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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie de l'occasion que vous me donnez de parler de la recherche que mène l'Institut Fraser sur la sécurité énergétique et du rapport de cette recherche avec l'étude du comité.
Je crois savoir que l'étude porte sur l'examen des rôles du gouvernement fédéral et du Conseil national de l'énergie dans le développement et l'exportation de pétrole et de gaz non conventionnels. C'est donc sur ce sujet que je me pencherai.
Je suppose que, dans le cadre de l'étude, la sécurité énergétique se rapporte à un approvisionnement sûr en énergie dans des conditions normales de marché. Dans cette perspective, plus grande sera la production de pétrole et de gaz, plus nombreux seront les débouchés d'exportation et d'importation de ces ressources, moins les Canadiens auront à se soucier d'approvisionnement.
La crainte que les ressources énergétiques en Amérique du Nord ne se développent pas aussi rapidement et largement qu'elles pourraient l'être afin de permettre aux citoyens du Canada, des États-Unis et du Mexique d'en profiter au maximum aux plans des revenus d'emploi et des avantages sociaux nous a conduit à lancer il y a deux ans un projet de stratégie énergétique continentale.
Comme l'ont expliqué les anciens premiers ministres Klein et Tobin dans un article publié en 2008 par l'Institut Fraser, la stratégie envisagée impliquerait que les politiques énergétiques nord-américaines suivies aux niveaux national, des provinces et des États visent le développement le plus efficace et le plus rapide possible des ressources énergétiques du continent en fonction de marchés libres, de préoccupations environnementales fondées sur des données scientifiques, de la concurrence que présentent les importations de pétrole et de gaz, et des possibilités d'investissement à l'étranger.
Le développement et la production accrus des ressources énergétiques du continent devraient certainement renforcer la sécurité des approvisionnements en pétrole et en gaz et procurer ainsi des avantages économiques et sociaux. Comme ce sont les forces du marché qui déterminent la répartition la plus efficace des ressources énergétiques en Amérique du Nord, l'élaboration d'une stratégie énergétique continentale ne prévoit pas de cibles au niveau des investissements, de la production et du commerce. On cherche plutôt à faire en sorte que les politiques et la réglementation gouvernementales qui s'appliquent aux investissements, au développement et au commerce soient stables, justes et appropriées.
Les gouvernements doivent éviter d'intervenir dans les décisions d'investissements, qui doivent être prises par ceux qui sont motivés par les forces du marché, ont une connaissance approfondie des technologies concernées, et sont prêts à prendre des risques en fonction de leur connaissance de l'évolution des besoins.
Au sujet de la stratégie énergétique continentale, l'institut a récemment publié deux documents en anglais que l'on peut se procurer gratuitement en consultant son site. L'un s'intitule Towards North American Energy Security: Removing Barriers to Oil Industry Development , l'autre North American Natural Gas: Reducing Investment Barriers .
Ces études examinent le potentiel d'approvisionnement pétrolier et gazier, et les besoins au Canada, aux États-Unis et au Mexique, ainsi que les perspectives nationales et continentales de l'offre et de la demande.
L'une des conclusions de cette recherche est que, avec la poursuite des améliorations technologiques, il est possible d'accroître sensiblement les quantités de pétrole liquide produites en Amérique du Nord pour satisfaire la demande intérieure. L'exploitation continue des sables bitumineux, l'augmentation de la production extracôtière, la commercialisation des gaz transformés en liquides, et les technologies de gazéification du charbon, tout cela contribuera à améliorer les offres de carburants liquides sur le continent.
Lorsque nos objectifs seront finalement atteints, nous profiterons aussi de la technologie qui nous permet de commercialiser le pétrole que l'on retrouve dans le schiste — le pétrole aux États-Unis que contient en grandes quantités le kérogène présent dans le schiste bitumineux.
En ce qui concerne le gaz naturel, les améliorations technologiques ont rendu viable la production de gaz à partir du schiste. Cela a transformé les perspectives de l'offre et de la demande à long terme sur le continent en nous amenant d'une dépendance accrue à l'égard des importations de GNL à la quasi-autosuffisance.
Le projet d'exportation de gaz à partir de Kitimat, au lieu des importations que nous y avions prévues, en témoigne. Grâce à ce qu'on a appelé la révolution des gaz de schiste, la sécurité d'approvisionnement en gaz ne devrait plus inquiéter le Canada dans un avenir prévisible.
En ce qui concerne la portée du gaz de schiste sur les perspectives d'approvisionnement en gaz des États-Unis, les révisions à la hausse que prévoit à long terme le bulletin de la US Energy Information Administration 2011 sont éloquentes.
Il s'agit de la production de gaz provenant de formations schisteuses qui atteindra près de 8 billions de pieds cubes en 2020, par rapport aux 4,5 billions prévus par l'administration il y a juste 13 mois. Cela se compare à la production réelle de 3,3 billions de pieds cubes en 2009. Plus remarquable encore, le volume prévu de la production américaine de gaz de schiste en 2035 — la production devrait cette année-là s'élever à 26 billions de pieds cubes — a doublé, passant de 6 à 12 billions de pieds cubes. En conséquence, la production de gaz des États-Unis en provenance d'autres sources — et non toutes les autres sources, mais certaines, dont le méthane de houille — et les importations de gaz en provenance du Canada et de l'étranger devraient diminuer.
Les études de l'Institut Fraser dont j'ai parlé et les plus récentes prévisions à long terme de la US Energy Information Administration font ressortir la position solide du continent en matière de ressources pétrolières et gazières. Malheureusement, des facteurs extérieurs aux marchés nuisent à la stratégie continentale en la matière. Ils freinent la production et représentent donc des obstacles à la sécurité énergétique. Le Canada est en mesure d'en surmonter quelques-uns parce qu'il a juridiction sur l'exploration pétrolière et gazière dans le Nord et au large des côtes de l'Atlantique et de la côte Ouest, et qu'il est responsable de la protection de l'environnement.
Premièrement, le gouvernement doit veiller à ce que ses redevances ou taxes sur la production de pétrole et de gaz conventionnels soient compétitives, non seulement avec celles des provinces, mais aussi avec celles de pays concurrents.
Deuxièmement, il doit veiller à ce que les redevances liées aux coûts de production accrus pour, par exemple, l'exploration extracôtière en eau profonde et dans les régions éloignées du Grand Nord — et comme c'était le cas pour les sources d'approvisionnement non conventionnelles — reflètent l'augmentation des coûts, sous peine de voir les investissements se faire dans les régions où les rendements sont plus intéressants.
Troisièmement, le gouvernement doit dissiper l'incertitude qui plane sur l'industrie par rapport aux détails et calendriers des changements de politique environnementale susceptibles d'influer considérablement sur les coûts en capital de projets pétroliers et gaziers et la construction de pipelines. Les modifications nécessaires aux règlements sur l'environnement doivent être définies et mises en oeuvre aussi rapidement que possible. À défaut, les investisseurs potentiels ne pourront pas établir avec précision ce que leur coûtera le respect de la réglementation et chercheront à mettre en oeuvre leurs grands projets ailleurs.
Quatrièmement, il y a la question d'un moratoire sur l'exploration extracôtière — comme en Colombie-Britannique — qui fait obstacle au développement des ressources pétrolières. Les moratoires sur l'exploration et la production dans les zones extracôtières devraient être levés dès que les autorités sont convaincues, après avoir examiné la cause de la fuite de pétrole catastrophique dans le golfe du Mexique l'an dernier, que les risques pour l'environnement peuvent être atténués. Cela ouvrira de nouveaux domaines de développement et contribuera ainsi à la sécurité énergétique du Canada.
Cinquièmement, il faut rendre plus efficaces le processus et les procédures réglementaires qui risquent de retarder l'approbation de la construction d'oléoducs et de gazoducs nécessaires aux nouveaux approvisionnements des plaques tournantes commerciales en bitume, en gaz de schiste, et autres ressources pétrolières. L'Office national de l'énergie s'est fixé des calendriers de publication des décisions à l'issue des audiences publiques. Il s'agit de normes arbitraires qui servent de lignes directrices, et non de règles qu'il faut impérativement respecter. En outre, aucune norme ne s'applique pour le laps de temps requis entre le moment où une demande est reçue jusqu'au début d'une audience publique ou pour la durée maximale des audiences. Afin de répondre plus rapidement aux demandes de construction de pipelines, il faudrait peut être faire plus que de se contenter de resserrer les normes que s'est imposé l'ONE. En fait, la Loi sur l'Office national de l'énergie devrait peut-être être réorganisée afin de limiter l'intervention de l'office aux aspects non commerciaux tels que la sécurité, les impacts environnementaux, et d'autres questions d'importance pour le public.
Enfin, il y a la question des revendications territoriales. Il faut donc trouver le moyen de régler rapidement et de façon juste et convenable les revendications autochtones et d'éviter ainsi les retards inutiles dans la construction de pipelines nécessaires au transport du pétrole et du gaz vers les marchés. Le gouvernement fédéral devrait d'ailleurs s'inquiéter du fait que les investisseurs trouvent relativement peu attrayants les Territoires du Nord-Ouest aux plans de l'exploration et du développement pétrolier et gazier.
Selon le sondage mené par l'Institut Fraser sur l'industrie pétrolière mondiale, les Territoires du Nord-Ouest se sont classés, en 2010, 74e sur un total de 133 régions ou pays. Sauf le Québec, c'est la région du Canada pour laquelle on a montré le moins d'intérêt, parmi les régions évaluées. En outre, les Territoires du Nord-Ouest suscitent moins l'intérêt des investisseurs que presque tous les États et les zones extracôtières aux États-Unis, tous les États et les territoires en Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas et bien d'autres pays dans le monde.
Selon les personnes sondées, divers facteurs expliquent le manque d'attrait que présentent les Territoires du Nord-Ouest, mais ce sont surtout les revendications territoriales qui font problème. À ce propos, les Territoires du Nord-Ouest se sont classés bons derniers parmi les 133 régions ou pays évalués dans le monde. Ils ont obtenu de faibles résultats concernant l'infrastructure, le chevauchement des règles et les incertitudes liées aux aires protégées. Si les gouvernements du Canada et des Territoires du Nord-Ouest souhaitent attirer les investissements de l'industrie pétrolière dans le Nord et améliorer la sécurité énergétique, il faut s'occuper de telles questions.
Je répète que les Canadiens sont chanceux et qu'ils n'ont pas trop à se préoccuper des réserves de pétrole et de gaz, car le pays est un exportateur net des deux ressources. Cependant, les régions canadiennes qui importent surtout du pétrole brut et des produits raffinés du pétrole seraient désavantagées par l'interruption prolongée du transport maritime. C'est pourquoi le gouvernement doit enquêter sur le risque que cela présente et la façon de le réduire.
Le gouvernement du Canada doit veiller à ce que les lois et les règles qui régissent l'exploitation pétrolière permettent la libre concurrence et, concernant l'investissement, il doit s'employer à réduire les obstacles non liés au marché. Voilà comment l'exploitation du pétrole, des sables bitumineux et du gaz naturel, dont le gaz de schiste, sera possible dans peu de temps là où la production sera viable, soit selon ce que permettront la concurrence, le libre marché et les coûts à engager pour respecter les politiques de protection de l'environnement.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour, je vous remercie beaucoup de l'invitation à comparaître devant le comité. Je vous prie d'excuser mon absence et je félicite votre personnel, qui a organisé la vidéoconférence malgré le court préavis.
Je tiens à dire que tout l'exposé de cet après-midi porte sur l'exploitation du gaz naturel à partir des formations de schiste, qui est une forme d'exploitation non classique. Je ne ferai tout d'abord que quelques commentaires, car nous disposons de deux heures et je préfère répondre à vos questions. Je vais cependant vous suggérer quelques pistes en fonction de tous les témoignages que vous avez reçus sur le gaz de schiste ces derniers mois.
Compte tenu des témoignages que vous avez entendus, je souhaite rétablir certains faits et apporter des éclaircissements à la lumière des déclarations trompeuses qui ont été faites. J'aimerais faire cinq commentaires sur lesquels nous pourrons revenir durant les séries de questions.
Premièrement, il ne faut pas commettre la même erreur qu'aux États-Unis, où on a encadré et nommé la production de gaz non classique selon le fractionnement. Il ne faut pas seulement enquêter sur le fractionnement, mais sur tout le processus et le système en entier de la production de gaz de schiste. Il importe de ne pas réduire le champ de l'étude.
Deuxièmement, l'aspect le plus important de l'extraction du gaz de schiste, ce sont les ressources qu'il faut utiliser. Il faut de 50 à 100 fois plus de liquides pour creuser un puits de gaz de schiste par rapport à un puits classique. Cela signifie que le puits produit un volume comparable de déchets. J'insiste pour dire qu'il faut de 50 à 100 fois plus de liquides pour creuser un puits non classique. De plus, contrairement au gaz classique, il faudra beaucoup de puits pour atteindre les niveaux prévus par les responsables de l'industrie, soit environ trois puits au kilomètre carré. Il faut bien comprendre que la production de gaz de schiste demande beaucoup de liquides et qu'elle entraîne des besoins accrus concernant le transport et l'élimination des déchets, sans oublier que les puits au kilomètre carré seraient bien plus nombreux.
Troisièmement, il est étonnant de constater que la technologie nécessaire à l'extraction non classique est plus ou moins récente. Cette technologie est faite de quatre éléments combinés il y a seulement huit ans, aux États-Unis. Il ne s'agit pas du fractionnement hydraulique et de l'extraction classique des années 1950, 1960 et 1970, mais d'une technologie combinée assez récente.
Quatrièmement, étant donné que la technologie est plutôt récente, les règles et les mesures d'application de la loi ne sont pas à jour, aux États-Unis et dans les provinces de l'Ouest, où l'exploitation est importante. En outre, compte tenu de la situation qui a cours dans l'Est des États-Unis, comme en Pennsylvanie, en Ohio et en Virginie-Occidentale, il est improbable qu'on soit prêt à produire du gaz de schiste dans les provinces de l'Est. C'est improbable, en raison de la géologie, de l'utilisation des terres et de la densité de population qui sont semblables à celles de l'Est des États-Unis et en raison des règles et des mesures d'application de la loi. Je soutiens qu'on n'est pas encore prêt, dans les provinces de l'Est.
Enfin, il convient de suivre la situation concernant les déchets. S'il y a bien une chose que nous avons apprise sur la production de gaz de schiste dans l'Est des États-Unis, où la croissance de l'industrie est très rapide, c'est qu'il importe de connaître les volumes et les types de déchets produits par chaque puits, les solides, les liquides et les gaz. Il faut savoir ce qui est produit, en quelle quantité et à quel moment, et à quel endroit les déchets sont éliminés.
Ce sont les cinq observations que je souhaitais faire durant l'exposé. J'espère qu'au cours des séries de questions, j'aurai tout le temps nécessaire pour apporter des précisions.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président Benoît.
Bonjour à tous.
Je vous remercie de l'invitation à comparaître devant le comité aujourd'hui et de la possibilité de le faire par vidéoconférence.
Je suis très heureux de vous présenter le point de vue du gouvernement du Nouveau-Brunswick sur la sécurité énergétique au Canada et la façon dont il peut aider à répondre aux besoins nationaux.
Je vais profiter des 10 minutes dont je dispose pour vous faire part de notre situation actuelle et de nos objectifs.
Nous sommes au tout début de ce qui pourrait devenir une industrie du gaz naturel très importante, dans la province. Les perspectives suscitent beaucoup d'enthousiasme; nous sommes très optimistes et nous croyons que, si l'exploitation est gérée de façon responsable, le gaz de schiste pourrait constituer une part importante de l'économie du Nouveau-Brunswick. Seulement dans la région de Sussex, où j'habite, on estime que, loin sous la surface, les formations de schiste renferment 60 000 milliards de pieds cubes de gaz. À titre de comparaison, 1 000 milliards de pieds cubes de gaz pourraient fournir l'énergie nécessaire à 10 000 maisons pendant 1 000 ans. Comme vous pouvez le constater, il y a un potentiel très important sur les plans du développement économique et de la sécurité énergétique.
Au Nouveau-Brunswick, 11 entreprises peuvent effectuer la prospection de pétrole et de gaz sur près de 1,5 million d'hectares. Deux de ces entreprises sont de grandes sociétés américaines qui ont beaucoup d'expérience dans l'exploitation du gaz de schiste, aux États-Unis et au Canada. Ces dix dernières années, les sociétés d'exploration ont investi 350 millions de dollars dans la recherche de gaz et de pétrole et elles prévoient dépenser au moins 200 millions durant les deux prochaines années. Donc, grâce à la phase d'exploration seulement, on crée de l'emploi et on injecte beaucoup d'argent dans l'économie du Nouveau-Brunswick par l'achat de biens et de services.
C'est toutefois la prochaine phase qui pourrait changer l'avenir de la province de façon considérable. Si on découvre du gaz de schiste en quantité suffisante, les choses vont changer du tout au tout pour notre magnifique province. Une industrie du gaz naturel de grande envergure se traduirait par des millions de dollars en redevances, la création de nombreux emplois directs et indirects, l'élargissement de l'assiette fiscale et l'amélioration du financement des services sur lesquels nous comptons tous, comme la santé, l'éducation et les soins aux aînés.
La semaine dernière, je suis allé en mission d'enquête dans l'Arkansas, en compagnie de mes collègues, les ministres de l'Énergie et de l'Environnement, ainsi que de Stéphanie Merrill, du Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick, qui a déjà comparu devant le comité. Durant notre visite très révélatrice, nous avons rencontré des propriétaires fonciers, des écologistes, des chargés de la réglementation et des politiciens, dont le gouverneur de l'Arkansas. Nous avons constaté que l'industrie du gaz de schiste a dynamisé l'économie de l'État. Le gouverneur Beebe nous a dit que, grâce à cette industrie, l'Arkansas, qui était pauvre, s'est transformé en État prospère. Des milliers d'emplois directs et indirects ont été créés, et des sociétés ont déménagé dans l'Arkansas pour exploiter le gaz de schiste, une énergie abondante et assez peu coûteuse.
Nous croyons que, si la production était importante, l'industrie du gaz pourrait entraîner les mêmes retombées économiques au Nouveau-Brunswick. Le gouvernement est déterminé à réaliser des profits sans subir de conséquences négatives. J'insiste: sans subir de conséquences négatives.
Nous savons qu'on a été aux prises avec des problèmes environnementaux, dans certaines régions des États-Unis. Même si les dommages causés peuvent être exagérés, nous ne prenons pas les inquiétudes à la légère. L'aide du gouvernement se fonde sur le développement responsable du secteur du gaz. La ressource doit être exploitée de manière adéquate. Il est impératif que le tissu social des communautés rurales et l'environnement où elles vivent demeurent prépondérants. Nous n'allons pas sacrifier la sécurité des propriétaires et de leur approvisionnement en eau souterraine.
Nous sommes convaincus que le cadre législatif est plus qu'adéquat pour régir les activités actuelles, qui sont surtout exploratoires et qui ont donné lieu au forage de très peu de puits. De plus, nous avons mis en oeuvre une étude progressive d'impact sur l'environnement pour bien nous préparer en vue de l'exploitation. Ce genre d'étude est unique au Canada et nous croyons qu'elle nous permettra de répondre à bien des questions soulevées par des associations de citoyens inquiets et d'autres groupes.
Nous sommes conscients que, si l'industrie va de l'avant comme cela est souhaité, nous devons adapter la loi et préparer les ressources humaines en conséquence. Nous croyons que les choses peuvent se faire de manière adéquate et que nous avons le temps nécessaire.
Nous nous estimons chanceux de pouvoir apprendre d'autres régions comme l'Arkansas, qui ont environ une dizaine d'années d'avance sur nous concernant l'exploitation du gaz de schiste. Dans certains États, l'extraction a devancé les régimes de réglementation, et le grand perdant a été l'environnement. Nous croyons qu'au Nouveau-Brunswick, le cadre de réglementation est solide et nous sommes prêts à le renforcer s'il le faut. Nous comptons devenir des chefs de file dans le domaine et notre situation nous paraît idéale, à cet égard. C'est pourquoi le gouvernement réexamine, à l'heure actuelle, la législation et la réglementation sur la prospection de même que l'extraction de minéraux, de pétrole et de gaz. Selon nous, cela s'inscrit dans un processus d'amélioration continue. De plus, il importe de collaborer étroitement avec les gens, les communautés et les groupes d'intérêt.
Le gouvernement veut que la population participe et que le processus soit tout à fait transparent. La fin de semaine dernière, j'ai organisé une journée porte ouverte, dans ma ville natale de Sussex, pour que des représentants du gouvernement ou de l'industrie répondent à tous ceux qui se posaient des questions sur l'exploitation du gaz de schiste. C'était sans doute la première d'une série de réunions d'information, qui seront tenues dans diverses régions de la province, alors que les activités de prospection et d'extraction prennent de l'ampleur.
Nous comptons effectuer au moins une autre mission d'enquête. Cette fois-ci, nous irons dans le Nord de la Colombie-Britannique pour constater en personne comment on exploite le gaz de schiste et rencontrer les habitants de la place et les chargés de la réglementation. Je crois également que les témoignages entendus ici vont aider à attirer l'attention sur le gaz de schiste et permettre à la population de comprendre l'attrait qu'il présente pour la sécurité énergétique du Canada.
Bien entendu, les ressources naturelles du Nouveau-Brunswick appartiennent à sa population et la gestion de ces ressources lui revient. Je crois que nous avons ce qu'il faut. Cela dit, le gouvernement du Nouveau-Brunswick travaille en équipe, et je comprends qu'il pourrait être utile à tous de collaborer avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Les domaines où la collaboration est pertinente sont l'environnement, le développement économique, la recherche et le développement, l'étude sur les occasions à valeur ajoutée et la mise en valeur des ressources humaines. La coopération dans tous ces domaines permettrait d'améliorer ce qu'offre l'industrie au Nouveau-Brunswick et au Canada. En définitive, cela pourrait se traduire par une très grande sécurité énergétique pour nous tous.
Je vous remercie de nouveau de l'invitation à comparaître aujourd'hui et je répondrai avec plaisir aux questions des députés.
Merci beaucoup.
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Je vais essayer de répondre très rapidement aux trois questions.
Dans le procédé habituel de fracturation hydraulique à grand volume à base de « slick-water » utilisé pour extraire le gaz d'une formation schisteuse, il faut à peu près cinq types de produits chimiques. Je ne vous donnerai pas leur appellation chimique — ils sont faciles à trouver. Il faut tout d'abord ajouter un lubrifiant à l'eau pour pouvoir pomper de grands volumes à haute pression sur une très longue distance en utilisant une quantité raisonnable de chevaux-puissance à la surface. Ce lubrifiant est habituellement un dérivé d'hydrocarbure. Il faut ensuite un biocide pour tuer les bactéries qui, autrement, boucheraient le puits à force de se multiplier. On ajoute aussi un produit anticorrosif pour éviter la rouille du tubage du puits en acier qui revêt une importance capitale — c'est la première ligne de défense pour toute la durée de vie d'un puits, soit entre 20 et 50 ans. On ajoute un agent antisalissure pour éviter l'entartrage — c'est-à-dire le dépôt de minéraux durs à l'intérieur du tubage du puits qui, autrement, formerait un bouchon. Enfin, on utilise un acide pour nettoyer les perforations juste avant la fracturation hydraulique, et tout juste après son début.
Ce sont les catégories générales de produits chimiques utilisés. Certains sont relativement bénins, même s'ils ne devraient pas être bus ou se retrouver dans les ruisseaux à truites. D'autres sont reconnus comme étant toxiques et cancérigènes, et ils n'ont pas leur place dans le milieu humain. Je devrais aussi préciser que le fluide qui retourne à la surface — et j'essaie maintenant de répondre à la deuxième question —, contient non seulement ces produits chimiques, mais aussi des substances provenant du schiste. Comme je l'ai dit plus tôt, les substances les plus nocives du schiste noir, celui qui contient du gaz, sont les métaux lourds — le strontium, le baryum, l'uranium et le radium —, dont certains sont aussi des matières radioactives naturelles.
L'industrie se plaît à dire que la plus grande part du fluide injecté dans la terre y demeure. Ils oublient cependant de préciser la période qui leur a servi de calcul. Après le processus de fracturation, seule l'eau qui refait surface pendant les deux premières semaines des travaux de reflux est habituellement prise en considération. Toutefois, des fluides de fracturation et une eau salée remplie de métaux lourds continuent de s'échapper d'un puits de gaz de schiste pendant toute sa durée de vie. Il faut être très prudent. On ne peut affirmer qu'en moyenne, 50 p. 100 des fluides remontent à la surface. Il faut préciser la période ayant servi de mesure. Habituellement, presque tous les fluides de fracturation remontent à la surface pendant la durée de vie d'un puits.
En réponse à la troisième question, je ne suis pas certain d'être rassuré quand mes amis du Nouveau-Brunswick disent essayer d'adopter des règlements en fonction de l'évolution de l'industrie. Je ne sais d'où viennent les règlements. J'ignore à quoi ils ressemblent ni s'ils ont été modifiés. Je leur proposerais simplement d'examiner ce qui a été fait en Pennsylvanie, dont l'industrie s'apparente à celle du Nouveau-Brunswick, d'après moi, et où des règlements considérablement modifiés ont été adoptés cette année après seulement trois ans de grande exploitation.
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Merci monsieur le président.
Merci messieurs.
Les témoignages d'aujourd'hui me donnent deux portraits bien différents de l'extraction des gaz de schiste. D'un côté, M. Ingraffea la décrit, si je comprends bien, comme une entreprise plutôt irresponsable qui présente de multiples risques de déversements, d'accidents de camions, de soupapes qui explosent et de nombreux autres problèmes de toutes sortes — comme quelque chose que nous ne devrions pas envisager ici à cause de tous les risques que cela présente.
À l'inverse, M. Northrup, du Nouveau-Brunswick, nous dit qu'avant toute exploration ou extraction de gaz de schiste dans son secteur, les personnes chargées de la réglementation établiront des normes et des critères qu'il faudra... Après une étude qui déterminera comment le faire en toute sécurité et en toute efficacité, on établira les règles qui garantiront qu'au contraire d'une entreprise précipitée, approximative et irresponsable, il s'agira d'une façon très étroitement surveillée, efficace, sûr et écologique d'extraire les gaz de schiste.
Nous avons donc ces deux portraits. J'aimerais que nous ayons plus de temps pour obtenir des explications de chacun de vous.
Ma question est la suivante. Compte tenu des avantages économiques de ce genre d'exploitation gazière, je présume que, sauf si la supervision est assurée par un organisme environnemental assez délinquant, il doit exister des manières d'extraire ces gaz avec prudence, avec toute la diligence requise, une fois toutes les mesures de sécurité environnementale mises en place — moyennant le respect de toutes les exigences. Je crois que nous sommes pas mal bons sur ce plan, au Canada. Ce n'est peut-être pas le cas au delà de nos frontières, mais au Canada, je pense que nous avons les règles environnementales les plus sévères.
Monsieur Northrup, auriez-vous quelque chose à dire au sujet de ma petite dissertation?
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Merci, monsieur le président. Je me réjouis à l'idée de travailler avec le comité, qui me semble des plus dynamiques.
Tout d'abord, je tiens à remercier les témoins de cette séance du comité. Je vous suis reconnaissant de votre témoignage et de l'intérêt que vous portez au sujet dont nous traitons aujourd'hui.
J'ai eu la chance, au cours de la dernière année, d'assister à une opération de fracturation au site d'EnCana, près de Dawson Creek, et de pouvoir discuter avec des gens de la collectivité. Notre groupe a assisté à la cérémonie d'ouverture du centre sportif local. Ce centre, à Dawson Creek, n'aurait pu être construit sans un important apport financier d'EnCana. Nous avons parlé à des gens de là-bas des répercussions du projet et de leurs préoccupations. Des préoccupations, il y en a, c'est certain.
Chaque geste que nous faisons est source de préoccupations. Un agriculteur en suscite quand il met une semence en terre, mais il faut faire la juste part des préoccupations et des avantages. On demande aux gens ce qu'ils pensent, puis on agit.
J'ai trouvé intéressant d'assister à la fracturation, de voir toutes les mesures de sécurité et de protection, et la méthode employée. Je suis un peu confus, aujourd'hui, d'entendre M. Harris parler d'explosion de soupapes et de problèmes de toutes sortes. Moi, je n'ai rien vu de tel. Ce que j'ai vu, c'est un processus qui est rigoureusement contrôlé et hautement réglementé; ce n'est pas le genre de scène où entre n'importe qui sans y avoir sa place. Quoi qu'il en soit, j'ai observé les dispositifs de sécurité et de surveillance utilisés, et j'ai été très impressionné.
C'était ma première expérience du genre, alors je ne suis pas expert en la matière. Il n'y a peut-être pas que cela, je ne sais pas, mais j'encourage les membres du comité au moins à réfléchir à ces aspects avant de porter des jugements sur ce qui doit se faire dans leur propre province.
Monsieur Northrop, vous faites ce qui importe. Vous allez sur place parler aux gens. Vous allez dans les régions recueillir vous-mêmes les renseignements et tirer des leçons des erreurs que d'autres ont faites et c'est une bonne démarche. J'espère seulement qu'aucun extrémiste ne parviendra à vous effrayer. Moi, je trouve très positif ce qui se passe dans les collectivités et ce qu'on nous a dit là-bas.
La Saskatchewan a passé une longue période sous un gouvernement néo-démocrate qui avait pour principe de laisser le pétrole dans les profondeurs du sol. C'était un bon principe. Le pétrole est resté sous terre pendant que les enfants s'instruisaient, puis partaient pour Calgary, qui est devenue la ville hors de la Saskatchewan où vivent le plus de gens originaires de la Saskatchewan. Avant de prendre des décisions, il faut d'abord penser aux intérêts de nos collectivités et de notre province.
Ceci m'amène là où en était David. À propos des compétences provinciales et des obstacles, monsieur Angevine, quelle est la nature de ces obstacles? Où y a-t-il chevauchement des compétences? On sait qu'au chapitre de l'agriculture, il y en a toutes sortes qui sont source de grandes frustrations. Il doit sûrement y avoir moyen de supprimer quantité de cas de chevauchement. Pourriez-vous nous en décrire certains?
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Oui, dans les deux cas.
Dans mes remarques liminaires, j'ai laissé entendre que je tenais à corriger des témoignages antérieurs devant le comité. Notamment, dans une séance antérieure, le vice-président principal de Talisman aurait dit que sa société avait été condamnée à l'amende trois fois en Pennsylvanie, au cours des trois dernières années, pour un total de 21 000 $ et que, dans aucun cas, ce n'était pour avoir contaminé des eaux de surface. En ce qui concerne le caractère adéquat des règlements en place, sur lequel vous vous êtes interrogé, je dois signaler qu'il a omis de mentionner que sa société, dans le même temps, avait été citée 285 fois pour des infractions dans ce même État. Elle n'a écopé que d'une amende de 21 000 $, parce que les amendes pour ces 285 infractions n'ont pas encore été fixées .
Je devrais également citer quelqu'un que vous feriez bien d'inviter un jour. C'est le directeur sortant du service de la préservation de l'environnement de la Pennsylvanie, John Hanger. Actuellement, ce service dispose d'un pouvoir très contestable quand il annonce à une compagnie qu'elle est si mal exploitée qu'il ne lui accordera plus de permis. Il aurait également dit que le montant maximal des amendes que les services de protection de l'environnement peuvent imposer à ceux qui enfreignent les lois de l'État concernant le pétrole et le gaz est... « scandaleusement bas ». Il poursuit en disant que, actuellement, une société gazière comme Talisman, qui exploite des puits en Pennsylvanie, verse une caution de 25 000 $ à l'égard d'autant de puits qu'elle pourra y exploiter et que ce montant représente le quart des coûts que doit payer l'État pour boucher chacun des 100 000 puits abandonnés qu'on trouve sur son territoire.
Donc, le conseil que j'ai donné, c'est-à-dire de regarder avant de sauter, de procéder lentement et d'étudier ce qui a mal tourné ailleurs... L'homme qui vient du Nouveau-Brunswick a tout à fait raison. Il lui suffit de donner plus de puissance à sa machine et de poser davantage de questions en plus d'endroits. Sur la façon de s'y prendre, il ne faut pas compter seulement sur le seul personnel local de l'industrie. Il faut également interroger des personnes comme le directeur du service de la préservation de l'environnement de la Pennsylvanie. Il sera heureux de se déplacer et de vous parler. À propos, il était chargé de la promotion — dont il s'est effectivement acquitté — et de la réglementation de la mise en valeur du gaz de shale en Pennsylvanie, et, dans les deux cas, il a fait du très bon travail. Il est cependant très réaliste face à la situation actuelle.