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Merci d'avoir présenté notre équipe. Nous sommes ici pour répondre à toute question que vous pourriez avoir au sujet du .
Nous sommes très heureux d'avoir l'occasion de parler de ce projet de loi, qui est une Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou et des accords parallèles sur l’environnement et la coopération dans le domaine du travail. Ce projet de loi met en place le cadre juridique et les amendements législatifs nécessaires pour renforcer les relations économiques et sociales entre le Pérou et le Canada.
Cette initiative remonte à août 2002, lorsque le Canada et les pays de la communauté andine ont convenu d’amorcer des pourparlers sur un éventuel ALE. Le gouvernement a mené de vastes consultations auprès des intervenants canadiens, lesquelles ont démontré un important appui à la poursuite de cet objectif. Le processus exploratoire subséquent a révélé que les pays andins n’étaient pas tous prêts à aller de l’avant avec un accord commercial intégral. Le Pérou se distinguait cependant clairement en tant que pays engagé dans des réformes économiques et à la recherche de partenariats de libre-échange avec des pays prioritaires, tel que le Canada.
Le présent ALE fait partie d’un train de mesures prises par le gouvernement dans le cadre de sa stratégie commerciale mondiale afin de créer de nouvelles occasions pour les entreprises canadiennes. Il fait aussi partie des efforts gouvernementaux visant à assurer une plus grande présence du Canada dans les Amériques en favorisant le développement économique et en renforçant la démocratie et la sécurité.
En raison du ralentissement économique mondial que l’on connaît, il est d’autant plus urgent, pour le Canada comme pour le Pérou, de se doter d’un outil permettant d’intensifier l’activité économique, mais aussi de combattre un protectionnisme commercial qui pourrait gravement nuire à la relance mondiale. L’ALE avec le Pérou donnera aux exportateurs, aux investisseurs et aux fournisseurs de services canadiens un accès préférentiel à une économie dynamique comptant environ 28 millions de personnes et ayant connu une hausse de plus de 9,8 p. 100 de son PIB en 2008, soit davantage que la Chine et l’Inde.
En avril 2007, dans son rapport intitulé Vers une meilleure politique commerciale — Dix étapes, le comité a chargé le gouvernement d’accorder la priorité à la négociation d’ALE défensifs visant à éliminer les désavantages concurrentiels. Le présent ALE avec le Pérou répond à cette recommandation. Dans la situation actuelle, les exportateurs canadiens courent le risque immédiat de perdre des marchés au Pérou en raison de l’entrée en vigueur, le 1er février de cette année, de l’Accord de promotion du commerce avec les États-Unis. Le Pérou a aussi récemment mené à terme des négociations commerciales avec la Chine et l’AELE, et il est actuellement en pourparlers avec l’UE, la Corée du Sud, le Mexique et la Thaïlande. Chacun de ces accords préférentiels affaiblira la compétitivité des entreprises canadiennes. Nos entreprises, de même que les travailleurs canadiens, méritent des ALE qui redressent cette situation et leur permettent d’évoluer en terrain équitable sur les marchés internationaux.
Dans le secteur de l’accès au marché des biens, le Pérou éliminera les tarifs sur presque toutes les exportations actuelles du Canada, notamment les produits clés que sont le blé, l’orge, les lentilles et les pois, ainsi que le bois et les produits forestiers, le coton et d’autres tissus et un éventail de machines industrielles. Les tarifs canadiens sur la grande majorité des importations péruviennes seront immédiatement éliminés.
En ce qui a trait aux services, l’ALE procurera un meilleur accès au marché à toute une gamme de services dans des secteurs d’intérêt stratégique pour le Canada, notamment les mines, l’énergie et les services professionnels comme le génie, l’architecture et les technologies de l’information. Le secteur des banques, des assurances et des valeurs mobilières du Canada jouira aussi d’un plus grand accès au marché péruvien.
L’ALE capitalise aussi sur l’Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) déjà mise en oeuvre et fait de nouveaux gains pour les investisseurs canadiens. Des obligations importantes garantissent le libre transfert du capital associé aux investissements, la protection contre l’expropriation sans indemnisation adéquate et prompte, ainsi que le traitement non discriminatoire des investissements canadiens. Le chapitre de cet accord portant sur les investissements établit clairement que les parties peuvent prendre des mesures non discriminatoires pour protéger des objectifs légitimes en matière de bien-être public comme la santé, la sécurité et l’environnement.
Pour être concurrentielles sur les marchés mondiaux, les entreprises canadiennes doivent importer, exporter et investir de plus en plus à l’étranger afin d’améliorer leur efficience par des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les recherches indiquent que l’investissement étranger favorise davantage la R et D, l’innovation et la productivité. Selon Exportation et développement Canada, on s’attend à ce que chaque dollar investi rapporte 2 $ de nouvelles exportations dans les marchés émergents. Nous en voyons la démonstration dans nos relations avec le Pérou. Notre stock d’investissement s’élève à 2,4 milliards de dollars et nos exportations ont plus que doublé au cours des cinq dernières années.
Les importations du Pérou ont aussi augmenté et elles sont dans bien des cas directement liées à nos investissements miniers. Soixante-quinze pour cent de nos importations du Pérou sont composées de métaux à traiter dans des installations canadiennes ou à utiliser dans la production canadienne.
Compte tenu de ces faits, il est important que nous considérions ces ALE dans leur ensemble. Ils ne concernent pas que les exportations. Le succès des entreprises et du marché du travail canadiens est aussi directement lié aux investissements et aux importations; c’est la nature même du commerce intégré à l’échelle mondiale. L’investissement direct canadien à l’étranger relie le Canada à des plates-formes mondiales d’exploitation qui sont cruciales pour notre compétitivité. Il faut protéger ces investissements, faute de quoi les entreprises et les travailleurs canadiens seront en péril. À cet égard, les dispositions sur les investissements de l’ALE Canada-Pérou, comme beaucoup de nos APIE, visent à assurer une telle protection.
En ce qui concerne les marchés publics, l’ALE garantit aux fournisseurs canadiens le droit de soumissionner un large éventail de marchés de biens, de services et de construction lancés par les entités du gouvernement fédéral péruvien. L’accès aux marchés publics garantit que les avantages négociés dans d’autres chapitres, comme les réductions tarifaires, ne sont pas affectés, une fois la frontière passée, par de nouveaux obstacles comme des politiques d’approvisionnement favorisant les fournisseurs nationaux ou d’autres partenaires commerciaux.
L’accès à l’approvisionnement gouvernemental du Pérou représente une occasion importante pour les exportateurs canadiens. La valeur totale de l’approvisionnement gouvernemental au Pérou a été d’environ 5,6 milliards de dollars US en 2006 et on prévoit que ce montant passera à 9,8 milliards de dollars US en 2009. De plus, en réaction au ralentissement économique actuel, un montant d’environ 3 milliards de dollars US a été réservé à des dépenses de relance en infrastructures. Les fournisseurs américains ont déjà un accès préférentiel à ce marché; nos entreprises méritent le même accès.
Le présent ALE comprend également de nouvelles dispositions en matière de coopération associée au commerce et des engagements visant à appuyer la responsabilité sociale des entreprises et à prévenir la corruption. Ces engagements complètent les efforts plus généraux du Canada, qui comprennent:
Premièrement, l’aide de l’ACDI à la mise sur pied, ainsi que le soutien continu, d’un bureau de l’ombudsman au Pérou, qui surveille la primauté du droit et protège les droits humains.
Deuxièmement, la nouvelle stratégie gouvernementale en matière de RSE, qui renforcera la capacité des entreprises minières, pétrolières et gazières canadiennes d’atténuer les risques sociaux et environnementaux liés à leurs activités à l’étranger, et ce, grâce à la création d’un bureau du conseiller en RSE pour l’industrie extractive, qui facilitera le règlement des différends; à l’établissement d’un nouveau centre d’excellence de la RSE, qui communiquera de l’information aux entreprises; à l’offre d’une aide permanente de l’ACDI, qui vise le renforcement de la capacité des pays en développement; et à la promotion de lignes directrices reconnues à l’échelle internationale en matière de rendement et de rapports sur la RSE.
Troisièmement, l’élaboration du Guide d’information minière pour les communautés autochtones, adapté de la version canadienne, est un exemple de coopération parmi les intervenants d’activités de la RSE. Le guide vise à aider les communautés autochtones locales à mieux comprendre les risques et les opportunités liés au développement minier et, ainsi, aider à atténuer le conflit social.
Quatrièmement, le Canada soutient également la mise en oeuvre de l’Initiative de transparence des industries extractives (ITIE) au Pérou par une contribution au fonds fiduciaire des donateurs. L’ITIE est une initiative globale qui supporte une plus grande transparence par la vérification et la divulgation intégrale des paiements effectués par les entreprises et des recettes des gouvernements provenant du pétrole, du gaz et de l’exploitation minière.
Cinquièmement, L’annonce par le premier ministre, au Sommet des Amériques, de la mise en oeuvre d’un programme d’assistance technique sur cinq ans pour aider nos partenaires de libre-échange des Amériques. Ce programme essentiel permettra au Pérou et au Canada de profiter pleinement des avantages de l’ALE.
Les entreprises canadiennes actives au Pérou ont fait de la RSE un objectif clé et font figure de chefs de file dans le milieu de l’investissement étranger au Pérou. Par exemple, les compagnies minières canadiennes ont fourni du transport et de l’équipement pour de l’aide urgente suite au tremblement de terre du mois d’août 2007.
De plus, une autre compagnie canadienne, la Banque Scotia, investit dans les communautés péruviennes en fournissant de l’appui aux enfants pauvres et aux femmes par le biais d’initiatives telles que le logement, la nutrition et la santé. Exportation et développement Canada appuie ces efforts par son propre engagement en matière de RSE, qui comprend un engagement permanent auprès des intervenants de repérer les pratiques exemplaires émergentes, incluant les compagnies canadiennes et la société civile.
L’Accord de coopération dans le domaine du travail aidera aussi à renforcer les droits et la protection des travailleurs. Le Pérou s’est engagé à veiller à ce que ses lois dans le domaine du travail respectent des normes élevées, y compris la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail adoptée en 1998 par l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui porte sur le droit à la libre association et à la négociation collective, l'abolition du travail des enfants, ainsi que l'élimination du travail obligatoire et de la discrimination.
Cet accord sur le travail ouvre de nouvelles avenues en matière de coopération. Le Canada met à la disposition du Pérou ses ressources et ses compétences afin de l’aider à mettre en oeuvre intégralement les dispositions de cet accord et il a annoncé un programme de coopération de 1 million de dollars dans le domaine du travail.
En ce qui a trait à l’environnement, les deux pays se sont engagés à respecter des normes élevées en matière de protection de l’environnement. Ils se concentrent principalement sur la responsabilité sociale des entreprises et la préservation de la biodiversité, un enjeu important pour le Pérou, car celui-ci abrite certaines des ressources biologiques les plus diversifiées au monde. Le Canada s’est engagé à collaborer avec le Pérou et les entreprises canadiennes afin d’aider à protéger et à conserver ces ressources.
Permettez-moi de conclure, monsieur le président, en soulignant qu’au cours des dernières années, le Pérou a accompli des progrès remarquables sur le plan économique, ce qui a entraîné également des progrès sur le plan social, avec le déclin de la pauvreté, la diminution de moitié de la mortalité infantile et des percées importantes pour les femmes sur le marché de l’emploi et en politique.
Même dans le contexte de la crise économique actuelle, on prévoit une croissance de 3,5 p. 100 de l’économie péruvienne cette année. Nos relations avec le Pérou se multiplient et sont mutuellement avantageuses; le présent ALE permettra de tirer parti de ces avantages et de les consolider. Cet accord jouit de l’appui des principaux exportateurs et investisseurs canadiens et répond directement à l’appel qu’a lancé le comité pour la prompte négociation d’ALE défensifs.
Merci, monsieur le président. Sur ce, nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus.
C'est un groupe intéressant. Je ne suis pas ici régulièrement et je cherche surtout, en fait, à écouter cette histoire d'une réussite qu'est l'élaboration de cet accord de libre-échange avec le Pérou. Surtout que nous avons pris des mesures dans notre gouvernement pour répondre aux besoins des Canadiens et de l'industrie, dans tous les secteurs... Si j'examine différents accords pour voir quels en sont les avantages pour l'économie canadienne, je constate qu'aucun accord n'est une solution complète. C'est pourquoi nous avons jugé nécessaire de conclure toutes ces ententes bilatérales.
Je n'hésite jamais à reconnaître les mérites de ceux qui sont méritants et je tiens à vous féliciter pour avoir aidé à élaborer un accord de libre-échange couronné de succès.
Quand j'ai l'occasion d'entendre le point de vue d'autres pays, je constate que les ambassadeurs de ces pays disent toujours que le Canada doit être présent. Dans les autres pays, on fait confiance au Canada. On fait confiance à notre sécurité. Qu'il s'agisse d'aliments ou d'équipement, ce sont des produits de qualité, et les étrangers aiment faire des affaires avec nous. Je pense que c'est précisément parce que nous avons manifesté notre intérêt de discuter d'accords de libre-échange que nous avons réussi à progresser. J'étais content de vous entendre dire que même si nous avons démarré avec un peu de retard, parce qu'auparavant rien ne nous encourageait à conclure des accords de libre-échange, dans cet accord-ci, en fait, certains éléments sont supérieurs à ceux qu'avaient obtenus les États-Unis. Je pense qu'il faut toujours en reconnaître le mérite à ceux qui se sont chargés des négociations.
Je voudrais revenir au dossier de l'agriculture. Notre ministre de l'agriculture s'est efforcé d'étendre nos marchés d'exportation, en particulier pour les céréales et les oléagineux et les produits de l'élevage du boeuf et du porc. Comment ça s'est passé dans ce domaine, dans l'agriculture? À vrai dire, j'ignore comment les discussions se sont déroulées, mais dans le cadre des négociations de cet accord de libre-échange, quand vous en êtes arrivés à l'agriculture, ce dossier a-t-il influé sur le succès que vous avez obtenu dans d'autres domaines, par exemple les mines ou les banques? Comment tout cela s'est-il passé et quelle a été l'incidence du dossier de l'agriculture sur le reste?
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Pourrais-je donner quelques précisions supplémentaires sur deux éléments des dispositions environnementales sur lesquelles nous avons eu des discussions assez poussées?
Je voudrais préciser que l'accord permet à tout citoyen de l'un ou l'autre pays de poser par écrit une question sur toute obligation découlant de l'accord relativement à l'environnement. Les parties sont tenues de répondre et de rendre publiques à la fois la question et la réponse. Tout cela pour préciser un peu davantage ce qui peut donner lieu à des sanctions. Je sais que la définition est différente de ce que Pierre disait, mais le processus est public.
Par ailleurs, cela permet à tout Canadien ou Péruvien de demander une enquête sur de prétendues violations des lois sur l'environnement. Comme je l'ai dit tout à l'heure, cela crée par ailleurs un processus de règlement des différends qui permet d'aborder n'importe quelle question dans le cadre de l'accord sur l'environnement. Le dossier aboutit éventuellement au niveau ministériel, ce qui assure la reddition de comptes au public.
Il y a aussi ce que Carol disait tout à l'heure au sujet du contexte de l'accord. C'est très important de comprendre que nous avons affaire à un pays en développement. À dire franchement, ce qui intéressait les Péruviens était ce que nous tentions de faire avec le Chili et nous avons eu des discussions sur les mécanismes d'application, etc.
Nous ne dépensons pas beaucoup d'argent à travailler avec le Chili, mais nous avons eu des résultats très efficaces ces dernières années. Je songe au système d'information pour la mise en application que le Chili est en train de mettre au point, un système électronique qui s'inspire du système canadien NEMISIS. Ils ont littéralement pris notre système et l'ont appliqué chez eux, et nous avons transféré cette technologie.
En plus de cela, ils ont mis au point un répertoire des polluants émis et transportés qui s'inspire également du système canadien. Cela permet au pays de suivre à la trace les divers polluants de manière efficace, ce qui aide à cibler les efforts d'exécution de la loi.
En discutant avec les Péruviens, nous avons compris que leur principale préoccupation était la biodiversité. Dans ce dossier, pour les mesures concrètes que nous avons établies avec les Chiliens, nos agents d'application ont pris des engagements précis relativement à des espèces dont le commerce est illégal entre les deux pays et que l'on peut identifier à la frontière. Les résultats que nous escomptons sont très précis et tangibles et ciblés pour ce qui est de protéger la biodiversité et de renforcer la capacité dans ces pays, pour revenir à ce que Carol disait tout à l'heure.
Je voulais seulement ajouter ce contexte.