'OTAN s'efforce d'encourager la participation d'un plus grand nombre de femmes aux cours proposés et leur présence au sein du personnel. Du seul fait de la nature multinationale des membres des états-majors et des inscrits aux cours, le Collège de défense de l'OTAN reflète un degré élevé de diversité qui va au-delà des frontières que sont la nationalité, le service, le niveau, l'expérience, le sexe, la religion, la culture et d'autres éléments encore. Cette diversité m'apparaît à la fois comme une force et un multiplicateur des forces.
[Français]
Comme c'est indiqué dans mes directives et orientations pour 2018, je suis déterminée à assurer au Collège de Défense de l'OTAN un environnement de travail respectueux et qu'il favorise le travail d'équipe, le respect mutuel et l'équité pour tous. Je crois qu'un espace de travail respectueux est fondamental pour tout environnement d'apprentissage et contribue à encourager la participation des femmes.
[Traduction]
Deuxièmement, en conformité avec la reconnaissance, par l'OTAN, des perspectives de genre à titre de considération importante à long terme pour l'instauration de l’égalité entre les sexes, et à court terme pour aider les commandants de tous les niveaux à prendre de meilleures décisions pour atteindre l'efficacité opérationnelle, les perspectives de genre seront prises en compte dans les trois missions du Collège, c'est-à-dire la formation, le rayonnement et la recherche. J'ai désigné un conseiller en matière d’égalité entre les sexes au Collège afin que nous avancions sur le chemin de l'intégration des perspectives sur l'égalité entre les sexes.
Troisièmement, je saisis personnellement toutes les chances qui se présentent à moi pour encourager le dialogue lié au programme Les femmes, la paix et la sécurité. Pendant l'automne 2017, le Collège de défense de l'OTAN a coparrainé, avec l'Université Queen's, un atelier sur les perspectives en matière d’égalité entre les sexes qui, comme vous le savez, ne vise pas seulement à intégrer les femmes, puisque la notion de perspectives selon le genre n'équivaut pas à la notion de perspectives des femmes. Les perspectives selon le genre considèrent les besoins des hommes et des femmes, des garçons et des filles, et les incidences sur les uns comme sur les autres, sachant que le mot « genre » en soi, n'a plus la signification binaire qu'on lui connaissait.
J'ai aussi eu l'occasion de prononcer un discours liminaire sur l'intégration des perspectives sur l’égalité entre les sexes au Centre européen d'études de sécurité de Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne. L'auditoire était constitué de plus de 100 professionnels du secteur de la sécurité, en début et en milieu de carrière, venus d'une cinquantaine de pays d'Europe, d'Eurasie, du Pacifique, d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Afrique.
Le Collège de défense de l'OTAN discute aussi avec le Nordic Centre for Gender in Military Operations et avec le Commandement allié Transformation de la tenue de leur conférence annuelle sur la discipline.
Merci.
:
Monsieur Robillard, comme vous l'avez dit, le paramètre de 2 % est un des moyens de mesurer la contribution des alliés, mais on peut utiliser d'autres moyens et d'autres paramètres.
[Traduction]
En gros, nous examinons les capacités en matière de trésorerie et les contributions. La capacité, l'interopérabilité, l'agilité et la possibilité de déployer des troupes entraînées et capables de faire le travail sont essentielles pour l'OTAN et l'Alliance. Le Canada a toujours été présent. Nous avons participé à toutes les missions et opérations de l'OTAN depuis ses débuts.
Comme je l'ai dit plus tôt, le 2 % fait partie de ces paramètres. Il permet de calculer le pourcentage total des dépenses militaires par rapport au PIB, comme vous le savez. La nouvelle politique de défense du Canada — « Protection, Sécurité, Engagement » — a permis d'injecter de nouvelles ressources importantes dans les plans de défense du Canada. Cet investissement important est reconnu par nos alliés.
Pour 2017, on estime que le Canada a consacré environ 1,31 % de son PIB à la défense. Nous sommes au 15e rang des pays de l'OTAN à cet égard. Toutefois, si l'on fait un calcul par personne, nous nous retrouvons au 6e rang. Nous apportons une saine contribution à l'OTAN et nous avons renversé le déclin des dépenses en matière de défense, ce que nous nous étions engagés à faire à Varsovie.
De façon plus importante, comme je l'ai déjà dit, nous investissons plus en vertu de la politique « Protection, Sécurité, Engagement ». L'objectif de l'OTAN est d'affecter 20 % des dépenses militaires à l'équipement majeur d'ici 2020; selon la politique, nous atteindrons un taux de 32,2 % à cet égard. Il y a d'autres mesures également, mais je n'entrerai pas dans les détails.
Ce que je veux dire surtout, c'est que le Canada a respecté ses engagements en ce qui a trait aux troupes et aux capacités et que nous déployons des soldats hautement qualifiés et très compétents lorsque l'OTAN en a besoin.
:
Monsieur le président, permettez-moi de répondre à cette question.
En réponse à votre question, l'ambassadrice a parlé de la contribution financière, de la contribution en capacités et de la contribution militaire. Pour ma part, j'aimerais donner plus de détails sur les capacités ou les capabilities, en anglais.
Au sein de l'OTAN, il existe un processus de planification des capacités, qui est revu tous les quatre ans. Le dernier processus a eu lieu en 2015 et le nouveau commencera en 2019.
Ce processus de planification des capacités comporte cinq étapes. À la première étape, on définit la menace et l'environnement. À la deuxième étape, on établit les besoins en tenant compte de l'environnement. Quand les besoins militaires ont été établis, on attribue des cibles à chacune des nations, pour s'assurer que les besoins sont bien comblés. Bien entendu, cette attribution de cibles est basée sur la richesse du pays, sur sa capacité militaire, sur la taille de ses forces, et ainsi de suite. Cet élément très important s'ajoute au paramètre de 2 %. Le Canada et les 28 autres nations sont soumis à ce processus. En 2019, nous allons commencer un autre processus.
Il importe de souligner que le processus actuel a été amorcé en 2015, à la suite des événements survenus en Crimée et dans l'Est de l'Ukraine. C'est alors qu'on a accordé une plus grande priorité aux capacités de défense collective. Cela a fait augmenter davantage les besoins en matière de capacités des nations. À titre d'exemple, le Canada s'est vu attribuer plusieurs centaines de cibles qu'il doit accepter, et il dispose de 10 à 20 ans pour les atteindre.
:
Le principal objectif de l'OTAN est de répondre à toute menace, sans égard à sa provenance, en tout temps. Je dirais que l'OTAN est capable de le faire, mais comme toutes les organisations, elle doit s'adapter et elle s'adapte à ces menaces.
Permettez-moi de revenir dans le temps. Comme l'a fait valoir le lieutenant-général Hainse, à la fin de la guerre froide, l'OTAN a déplacé son objectif vers les opérations de gestion de crise hors zone. Il y avait certains dividendes de la paix dans l'espace euroatlantique et on se centrait moins sur la défense collective. En 2014 — et avec l'annexion illégale de la Crimée —, il était évident que l'OTAN devait revenir à la défense collective, et c'est ce qu'elle a fait. Elle a triplé sa force de réaction. Elle a installé plusieurs petites administrations centrales, non seulement sur le flanc est, mais aussi sur le flanc sud-est, afin de relier les forces nationales aux forces de l'OTAN. Elle a mis sur pied la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation, une force de type « fer de lance », et a établi quatre nouveaux groupements tactiques sur le flanc est — la Pologne et les Pays baltes —, où le Canada est un pays-cadre, comme je l'ai dit plus tôt.
L'OTAN a pris de nombreuses mesures en matière de défense collective. Bon nombre de ses décisions — comme les groupements tactiques à l'est — ont été prises lors du sommet de Varsovie. Alors que nous nous dirigeons vers un autre sommet cet été, nous allons faire ce que j'appelle une « consolidation » des éléments et nous allons veiller à ce qu'il y ait suffisamment de forces de deuxième échelon, de renforts et de mobilité militaire pour accroître cette présence. Est-ce que l'OTAN peut faire le travail? La réponse, c'est oui.
Bien que l'OTAN se soit centrée de nouveau sur la défense collective, elle a tout de même grandement participé aux activités hors zone, mais il y a eu une transition. L'OTAN est toujours présente en Afghanistan, où elle mène sa plus longue mission. En même temps, on a reconnu que l'OTAN et ses alliés pourraient en faire plus pour assurer une stabilité en dehors de son périmètre en ayant recours à d'autres moyens que les opérations d'envergure, par l'entremise du renforcement de la capacité de défense, que nous appelons la « projection d'une image de stabilité ». Ainsi, on en a fait beaucoup plus en Ukraine, en Géorgie, en Jordanie et autour du périmètre de l'OTAN pour projeter cette image de stabilité.
Vous avez demandé quel était le principal objectif de l'OTAN et la réponse, c'est qu'elle doit tout faire. Comme je l'ai dit plus tôt, de nombreux changements se sont opérés depuis 2014 et l'OTAN s'est adaptée pour répondre à ce changement relatif à l'environnement de sécurité. Il y a aussi le regroupement. Dans le cadre du sommet à venir, nous nous attendons à ce qu'on parle d'adapter la structure de commande de l'OTAN, d'accroître la projection d'une image de stabilité, de renforcer les capacités de défense, notamment en Irak, et d'accroître le regroupement de la posture de dissuasion de l'OTAN sur le flanc est, de même que dans le Sud-est, avec la Roumanie et la Bulgarie.
Merci.
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Je vais répondre d'abord et laisserai ensuite la lieutenante-générale Whitecross vous donner le point de vue du NDC.
L'OTAN a adopté un plan d'action sur les femmes, la paix et la sécurité. Il s'agit d'un plan d'action plutôt détaillé, mais, en vue du sommet qui aura lieu ce printemps, nous souhaitons élever nos ambitions. L'OTAN a fait un assez bon travail à plusieurs égards, notamment en ce qui a trait à la sensibilisation en dehors de l'Organisation, en collaboration avec les alliés publics de l'OTAN, sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité, ainsi que par l'entremise d'entretiens ciblant des populations de femmes afin de montrer ce que fait l'OTAN et tout le travail qu'a réalisé l'Organisation en matière d'inclusion ou de ce que j'appelle la sécurité inclusive.
L'OTAN a également bien travaillé pour intégrer la perspective du genre dans ses opérations. Par exemple, avant d'être déployés dans le cadre des opérations de l'OTAN, les intervenants doivent participer à une formation prédéploiement obligatoire. Le Commandant suprême des Forces alliées en Europe a émis une directive concernant toutes les opérations de l'OTAN selon laquelle la perspective du genre doit être intégrée à toute la chaîne de commandement. L'Organisation s'en est plutôt bien tirée à cet égard, mais il reste encore du travail à faire. L'intégration de la dimension du genre se fait également dans les politiques de l'OTAN.
Il y a encore des lacunes. Il reste encore du travail à faire en matière d'intégration de la dimension du genre dans les politiques de l'OTAN. Comme je l'ai expliqué devant le Conseil de l'Atlantique Nord, le Canada a adopté une approche très pragmatique afin de s'assurer lors d'opérations sur le terrain, par exemple, de comprendre la place des femmes dans la communauté où il mène ses opérations et de comprendre, comme le fait l'OTAN dans le cadre de ses efforts visant à bâtir une capacité de défense, qu'il est dans l'intérêt de sécurité de tous les intervenants de disposer de plus de femmes formées au sein des forces armées des pays partenaires. C'est un secteur dans lequel nous souhaitons en faire davantage.
Finalement, il y a le pourcentage de femmes au sein de l'OTAN et des forces armées alliées. Au sein de l'Organisation, il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles. Le nombre de femmes au sein de l'Organisation est légèrement à la baisse, mais certaines ont été nommées à des postes supérieurs importants. La générale Whitecross est la première femme à assurer le commandement du Collège de défense de l'OTAN. Le poste de sous-secrétaire général est occupé par une femme. Je suis la première femme ambassadrice du Canada à l'OTAN en 66 ans.
Certaines améliorations ont été apportées aux forces armées des pays alliés. Nous nous portons mieux que la plupart des autres groupes, mais ce n'est pas suffisant. Par exemple, depuis 1999, le nombre de femmes au sein des armées alliées n'a augmenté que de 4 % pour atteindre une moyenne se situant juste sous les 11 % en 2016. Il y a donc encore du travail à faire.
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Merci beaucoup de cette question.
L'OTAN est avant tout une alliance militaire politique, et j'insisterai sur l'aspect politique de l'initiative. Le public considère très souvent l'organisation comme une alliance militaire, mais elle joue également un rôle politique substantiel.
Les valeurs démocratiques sont enchâssées dans le traité de Washington et, pour être franche, l'adhésion à ces principes démocratiques a connu des hauts et des bas au fil des ans au sein de l'alliance. Les choses sont comme elles sont. L'OTAN est une alliance de démocraties, mais il est arrivé que les choix démocratiques et l'évolution politique dans certains pays membres de l'alliance ne respectent pas entièrement la démocratie, et je parle ici du passé. Certains gouvernements membres de l'alliance ont déjà été dirigés par des juntes ou d'autres entités.
Cela n'amoindrit en rien le poids et la valeur de l'alliance politique, laquelle est fondée sur des valeurs communes. D'une certaine manière, elle devient un endroit où l'on peut garder les gens et les alliés à l'intérieur de la tente, et essayer de renforcer et de ranimer ces valeurs.
Vous m'avez posé une question sur l'opinion de la population sur l'OTAN. L'OTAN a fait beaucoup pour faire connaître son mandat au sein de l'alliance et mène actuellement quelques campagnes de diplomatie publique. Par exemple, nous avons appris que les Canadiens connaissent et appuient l'OTAN, mais n'en savent pas suffisamment sur ce qu'elle fait. Nous ne nous en tirons pas mal à cet égard, mais plus les membres du Comité font de la diplomatie publique, mieux c'est.
L'association de l'OTAN réussit fort bien à répandre les bonnes nouvelles. Nous tentons de transmettre le message aux jeunes et à une plus grande part de la population au sein de l'alliance, nous adressant non seulement aux jeunes, mais aussi aux femmes, pour veiller à ce que le rôle politique de l'OTAN soit lui aussi mieux compris.
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Rome exige vraiment l'esprit de sacrifice. Merci de votre sollicitude.
J'ai quelques éléments de réponse. L'année dernière, nous avons entrepris de réviser le programme de cours du Collège, compte tenu du contexte sécuritaire à venir et en nous inspirant des documents fondamentaux émanant des commandements de l'OTAN, c'est-à-dire l'ACT et l'ACO, à Norfolk, et le SACEUR, à Mons.
À partir de ces documents et des objectifs de l'époque, nous avons déterminé si des changements étaient nécessaires. Je suis heureuse de dire que cet examen a permis de cerner un certain nombre de modifications substantielles qui me semblent heureuses, particulièrement la refocalisation sur la Russie, pour des motifs évidents, sous forme de séminaires, ça n'existait pas avant, et sur la Chine, et la détermination de raffermir l'influence dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (le MENA), pour la pierre angulaire de l'OTAN appelée « projection de la stabilité ». Nous commençons à peine à appliquer les modifications issues de cette révision faite l'année dernière.
Nous accomplissons aussi, comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, un effort de planification stratégique pour faire accéder le Collège à ce à quoi il ressemblera dans les années 2020-2030, pour bien supprimer les lacunes subsistant malgré nous dans notre réactivité aux besoins des États membres de l'Alliance. Le Collège pourrait en faire plus, par exemple dans l'apprentissage à distance et ce genre de choses. Certains des cours ont considérablement augmenté l'appétit de nos partenaires, mais un séjour à Rome pourrait être une charge un peu lourde, vu les coûts. Il est donc bon de pouvoir offrir une solution de rechange. Nous envisageons diverses façons de diffuser le message, pour ainsi dire.
Sur la dernière remarque concernant la modification de la doctrine, nous sommes en discussions permanentes avec le siège de l'OTAN, mais, au Collège, notre division de la recherche a aussi noué des liens avec des groupes de réflexion de nombreux pays, partout, notamment ici, au siège de Bruxelles. Nous réexaminons constamment nos méthodes d'enseignement. Comme je l'ai dit, nous n'avons pas de corps enseignant à nous. En fait, nous invitons des professeurs, des fonctionnaires et des militaires du monde entier, à la fine pointe de leur domaine.
Votre Excellence, comme vous le savez, en avril prochain, le Traité de l'Atlantique Nord fêtera son 69e anniversaire. Ses articles n'ont pas vraiment été actualisés depuis un bon bout de temps.
Bien sûr, un sujet de discussion actuel reste, l'article 4, sur la capacité de consulter, mais il y a aussi l'article 5, selon lequel l'attaque contre un membre équivaut à une attaque contre tous, mais il est toujours précisé qu'il s'agit d'une attaque armée. Bien sûr, la guerre a connu une métamorphose spectaculaire en cyberguerre et en guerre électronique, formes qui pourraient toutes facilement paralyser nos systèmes de défense aérienne, nos systèmes de suivi et notre capacité de maintenir la sécurité et la paix dans une région. Il y a aussi la guerre hybride, dans laquelle des États emploient des joueurs non étatiques, mais vous savez, les petits hommes verts, les nouvelles truquées, les organisations terroristes...
Comment faire évoluer notre alliance pour pouvoir invoquer l'article 5 au besoin, au cas où nous affronterions une attaque qui ne serait pas considérée comme armée, mais qui, incontestablement, aurait le même genre de conséquences, que ce soit un missile ou, dans les modèles de cyberguerre et de guerre électronique, une invasion?
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L'article 5 s'est adapté aux différentes époques. Il est intégré dans le droit humanitaire international, le droit de l'autodéfense. Il est évident que ce corpus de lois a évolué pour reconnaître les différentes formes d'attaque armée qui répondraient quand même au critère de l'article 5. Par exemple, à Varsovie, les dirigeants ont reconnu qu'une cyberattaque pouvait équivaloir à une attaque au sens de l'article 5.
La difficulté, pour l'OTAN, actuellement, réside dans une zone grise que les Russes savent si bien occuper. Par exemple, le général Gerasimov, chef d'état-major de la Défense russe, a énoncé la doctrine d'un continuum d'actes belliqueux dont les deux tiers ne constituent pas des attaques armées. Les Russes auront recours à des campagnes actives de formes différentes de désinformation à toutes les étapes de la guerre. La réaction à cette zone grise devient difficile pour l'OTAN et pour d'autres pays qui cherchent à riposter à des attaques qui ne répondent pas, mais à peine, au critère de l'article 5.
En contrepartie, et c'est une bonne nouvelle, on comprend beaucoup mieux les menaces hybrides et les cybermenaces. L'OTAN s'est vraiment efforcée d'actualiser ses plans, ses stratégies, de renforcer les cyberinfrastructures de son organisation et de ses alliés, pour que nous puissions prévenir les attaques ne satisfaisant pas au critère de l'article 5 et y répondre.
L'OTAN s'est aussi efforcée d'être mieux au courant de la situation, en investissant beaucoup dans l'analyse du renseignement, les cellules hybrides de fusion, les mesures actives à prendre pour combattre la désinformation et maintenir la veille sur les menaces hybrides ou asymétriques qui pourraient se concrétiser ou les neutraliser à la source.
Nous le vivons de façon très réelle dans notre groupe de bataille en Lettonie. Sans cesse, des campagnes russes de désinformation le visent ainsi que les autres groupes dans les pays de la Baltique et en Pologne. Nous avons endurci notre capacité cybernétique et formé nos troupes, pendant l'étape de la formation préalable au déploiement, à prévenir la désinformation et ne pas y être vulnérable. Nous avons du personnel au centre d'excellence, StratCom, et nous collaborons avec le centre sur la guerre hybride.
Nous faisons beaucoup pour réagir à cette zone grise, la circonscrire et savoir quand agir.
Je suis désolée pour la longueur de ma réponse.