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Merci beaucoup, monsieur le président. Nous sommes très heureux d'être ici.
Nous nous partagerons, M. Stringham et moi, le temps qui nous a été accordé. Partiellement du fait que M. Stringham, qui est ingénieur et a une maîtrise en administration, a passé une grande partie de sa carrière chez Syncrude. Je crois que son expérience se révélera utile aux députés avant leur déplacement dans le nord.
Nous vous avons envoyé de la documentation, nous n'allons pas y revenir. Nous allons vous faire grâce des présentations PowerPoint, mais nous avons distribuer cela, et nous ferons référence à certains tableaux au fur et à mesure.
Nous sommes très heureux d'être ici.
Monsieur le président, je crois comprendre que le comité préfère que nous parlions surtout des aspects économiques, mais nous sommes bien préparés et nous serons heureux de parler de n'importe quel aspect des opérations que vous jugez utile.
Monsieur Cullen, nous pouvons même, si vous voulez, répondre à votre question sur l'eau. Mais je crois que j'attendrai que vous me le demandez.
Tout d'abord, je crois qu'il est important de placer les sables bitumineux dans un contexte. Ce n'est qu'une partie d'une industrie beaucoup plus grande.
Cette année, nous prévoyons que l'industrie investira environ 47 milliards de dollars au Canada. Les paiements versés directement aux gouvernements, M. Stringham en parlera un peu plus en détail, s'élèveront à environ 27 milliards de dollars. Nous représentons environ 25 p. 100 des investissements du secteur privé et environ 30 p. 100 de la valeur de la Bourse à Toronto. L'impact sur l'emploi total au Canada touche près d'un demi-million de citoyens.
Il est important de savoir, au niveau de ces chiffres, que des 47 milliards de dollars, 11 à 12 milliards de dollars sont investis dans les sables bitumineux. L'industrie pétrolière et gazière de l'Ouest canadien, qui est très bien implantée et conventionnelle, investira environ 30 à 35 milliards par année.
Il est important de ne pas oublier que l'économie en matière d'énergie ne se limite pas aux sables bitumineux. Nous vous avons remis un tableau qui montre la répartition des dépenses.
Il est aussi important de comprendre que dans notre industrie, les gens font toujours référence au West Texas Crude. Vous avez vu qu'au cours de l'année dernière, les prix se situaient autour de 50 à 70 $. La production canadienne se compose à 50 p. 100 de pétrole lourd et de pétrole très lourd, c'est-à-dire de bitume et son prix est la moitié ou moins que la moitié de celui du West Texas intermediate.
M. Trost est bien sûr au courant des écarts de prix concernant le pétrole lourd. Durant cette discussion, je crois qu'il est important de se souvenir que les pétroles ne sont pas tous les mêmes.
Pour vous donner une idée, l'année dernière, le revenu de l'industrie a approché les 100 milliards de dollars. Mais, où passe l'argent? Environ 45 p. 100 sont réinvestis directement au Canada, mais où? Vingt-deux pour cent en coûts d'exploitation reliés aux centaines de milliers de Canadiens qui travaillent. Vingt-neuf pour cent en redevances et taxes, incluant les adjudications de concession, un facteur important, et environ 4 p. 100 reviennent au public en répartitions pour les actionnaires, les participants et d'autres groupes.
Comme vous le voyez, monsieur le président, c'est une très grande partie de l'économie. M. Stringham va parler de certains aspects particuliers, puis je conclurai.
Je continue la présentation des diapositives que nous vous avons remises et vous donnerai plus de renseignements en préparation à votre déplacement à Fort McMurray. Je ne vous présente que de l'information générale, j'irai donc très vite. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
Comme vous le savez, les réserves en sables bitumineux sont très grandes. Nous faisons partie des dix plus grands producteurs de pétrole au monde, nous occupons la huitième place. L'exploitation croissante des sables bitumineux nous mènera à la quatrième place, ou peut-être la troisième, cela dépend de la situation dans les autres pays. Il est important de noter dans ces diapositives, que parmi les dix plus grands producteurs de pétrole au monde, seulement trois, le Venezuela, l'Arabie Saoudite et le Canada, peuvent augmenter leur production; la production des autres pays est stable ou en diminution. Donc, le développement de ce pétrole pour répondre à la demande en pétrole du monde et du Canada suscite un très grand intérêt à l'échelle internationale.
Nous avons des réserves de 175 milliards de barils de pétrole. Je donne quelques explications sur ce chiffre, étant donné que tellement de chiffres sont donnés, c'est la quantité de pétrole récupérable calculée à partir des critères économiques d'aujourd'hui, en utilisant les prévisions des prix et la technologie actuelle. Si l'un de ces deux facteurs change, les réserves pourraient être plus grandes, mais les 175 milliards de barils représentent vraiment aujourd'hui plus de 150 années de réserves pouvant être développées à l'avenir, même compte tenu de la hausse des taux de production prévue.
Nous avons aussi inclus une liste des dépenses et une liste de tous les projets de sable bitumineux. Ces projets ne se feront pas tous simultanément, mais par étapes. Ils ont été prévus sur le temps afin d'essayer de répartir la main-d'oeuvre et les problèmes liés à l'infrastructure et à d'autres choses. On y voit aussi le nombre d'usines de valorisation qui convertissent le pétrole épais, comme du dentifrice ou de la molasse, en un pétrole léger comme l'eau ou l'huile de friture. Ce processus de valorisation se fait au Canada. Environ quatorze autres usines vont entrer en production ou 43 milliards de dollars de plus seront investis dans ce processus de valorisation en un beau pétrole léger.
Si l'on additionne tout cela, on obtient le tableau, page 52, qui montre les prévisions de la production. La production est maintenant de un million de barils par jour. Elle augmentera grâce aux projet à venir — et cela n'est pas tout ce qui a été annoncé, ce sont des prévisions que nous jugeons raisonnables — et passera à 3,5 millions de barils par jour d'ici 2015. En cas de contrainte, par exemple un manque de main-d'oeuvre ou d'infrastructure au niveau des pipelines ou d'autres choses, la production sera probablement inférieure, nous prenons donc cela en compte en incluant notre ligne de cas contraint qui montre un passage de 2 millions de barils par jour à environ 3 millions par jour, au lieu des 3,5 millions.
Ce qui est très important dans ce tableau, c'est que l'infrastructure et les dépenses qui permettront ce niveau de production entre aujourd'hui et 2010 sont déjà faites. Il faut autant de temps pour lancer ce type de projets. Par conséquent, il y a un peu de variation dans les projets après 2010, mais d'ici là, les investissements sont déjà faits et continueront à être faits.
Les deux tableaux qui suivent portent sur l'économie, au cas où vous avez des questions sur les coûts du développement des sables bitumineux. L'Office national de l'énergie a comparu ici, donc je ne vais répéter ce qu'ils ont dit. Ils ont donné des explications sur les coûts. Voici les données qui montrent si du pétrole lourd ressemblant à du dentifrice ou de la molasse a été produit, le coût se situe entre 10 et 20 $ américains par baril. Pour le valoriser en un beau et doux pétrole léger, le coût est de 30 à 35 $. Cela a été fait en 2003.
Le tableau suivant montre que les coûts en investissement à cet effet, en particulier les coûts de l'acier, ont considérablement augmenté depuis 2003. Vous pouvez voir qu'un projet de 100 000 barils par jour qui coûtait environ 3,3 milliards de dollars coûte aujourd'hui de 6 à 10 milliards de dollars en raison de la hausse considérable et rapide du prix mondial de l'acier. Ce problème ne touche pas seulement le Canada, mais le monde entier à cause de la construction et de la demande de l'acier, alors que la main-d'oeuvre, qui est traitée dans les deux tableaux qui suivent, est un problème qui touche plus l'Amérique du Nord étant donné les prévisions de pénurie de main-d'oeuvre.
Je veux expliquer ces deux tableaux sur la main-d'oeuvre. L'un ressemble au masque de Batman, donc vous saurez facilement à quel tableau je fais référence. Ce sont les prévisions de la main-d'oeuvre requise faites l'année dernière. Vous pouvez voir que les nouvelles prévisions faites cette année viennent d'être publiées et vous remarquez la différence. Elles sont repoussées plus loin. Le marché pousse certains de ces projets à s'étaler sur de plus longues périodes. Autrement dit, ils sont en quelque sorte ralentis à cause des problèmes de main-d'oeuvre, ce qui nous ramène à ce développement restreint pour l'avenir. Les prévisions augmentent aussi en hauteur. Par conséquent, il faudra plus de main-d'oeuvre et encore plus à l'avenir. Nous estimons que la disponibilité de la main-d'oeuvre est l'un des plus graves problèmes pour le développement des sables bitumineux.
Voilà tout l'historique.
Nous avons été invités pour parler plus du régime de redevance qui est administré par la province ainsi que du régime de redevances des sables bitumineux. J'ai préparé quelques tableaux pour montrer l'effet qu'ont aujourd'hui les redevances et les impôts sur notre industrie.
Le premier tableau montre que le régime de redevances existe parce que la province est propriétaire des ressources en vertu de la Constitution et à ce titre elle perçoit des redevances. Il y a un régime double de redevances qui perçoit l'argent dès le départ en vendant les droits pour obtenir le bail et le développer. Il y a un appel d'offres; la méthode des prix offerts, des prix qui ont récemment augmenté de façon considérable. Ainsi, le loyer est perçu dès le départ.
Puis, dès que le projet est en phase de production, la province perçoit aussi une redevance de production. Il y a donc ces deux parts. Les prix qui augmentent ou diminuent sont ajustés à ces deux mécanismes. Ça fonctionne un peu comme un amortisseur. Ça monte et ça descend très vite.
Le tableau intitulé « Redevances sur les sables bitumineux, hausse avec des prix plus élevés » montre l'effet de la hausse des prix sur le projet et ses redevances.
Deux choses se produisent. Premièrement, il y a une redevance de 1 p. 100 jusqu'à ce qu'ils récupèrent leurs coûts en investissements. Cette période est réduite car ils récupèrent plus vite leurs coûts en investissements, l'argent qu'ils ont dépensé. Aussi, le montant des redevances augmente, donc, ils reçoivent doublement des bénéfices : une période plus courte à 1 p. 100 et un montant plus élevé de 25 p. 100. Le régime de redevances est très complexe et je serais heureux de vous donner plus de détails.
Le tableau suivant montre les différents éléments du régime de redevances : ce qui se passe pendant le prépaiement des redevances, quand ce prépaiement est fait, ce que sont les redevances après-paiement de 25 p. 100, quels sont les coûts admissibles déduits de ces redevances et s'il y a des augmentations ou des allocations pour les coûts d'exploitation. Plusieurs éléments entrent en jeu; nous pouvons en discuter, si vous voulez, ce sont en tout cas les éléments fondamentaux du régime de redevances.
Une question posée récemment est de savoir si ces projets arrivent en période d'après-paiement ou s'ils restent au régime de redevances de 1 p. 100? Le tableau sur la diapositive suivante montre que 33 des 65 projets sont déjà arrivés en période d'après-paiement et payent de plus fortes redevances au fur et à mesure. Vous constatez une augmentation considérable au cours des trois dernières années. Avec l'augmentation des prix, les après-paiements sont faits plus vite, vous avez donc vu que les prix et les redevances provenant des sables bitumineux cette année sont arrivés à un pic de 2,5 milliards de dollars seulement pour la redevance de production, plus environ 1,6 milliard de dollars supplémentaires pour les appels d'offre de location ou les paiements pour obtenir les baux. Un total d'environ 4 milliards de dollars en comparaison à un milliard de dollars il y a deux ou trois ans.
Il faut considérer le régime de redevances des sables bitumineux à la lumière de toute la durée du projet, du début à la fin, car il doit payer un certain montant de loyer économique durant toute son existence et pas durant une année en particulier. C'est la différence avec la redevance pétrolière conventionnelle dont les hausses et les diminutions peuvent être suivies mensuellement. La redevance sur les sables bitumineux est plus fondée sur le projet; elle ressemble au régime des terres du Canada.
Je passe maintenant à ce que j'appelle « la part du gouvernement ». C'est vraiment une combinaison de redevances et d'impôts. Comment cela se compare à d'autres pays? C'est une question que l'on peut se poser. C'est vraiment ce qu'il faut savoir -- jusqu'à quel point le régime fiscal relatif aux sables bitumineux est raisonnable? Beaucoup d'autres pays au monde n'ont pas, ou ont une combinaison différente, de redevances et d'impôts, il faut donc réunir ces deux élément pour tenter de comparer équitablement des pays.
Ce que je viens de décrire, c'est ce que j'appelle (la part du gouvernement), qui comprend les redevances, les appels d'offres de location et les impôts. Le tableau de la diapositive 20 montre le partage des bénéfices nets d'un projet de sables bitumineux. Pendant les huit premières années, une entreprise investit de l'argent sur le terrain pour développer un projet de sables bitumineux. Elle dépense ce que nous appelons dans ce tableau « le capital pour le projet », un montant pouvant aller de 1 à 10 milliards de dollars en fonction de la taille du projet.
Quand l'entreprise arrive à la phase de production du pétrole, elle doit commencer à payer la petite redevance de 1 p. 100. Puis, quand elle a récupéré ses coûts en investissements — donc si elle dépense 5 milliards de dollars, quand les bénéfices égalent 5 milliards de dollars qui reviennent — elle est autorisée à faire cet après-paiement au moment de payer la grande redevance, et c'est le moment où il faut aussi payer les impôts. Si vous additionnez cela, vous voyez que sur la durée du projet, si vous avez dépensé l'argent du projet — la portion qui revient au projet — l'entreprise reçoit 51 p. 100 des bénéfices nets, c'est-à-dire les bénéfices moins les coûts.
La part du gouvernement est d'environ 49 p. 100, c'est donc très proche du partage 50-50 entre l'industrie et tous les paliers du gouvernement pour ce qui est du bénéfice net d'un projet de sables bitumineux.
Voilà comment ça fonctionne. Est-ce juste?
Nous avons loué les services d'un consultant externe, Pedro Van Meurs, qui a étudié les régimes fiscaux mondiaux. Il a comparé 324 régimes fiscaux pétroliers dans le monde. J'en ai énuméré quelques-uns; nous pouvons vous fournir la liste complète des 324 régimes, mais voici la liste des régimes, un grand nombre de nos sociétés leur font concurrence pour des capitaux. La première est celle qui verse la plus petite part au gouvernement et celle qui est à la 324e place verse la plus grande part au gouvernement. Il y a le Royaume-Uni, le Kazakhstan, le Brésil, l'Alberta 3e niveau — c'est seulement le pétrole lourd de Alberta — le Golfe du Mexique, puis au 79e rang, les sables bitumineux de l'Alberta. C'est donc près de la 100e place dans les 300 places. On voit aussi que l'Alaska est tout proche au 89e rang; l'Australie à la 99e place. Et l'Alberta sans crédit d'impôt de l'Alberta au titre de redevance, qui a été supprimé, occupe la 209e place. La Norvège est à la 257e place, pour en tirer le plus profit à l'avenir.
Une autre façon d'examiner la question du point de vue de la compétitivité internationale, c'est de regarder les rendements des investissements qu'obtiennent les entreprises qui exploitent le pétrole et le gaz dans le monde. Alors, le tableau suivant montre ce que gagnent les entreprises en Asie-Pacifique, en Amérique du Sud et centrale, en Afrique — et vous pouvez voir que le Canada présente le plus faible rendement de ces pays, bien que ce rapport de 2005 précise que c'était durant une période où il y avait beaucoup de dépenses dans les sables bitumineux. On s'attendrait qu'une fois que vous sortez de cette phase de dépenses, les rendements des investissements se rapprochent davantage de ce qu'ils sont aux États-Unis, mais toujours assez proche du quartile inférieur de la courbe au fur et à mesure que les choses progressent.
C'est une forme d'explication des redevances, et je vais parler du système fiscal un peu plus tard.
Les quatre tableaux qui suivent parlent de l'étude du CERI. Je sais que des témoins du CERI ont comparu devant vous au sujet des retombées économiques pour le public canadien ainsi que pour l'industrie et les fabricants. Une chose intéressante qui est apparue dans un rapport récent de Statistique Canada que j'ai vu, c'est qu'avec la croissance des investissements dans les sables bitumineux et dans le pétrole et le gaz, l'Alberta achète maintenant plus de produits en provenance de l'Ontario et du Québec que le Québec et l'Ontario n'en achètent de l'Alberta. Alors, c'est en fait un flot net de produits et services de l'Ontario et du Québec vers l'Alberta, qui consomme les biens qui sont produits dans l'Est du Canada.
C'est vraiment en train de devenir une industrie beaucoup plus canadienne. Même si la ressource est située à l'Alberta, les biens et les services et l'équipement viennent de partout au Canada.
Le dernier tableau dont je veux parler, c'est le système fiscal, et je veux vraiment mettre en contexte comment le régime fiscal s'applique à l'industrie des sables bitumineux. Il ne s'agit pas de l'industrie du pétrole et du gaz dans son ensemble. Cela commence par la diapositive numéro 29, qui se trouvent tout près de la fin, et qui montre que le taux d'imposition est à l'heure actuelle de 23 p. 100 pour l'industrie du pétrole et du gaz; il est de 21 p. 100 pour toutes les autres industries. Il y a une élimination progressive à l'heure actuelle et nous sommes presque rendus au même taux qu'eux. L'an prochain, nous aurons le même taux.
De plus, il y avait un concept appelé déduction relative aux ressources qui était simplement un substitut pour la déductibilité des redevances provinciales. Cela sera éliminé également l'an prochain. Pour les sables bitumineux et toutes les autres mines, il y a un concept appelé déduction pour amortissement accéléré, dont je suis certain que vous avez entendu parler. Je vais en parler avec un peu plus de détails, mais ce concept est vraiment quelque chose qui s'applique à toutes les mines et à certains autres secteurs de l'industrie aujourd'hui. Mais cette mesure est, jusqu'à un certain point, contrebalancée par une autre disposition fiscale appelée la règle de mise en place.
La règle de mise en place dit que vous ne pouvez déduire les dépenses d'investissement avant que le produit soit disponible pour être utilisé. Or, dans le cas des sables bitumineux, vous dépensez de l'argent pendant presque cinq ans, parfois six ans, avant de commencer à produire effectivement quelque chose. Alors, vous ne pourrez pas déduire ces dépenses jusqu'à ce que le produit soit disponible pour être utilisé, ou un maximum de trois ans. Le concept de déduction pour amortissement accéléré a, en fait, été couplé à la règle de mise en place parce qu'ils se compensent l'un l'autre au fur et à mesure que l'on progresse.
Enfin, la question du crédit d'impôt à l'investissement soulève quelques questions. Il n'y a plus de crédit d'impôt à l'investissement, sauf pour le Canada atlantique et il s'applique à un large spectre d'industries. Il n'est pas réservé exclusivement aux sables bitumineux ou au pétrole et au gaz.
Le dernier point dont je veux vraiment parler, c'est la déduction pour amortissement accéléré. Puisque cette déduction soulève de nombreuses questions, je pense qu'il est important de comprendre comment elle fonctionne. La déduction pour amortissement accéléré est en réalité la déduction des coûts des investissements, à des fins d'impôt. En d'autres mots, si vous dépenser 5 milliards de dollars en investissements pour bâtir une usine de traitement des sables bitumineux, vous avez le droit de déduire cette somme. La déduction pour amortissement accéléré vous permet de déduire cette somme dès que vous commencez à toucher des recettes de votre mine. Alors, il y a une valeur de rendement de l'argent liée au fait d'avoir la déduction plus tôt que plus tard, mais il s'agit exactement de la même déduction. Si vous dépensez 5 milliards de dollars, tout ce que vous pouvez déduire, c'est 5 milliards de dollars. Il n'y a pas d'augmentation, pas d'ajout, pas de subvention. C'est simplement que vous pouvez déduire cette somme lorsque les recettes commencent à rentrer.
La limite que cela comporte, c'est que vous ne pouvez déduire cela que pour les recettes qui proviennent de cette mine particulière. Dans la plupart des autres situations fiscales, vous pouvez employer ces déductions pour l'ensemble de votre entreprise. La déduction pour amortissement accéléré se limite à cette mine seulement, et il faut que cette mine connaisse une croissance importante. Il faut que cette croissance soit supérieure à 5 p. 100 de votre revenu. Elle ne s'applique pas simplement aux dépenses courantes. Alors, c'est très limité dans ce sens, et elle est également limitée par le fait que vous avez cette règle de mise en place qui dit que vous ne pouvez rien déduire jusqu'à ce que vous commenciez à produire, ou jusqu'à ce qu'il se soit écoulé au moins trois ans. Cela signifie que cet argent n'est pas déduit pendant trois ans, ce qui n'est pas applicable à moins que vous ayez un projet de grande envergure qui ne produit pas.
La dernière partie de cette question, c'est vraiment simplement de regarder l'aspect report de l'impôt. Dans le cas d'un report de l'impôt, vous pouvez déduire cette somme plus tôt que vous pourriez le faire autrement, mais je veux simplement insister encore une fois sur le fait qu'il ne s'agit pas de déduire des coûts additionnels. C'est la valeur de rendement de l'argent qui est associée à ce report.
Je pense que je vais m'arrêter ici. Il y a un tableau qui parle de 1,5 milliard de dollars de subvention à l'industrie du pétrole et du gaz, et plusieurs personnes en ont parlé. Je passe en revue ces subventions ici et j'ai indiqué d'où elles viennent et combien d'entre elles ont déjà été éliminées. L'allocation des ressources disparaît l'année prochaine. L'épuisement gagné a disparu en 1990. Le décret de remise de Syncrude a disparu depuis 2003 et les crédits d'impôt à l'investissement étaient inclus là-dedans.
La plus grande partie de cette allégation qui circulait au sujet de ces 1,5 milliard de dollars de « subvention », c'est un milliard de dollars liés à l'exploration, la radiation des forages improductifs. Si vous forez un trou et que vous ne trouvez rien, vous pouvez déduire le capital investi. Cela ne s'applique pas vraiment aux sables bitumineux, sauf dans les circonstances très rares où il se fait de l'exploration en place.
Les autres sont celles que l'on retrouve dans la déduction pour amortissement accéléré dont j'ai parlé.
Je suis conscient que tout cela est très technique. Je vous demande de m'excuser d'avoir pris plus de temps, mais j'ai pensé qu'il serait bien que j'expose au moins toute cette information, et si vous avez des questions, nous pouvons en parler.
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Je remercie le président et les membres du comité de m'accueillir ici aujourd'hui.
L'approche que je vais adopter, toujours dans le contexte des incidences économiques, est légèrement différente. La façon dont l'Institut Pembina tente d'aborder les questions de production et de consommation d'énergie est peut-être plus large, certains diraient holistique, en ce sens ce qu'il essaie de marier les coûts et les avantages sociaux et environnementaux dans le but de produire un cadre global pour la prise de décision en matière de développement énergétique au Canada.
Comme vous le savez, les sables bitumineux du Canada attirent de plus en plus l'attention au niveau national et international et leur exploitation a amené certaines personnes à croire que le Canada constitue une superpuissance énergétique émergente. De notre point de vue, si nous continuons d'exploiter les sables bitumineux comme si de rien n'était, nous risquons d'être connus non pas comme une superpuissance énergétique, mais plutôt comme un superpollueur.
L'exploitation des sables bitumineux soulève d'importants défis environnementaux de pertinence nationale et internationale. La façon d'exploiter cette ressource du Canada constituera, à notre avis, un test déterminant de l'engagement de notre pays envers le développement durable — c'est-à-dire, un développement qui équilibre les impératifs sociaux, environnementaux et économiques de la société.
Comme nous l'avons déjà entendu aujourd'hui, dans les discussions portant sur les incidences économiques de l'exploitation des sables bitumineux, nous avons tendance à utiliser des mesures économiques traditionnelles : investissements de capitaux, nombre d'emplois créés, contribution au produit intérieur brut, impôt sur les recettes en redevance, etc. Malheureusement, les décisions fondées uniquement sur ces mesures ne tiennent pas compte du coût total pour la société de l'exploitation ou non de cette ressource et de la manière de le faire — c'est à dire, le coût des répercussions sur l'air, la terre, l'eau, le climat et les collectivités. Nous croyons qu'une approche au développement durable digne du XXIe siècle exige que l'analyse des coûts et des avantages liés à l'exploitation de la ressource tienne compte des coûts environnementaux et des responsabilités qui découlent de cette exploitation.
Greg a déjà parlé du rythme de développement et de l'accélération de ce développement dans l'avenir. J'aimerais revenir sur ce que prévoyait le groupe de travail national sur les stratégies de mise en valeur des sables bitumineux au milieu des années 90. Il avait fixé ce qu'il croyait être une cible de production très ambitieuse d'un million de barils par jour d'ici 2020. Ce rythme de production a été atteint en 2004, 16 ans avant la date prévue du côté de la production. Malheureusement, un grand nombre de défis environnementaux reconnus par le groupe de travail n'ont pas été résolus au cours de cette période de temps. En conséquence, nous avons du retard.
Encore une fois, pour donner un certain contexte d'un point de vue environnemental, en se fondant sur le développement de la région des sables bitumineux de l'Athabasca de 1965 à 2004, le Programme des Nations Unie pour l'environnement a désigné cette année cette région comme l'un des 100 points chauds de la planète en matière de changement environnemental. La production est passée de presque rien à un million de barils aujourd'hui. Imaginez, si vous voulez, que l'on triple cette production ou qu'on la multiplie par un facteur de cinq au cours des décennies à venir, et je pense que vous allez reconnaître que nous avons certains défis environnementaux importants à surmonter.
Ma collègue, Mary Griffiths, viendra la semaine prochaine pour parler spécifiquement de certains des défis concernant l'utilisation de l'eau. Il y a une longue liste d'autres répercussions, qu'il s'agisse de la pollution de l'air locale et transfrontalière ou de la destruction de la forêt boréale et de la remise en état de ces lieux d'exploitation des sables bitumineux pour la forêt boréale.
Toutefois, étant donné le temps limité dont je dispose, j'aimerais me concentrer sur ce que nous croyons être l'un des défis les plus importants et les plus urgents, à savoir restreindre la contribution des sables bitumineux au changement climatique par le biais d'une augmentation en flèche de la pollution par les gaz à effet de serre.
Faire des exposés sur ce sujet précis du changement climatique est très à la mode cette semaine, étant donné la publication du rapport de Sir Nicholas Stern sur les conséquences économiques du changement climatique, qui lie d'une manière si claire et si éloquente l'impératif environnemental, agir face au changement climatique, aux conséquences économiques si on ne le fait pas. Son étude a révélé que si nous n'agissons pas, les coûts et les risques globaux liés au changement climatique équivaudront à perdre au moins 5 p. 100 du PIB mondial chaque année — maintenant et pour toujours.
En comparaison, le coût des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires conséquences peut être limité à environ 1 p. 100 du PIB mondial par année. Nous croyons que la réduction des émissions de gaz à effet de serre constitue un des impératifs économiques les plus importants de la planète, en plus d'être un impératif environnemental.
En raison de l’intensité énergétique nécessaire pour extraire le bitume des sables bitumineux et en augmenter la qualité afin de produire du pétrole synthétique, le volume de pollution attribuable aux gaz à effet de serre dégagé par baril est environ trois fois plus élevé pour les sables bitumineux que pour la production de pétrole classique. Étant donné l’augmentation importante prévue de la production de sables bitumineux, cette ressource constitue la source de pollution de nouveaux GES qui connaît la croissance la plus rapide. Alors, à une époque où nous nous efforçons de faire plafonner nos émissions de gaz à effet de serre et de commencer à les réduire, nous avons ce secteur qui est le seul à présenter une augmentation très rapide de ces émissions. D'après certaines prévisions que nous avons faites, dans un scénario de maintien du statu quo, les sables bitumineux pourraient représenter la moitié de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre au Canada entre 2003 et 2010.
Comme l'indique la conclusion du rapport Stern sur les conséquences économiques du changement climatique, il est encore temps d'éviter les pires conséquences du changement climatique, si nous prenons des mesures énergiques dès maintenant.
Au Canada, ce sont les sables bitumineux qui nécessitent l'action la plus urgente. Au cours des prochaines années, plusieurs mégaprojets d'exploitation des sables bitumineux en seront rendus à l'étape de la conception, de l'étude d'ingénierie et de la construction. Comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir. Il en coûtera beaucoup moins cher de bâtir la capacité de réduire de manière importante les émissions de gaz à effet de serre et la gestion des gaz à effet de serre dans les établissements d'exploitation des sables bitumineux dès le départ, plutôt que de procéder dans l'avenir à des mises à niveau coûteuses.
La semaine dernière, l'Institut Pembina a publié un rapport intitulé Carbon Neutral by 2020: A Leadership Opportunity in Canada's Oil Sands dans lequel nous avons effectué une analyse de ce qu'il en coûterait aux exploitants des sables bitumineux pour que cette activité devienne neutre en carbone ou présente des émissions nettes zéro de gaz à effet de serre d'ici 2020. Bien que nous souscrivions à un certain nombre d'approches différentes pour y parvenir, y compris le remplacement de combustible et l'efficacité énergétique sur place, nous avons décidé de nous concentrer sur deux mécanismes : la capture et le stockage du dioxyde de carbone ainsi que la compensation des GES. Nous avons constaté que pour obtenir une production neutre en carbone, le coût varierait entre 1,76 $ US et 13,65 $ US le baril. Dans le cas du chiffre le plus bas, cela est comparable au coût nécessaire pour éliminer le plomb dans l'essence ou pour réduire la quantité de soufre dans le carburant diesel. Nous croyons également que l'analyse a été assez prudente, étant donné qu'elle n'a pas pris en compte des sources possibles de revenus liées à une récupération assistée du pétrole à l'aide des émissions de carbone capturées, ou des réductions de coût vraisemblable qui proviendraient des améliorations de la technologie après la mise en application.
Même à plus court terme, réaliser une production de sables bitumineux neutre en carbone pourrait coûter moins cher qu'en 2020, si vous regardez les prix de compensation en vertu des mécanismes de Kyoto. Acheter des réductions d'émission qui respectent le protocole de Kyoto de véritables projets environnementaux aujourd'hui permettrait une pleine compensation des émissions pour la somme d'environ un dollar canadien le baril ou moins.
La mise en oeuvre de ces solutions exigera de l'industrie qu'elle s'écarte du scénario de maintien du statu quo. Au-delà des simples modifications aux pratiques actuelles, comme l'efficacité énergétique et essayer de réduire l'intensité énergétique, il faudra apporter des changements graduels. Heureusement, lorsqu'il s'agit de l'industrie du pétrole et du gaz, nous savons que ces dernières ont les ressources financières et les connaissances technologiques pour le faire.
Les profits de l’industrie pétrolière et gazière ont atteint un record historique en 2005, année où les bénéfices d’exploitation ont atteint 30 milliards de dollars, une augmentation de 50 p. 100 par rapport à 2004. De plus, l’industrie pétrolière et gazière a d'excellents antécédents d’innovation en matière de technologie et de rendement afin de surmonter des défis économiques et environnementaux — par exemple, la réduction du gaz naturel dissous brûlé et ventilé en Alberta.
Nous croyons que cette capacité d'innovation doit être dirigée afin de surmonter les défis environnementaux liés à l'exploitation des sables bitumineux. Comme l'a dit récemment Thomas Homer-Dixon du Trudeau Centre for Peace and Conflict Studies de l'Université de Toronto, le Canada doit déchaîner sa créativité capitaliste sur le réchauffement de la planète.
De notre point de vue, lorsqu'il s'agit de déchaîner cette créativité et cette innovation, le gouvernement du Canada a un rôle important à jouer. Nos marchés existent dans un cadre de lois, de règlement et d'institutions qui ont été conçus et mis en place par le gouvernement. Devant l'échec des mesures volontaires des entreprises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est clair qu'il est nécessaire de légiférer la réduction des émissions.
Vu le thème économique de la réunion d'aujourd'hui, plutôt que de discuter de cela, j'aimerais me concentrer sur la politique fiscale du gouvernement du Canada en ce qui concerne les sables bitumineux et, plus précisément, sur la déduction pour amortissement accéléré que Greg a déjà décrite.
En 2000, le Commissaire à l’environnement et au développement durable a constaté que l'industrie des sables bitumineux recevait un traitement fiscal fédéral préférentiel et exceptionnel par rapport à d'autres formes de développement énergétique. Son analyse a révélé que l'industrie des sables bitumineux recevait un allégement fiscal important, parce que ces projets sont admissibles à la déduction pour amortissement accéléré de 100 p. 100. Grâce à cette disposition, une entreprise ne paie de l’impôt fédéral sur le revenu que pour les revenus provenant de l’exploitation des sables bitumineux une fois que tous les coûts des investissements admissibles ont été radiés.
En comparaison, le secteur du pétrole et du gaz classique, les pairs de l'industrie, est admissible à une déduction pour amortissement de 25 p. 100.
Le ministère fédéral des Finances a estimé que l’avantage lié à cet allégement fiscal se situe entre 5 millions et 40 millions de dollars pour chaque tranche de 1 milliard de dollars investie. Compte tenu des niveaux actuels et prévus d'investissement dans l'industrie des sables bitumineux, cela peut se traduire par des milliards de dollars de recettes fiscales reportées.
Nous recommandons que le ministère des Finances mette fin à la déduction pour amortissement accéléré pour l'industrie des sables bitumineux pour placer cette dernière sur un pied d'égalité avec l'industrie du pétrole et du gaz classique. Cela pourrait se faire par la création d'une nouvelle déduction pour amortissement dans la Loi de l'impôt sur le revenu pour cette industrie en fixant cette déduction à 25 p. 100, le même taux auquel a droit à l'industrie du pétrole et du gaz classique.
L'argent économisé par l'élimination de ce traitement fiscal préférentiel peut aider à faciliter la transition vers un avenir énergétique durable en fournissant des fonds qui permettront d’investir dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique, ou peut-être qu'il pourrait simplement être plus ciblé dans son application aux sables bitumineux et appliqué aux technologies environnementales, comme la capture et le stockage du dioxyde de carbone, qui peuvent nous aider à surmonter certains des défis environnementaux liés au développement.
En terminant, j'aimerais souligner que le monde entier surveille l'Alberta. Je reçois régulièrement des appels des médias en provenance du monde entier. Il y a un flot continu de journalistes qui se rendent à Fort McMurray juste pour voir comment nous exploitons cette très importante ressource et pour voir si cette exploitation se fait conformément aux nombreux engagements internationaux du Canada et à la façon dont le Canada est vu et perçu par nos pairs à l'échelle internationale.
En conséquence, nous n'allons pas être jugés uniquement sur la quantité d'argent investi, le nombre d'emplois créés ou les profits accumulés, mais sur le fait que nous avons exploité la ressource d'une manière qui garantit un héritage durable de prospérité économique, un environnement sain et un bien-être social amélioré.
Je me suis davantage concentré sur l'environnement. Je peux certainement parler davantage de certaines des dimensions économiques, y compris de certains des défis économiques de l'Alberta qui sont liés au rythme et à l'échelle de ce développement, et je serais heureux de le faire, si vous le voulez.
Merci.
Je vais d'abord répondre à votre question, à savoir si le rythme est viable d'un point de vue économique, social et environnemental. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il ne l'était pas, parce que, dans chacune de ces trois dimensions, il y a des conséquences importantes pour les Albertains et, de façon plus générale, pour les Canadiens.
Pour vous donner un exemple de problème social, le conseil de la municipalité régionale de Wood Buffalo a pris une décision unanime pour s'opposer à tout nouveau projet d'exploitation de sables bitumineux dans la région, non pas parce qu'il ne veut plus de développement, mais parce que les infrastructures et les services sociaux sont tellement déficients que ces projets ne sont tout simplement pas dans l'intérêt de la communauté, qui est le centre névralgique de l'exploitation des sables bitumineux.
L'office régional de la santé fonctionne à peu près à moitié de sa capacité si l'on tient compte du personnel médical qu'il lui faudrait pour desservir la population de Fort McMurray, sans compter la population fantôme qui vit dans les camps de travail et construit ces installations. Économiquement, la province subit actuellement de très fortes pressions inflationnistes qui ont des répercussions sur les Albertains partout dans la province, et non seulement dans la région des sables bitumineux.
Récemment, le gouvernement provincial a annoncé que parmi ses projets de construction, un sur trois devait être annulé ou reporté en raison d'une hausse des coûts de construction de 3 milliards de dollars sur cinq ans, et qu'il n'avait tout simplement pas les ressources nécessaires pour éponger cette somme. Cela aggrave ce déficit auquel la province doit déjà faire face.
Du point de vue environnemental, il y a des questions non résolues sur les impacts environnementaux, les impacts cumulatifs et l'ampleur des impacts cette région peut supporter, mais il y a aussi le simple fait que la technologie n'avance pas au même rythme que le développement. Nous observons donc une croissance très rapide des empreintes laissées sur l'environnement.
Cette situation a amené toute une foule d'organismes et de personnes à réclamer un ralentissement ou une pause quelconque, pour que la province prenne les choses en main et gère ce développement de façon plus durable; ces demandes ont été faites notamment par le Nouveau Parti démocratique provincial, l'ancien premier ministre Peter Lougheed, des groupes environnementaux et certains groupes des premières nations. Ce n'est donc pas une question partisane. On ne se demande pas s'il faut exploiter les sables bitumineux. On se demande plutôt comment le faire et quel est le meilleur moyen de le faire dans l'intérêt public.
Quant aux leviers qui existent, en particulier pour le gouvernement fédéral, sur le plan des évaluations environnementales, l'engagement fédéral en matière d'évaluation environnementale n'a pas été cohérent. Le principal élément déclencheur à ce chapitre a été le paragraphe 35(2) de la Loi sur les pêches, mais la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale donne beaucoup de latitude au ministère des Pêches et des Océans pour décider de la portée — large ou étroite — de l'évaluation environnementale.
Par le passé, la portée des évaluations a été très étroite, si bien que le gouvernement fédéral ne participe pas à un processus d'évaluation environnementale qui tiendrait compte de tous les impacts, y compris la pollution transfrontalière, les gaz à effet de serre, etc.
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Monsieur Tonks, c'est une bonne question, mais je ne crois pas qu'elle s'applique seulement aux sables bitumineux.
Économiquement, tout l'Ouest canadien bouillonne à l'heure actuelle. La Saskatchewan manque de main-d'oeuvre et les projets d'immobilisation se multiplient. C'est la même chose en Colombie-Britannique. L'Ouest canadien traverse une période où, bien sûr, le pétrole et le gaz occupent une place importante, mais il y a aussi la potasse, l'uranium, le dendroctone du pin ponderosa et l'argent qu'il faut injecter pour compenser les coupes, l'infrastructure municipale et l'infrastructure olympique. Tout l'Ouest canadien vit cela.
Rappelez-vous ce qu'on a dit au début. On investit 12 milliards de dollars dans les sables bitumineux et 35 milliards de dollars dans l'industrie conventionnelle. Il y a beaucoup d'activités dans l'Ouest canadien, alors je crois qu'il n'est pas prudent de dire que les sables bitumineux en sont la cause.
Il y a un problème. Sans doute, le rythme est effréné dans l'Ouest canadien. Par contre, il est en train de ralentir. On s'attend à ce que le forage des exploitations conventionnelles diminue de 10 p. 100 cette année. Nous voyons déjà un ralentissement. Un certain nombre de projets d'exploitation des sables bitumineux sont reportés ou sont étalés dans le temps, parce que les entreprises elles-mêmes reconnaissent qu'il y a des problèmes liés aux coûts et d'autres facteurs qui ne jouent pas en leur faveur.
Vous voyez, je crois, que ce ralentissement est en cours. Il y a une réaction du marché à cela, et je m'inquiète lorsque les gouvernements affirment que ce sont eux qui décideront des projets qui iront de l'avant et des projets qui seront freinés.
Mis à part ce contexte, comme Dan l'a dit, il y a un processus de réglementation ici qui est régi par les gouvernements fédéral et provincial. Le dernier permis était assujetti à plus de 100 conditions. Ces choses sont en train d'être examinées. Toutefois, je suis d'accord avec Dan. Devons-nous examiner comment les choses peuvent être faites différemment? Bien sûr.
Je vous encourage, si vous ne l'avez pas encore fait, à regarder les documents produits par la province de l'Alberta dans le cadre du processus de consultation multipartite sur les sables bitumineux. Des séances ont été tenues dans six collectivités réparties dans l'ensemble de la province. Toute une gamme de représentants se sont faits entendre sur ces questions: l'industrie, les premières nations, les environnementalistes et d'autres.
À quoi pouvons-nous nous attendre? Je crois qu'il a trois choses, et c'est ici que je vais parler des leviers. Avant toute chose, les gens disent que les gouvernements ont très bien profité de la croissance économique de l'Ouest canadien et de la croissance de l'industrie pétrolière et gazière, mais l'argent n'est pas réacheminé dans les collectivités. On commence à injecter de l'argent dans le secteur de la santé. Le gouvernement fédéral assume maintenant une partie des coûts de l'infrastructure routière et ce genre de choses. Toutefois, globalement, les gouvernements ne regardent pas ces secteurs à forte croissance économique et n'investissent pas de façon appropriée.
En deuxième lieu, je suis d'accord avec Dan. Les règlements doivent changer à mesure que la technologie s'améliore. Syncrude vient d'investir 600 millions de dollars pour récupérer jusqu'à 95 p. 100 du dioxyde de soufre. Cela prend du temps, et c'est une réponse aux normes. Le nouveau projet de sables bitumineux Horizon récupérera 99 p. 100 du soufre dès le premier jour d'exploitation. Mais la technologie a des limites.
Encore une fois, je suis d'accord avec Dan. Nous avons un défi technologique à relever. Si nous voulons continuer à exploiter efficacement des ressources — ce n'est pas seulement le pétrole et le gaz — les gouvernements et l'industrie doivent se concerter et déterminer comment nous allons augmenter l'investissement dans une technologie respectueuse de l'environnement afin de réduire les empreintes que nous laissons dans l'environnement. Lorsque je songe aux leviers à long terme qui seront vraiment déterminants, pour moi, c'est la technologie.