Passer au contenu

HEAL Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain

37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de la santé


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 5 novembre 2003




¹ 1540
V         La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.))
V         Dr André Potworowski (Directeur associé de recherche et développement, Centre de recherche en biopharmaceutiques et biotechnologie, Université d'Ottawa)

¹ 1545
V         L' honorable Judy Erola (présidente du comité conseil, Programme de la gestion de santé, École de gestion, Université d'Ottawa)

¹ 1550
V         Dr André Potworowski
V         Mrs. Judy Erola
V         Dr André Potworowski

¹ 1555
V         La présidente
V         Dr Mick Hitchcock (Vice-président, Santé, Gilead Sciences Inc.)

º 1600

º 1605
V         La présidente
V         Dr Roger Korman (Président, IMS Health)

º 1610

º 1615
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield (Yellowhead, Alliance canadienne)
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman

º 1620
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield

º 1625
V         Dr Mick Hitchcock
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Mick Hitchcock
V         M. Rob Merrifield
V         Mme Judy Erola
V         M. Rob Merrifield
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         M. Rob Merrifield
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         Mrs. Judy Erola
V         Dr. André Potworowski
V         La présidente
V         M. Grant Hill (Macleod, Alliance canadienne)

º 1630
V         Mme Judy Erola
V         M. Grant Hill
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         M. Grant Hill
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola
V         M. Grant Hill
V         Dr André Potworowski
V         M. Grant Hill
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola
V         M. Grant Hill
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola

º 1635
V         M. Grant Hill
V         La présidente
V         M. Jeannot Castonguay (Madawaska—Restigouche, Lib.)
V         Dr Roger Korman
V         M. Jeannot Castonguay

º 1640
V         Dr Roger Korman
V         M. Jeannot Castonguay
V         Dr Roger Korman
V         M. Jeannot Castonguay
V         M. Gary Fabian, vice-président, Relations corporatives, IMS Health)
V         La présidente
V         M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.)
V         Dr Roger Korman
V         M. Stan Dromisky

º 1645
V         La présidente
V         Mme Judy Erola

º 1650
V         M. Stan Dromisky
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola
V         M. Stan Dromisky
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield
V         Dr André Potworowski
V         M. Rob Merrifield
V         Dr André Potworowski
V         Mme Judy Erola

º 1655
V         M. Rob Merrifield
V         Mrs. Judy Erola
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Roger Korman
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Mick Hitchcock
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Mick Hitchcock
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Mick Hitchcock
V         M. Rob Merrifield
V         La présidente
V         Dr. André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente

» 1700
V         Mrs. Judy Erola
V         La présidente
V         Mme Judy Erola
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr. André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente
V         Dr André Potworowski
V         La présidente

» 1705
V         Dr André Potworowski
V         La présidente










CANADA

Comité permanent de la santé


NUMÉRO 070 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 5 novembre 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1540)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.)): Bonjour, mesdames, messieurs. J'ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette réunion du Comité permanent de la santé, où nous allons poursuivre notre étude des médicaments d'ordonnance.

    Passons tout de suite aux témoignages. Je vous présente aujourd'hui le représentant de l'Université d'Ottawa, M. André J. Potworowski, directeur associé de R et D au Centre de recherche en biopharmaceutiques et biotechnologie. Il est secondé par Mme Judy Erola, présidente du comité conseil, Programme de gestion de la santé, École de gestion.

    Monsieur Potworowski ou madame Erola, la parole est à vous.

+-

    Dr André Potworowski (Directeur associé de recherche et développement, Centre de recherche en biopharmaceutiques et biotechnologie, Université d'Ottawa): Merci, madame la présidente, et merci beaucoup de nous avoir invités à venir comparaître aujourd'hui.

    Nous aimerions vous faire part des résultats d'une étude que nous avons effectuée à la fin de l'an dernier et au début de cette année. Le point de départ était une question appartenant en propre au domaine de la gestion des affaires : pourquoi faut-il tant de temps pour qu'un médicament soit mis en marché et qui, pendant la démarche en question, y porte son regard? Une autre question concerne les grappes d'innovation, les systèmes d'innovation—c'est-à-dire les groupes, les organisations ou les établissements qui travaillent ensemble en vue de promouvoir l'innovation; est-il possible d'étudier des essais cliniques en utilisant de tels filtres?

    Si la commercialisation d'un produit pharmaceutique prend tant de temps, c'est parce qu'elle doit respecter un certain nombre d'étapes réglementaires, dont celle des essais cliniques. L'étape des essais cliniques consiste à jauger, au moyen de tests faisant appel aux êtres humains, l'utilité et le rendement d'un médicament. Notre approche était plutôt unique. Nous avons abordé la question d'un point de vue holistique—c'est-à-dire que nous nous sommes demandé : à quoi ressemble le système des essais cliniques?

    Pour effectuer l'étude, j'ai été très chanceux de pouvoir compter sur une équipe extraordinaire qui comprenait deux ex-ministres, Mme Judy Erola et Mme Monique Bégin—Mme Bégin ne pouvait assister à l'audience aujourd'hui, car elle avait une réunion d'un conseil d'administration à Montréal—et M. George Wells, épidémiologiste émérite et professeur à la faculté de médecine de l'Université d'Ottawa.

    Je dois dire que nous nous sommes tous retroussé les manches et avons accompli un véritable travail de chercheur. Nous avons procédé à des entrevues, chacun d'entre nous l'a fait, et, tous, nous avons rédigé le rapport issu de l'étude. Le financement de notre travail provenait d'Industrie Canada et de Santé Canada. Comme il s'agissait d'une étude de faisabilité, nous avons essayé de couvrir le plus vaste terrain possible en posant une question fondamentale : Qu'est-ce qui existe dans le domaine?

    À notre étonnement, très peu de gens ont considéré la question des essais cliniques d'une façon holistique et intégrée, que ce soit au Canada ou ailleurs. Notre recension de la documentation l'a fait ressortir sanas aucune équivoque. Nous avons également constaté, et c'est un fait très inquiétant, une très importante pénurie d'information susceptible de servir à établir des données solides sur le système en question. Nous ne savons pas combien de ces essais cliniques sont en cours au Canada, de fait, et nous ne savons pas combien de patients y participent. Nous savons tout de même que cela représente une activité économique qui génère de 800 millions à un milliard de dollars, environ. Nous savons aussi que de nombreuses intervenants entrent en jeu. Au départ, nous croyons qu'il n'y en avait que trois, mais, en vérité, il y en a au moins 13, dont, au centre même de la démarche, le patient.

    Je vais laisser à Mme Erola le soin de traiter de la question des patients—c'est le champ d'action qu'elle et Mme Bégin ont choisi d'aborder—, pour parler de ce que pensent les patients et de ce qu'ils souhaitent tirer des essais cliniques.

    Nous avons essayé de nous concentrer sur la question des pratiques exemplaires. Est-ce qu'il existe des façons d'améliorer le système des essais cliniques au Canada? Est-ce qu'il existe des exemples utiles ou encore des leçons utiles que nous pouvons tirer au sujet de la question, pour que le système d'innovation fonctionne avec une plus grande efficacité?

    Tout cela a soulevé, depuis que nous avons publié un rapport, une question très intéressante du point de vue de la politique gouvernementale, question qui, à notre avis, n'a jamais été posée systématiquement par le passé : est-ce que nous voulons davantage d'essais cliniques au Canada? La question n'a jamais fait l'objet d'un débat parmi les décideurs de la chose publique. Personnellement, en tant que groupe de chercheurs, nous croyons que cela devrait être le cas, car les essais cliniques apportent des bénéfices. Ils constituent une activité économique précieuse, dont la valeur se situe entre 800 millions et un milliard de dollars, faite principalement d'investissements étrangers, provenant de grandes sociétés multinationales. Ils sont bénéfiques du point de vue de la santé des patients qui y participent et ont accès à des médicaments gratuits. Ils servent à étoffer notre connaissance et notre compréhension de diverses maladies.

    Toutes sortes d'avantages y sont donc liés, mais la question n'a jamais fait l'objet d'un débat public.

    Dans notre rapport, nous décrivons le système. Au centre, il y a le patient, puis il y a un ensemble de patients inscrits à des essais cliniques. Il y a les grandes sociétés pharmaceutiques, les entreprises de biotechnologie, les organismes de recherche clinique, les centres de recherche privés, ainsi que les hôpitaux et facultés universitaires où les essais cliniques ont lieu. Et cela comprend, à l'intérieur même du sous-ensemble en question, les infirmières, les chercheurs et les commissions d'éthique, que nombre d'observateurs ont tendance à considérer comme un goulot d'étranglement dans le cheminement des essais cliniques et, en même temps, un élément très perfectible.

    La plupart des conclusions de notre étude prennent la forme de recommandations qui consistent à dire qu'il faut approfondir l'étude de la question particulière dont il s'agit. Notre étude était une étude de faisabilité. Nous avons cherché à couvrir le plus vaste terrain possible. Nous avons dit : Voilà, c'est un système où il y a de nombreux intervenants, avec des dizaines de milliers de gens qui y travaillent à temps plein ou à temps partiel, de nombreux avantages, mais personne n'a envisagé le système d'une manière holistique, intégrée.

    Quant au processus d'approbation des médicaments, nous sommes d'avis que la façon dont Santé Canada approuve les essais cliniques est assez proche des normes internationales. Nous avons parlé de commissions d'éthique dans le domaine de la recherche. Les formulaires provinciaux, étape ultime et importante du système d'approbation des médicaments, étaient tout à fait exclus de notre étude. On sait très peu de choses à leur sujet.

    Les professionnels de la santé alliés, le personnel infirmier, tous les gens qui aident à mener les essais cliniques—on sait très peu de choses au sujet de leur cheminement professionnel, de la formation dont ils ont besoin et ainsi de suite.

    Les chercheurs sont les médecins, les scientifiques qui dirigent un essai clinique à un moment donné. Il y a toute la question de savoir en quoi consiste leur relation avec les entreprises pharmaceutiques du point de vue de la confidentialité, de la confiance, de la participation à la recherche. Les hôpitaux et facultés universitaires, qui considèrent les essais cliniques comme une source de revenus... mais ils ont tant maximisé le revenu que les modalités contractuelles qu'ils appliquent semblent maintenant faire obstacle au bon fonctionnement des essais cliniques.

    L'industrie, les grandes sociétés pharmaceutiques—voilà les gens qui financent à peu près 80 p. 100 des essais qui ont lieu au Canada. Encore une fois, il faut plus d'ouverture et plus de transparence.

    Nous avons identifié deux ou trois autres organisations, dont on sait très peu de choses, et qui connaissent une croissance très rapide pour ce qui est de la réalisation d'essais cliniques. Ce sont les organisations de recherche clinique, les centres de recherche privés, et les organisations de gestion de sites. On en sait très peu sur leurs statistiques ou sur leur rythme de croissance, mais nous croyons savoir, d'après les discussions que nous avons eues avec ces gens, qu'il s'agit d'un secteur qui croît à un rythme très rapide.

    Bon, comme les patients sont au centre des essais cliniques—nous produisons des médicaments pour guérir les patients et il nous faut des patients pour procéder aux essais cliniques—, nous en avons fait un élément spécial de notre étude. Je laisse à Judy le soin de traiter de cette question, car c'est l'élément de l'étude dont elle et Monique Bégin se sont occupées.

¹  +-(1545)  

+-

    L' honorable Judy Erola (présidente du comité conseil, Programme de la gestion de santé, École de gestion, Université d'Ottawa): Si je souris—et merci beaucoup, André et madame la présidente, messieurs, mesdames, membres du comité—, c'est que, au moment où l'étude a été conçue, on y voyait surtout une unité fonctionnelle. Quand on a fait appel à nous, nous avons dit qu'il ne s'agit pas seulement d'une équipe fonctionnelle; vous faites appel à des gens, vous faites appel à des patients. Nous nous retrouvons devant une question beaucoup plus large, à savoir quel en est l'avantage pour les patients et quel est le rôle du patient. Aucun essai clinique ne peut avoir lieu s'il n'y a pas de patient.

    Nous avons donc décidé de convaincre nos collègues chercheurs que, à moins d'étudier la question du point de vue du patient et, en dernière analyse des avantages que procurent les essais cliniques pour le système de santé, nous ne voyons qu'un élément de l'équation. Pour élucider ce point de vue des patients, Mme Bégin et moi avons passé des heures et des heures à interviewer des patients, dont le nom nous avait été donné par divers groupes du domaine de la santé, par exemple la Société de l'arthrite—vous remarquerez qu'elle figure dans une note en bas de page, dans l'étude—qui ont participé aux essais cliniques.

    Au départ, nous envisagions de parler aux gens pendant une demi-heure, mais, au bout du compte, nous leur avons parlé pendant une demi-journée, parce que les gens voulaient nous faire part de ce qu'ils avaient vécu.

    Nos conclusions sont formulées dans l'étude, mais, dans l'ensemble, disons que les patients au Canada qui ont participé aux essais cliniques appuient les essais cliniques et—cela nous étonne beaucoup—adoptent une attitude très altruiste à l'égard des essais cliniques. Qu'ils bénéficient ou non de l'essai eux-mêmes, ils croient qu'ils contribuent à l'édification du grand édifice du savoir et sont très heureux de participer. Voilà le côté positif de la chose.

    Du côté négatif, il est évident que, au Canada, il n'y a pas de stratégie réelle en ce qui concerne les essais cliniques. J'ajouterais à ce qu'André a dit il y a quelques minutes : dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni et en Australie, les autorités ont envisagé la chose comme une industrie, décidé qu'il faut une stratégie nationale et mis en place les politiques nécessaires pour attirer les essais cliniques au pays. Plusieurs des politiques en question, notamment du point de vue du système de réglementation, sont extrêmement importantes.

    En eux-mêmes, les essais cliniques sont avantageux, du point du vue du patient, mais il faut vraiment davantage de transparence. Très souvent, quand un patient participe à un essai clinique, il y a peu de discussion, si tant est qu'il y en a, entre le chercheur principal, le responsable des essais cliniques et le médecin de famille du patient. L'absence de transfert de savoir entre les deux est très vexant pour eux. Ils se soucient beaucoup du degré de transparence de l'essai, pour ce qui est des connaissances générales qui peuvent en être dégagées. À leur avis, il devrait y avoir un registre central. Entre autres choses, nous avons constaté que de nombreux patients connaissent très bien la question, particulièrement là où ils participent à des essais où il est question d'une maladie mortelle, comme le cancer, ou une maladie chronique, comme l'arthrite.

    S'ils vivent avec une telle maladie, ils consultent le Web et ils découvrent ce qui se passe. Ce que nous avons constaté, c'est que, souvent, ils en savent plus que le médecin qui s'occupe d'eux, mais ils sont frustrés, car un ensemble de connaissances qui serait accessible aux patients n'existe tout simplement pas. Là où il existe, il se présente par fragments. Les gens trouvent beaucoup d'informations.

    Dans le cas du cancer, par exemple, nous avons étudié les pratiques exemplaires du domaine, et la B.C. Cancer Agency présente probablement le meilleur bilan pour ce qui est de donner aux patients un accès à l'information et un accès aux essais cliniques. Les responsables sont convaincus que les résultats d'un essai clinique—qu'ils soient bons, mauvais ou « neutres »—devraient être accessibles à tous. Or, cela ne se fait pas au Canada. Ils croient aussi qu'il devrait y avoir un système qui permet d'accéder à l'information... mais ils ne demandent pas...

    Je crois qu'il y a de nombreuses fausses pistes dans cette histoire, et les discussions le feront peut-être ressortir—les gens croient qu'une bonne part de l'information en question n'est pas utile au patient. Eh bien, a) les patients en savent beaucoup et b) ils ne veulent pas tant une information scientifique et complexe; ils veulent qu'on leur explique en termes simples, très souvent, pour qu'ils aient une certaine connaissance de ce qui leur arrive et de la maladie dont il est question.

¹  +-(1550)  

    Autre fait qui ressort avec beaucoup d'acuité : le manque d'uniformité et de normes d'une commission d'éthique à l'autre, au pays. De fait, à un colloque suivant la publication de notre rapport, nous avons rencontré un groupe de chercheurs et de pharmacologues. Une des personnes présentes a affirmé qu'il existait plus de 500 commissions d'éthique en recherche au pays et que, même si les IRSC ou les trois conseils associés au Conseil de recherches médicales ont conçu une norme de base, il n'existe aucune méthode de vérification. Aux États-Unis, la FDA vérifie le travail des commissions d'éthique en recherche et des responsables des essais cliniques à la fois. Cela ne se fait pas au Canada.

    Très souvent, un essai clinique multisite est reporté : chaque fois qu'un site est destiné à un essai clinique—comme vous le savez, les essais cliniques ont maintenant lieu à des emplacements multiples—, très souvent, il en résulte des retards importants tout simplement parce qu'une commission d'éthique en particulier n'a pas donné son autorisation. Certains changements sont donc demandés à cet égard.

    Je m'arrêterai là, le temps alloué à notre exposé s'étant écoulé. Nous pouvons peut-être poursuivre avec des questions.

+-

    Dr André Potworowski: J'aimerais tout simplement conclure avec une observation.

    À propos de la question dont j'ai fait mention au début, à savoir si, oui ou non, nous voulons davantage d'essais cliniques au Canada, le fait que cela n'ait pas fait l'objet d'un débat public, mais nous avons adopté tacitement la position sur laquelle c'est une bonne chose. Il existe des avantages économiques, des avantages pour la santé, des avantages pour la recherche, des avantages pour l'investissement et ainsi de suite.

+-

    Mrs. Judy Erola: Et les patients sont d'accord.

+-

    Dr André Potworowski: Oui, les patients sont d'accord.

    Ce que nous avons constaté—et voilà le degré d'urgence qui existe en rapport avec cette question—, c'est que des pays comme l'Australie, le Royaume-Uni et Singapour ont adopté des politiques très énergiques et mis en place l'infrastructure nécessaire pour accroître leur capacité de réaliser des essais cliniques et d'attirer des investissements étrangers. Nous n'avons qu'une connaissance superficielle des politiques en question, qui ont toutes été mises en place au cours des deux dernières années. Les autorités progressent très rapidement et avec beaucoup d'énergie, car elles voient la manne que cela amène à leur pays. Je crois qu'il faut agir avec une certaine urgence en ce sens.

    Nous espérons passer à la deuxième étape de l'étude, où nous allons tenir des ateliers régionaux dans les domaines où il y a des essais cliniques, pour que les gens prennent conscience du fait qu'il existe toutes sortes de pratiques exemplaires qu'ils peuvent adopter pour accroître leur rendement. Car, à elle seule, aucune instance ne saurait gouverner la chose. Ce n'est pas que Santé Canada qui entre en jeu. C'est Industrie Canada. Ce sont les provinces. Ce sont les universités. C'est l'établissement des marchés. Ce sont tous ces gens, travaillant ensemble, et c'est pourquoi nous appelons cela un système d'innovation.

    C'est pourquoi il est relativement urgent que le Canada adopte une position claire dans le dossier et s'assure de bien aligner ses flûtes.

¹  +-(1555)  

+-

    La présidente: Merci beaucoup. C'était très intéressant. Certains des choses que vous avez dites, mais pas toutes, nous ont déjà été révélées par d'autres au cours de nos audiences. Évidemment, vous avez une perspective particulière.

    Nos prochains témoins représentent Gilead Sciences Inc.; je crois qu'il s'agit d'une société pharmaceutique de Vancouver. Nous accueillons aujourd'hui M. Mick Hitchcock, vice-président, Santé, et Mme Alix Israels, directrice du marketing pour le Canada.

    Monsieur Hitchcock ou madame Israels.

+-

    Dr Mick Hitchcock (Vice-président, Santé, Gilead Sciences Inc.): Madame la présidente, mesdames, messieurs, membres du comité, je vous remercie de l'occasion qui nous est offerte de nous adresser au comité aujourd'hui.

    Je suis le Dr Mick Hitchcock. Je suis vice-président chargé des affaires médicales chez Gilead Sciences Inc., entreprise de biopharmaceutique.

    Gilead a été fondée il y a seulement 16 ans, et les efforts scientifiques déployés jusqu'à maintenant y ont conduit à la conception de sept produits originaux offerts dans le commerce pour répondre aux besoins non satisfaits de certains patients, notamment pour ce qui touche le VIH, la grippe et de graves infections fongiques. Ce mois-ci, le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, le CEPMB, examinera le dossier tarifaire de Viread, le médicament antirétroviral conçu par l'entreprise pour lutter contre le VIH.

    J'aimerais parler aujourd'hui des défis que doivent relever des entreprises comme Gilead afin de commercialiser leurs produits partout dans le monde et, en particulier, des questions auxquelles nous faisons face quand nous essayons d'offrir des produits aux patients qui en ont besoin ici même au Canada.

    Gilead compte une solide présence internationale et commercialise ses médicaments partout dans le monde. Notre société s'engage à assurer un accès mondial à ses produits grâce à des prix différenciés, ce qui fait que, notamment, nous offrons Viread à des prix réduits dans les pays qui n'ont pas les moyens de payer le prix ordinaire.

    En ce sens, à la fin de l'an dernier, nous avons annoncé la création d'un programme pour fournir à des pays pauvres, et notamment à tous les pays d'Afrique et à 15 autres pays désignés comme étant moins développés à l'ONU, notre médicament contre le VIH-sida, Viread, au prix coûtant. Jusqu'à maintenant, nous avons pu fournir Viread sans profit à 15 pays d'Afrique. Pour être clairs, disons que par vente sans profit, nous entendons ici le fait de fixer un prix qui couvre le coût de la fabrication et de l'administration seulement.

    Nous avons donc montré que nous sommes favorables à une formule de prix différenciée pour les marchés des pays en développement et ceux des pays industrialisés. Nous comprenons la nécessité de fixer des prix différenciés pour que les traitements contre le VIH soient accessibles partout dans le monde.

    Afin de remplir notre mission—qui consiste à innover sans cesse et à assurer un accès proprement mondial aux médicaments—, nous sommes d'avis que notre industrie devrait adopter des stratégies de prix uniforme pour les pays industrialisés, grâce à des fourchettes de prix étroites. L'application d'une stratégie de prix uniforme aux pays industrialisés comme le Canada et les pays de l'Union européenne nous permettra de concevoir et d'appuyer, aux côtés des gouvernements, des programmes qui autorisent l'accès aux médicaments dans le monde en développement.

    Avant d'aborder une étude de cas particulière où il est question du médicament de Gilead à l'intention des personnes qui ont le VIH, j'aimerais souligner que Gilead tient pour importante sa présence au Canada. Nous sommes présents et actifs depuis longtemps au Canada, depuis 1992. Nous avons collaboré avec nos collègues canadiens à tous les stades de la R et D de produits, avons fait des investissements importants dans la fabrication au Canada et, récemment, avons établi des opérations à Vancouver.

    Ces dernières années, Gilead a investi plus de 100 millions de dollars au Canada; il y soutient des emplois pour les Canadiens dans la fabrication de Viread. De fait, la majeure partie de l'offre mondiale de Viread est de fabrication canadienne. Nous espérons pouvoir continuer à travailler ensemble, et, selon nos prévisions internes, l'investissement au Canada devrait dépasser les 550 millions de dollars d'ici 2008.

    En ce moment, nous sommes en train de commercialiser Viread, ce qui représente notre premier lancement de produit au Canada, et nous travaillons de concert avec le CEPMB afin que la question du prix soit bien claire.

    Viread, le médicament de Gilead à l'intention des personnes infectées par le VIH, a été approuvé aux États-Unis en octobre 2001. À ce moment-là, sachant que le médicament correspondait à un besoin, en attendant qu'il soit approuvé au Canada, nous avons créé un programme d'accès élargi qui permet d'offrir Viread sans frais aux patients qui en ont le plus besoin, c'est ce qui est qualifié de thérapie de « sauvetage ».

    En même temps, nous avons travaillé avec Santé Canada en vue de faire approuver le produit, chose faite, sous forme d'avis de conformité, en mars. Depuis deux ans, Viread est commercialisé dans 35 pays, dont 15 d'Afrique.

    Durant cette période, le programme canadien d'accès élargi a permis de rejoindre plus de 1 600 patients, c'est-à-dire 10 p. 100 des patients canadiens qui reçoivent des médicaments anti-VIH. Les critères d'inscription étant stricts, Gilead montre que Viread répond à un besoin médical non satisfait chez les Canadiens.

º  +-(1600)  

    Bien entendu, le maintien de ce programme suppose que Gilead prenne en charge des coûts importants, qui sont de l'ordre de 2 millions de dollars pour cette année seulement, mais voilà qui démontre que nous nous engageons à permettre aux patients dans le besoin d'accéder aux médicaments. Par conséquent, nous continuons d'inscrire des patients au programme et à soutenir ce dernier tout en oubliant la marche à suivre pour la fixation des prix à l'échelle fédérale, puis à l'échelle provinciale, ce qu'il nous faut faire afin de mettre un produit sur le marché. En ce moment, nous attendons que le CEPMB recommande un prix et, de fait, nous devrions recevoir une réponse ce mois-ci.

    De façon classique, l'entreprise met le médicament en marché. Une fois que celui-ci est approuvé, elle négocie avec la province l'inscription du médicament au formulaire, puis est assujettie à l'examen des prix de la part du CEPMP, qui détermine le prix maximal jugé non excessif auquel le produit peut être vendu au Canada.

    Là où le prix de médicaments qui sont déjà sur le marché est jugé excessif, l'entreprise responsable est tenue de réduire son prix et de rembourser les recettes excessives à l'État. Notre approche au Canada, qui concorde avec notre approche mondiale, consiste à négocier un prix avant de mettre le médicament sur le marché. Nous croyons que le CEPMB conviendra d'un prix qui reflète la valeur du produit aux yeux du patient, tel que le démontre notre programme d'accès élargi. Cela concorde avec ce qui se fait en Europe et dans d'autres pays industrialisés, là où Viread est déjà sur le marché.

    Permettez-moi de parler un peu des avantages cliniques uniques que procure Viread au patient infecté par le VIH. Comme le VIH peut maintenant être traité comme s'il s'agissait d'une maladie chronique, le taux d'activité du médicament, le degré de tolérance du patient et le profil de résistance ont une importance extrême du point de vue du succès à long terme du traitement. Dans le cadre des études cliniques réalisées, il a été montré que Viread peut endiguer le VIH sans danger pour une période allant jusqu'à 96 semaines.

    Pendant cette période, les signes de développement de mutations résistantes aux médicaments sont minimes, et le potentiel de synergie médicamenteuse, limité, ce qui est particulièrement important, étant donné le nombre de médicaments que prennent en concomitance les personnes infectées par le VIH.

    À l'inverse de nombreuses autres thérapies, le traitement au Viread se présente sous la forme d'un seul comprimé par jour. Or, des études ont montré que l'observance de traitements aux médicaments anti-VIH est liée directement au succès du traitement lui-même, et que les patients doivent s'y conformer à raison d'au moins 95 p. 100. Certes, cela devient un problème important dans le cas des médicaments consommés plusieurs fois par jour.

    Fait important, Viread se révèle efficace chez les patients qui n'ont pas eu de réaction favorable à d'autres traitements; c'est parfois la seule solution de rechange. C'est pourquoi nous avons établi notre programme d'accès élargi et que 10 p. 100 des patients consomment Viread. Pris ensemble, les caractéristiques notées ci-dessus en font le choix thérapeutique idéal pour toutes les personnes infectées par le VIH.

    Comme je l'ai dit plus haut, notre mission, en tant qu'entreprise, consiste à faire en sorte que les patients du monde entier puissent profiter des progrès de la thérapeutique. Le profil de Viread est tel que le médicament convient parfaitement au monde en développement, là où l'épidémie de VIH-sida est à son comble. À cette fin, nous avons lancé le programme d'accès mondial de Gilead, où nous fournissons sans faire de profit Viread aux pays dont les moyens sont limités.

    Dans cette perspective, il importe de comprendre la position d'une petite entreprise ouverte au public comme Gilead au moment d'envisager quelle serait la meilleure approche de commercialisation d'un produit au Canada. D'après l'actuelle formule de fixation des prix, l'entreprise doit d'abord lancer le médicament sur le marché, sans pouvoir compter sur un prix fixe. Nous pourrions être assujettis à une réduction unilatérale du prix, suivant les directives du CEPMB. Cela va à l'encontre de notre stratégie mondiale de prix et ne permet pas d'en arriver à une tranche de prix étroite pour les pays industrialisés. Notre entreprise court ainsi un risque, surtout que les gouvernements et autres fournisseurs du domaine de la santé dans les pays industrialisés établissent le coût en fonction du produit de référence.

    Nous craignons que le CEPMB, par ses lignes directrices, ne fasse obstacle à l'innovation. D'après ce que nous avons compris, le CEPMB emploie un processus de catégorisation pour évaluer les dossiers de prix. Essentiellement, les produits thérapeutiques entrent soit dans la catégorie des produits révolutionnaires, soit dans la catégorie des produits d'imitation—c'est-à-dire qui, essentiellement, procurent un avantage thérapeutique modéré par rapport aux produits de comparaison.

    Fait important, les produits qui ne sont pas classés dans la première catégorie sont classés, par défaut, dans la catégorie des produits d'imitation. Étant donné les limites de cette formule de deux catégories, un produit thérapeutique peut présenter des progrès considérables, mais ne pas répondre aux critères propres à une « percée », telle que le conçoit le CEPMB, et se retrouve dans la catégorie des produits d'imitation et est soumis au prix maximal appliqué à des médicaments nettement plus anciens, malgré l'innovation considérable qu'il peut représenter.

º  +-(1605)  

    En bref, le modèle actuel fait courir le risque aux entreprises qui conçoivent des médicaments nouveaux, surtout les petites entreprises qui, dans bien des cas, sont à l'avant-plan de l'innovation dans le domaine pharmaceutique. La plupart des nouveaux produits thérapeutiques procurent des avantages progressifs qui peuvent ne pas se concrétiser quand le prix est limité en référence au prix de médicaments plus anciens.

    Pour continuer à innover dans des domaines thérapeutiques clés comme la lutte au VIH et pour continuer à faire en sorte que les gens aient accès à des médicaments à prix abordable dans toutes les régions du monde, dans les pays industrialisés, il faut fixer pour Viread un prix qui permettra à l'entreprise d'obtenir un rendement intéressant à la suite de son investissement.

    La question de la réimportation a fait couler beaucoup d'encre. Cette question ne nous touche pas; nous ne sommes pas venus ici aujourd'hui pour en discuter. Dans d'autres pays industrialisés, le prix est fixé, comme pour tout autre produit commercial, en fonction de la valeur inhérente du produit. Les mêmes mesures devraient s'appliquer avec rigueur au Canada.

    À nos yeux, une solution viable consisterait à situer, pour ce qui est des pays industrialisés, le prix dans une fourchette qui appuie l'innovation et qui permet de réduire les prix dans les pays dont le besoin est criant. Nous encourageons le gouvernement canadien à envisager ces questions aussi bien que l'impact mondial des mesures qu'il va adopter, et nous demeurons prêts à travailler de concert avec lui de toutes les manières possibles, en nous attendant à ce que des solutions justes et raisonnables soient conçues.

    Nous sommes d'avis que le CEPMB doit appliquer son système avec souplesse, en vue de reconnaître la valeur de produits novateurs comme Viread et qu'il doit réagir plus rapidement, pour que des produits novateurs comme Viread soient offerts plus rapidement aux patients qui en ont besoin.

    Je tiens à remercier le comité du temps qui nous est accordé aujourd'hui et de l'occasion qu'il nous offre de faire valoir notre point de vue sur ces questions importantes.

    Merci.

+-

    La présidente: Merci beaucoup.

    Nos prochains témoins représentent IMS Health. Nous accueillons M. Roger Korman, président; M. Gary Fabian, vice-président, et Mme Anita Fineberg, conseillère corporative et chef de la protection des renseignements personnels.

    Nous allons d'abord écouter M. Korman.

+-

    Dr Roger Korman (Président, IMS Health): Merci, madame la présidente.

    Depuis près de 50 ans, IMS Health fournit des services d'analyses et de recherches statistiques à l'industrie pharmaceutique, à des organismes de réglementation gouvernementaux et à des organismes de recherche en santé dans plus de cent pays. Nous assurons le suivi des maladies et de l'emploi thérapeutique d'un million de produits fabriqués par plus de 3 000 sociétés pharmaceutiques situées partout dans le monde. IMS est le plus grand fournisseur non gouvernemental d'informations sur la santé, traitant chaque mois plus de un milliard de transactions afin de produire de vastes banques de connaissances sur les diagnostics des maladies, les courbes de prescription, la vente de MVL et de médicaments d'ordonnance et les activités promotionnelles de l'industrie pharmaceutique. Dans tous les cas, il importe de noter que IMS ne recueille jamais de données qui puissent être rapportées à un malade particulier.

    À titre de source neutre et réputée de données sur la santé, IMS décrit ce qui se passe dans l'industrie pharmaceutique afin que les décideurs et responsables des politiques puissent déterminer ce qui devrait s'y passer.

    Au cours des présentes audiences, l'honorable député de Yellowhead, M. Merrifield, a déclaré ce qui suit : « Lorsque nous examinons les montants associés à certaines de ces estimations, nous devons toujours nous poser la question suivante : « En avons-nous pour notre argent, ou ne jetons-nous pas tout simplement l'argent par les fenêtres? » Voilà une question fondamentale. Nous savons tous que des organismes tant publics que privés consacrent déjà une grande part de leurs ressources en santé aux soins pharmaceutiques.

    Pour que les médicaments d'ordonnance offrent un bon rapport qualité-prix, il faut qu'ils soient prescrits aux Canadiens d'une manière sécuritaire, de façon adéquate sur le plan thérapeutique et de façon rentable.

    Pour faire progresser les questions dont il s'agit, IMS a déposé cinq recommandations. J'attire votre attention sur trois d'entre elles—c'est-à-dire établir un programme complet de gestion des risques, de pharmacovigilance et de surveillance post-commercialisation; fournir à chaque médecin une rétroaction à propos de ses pratiques de prescription; et faire contribuer le secteur privé grâce à des partenariats entre les secteurs public et privé. Toutes nos recommandations ont trait à la capacité du réseau de la santé de recueillir les informations qui lui permettront de surveiller la façon dont les médicaments sont prescrits et autres—informations désignées durant le présent exposé comme étant les « données sur les pratiques des médecins prescripteurs ». Les données en question doivent être mises à la disposition de tous les intervenants, d'une manière transparente. Actuellement, notre réseau de la santé malade ne dispose pas des informations fiables, accessibles et opportunes qui seraient pour lui un grand remède et, en vérité, un élément capital.

    La rétroaction est le principe commun à toutes les recommandations d'IMS. N'importe quel système—qu'il s'agisse d'une organisation, d'un pays ou du corps humain—survit et maintient son équilibre et sa capacité de s'adapter grâce à la rétroaction. De même, aucun système ne peut demeurer sain sans rétroaction. Au cours des présentes audiences, une grande partie des observations que vous avez entendues mettent l'accent sur la nécessité d'établir des mécanismes de rétroaction dans notre réseau de la santé. Il est essentiel de comprendre que la rétroaction suppose la collecte systématique d'informations et leur diffusion dans tous les secteurs du réseau, sans quoi ce dernier ne saurait bien fonctionner.

    La gestion des risques, la pharmacovigilance et la surveillance post-commercialisation constituent trois approches à l'égard de la rétroaction dans l'ensemble du réseau. Malgré les importantes différences d'accentuation qui les caractérisent, ces trois approches visent toutes à assurer que les soins pharmaceutiques sont plus sûrs. Voilà ce qui devrait constituer notre premier objectif : protéger le public. Une fois qu'un produit est approuvé au Canada, de combien de mécanismes disposons-nous pour réglementer son prix et son accès, et quels mécanismes possédons-nous pour veiller à ce que les produits pharmaceutiques courants soient consommés d'une façon sûre?

    Évidemment, les politiques d'accès au marché sont importantes, mais il nous manque la rétroaction systématique nécessaire à la sécurité du public. Par conséquent, nous ne disposons pas des moyens voulus pour assurer le suivi des traitements dont le grand public a un urgent besoin, ce qui retarde leur introduction sur le marché. C'est un handicap inutile, d'abord pour les citoyens, puis pour la société. De même, nous avons de moins en moins accès à d'importants médicaments.

    Selon Peter Honig, de la FDA, aux États-Unis, huit des derniers retraits de produit étaient attribuables à des erreurs de prescription. Depuis 1995, 12 produits très réputés ont été retirés du marché, et il y a peut-être le même nombre d'avertissements concernant les médicaments chaque année. Combien de souffrances auraient pu être épargnées et, dans certains cas, combien de vies auraient pu être sauvées si on avait pu transmettre avec plus de rapidité et d'efficacité les avertissements à propos des risques de ces médicaments? Ne serait-il pas logique que les avertissements relatifs aux médicaments en question soient adressés aux médecins eux-mêmes, pour qu'ils puissent les lire et les comprendre puis prendre les mesures voulues?

º  +-(1610)  

    La surveillance post-commercialisation ne peut qu'être avantageuse, puisqu'on pourrait assurer le suivi non seulement de l'innocuité des médicaments, mais également de leur rentabilité. Dans notre mémoire, nous mentionnons le cas d'une province qui a approuvé le remboursement d'un nouveau médicament à consommer une fois par jour en se fondant sur le fait que le fabricant avait assuré la responsabilité de s'assurer que la dose prescrite ne dépasse pas la posologie antérieure.

    La gestion des risques, la pharmacovigilance et la surveillance post-commercialisation sont essentielles non seulement à une bonne santé, mais aussi à une bonne économie. Ce type de programme augmentera les responsabilités de toutes les parties—qu'il s'agisse du gouvernement, des organismes de réglementation, des chercheurs, des médecins ou de l'industrie pharmaceutique.

    Pour que la rétroaction s'applique à l'ensemble du réseau, il faut d'abord l'obtenir de chacun de ses membres. Nous recommandons avec insistance, pour des raisons d'assurance de la qualité, la mise en oeuvre de programmes de rétroaction et d'autoévaluation destinés aux médecins. Ces derniers doivent avoir continuellement accès à des informations fondées sur des données probantes et validées sur le plan statistique pour optimiser leurs pratiques de prescription et corriger les erreurs les plus courantes associées à ces pratiques.

    De nombreux témoins qui se sont présentés devant votre comité, comme le Dr James Wright, membre de la UBC Therapeutics Initiative, ont attesté l'efficacité des programmes de rétroaction et d'autoévaluation destinés au médecin. Grâce à ces programmes, les médecins obtiendraient des informations à propos de leurs propres pratiques de prescription et pourraient les comparer avec celles de leurs pairs et avec des pratiques exemplaires comme celles des Lignes directrices pour la pratique clinique.

    L'évaluation et la rétroaction constituent les meilleures formes d'apprentissage et certains des meilleurs moyens de modifier les pratiques de prescription des médecins. Vous avez sûrement entendu parler du programme « Do Bugs Need Drugs? » de l'Alberta. Dans le cadre d'un programme de sensibilisation communautaire, les médecins de cette province se sont servi de leur propre profil de prescription, fourni par IMS, pour s'attaquer au problème de la résistance aux antimicrobiens.

    Le programme a entraîné la réduction des ordonnances d'antibiotiques oraux et la sélection plus fréquente des traitements de première intervention. Aujourd'hui, IMS Health est le seul organisme, public ou privé, qui fournit sur demande aux médecins leur profil de prescription ainsi que des informations normatives. Nous répondons à un besoin qui doit être comblé dans le réseau des soins de santé, en fournissant une rétroaction rapide à chacun des médecins du Canada—une rétroaction dans l'ensemble du réseau et une rétroaction à chacun des médecins : le gouvernement peut-il assumer seul cette responsabilité? Dispose-t-il des ressources nécessaires? Peut-il investir dans la technologie requise?

    Dans l'affirmative, il faudrait de toute évidence puiser à d'autres sources de fonds, qui pourraient prendre la forme de partenariats entre les secteur public et privé. Je fais référence non seulement aux ressources d'IMS Health, si importantes soient-elles, mais aussi à celles de l'industrie pharmaceutique, ce qui nous ramène à l'accès de tous les intervenants du secteur des soins de santé à l'information.

    Permettez-moi de répondre tout de suite à la question qui a été posée autour de la table : les données sur les médecins prescripteurs devraient-elles être accessibles à l'industrie pharmaceutique et à d'autres intervenants comme les consommateurs, moyennant, je le souligne, des mises en garde appropriées?

    Je réponds oui à cette question, et sans aucune hésitation. Un principe sous-tend tout ce débat (et je sais que, faute de temps, je dois passer sous silence d'importants enjeux associés à la commercialisation des médicaments et à la sensibilisation des médecins). Ce principe est le suivant : pour assumer ses responsabilités, une personne, un organisme ou une entreprise doit savoir ce qui se passe.

    L'accessibilité de l'information entraîne inexorablement l'obligation d'agir. On ne pourra plus nier nos responsabilités en prétendant qu'on ne le savait pas. L'échange de données sur les ordonnances des médecins entraîne la responsabilité partagée d'assurer d'abord des pratiques de prescription sûres, puis la prescription appropriée, voire rentable, des médicaments.

    Ne nous plaignons plus des ressources promotionnelles de l'industrie pharmaceutique—apprenons à les utiliser et à les mettre à profit dans l'intérêt de tous les Canadiens. Pour ce faire, nous devons tous, à commencer par les médecins et les organismes de santé, avoir accès à des informations sur les ordonnances afin de prendre des décisions plus éclairées. Malgré le respect que nous inspire l'ensemble des programmes et politiques du gouvernement, nous devons nous montrer réalistes : notre réseau de la santé dépend toujours des décisions que prennent les médecins, et nous devons avoir accès à ces informations afin de les aider à prendre des décisions plus éclairées.

    Je terminerai en vous rappelant que nos trois recommandations reposent sur deux éléments : la rétroaction systématique pour le particulier et le système et l'échange d'informations.

    Je vous remercie.

º  +-(1615)  

+-

    La présidente: Je vous remercie, monsieur Korman.

    Nous allons maintenant passer, mesdames et messieurs, à la deuxième partie de notre rencontre et amorcer la période de questions et de réponses.

    C'est M. Merrifield qui posera les premières questions.

+-

    M. Rob Merrifield (Yellowhead, Alliance canadienne): Merci d'être venus. Je pense que nous pourrions consacrer à chacun de vous une ronde de questions complète, mais je vais peut-être reprendre là où IMS a terminé.

    Vous dites avoir besoin de la rétroaction des médecins et du système. Je me demande comment vous parviennent les informations des médecins. Pouvez-vous nous dire comment vous vous y prenez pour interroger les médecins sur leurs pratiques de prescription ou obtenir ce genre d'information?

+-

    Dr Roger Korman: Ce sont les pharmacies qui nous fournissent les renseignements, et non les médecins eux-mêmes. Il existe au pays, je crois, de nombreux mécanismes qui nous permettent de recueillir et de diffuser des informations. De toute évidence, les provinces colligent des données à propos des médicaments qu'elle rembourse. En Colombie-Britannique, on recueille des données sur toutes les ordonnances. Au pays, d'autres parties recueillent de l'information par l'intermédiaire des données des compagnies d'assurance. Quant à nous, ce sont les pharmacies qui nous fournissent nos informations.

    À ce propos, je pense que la source des informations revêt moins d'importance que l'idée de recueillir des informations raisonnablement exhaustives. Pour se faire un portrait d'ensemble des modèles de pratique, on n'a pas besoin de toutes les ordonnances, sans exception... Fait plus important, l'information doit revenir au praticien.

+-

    M. Rob Merrifield: Vous vous procurez donc vos informations auprès des pharmaciens et, j'imagine, des sociétés pharmaceutiques, puis vous les réacheminez vers les médecins. Êtes-vous en train de nous dire que c'est ce qu'il faut faire ou que c'est ce qu'on fait?

+-

    Dr Roger Korman: Ce sont les pharmacies ou les fournisseurs du réseau des pharmacies qui alimentent IMS en information. Nous nous chargeons ensuite de présenter ces informations de façon pratique selon de nombreuses modalités différentes—par région géographique, par médecin—, puis nous fournissons ces renseignements aux médecins qui en font la demande. Ensuite, nous regroupons les données pour d'autres fins, y compris celles de l'industrie pharmaceutique.

º  +-(1620)  

+-

    M. Rob Merrifield: Vous réussissez peut-être ainsi à éclairer le réseau et les médecins sur leurs pratiques de prescription, mais cela ne fait rien pour atténuer un problème dont il a été beaucoup question devant le comité, à savoir les réactions indésirables provoquées par de nombreuses ordonnances. Je me demande simplement comment, de votre point de vue, nous allons pouvoir aller au fond des choses dans ce domaine.

    Ce que je veux dire, c'est que les ordonnances sont une chose. Aux yeux de nombreuses personnes, il s'agit uniquement d'une question de commercialisation. Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est d'utiliser correctement les médicaments et, en cas de problème, d'en rendre compte pour éviter que les problèmes ne se reproduisent. Les statistiques font état de 10 000 décès chaque année dans les hôpitaux à cause des médicaments et de 10 à 20 000 décès en marge du réseau hospitalier. Ce sont des chiffres étonnants.

    Vos renseignements...vous orientez-vous dans cette direction? Avez-vous une idée de la façon dont le système fonctionnerait?

+-

    Dr Roger Korman: En un mot, vous avez raison, mais permettez-moi d'aborder les deux questions de front.

    S'intéresser aux réactions indésirables des médicaments, c'est comme fermer l'écurie une fois que les chevaux ont été volés. En examinant les données sur les ordonnances, on peut définir de nombreux problèmes évitables avant qu'ils ne produisent des réactions indésirables. Par exemple, les médecins qui prescrivent des médicaments susceptibles d'avoir un effet indésirable lorsqu'ils sont pris concurremment avec d'autres devraient être tout particulièrement attentifs et sensibles aux effets indésirables éventuels de deux médicaments pris en association.

    Je pense donc qu'on peut utiliser les renseignements sur les médecins prescripteurs pour prévenir d'éventuels problèmes liés aux ordonnances.

+-

    M. Rob Merrifield: Vraiment? À titre d'exemple, nous avons entendu un témoignage sur les benzodiazépines. Suivant la recommandation de Santé Canada, on ne devrait en prendre qu'au cours d'une période de sept à quatorze jours au maximum. Or, nous savons que certaines personnes en prennent depuis sept à dix ans ou même plus.

    Si vous observez une telle situation à propos d'un médecin prescripteur, que faites-vous de l'information? Qui alertons-nous? Santé Canada est-il à l'écoute? Êtes-vous en communication avec Santé Canada?

    Vous savez, vous travaillez pour des sociétés pharmaceutiques, en fait...

+-

    Dr Roger Korman: Nous permettons aux chercheurs du domaine de la santé d'accéder librement à nos informations, et nous avons invité les services de santé et les ministères provinciaux de la Santé à accéder à nos informations.

    Dans les données que nous recueillons, celles que vous décrivez sautent aux yeux, tellement qu'il est presque frustrant de constater aujourd'hui l'absence de corrélation entre les données que nous recueillons et les décideurs. L'information est là, on a beau la lire, elle saute aux yeux...

+-

    M. Rob Merrifield: Vous nous dites donc que Santé Canada ne donne pas suite à ce genre d'information? Le ministère est au courant, mais il ne donne pas suite. Est-ce exact?

+-

    Dr Roger Korman: Je pense qu'il s'agit d'une représentation exacte de la réalité, et je pense que les provinces à qui nous avons parlé ne font pas mieux. Nous avons dit à des organismes de réglementation des médecins que l'information est franchement effrayante, que des médicaments dont on n'a pas fait la promotion depuis 20 ans sont utilisés à des fréquences telles que...

    Lorsqu'on comprend le rapport entre les nouvelles ordonnances et les renouvellements d'ordonnances dans le cas des benzodiazépines, par exemple, ou des thérapies à action brève, on ne devrait pas relever un trop grand nombre de renouvellements d'ordonnances puisque la thérapie devrait être à action brève. Lorsqu'on constate des proportions de renouvellement qui indiquent de toute évidence qu'un patient prend de tels médicaments tous les jours de sa vie, la lecture des données peut faire le plus grand bien. Et cette information ne...

+-

    M. Rob Merrifield: À votre avis, qu'est-ce qui limite l'action dans ce domaine?

+-

    Dr Roger Korman: L'engagement.

+-

    M. Rob Merrifield: De Santé Canada? Le ministre de la Santé est-il au courant de ces données?

+-

    Dr Roger Korman: Dans diverses tribunes stratégiques, nous avons présenté des exposés aux divers ordres de gouvernement, aux organisations qui représentent les médecins et aux organisations de réglementation. Il s'agit à mon avis d'un des problèmes les plus difficiles à régler, celui de la responsabilisation.

+-

    M. Rob Merrifield: Je suis d'accord. J'aimerais vous poser d'autres questions, mais je sais que le temps file, et j'aimerais poser deux ou trois questions de plus aux autres témoins.

    Ma première question s'dresse aux témoins de Gilead. Comparaissant devant le comité, des représentants du CEPMB ont affirmé qu'aucun médicament n'attend d'être mis en marché au Canada parce que le comité accuse du retard dans l'établissement d'un prix ou que le concepteur n'a pas obtenu le prix qu'il souhaitait. Cependant, ce n'est pas tout à fait conforme à la réalité que vous décrivez ici, n'est-ce pas?

º  +-(1625)  

+-

    Dr Mick Hitchcock: Nous n'en sommes pas à l'étape de la commercialisation à part entière. En vertu du programme d'accès élargi, nous avons mis le médicament à la disposition de patients, de telle manière que ceux qui en ont le plus besoin y aient accès. Cependant, la mise en marché n'a pas débuté, de sorte que nous ne sommes pas en mesure de commercialiser le médicament auprès d'un certain nombre de patients qui aimeraient malgré tout y avoir accès.

+-

    M. Rob Merrifield: Depuis combien de temps êtes-vous en attente d'une réponse du CEPMB?

+-

    Dr Mick Hitchcock: Nous avons reçu l'avis de conformité en mars de cette année, et nous attendons une décision du CEPMB, à tout le moins une décision provisoire, en novembre.

+-

    M. Rob Merrifield: La période s'étend donc de mars à novembre. C'est intéressant parce que des représentants du comité ont déclaré que la norme était de deux à trois mois et que, dans ce cas-ci, le délai est plus long.

    J'aimerais poser une dernière question parce que je sais que je n'ai presque plus de temps.

    Judy et André, pouvez-vous me dire comment savoir que les informations recueillies à propos des essais cliniques sont exactes? Vous avez beaucoup parlé des essais cliniques et de ce qui s'y rattache, mais qui valide ces essais? Comment savoir si les vérifications nécessaires sont bel et bien effectuées? Vous dites qu'il faut vraiment faire plus d'essais au Canada, et il y a peut-être des avantages à cela. Ce qui m'inquiète un peu, c'est que les essais qu'on réalise ne sont pas transparents, ne font pas l'objet de contrôles, ne font pas l'objet de vérifications et ne sont pas assujettis à la procédure de divulgation, sans parler des accords de confidentialité conclus avec les responsables de certains de ces essais cliniques.

    Je ne suis donc pas certain que la solution consiste à ouvrir les vannes.

+-

    Mme Judy Erola: Ce n'est pas ce que nous proposons. Ce que je dis, c'est qu'il y a une méthodologie. Les essais cliniques font l'objet d'une rigueur scientifique absolue. Je pense que les Canadiens, de façon générale, peuvent dormir en paix en ce qui concerne la qualité des essais cliniques.

    Si le Canada ne vérifie pas autant les essais, tous les essais importants menés au Canada font l'objet d'une vérification par la FDA. Par ailleurs, nos institutions majeures appliquent des protocoles qui, pour l'essentiel, reposent sur des normes de toute première catégorie. Tout ce que nous disons, c'est qu'il n'y a pas de procédures de vérification au Canada et que, à notre avis, on devrait en établir une au profit des patients et de toutes les personnes concernées.

+-

    M. Rob Merrifield: C'est donc la FDA qui effectue les vérifications pour nous. Est-ce bien ce que vous êtes en train de nous dire?

+-

    Mme Judy Erola: La FDA vérifie les essais qui se déroulent à de multiples endroits. Oui, c'est bien le cas.

+-

    Dr André Potworowski: Pour les sites ou les essais relatifs aux produits homologués par la FDA.

+-

    Mme Judy Erola: Oui, comme ils le font tous.

+-

    Dr André Potworowski: Ainsi donc, la FDA, par exemple, vérifiera des essais effectués partout dans le monde.

+-

    M. Rob Merrifield: L'organisation utilise-t-elle l'information?

+-

    Mme Judy Erola: Bien entendu.

+-

    Dr André Potworowski: Le phénomène s'explique par le fait que la FDA ou Santé Canada peut rejeter un essai ne répondant pas aux exigences scientifiques. Je pense donc qu'une partie de la méthodologie que les données statistiques... lesquelles représentent parfois 300 boîtes de documents acheminés à Santé Canada ou à la FDA dans le cadre du rapport sur support papier. Les renseignements font l'objet d'un examen minutieux par des spécialistes, d'un point de vue strictement scientifique.

+-

    Mrs. Judy Erola: Exactement.

    Pour qu'un essai clinique soit effectué au Canada, par exemple pour une drogue nouvelle de recherche (DNR), Santé Canada doit donner son accord préalable. Les protocoles, qui sont rigoureux, doivent être approuvés par Santé Canada.

+-

    Dr. André Potworowski: Soit dit en passant, on considère le Canada comme l'une des premières nations du monde du point de vue de la qualité de l'information.

+-

    La présidente: Je vous remercie, monsieur Merrifield.

    Monsieur Hill.

+-

    M. Grant Hill (Macleod, Alliance canadienne): Je vous remercie, madame la présidente.

    Peut-être pourrais-je poursuivre la discussion sur les essais cliniques. Le comité a entendu beaucoup de témoignages relativement critiques à l'endroit des essais cliniques. On a par exemple fait état de manipulations des données et d'accords de confidentialité suivant lesquels un travailleur mettant au jour des données indiquant qu'un produit n'était pas sûr et rendant l'information publique risquait de perdre son emploi, de devenir personna non grata. On nous a aussi parlé de conflits d'intérêts, de médecins recevant des cadeaux, des voyages, des programmes de formation.

    Selon des témoins qui ont comparu devant nous, les essais cliniques et les responsables de leur exécution sont de mèche avec les grandes sociétés pharmaceutiques.

    Auriez-vous l'obligeance de dire un mot au sujet de cet état d'esprit à propos des essais cliniques?

º  +-(1630)  

+-

    Mme Judy Erola: S'il est vrai que cet état d'esprit existe bel et bien, je suis très heureuse de dire que cette perception ne se vérifie pas dans la réalité. Je le répète, les essais cliniques se déroulent selon des protocoles très stricts.

    Les critiques auxquelles vous faites référence ont trait au transfert de connaissances et d'information qui, dans de nombreux secteurs, ne se fait pas. Le patient ou le médecin ne bénéficie pas toujours du transfert, même si, d'un point de vue scientifique, la démarche est très claire.

    Les patients s'inquiètent un peu de la relation entre l'enquêteur clinique et l'essai. Or, rien ne permet de croire à des délits d'action ou de commission.

    À l'occasion, on met au jour un essai clinique problématique. Nous sommes tous humains, les chercheurs le sont aussi, et il est arrivé que des données soient manipulées, mais il s'agit d'une très petite minorité des cas. La communauté scientifique, je dois dire, est extrêmement vigilante et très respectueuse des protocoles. Voilà pourquoi, le cas échéant, on détecte habituellement de façon très rapide les cas de manipulation de données.

+-

    M. Grant Hill: Essentiellement, vous réfutez donc—j'aimerais pousser l'analyse plus à fond, mais nous n'avons pas beaucoup de temps—ces allégations.

    Nous avons également entendu des fabricants de médicaments d'origine nous dire qu'ils accepteraient d'ouvrir la procédure et de rendre les essais cliniques accessibles au public si l'organisme de réglementation, en même temps, s'ouvrait et autorisait l'accès au processus de réglementation.

    Est-ce un commentaire que vous seriez en mesure de faire vôtre?

+-

    Mme Judy Erola: Oui.

+-

    Dr André Potworowski: Pour en revenir cependant à la question que vous avez soulevée à propos de la protection des renseignements confidentiels entre les experts cliniques et la société...

+-

    M. Grant Hill: Rapidement, je vous en prie.

+-

    Dr André Potworowski: ...la question s'apparente de très près au problème du respect des renseignements confidentiels touchant la propriété intellectuelle entre la recherche industrielle et la recherche universitaire. Il s'agit d'un domaine très délicat. D'emblée, on doit déterminer très clairement à qui revient la propriété intellectuelle, la nature des relations contractuelles et les modalités s'y rattachant.

La question ne se limite donc pas qu'aux seuls produits pharmaceutiques. Elle concerne toute entreprise comme Nortel, par exemple, qui fait de la recherche de concert avec une faculté de génie, GM ou je ne sais qui d'autre.

+-

    Mme Judy Erola: La ligne de démarcation est très ténue.

+-

    M. Grant Hill: D'accord. Je comprends.

    Vous avez également déclaré que les normes éthiques étaient inégales au Canada. Je suppose que vous voulez dire que les normes varient d'une province à l'autre, d'une université à l'autre.

+-

    Dr André Potworowski: D'une institution à l'autre. Et il arrive que, à l'intérieur d'une seule et même institution, il y ait deux ou trois comités d'éthique de la recherche dont le mode de fonctionnement est différent. Il n'y a pas de normes uniformes.

    La même étude...

+-

    M. Grant Hill: Ce qui m'intéresse, cependant, c'est la solution au problème. Je suis conscient du problème, mais j'aimerais savoir comment on peut le résoudre.

+-

    Dr André Potworowski: Dans le cadre d'un certain nombre d'initiatives actuelles, on s'efforce d'établir une gouvernance commune pour les comités d'éthique de la recherche ou des normes mutuelles...et un certain nombre d'associations ont entrepris des travaux, notamment l'Association canadienne des comités d'éthique de la recherche.

    L'un des problèmes vient du fait que les comités d'éthique de la recherche se composent de bénévoles. Ces personnes ne sont pas rémunérées. Si les membres des comités étaient dédommagés pour leur temps, en particulier les médecins hautement qualifiés, les comités seraient d'un niveau beaucoup plus élevé et plus rapides. Les comités d'éthique de la recherche composés de membres dédommagés de leur temps établissent une norme opérationnelle des plus intéressantes. Ils sont en mesure de prendre plus rapidement des décisions plus difficiles.

    C'est du moins ce qu'on nous a dit. Nous n'avons pas de preuves objectives en ce sens.

+-

    Mme Judy Erola: Dans ce domaine, Santé Canada ou les IRSC ont un rôle véritable à jouer. Nous avons noté des divergences de vues parmi les personnes que nous avons interrogées, qui sont d'avis qu'un organisme devrait assumer la responsabilité des comités d'éthique de la recherche. À l'heure actuelle, il n'existe rien de tel au Canada.

+-

    M. Grant Hill: Croyez-vous qu'il devrait ou qu'il pourrait y avoir un organisme?

+-

    Mme Judy Erola: Oui puisque les patients associés à des essais cliniques auraient la certitude que le processus fait l'objet d'une certaines surveillance. Si, de la même façon, les choses étaient faites comme il se doit, la procédure s'accélérerait, ce qui permettrait aux sociétés de faire des essais et de les faire avancer beaucoup plus rapidement grâce à l'existence d'une certaine uniformité.

+-

    Dr André Potworowski: Les membres des comités devraient avoir les ressources et la formation nécessaires. Ils devraient être rémunérés.

+-

    Mme Judy Erola: Oui.

    J'ajoute que les profanes devraient avoir un rôle à jouer au sein de ces comités d'éthique de la recherche. À l'heure actuelle, des profanes participent, mais les patients sont d'avis qu'un plus grand nombre d'entre eux devraient jouer un rôle au sein des comités d'éthique de la recherche et qu'ils devraient recevoir une formation adéquate.

º  +-(1635)  

+-

    M. Grant Hill: Il me reste du temps?

+-

    La présidente: Non,

    Docteur Castonguay.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay (Madawaska—Restigouche, Lib.): Merci, madame la présidente. Merci à nos témoins d'être là.

    J'ai entendu parler de l'importance de la rétroaction, du feedback, dans plusieurs domaines. Je crois qu'il est vrai que c'est important. C'est souvent de cette façon que les choses avancent. Lorsqu'on a une rétroaction continue sur nos activités, on peut apporter des corrections au fur et à mesure.

    On a parlé de l'importance d'avoir le profil des médecins afin de voir de quelle façon ils prescrivent les médicaments. Ainsi, on pourrait arriver à une façon qui serait plus sécuritaire, plus appropriée, plus économique. Je vois tout cela; pour moi, c'est une partie de l'équation.

    On sait également qu'il y a beaucoup de publicité à laquelle les consommateurs ont accès. Cela met beaucoup de pression sur celui qui doit prescrire des médicaments, de telle sorte qu'à un moment donné, la pression est tellement grande qu'il peut y avoir des glissements qui font qu'on prescrit davantage de médicaments qu'on devrait le faire.

    J'aimerais connaître votre opinion. Quelle est votre position sur la question de la promotion des médicaments? Aux États-Unis, il y a le DTCA, dont on a beaucoup entendu parler; diverses positions nous ont été présentées. Un peu dans la même foulée ou à l'opposé de cela, devrait-on faire des choses pour donner de l'information aux consommateurs sur l'importance plus grande encore d'avoir accès à traitements adéquats plutôt que d'avoir accès à des médicaments?

    J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.

[Traduction]

+-

    Dr Roger Korman: J'ai bien peur que ma réponse se résume à plus d'informations.

    L'un des problèmes auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui vient peut-être du fait, me semble-t-il, qu'un petit nombre de sources nous inondent d'informations. Ce que je veux dire par là, c'est qu'un grand nombre d'informations mises à la disposition des médecins, par exemple, proviennent de l'industrie pharmaceutique et que, naturellement, on a parfois le sentiment que l'information en question ne vise qu'à promouvoir l'utilisation du médicament, qu'elle soit directement accessible au consommateur ou au médecin.

    Je pense donc que nous devons établir dans le système une forme d'équilibre relatif à l'information. Au même titre que l'information véhiculée par l'industrie pharmaceutique peut cibler les médecins, les informations d'autres sources pourraient être destinées au médecin afin d'établir l'équilibre. Au niveau du médecin et du consommateur, la disponibilité d'information de toutes parts pourrait rétablir des règles du jeu égales et un jugement équilibré sur la question de savoir si les médicaments sont appropriés.

    En ce qui concerne la prestation directe d'information aux consommateurs, la question soulevée est énorme. Au fil du temps, je pense qu'elle perdra de l'importance, simplement en raison de la disponibilité générale de l'information et de la capacité des consommateurs d'y accéder par eux-mêmes—principalement, nous le savons, par l'entremise d'Internet, mais ce n'est pas nécessairement la seule source.

    Je ne pense donc pas qu'on devrait aujourd'hui mettre l'accent sur une prestation directe de l'information aux consommateurs ni nécessairement apporter des changements dans ce secteur stratégique particulier. À mon avis, cette question perdra en importance. La disponibilité générale de l'information viendra à bout du problème. Du point de vue stratégique, je pense qu'il faut veiller à l'établissement d'un équilibre et à ce que les personnes qui demandent de l'information obtiennent la meilleure information possible.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: On voit souvent et un peu partout, tant dans les revues que sur Internet, des promotions de médicaments qui nous donnent l'impression qu'on pourrait vivre éternellement et avoir une qualité de vie incroyable. Je voudrais savoir si Santé Canada pourrait jouer un rôle pour mettre davantage l'accent auprès des consommateurs sur l'importance d'avoir accès à des soins de santé de qualité plutôt qu'à des médicaments.

    Certains témoins, dont un qui venait de l'un des collèges de pharmaciens de l'une des provinces, nous faisaient remarquer qu'on a peut-être trop mis l'accent sur l'importance d'accéder à des médicaments, alors qu'avant de penser aux médicaments, il y a peut-être d'autres choses qu'on devrait faire pour se garder en santé. On devrait peut-être faire la promotion de notre santé plutôt que de faire la promotion du traitement des maladies.

    Pensez-vous que Santé Canada devrait jouer un rôle à ce niveau ou que quelqu'un d'autre quelque part aurait un rôle à jouer?

º  +-(1640)  

[Traduction]

+-

    Dr Roger Korman: Quant à savoir à quel organisme il reviendrait de le faire, je suis moins catégorique, mais j'en reviens au principe central de l'équilibre, qu'il s'agisse des avantages relatifs d'une thérapie par rapport à une autre ou même de la prescription de tel ou tel médicament. Si Santé Canada a pour rôle de promouvoir la santé des Canadiens, je pense que le ministère doit aussi veiller à ce que des informations équilibrées soient mises à la disposition du grand public, des médecins et de l'ensemble des professionnels de la santé.

    Tout cela pour dire « oui ».

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: Croyez-vous que les compagnies pharmaceutiques auraient également un rôle à jouer, en partenariat avec Santé Canada?

[Traduction]

+-

    Dr Roger Korman: Il est certain, je crois, qu'on dispose de beaucoup de ressources pour le faire. J'en reviens à l'utilisation de l'argent des autres. Dans bon nombre de ces tribunes, on dit souvent que l'industrie pharmaceutique a de vastes moyens auxquels on ne peut pas faire concurrence. Dans ce débat, je pense qu'il y a un point de convergence entre la politique gouvernementale, l'intérêt public et les ressources de l'industrie pharmaceutique. Dans les rapports avec l'industrie, je pense que la solution réside peut-être en partie dans la prestation d'une information équilibrée communiquée aux consommateurs tout autant qu'aux praticiens.

    Trop souvent, me semble-t-il, on dit qu'il va s'agir d'un autre programme gouvernemental ou d'une autre dépense gouvernementale, tandis que, c'est certain, les budgets sont serrés. Ce que je recommande, c'est que Santé Canada et les décideurs envisagent l'utilisation des ressources de l'industrie pharmaceutique pour assurer la communication d'une information équilibrée.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: Merci.

+-

    M. Gary Fabian, vice-président, Relations corporatives, IMS Health):

    Si vous me le permettez, j'aimerais ajouter une autre chose pour revenir à un de vos premiers commentaires sur l'importance de la rétroaction et pour revenir aussi au point que le Dr Korman a soulevé en ce qui concerne l'équilibre et l'importance de l'équilibre. Nous avons un exemple en or. Il s'agit d'un projet qu'on a entrepris avec le Collège des médecins du Québec. Nous avons partagé, justement, notre banque de données pour qu'ils puissent élaborer de meilleures lignes directrices pour le traitement du déficit d'attention chez les enfants. Ils se servaient justement de cette information-là pour bâtir les principes de ces lignes directrices. C'était en voyant leur propre profil, leurs habitudes et leur façon de prescrire des médicaments qu'ils étaient capables de mettre cela en marche, et on est maintenant en train d'étudier cela de nouveau. Alors c'est, encore une fois, un exemple de l'importance et de la disponibilité de cette information.

[Traduction]

+-

    La présidente: Monsieur Dromisky.

+-

    M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.): Merci beaucoup.

    L'information présentée ici aujourd'hui est des plus intéressantes.

    D'abord et avant tout, je tiens à vous remercier sincèrement des efforts que vous déployés pour assurer le contrôle du VIH. Votre société mérite d'être louée pour sa contribution dans ce domaine et tout le reste.

    Ma première question s'adresse à IMS. Dans votre exposé, vous avez à maintes reprises indiqué...et je ne sais pas si vos commentaires portent en particulier sur les essais cliniques ou s'ils constituaient au contraire une généralisation s'appliquant à la population en général. Je n'en suis pas certain.

+-

    Dr Roger Korman: Ils ne portaient certainement pas sur les essais cliniques, qui ne font pas partie de notre champ d'expertise. En fait, ils concernent plutôt les pratiques courantes de la médecine.

+-

    M. Stan Dromisky: D'accord.

    Ensuite, Judy nous a parlé du protocole très strict qui est suivi.

    Je suis d'accord et je suis prêt à admettre que les sociétés pharmaceutiques suivent un protocole très strict. Cela ne fait aucun doute. C'est peut-être pourquoi tout y est si secret, qu'elles ne laissent rien filtrer, qu'elles exercent un contrôle très serré sur les renseignements qu'elles vont communiquer au grand public concernant d'éventuels essais cliniques—et tout le reste, pendant qu'on y est.

    À l'époque où j'étais professeur, j'ai dirigé des mémoires de maîtrise. Si les étudiants entendaient utiliser ou citer de l'information provenant d'un chercheur subventionné par, notamment, une organisation gouvernementale... sachant que les chercheurs travaillant dans ce champ d'étude et le genre de recherche qu'ils effectuent afin de produire les résultats qui leur garantiront des subventions continues—d'année en année—pour poursuivre leurs travaux. En effet, les professeurs ont besoin de ces recherches pour survivre et obtenir de l'avancement.

    On pourrait appliquer le même modèle aux sociétés pharmaceutiques. Lorsqu'on examine la courbe en forme de cloche de toute étude, quelles sont, au bout du compte, les variables les plus indésirables rejetées? Oui, on suit le protocole; on fournit l'information une fois qu'elle a été épurée—épurée.

    Ma question suivante porte sur l'information que j'ai reçue. J'ai discuté avec des pharmaciens. Ce dossier m'intéresse depuis seize ans en raison de situations auxquelles j'ai personnellement fait face dans ma famille. J'ai discuté avec des médecins qui avaient été pharmaciens. J'ai discuté avec des agents qui vont d'un bureau de médecin à l'autre pour vendre leurs médicaments.

    Ma question est la suivante : qui s'intéresse vraiment à l'information fournie aux pharmaciens concernant la réaction de certains produits chimiques prescrits par tel ou tel médecin? Cette information finit-elle sur le bureau de quelqu'un susceptible de prendre une décision à propos de tel ou tel dossier?

    En ce qui concerne le nombre de rapports, où est la ligne de démarcation? La question de savoir si elle se trouve dans une étude clinique ou dans une généralisation sur l'ensemble du pays m'importe peu. Si vous avez en main une étude clinique portant sur 1 400 personnes, comment pouvez-vous dire que tel ou tel médicament ne devrait pas être administré à des personnes, qu'il devrait être retiré de la circulation ou qu'il ne devrait jamais faire l'objet d'une mise en marché générale? Parle-t-on de deux personnes, cinq personnes, 400, 600—ou jamais?

    Je n'ai aucune confiance dans la transmission d'information par l'industrie pharmaceutique en ce qui concerne les médicaments en général. Mon attitude s'explique par le secret dont elle s'entoure, les tendances de la nature humaine, la quête du saint dollar, la crainte de ne plus faire partie de l'équipe, de perdre son emploi...

    De si nombreux facteurs entrent en ligne de compte que je ne peux tout simplement pas admettre les déclarations générales que vous faites concernant le protocole, les facteurs de sécurité et ainsi de suite. Je pense qu'on devrait créer un modèle indépendant pour l'ensemble des essais effectués par les sociétés pharmaceutiques, aux frais des sociétés pharmaceutiques.

    Puis-je obtenir certaines réactions aux commentaires que je viens de faire?

º  +-(1645)  

+-

    La présidente: Très brièvement.

+-

    Mme Judy Erola: Je ne peux répondre à toutes vos questions en bloc, mais je précise d'entrée de jeu que les essais cliniques sont indépendants. L'industrie pharmaceutique a beau assumer le coût des essais, elle n'en retient pas moins les services des meilleurs experts cliniques du domaine, lesquels travaillent dans des universités et des centres de recherche et sont reconnus pour la qualité de leurs travaux. Il est donc ici question des chercheurs les plus éminents du pays, dont l'éthique est au-dessus de tout soupçon. C'est la situation générale; je suis d'accord pour dire qu'il arrive de loin en loin qu'on ait affaire à une aberration.

    J'aimerais en revenir à d'autres problèmes que vous avez soulevés à propos de la reconduction des subventions. L'industrie pharmaceutique n'assumera jamais le coût d'études qui ne lui procurent pas un bon rendement—et je ne veux pas dire par là les résultats qu'elle souhaite obtenir.

º  +-(1650)  

+-

    M. Stan Dromisky: Très bien. C'est très important.

+-

    Mme Judy Erola: Ce n'est pas ce qui se produit dans les établissements où la préparation de demandes de subventions est devenue, je suis d'accord avec vous sur ce point, un art en soi. Le même raisonnement ne s'applique toutefois pas à l'industrie.

    En revanche, l'indépendance des chercheurs revêt à mes yeux une importance critique, et cela fait partie du protocole qui régit la réalisation d'une étude. Cela s'inscrit dans le travail que font les comités d'éthique en recherche.

    J'espère ne pas vous avoir donné l'impression que nous n'avons pas de comités d'éthique en recherche. Nous en avons, et ils sont rigoureux. Nous avons de bons protocoles. Tout ce que je dis, c'est que le Canada accuse du retard au chapitre de l'uniformité.

    Je crois, monsieur, que vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. L'indépendance des personnes qui travaillent dans le système est rigoureuse et au-dessus de tout soupçon.

    Peut-être, docteur Hitchcock, aimeriez-vous ajouter quelque chose...

+-

    Dr André Potworowski: Peut-être pourrais-je moi-même ajouter quelque chose.

    Dans notre étude, nous avons constaté que tous les établissements, qu'il s'agisse d'un hôpital, d'une faculté de médecine, ou une clinique qui effectue des essais cliniques, ont habituellement reçu un mandat en ce sens de la part d'une société pharmaceutique. Aucune société pharmaceutique n'effectue ses propres essais. Ces sociétés sous-traitent plutôt cette tâche à une organisation constituée, laquelle doit obtenir l'approbation d'une tierce partie indépendante, d'un conseil d'éthique en gestion, qui examinera le protocole, passera en revue les effets indésirables, de même que les rapports soumis.

    Ce que nous constatons, c'est que le travail de ces comités d'éthique en recherche est inégal. Ils sont sous-financés. Leurs membres ne sont pas rémunérés. Ils ne consentent pas tous les efforts intellectuels voulus à l'examen de ces essais cliniques de pointe. Il existe toutefois un mécanisme qui assure l'indépendance et l'objectivité du processus.

    Le système fonctionne donc relativement bien.

+-

    Mme Judy Erola: Et l'organisme de réglementation, Santé Canada, joue un rôle très important dans l'examen de ces données. Ces dernières ne tombent pas du ciel toutes prêtes. Elles doivent être examinées, et Santé Canada fait preuve d'une extrême rigueur.

    Nous avons appris qu'il y a peut-être trop de dédoublements. Nous devrions mieux harmoniser le processus de réglementation, ce qui aurait pour effet d'accélérer les choses et de nous procurer un meilleur rendement. Les essais cliniques sont extrêmement coûteux, tout comme il est extrêmement coûteux de surmonter tous les obstacles réglementaires. L'harmonisation pourrait donc jouer un rôle très substantiel dans ce cadre.

+-

    M. Stan Dromisky: Eh bien je connais les sociétés pharmaceutiques...

    Oh, je suis désolé, madame la présidente.

+-

    La présidente: Vous avez déjà dépassé votre temps alloué de quatre minutes.

    Revenons maintenant à M. Merrifield, qui aimerait poser quelques brèves questions.

+-

    M. Rob Merrifield: Merci.

    J'aimerais seulement savoir exactement où nous en sommes avec les essais cliniques.

    Vous dites que nous avons besoin de transparence, et je suis tout à fait d'accord. Et pour ce qui est des ententes de non-divulgation à l'égard de ces essais cliniques, devraient-elles devenir pratique courante? Je fais référence aux ententes de non-divulgation conclues avec les personnes qui participent aux essais cliniques, concernant l'information qui peut être divulguée.

+-

    Dr André Potworowski: Il faut placer la question dans un contexte plus large, comme j'avais commencé à le faire à la fin de notre première série de questions : si un chercheur universitaire signe un contrat avec mon entreprise et que j'assume le coût de cette recherche, il faut composer avec l'enjeu délicat de la propriété intellectuelle. À titre de chercheur, avez-vous le droit de publier n'importe quoi, ce qui procurerait un avantage à mon concurrent, ou ai-je droit à une certaine confidentialité...

+-

    M. Rob Merrifield: Alors, comment établiriez-vous pour cette situation des paramètres qui pourraient fonctionner? Je suis certain que vous vous êtes penché sur la question. Quel type de paramètres pourraient fonctionner? Y a-t-il même des paramètres appropriés?

+-

    Dr André Potworowski: Je crois que les deux parties doivent s'entendre afin que le chercheur puisse publier les résultats de ses travaux et que l'entreprise privée puisse maintenir son avantage concurrentiel, qu'il s'agisse de Nortel, de General Motors ou d'AstraZeneca.

+-

    Mme Judy Erola: Dans l'ensemble, le système a fonctionné. Lorsque nous parlons de transparence, nous parlons des données. Les patients sont très préoccupés par le fait que si l'essai clinique n'obtient pas les résultats escomptés, bien souvent, on ne publiera pas les résultats. Ils croient que lorsque l'information existe, il faudrait que tous y aient accès. Cela signifie que des données qui ne sont pas particulièrement utiles à l'industrie peuvent tout de même l'être au patient et à certains autres intervenants dans le système.

º  +-(1655)  

+-

    M. Rob Merrifield: Est-ce que vous recommanderiez un modèle américain à cet égard?

+-

    Mrs. Judy Erola: Eh bien, je ne sais pas s'il y a un modèle américain. Nous recommandons vraiment une certaine forme de base de données qui permettrait de prendre connaissance des essais en cours et des essais terminés. Il y a le Centre de collaboration Cochrane, mais ce processus exige beaucoup de temps et a lieu très longtemps après coup. Les critiques du Centre disent qu'il prend tout simplement trop de temps.

+-

    M. Rob Merrifield: D'accord. Merci.

    Ma prochaine question s'adresse à IMS, en raison d'information contradictoire fournie au comité.

    Des témoins de Santé Canada nous ont dit que le prix des médicaments génériques au Canada est pas mal plus élevé qu'il ne l'est aux États-Unis. Il y a quelques jours seulement, nous avons accueilli les fabricants de médicaments génériques, et ils nous disent que cela est absolument faux, que le prix est de 28 p. 100 inférieur à celui qu'on pratique aux États-Unis.

    C'est tout un écart. Puisque vous classifiez ce type d'information—d'ailleurs, je crois qu'ils ont repris certains de vos chiffres—, pouvez-vous nous dire qu'est-ce qu'il en est en réalité?

+-

    Dr Roger Korman: Cela me rappelle les célèbres paroles de Samuel Johnson sur les mensonges, les mensonges éhontés, et les statistiques.

    Je crois que c'est une question à laquelle je préférerais répondre avec le soutien du personnel de recherche, d'une façon plus complète, au lieu de tenter d'y répondre au pied levé.

+-

    M. Rob Merrifield: Pourriez-vous nous transmettre cette information?

+-

    Dr Roger Korman: Oui.

+-

    M. Rob Merrifield: Merci, car il est plutôt important pour nous d'obtenir ces renseignements.

    J'aimerais seulement poser une dernière question sur le droit des brevets, et sur la possibilité qu'on adopte une loi sur les médicaments anti-VIH et l'Afrique. Pouvez-vous me donner votre point de vue sur ce qui se produit là-bas, ainsi que celui de Gilead?

+-

    Dr Mick Hitchcock: Nous croyons que l'accès de tous les pays du monde à des médicaments nécessaires à la survie est extrêmement important, et c'est pourquoi nous avons élaboré notre programme d'accès mondial concernant l'établissement de prix sans profit.

+-

    M. Rob Merrifield: Oui, mais j'ai l'impression que vous faites déjà cela, et c'est pourquoi je me demande...

+-

    Dr Mick Hitchcock: Oui. Eh bien, essentiellement, nous n'avons aucune opinion à cet égard, car cela n'influe pas sur nos activités.

+-

    M. Rob Merrifield: Alors, vous faites cela sous le régime des lois actuelles en matière de brevet, et ce que je dis, c'est qu'on s'apprête à changer certains aspects à cet égard. Vous êtes d'accord avec ça?

+-

    Dr Mick Hitchcock: Oui.

+-

    M. Rob Merrifield: D'accord.

    Merci, madame la présidente.

+-

    La présidente: Merci beaucoup.

    J'ai une question. Je me demande quel est le domaine de recherche de M. Potworowski—la chimie, la physique...?

+-

    Dr. André Potworowski: Je suis titulaire d'un doctorat en chimie physique de l'Université de Toronto et d'une maîtrise en administration des affaires de Harvard.

+-

    La présidente: D'accord. Alors, c'est une combinaison de sciences et d'affaires.

+-

    Dr André Potworowski: C'est ça, il y a aussi de la gestion.

+-

    La présidente: D'accord.

+-

    Dr André Potworowski: Mes recherches s'intéressent aux systèmes d'innovation, à la gestion de la recherche, et à autre chose du genre. Je ne suis pas un expert de la pharmacologie.

+-

    La présidente: Non. Je me demandais seulement si vous étiez économiste.

    J'adore les questions que vous avez soulevées et les points que vous avez mis de l'avant, car ils correspondent à ce que nous sommes en train de découvrir, c'est-à-dire que le système est plus complexe que nous le croyions, et que l'information est beaucoup moins facile à trouver. Même si votre intervention concerne uniquement les essais cliniques, et c'est un aspect qui nous intéresse, certains de vos commentaires s'appliquent à d'autres volets de notre étude, notamment les commentaires selon lesquels la question est beaucoup plus complexe et il est plus difficile d'obtenir l'information que nous le pensions. Ce ne sont que deux simples conclusions—par exemple, nous ne savons même pas combien d'essais sont effectués à l'heure actuelle, quelle société recrute qui, et à quelle fin, à l'égard de quelle maladie, de quel médicament, et toutes ces choses.

    Vous signalez aussi, dans votre petit résumé, que les patients veulent en savoir davantage. Nous entendons cela constamment.

    Vous parlez du travail inégal des comités d'éthique de la recherche.

    Autrement dit, selon moi, les questions que vous avez soulevées contribuent probablement à la réalisation de votre prochaine étape, c'est-à-dire de tenter d'obtenir du financement supplémentaire en vue de mener une meilleure étude. N'est-ce pas?

    Et j'appuierais cela. C'est vraiment quelque chose que j'appuierais.

+-

    Dr André Potworowski: Oui. Nous tentons actuellement d'obtenir du financement à l'égard d'une proposition.

+-

    La présidente: Alors, maintenant, une proposition a été soumise en vue d'obtenir des fonds supplémentaires pour trouver des réponses à ces questions, et nous serions très heureux de vous voir arriver à vos fins.

+-

    Dr André Potworowski: Pouvons-nous compter sur votre appui?

+-

    La présidente: Eh bien, vous pouvez compter sur moi pour une lettre de recommandation. Toutefois, je ne peux me prononcer au nom du comité.

    Mes préoccupations concernent non pas les questions que vous soulevées, qui sont excellentes, mais le fait que ce résumé est essentiellement fondé sur 40 entrevues, y compris des patients et des leaders d'opinion, et sur un examen de l'information qu'on trouve sur le Web.

    À mon avis, c'est probablement tout ce que quatre chercheurs peuvent faire. Je ne dis pas que vous n'avez pas travaillé dur. Je dis seulement que, pour quatre personnes, il est probablement plus réaliste de se contenter de 40 entrevues et d'une étude sur le Web, que de passer en revue la documentation existante.

    Tout cela est bien—et je vous invite à demander plus d'argent et à trouver des réponses, car nous aimerions aussi savoir—, mais ce qui me dérange, c'est qu'après avoir énoncé toutes les choses que vous ne pouviez trouver, et après avoir fait état du caractère inégal de tout cela, vous arrivez à conclure que les essais cliniques sont très avantageux et qu'il faut en tenir davantage.

    Voilà pourquoi je croyais que vous étiez peut-être un économiste car il est certain que, pour un économiste, les 800 millions de dollars à un milliard de dollars par année que cela rapporte constitueraient un facteur décisif. Mais puisque vous disposez de bien peu d'information sur le sujet pour l'instant... D'ailleurs, nous sommes aussi dans l'ignorance, et personne ne peut nous fournir autre chose que de l'information concernant les petits essais cliniques auxquels ils participent. Ils savent tout de leur essai clinique, et à peu près rien des autres.

    Personne n'est au courant de toutes ces choses, alors comment pouvez-vous conclure que les essais cliniques sont très avantageux et recommander qu'on en tienne davantage, avant même de mener votre étude? Sur quoi fondez-vous votre conclusion, outre les 800 millions à 1 milliard de dollars par année et les quelques patients—un très petit nombre, moins de 40—qui ont dit : « Nous aimons vraiment cela, et nous croyons que c'est bon pour nous »? Sur quelles recherches fondez-vous votre conclusion, alors que votre document est truffé de questions—de questions auxquelles, nous en convenons, il faut répondre?

»  +-(1700)  

+-

    Mrs. Judy Erola: J'aimerais préciser ce que j'ai dit précédemment. Quand j'ai dit « patients »—et nous n'en avons peut-être pas interrogé autant que nous le voulions, car le financement dont nous disposions était limité—, il s'agissait de patients extrêmement bien informés. Il s'agissait non seulement de patients, dans certains domaines, mais bien de gens qui représentaient des organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé, de personnes qui travaillaient depuis très longtemps dans le domaine de la santé. Il s'agissait donc de personnes extrêmement bien renseignées.

    Pour vous donner un exemple, le milieu du VIH connaît très bien le fonctionnement des essais cliniques et du régime réglementaire, et possède une connaissance incroyable de ce qui se passe partout dans le monde. J'avancerais qu'il s'agit probablement des patients les mieux informés dans le monde.

    Ils nous ont fourni tellement d'informations—et je parle seulement de ce groupe de patients—qui montraient la valeur des essais cliniques ainsi que l'importance énorme qu'ils revêtent pour la santé des patients, et qui confirment que l'argent, d'un point de vue purement économique, auquel André a fait allusion, est un autre facteur important. Mais en ce qui concerne l'étendue des connaissances que les essais procurent au patient, au praticien et au milieu des soins de santé au pays, la contribution est énorme.

    Ainsi, la valeur d'un essai clinique ne saurait être évaluée uniquement en fonction des retombées économiques, même s'il s'agit d'un facteur très important; il faut aussi tenir compte des connaissances qu'ils apportent à votre milieu des soins de santé, à vos hôpitaux, à vos établissements d'enseignement, et au milieu de la recherche.

    J'ajouterais aussi que le milieu de la recherche médicale au Canada jouit d'une réputation exceptionnelle. Nous avons des créneaux au Canada. Même si nous sommes un très petit pays et nous ne représentons qu'une partie très modeste de l'industrie des essais cliniques, nous sommes considérés comme un endroit idéal pour mener des recherches médicales et effectuer des essais cliniques.

    J'espère que cela répond à vos questions.

+-

    La présidente: Alors, vos conclusions sont fondées sur le point de vue des patients et sur l'argent.

+-

    Mme Judy Erola: Oui.

+-

    Dr André Potworowski: Du point de vue méthodologique, madame la présidente, il s'agissait d'une étude de faisabilité.

+-

    La présidente: Oui, j'en ai déjà fait moi-même.

+-

    Dr. André Potworowski: Est-ce que nous réclamons à cor et à cri que le nombre d'essais cliniques soit augmenté? Je ne crois pas. Mais je crois que nous nous présentons à vous avec l'idée que ce serait peut-être avantageux. De plus, nous signalons que...

+-

    La présidente: En fait, monsieur Potworowski, ce n'est pas ce que vous avez dit. Vous avez déclaré, à trois reprises, que vous étiez fortement en faveur d'un accroissement des essais cliniques au Canada.

+-

    Dr André Potworowski: Mais nous vous avons aussi signalé que...

+-

    La présidente: Et pourtant, vous ne disposez pas encore de l'information nécessaire pour tirer une conclusion aussi tranchée.

+-

    Dr André Potworowski: ...que nous ne croyons pas que les enjeux touchant la politique publique aient été abordés.

+-

    La présidente: Non, nous sommes d'accord avec vous à cet égard, mais nous avons des doutes sur votre conclusion.

+-

    Dr André Potworowski: J'envie votre position, car, après avoir écouté tous ces témoins, vous avez probablement une meilleure idée du contexte global que nous.

    Mais je crois que les patients et les chercheurs nous disent que c'est une bonne chose, parce qu'ils obtiennent des fonds pour la recherche, et ainsi de suite.

    Nous avons interrogé 40 personnes, mais nous n'avons pas sélectionné ces personnes au hasard. Nous avons effectué...

+-

    La présidente: Je comprends cela, et je ne critique pas votre démarche. Je suis seulement étonnée par la force de votre recommandation, compte tenu du grand nombre de questions soulevées.

    À l'occasion de votre dernière intervention, vous aviez dit : « Nous estimons, d'après l'information recueillie jusqu'à maintenant... », ce que je considère comme une conclusion acceptable; toutefois, j'ai des doutes sur le ton très convaincu que vous avez adopté au début.

»  -(1705)  

+-

    Dr André Potworowski: Je crois que quand nous avons pris connaissance du point de vue des personnes qui s'opposaient aux essais cliniques, aux personnes qui croyaient que les essais n'étaient pas souhaitables parce que c'était de l'exploitation, et ainsi de suite, nous avions le sentiment que, dans l'ensemble, à la lumière de ce que nous avions eu, les avantages justifiaient les coûts ou les dommages. C'est comme toute autre activité industrielle d'envergure. Oui, il y a des accidents d'automobile—les accidents d'automobile constituent la première cause de décès en importance au Canada—, mais dans l'ensemble, l'automobile est une bonne chose pour la société.

    Alors, dans l'ensemble, nous estimons que c'est une bonne chose.

-

    La présidente: D'accord, c'est bien.

    Merci beaucoup. Au nom des membres du comité ici présents, je tiens à vous remercier de votre présence et de vos exposés aujourd'hui. Je n'ai pas eu le temps de lire toute l'information fournie par IMS, et nous aurons peut-être les questions supplémentaires lorsque nous l'aurons lue, mais nous vous remercions du travail que vous effectuez et de ce que vous allez faire pour nous en ce qui concerne, je crois, la demande de M. Merrifield.

    Je tiens aussi à remercier le Dr Potworowski, Mme Erola, M. Hitchcock et Mme Israels d'être venus aujourd'hui et de nous avoir informés.

    Il nous arrive parfois de mettre un certain temps pour absorber toute l'information, et il est possible que nous voulions vous téléphoner pour vous poser une question supplémentaire. Nous espérons que cela vous conviendra.

    Merci beaucoup.

    La séance publique est levée.