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Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Je suis très heureux de m'entretenir avec vous aujourd'hui au nom de l'industrie albertaine des sables bitumineux.
J'aimerais vous présenter deux collègues qui se sont joints à nous pour la réunion. Mark Shaw est vice-président de la viabilité des sables bitumineux chez Suncor Energy, et Rob Seeley est vice-président du développement durable et des affaires réglementaires chez Albian Sands Energy.
Comme vous le savez, les répercussions économiques, écologiques et sociales de l'exploitation des sables bitumineux sont actuellement un grand sujet de discussion publique.
Nous avons été ravis d'accueillir votre comité hier à Fort McMurray, afin que vous puissiez voir de première main ce qui se passe dans les sables bitumineux. J'espère que vous avez apprécié votre visite à ce vaste gisement de sable pétrolifère de l'Alberta et, plus particulièrement, votre visite de Syncrude Canada.
Je crois savoir que vous avez également entendu sur ce sujet l'Association canadienne des producteurs pétroliers et l'Association minière du Canada. Je suis heureux de pouvoir compléter leurs interventions en vous apportant directement le point de vue des exploitants des sables bitumineux.
Comme vous l'avez vu à Fort McMurray, le niveau d'activité y est véritablement énorme, ce qui s'accompagne de nombreuses tensions. Mais nous considérons que les bienfaits produits par notre industrie l'emportent largement sur les difficultés rencontrées. Pour ne pas accaparer trop de temps, je vais limiter mon propos aujourd'hui aux contributions économiques et à la gérance de l'environnement.
Voyons d'abord les facteurs économiques. Comme vous le savez, les sables bitumineux sont une ressource bien particulière. Ils diffèrent des gisements de pétrole et de gaz conventionnels, tant du point de vue géologique que sur le plan de la mise en valeur et des méthodes d'extraction. C'est pourquoi le Groupe de travail national sur les stratégies de mise en valeur des sables bitumineux a proposé un régime de redevances générique tenant compte des particularités de l'investissement dans les sables pétrolifères et des conditions d'exploitation de ces derniers.
Parmi les principales différences on peut citer le fait que des dépenses d'équipement plus élevées sont nécessaires pour démarrer ou étendre un projet d'extraction de sable bitumineu que pour forer un puits de pétrole. C'est particulièrement vrai des mines à ciel ouvert et des installations de valorisation qui exigent des capitaux de l'ordre de plusieurs milliards de dollars. Je suis sûr que vous en avez eu un aperçu lors de votre visite hier.
Une fois les installations construites, les coûts d'exploitation unitaires sont également sensiblement plus élevés que pour le pétrole conventionnel et le gaz. Par ailleurs, le réinvestissement de maintien, pour garder en état ces installations complexes qui ont typiquement une durée de vie d'une cinquantaine d'années, est également plus élevé. En raison de la longévité de nos projets et des fluctuations de cours importantes qui peuvent se produire, nous sommes exposés à une plus forte variation du rendement économique sur la durée de vie d'un projet dans les sables bitumineux.
Le problème est encore aggravé par le fait que, une fois construite, une usine d'exploitation de sables bitumineux doit fonctionner en continu et ne peut être arrêtée en période de bas prix pétrolier. C'est même l'inverse qui est vrai. Lorsque les cours du pétrole chutent, nous cherchons à maximiser nos volumes afin d'abaisser le coût unitaire et tenter de maintenir un flux de trésorerie positif. Ainsi, les exploitations des sables bitumineux doivent adopter une perspective à long terme de la mise en valeur de la ressource.
Le régime de redevances générique tient compte de ces caractéristiques de l'exploitation des sables pétrolifères et assure un moyen terme juste et équitable entre le risque et la récompense. De fait, ce régime a été établi pour encourager la mise en valeur des sables bitumineux et surmonter les obstacles que représentent des frais d'investissement élevés face à un régime fiscal incertain à long terme. Il a fallu attendre près de dix ans pour commencer à attirer ces gros investissements. Je pense qu'il nous faut maintenir ce régime fiscal stable, sinon la confiance des financiers sera certainement ébranlée.
Nous avons conscience que l'exploitation de ces gisements présente de nombreuses difficultés. Les deux plus pressantes à ce stade sont certainement la disponibilité de main-d'oeuvre et de matériaux. Ces défis vont déterminer le rythme du développement. Si les promoteurs des projets ne trouvent pas la main-d'oeuvre, le matériel et les services dont ils ont besoin, ils prendront volontairement les mesures appropriées pour gérer cette situation. De fait, il est déjà apparent que tel est le cas. C'est pourquoi nous pensons que l'économie de marché devrait prévaloir.
Pour expliquer un peu ce phénomène, plus la pénurie de main-d'oeuvre grandit et plus le coût du travail augmente et plus le coût du matériel augmente. Tout cela influence l'évaluation économique des projets. Lorsque ces prix sont à la hausse, les promoteurs tendent à attendre plus longtemps avant de prendre leurs décisions. Nous avons déjà vu reculer l'échéance de certains projets, ce qui montre bien que le marché fonctionne, et si le cours du pétrole brut devait chuter et que ces coûts continuaient à augmenter, alors ces décisions seraient prises en fonction de l'évaluation économique du moment.
Le gouvernement de l'Alberta touche des redevances conformément à un barème double, selon que les investissements sont amortis ou non. Actuellement, plus de 50 p. 100 des projets en production paient la redevance au taux supérieur. En 2005, le gouvernement albertain a perçu environ 827 millions de dollars de redevances sur l'exploitation des sables bitumineux. Ce chiffre va plus que doubler pour atteindre le montant estimatif de 1,8 milliard de dollars en 2006. Plusieurs grands projets, dont l'expansion UE1 de Syncrude, que vous avez visité hier, et le projet Millennium Cogeneration Project de Suncor ont commencé à payer le taux plein.
La contribution sous forme de redevances versée par l'industrie à la population albertaine continuera de grimper en flèche au cours des prochaines années, au fur et à mesure que davantage de projets d'exploitation des sables bitumineux commenceront à produire.
En sus des redevances, les pouvoirs publics prélèvent des impôts sur le revenu auprès des sociétés pétrolières et de leurs employés. Si l'on établit des projections pour 2008, en posant l'hypothèse que le prix du pétrole brut sera de 50 $US le baril, les redevances pour cette période atteindraient 2 milliards de dollars. L'Alberta touchera presque 1 milliard de dollars supplémentaire sous forme d'impôt sur le revenu des sociétés, pour un total de 3 milliards de dollars que la province encaissera au titre des redevances et de l'impôt sur le revenu des sociétés. En outre, le gouvernement fédéral aura aussi de jolies rentrées fiscales, avec un prélèvement même encore supérieur à celui de l'Alberta.
À plus long terme, nous prévoyons que le gouvernement fédéral encaissera entre 5 et 7 milliards de dollars par an sous forme d'impôts et de redevances d'ici 2015. Par conséquent, toute comparaison avec les régimes de redevances d'autres pays doit tenir compte des particularités de la mise en valeur des sables bitumineux et de l'avantage financier total retiré par les pouvoirs publics sur la durée de vie de ces projets. Il faut prendre en considération également la croissance directe et indirecte de l'activité économique et des emplois engendrés par les sables bitumineux. En 2005, par exemple, les 8 milliards de dollars investis dans les sables pétrolifères ont créé des emplois et stabilisé et stimulé l'activité économique d'un bout à l'autre du pays.
Notre industrie prévoit que les dépenses d'immobilisations au cours des cinq prochaines années vont se situer annuellement entre 8 et 12 milliards de dollars, pour un total d'environ 54 milliards de dollars. Mais surtout, ce chiffre ne comprend pas les milliards supplémentaires qui seront dépensés en réinvestissements de maintien et frais de fonctionnement une fois que ces installations commenceront à produire, après la période de construction.
Environ 0,40 $ sur chaque dollar dépensé par un promoteur des sables bitumineux aboutit en dehors des frontières de l'Alberta, et cela constitue une contribution considérable à l'économie canadienne. Cela signifie qu'en fin de compte tous les Canadiens bénéficient de la mise en valeur des sables bitumineux par le biais de la création d'emplois et de l'activité de fabrication. Cet effet de propagation a été confirmé par le Canadian Energy Research Institute ainsi que par des études d'experts indépendants.
Aujourd'hui, il est évident aux yeux de tous les Canadiens que les sables bitumineux produisent des milliers d'emplois dans tous les domaines, depuis les métiers jusqu'aux professions libérales et techniques, et si les activités de fabrication sont concentrées principalement dans la région d'Edmonton, d'autres régions du Canada en bénéficient par le biais de la sous-traitance. Regardez le nombre de vols directs qui ont été ajoutés entre Fort McMurray et d'autres régions du Canada ces dernières années pour jauger l'impact économique des sables bitumineux à l'échelle de tout le pays.
Nous calculons que les 54 milliards de dollars d'investissement projeté au cours des cinq prochaines années créeront 26 000 emplois directs d'ici 2011. Les études montrent que pour chaque emploi direct, trois emplois sont créés dans les secteurs des services et de soutien, pour un total de 100 000 emplois créés.
Notre industrie établit des projections très détaillées de dépenses et de création d'emplois. Les sociétés exploitantes participent à des enquêtes de façon à nous permettre d'établir des prévisions d'activité et elles fournissent des renseignements hautement détaillés qui sont ensuite communiqués aux autorités locales et provinciales afin de faciliter leur planification. Nulle part ailleurs au Canada n'effectue-t-on des projections aussi complètes, accompagnées d'une analyse des retombées socio-économiques potentielles et des avantages au niveau de la région, de la province et du pays tout entier.
Ayant situé le contexte et présenté un certain nombre de faits concernant la mise en valeur des sables bitumineux, permettez-moi d'esquisser maintenant la vision d'avenir de notre industrie. Nous avons devant notre porte une énorme abondance de ressources et d'opportunités qui peuvent être et doivent être exploitées de manière responsable pour le bénéfice de tous les Canadiens. Cela exige la collaboration entre les pouvoirs publics, l'industrie et les collectivités locales si l'on veut que cette mise en valeur soit respectueuse de l'environnement et génère un héritage positif à transmettre aux générations futures.
Notre vision pour le Canada est celle d'un avenir économique solide, la mise en valeur des sables bitumineux étant l'un des piliers de cet avenir. Nous voyons également un pays à la fine pointe de l'innovation, du progrès technologique et de la protection de l'environnement. Grâce à l'investissement et à la recherche-développement, l'industrie et les pouvoirs publics peuvent continuer à ouvrir la voie, avec une industrie des sables bitumineux viable ne relâchant jamais ses efforts d'atténuation de la pollution et de conservation de l'environnement.
Ces innovations contribueront sans aucun doute à développer l'exploitation des sables bitumineux, mais elles stimuleront aussi d'autres projets d'un intérêt social plus large. À cet égard, j'aimerais souligner le travail de l'Alberta Chamber of Resources qui a réellement fait un excellent travail et esquissé une vision technologique dans sa feuille de route pour la technologie des sables bitumineux. Cette feuille de route décrit les nombreux défis internes et externes à relever pour réaliser la vision de croissance de l'industrie d'une manière qui soit économiquement, écologiquement et socialement responsable. Elle souligne qu'il faudra des investissements soutenus et résolus dans le développement technologique de l'industrie et que les pouvoirs publics et le secteur privé doivent élaborer de concert une stratégie à long terme. Alors que de nombreuses avancées ont déjà été réalisées au niveau de la recherche-développement et des pratiques opérationnelles, il faut continuer à recherche des approches nouvelles et focaliser avec diligence sur cette tâche.
Je pourrais vous citer maints exemples d'améliorations des procédés d'exploitation qui sont favorables à l'environnement et ont été obtenues grâce à la recherche-développement, mais ce n'est pas pour cela que nous sommes ici aujourd'hui. Nous sommes venus pour parler de la façon de mettre en valeur les sables bitumineux d'une manière responsable, d'une manière respectueuse de l'environnement et d'une manière qui protège aussi les avantages économiques considérables que l'on peut dériver de l'exploitation de cette ressource.
Tout cela pour dire que nous savons quels sont nos défis environnementaux et que nous sommes résolus à les confronter, ce que nous le faisons déjà, qu'il s'agisse de la consommation d'eau, de la consommation d'énergie, de la gestion des résidus, de la remise en état des terrains, de la qualité de l'air, des émissions de gaz à effet de serre ou d'autres enjeux. De fait, tout comme le développement technologique a été le moteur de la rentabilisation de l'exploitation des sables bitumineux au cours des 40 premières années, le développement technologique coopératif sera la clé qui nous aidera à trouver également les solutions aux problèmes environnementaux.
Au cours de la dernière dizaine d'années, beaucoup de coordination et de travail de R-D a été effectué dans des organisations comme le Canadian Oil Sands Network for Research and Development, la Petroleum Technology Alliance Canada, le Centre de la technologie de l'énergie de CANMET, près d'Edmonton, l'Alberta Energy Research Institute, l'Alberta Research Council, le Conseil national de recherche, ici à Ottawa, et diverses universités. Cela montre que la recherche d'une approche nouvelle du développement technologique ne part pas de zéro. Il existe déjà une importante base de connaissances.
Effectivement, il existe déjà une excellente base de recherches qui pourra être mise à profit si l'industrie joue un rôle éminent au niveau du financement et de la promotion de la recherche-développement, avec l'appui de nos gouvernements et des instituts de recherche. La coopération facilitera le financement à long terme et produira des solutions plus complètes et plus efficaces. Certes, c'est là un domaine encore relativement inexploré mais je pense qu'il n'est pas utopique de croire que les solutions existent. Nous avons accumulé une grande somme de connaissances scientifiques qui n'existaient pas lorsque l'usine de Syncrude a ouvert ses portes.
Ainsi donc, puisque le pétrole brut restera une source d'énergie primordiale dans l'avenir prévisible et puisque nous avons cette vaste ressource sous la main, nous devrions utiliser l'exploitation des sables bitumineux comme la passerelle entre l'ère des hydrocarbures et les formes d'énergie futures — et nous devons en récolter les fruits tant que nous le pouvons, car sinon l'occasion sera perdue à tout jamais.
En conclusion, permettez-moi de souligner de nouveau la possibilité offerte à l'industrie, aux pouvoirs publics et aux divers centres de recherche-développement de redoubler nos efforts de R-D, de coordonner un vaste programme de développement technologique et de produire les résultats que nous souhaitons tous. Nous faisons beaucoup de bonnes choses à l'heure actuelle, mais nous pouvons faire mieux et nous reconnaissons que notre licence d'exploitation nous est accordée par la société. Aussi, sachons reconnaître le long chemin déjà parcouru vers une industrie des sables bitumineux plus écologiques. Mettons à profit le travail déjà accompli et les structures de R-D coopératives déjà en place pour consacrer les ressources voulues à la recherche de solutions à ces problèmes ardus. De toute évidence, ce sera une entreprise commune de l'industrie, des pouvoirs publics et de la société qui exigera une engagement résolu de la part de tous. Qui cherche, très certainement, trouve.
Pour toutes ces raisons, monsieur le président, nous considérons que les sables bitumineux peuvent être mis en valeur d'une manière compatible avec l'intérêt public. Nous sommes convaincus que cette ressource peut apporter des bienfaits importants et durables à tous les citoyens du Canada et que les problèmes peuvent être gérés de manière responsable et appropriée pourvu que tous les intervenants en aient la volonté.
Là-dessus, je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Je serai très bref aujourd'hui. Je ne vais pas accaparer beaucoup de votre temps.
Je suis Tony Clarke et je représente l'Institut Polaris. De concert avec le Parkland Institute, en Alberta, et le Centre canadien de politiques alternatives, nous nous occupons de suivre et d'observer l'évolution de la situation dans les sables bitumineux, les sables pétrolifères de l'Alberta.
Nous avons récemment effectué une étude sur ce sujet et publié un rapport, intitulé Fuelling Fortress America, qui traite des sables bitumineux de l'Athabasca et des répercussions sur la politique énergétique canadienne. Ce travail a été effectué par plusieurs petites équipes qui se déplaçaient et dialoguaient avec différentes personnes travaillant dans le secteur, et aussi avec des Autochtones, des écologistes et divers groupes de la société en général.
Nous avons ainsi réuni un certain nombre d'observations, que je vais résumer brièvement pour vous aujourd'hui, avant de formuler quelques recommandations et propositions pour l'avenir.
Je veux concentrer mon propos — en dépit des excellentes remarques que l'industrie elle-même vient de nous faire — sur la profonde inquiétude qui règne face au caractère désordonné du développement en cours. De façon générale, des permis d'exploitation sont accordés un peu partout sans qu'il existe un ensemble clair de critères ou un modèle clair de développement. Toute cette question de la cohérence, tant au niveau des critères que du modèle de développement, est un sujet de grande inquiétude. Il est impératif de maîtriser l'exploitation effrénée de cette ressource à laquelle on assiste aujourd'hui. Voilà un premier point.
Deuxièmement, il nous faut bien réaliser qu'il s'agit là de la forme de production pétrolière la plus sale qui soit. Il s'agit donc d'examiner de très près les répercussions environnementales et bien cerner les coûts environnementaux ou écologiques à long terme.
À cet égard, nous avons jugé nécessaire d'aborder un certain nombre de sujets, dont je ne couvrirai ici que quelques-uns. Le premier est celui des émissions de gaz à effet de serre.
Je pense que tout le monde réalise que lorsque nous parlons de sables pétrolifères ou bitumineux, nous parlons de la production de carbone et de la production d'émissions de gaz à effet de serre, qui sont trois fois supérieures à celles du pétrole conventionnel et du gaz. C'est un aspect qui mérite en toute circonstance une sérieuse réflexion, mais surtout dans le climat actuel.
Cela met en jeu très directement tout le rôle international du Canada. Le fait que nous soyons incapable de tenir nos engagements de Kyoto — ou même de seulement nous en approcher — est gravement préoccupant aux yeux de beaucoup de Canadiens du point de vue des conséquences, dès à présent, de la mise en valeur des sables bitumineux et pétrolifères.
La réalité est que, selon l'Office national de l'énergie, pour chaque baril de brut synthétique extrait des sables bitumineux, quelque 125 kilogrammes de dioxyde de carbone sont dégagés dans l'atmosphère. Les sables bitumineux de l'Athabasca seront le plus gros contributeur aux émissions de gaz à effet de serre du Canada d'ici 2010. Selon un rapport du Natural Resources Defence Council et du Sierra Club du Canada de 2002, les émissions de gaz à effet de serre canadiennes vont atteindre 827 millions de tonnes en 2010. C'est un chiffre supérieur de 44 p. 100 à ce que le protocole de Kyoto autorise au Canada.
Ce sont toutes là des dimensions qu'il importe d'examiner très sérieusement, à mon avis. Le fait qu'il n'y ait pas d'objectifs précis relatifs aux émissions de gaz à effet de serre en provenance des sables bitumineux même et le fait que nous ne possédons toujours pas les technologies qui vont nous aider à réduire sensiblement ces émissions suscitent de profondes interrogations. Je pense que votre comité en particulier et le gouvernement fédéral dans son ensemble doivent assumer pleinement la responsabilité d'agir face à ces problèmes.
Le deuxième aspect, c'est la consommation et la contamination de l'eau. Là encore, je pense que l'on a largement négligé le fait que la production de pétrole à partir des sables bitumineux, tant par extraction en surface que par séparation du pétrole et du bitume en profondeur, exige une grande quantité d'eau douce. Vous en avez probablement vu des exemples au cours de votre visite à Fort McMurray.
Il ne faut pas perdre de vue que, selon nos études et estimations et différentes enquêtes à ce sujet, il faut entre 4,5 et sept barils d'eau pour produire un baril de pétrole brut à partir des sables bitumineux. Il y a là une énorme disproportion, surtout dans une région quelque peu fragile du point de vue des sources d'eau futures. Si l'on considère l'Alberta dans son entier, 37 p. 100 de toutes les sources d'eau douce de l'Alberta ont été allouées à la production de pétrole et de gaz. Pour ce qui est du bassin de la rivière Athabasca lui-même, plus de 66 p. 100 de son eau a été alloué à la seule exploitation des sables bitumineux.
Il faut penser cela à la lumière de la pénurie d'eau dans les Prairies que les spécialistes nous annoncent. David Schindler a mis en évidence l'ampleur de la baisse des niveaux dans la Saskatchewan, l'Athabasca, la Bow et d'autres rivières tout au long du XXe siècle. Ces niveaux ne cessent de baisser. La fonte des glaciers de l'Arctique, qui se répercute, par exemple, sur l'alimentation de la rivière Bow, constitue un sérieux avertissement pour l'avenir du point de vue de la disponibilité et de la demande d'eau.
Je pense qu'il s'agit de regarder cela de très près et de comprendre ce qui se passe. Encore une fois, les solutions technologiques semblent absentes, à moins que l'on trouve de nouvelles façon de raffiner les sables bitumineux qui puissent surmonter les problèmes majeurs que sont la consommation et la contamination de l'eau. En ce qui concerne la contamination, les étangs de résidus qui ont été formés — et qui couvrent, je crois, de l'ordre de 15 kilomètres carrés — se transforment en énormes lacs composés de liquide qui n'est pas vraiment réutilisable ou qui n'est pas transformé et épuré de façon à pouvoir être utilisé comme eau à long terme. Je sais que les compagnies tentent différentes choses à cet égard, mais je veux souligner que la contamination des eaux déjà utilisées présente quelques sérieuses difficultés.
Le troisième point sur lequel j'aimerais attirer votre attention est le fait que nous sommes à un moment de transition, à mon sens, pour ce qui est de l'énergie et de l'avenir énergétique. Avec les sables bitumineux et pétrolifères, la question n'est pas seulement de savoir quelle sorte de réserves pétrolières et gazières nous avons pour l'avenir; il faut regarder de près ce qui se profile à l'horizon sur le plan d'aspects tels que le pic pétrolier lui-même.
Je pense que beaucoup de régions du monde commencent à en prendre conscience. Elles réalisent qu'il faut procéder à une grande transformation. Si vous allez en Suède et dans d'autres pays d'Europe, vous y voyez à l'oeuvre des stratégies très claires de recours à des énergies alternatives. Sans vouloir faire de jeu de mots, nous allons nous cacher la tête dans le sable si nous ne mettons pas à profit ce moment et ne commençons pas à opérer la transition vers des énergies de remplacement.
Par-là j'entends simplement qu'il nous faut une nouvelle stratégie énergétique qui soit tournée vers l'avenir et commence à planifier en prévision du fait que, même si les sables bitumineux représentent aujourd'hui le grand espoir des États-Unis, ce n'est pas un grand espoir qui va durer toujours. À moins de mettre en marche quelques véritables mutations, nous allons nous retrouver en difficulté nous-mêmes, ne serait-ce parce que nous exportons vers les États-Unis tellement de pétrole produit à partir des sables pétrolifères et bitumineux.
Nos réserves en pétrole conventionnel et en gaz naturel sont passées en dessous du niveau de 10 p. 100. Si la consommation de gaz naturel pour exploiter les sables bitumineux se poursuit au rythme actuel, nous allons être confrontés à une pénurie de gaz naturel encore plus grande. Nous devons en prendre conscience et réaliser qu'il nous faut planifier bien davantage pour les 20 à 25 prochaines années et pour le type de transition vers les énergies de remplacement renouvelables qui va devenir indispensable.
Il nous faut aussi regarder de près les facteurs qui nous propulsent dans cette direction. Nous avons abandonné la politique qui exigeait de garder intactes 25 p. 100 de nos réserves de pétrole et de gaz. Nous sommes passés bien en dessous de ce niveau — et il s'agit là des réserves conventionnelles. En outre, l'Accord de libre-échange nord-américain comporte une clause de partage proportionnel et si nous contingentions ou interdisions les exportations de pétrole ou de gaz pour assurer notre propre sécurité énergétique, nous nous exposerions à des représailles économiques et juridiques sérieuses.
C'est pourquoi je pense qu'il nous faut réellement faire le point de la situation aujourd'hui, déterminer quelles modifications il nous faut apporter aux instruments politiques actuels et voir comment progresser avec la formulation d'une stratégie et d'une politique énergétique proprement canadiennes.
Comme nous l'indiquons dans notre rapport, nous jugeons essentiel à ce stade de nous donner l'espace voulu pour élaborer ce type de stratégies d'avenir. À cette fin, il faudrait imposer un moratoire au nouveau projet d'exploitation des sables bitumineux — sans toucher aux projets en cours, mais en suspendant l'octroi de nouveaux permis et l'expansion des installations d'exploitation actuelles — afin de nous donner le temps voulu pour prendre les décisions raisonnables et réfléchies qui s'imposent concernant cette ressource précieuse et les répercussions pour l'environnement et la société dans son ensemble.
Nous appelons donc à un moratoire et, dans ce contexte, cela signifie nous donner le temps et l'espace pour formuler la stratégie et la politique énergétiques pour le Canada dont nous avons désespérément besoin.
Merci.
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Permettez-moi de commencer par dire plusieurs choses.
Premièrement, notre industrie travaille déjà avec grande diligence pour tenter de réduire nos émissions par baril de pétrole produit. Nous le faisons tous depuis des années, depuis que je travaille dans cette industrie. C'est même l'une des choses qui a rendu cette production compétitive, car il en coûte de l'argent de consommer de l'énergie, que ce soit pour fabriquer du pétrole, faire rouler votre voiture ou tout ce que vous voudrez.
Nous avons réduit l'énergie consommée par baril. De fait, si vous regardez ce que l'industrie a accompli depuis 1990, nous avons réduit cette consommation de 17 p. 100 par unité de production. Nous pensons qu'à l'avenir, nous aurons une autre baisse de 17 p. 100 d'ici 2010-2012. Cela fera donc une réduction de 30 p. 100 par unité de production.
Nous l'avons fait grâce à des technologies nouvelles. Vous en avez vu une partie à l'oeuvre hier, avec le procédé qui consiste à mélanger le sable pétrolifère à de l'eau pour l'acheminer par pipeline jusqu'à l'usine d'extraction. Nous avons pu ainsi réduire le coût de transport du sable pétrolifère à l'usine d'extraction.
Nous avons réussi également à diminuer la température de traitement. Nous sommes descendus de 80 degrés centigrade à environ 40 degrés. Cela nous a permis de réduire d'environ 40 p. 100 l'apport d'énergie par baril de bitume extrait du sable.
C'est une façon de faire les choses. Nous continuons de rechercher d'autres moyens de réduire l'énergie consommée.
Pour ce qui est de la séquestration, nous y voyons là une méthode prometteuse. L'industrie travaille depuis déjà quelque temps, en collaboration avec le gouvernement provincial de l'Alberta, par l'intermédiaire de l'Alberta Chamber of Resources, à un procédé permettant de capter le CO2 presque pur que nous produisons dans les sables bitumineux.
Il provient principalement de nos usines d'hydrogène, car notre méthode, en gros, consiste à prendre du gaz naturel, du CH4 ou méthane, et à le convertir en hydrogène, que nous ajoutons ensuite au pétrole. Nous le vendons d'ailleurs à un prix beaucoup plus élevé que la valeur du gaz naturel. C'est là de la fabrication secondaire, et même tertiaire, peut-on arguer.
Ce faisant, nous produisons beaucoup de dioxyde de carbone. Celui-ci peut être utilisé pour la récupération assistée de pétrole. La difficulté réside dans le coût du transport de Fort McMurray jusqu'aux gisements conventionnels de Swan Hills ou d'ailleurs dans le sud de l'Alberta, là où l'on emploie les techniques de récupération assistée des hydrocarbures.
Nous y voyons une méthode prometteuse. Il faudrait trouver une façon d'aligner les facteurs économiques. Si l'on pouvait récupérer et convertir pour ce transport un vieil oléoduc utilisé à d'autres fins, et si l'on pouvait revoir le barème des redevances versées sur le pétrole brut conventionnel afin de stimuler la récupération, nous pensons qu'il y aurait une réelle perspective d'aboutir.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup pour votre présentation.
J'ai apprécié la visite à la compagnie Syncrude, à Fort McMurray. J'y ai beaucoup appris, mais j'en suis ressortie avec en tête un bon nombre de questions.
On lit tous les jours dans les journaux que l'enjeu planétaire actuel, soit les changements climatiques et leurs effets sur l'ensemble de la planète, est important. Comme parlementaires et élus, nous nous devons d'adopter une approche, dans le cadre de l'étude que nous faisons sur les sables bitumineux, non pas de courte vue mais qui tient compte des 30 prochaines années. On doit se demander, compte tenu de tout ce qui se développe actuellement en Alberta, ce qui va se passer au Québec, dans les autres provinces et au Canada.
L'Alberta peut choisir de risquer que ses eaux souterraines soient contaminées ou décider de faire couper ses arbres: ce sont là des domaines de compétence qui lui appartiennent. Par contre, ce qui touche tout le monde, partout au Canada et sur la planète, ce sont les gaz à effet de serre libérés dans l'atmosphère.
Une représentante de Shell Canada, qui s'appelait Janet, je crois, nous a dit que la technologie de captation et de séquestration du CO2 existait déjà, mais qu'on ne la mettait pas en application parce qu'elle n'était pas économique. Elle a dit également que selon elle, cette technologie pourrait être opérante aux environs de 2012.
J'aimerais, il va sans dire, que vous m'expliquiez exactement ce que cette dame impliquait quand elle disait que cette technologie n'était pas économique. Quand on pense aux profits des pétrolières qui exploitent les sables bitumineux, on est quelque peu choqués, en tant que contribuables, d'entendre dire qu'une technologie qui permettrait de réduire considérablement les gaz à effet de serre n'est pas utilisée parce qu'elle n'est pas économique.
M. Seeley pourrait peut-être répondre à ma question.
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Merci. Si vous le permettez, je vais répondre en anglais.
[Traduction]
En ce qui concerne la technologie de captation du carbone, comme M. Shaw l'a déjà expliqué, il est possible de capter le dioxyde de carbone émis par nos installations de valorisation, ce dont M. Carter a parlé également. Lorsque nous extrayons des sables bitumineux, nous obtenons du bitume brut que nous devons ensuite valoriser lors d'une opération secondaire au cours de laquelle nous ajoutons de l'hydrogène pour effectuer le craquage du matériau brut et obtenir du pétrole brut synthétique léger qui est ensuite vendu sur les marchés au Canada et aux États-Unis.
C'est dans ces usines de valorisation que nous pouvons capter le dioxyde de carbone libéré lors de la fabrication d'hydrogène. Différents exploitants utilisent différents procédés. Je sais que Suncor et Syncrude ont installé leurs usines de valorisation sur le site de leurs mines de Fort McMurray. Shell, pour sa part, a construit la sienne à Fort Saskatchewan, près d'Edmonton. Nous avons donc séparé l'usine de valorisation de la mine. Notre installation est à Fort Saskatchewan, juste en périphérie d'Edmonton. Si nous captons le CO2 dans notre usine d'Edmonton, il sera très proche des points de séquestration du centre de l'Alberta, soit les gisements de Pembina et Swan Hills qui commencent à s'épuiser. Il existe donc la possibilité de capter le CO2, de le transporter par pipeline et de l'injecter. Cependant, la captation du CO2 coûte très cher. Il nous faudrait dépenser des centaines de millions de dollars pour construire l'infrastructure de captage et encore des centaines de millions de dollars pour les conduites d'acheminement jusqu'aux gisements, où il pourrait être soit injecté soit vendu à des tierces parties aux fins de la récupération assistée de pétrole. À l'évidence, bien que la technologie existe, Shell ne va pas la mettre en oeuvre et se désavantager par rapport à ses concurrents qui choisissent de ne pas le faire, pour de bonnes raisons qui leur sont propres.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre de cette technologie et de la construction de l'infrastructure, deux solutions existent. L'une consiste à constituer un partenariat pour l'investissement infrastructurel — la construction des pipelines reliant les installations de valorisation, qu'elles soient situées à Fort McMurray ou à Fort Saskatchewan, et les gisements. Donc, la création de partenariats pour construire l'infrastructure est une option.
Deuxièmement, si le gouvernement adopte des règlements relatifs aux gaz à effet de serre, il devrait envisager ce que nous appelons les mécanismes du marché. La réglementation devra être appropriée mais, tous comptes faits, je crois que l'industrie préférerait ce que nous appelons des mécanismes de marché comportant le commerce de droits d'émission, de telle façon que les réductions de CO2 émis seraient considérées comme des compensations. C'est une autre façon de financer ce type d'investissement.
Relativement aux gaz à effet de serre, nous rechercherons un régime fiscal stable qui autorise des investissements majeurs. Car se seront également de lourds investissements. En l'absence d'encouragementx ou d'une réglementation équitable pour tous, l'industrie ne les effectuera pas volontairement. car ce serait nous défavoriser par rapport à notre concurrence, qui se trouve être le brut importé en Amérique du Nord, comme je l'ai mentionné. Notre production se substitue au brut importé, et nous serions donc défavorisés par rapport à nos concurrents.
Quelles seraient les conséquences pour le Canada si nous cessions d'exploiter les sables bitumineux? Mettons les choses ainsi, et je comprends bien ce qui motive votre question. Cette année, pour la première fois — je crois que c'est plutôt la deuxième année maintenant — la production de pétrole provenant des sables bitumineux dépassera la production de pétrole brut conventionnel au Canada. Nous serons à environ 1,2 million de barils par jour cette année, comparé à environ 985 000 barils de pétrole brut conventionnel. Ce qui se passe, c'est que le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien voit sa production décliner et les sables bitumineux comblent la différence. Il se passe la même chose aux États-Unis, et c'est pourquoi nous avons cette possibilité d'exporter du pétrole brut.
Si nous n'avions pas eu la prévoyance... Et d'ailleurs, je fais remarquer que c'est là une réussite éclatante du Canada. Nous parlons ici de recherche-développement effectuée ici même, au Canada. Ce sont des inventions de notre cru qui permettent d'extraire le bitume du sable et de le transformer en un produit viable qui soit commercialisable sur le marché. Si nous n'avions pas commencé tout ce travail il y a 30 ans, nous serions dans de beaux draps du point de vue de notre approvisionnement en pétrole brut.
Notre société, Syncrude, produit aujourd'hui à elle seule plus de 15 p. 100 des besoins de brut du Canada, et nos amis un peu plus loin dans la rue, Suncor, que Mark représente, fournissent entre 13 et 14 p. 100. Shell commence aussi à occuper une bonne place. Nous arrivons juste à point nommé, réellement, pour notre consommation énergétique.
Nous avons eu la visite dans les sables pétrolifères en juin dernier, il y a un peu plus d'un an, de John Snow, le secrétaire du Trésor des États-Unis. Nous lui avons fait survoler l'installation que vous avez vous-même visitée. Il est descendu de l'hélicoptère, s'est tourné vers moi et m'a dit : « Jim, ce que vous avez réalisé au Canada, ce que vous les Canadiens avez accompli ici, est quelque chose de fantastique. Vous avez continué, vous avez persévéré. Vous avez trouvé la façon d'extraire le pétrole de ce sable et de le transformer en une ressource commercialisable et nous n'avons rien fait de pareil aux États-Unis. Nous avions nos schistes bitumineux au Colorado, nous y réfléchissions au début des années 80, et nous les avons abandonnés, nous avons laissé tomber. Vous, vous avez réussi et vous nous avez montré comment faire. »
Je pense donc que nous avons eu beaucoup de chance; nous sommes les pionniers. Je peux vous dire, d'après mon expérience personnelle... Cela fait 28 ans que je travaille chez Syncrude Canada et que je vis chaque jour à Fort McMurray, et les 15 premières années nous nous échinions dans l'obscurité. Personne ne croyait que nous pouvions réussir. Nul ne croyait que nous pouvions en faire une entreprise viable, notre travail était perçu comme une curiosité scientifique. Grâce à cet effort et à cette énergie, la mise en valeur se fait et nous continuons à investir dans la R-D. Nous continuons à inventer de nouvelles façons de faire les choses, avec des procédés plus éconergétiques, de meilleures façons de remettre en état les terrains, de meilleures façons de stocker les résidus, de meilleures façons de capter l'eau des étangs de stockage tant qu'elle est encore chaude afin de pouvoir en extraire davantage d'énergie.
Je pense que le Canada serait dans une situation bien moins enviable aujourd'hui si les sables bitumineux n'avaient pas été mis en valeur — et c'est vrai de tout le Canada. Une bonne partie de notre production part dans les raffineries de la région d'Edmonton, mais une partie va aussi à Sarnia et franchit les montagnes jusqu'à la côte Ouest. Ce produit alimente tout le pays et va réellement contribuer à la sécurité énergétique du pays.
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Oui, des camions aussi.
Je trouve que ce que vous avez fait là-bas est étonnant et je suis heureux de l'avoir vu. Vous pouvez être fiers de cette prouesse technique et administrative.
Ce qui me préoccupe personnellement n'est pas tant ce qui se passe aujourd'hui que la perspective d'avenir. On nous a dit que quelque 18 projets sont en voie d'être agréés et que 27 autres sont au stade des études préliminaires ou avancées de faisabilité.
Vous avez tous entendu parler de la tragédie des communes en Angleterre, il y a de nombreux siècles, où les éleveurs de moutons avaient tous une petite parcelle de terre privée et où il y avait un pâturage commun. Eh bien, tout le monde a mis ses moutons dans le pâturage commun, qui a été de ce fait oblitéré. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre ce qui s'est passé.
Vous avez un certain intérêt, me semble-t-il, dans ce qui est un bien public. Vous avez conscience de vos responsabilités sociales mais il y a manifestement des limites à ce que vous acceptez de faire. Vous avez des obligations envers vos actionnaires et vous avez une entreprise à faire vivre et à exploiter. Nous, parlementaires, avons également une responsabilité à l'égard du bien public, et je suis inquiet.
Lorsque je parle de bien public, je songe à la production de CO2. Je songe au changement climatique et aux gaz à effet de serre. Je songe à l'eau. Je pense que tous vos interlocuteurs savent que des problèmes d'eau planent sur les sables bitumineux.
Je m'inquiète également au sujet de l'infrastructure à Fort McMurray et du rythme de croissance dans la région. Je sais que cela vous préoccupe également.
Vous avez parlé de captation et de séquestration du carbone et des technologies de recyclage de l'eau. Nous savons que l'eau est recyclée, mais une grande partie se retrouve dans des bassins de résidus. Il existe certainement un temps mort ou un délai d'exécution et une partie de l'eau de ces bassins ne retournera jamais dans le réseau hydrographique. Je pense que c'est un problème.
Si vous pouviez tous convenir entre vous de vous fixer pour objectif la solution de ces problèmes, il n'y aurait pas de nouveaux projets tant que le recyclage de l'eau n'atteinrait pas le seuil de 70 ou 80 p. 100. Je ne sais pas quel devrait être le chiffre. Les émissions de CO2 ne seraient permises que jusqu'à un certain niveau et tout l'excédent devrait être capté et séquestré.
Le pétrole est un produit de base international. Si vous êtes tous placés sur un pied d'égalité et en mesure de verser un rendement sur l'investissement à vos actionnaires, est-ce un terrain de jeu égal que vous recherchez ou bien y a-t-il des considérations économiques au-delà de cet aspect?