Merci beaucoup d'être venus à la réunion d'aujourd'hui du Comité de la défense.
Je tiens à présenter le brigadier-général Hugh MacKay et le colonel Andrew Downes. Merci beaucoup.
Avant de commencer vos déclarations préliminaires sur le « Rapport de 2016 sur la mortalité par suicide dans les Forces armées canadiennes » et avant la conversation qui suivra, je veux informer les membres du Comité de ce qui nous attend.
Nous en avons pour environ 1 h 45, après quoi nous suspendrons la séance et poursuivrons à huis clos pour discuter des affaires du Comité.
La méthode a bien fonctionné pour moi jusqu'à présent, et donc, si vous voyez que je lève ce bout de papier, vous n'avez pas à arrêter immédiatement, mais il vous reste environ 30 secondes pour terminer ce que vous avez à dire, parce que je dois ensuite céder la parole à quelqu'un d'autre. Cette méthode permet une transition plus en douceur. Ce bout de papier vous indique qu'il reste 30 secondes.
Messieurs, merci beaucoup de comparaître aujourd'hui.
Général, la parole est à vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le président, honorables membres du Comité permanent de la défense nationale, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats du « Rapport de 2016 sur la mortalité par suicide dans les Forces armées canadiennes ».
[Français]
Chaque suicide est une perte tragique prématurée qui a des répercussions négatives importantes sur la vie des membres de la famille, des amis, de la communauté militaire et des fournisseurs de soins de santé. Ce problème, qui préoccupe grandement les dirigeants militaires, fait l'objet d'une attention particulière de la part du Groupe des services de santé depuis de nombreuses années.
[Traduction]
Comme l'indique le Rapport du Comité d'experts des Forces canadiennes sur la prévention du suicide de 2009, les Forces armées canadiennes possèdent un programme de prévention du suicide solide et complet. Le Comité a même formulé des recommandations qui ont permis d'améliorer le programme.
Nous avons mis sur pied un programme de formation sur la résilience reconnu à l'échelle internationale appelé « En route vers la préparation mentale » ainsi qu'un éventail de programmes de promotion de la santé abordant des sujets comme la gestion du stress, les dépendances, la santé mentale et le suicide. Comme les personnes atteintes de maladies mentales présentent un risque de suicide accru, il est essentiel de leur offrir le soutien dont elles ont besoin et de les prendre en charge.
Des cliniques de soins primaires accessibles ont été établies dans nos bases à l'échelle du pays et à l'étranger. La plupart d'entre elles comptent des groupes pluridisciplinaires de cliniciens en santé mentale. Nous avons aussi créé sept centres de soins pour trauma et stress opérationnels dans nos plus grandes cliniques. Nous avons intégré des services de télésanté mentale dans le système pour favoriser l'accès aux soins dans les régions les plus éloignées, assurer la prestation de soins dans la langue de préférence des patients et aider à améliorer l'accès aux soins. Nous avons aussi doté nos plus grandes cliniques de systèmes de réalité virtuelle pour faciliter le traitement des victimes de traumatismes liés au stress opérationnel et lancé un projet de saisie directe de notes sur la santé mentale dans les dossiers de santé électroniques.
Le personnel militaire peut obtenir du soutien en tout temps auprès du Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes ou obtenir des soins médicaux d'urgence en se présentant aux installations médicales civiles en dehors des heures d'ouverture des cliniques militaires.
[Français]
Les maladies mentales et le suicide sont des problèmes complexes sur lesquels il reste encore beaucoup à apprendre. Nos recherches visent à éclaircir les problèmes de santé qui affectent les militaires des Forces armées canadiennes. En 2013, l'Enquête sur la santé mentale dans les Forces canadiennes, effectuée par Statistique Canada, en est un exemple. De plus, nous explorons toujours comment améliorer la qualité des soins offerts dans nos cliniques.
[Traduction]
Le groupe des Services de santé des Forces canadiennes assure un suivi dans tous les cas présumés de suicide: un groupe de cliniciens est désigné pour obtenir des renseignements sur les circonstances de l'événement et pour en tirer des leçons qui permettraient de prévenir d'autres suicides à l'avenir.
Les renseignements issus de cette démarche et d'autres sources sont rassemblés et analysés tous les ans en vue de leur présentation dans un rapport. Le rapport dont nous discutons aujourd'hui, qui comprend des données de 1995 à 2015, en est un exemple.
Il importe de rappeler que l'analyse porte seulement sur les suicides commis par des hommes de la Force régulière, car le nombre de suicides chez les femmes de la Force régulière et les membres de la Force de réserve n'est pas assez grand pour permettre une analyse statistiquement adéquate. La publication de données sur ces populations pourrait contrevenir aux règles de confidentialité.
[Français]
II est établi que le suicide est un événement multidimensionnel qui est causé par un grand nombre de facteurs biologiques, psychologiques, interpersonnels et socioculturels. En raison de cette complexité, il est difficile de prédire la propension au suicide. La plupart des personnes qui se suicident ont des symptômes de maladie mentale et sont exposées à un ou plusieurs facteurs de stress aigus, comme une rupture conjugale ou des problèmes juridiques ou financiers. Les personnes en crise se sentent dépassées et désespérées et ont de la difficulté à voir comment elles pourront se sortir de leur situation.
Par contre, certaines d'elles ne montrent aucun signe de détresse, pas même à leurs amis les plus proches. Les idées suicidaires sont courantes chez les personnes atteintes de maladie mentale, mais la plupart d'entre elles demandent de l'aide au lieu de passer à l'acte. Je suis attristé chaque fois que j'entends parler d'un suicide, car je sais que la personne avait accès à de l'aide et que nous avions les ressources pour lui sauver la vie.
[Traduction]
Le taux de suicide global dans les Forces armées canadiennes est sensiblement le même depuis 20 ans. Cependant, durant les cinq dernières années, le taux de suicide a augmenté de façon marquée chez les membres de l'Armée comparativement aux membres de l'Aviation ou de la Marine. Les causes de ce phénomène restent obscures, d'autant plus que tous les éléments des FAC utilisent les mêmes processus de recrutement, d'administration et de discipline et le même système de santé.
Nous avons néanmoins noté un risque de suicide légèrement plus élevé chez les militaires ayant participé à des déploiements et appartenant aux groupes professionnels liés aux armes de combat. Il est raisonnable de penser que ces groupes sont ceux qui sont les plus exposés à des traumatismes psychologiques durant les opérations, ce qui pourrait accroître leur vulnérabilité aux maladies mentales. D'autres facteurs que nous n'avons pas encore pû mesurer exactement pourraient aussi intervenir, par exemple les expériences négatives durant l'enfance, qui sont reconnues pour être plus nombreuses chez les militaires que dans l'ensemble de la population canadienne et pour accroître le risque de maladie mentale et de suicide.
En ce qui concerne les troubles de santé mentale spécifiques diagnostiqués chez les personnes qui se suicident, la dépression et la toxicomanie sont les plus fréquents, suivis des troubles anxieux et, au quatrième rang, de l'état de stress post-traumatique. Ce constat est important, car il montre la nécessité d'un programme de santé mentale de grande envergure.
La rupture amoureuse est vraisemblablement le facteur de stress de la vie qui est le plus souvent en cause dans les suicides des militaires des Forces canadiennes. Les autres facteurs de stress associés au suicide sont liés au travail, aux problèmes de dettes et aux problèmes juridiques. Cela indique que les interventions de prévention du suicide ne devraient pas être confinées aux soins de santé. Les Forces armées canadiennes offrent un grand nombre de programmes et de services pour surmonter ces types de stress. Tant dans la population civile que chez les militaires, environ la moitié des personnes qui se suicident recevaient des soins. Nos services de santé jouent un rôle central, mais les dirigeants et les pairs peuvent aussi venir en aide aux militaires en détresse et les encourager à consulter des fournisseurs de soins de santé, par exemple par l'entremise du Programme des sentinelles de l'Armée canadienne.
En résumé, les Forces canadiennes continuent d'évaluer et d'améliorer leurs politiques et leurs procédures en matière de prévention du suicide en assurant une surveillance continue du suicide et en examinant en profondeur les cas de suicide.
J'aimerais ajouter que nous avons récemment formé un deuxième comité d'experts sur la prévention du suicide. Nous attendons encore le rapport sur nos activités de prévention du suicide. Nous travaillons aussi actuellement sur une stratégie de prévention du suicide à l'échelle des Forces canadiennes.
Je vous remercie de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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C'est une bonne question, et nous savons bien que la population canadienne ne nous permet pas de faire des comparaisons parfaites, entre autres pour certaines des raisons que vous avez mentionnées, comme le dépistage lié à la santé mentale auquel nous procédons ou les évaluations médicales que nous faisons passer aux candidats avant de les accepter.
Cependant, nous croyons qu'il est important de faire des comparaisons, alors nous tentons de faire de notre mieux pour nous assurer qu'elles sont le plus fidèles possible. Lorsque nous évaluons les taux de suicide au sein de la population canadienne, nous apportons des rajustements en fonction de l'âge, par exemple, parce que l'âge est un facteur très important lorsqu'on se penche sur le dossier du suicide et qu'on examine le risque de suicide au sein de la population canadienne. Ce n'est pas parfait, je le reconnais, mais nous croyons que la population canadienne est la meilleure population à laquelle nous avons accès aux fins de comparaison.
Nous avons essayé de voir ce qui se produirait lorsqu'on enlève la population autochtone de la population canadienne générale, parce que, comme vous le savez, malheureusement, les Autochtones affichent des taux de suicide assez élevés. Cependant, les Autochtones représentent un petit pourcentage de la population générale, et nous avons constaté que, même lorsque nous retirons cette population plus touchée par les problèmes de suicide, le résultat de nos comparaisons ne changeait pas vraiment.
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Nous avons travaillé en collaboration avec Anciens Combattants. C'est dans le cadre d'une étude des Forces canadiennes sur le cancer et la mortalité que nous avons inclus pour la première fois le taux de suicide des vétérans. C'est dans le cadre de cette étude que nous avons déterminé qu'il y avait peut-être un risque 1,5 fois plus élevé de suicide chez les vétérans.
Nous continuons de travailler en collaboration avec les responsables d'Anciens Combattants pour tenter de les aider, grâce à une base de données que nous avons créée et qui inclut les données de toutes les personnes qui se sont engagées dans les Forces armées canadiennes de 1972 à aujourd'hui et à laquelle nous ajoutons, chaque année, les données de toutes les nouvelles recrues. Nous avons créé cette base de données et nous les aidons à la tenir à jour, puis nous utilisons les données sur la mortalité de Statistique Canada pour savoir ce qu'il en est des taux de suicide au sein de la population des vétérans.
Nous travaillons fréquemment en collaboration avec eux, et nous travaillons ensemble pour mettre au point une stratégie conjointe de lutte contre le suicide des Forces armées canadiennes et d'Anciens Combattants, dans le cadre de laquelle nous tenterons en partie de déterminer quelles sont les prochaines étapes et ce qui se passe du point de vue des suicides chez les vétérans... ce ne sera pas nous qui le ferons, mais nous aiderons Anciens Combattants, quand cela est possible, à comprendre la situation du suicide au sein de la population des vétérans.
Voici une des recommandations formulées par l'ombudsman des forces armées:
[...] que les Forces armées canadiennes maintiennent en poste les militaires en voie de libération pour raisons médicales jusqu'à ce que tous leurs services et prestations des Forces armées canadiennes, d'Anciens Combattants Canada et du Régime d'assurance-revenu militaire soient confirmés et instaurés.
Cela exigera en partie d'attendre que les cliniciens tirent leurs conclusions. Lorsque ceux-ci déterminent qu'une personne doit être libérée pour des raisons médicales et que la blessure est une conséquence du service, l'ombudsman recommande que cette évaluation s'applique à leurs prestations rétroactives, leurs prestations médicales. Actuellement, au moment de leur libération, les personnes doivent présenter une demande à Anciens Combattants pour obtenir les différentes prestations, et il y a donc un écart.
Essentiellement, ils ont été évalués par un médecin militaire, mais, à leur libération ou lorsqu'ils tentent de présenter des demandes pour obtenir des prestations de vétéran, ils doivent passer par un autre système et prouver à un médecin d'Anciens Combattants que leur blessure est bel et bien une conséquence de leur service.
Selon vous, y a-t-il une raison qui nous empêche d'utiliser les évaluations des cliniciens militaires aux fins de détermination des prestations?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être là aujourd'hui.
Je vais commencer par dire quelque chose, et je sais que ce n'est pas première fois que je le dis. Je crois que l'armée canadienne est en avance sur beaucoup d'autres secteurs au sein de la société pour ce qui est de s'attaquer à certaines des questions difficiles, que ce soit l'inconduite sexuelle ou le suicide, alors je tiens à reconnaître le mérite des Forces armées canadiennes dans ces dossiers.
Cela dit, vous êtes ensuite tenus de respecter des normes supérieures. Lorsque les autres ne s'attaquent pas à ces problèmes, ils peuvent baisser les bras et dire qu'ils ne connaissent pas vraiment la nature des problèmes. Je vais maintenant vous astreindre à cette norme supérieure que vous avez établie pour vous-mêmes.
Je veux revenir à la question des professionnels de la santé. Au cours des deux ou trois dernières années, il semble qu'il y a eu des améliorations du côté du recrutement. Dans l'affirmative, si c'est vraiment le cas, pouvez-vous me dire pourquoi il en est ainsi?
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur MacKay, et je vous remercie de votre témoignage.
Je vais vous adresser mes questions en français.
Au cours des derniers mois et des dernières années, il a abondamment été question de la difficulté, chez d'anciens membres des Forces armées canadiennes, d'effectuer une transition sereine et efficace de la vie militaire à la vie civile. Or, force est de constater, à la lumière des cas de suicide récents parmi les nouveaux membres des Forces armées, que la transition de la vie civile à la vie militaire pose aussi des défis importants pour nos jeunes recrues.
Pouvez-vous me dire si une réflexion a été entamée au sujet la transition des gens de la vie civile à la vie militaire? Le cas échéant, pouvez-vous me préciser quels sont les éléments que vous explorez en ce moment? Selon vous, quelles sont les pistes de solutions que nous pourrions envisager pour mieux prévenir les cas de suicide chez nos recrues?
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, général MacKay et colonel Downes. Merci de votre service. Merci aussi d'être là et merci de l'important travail que vous faites.
Je veux revenir sur un enjeu que vous avez mentionné rapidement dans votre mémoire, et c'est nos réserves.
Le Comité a entendu le témoignage d'autres témoins sur la situation de nos réserves. M. Robillard vient de formuler un commentaire sur les difficultés auxquelles les personnes sont confrontées lorsqu'elles passent de la vie civile à la vie militaire. Pour les réservistes, ce peut être encore plus difficile d'avoir à le faire à répétition, surtout les réservistes qui participent à des opérations de combat à l'étranger. Un pourcentage important des personnes qui ont combattu en Afghanistan étaient — c'est ce qu'on m'a dit — des réservistes.
Y a-t-il des considérations spéciales, des facteurs spéciaux, qui concernent les réservistes sur le plan de la santé mentale? Quel est le risque de suicide? Est-ce que la transition continue ou répétée à la vie civile est un facteur positif ou est-ce que cela représente un défi supplémentaire assorti de ses propres complexités?
Merci à vous deux de votre service. Je suis très heureuse d'être de retour à la table.
J'aimerais parler un peu de la formation sur les premiers soins en santé mentale qui est fournie, souvent par l'intermédiaire des centres de service aux familles des militaires. Souvent, les membres en service qui ont des difficultés craignent d'en parler, surtout lorsqu'il est question de santé mentale, par crainte de la stigmatisation, des problèmes liés à l'universalité du service et ainsi de suite.
Que faites-vous pour travailler en étroite collaboration avec les familles qui voient leurs êtres chers avoir des difficultés à la maison, s'automédicamenter dans leur sous-sol et ce genre de choses? Que faites-vous pour vous assurer que les familles ont les outils nécessaires pour pouvoir reconnaître lorsque nos militaires ont besoin d'aide, qu'elles peuvent les aider durant leur traitement et les aider à obtenir l'aide dont ils ont besoin?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le brigadier-général et le colonel de leurs propos.
J'aimerais revenir aux causes premières du suicide. Dans votre présentation, vous avez parlé de différentes causes. Vous avez dit qu'une rupture amoureuse en est la cause première.
Pour avoir vécu deux déploiements opérationnels, je sais qu'on se demandait parfois qui serait la première personne à être abandonnée par sa conjointe ou son conjoint. De 50 à 60 % des membres du bataillon subissaient une rupture durant la mission. La pression est énorme lorsqu'on est en mission en raison de ces questions de relations de couples.
On peut penser que le déploiement donne lieu à des stress post-traumatiques liés au combat, mais est-ce que la pression provenant de la vie personnelle peut aussi avoir un effet dévastateur sur les militaires qui sont déployés?
Est-ce que les centres de la famille dans les différentes bases militaires peuvent vraiment apporter une aide efficace pour prévenir des suicides en aidant des conjointes et des conjoints, afin d'empêcher les ruptures ou d'aider à empêcher des situations de rupture?
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Bien sûr, je me ferai un plaisir d'y répondre.
En route vers la préparation mentale, en réalité, est une suite qui comprend quelque 36 programmes, je crois. Le premier module, comme l'a déjà dit le général MacKay, est offert dans le cadre de l'instruction de base. D'autres modules sont offerts à différentes étapes de la carrière, à mesure que les gens montent en grade. Il y a un module pour ceux qui partent en mission, il y a un pour ceux qui reviennent de mission; nous avons récemment ajouté des modules ciblant certains métiers. Nous avons par exemple élaboré un module En route vers la préparation mentale pour les techniciens en recherche et sauvetage et pour les membres de la police militaire. Nous y avons intégré les facteurs de stress particuliers, notamment, des choses qui sont propres à ces groupes.
Nous nous efforçons de donner cette formation aux soldats, tout au long de leur carrière. Nous continuons d'essayer de lui donner toujours davantage de portée et aussi de faire en sorte que les gens reviennent le plus souvent possible à cette formation.
Je vais revenir sur la question de la méfloquine.
Vous avez comparu devant le comité des anciens combattants et on vous a demandé, je crois, quel pourcentage de la population concernée serait susceptible d'éprouver des effets secondaires. Je crois, si je me souviens bien, que cette proportion était d'environ 2 %. Est-ce que chiffre comprend les personnes qui ne devraient pas prendre de ce médicament parce qu'elles subiraient des effets secondaires? Je ne sais pas si vous n'en aviez pas déjà parlé, dans votre témoignage.
Je dois me résoudre à vous poser la question, tout simplement, j'imagine. En ce qui concerne les effets secondaires, quel est le pourcentage...?
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Le suicide, dans le groupe des 15 à 34 ans, est la seconde cause de décès en importance chez les hommes au Canada. Nous parlons ici du groupe des jeunes militaires de sexe masculin. Le suicide est une cause très courante de décès.
Nous ne les ciblons pas particulièrement en fonction du groupe d'âge, mais, comme nous l'avons déjà expliqué, nous proposons des programmes d'éducation en santé mentale dès la deuxième semaine de l'instruction de base. Nous avons un plan de communication et, chaque année, nous diffusons des messages par gazouillis et par courriel. Nous organisons de campagnes. Nous organisons chaque année une campagne sur la dépendance. Nous participons à l'initiative Bell Cause pour la cause. Nous participons à la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales, à la Journée mondiale de prévention du suicide, et ainsi de suite.
Nous avons toutes sortes de choses à offrir, nous essayons de les communiquer à tous les membres de la Force canadienne, nous leur parlons de santé mentale, du problème de suicide, des soins qu'il faut demander, du traitement qu'il faut respecter.
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Nous appelons la « postvention ». C'est en quelque sorte un volet officiel des mesures que nous prenons lorsqu'il y a un suicide. Nous ne fournissons pas de soins de santé aux familles, bien sûr — elles doivent pour cela s'adresser à leurs propres fournisseurs de soins médicaux —, mais nous leur offrons quand même quelques programmes de soutien.
Notre Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes, notre équivalent du Programme d'aide aux employés, offre un service d'accompagnement en cas de deuil aux membres des familles qui ont perdu un être cher, peu importe la raison. Nous avons aussi le programme ESPOIR, Empathie, Soutien par les Pairs Offrant une Invitation au Réconfort, qui propose également des services d'accompagnement en cas de deuil. Nos aumôniers offrent aussi de tels services.
Nous avons mis en place toutes sortes de services pour aider les gens à faire leur deuil, en cas de suicide. Au sein de la communauté militaire, nous faisons attention aux membres des unités, à nos collègues et aussi aux fournisseurs de soins, car les fournisseurs de soins peuvent ressentir une grande culpabilité. Après un suicide, ils se demandent ce qu'ils auraient pu faire différemment.
Plus tôt, nous avons parlé du passage de la vie civile à la vie militaire. Je m'intéresse surtout aux recrues et aux gens qui s'inscrivent au collège militaire. Nous avons entendu parler de suicides et, souvent, nous entendons parler des cas qui sont les plus médiatisés. Avant que les gens soient admis en tant que recrues ou officiers, sont-ils soumis à des tests en vue de détecter leur état de santé mentale?
Monsieur MacKay, j'ai pour vous deux ou trois questions et je vous les poserai en rafale.
Une fois que les gens ont été admis, est-il possible de détecter des pensées suicidaires chez certains? Avez-vous un système qui permet de détecter qui sont ces personnes? Est-il possible que la formation soit trop exigeante et que cela ait des effets à cet égard? On a beaucoup parlé de statistiques au sujet des recrues et il semble que vous n'ayez pas de données à ce sujet. Serait-il possible d'avoir des statistiques plus précises touchant les recrues et les gens qui vont au collègue militaire et que vous soyez plus attentifs à cette partie de la population militaire?
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Le processus de dépistage n'est pas précis à 100 %. Il est fondé sur un questionnaire. Nous posons des questions, et les gens n'y répondent pas toujours avec une franchise absolue. Ils minimisent parfois certaines choses, par exemple.
Il y a autre chose; une personne peut se sentir bien une journée, mais, à la fin de la semaine, sa relation amoureuse est tendue, elle a fait des erreurs, toutes sortes de choses peuvent arriver. Une personne va bien un jour, et, quelques jours plus tard, ce n'est plus le cas.
Nous devons faire très attention, le processus de dépistage a ses limites. Nous l'utilisons, nous croyons qu'il est important, mais nous ne pouvons pas le voir comme notre seul mécanisme de défense. C'est pourquoi nous consacrons tellement de temps à l'éducation. Nous le faisons pour que les gens demandent de l'aide lorsqu'ils en ont besoin, parce que nous ne pouvons pas refaire tous les jours un processus de dépistage.
En écoutant la discussion, je comprends que les problèmes de dettes sont un des problèmes qui causent le suicide ou qui peuvent être un facteur contributif. Je vois ici certaines personnes du comité des anciens combattants. Un des témoins était Dr Donald Passey, psychiatre. Il est la personne qui a écrit une lettre au groupe d'enquête sur la Somalie afin de proposer son témoignage pour informer l'équipe d'enquête, mais aussi les membres du gouvernement et le système médical des Forces canadiennes, des effets de la méfloquine et partager ses réflexions sur son rôle dans le comportement des membres du Régime aéroporté du Canada en Somalie jusqu'à la mort de Shidane Arone. Environ une semaine plus tard, l'enquête sur la Somalie a pris fin abruptement. On a déclenché une élection. On a démantelé le Régime aéroporté du Canada.
En tout cas, voilà les antécédents de M. Donald Passey; il a témoigné devant le Comité et affirmé que, en plus des problèmes de dettes, le rejet des demandes d'indemnités a des répercussions importantes et augmente le risque de suicide chez les anciens combattants.
Plus tôt, monsieur le président, en répondant à ma question sur le fait de savoir s'il y avait quelque chose ou non qui empêche les médecins d'utiliser des rapports de médecin pour trancher au sujet d'une pension, le médecin général a dit que les cliniciens n'attribuent pas une relation de cause à effet au service. L'ombudsman militaire a aussi relevé cela et a fait une recommandation en affirmant qu'il devrait déterminer si la libération de militaires pour des raisons médicales est imputable au service. Il a recommandé que les Forces armées canadiennes déterminent si la maladie ou la blessure d'un militaire a été causée ou aggravée par le service et que cette décision soit considérée comme une preuve suffisante par ACC pour étayer une demande de prestations pour que le militaire n'ait pas à tout faire en double, avec toutes les difficultés que cela entraîne.
Puisque tel est le cas, j'ai déposé, le 15 novembre, la motion suivante: que le gouvernement du Canada commence immédiatement à prendre les mesures nécessaires en vue de la mise en oeuvre intégrale de toutes les recommandations contenues dans les deux rapports de l’ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes présentés en septembre 2016; « que le gouvernement mette en oeuvre toutes ces recommandations comme la meilleure façon à l'avenir pour soutenir les membres et les vétérans des Forces armées canadiennes, particulièrement ceux en transition »; et que le Bureau de l’ombudsman présente tous les mois un rapport d’étape au Comité.
Il semble que tout le monde veut faire ce qui s'impose pour nos soldats et nos anciens combattants, alors comme nous parlons de ce sujet, j'aimerais demander au président de demander qu'on vote sur cette motion afin qu'on l'adopte et qu'on puisse aller de l'avant. Presque chaque semaine, nous apprenons aux actualités qu'il y a eu des suicides et des tentatives de suicide. Afin d'empêcher ces tragédies, adoptons cette motion maintenant pour que le gouvernement, le médecin général et ses cliniciens puissent faire leur travail... et les décisions peuvent aider les militaires avec leur situation financière, alors nous allons reprendre le débat sur la motion.
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Merci, monsieur le président. Général et colonel, il est bon de vous revoir.
Je veux revenir à votre graphique dans lequel vous parlez de l'augmentation du taux de suicide et la baisse de l'utilisation de la méfloquine. C'est un beau graphique, mais la réalité est que vous posez en postulat que si on prend de la méfloquine, on va se suicider. Vous établissez une corrélation.
Lorsque nous parlons de maladie mentale et de la possibilité que la méfloquine soit toxique, la possibilité à long terme... Nous constatons en réalité l'augmentation, le pic de suicides, plus tard, et elle peut représenter une cause lorsque nous tenons compte de tous les autres facteurs, comme les problèmes de dettes, les relations familiales, etc.
Je ne vois pas les choses comme vous, soit que si un élément baisse et l'autre augmente, cela révèle qu'il ne s'agit pas d'un problème. D'un point de vue statistique ou d'un point de vue de recherche, vous êtes ici et dites cela... Existe-t-il une autre possibilité d'examiner le problème et de nous demander si nous pouvons y arriver, sinon, pouvons-nous l'éliminer?
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La télésanté mentale est un système que nous avons mis en place il y a deux ou trois ans. Elle permet aux cliniciens de fournir à distance des soins à des patients atteints de maladie mentale.
Nous avons toujours un autre fournisseur de soins de santé sur place avec le patient qui reçoit les soins au cas où le patient éprouverait certains problèmes dans le cadre de sa thérapie — parce que, parfois, ce type de thérapie d'exposition lui fait revivre certains des traumatismes qu'il a vécus et qui ont déclenché sa maladie —; nous avons donc toujours une personne avec lui sur place. Le système fournit une méthode de prestation de soins lorsque nous ne pouvons pas avoir un fournisseur de soins de santé mentale sur place avec le patient.
La télésanté mentale est appréciée par les patients. Les cliniciens ont eu un peu plus de difficulté à s'y habituer parce qu'ils sentent qu'ils doivent avoir un contact direct avec le patient, mais après l'avoir utilisée pendant un moment, ils y prennent plaisir.
Pour ce qui est de la réalité virtuelle, nous avons deux ou trois programmes différents que nous examinons. Nous avons un système modeste, un dispositif que l'on place sur la tête et qui aide à reproduire les types de choses auxquelles les personnes ont été exposées lorsqu'elles participaient à des opérations, mais nous utilisons aussi un système plus important; par ailleurs, nous collaborons avec les Néerlandais dans le cadre d'une étude pour trouver une façon différente d'utiliser la réalité virtuelle afin de traiter les patients souffrant du trouble de stress post-traumatique; l'étude commence à être prometteuse. Nous attendons avec impatience d'autres résultats.