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Merci, monsieur Richardson, de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant le comité.
Je vais devoir vous expliquer en quoi consiste l'Exploitant du Réseau du Nouveau-Brunswick. Puis je vous parlerai de l'« écologisation », des occasions à saisir au Canada atlantique, des défis auxquels nous faisons face et du rôle du gouvernement fédéral.
D'abord, l'exploitant du Réseau du Nouveau-Brunswick est une société néo-brunswickoise à but non lucratif constituée en vertu d'une loi. Nous sommes munis d'un conseil indépendant. Nous avons été créés en vertu de la Loi sur l'électricité du Nouveau-Brunswick il y a deux ans et demi. Soulignons que nous ne sommes pas une filiale de la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick, bien que je travaillais auparavant pour la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick et c'est là que j'ai connu Mike. Nous nous sommes séparés. Nous formons une entité indépendante similaire à celle du Alberta Electric System Operator en Alberta et à la société indépendante de gestion du marché de l'électricité en Ontario, qui se sont toutes les deux séparées de l'entité mère.
Nos tâches consistent à planifier et diriger les opérations du réseau d'énergie intégré et de faciliter et gérer le marché de l'électricité. De plus, nous nous occupons de la gestion de la fiabilité pour les Maritimes. Nous travaillons à partir de Fredericton. Nous représentons un des 18 gestionnaires de fiabilité en Amérique du Nord qui gèrent le réseau d'énergie en bloc. Bien que nous soyons une des plus petites entités — je crois que nous sommes au deuxième rang des plus petites —, nous ne sommes pas les plus petits. La Saskatchewan a le plus petit exploitant. Nous exploitons la région des Maritimes.
Les Maritimes sont constituées du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de certaines parties de l'État du Maine, qui ont des connexions électriques uniquement avec le Canada. Elles ont été isolées électriquement du reste des États-Unis. Alors, du point de vue électrique, elles font partie des Maritimes et du Canada. C'est très intéressant d'exploiter cette région. Même si elle est petite, nous nous occupons de trois provinces, un État, deux gouvernements fédéraux et six organismes de réglementation. Notre interaction est complexe.
Pour ce qui est du concept d'écologisation, il faut tenir compte de plusieurs définitions, à savoir s'il y a une homologation EcoLogo. Cela revient en fait à avoir un programme qui vise à encourager l'utilisation des technologies de remplacement et cela ne comprend pas une grande installation hydroélectrique pour le stockage de l'hydroélectricité. L'on peut également se demander si le concept vise toutes les énergies renouvelables ou toutes les sources polluantes.
A mon avis, le véritable défi auquel fait face le Canada et le monde est celui de réduire les émissions totales pour améliorer la qualité de l'air et freiner le changement climatique. Ainsi, j'exhorterai le comité à songer à incorporer dans votre mandat un concept d'écologisation qui mise sur un approvisionnement durable en énergie qui aura des répercussions environnementales très minimes. Cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'y aurait pas d'émissions, mais du moins qu'elles seraient réduites.
Au Canada atlantique, nous avons plusieurs possibilités qui nous permettront de contribuer à cet objectif à long terme. La conservation et la gestion de la demande nous permettent de gérer les ressources. Je pense qu'il faut mettre davantage l'accent sur le stockage. Le secteur énergétique doit travailler là-dessus si nous voulons faire de la place au bon nombre de technologies renouvelables.
Le Canada atlantique revêt d'autres possibilités en matière de technologies de remplacement, notamment l'énergie des vagues et l'énergie marémotrice, ainsi que l'énergie solaire et d'autres formes d'énergie. Je crois que Chris Campbell, qui nous écoute en ce moment, vous parlera de l'énergie des vagues et de l'énergie marémotrice tout à l'heure.
Au Canada atlantique, c'est surtout dans les grands projets que nous allons pouvoir réduire les émissions totales et freiner le changement climatique. Ces projets d'envergure sont ceux de l'énergie hydroélectrique au bas Churchill et de l'énergie éolienne au Labrador.
Les ressources éoliennes du Canada atlantique sont de premier ordre. Notre région possède un potentiel énorme. Il est limité par ce que l'on peut intégrer dans le réseau par rapport à ce que l'on peut gérer. Si nous étions munis des technologies qui nous permettraient d'équilibrer le tout, la région pourrait probablement produire environ 4 000 à 5 000 mégawatts.
De plus, en ce qui concerne le nucléaire, le Nouveau-Brunswick songe à ouvrir une deuxième unité nucléaire à Point Lepreau. De nouveau, cela contribuerait à l'émission d'aucun gaz à effet de serre.
L'installation de gaz naturel liquéfié ainsi que la seconde raffinerie à Saint-Jean nous permettent d'avoir des installations de traitement de gaz naturel peu polluantes. Nous avons également plusieurs possibilités de projets de plus petite taille portant sur la biomasse.
Si l'on combine les possibilités dans toutes ces régions, nous avons le potentiel de réduire les émissions provenant du carburant fossile à hauteur d'environ 30 millions de tonnes de CO2.
De plus, nous avons une frontière commune avec le marché de la Nouvelle-Angleterre. Il existe des possibilités de crédits de pollution pour les émissions de gaz à effet de serre. Cela attire des projets au Canada atlantique. À l'heure actuelle, on met sur pied des projets éoliens et de biomasse pour les exporter aux États-Unis et y vendre des crédits de pollution.
Par ailleurs, ces marchés prévoient des pénuries d'énergie à l'avenir. Ils font face à des problèmes pour l'emplacement de nouvelles centrales. ISO New England a donc envisager la possibilité d'augmenter son exportation d'énergie à faible taux d'émission du Canada.
Un des problèmes auquel nous faisons face, et auquel je crois que le comité fait face lorsqu'il veut mettre sur pied un programme sur l'écologisation de l'électricité au Canada, c'est que, la structure du pays fait en sorte que l'électricité et l'énergie sont de compétence provinciale. Le gouvernement fédéral a une compétence limitée en matière d'électricité. Il y a donc environ 10 à 12 entités distinctes qui s'occupent de la politique sur l'électricité. Il est donc plus difficile d'obtenir une stratégie nationale.
Il est essentiel que l'on obtienne un accès à la transmission qui ne soit pas discriminatoire. De nouveau, puisque l'électricité est de compétence provinciale, les tarifs et l'accès aux transmissions varient d'une province à une autre. Il n'existe pas de tarifs ou de règles uniques. Elles varient en fonction des régions. C'est comme ça car le Canada n'a pas l'équivalent américain de la Federal Energy Regulatory Commission.
En outre, nos systèmes de transmission ont été mis sur pied province par province. La plupart de nos interconnexions vont vers les États-Unis, en passant du nord au sud. Il n'existe pas d'interconnexion est-ouest. Ainsi, du point de vue du changement climatique, les avantages liées aux sources peu polluantes dans les provinces qui sont dotées de grandes ressources hydroélectriques sont ressentis aux États-Unis plutôt que dans les provinces voisines du Canada. Cela est dû en partie aux limites dans les transmissions et en partie aux possibilités de marché pour les crédits.
Il est clair que l'hydroélectricité disponible en Colombie-Britannique, au Manitoba et au Québec est davantage versée aux États voisins des États-Unis plutôt qu'aux provinces situées à l'est et à l'ouest de ces régions. Nous avons besoin d'une meilleure coopération interprovinciale et fédérale pour pouvoir mettre sur pied une infrastructure autour de ces lignes de transmission qui nous permettrait de tirer profit de ces ressources peu polluantes au Canada.
Prenez, par exemple, le cas du bas Churchill. Songez aux possibilités de distribution d'électricité pour cette région.
Hydro Terre-Neuve-et-Labrador a des applications de transmission auprès d'Hydro-Québec TransÉnergie afin de pouvoir étudier comment on pourrait faire passer l'énergie au Québec puis l'acheminer à la Nouvelle-Angleterre, à l'État de New York, en Ontario et au Nouveau-Brunswick.
Nous avons aussi deux applications de transmission avec l'exploitant du Réseau du Nouveau-Brunswick — nous gérons les tarifs au Nouveau-Brunswick — afin de prélever l'énergie du Québec et du Labrador et de l'acheminer au Nouveau-Brunswick et aux États-Unis, ou encore de le faire passer sous l'eau de Terre-Neuve jusqu'au Nouveau-Brunswick.
Pour la route océanique, le bas Churchill se déverserait à Terre-Neuve. On pourrait fermer la centrale Holyrood et Terre-Neuve n'émettrait aucune émission à partir de carburant fossile. On pourrait amener cette énergie aux Maritimes, ce qui nous permettrait de réduire la production à partir de combustibles fossiles dans cette région et d'avoir un peu d'énergie supplémentaire que l'on pourrait acheminer aux États-Unis.
La meilleure solution pour le Canada et pour Terre-Neuve serait de prôner ces deux options. Le Labrador contient tellement de ressources que l'on ne peut pas les limiter à une seule option. Il est plus avantageux d'opter pour ces deux solutions. Pour ce faire, bien entendu, nous aurons besoin du couloir de l'est vers Terre-Neuve et les Maritimes.
Nous avons également travaillé considérablement sur l'énergie éolienne. Tous reconnaissent qu'elle comporte des avantages croissants. Elle est peu polluante et récolte l'appui du public. En revanche, les exploitants du réseau sont préoccupés par certaines questions opérationnelles.
L'Alberta a placé un plafond sur la quantité d'énergie éolienne qu'ils exploiteront jusqu'à ce qu'ils règlent ces problèmes opérationnels et soient capables d'arriver à un équilibre. Nous envisageons de faire de même dans les Maritimes.
Nous devons trouver comment intégrer le plus d'énergie éolienne possible dans le réseau d'électricité tout en en garantissant la fiabilité et en utilisant le moins de ressources financières possible. La fiabilité est une priorité. Nous devons pouvoir continuer à fournir une électricité fiable aux Canadiens.
Dans les Maritimes, nous avons le potentiel d'exploiter 1 500 mégawatts d'énergie éolienne. Il s'agit surtout d'un potentiel. Je m'attends à ce qu'on en exploite 1 500 mégawatts dans les Maritimes d'ici 2013. Cela représente 25 p. 100 de notre charge de pointe et 60 p. 100 de notre charge dans les vallées. Nous serons la région qui exploite le plus d'énergie éolienne au monde, à l'exception du Danemark. L'Union européenne et les pays scandinaves équilibrent le tout. Les règles sont beaucoup plus sévères en Amérique du Nord et il faut procéder à un équilibre en fonction des régions.
Qu'en faisons-nous? Nous avons fait beaucoup d'études approfondies sur l'intégration du vent. Nous y avons travaillé au cours des deux dernières années et des rapports seront bientôt disponibles. Nous mettons sur pied des normes en matière d'interconnexion. Nous voulons le faire sur une base nationale, afin que toutes les installations du pays respectent des normes similaires pour l'interconnexion éolienne. Nous définissons les règles tarifaires et les rôles du marché.
Puisqu'il faut en faire dans plusieurs régions, nous croyons que les projets éoliens devraient absorber les coûts additionnels liés à l'intégration de l'énergie éolienne. C'est la seule solution équitable. Ainsi, les projets qui exportent l'électricité à l'extérieur du pays ne seront pas subventionnés par les clients locaux.
Nous devons adopter ces règles pour offrir plus de certitude aux promoteurs de projets et aux exploitants. Nous avons également besoin de solutions techniques. Nous devons inclure davantage les clients de charge dans l'exploitation du réseau électrique. Nous devons pouvoir contrôler la charge finale.
Les chauffe-eau électriques pourraient également constituer des possibilités de stockage exceptionnelles qui permettraient d'équilibrer l'approvisionnement en vent et de gérer le système d'une manière plus fiable. Nous effectuons des études à ce sujet auprès de Saint John Energy au Nouveau-Brunswick.
Le stockage est une technologie essentielle dont nous avons besoin. Nous avons besoin de plus de participation industrielle sur le marché, comme on peut le voir en Ontario, où les clients industriels de taille font des offres sur le marché et fournissent des services.
Mais nous avons surtout besoin d'un plus grand soutien pour l'interconnexion. Pour ce faire, nous avons besoin d'une collaboration régionale. Ainsi, nous travaillons avec des comités qui présentent des résolutions aux gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et aux premiers ministres des provinces de l'Est afin de voir comment nous allons pouvoir intégrer plus d'énergie renouvelable dans le réseau grâce à la collaboration des États et des provinces. Ces résolutions seront présentées aux gouverneurs et aux premiers ministres lors d'une réunion à la fin de juin à l'Île-du-Prince-Édouard.
Enfin, quel rôle le gouvernement fédéral pourrait-il jouer en ce qui concerne les limites liées aux pouvoirs de compétence? De toute évidence, il est essentiel de financer la recherche et le développement.
L'énergie des vagues et l'énergie marémotrice ont besoin de beaucoup de soutien au développement. Elles représentent de véritables possibilités d'avenir.
Nous devons également travailler davantage sur les technologies de contrôle de charge et de stockage. Il y a eu beaucoup d'études sur l'intégration de l'énergie éolienne. Nous avons reçu un financement de la part de l'APECA pour ces études. J'aimerais remercier le gouvernement fédéral de nous avoir appuyés dans bon nombre d'études sur l'intégration. Il va falloir faire plus d'études qui seraient axées non pas tellement sur les provinces mais sur les régions. Cela permettrait de voir les répercussions que cela a sur les diverses régions.
Le gouvernement fédéral pourrait également faire figure de proue pour ce qui est du réseau de transmission est-ouest. Il pourrait le financer et agir à titre de courtier entre les provinces et les diverses administrations. C'est essentiel, car cela pourrait faire partie d'une stratégie nationale sur le changement climatique, afin de pleinement profiter des avantages liés à la réduction d'émissions polluantes partout dans le pays.
Il y a également la question du CO2 et de ce que seront les règles. Il existe actuellement une cible d'intensité comportant un délai de quelques années. Nous avons besoin de plus. Nous avons besoin de règles claires, de cibles, d'échéanciers et, plus important encore, de systèmes d'échange afin que les concepteurs d'usines disposent des renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions d'affaires en se préoccupant des faibles émissions et des crédits et, ainsi, financer ces projets et les mettre en marché.
Enfin, encore une fois, je pense que vous devez continuer d'apporter votre soutien financier. Selon moi, vous devez accepter une partie des risques liés à la création de certains de ces projets. La plupart des sources d'énergie à faibles émissions proviennent de projets qui requièrent beaucoup de capitaux à l'avance. Il faut donc dépenser tout cet argent d'avance, puis mener des activités à long terme, et bâtir les lignes de transmission de CCHT sous l'eau à long terme. Je pense que le gouvernement fédéral pourrait accepter une partie des risques connexes en fournissant le financement qui permettrait d'entreprendre certains de ces projets.
Sur ce, j'aimerais vous remercier beaucoup de m'avoir donné la possibilité de vous parler. Merci.
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Merci de m'avoir invité. Je dois vous avouer que je n'ai pas suivi les travaux du comité très attentivement. Depuis qu'on m'a averti jeudi ou vendredi, j'ai parcouru vos délibérations et tenté de réfléchir à la meilleure contribution que je pourrais y apporter.
Je dois souligner que, bien que j'aie des connaissances techniques des systèmes d'énergie et des technologies individuelles utilisées, entre autres, je suis certain que je ne dispose pas de l'expertise de la plupart des témoins que vous avez entendus. Mon expertise est liée à la construction de grands modèles de systèmes d'économie d'énergie pour toute l'économie, aux différentes technologies d'approvisionnement, à la façon dont nous utilisons l'énergie, aux stocks de capital de notre économie et à la façon dont les immeubles, les infrastructures et l'équipement évoluent, de même qu'à leur renouvellement. Ainsi, je contribue à la création de modèles stratégiques pour informer les gouvernements, ou encore les groupes d'intérêt. J'ai travaillé pour l'industrie, les services publics provinciaux et les organisations environnementales, mais une grande partie de mon travail a été réalisée pour des gouvernements de niveaux fédéral et provincial, et même pour des organisations internationales.
Quelle serait la réaction face aux différents types de politiques? Ce que je veux dire, en fait, c'est qu'il semble qu'un comité comme le vôtre entendra beaucoup parler les défenseurs des différentes solutions de rechange pour notre système d'énergie globale. Ce système d'énergie est largement dominé par les combustibles fossiles, leurs combustion et la libération d'émissions — surtout du dioxyde de carbone — dans l'atmosphère.
Bien entendu, le système électrique canadien, les combustibles fossiles ne sont souvent pas la solution la plus économique, ce qui explique pourquoi c'est le recours à l'hydroélectricité et à l'énergie nucléaire qui dominent. Cela dit, je veux mettre l'accent sur une question qui est, selon moi, importante. Les défenseurs de solutions de rechange à l'utilisation des combustibles fossiles pour le transport et la production d'électricité disent souvent qu'avec un peu d'aide — un cent par kilowatt-heure, par exemple — les coûts finiraient par baisser et ils seraient ainsi en mesure de concurrencer les combustibles fossiles.
Selon moi, il y a de fortes chances que ce ne soit pas vrai. Tant que nous permettrons l'utilisation de combustibles fossiles et qu'il n'y aura aucun changement relatif à l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ça ne sera probablement pas le cas, du moins dans de nombreuses régions du monde et certaines régions du Canada. Il faut se souvenir que les combustibles fossiles représentent une grande richesse énergétique, et que ça ne changera pas de sitôt. Ils présentent pourtant ce que nous, économistes, appelons les risques liés aux coûts externes, c'est-à-dire les dommages ou les risques liés à des éléments comme les changements climatiques. Par conséquent, la société doit décider si elle souhaite assumer les coûts liés à l'énergie non polluante ou, dans le cas de votre comité, à l'électricité non polluante dans le cadre de votre étude.
Bien que des témoins aient comparu pour vous communiquer leur enthousiasme au sujet des solutions de rechange aux combustibles fossiles, ma tâche, en ma qualité de modélisateur de systèmes d'énergie, est de m'assurer que vous regardez la situation dans son ensemble. Selon moi, vous devez savoir, par exemple, qu'il y a aujourd'hui en Alberta — je n'a pas les détails exacts du projet; j'en ai une idée, mais je ne les ai pas cherchés. Le prochain grand projet de production d'électricité doit être entrepris en Alberta. Je crois qu'il s'agit d'un projet conjoint de TransAlta et EPCOR, mais on me corrigera si j'ai tort. Il s'agira d'une centrale au charbon sans captage ni stockage du carbone. Je voulais mettre l'accent sur le fait que c'est ce qui nous attend.
Nous avons fait beaucoup de recherches sur la production d'électricité à partir des combustibles fossiles. Les coûts liés à la production d'électricité au moyen du charbon, par exemple, ont baissé de façon considérable ces 20 dernières années Nous parlons ici de la combustion du charbon sans captage ni stockage du carbone. Vous avez donc des témoins qui tentent de vous communiquer leur explication au sujet des coûts potentiellement bas des solutions de rechange pour l'avenir, mais je veux mettre l'accent encore une fois sur le fait que sans une réponse stratégique — les valeurs, l'atmosphère — il est très peu probable que l'on constate les changements en profondeur que le gouvernement fédéral actuel et les partis d'opposition veulent tous voir au cours des 40 prochaines années, par exemple.
Pour vous donner une idée, en Amérique du Nord aujourd'hui, on prévoit construire une centaine de centrales électriques. On en planifie la construction à l'heure actuelle, et la centrale de l'Alberta en fait partie. Il s'agit donc d'une centaine de projets de production d'électricité au charbon en Amérique du Nord, dont aucun ne prévoit le captage ou le stockage du carbone.
En faisant une analyse grâce au modèle mondial approximatif que j'ai créé et en présumant que l'Amérique du Nord et l'Europe, les pays riches du monde, n'interdiront pas ce type de centrale, du moins pas pour les cinq à dix prochaines années, je peux également calculer qu'il nous faudra entre 10 et 20 ans pour convaincre les pays en développement — la Chine, l'Inde et l'Indonésie, par exemple — qu'ils doivent adopter ces types de technologies et de politiques. En faisant ces calculs, je n'arrive même pas près des réductions d'environ 50 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 que le gouvernement fédéral actuel et les partis d'opposition au Canada clament vouloir.
Cela m'amène à la question stratégique que je veux souligner; je conclurai d'ailleurs mes observations là-dessus.
En tant qu'économiste, je peux dire que tout lauréat du Prix Nobel serait d'accord pour dire que la politique la plus efficace du point de vue économique est une taxe sur les gaz à effet de serre ou une taxe sur le carbone applicable à toute l'économie et comportant, comme Bill Marshall l'a mentionné, des échéanciers à long terme; ainsi, la taxe serait au départ modeste, mais augmenterait avec le temps.
Une limite des émissions de gaz à effet de serre pouvant être produite par les grands émetteurs finaux, par exemple, comme nous commençons à mettre en application ici, ne fournit pas suffisamment de souplesse et d'effets compensatoires pour que l'on puisse continuer d'entreprendre des projets comme celui de l'Alberta.
J'ai entendu dire, par Bill Marshall je pense, que les différences entre les compétences fédérales et provinciales constituent un défi, et je suis d'accord. En même temps, nous venons de voir le gouvernement fédéral commencer à appliquer cette politique sur les grands émetteurs finaux industriels, qui s'appliquent entre autres à la production d'électricité. Ainsi, selon moi, nous disposons d'un outil qui pourrait nous permettre d'atteindre le type d'objectifs stratégiques dont j'ai parlé.
Sinon, certaines provinces agissent de leur propre chef. Par exemple, la Colombie-Britannique a mis en oeuvre cette année une politique comportant deux éléments. Premièrement, 90 p. 100 de toute nouvelle électricité doit pouvoir être classée dans la catégorie propre ou verte. Deuxièmement, tous les projets, comme par exemple une centrale au charbon, peuvent être approuvés, mais il faut qu'il y ait captage et stockage du carbone.
Je m'arrêterai ici en disant simplement que, selon moi, un comité comme le vôtre, qui doit examiner les politiques, doit se concentrer sur des politiques qui respectent la qualité de l'air et doit souligner la rapidité à laquelle il faut les mettre en place, sans causer de tort à l'économie mais en veillant à ce que les investissements progressifs en électricité n'émettront pas de gaz à effet de serre. Avec cette seule politique, on n'a même pas besoin de subventions pour les différents types d'énergie renouvelable ou même d'utilisation de combustibles fossiles économiques. En mettant en place cette politique adéquate, les marchés peuvent en arriver à des initiatives créatrices et remarquables auxquelles on ne pourrait même pas s'attendre grâce à des programmes de subvention.
Je m'arrêterai ici. Je suis impatient de discuter avec vous. Merci.
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Oui. Long Beach et l'île de Vancouver samedi; Halifax lundi. C'est un petit pays, et nous sommes tous reliés par la technologie.
Merci beaucoup de me donner la possibilité de vous parler de l'énergie marine renouvelable dans le cadre de votre étude sur l'écologisation de l'électricité.
Cet après-midi, je me pencherai sur le fait que nous tentons tous de trouver une solution magique — mais en fait, il faut changer notre approche pour mettre en oeuvre la transformation nécessaire au cours des 40 prochaines années environ — et je tenterai de vous amener à penser un peu plus au fait que cette transformation nous demande en réalité de commencer par nous attaquer à certains éléments, qui pourraient n'être appliqués qu'après 2020.
Le Ocean Renewable Energy Group est l'association du leadership du secteur canadien. Notre mission est en fait d'établir un secteur canadien de l'énergie marine durable pour répondre aux besoins nationaux liés à l'exportation d'énergie et pour fournir des projets, des technologies et de l'expertise sur le marché mondial.
Ces deux dernières années, nous avons créé une association de 75 membres comprenant des services publics côtiers et des gouvernements, des auteurs de projets énergétiques, des promoteurs de la technologie, des entreprises d'approvisionnement et de services ainsi que la communauté de la recherche. Nous avons des membres canadiens, britanniques, américains et même australiens.
Le rôle de l'association est de travailler avec ses membres pour renforcer leur capacité d'innovation, les relier à la chaîne d'approvisionnement et assurer la liaison entre eux et la communauté de la recherche. Nous travaillons avec les provinces pour élaborer de nouvelles politiques énergétiques. Nous travaillons également avec le gouvernement fédéral pour contribuer à la formation d'un groupe de travail interministériel fédéral sur l'énergie marine, dirigée par RNCan. Nous avons créé et présenté ce que nous appelons une carte routière pour le secteur, qui demande la création d'une initiative de développement accéléré de l'énergie marine.
Qu'est-ce qui nous a poussés à nous intéresser à cette énergie? Quelles sont les possibilités de l'énergie marine renouvelable?
En 2005-2006, nous avons convaincu RNCan d'entreprendre la première étape du projet, et d'examiner les ressources énergétiques marines. Cette analyse a été réalisée en partie par Ressources naturelles Canada et par Triton Environmental Consultants de Vancouver; elle a permis de découvrir que, grâce aux courants de marée, le Canada dispose d'environ 40 000 mégawatts d'énergie en place dans 200 sites. Il y a 4 000 mégawatts en Colombie-Britannique et au Québec, 3 000 dans le Canada atlantique et 30 000 mégawatts de cette ressource marémotrice au Nunavut, ce qui fait que le réchauffement climatique pourrait tous nous amener à migrer vers le nord.
Du côté des vagues, il y a environ 40 000 mégawatts d'énergie des vagues au large — il y a d'ailleurs de nombreux surfers là-bas le samedi — dont 20 000 mégawatts se brisent sur les plages de l'île de Vancouver et des iles de la Reine Charlotte. Dans l'Atlantique, juste à l'extérieur de la plate-forme continentale, il y a un potentiel énorme, c'est-à-dire 150 000 mégawatts, dont seulement 10 000 environ arrivent jusqu'aux plages.
Qu'est-ce que l'énergie marine a de si spécial? Eh bien, la densité énergétique est spectaculaire. C'est la densité de l'eau qui fait toute la différence. La densité énergétique de l'océan est environ 50 fois plus élevée que l'énergie éolienne et 100 fois plus élevée que l'industrie solaire et photovoltaïque. Ainsi, si on a besoin d'une capacité d'un kilowatt pour chaque maison, il faut penser au fait qu'un courant de marée de deux noeuds fournit entre cinq et dix kilowatts pour chaque mètre carré de coupe transversale. De plus, les courants de marée peuvent être entièrement prévus 20 ans à l'avance.
Pour ce qui est des vagues, chaque mètre de front d'ondes fournit 20 kilowatts au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et 100 kilowatts sur la côte Ouest. Par ailleurs, l'énergie des vagues peut être prédite jusqu'à cinq jours à l'avance, et les vagues ont tendance à durer plus longtemps que le vent qui les cause. L'énergie dont nous a parlons consiste à 0mettre en valeur l'énergie cinétique des marées ou des vagues, l'énergie en place dans l'océan. La construction et l'installation de ces technologies causeront des émissions de gaz à effet de serre, mais une fois en place, ces installations devraient permettre de produire une électricité écologique, permettant d'obtenir des crédits de carbone ou d'obtenir un certificat vert.
Dans la région du Pacifique, nous avons la chance immense de réduire ce qui est, à l'heure actuelle, une utilisation croissante des importations d'électricité produisant du carbone. Dans l'Atlantique, cela nous fournit une solution de rechange à la production d'électricité émettrice de carbone. Dans le Nord, ainsi que dans certaines collectivités du Sud, les marées et les vagues sont une excellente ressource pour remplacer le diesel dans les collectivités éloignées.
Il s'agit d'une possibilité, pour nous, d'exporter une énergie écologique. Bill Marshall a parlé des marchés américains, et nous cherchons à faire la même chose sur la côte Ouest. Selon nous, l'énergie marine peut produire une énergie concurrentielle du point de vue commercial — et gardons à l'esprit les observations de Mark —, une énergie pouvant concurrencer les autres énergies renouvelables d'ici 2020; d'ici 2050, nous devrions pourvoir produire 15 000 mégawatts d'énergie marine au Canada. Mais il y a plus; je ne vous en parlerai pas en détail aujourd'hui, mais le type de technologie envisagé pour exploiter les courants de marée sert dans les rivières, les canaux d'irrigation et les rejets industriels. Ces possibilités vont être étudiées au cours de la prochaine année. En fait, une entreprise d'énergie marémotrice utilise déjà sa machine à la station de traitement des eaux usées de Calgary depuis deux ans. À l'heure actuelle, aux États-Unis, six petites turbines installées dans la East River alimentent New York en électricité.
Il ne s'agit pas simplement d'énergie. C'est une nouvelle possibilité d'exploitation des ressources, un nouveau secteur technologique, et nous croyons qu'au bout du compte, certaines technologies utilisées dans le domaine de l'énergie marine pourraient être canadiennes et qu'en raison des possibilités que présentent les ressources ici, on pourra canadianiser certaines des technologies internationales. Le Canada a une grande expertise des projets liés à l'énergie, et nous aimerions utiliser l'expérience que nous acquerrons grâce à l'énergie marine pour exporter de tels projets à l'échelle mondiale, à mesure que le marché se développera.
L'énergie marine cadre bien avec l'industrie maritime canadienne et, bien entendu, notre secteur des technologies d'électricité est assez vigoureux. Ça peut sembler banal, mais nous croyons fermement que le Canada pourrait être à l'énergie marine ce que le Danemark est à l'énergie éolienne. De nombreuses entreprises internationales importantes sont très intéressées à travailler avec nous au Canada, parce qu'elles voient les possibilités d'exploitation des ressources ici comme étant leur première possibilité de croissance commerciale.
Où le Canada en est-il donc à l'échelle internationale? En 1984, nous avons fait construire un barrage dans la baie de Fundy. Il fonctionne toujours. Il s'agit d'un exemple de production d'énergie marémotrice, mais ce n'est pas la technique envisagée ni les techniques modulaires auxquelles nous travaillons ces jours-ci. Entre 1984 et 2005, pratiquement rien n'a été fait dans le domaine de l'énergie marine. Mais le Canada compte maintenant toute une série d'entreprises technologiques qui s'attaquent à l'avance de cinq ans dont jouissent certains pays européens.
Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que depuis un an, notre attention se porte sur l'élaboration d'un projet pilote d'exploitation de l'énergie marine, et non simplement sur la recherche et le développement. Nous avons découvert que cette idée est très bien accueillie et qu'en fait, même les pays européens qui travaillent dans ce domaine depuis cinq ans reconnaissent que le fait de porter toute leur attention sur la recherche et le développement a eu l'effet d'un goulot d'étranglement dans la mise en oeuvre des possibilités liées à l'énergie marine. Par rapport à ces pays, notre avance croît sans cesse. En fait, le Canada est aujourd'hui président du Groupe de travail sur l'énergie marine de l'Agence internationale de l'énergie.
L'OREG joue un rôle de chef de file assez important au Royaume-Uni et aux États-Unis, ce qui nous a causé une surprise. Nous avons mené des consultations avec les États-Unis et le Royaume-Uni à San Diego en juin dernier, et nous sommes parmi les principaux organisateurs du programme pour l'énergie marine du sommet de la Pacific Northwest Economic Region, qui se tiendra en juillet. Cela ressemble un peu au groupe de premiers ministres provinciaux et de gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre.
Nous avons lancé une mission à laquelle ont participé la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique. En mars, nous nous sommes rendus à Londres pour participer à une rencontre Canada-Royaume-Uni tenue par l'ambassadeur canadien; nous avons alors examiné la façon dont le Canada et le Royaume-Uni unissent leurs efforts en énergie marine. La semaine dernière, le ministre du Nouveau-Brunswick a représenté les nombreux Canadiens qui ont participé à la conférence All-Energy, à Aberdeen, pour parler de l'énergie marine.
Ainsi, on ne fait pas que parler. La turbine marémotrice de Clean Current a été installée à Race Rocks, en Colombie-Britannique, l'automne dernier. Ce projet a bénéficié du financement de TDDC et d'EnCana. La Canoe Pass Tidal Energy Corporation, en Colombie-Britannique, a obtenu un engagement de TDDC. Notre organisation, le gouvernement et B.C. Hydro tentons d'élargir ce projet afin d'étudier diverses technologies sur un même site de développement.
Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse travaillent avec l'Electric Power Research Institute afin d'examiner les possibilités qu'offrent les courants de marées dans la baie de Fundy. Les gouvernements, les services publics et les entreprises se réjouissent de ce projet. Vous savez sans doute que Nova Scotia Power a annoncé son intention de lancer un projet d'énergie marémotrice. Nous espérons que TDDC participera à ce projet au cours des mois à venir.
La Nouvelle-Écosse s'est engagée à réaliser une évaluation environnementale stratégique de l'énergie marémotrice et a mis de côté des fonds pour la recherche et le développement sur les effets environnementaux de l'énergie marémotrice. Environ six entreprises canadiennes réalisent des essais de prototypes en bassin ou sur le terrain.
L'OREG est en train d'établir des discussions avec les gouvernements pour faire valoir qu'il serait prudent de ne pas tenter de choisir une seule technologie immédiatement, pour plutôt créer une initiative de développement qui nous permettrait d'essayer de nombreuses technologies différentes et de les développer, afin d'acquérir de l'expérience réglementaire, technique et opérationnelle et de permettre à des gens comme Bill Marshall de s'aguerrir dans l'intégration de l'énergie marine au système.
Du côté du gouvernement fédéral, RNCan a l'intention de se doter d'un cadre de réglementation pour les énergies marines renouvelables d'ici la fin de l'exercice, je pense. Ce cadre porterait sur l'énergie éolienne, marémotrice et l'énergie des vagues.
À l'échelle internationale, nous jouissons d'un engagement stratégique ferme du Royaume-Uni et, du coup, de l'Écosse et du pays de Galles, de même que de l'Irlande, de l'Espagne, du Portugal et même de l'Allemagne. L'Allemagne n'a pas beaucoup de ressources énergétiques marines, mais elle a fermement l'intention de faire partie du secteur de l'approvisionnement. En fait, dans le monde, une vingtaine de pays sont actifs, et il pourrait y avoir des projets assez importants en Asie qui utiliseraient des formules semblables à celle adoptée en Nouvelle-Écosse dans les années 80.
On s'efforce de simplifier le processus d'émission de permis. On propose d'adopter le gestion adaptative dans le cadre de projets pilotes au Royaume-Uni, et le gouvernement de l'Oregon a entrepris des négociations avec la Federal Energy Regulatory Commission américaine pour faire de même.
Par ailleurs, au Royaume-Uni, on a créé des centres de développement préautorisés. Le European Marine Energy Center, à Orkney, est en fait un centre d'essai; le Wave Hub, à Cornwall, est un centre de production pilote; et on a entrepris de créer une zone d'énergie marine au Portugal. On déploie aussi des efforts pour stimuler la création de réseaux de recherche.
Des sommes importantes sont investies dans ces premiers projets. Le ministère britannique du commerce et de l'industrie est prêt à accorder 9 millions de dollars à chaque projet. De plus, Scottish Enterprise fournit 60 p. 100 ainsi qu'un supplément par kilowatt-heure aux projets d'énergie marine. Le Carbon Trust joue un rôle de premier plan au Royaume-Uni et a bien plus d'une longueur d'avance sur la plupart des entreprises. Elle a lancé un accélérateur marin visant à tabler sur la transformation pour réduire le coût de production de l'énergie marine.
Récemment, aux États-Unis, la proposition Inslee a été adoptée; elle nécessitera un engagement de 50 millions de dollars par année pour 10 ans.
J'aimerais revenir un moment sur le Wave Hub. Il s'agissait au départ d'une initiative de développement économique régional; une agence régionale a décidé de mettre en place une infrastructure pour la production expérimentale d'énergie. Elle a obtenu des permis pour la construction d'un site d'exploitation des ressources marines, a mis en place des raccords d'alimentation, a signé des contrats de vente, a conçu un système en mesure de recevoir ce type d'énergie et a installé des câbles électriques à 14 kilomètres de la côte. Elle a déjà choisi quatre entreprises qui pourront se brancher à ce système. On espère qu'un jour, l'une de ces quatre entreprises, peut-être, ou un producteur d'électricité indépendant achètera ces installations et les transformera en une centrale électrique commerciale.
La South West Regional Development Association envisage de répéter l'expérience encore une ou deux fois dans les régions de Devon et de Cornwall. Nous espérons que le directeur de ce projet pourra venir au Canada d'ici six mois pour nous en parler.
Où en sommes-nous au Canada? Eh bien, nous connaissons toute une année. L'énergie marine est même mentionnée dans le budget comme étant une ressource d'intérêt. Les ministres et et le premier ministre de la Colombie-Britannique ont utilisé le premier projet d'énergie marémotrice comme toile de fond pour l'annonce du programme de 1,5 milliard de dollars EcoAction. De plus, l'énergie marémotrice et l'énergie des vagues jouissent maintenant des mêmes incitatifs fiscaux que l'énergie éolienne. Elles donnent droit au même amortissement accéléré et aux mêmes méthodes d'impartition que les autres sources d'énergie renouvelable, ce qui favorisera l'investissement dans ce secteur. Nous sommes maintenant sur un pied d'égalité avec les énergies renouvelables commerciales.
Notre plus grand défi, c'est que l'énergie marine n'est pas encore commercialisable et que nous n'avons pas encore la même cible stratégique nationale que pour la bioénergie, l'énergie photovoltaïque, le charbon épuré et même le nucléaire.
Que faire? Nous estimons qu'il faut lancer une initiative de développement accéléré de l'énergie renouvelable des océans. Il ne s'agit pas de nous concentrer sur une seule technologie comme celle proposé pour le charbon épuré, la séquestration du carbone ou l'exploitation des sables bitumineux par le nucléaire. Cette initiative mettrait l'accent sur les multiples procédés canadiens et étrangers, question de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier, ce qui nous permettrait de trouver des solutions adaptées aux étroits passages de la côte Ouest, aux grandes étendues de l'Arctique ou de la baie de Fundy et aux différents régimes de vagues de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique.
Nous sommes en plein apprentissage. Il faut appuyer les premiers projets si nous voulons en arriver à offrir sur le marché de l'électricité à prix concurrentiel. L'exemple que nous avons actuellement est de 420 $ par mégawatt-heure, ce qui correspond à l'offre permanente de l'Ontario pou l'énergie solaire. C'est ce qu'il nous faut pour l'énergie marine. Nous avons fait le même apprentissage pour le nucléaire, le gaz et le pétrole extracôtiers et la turbine à gaz. Nous avons certainement dû assumer les mêmes coûts d'apprentissage quand les services publics des provinces se sont taillés une place dans le domaine de l'hydroélectricité.
Le Carbon Trust du Royaume-Uni a analysé l'avenir de nombreuses technologies de pointe, et il semble que les premiers projets d'énergie marémotrice coûteront environ 450 $ par mégawatt-heure et les premiers projets d'énergie des vagues, un peu moins, soit environ 350 $ par mégawatt-heure.
Il nous faut maintenant mettre en commun ce que des services publics ont pu obtenir des organismes de réglementation et les autres versements provenant de diverses sources pour faire progresser ce projet.
L'incitatif pour l'éco-efficacité ne représente que 10 $ par mégawatt-heure. Nous devons maintenant déterminer si nous pouvons compter sur le fonds d'innovation dans la technologie de Ressources naturelles Canada ou sur celui qu'on envisage de créer à Environnement CAnada. Nous n'avons pas encore de réponse à cette question.
Pourrait-on créer une sorte de partenariat entre les ressources et intérêts fédéraux et provinciaux? Pourrions-nous transformer ces projets initiaux, proposés parfois par des entreprises individuelles, en notre propre version du Wave Hub, un réseau qui rassemblerait les intérêts publics et privés et qui se partagerait le fardeau de la construction de l'infrastructure? Pourrions-nous accélérer l'autorisation de ces projets, permettre le raccordement partagé au réseau et se partager les tâches de recherche environnementale et de surveillance qui devront être assumées?
Nous demandons un investissement stratégique qui créera une nouvelle industrie au Canada. C'est une occasion de devenir fournisseur dans un marché émergent en devenir dans le monde entier. C'est une occasion de création d'emplois et de perspectives économiques dans le secteur de l'énergie marine et tout le secteur de l'énergie. C'est une occasion pour le Canada de profiter de ses propres ressources naturelles. Nous sommes parmi les pays qui ont le plus de ressources au monde.
C'est un investissement et non pas une subvention. Le programme actuel d'énergie renouvelable est un investissement qui permettra au Canada d'avoir un meilleur accès à l'énergie renouvelable. Nous devons trouver une façon de diversifier les sources d'énergie vertes d'ici 2050.
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Tout d'abord, ce que l'on tente de faire avec les politiques dont je parle, c'est influencer les investissements progressifs sans détruire l'économie.
Par exemple, si l'on imposait une taxe sur le carbone demain — et je ne parle ici que du secteur de l'électricité —, il faudrait que cette taxe soit assez élevée dès le départ pour justifier sur le plan économique, même en tenant compte du risque de la captage et du stockage de carbone, que les promoteurs du projet en Alberta aillent de l'avant et tentent progressivement de mettre en place une centrale alimentée au charbon avec stockage du carbone. Cela pourrait avoir un impact réel sur les prix de l'électricité pour les consommateurs de l'Alberta.
Quelles sont donc les options ici? L'option serait d'imposer quand même cette taxe sur le carbone. Je me suis beaucoup demandé comment on pourrait redonner aux mêmes consommateurs l'argent provenant de la taxe sur le carbone. On incite les producteurs d'électricité à essayer de trouver une source d'alimentation moins coûteuse à l'avenir qui n'émettrait pas de gaz à effet de serre en brûlant du charbon. Il serait toujours possible d'utiliser du charbon avec le captage et le stockage du carbone, ou ce pourrait être une autre source : une source d'énergie renouvelable, l'énergie nucléaire ou autre.
Ensuite, on prend les revenus et on les remet directement aux consommateurs de l'Alberta en fonction de leur consommation au cours d'une année de base, disons en 2005. Les services d'électricité font ce genre de chose depuis des années, et ils ont différentes tarifications.
J'ai présidé la British Columbia Utilities Commission pendant cinq ans dans les années 90, et certaines politiques auxquelles j'ai travaillé en ce qui concerne les taxes sur les gaz à effet de serre et le carbone comprenaient certains de ces éléments.
Cependant, même si l'on n'est pas disposé à imposer une taxe sur le carbone très élevée initialement, on pourrait avoir tout au moins un plan de croissance de sorte que quelqu'un qui cherche à investir à long terme — encore une fois en Alberta — se dirait, : nous construirons cette centrale et espérons qu'elle va être terminée d'ici 2012; elle va fonctionner pendant 40 ou 50 ans et selon le barème de prix, nous croyons qu'elle est suffisamment élevée pour faire quelque chose.
Il est également possible de le faire grâce à divers types de règlements, notamment dans l'exemple que j'ai déjà mentionné : la Colombie-Britannique qui a pris un règlement très précis.
Permettez-moi de revenir à ce que vous avez dit au sujet des subventions. Qu'est-ce que je pense des subventions? C'est peut-être un peu plus facile pour l'électricité, mais en général, les subventions ne permettent pas d'atteindre l'objectif, et cela, pour les raisons que j'ai déjà mentionnées.
Prenons par exemple le témoignage de M. Campbell. Il a parlé de 45 cents le kilowatt-heure, je crois, pour l'énergie renouvelable qu'il favorise. Je ne dis pas que c'est ce qu'il en coûterait pour toutes les énergies renouvelables, naturellement. C'est beaucoup moins cher pour l'énergie éolienne, manifestement, bien qu'il soit nécessaire de parler de l'énergie éolienne avec stockage.
Le coût de ces technologies par rapport à ceux des combustibles fossiles représenterait un engagement énorme pour le gouvernement fédéral en subventions, si l'on voulait convertir toute l'économie en un système à zéro émission grâce à des investissements selon l'échéancier dont vous parlez, de 2012 à 2020, et c'est pour cette raison que je n'aime pas beaucoup l'idée des subventions.
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Oui, et vous me donnez l'occasion de faire de la publicité pour mon dernier livre, qui s'intitule
Sustainable fossil fuels: the unusual suspect in the quest for clean and enduring energy et qui a remporté le prix Donner l'an dernier pour le meilleur livre sur les politiques au pays. Dans ce livre, j'examine toutes les sources d'énergie, les grandes sources d'énergie renouvelable, les sources traditionnelles comme hydroélectricité, les énergies renouvelables nouvelles que nous envisageons, l'énergie nucléaire et j'examine la façon dont nous pourrions utiliser les combustibles fossiles, le charbon, le pétrole et le gaz naturel sans émettre de gaz à effet de serre.
Depuis longtemps, on pointe du doigt l'industrie des combustibles fossiles, disons plus particulièrement l'industrie houillère, sous prétexte que nous ne voulons pas de la quantité de particules qui s'échappent des centrales alimentées au charbon ou que nous ne voulons pas de la quantité d'émissions d'acide qui s'en échappent non plus. Donc, les obstacles de la réglementation ont changé au fil des ans pour l'industrie houillère, et je pense qu'à mesure que l'industrie a développé des technologies pour répondre aux exigences de la société et surmonter les obstacles, elle s'est mise à parler de charbon épuré.
En fait, avec le temps, la définition du terme « charbon épuré », a vraiment changé. Il y a 10 ou 15 ans, l'industrie houillère, lorsqu'elle parlait du charbon épuré, voulait parler d'une usine alimentée au charbon qui captait la plupart des émissions de dioxyde de soufre, soit des émissions qui causent les pluies acides. Ensuite, naturellement, les règles du jeu ont changé, et à l'échelle internationale comme à l'échelle nationale, nous avons dit à l'industrie houillère que si elle voulait continuer de brûler du charbon, nous nous préoccupions dorénavant également des gaz à effet de serre, de sorte qu'il fallait en particulier se préoccuper du dioxyde de carbone, par exemple.
Nous avons ensuite regardé autour, et c'est la recherche que j'ai faite pour mon livre. C'est un travail que je fais à l'échelle internationale avec des experts de partout dans le monde. Nous nous sommes aperçus qu'il y avait en fait des configurations de technologies qui permettaient soit de capter le dioxyde de carbone directement de la cheminée, soit de gazéifier le charbon et de créer un gaz de synthèse que l'on peut ensuite séparer en gaz riche en hydrogène et en dioxyde de carbone pur. Il est possible de capter le dioxyde de carbone, de l'expédier par pipeline et, par exemple, de l'injecter dans le sol afin de le stocker de façon permanente. C'est donc devenu la définition du charbon épuré.
Encore une fois, il s'agit d'un calcul très simple. Si vous êtes tous d'accord pour dire qu'il faut prendre au sérieux ce que nous dit le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat pour ce qui est des objectifs à atteindre pour les émissions de gaz à effet de serre dans 43 ans, c'est-à-dire en 2050, on ne peut pas continuer de construire des centrales alimentées au charbon qui émettent des gaz à effet de serre partout dans le monde, et c'est pourtant ce que nous faisons. Les pays en voie de développement le font certainement, mais les pays riches industrialisés le font aussi.
J'ai fait partie d'un groupe qui s'appelle le Conseil de la Chine, qui conseillait les principaux décideurs chinois pendant les années 90 jusqu'à ce qu'il y a quelques années, et il était très clair que les Chinois ne prendraient aucune mesure tant que les pays riches ne feraient pas de même.
C'est ce dont j'ai parlé dans mes observations liminaires. Si je regarde les chiffres, je constate que nous ne pouvons construire en Amérique du Nord — c'est-à-dire aux États-Unis et au Canada — des centrales alimentées au charbon qui émettent toujours des gaz à effet de serre. Nous pourrons atteindre nos objectifs de 2050. Je veux dire avec 90 p. 100 de certitude.