:
Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
Cela me fait énormément plaisir d'être parmi vous aujourd'hui.
La coalition a été créée il y a environ trois ans, en 2004.
[Traduction]
Nous existons depuis 2004, environ, soit à peu près trois ans. Nos membres forment un groupe éclectique d'entreprises et d'autres entités.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous expliquer, dans le contexte de votre étude, le concept des maisons à bilan énergétique nul. Il existe, ici au Canada, d'énormes possibilités pour accroître la production d'énergie sur place et rehausser la conservation et le nombre de logements durables à long terme.
Quel est le rapport avec l'électricité verte? Je vais vous l'expliquer à l'aide de diapositives. Il semble y en avoir beaucoup; j'ai apporté beaucoup de photographies et d'illustrations afin que vous puissiez savoir ce qui existe à l'heure actuelle au Canada dans d'autres contextes en ce qui concerne les services publics d'électricité, l'utilisation de la charge, etc.
Comme je l'ai déjà mentionné, la coalition a été créée en 2004. Il s'agit d'un groupe éclectique qui croit qu'il est possible d'augmenter la production d'énergie renouvelable sur place, tout en reconnaissant que l'efficacité énergétique est la pierre d'assise la plus importante afin de généraliser l'utilisation des technologies vertes sur place.
Quelle est notre vision? Nous visons 2030 pour l'application générale du concept des maisons à bilan énergétique nul dans l'ensemble du pays. Nous visons cette date, car nous proposons de transformer le marché. Si nous commençons aujourd'hui — et il est urgent de le faire aujourd'hui —, il sera possible de généraliser l'application de ce concept dans le secteur résidentiel.
Nous avons choisi cette date cible, car c'est celle que se sont fixés d'autres pays, comme les États-Unis. Étant donné cette cible, il est important d'agir rapidement afin d'accélérer l'adoption de ce concept résidentiel et des technologies nécessaires pour atteindre notre objectif d'ici 2030.
Le concept des maisons à bilan énergétique nul n'est pas nouveau. Nous n'avons certainement pas réinventé la roue. Il s'agissait plutôt de promouvoir le concept d'une maison qui produit et consomme la même quantité d'énergie sur une période d'un an. Le principe est simple. La maison est reliée au réseau. Les résidents produisent leur propre électricité sur place et en achètent d'un service public au besoin. Toute énergie excédentaire produite sur place retourne au réseau.
Il est tout à fait possible de construire une maison à bilan énergétique nul — y compris le chauffage, le refroidissement et la charge électrique. En fait, cela se fait dans d'autres pays et il y en a même des exemples ici au Canada.
En matière d'électricité verte, il y a une chose, mesdames et messieurs, qu'il importe de ne pas oublier, soit l'importance d'optimiser l'enveloppe du bâtiment. Le fait est que les technologies de production d'énergie verte sur place coûtent cher, ce qui est un obstacle, et le restera pendant un certain temps. Cependant, si nous utilisons efficacement le levier de l'efficacité énergétique, en tenant compte de l'enveloppe du bâtiment, on peut parvenir à l'efficacité par rapport au coût de la production d'énergie sur place et d'autant plus rapidement, si l'on a bien conçu l'enveloppe du bâtiment.
En effet, lorsqu'on évoque l'efficacité énergétique dans une maison à bilan énergétique nul, nous parlons d'une maison qui répond au minimum à la norme R-2000. Pour ceux d'entre vous qui connaissent quelque chose à l'efficacité énergétique dans le parc de logements existant, R-2000 est une marque reconnue dont la cote ÉnerGuide se situe à environ 80 à 85 — 85 étant le niveau le plus élevé et 80 le minimum — et qui pourrait avoir un bilan énergétique nul.
Il y a un grand nombre de constructeurs qui construisent déjà ce genre de maisons. Il y a également les maisons Energy Star. L'idée est simple : pour ceux qui construisent déjà des maisons selon les normes Energy Star et R-2000, la prochaine étape, une fois l'enveloppe du bâtiment bien conçue, c'est de construire des maisons capables de produire sur place leur propre électricité ou leur propre énergie thermique.
À la diapositive suivante, lorsque je parle d'optimiser la maison, il y a un certain nombre d'étapes à suivre, notamment l'orientation de la maison pour permettre l'utilisation d'énergie solaire passive, dont l'importance ne doit pas être sous-estimée. Si les plans de la maison sont bien faits, optimisant l'énergie solaire passive et permettant l'installation de chauffe-eau solaire, on peut en fait réduire de 40, 50 ou 60 p. 100 les besoins énergétiques, la demande de charge électrique, pour le chauffer et même refroidir la maison.
Une fois qu'on conçoit l'enveloppe et la maison comme un système en vue d'optimiser la résidence, la prochaine étape à franchir, c'est la production d'électricité sur place.
En ce qui concerne le parc de logements, dans le document que j'ai fourni au comité, il y a des marques — Energy Star et R-2000. Il y a maintenant EQuilibrium, dont la SCHL vous reparlera. Cela vous donne une idée des maisons éconénergétiques dans le parc existant.
Je le répète, si l'efficacité énergétique de base d'une maison se situe entre 80 et 85 p. 100, la prochaine étape, c'est la production d'énergie sur place, comme l'énergie solaire, l'énergie photovoltaïque, des chauffe-eau solaires ou des systèmes géothermiques. Nous n'en sommes pas si loin maintenant. Nous sommes en fait à la veille de pouvoir encourager les constructeurs à franchir cette prochaine étape. Ils cherchent ce nouveau créneau sur le marché. Et il y a de nombreux constructeurs qui édifient des maisons Energy Star et R-2000. Nous essayons d'aider le secteur du bâtiment à franchir cette prochaine étape.
À l'une des diapositives suivantes, vous trouverez un schéma de toutes les options qui pourraient être intégrées dans une maison à bilan énergétique nul : chauffe-eau solaire, systèmes PV-thermiques, conservation, thermopompe solaire mécanisée. Il y a plusieurs choix.
Nous devons nous rappeler qu'ici et dans d'autres pays nous sommes engagés sur la voie des maisons à bilan énergétique nul. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Les choix illustrés dans ce schéma seront offerts aux constructeurs : la possibilité de produire de l'électricité et de l'énergie thermique au niveau résidentiel.
Je vous ai fourni une illustration des applications solaires. On y voit en un coup d'oeil les différentes applications solaires dans les maisons. Nous pourrons y revenir si vous le souhaitez, et expliquer un peu davantage l'énergie solaire et ses applications. Je vous ai fourni cette image ainsi qu'une image des applications géothermiques pour que vous vous fassiez une idée du fonctionnement de ces systèmes.
Je crois que vous avez entendu des représentants de la Coalition canadienne de l'énergie géothermique et de l'Association des industries solaires du Canada. Ces deux groupes sont membres de la coalition. Nous nous efforçons activement d'obtenir leurs conseils sur le moyen de généraliser le concept de ces maisons au moyen de technologies qui existent déjà et non pas de technologies futures.
Pourquoi nous intéressons-nous aux maisons à bilan énergétique nul et pourquoi la coalition existe-t-elle? J'en ai dit un mot tout à l'heure. Nous sommes un groupe d'entreprises et de visionnaires qui font la promotion de la production d'énergie sur place. Mais au bout du compte, la maison et l'automobile sont les deux outils qu'utilisent le plus les consommateurs et les contribuables. C'est là que nous passons tout notre temps et que nous dépensons toute notre énergie.
Si nous pouvons transformer la maison pour qu'elle produise de l'énergie au lieu d'uniquement en consommer, nous aurons fait les premiers pas vers la création de collectivités plus durables. Il faudra pour cela une modification de la politique ou de notre façon de penser à long terme sur la production et la consommation d'énergie dans notre pays. L'Europe, le Japon, d'autres pays asiatiques et des pays du monde entier ont emprunté cette nouvelle voie, et je pense qu'il est temps de les rattraper.
Au bout du compte, nous prévoyons qu'environ 200 000 nouvelles maisons par année consommeront en moyenne 25 kilowatts par jour. En gros, cette consommation représente près de 1 800 mégawatts de demande chaque année à l'égard de l'infrastructure énergétique en place.
À l'heure actuelle, l'Ontario a des problèmes avec son infrastructure énergétique. C'est vrai dans d'autres provinces aussi, pour diverses raisons. Que ce soit en raison du changement climatique ou à cause d'émissions atmosphériques, le fait est que nous devons nous adapter. Nous essayons de le faire, mais il y a des difficultés à surmonter. Dans une large mesure, cela dépend de la façon de consommer l'énergie dans le secteur résidentiel.
D'un point de vue environnemental — et je sais que ce n'est pas l'objectif de votre étude — mais du point de vue de la réduction des émissions, le parc immobilier actuel produit 10 mégatonnes de gaz à effet de serre par année. Si on ajoute 200 000 nouvelles maisons par année qui laisseront elles aussi leur empreinte sur l'environnement, cela veut dire que nous ajoutons une mégatonne par année à la facture de notre carte de crédit environnementale. Nous devons trouver le moyen de changer cela.
Comme je l'ai mentionné précédemment, d'autres pays adoptent de telles mesures, dont les Pays-Bas et le Japon. Dans le cas des États-Unis, notre pays voisin, on peut voir quelles sont les motivations à favoriser les maisons à bilan énergétique nul. Nous aimerions qu'une telle stratégie soit adoptée ici au Canada. On voit ici quelles sont ces raisons, de l'augmentation de 42 p. 100 du prix du gaz naturel à celle de 17 p. 100 du prix de l'électricité.
Aux États-Unis, il s'agit d'une question de sécurité énergétique. C'est également le cas au Canada. Mais si l'on regarde ce que les États-Unis ont réalisé jusqu'à maintenant, on peut se demander pourquoi nous ne leur avons pas emboîté le pas. Nous avons des sources d'énergie conventionnelle et nous avons la capacité et la technologie nécessaire pour construire ces maisons. Il faut simplement favoriser de tels projets.
Je vous ai fourni quelques diapositives de maisons qui se trouvent actuellement dans des localités à bilan énergétique nul. Comme je l'ai dit tout à l'heure, cela n'a rien de bien malin; cela se fait déjà. Reste à voir si le Canada sera capable de rattraper son retard.
Les diapositives suivantes vous donnent une idée de la demande aux heures de pointe et des réductions de celle-ci que ce genre de maisons peut avoir pour les services publiques et notre infrastructure énergétique.
Dans l'une de ces diapositives, on peut voir des exemples de ce qui se fait aux États-Unis. On peut voir dans un cas les heures de pointe en hiver, et dans l'autre, une heure de pointe en été. Que ce soit pour les heures de pointe en été ou celles de l'hiver, on peut constater, en consultant la légende, que dans les deux cas, à des moments différents du jour, les maisons à bilan énergétique nul représentent un avantage net pour le réseau énergétique lui-même.
Aux États-Unis, on utilise beaucoup d'électricité pour le chauffage et le refroidissement des locaux, de même qu'à des fins plus générales, des fins ponctuelles. Il y a donc une demande plus élevée dans la consommation d'électricité. Au Canada, qu'il s'agisse de maisons à bilan thermique nul ou à bilan énergétique nul, on pourrait obtenir des avantages semblables en ce qui concerne la réduction de la charge de pointe grâce à des maisons à bilan énergétique nul, d'un bout à l'autre du pays, en dépit des diverses conditions climatiques.
Je vais être aussi bref que je le peux, compte tenu qu'il ne me reste que quelques minutes. Je voudrais parler du contenu canadien. L'une des diapositives illustre la demande en électricité pour les fournisseurs de services publics canadiens. J'ai donné les chiffres de Milton Hydro, qui étaient intéressants. Ils ne portent pas sur la période de la panne d'électricité. La zone rouge représente la consommation de tous les consommateurs, et la zone grise, celle des clients commerciaux et industriels, à qui on reproche souvent d'être énergivores. En fait, vous remarquerez que, durant la panne d'électricité, les pointes se trouvent dans la zone rouge. Ce sont les consommateurs qui exigeaient le plus du réseau, à un moment où il y avait une pénurie grave.
Milton Hydro s'est joint à notre coalition pour essayer de réduire ces pointes, en espérant que nous pourrions trouver une solution à leurs problèmes en réduisant les charges de pointe. C'est pour cette raison que les services de distribution d'électricité ont aujourd'hui de tels problèmes et que des maisons à bilan énergétique nul pourraient beaucoup contribuer à réduire la charge de l'infrastructure, de la charge de demande, et il pourrait en outre y avoir différents modèles commerciaux à l'avenir.
En Alberta, à l'heure actuelle, Avalon Master Builder, pour lequel j'ai fourni quelques images, ainsi que les maisons à bilan énergétique nul Riverdale, à Edmonton, en Alberta, sont des exemples de maisons à bilan énergétique nul qui sont construites dans l'Ouest. Il y a des maisons de ce genre également en Ontario, dans le cadre de l'initiative de démonstration EQuilibrium de la SCHL.
Le fait est que nous sommes capables de construire ces maisons et qu'il s'en bâtit ou qu'il commence à s'en bâtir. Mais ce sont des exceptions. Elles ne se construisent pas suffisamment rapidement; elles ne font pas partie des possibilités qu'offrent actuellement les principaux constructeurs. Le but de notre coalition est de préconiser et de favoriser la construction d'un plus grand nombre de maisons de ce genre.
Marshall Homes est un autre exemple que je vous ai donné. Il s'agit d'un entrepreneur en construction de taille moyenne qui installe dans ses maisons des systèmes géothermiques. Je crois que la Coalition canadienne de l'énergie géothermique vous a fourni de l'information à ce sujet, mais je ne peux m'empêcher de répéter que ce constructeur, sans aucun incitatif à l'heure actuelle, a néanmoins entrepris d'installer ces systèmes dans ses maisons. Cela ne signifie pas que les incitatifs ne soient pas importants à cette étape, mais il existe déjà des constructeurs qui s'intéressent à la question et qui sont capables d'agir. Le marché évolue. Nous avons simplement besoin du soutien de l'ordre de gouvernement le plus pertinent — le fédéral, le provincial et le municipal — pour accélérer ces travaux et en faire une pratique courante sur le marché.
Pour conclure, voici ce que je veux proposer au comité. Il y a une diapositive dans laquelle vous trouverez des propositions à l'égard d'un cadre de mesures de soutien pour la construction de maisons à bilan énergétique nul.
Nous devons optimiser nos ressources. Nous possédons la capacité, comme je l'ai dit, mais nous devons intensifier la R-D. Il existe une demande pour des constructeurs qui possèdent de l'expérience à cet égard, et nous devons soutenir les constructeurs du moins au niveau provincial, dans certains aspects relatifs au code, à la main-d'oeuvre, aux compétences et à la formation. Je pense que les instances fédérales, provinciales et municipales peuvent toutes coopérer pour inciter l'industrie de la construction à s'intéresser davantage à ce genre de maisons et lui permettre d'améliorer sa capacité à cet égard.
Il faut certes appuyer financièrement la production sur place d'énergie, aspect qu'il ne faut pas sous-estimer. Il existe une lacune sur le plan de la stratégie fédérale en ce qui concerne la production sur place d'énergie. Rien n'est prévu pour appuyer la production sur place d'énergie sur le marché des maisons neuves. C'est, entre autres, ce que nous préconisons depuis longtemps.
Des mesures sont prévues pour le marché des rénovations écoénergétiques, mais si nous examinons de plus près les possibilités pour le marché des maisons neuves, nous pourrons accomplir ce qui se fait dans d'autres pays; c'est-à-dire qu'ils évitent d'accumuler chaque jour une dette environnementale résultant d'une empreinte écologique de plus en plus marquée provenant du marché résidentiel. Si nous pouvons contribuer à appuyer financièrement la production sur place d'énergie sur le marché des maisons neuves, cela représentera un important pas en avant. Il ne faut pas non plus oublier que nous n'essayons pas de changer d'étiquette ou de nous débarrasser de ce que nous savons déjà, car il existe des marques établies comme R-2000 et Energy Star. Nous devrions exploiter ces possibilités. Les constructeurs savent déjà comment construire de telles maisons. Nous n'essayons pas de changer ce à quoi ils sont habitués, mais nous essayons de miser sur leurs connaissances afin de leur permettre d'aller un peu plus loin et de leur offrir de l'aide qui leur permettra de profiter des possibilités et de laisser le marché décider de la meilleure façon d'accélérer la production sur place d'énergie.
J'aimerais aborder un dernier point. C'est une proposition que nous avons déjà faite, et nous espérons que les membres du comité la réexamineront. Il s'agit de la stratégie de déploiement. Un moyen simple que nous recommandons souvent, c'est le recours à l'abattement de la TPS. Il s'agit d'un instrument fiscal, mais je considère que son utilisation est simple. Dans le milieu de la construction des maisons neuves, on déduit 2,5 p. 100 de la TPS sur une maison neuve. Nous partons du principe que, s'il est possible de déduire 2,5 p. 100 de l'achat de maisons neuves, on pourrait accroître le recours à l'abattement de la TPS selon l'efficacité énergétique d'une maison ou la production sur place d'énergie. Donc, si l'abattement n'est pas de 2,5 p. 100, il pourrait être de 3,5 p. 100, selon la quantité d'énergie produite sur place ou le niveau d'efficacité énergétique de la maison qui est supérieur à la norme en vigueur.
Donc, de telles mesures, conjuguées à l'abattement de la TVP ou toute autre mesure fiscale, serait énormément avantageuses, compte tenu de l'objectif que nous visons, c'est-à-dire le déploiement de maisons à bilan énergétique nul d'ici 2030.
Je vous remercie, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je tiens à vous remercier, monsieur le président, de nous avoir invités à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je crois comprendre qu'à l'occasion de réunions précédentes, mes collègues de Ressources naturelles Canada vous ont déjà fourni un aperçu de l'approvisionnement en électricité et de la consommation de cette énergie au Canada, des responsabilités des gouvernements fédéral et provinciaux et de quelques-uns des programmes de soutien que le gouvernement fédéral met en oeuvre pour relever certains défis auxquels le secteur de l'électricité est exposé au Canada.
Aujourd'hui, j'aimerais donc axer mon intervention sur une partie du soutien supplémentaire que fournit la Société canadienne d'hypothèques et de logement afin de promouvoir les habitations et les collectivités durables au Canada. Si vous me le permettez, je commencerai par un bref survol de la SCHL, de son mandat et de ses secteurs d'activités.
La Société centrale d'hypothèques et de logement est une société d'État. Elle a été créée en 1946. Nous sommes restés la Société centrale d'hypothèques et de logement jusqu'à la fin des années 70. La société a été créée en 1946 afin de gérer la grave pénurie de logements à laquelle faisait face les combattants qui rentraient au pays et pour mettre en place un système de logement moderne. Au fil des ans, nous avons été fiers de jouer le rôle d'organisme national responsable de l'habitation au Canada.
À l'heure actuelle, la SCHL est présente dans quatre grands secteurs. Le premier est le financement de l'habitation. Grâce à ses activités d'assurance prêt hypothécaire et de titrisation, la SCHL fait en sorte que les Canadiens puissent avoir accès au crédit hypothécaire au coût le plus bas possible, et ce, peu importe leur lieu de résidence au Canada.
Le deuxième est l'aide au logement pour les Canadiens à faible revenu. Au nom du gouvernement fédéral, la SCHL, principalement en partenariat avec les provinces, vient en aide aux Canadiens à faible revenu qui n'ont pas, à eux seuls, les ressources nécessaires pour accéder au logement dont ils ont besoin.
Le troisième secteur est la recherche dans le domaine de l'habitation. En fournissant de l'information aux gouvernements, aux gens de l'industrie et aux consommateurs, la SCHL contribue à améliorer le fonctionnement des marchés de l'habitation et encourage la production de logements abordables de grande qualité.
Le quatrième est la promotion des exportations. La SCHL aide le secteur canadien de l'habitation à vendre ses produits et services à l'étranger.
Bien que mon propos portera principalement sur les efforts déployés par la SCHL pour favoriser les économies d'énergie grâce à son rôle de recherche et de diffusion de l'information, ces quatre secteurs d'activité ont tous un rôle à jouer. Par exemple, les emprunteurs qui font appel à l'assurance prêt hypothécaire de la SCHL peuvent obtenir un remboursement de 10 p. 100 de leurs primes d'assurance prêt hypothécaire lorsqu'ils achètent ou font construire une maison écoénergétique ou lorsqu'ils procèdent, sur une habitation existante, à des travaux de rénovation permettant de réaliser des économies d'énergie.
Grâce au Programme d'aide à la remise en état des logements de la SCHL, le PAREL, nous pouvons aider les ménages à faible revenu à mettre leur logement aux normes minimales de salubrité et de sécurité. Par la même occasion, ces réparations peuvent inclure des rénovations et des travaux de rattrapage qui permettent d'améliorer la performance énergétique du bâtiment.
Du côté des exportations, la SCHL, en partenariat avec RNCan, a contribué à transmettre à d'autres pays la technologie canadienne en matière d'efficacité énergétique pour les habitations. La maison Super E en est un très bon exemple en Grande Bretagne.
Passons maintenant à notre rôle de recherche et de diffusion de l'information. La SCHL possède un éventail de publications sur le logement et les collectivités durables, notamment en ce qui concerne le rattrapage éconénergétique, les techniques et la conception solaires passives, l'économie de l'eau à la maison, la consommation d'énergie des habitations non raccordées au réseau de distribution d'électricité et de nouveaux concepts de collectivités durables. Ces produits d'information sont utiles au secteur de l'habitation, aux gouvernements, aux consommateurs et à d'autres intervenants pour qui il est important de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne le logement.
Les projets de démonstration sont sans contredit la meilleure façon de procéder à une diffusion d'information. Au cours des années, nous en avons organisé un certain nombre, et l'expérience nous a appris que, lorsque les consommateurs peuvent voir ou toucher les innovations, il est beaucoup plus facile pour eux de les comprendre. Il s'ensuit que les consommateurs qui connaissent et comprennent le mieux une innovation seront plus enclins que les autres à l'exiger sur le marché.
J'aimerais dire quelques mots sur deux projets de démonstration qui visent à faire avancer l'efficacité énergétique dans les bâtiments résidentiels. Le premier a remporté un franc succès et le second, qui est très prometteur, vient tout juste de s'amorcer.
Le premier projet concernait la démonstration de notre maison saine, qui a débuté il y a 15 ans. Il se voulait la synthèse d'une large part des travaux de recherche que nous menons dans le domaine de la durabilité des ressources touchant l'habitation. La Maison saine de la SCHL était une initiative tout à fait innovante, car elle réalisait un équilibre entre la santé des occupants, l'efficacité énergétique, l'utilisation efficace des ressources, la responsabilité en matière d'environnement et l'abordabilité. Lors du Concours de modèles de maisons saines organisé par la SCHL, la société a montré au public et au secteur de l'habitation qu'il était possible de construire des maisons qui soient à la fois saine pour leurs occupants et pour l'environnement. C'est ainsi que la Maison saine de Toronto a été conçue pour être autosuffisante. Elle comporte des caractéristiques telles que des panneaux solaires, des fenêtres hautement efficaces, des appareils sanitaires à faible consommation d'eau, un système d'approvisionnement en eau potable ayant recours aux précipitations de pluie et une installation de traitement des eaux usées.
La SCHL prend maintenant appui sur les principes de la Maison saine, dans le cadre d'une seconde initiative d'envergure, EQuilibrium, lancée à l'automne 2005, pour faire la démonstration de la prochaine génération de maisons à la fois saines et durables sur le plan de l'environnement.
J'aimerais profiter de l'occasion pour reconnaître l'impulsion donnée à ce projet dès le départ par Gordon Shields de la Net-Zero Energy Home Coalition. Ils nous ont vraiment aidés à lancer cette initiative.
Cette initiative réunit les secteurs privé et public pour entreprendre la conception et la production de maisons très éconergétiques capables d'offrir un cadre de vie sain à leurs occupants, de produire autant d'énergie qu'elles en consomment annuellement et de réduire les impacts environnementaux sur l'air, l'eau et le sol. Les maisons EQuilibrium intègrent des dispositifs à énergie renouvelable vendus dans le commerce et aménagés sur place afin de pouvoir produire leur propre énergie verte et redistribuer de l'électricité au réseau.
En février dernier, le ministre des Ressources humaines et du Développement social, l'honorable Monte Solberg, qui est aussi le ministre responsable de la SCHL, a annoncé les douze équipes qui ont remporté le concours EQuilibrium. Chaque équipe lauréate recevra une aide financière de la SCHL pour compenser les coûts engagés, tels que ceux liés à la préparation de la documentation, aux essais en service et à la démonstration publique des maisons. La SCHL, qui fournit un soutien technique et promotionnel aux équipes, exercera un suivi et produira des rapports sur la performance des maisons. Les maisons de démonstration pourront être visitées par les Canadiens d'ici 2008 grâce à l'initiative EQuilibrium, les consommateurs canadiens seront plus au fait des choix dont ils disposent aujourd'hui sur le marché. En plus, ces propriétaires bénéficieront de frais d'énergie réduits.
Les feuillets que nous avons distribués renferment de l'information sur l'initiative EQ. Nous avons également inclus une bibliographie de certaines études et publications offertes par la SCHL. Je vous invite également à visiter notre site Web ou notre Centre canadien de documentation sur l'habitation, qui est la plus grande bibliothèque du Canada consacrée à l'habitation. Elle est située ici à Ottawa, au bureau national de la SCHL.
Je tiens à vous remercier à nouveau de nous avoir invités à venir vous parler. Je serai très heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Il me fait plaisir de prendre la parole pour traiter d'un domaine dans lequel, comme vous le savez, je fais office de vétéran.
Je vous trouve très courageux, et vous souhaite réellement beaucoup de succès dans vos projets. Vous avez dit plus tôt, monsieur Shields, que vous ne vouliez pas réinventer la roue. Dans le cas qui nous concerne tous, je pense que la roue tourne depuis longtemps, mais qu'elle ne soulève pas grand-chose au passage.
J'ai commencé à travailler dans le domaine de la maison énergétique en 1973. Vous savez que la SESCI, soit la Solar Energy Society of Canada Inc., a été fondée au début des années 1970. En 1984, on est allés voir une maison d'énergie zéro à Calgary. Ça fait donc une génération complète de cela. Ce n'est pas pour vanter ce qu'on faisait au Québec, mais il reste que dans les années 1970, on construisait des maisons d'énergie zéro. Après, il y a forcément eu des programmes intéressants qui ont permis de réduire l'énergie de 50 et 75 p. 100. On a tous participé à ça. Il y avait toujours 10 projets en cours de réalisation.
Dans votre document, vous parlez de 2030. Pourquoi ne pas parler de 2100? Ce serait peut-être tout aussi réaliste. Depuis 35 ans, on travaille dans ce domaine. Je ne suis pas seul à le faire: il y a entre autres l'Université de Toronto. Des gens de partout au Canada ont travaillé pour arriver à ce résultat. Or, on est toujours au même point.
M. St. Amand a demandé, avec raison, si d'autres pays s'y employaient. Il y en a d'autres, c'est certain. Au début des années 1980, j'ai visité des pays où il y avait partout des projets de ce genre. Je suis retourné par la suite et j'ai constaté que la Suède, la Norvège, le Danemark et même l'Espagne avaient pris de l'avance sur nous. Parmi tous ces pays, il y a également l'Allemagne et le Japon. Ce dernier a octroyé des fonds pour que des matériaux photovoltaïques et des capteurs solaires soient utilisés pour chauffer l'eau. Il y a des années, ce pays donnait de l'argent aux gens à de telles fins.
Comment se fait-il que nous en soyons encore au même point? C'est le sens de ma question, mais je ne suis pas encore prêt à entendre la réponse.
Mme Bell vous a demandé pourquoi on avait mis autant de temps pour en arriver à faire ce genre de choses alors qu'on possédait la connaissance requise. Pour ma part, je suis allé enseigner une technique canadienne de construction de maisons en Roumanie en 1984. J'y suis retourné au cours des années 1990. Ce n'est pas que nous ne connaissions pas la technique, donc par manque de connaissance. Ce n'est pas non plus que vous venez tout juste de découvrir que la maison d'énergie zéro est faisable. Vous le saviez alors que vous portiez encore des culottes courtes.
Aujourd'hui, on dit qu'on va construire 10 maisons de ce genre sur un total de 200 000. On en a construit 10 il y a 10, 20 ou 30 ans, mais on est toujours au même point. Les changements climatiques, par contre, augmentent à une vitesse incroyable. On ne réagit pas plus qu'on ne le faisait avant. Si vous m'aviez dit que 20 000 maisons d'énergie zéro seraient construites cette année, je me serais exclamé qu'il se faisait enfin quelque chose. Mais non, on va se limiter à 10 maisons.
Je vous pose donc la question suivante: pourquoi en est-on encore à 10 maisons? Pourquoi ne fait-on pas, comme M. Tong le mentionnait, des projets d'habitation collectifs en hauteur? Nous disposons de toute la technologie nécessaire pour le faire. Pourquoi ne le fait-on pas? Pourquoi ne construit-on pas des condos? La France n'est pas un pays d'avant-garde dans ce domaine, mais il reste qu'elle réalise des projets solaires et construit en même temps entre 2 000 et 3 000 logements solaires collectifs. Quant à nous, nous construisons de petites maisons isolées dans la prairie. Où est le problème? Pourriez-vous nous le dire?