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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité de m'avoir invité à présenter le point de vue de l'Association des armateurs canadiens au sujet du projet de loi .
L’Association des armateurs canadiens représente les intérêts des entreprises canadiennes qui possèdent et opèrent des navires battant pavillon canadien sur les Grands Lacs et la voie navigable du Saint-Laurent. Nous sommes également présents dans les eaux arctiques et le littoral est des États-Unis et du Canada. Nous sommes donc l'un des principaux groupes de parties prenantes qui sont touchés par ce projet de loi.
En 2008, la flotte de 67 navires de l’AAC a transporté 62 millions de tonnes de marchandises en vrac constituées surtout de charbon, céréales, minerai de fer, agrégats, sel, produits pétroliers et marchandises générales. Nous fournissons aux industries primaires et aux collectivités canadiennes des services de transport fiables, économiques et durables sur le plan environnemental.
La flotte de l’AAC se consacre aux opérations en eaux canadiennes, offrant un service ininterrompu à ses clients grâce à un engagement à long terme envers les expéditeurs des industries de l’acier, de l’agriculture, de l’exploitation minière, de la construction, de l’énergie et du pétrole.
L’actuelle Loi sur la responsabilité en matière maritime, en vigueur depuis août 2001, est le principal texte de loi qui traite de la responsabilité des armateurs et exploitants de navires envers les passagers, les marchandises, la pollution et les dommages matériels. Le but visé par cette loi est de fixer des limites à la responsabilité et d’établir une certaine uniformité en équilibrant les intérêts des armateurs et ceux des autres parties.
Les modifications à la Loi sur la responsabilité en matière maritime que propose le projet de loi C-7 résultent, pour la plupart, du Document de travail sur la réforme du droit maritime publié par Transports Canada en mai 2005 et des consultations qui ont eu lieu par la suite. L'AAC a participé pleinement à ce processus de consultation. Le projet de loi C-7 est, pour l’essentiel, la réponse législative aux discussions et débats qui ont entouré le document de Transports Canada.
L’AAC a travaillé étroitement avec les fonctionnaires du gouvernement et d’autres intervenants de l’industrie maritime canadienne. Comme je l'ai dit, nous avons rencontré à quelques reprises des représentants de Transports Canada pour discuter du projet de loi C-7. Je voudrais d'ailleurs féliciter le gouvernement du Canada, et plus particulièrement Transports Canada, pour l'excellent travail d'élaboration de cette importante politique et pour le travail législatif qui a conduit aux modifications proposées à la Loi sur la responsabilité en matière maritime. L'AAC avalise la plus grande partie des dispositions du projet de loi C-7. Même si le projet de loi impose des obligations importantes aux transporteurs maritimes nationaux, en tant que transporteurs visés par le régime national, qui sommes conscients de nos responsabilités, nous sommes prêts à nous y conformer en tous points.
La Convention sur les hydrocarbures de soute est une des conventions internationales auxquelles le Canada adhère par l'entremise de ce projet de loi. Elle traite de la pollution par le carburant provenant des soutes de tout navire sauf les pétroliers. Les représentants du ministère ont déclaré plus tôt cette semaine que la ratification de cette convention permettra au Canada de s’en remettre aux dispositions de l’assurance obligatoire qui y sont stipulées et qui garantissent que l’armateur dispose bien des protections nécessaires en cas de déversement d’hydrocarbures de soute. L’AAC ne voit aucune objection à l’introduction de cette nouvelle disposition et ses membres se plieront volontiers à la nouvelle exigence.
Le projet de loi C-7 accorde aussi aux approvisionneurs de navires canadiens un privilège maritime sur tout bâtiment étranger, en garantie d’obligations impayées. L’AAC appuie cette disposition, mais tient à dire publiquement qu’elle ne soutiendrait aucune modification au projet de loi C-7 qui étendrait ce privilège maritime aux bâtiments canadiens. Ce privilège a pour but de protéger les approvisionneurs canadiens contre les bâtiments battant pavillon étranger qui ne respectent pas leurs obligations.
Ces bâtiments sont source de problèmes, car n’ayant aucune attache au Canada, il leur arrive de ne pas tenir compte de leurs obligations envers leurs fournisseurs. Il n’en est pas de même des navires battant pavillon canadien. Les armateurs canadiens ayant des bureaux au Canada, leurs approvisionneurs n’ont aucune difficulté à se faire payer. Il n’existe aucune preuve de défaillance de la part d’armateurs canadiens à l’endroit de leurs approvisionneurs qui puisse justifier la création d’un privilège en leur faveur sur les armateurs et exploitants de navires. Dans les cas où des réclamations ont été faites contre un armateur canadien par un approvisionneur, le simple fait que le navire puisse être en arrêt forcé ou qu’une action in rem puisse être intentée a généralement suffi pour obtenir un prompt règlement.
La décision d’étendre le privilège maritime aux bâtiments canadiens aurait des effets profondément négatifs sur le financement de notre flotte. Il ne fait aucun doute que les coûts de financement augmenteraient si les prêteurs étaient subordonnés à un privilège en faveur des approvisionneurs. L’AAC ne pourrait pas appuyer une proposition qui aurait pour effet d’accroître les coûts sans avantage perceptible pour les contribuables, surtout dans le climat économique actuel.
À propos du climat économique actuel, j'ajouterais que la flotte de l'AAC, qui est formée principalement de vraquiers et de navires auto-déchargeurs qui circulent sur le Saint-Laurent et dans les Grands Lacs, est âgée de 35 à 40 ans et doit être remplacée. Il est urgent de remplacer cette flotte avec des navires modernes, efficients, des navires verts ayant une meilleure performance environnementale. Toutefois, lorsque de nouveaux navires sont importés au Canada pour être affectés au cabotage, c'est-à-dire au transport dans les eaux intérieures, ils sont assujettis à des droits de douanes de 25 %, ce qui représente une somme de 10 millions de dollars ou plus par navire. Il s’agit là d’une taxe qui touche non seulement les armateurs canadiens, mais aussi les utilisateurs du transport maritime.
Ce droit de douane doit être éliminé immédiatement pour le bien des secteurs primaire et secondaire qui dépendent du transport maritime et pour favoriser le remplacement de la flotte canadienne. L’ajout d’un privilège maritime sur les bâtiments canadiens aggraverait encore le problème de financement que nous avons déjà au Canada pour remplacer notre flotte.
Voilà ce que nous avions à dire. Merci beaucoup de votre attention.
Monsieur le président et membres du comité, bon après-midi et merci de nous accorder le temps de vous parler.
L'année dernière, au lieu de regarder les résultats d'American Idol, j'ai passé deux heures devant mon écran d'ordinateur pour regarder vos délibérations de jeudi diffusées sur le web. Je dois dire que le témoignage de Transports Canada m'a paru excellent. Je n'ai pas vu la présentation graphique, mais comme j'en avais vu une partie avant, j'ai pu suivre la discussion.
Ce que j'ai trouvé plus intéressant, c'est la séance de questions qui a suivi en table ronde. J'ai divisé vos questions et certaines des réponses du ministère en trois catégories. La première se rapporte à la pollution par les hydrocarbures, dont on a dit qu'elle était au coeur du projet de loi. Lorsqu'on lit le projet de loi, il est évident que l'article 11 est certainement l'article le plus substantiel et il concerne entièrement la pollution. Les deux autres catégories étaient le tourisme d'aventure et les privilèges maritimes. C'est de ces deux derniers éléments que je vais parler cet après-midi.
Je sais que le temps est une denrée précieuse. Nous vous avons fait distribuer un mémoire de trois pages. Je vais partir du principe que vous en avez tous un exemplaire.
La Section nationale de droit maritime de l'Association du Barreau canadien appuie, de façon générale, le . Les dispositions sur la pollution par les hydrocarbures ne nous semblent pas de nature à susciter la controverse. Le protocole portant création d'un fonds complémentaire augmentera les limites de la responsabilité et nous croyons que cela permettra au Canada d'être mieux préparé en cas de déversement d'hydrocarbures.
Nous ne pensons pas que la Convention sur les hydrocarbures de soute aura d'importantes répercussions au Canada. Nous avons un régime à l'égard des hydrocarbures de soute depuis un certain nombre d'années. J'ai le plaisir de pouvoir dire que le Canada a toujours été à l'avant-garde de la législation contre la pollution pétrolière dans le monde. Depuis 1970, nous avons adopté des dispositions législatives très énergiques à cet égard, en commençant par la Loi sur la marine marchande du Canada. Puis, en 2000-2001, ces dispositions ont été refondues dans la Loi sur la responsabilité en matière maritime. Il n'y aura donc pas de changement sur ce plan-là. Comme je l'ai dit, je ne crois pas que cela suscitera la controverse. L'harmonisation des lois internationales est toujours souhaitable et c'est donc une bonne chose que le Canada ratifie des conventions.
Nous avons deux sujets de préoccupation, comme c'était le cas au comité mardi, soit le tourisme d'aventure et les privilèges maritimes. Je vous demande de bien vouloir vous reporter à la page 2 de notre mémoire. Ces deux questions se rapportent à deux articles de votre projet de loi: l'article 1, qui donne la définition du mot « passager » et l'article 12 où il est fait mention du privilège maritime, ainsi que d'une prescription générale dont je parlerai également.
Au lieu d'entrer dans les détails de l'article 1 et de parler du problème que pose la définition du mot « passager », je dirais que la saison estivale commence bientôt au Canada et que la plupart d'entre nous irons au chalet, soit le nôtre, soit celui d'un ami. Lorsque vous marcherez sur le quai en direction des bateaux, supposons qu'à votre gauche vous ayez un bateau à moteur et à droite un canoë. Si vous adoptez le projet de loi tel qu'il est actuellement libellé, vous feriez mieux d'aller dans le canoë, car si vous êtes blessé en tant que passager d'un canoë, vous toucherez, si vous y avez droit, une indemnisation beaucoup plus importante que si vous montez dans le bateau à moteur.
Je pense que c'est une anomalie qui apparaît dans le libellé. Je ne crois pas que c'était intentionnel de la part du ministère et c'est une chose qu'il faut supprimer.
Pour le moment, en vertu de la Loi sur la responsabilité en matière maritime, si vous êtes blessé dans un bateau, quel que soit son moyen de propulsion, la limite est de 1 million de dollars pour un navire de moins de 300 tonnes et la plupart des petits navires du Canada entrent dans cette catégorie. À l'article 1, vous avez une définition du mot « passager » et le paragraphe c) qui est proposé aura pour effet d'augmenter la limite pour le passager d'un canoë. Comme je l'ai dit, s'il est possible de choisir entre les deux, c'est peut-être juste pour la personne en canoë, mais ce sera très injuste pour la personne en bateau à moteur. Par souci d'harmonisation, il faudrait que la limite soit de 1 million de dollars pour tout le monde, comme c'est le cas aujourd'hui et il faudrait donc supprimer le paragraphe c) de l'article 1 dans la définition de « passager ».
Une autre chose que je trouve intéressante a été signalée par M. Volpe, mardi après-midi, à propos de l'article 37.1 proposé où se trouve la définition d'une activité de tourisme d'aventure.
Si nous nous reportons au document de discussion du ministère des Transports datant de 2005, on voulait, au départ, trouver un moyen de soustraire le tourisme d'aventure à l'application de la partie 4. Comme vous avez pu le voir dans votre documentation de mardi, la partie 4 porte principalement sur la Convention d'Athènes qui se rapporte aux gros navires de passagers qui sillonnent les mers. Nous n'avons pas beaucoup de navires maritimes de passagers au Canada.
Si nous avons des bateaux de passagers, monsieur Volpe, dans le port de Toronto, ce sont des bateaux de croisière, mais ils ne vont pas en mer. Ils vont dans les lacs, mais la réalité reste la même.
Nous essayons de trouver un moyen de donner suite à l'idée que l'honorable député de a émise mardi et qui est d'exclure les bons exploitants de la partie 4 et de veiller à ce que les mauvais y soient assujettis. Il faut, pour cela, faire la distinction entre les deux.
Au départ, nous avons commencé par définir le mot « navire ». Cela n'a pas marché et c'est alors que l'idée d'une activité a surgi au cours des consultations entre Transports Canada et les parties prenantes. Si vous pouviez définir les paramètres de cette activité, cela allait permettre de faire sortir les bons et de garder les mauvais.
L'observation que vous avez faite, monsieur Volpe, mardi, portait sur les normes de sécurité des navires. Il a été question de la Loi sur la marine marchande du Canada et les normes de sécurité des navires qu'elle contient et que Transports Canada est chargé d'appliquer.
La Section national de droit maritime de l'Association du Barreau canadien désire formuler une observation à l'égard d'un des critères qui figurent dans l'article 37.1 proposé. Si vous incluez un autre critère exigeant que le secteur du tourisme d'aventure ait, au commencement du voyage, un navire en bon état de navigabilité avec l'équipage requis, vous ferez en sorte que les bons exploitants soient visés par la partie 3 plutôt que la partie 4. Les mauvais exploitants resteront assujettis à la partie 4, car si le navire n'est pas en bon état de navigabilité au début du voyage, ils ne pourront pas invalider les exonérations de responsabilité, ils ne pourront pas sortir du cadre de la partie 4 et les règles de la partie 4 continueront de s'appliquer.
Notre deuxième sujet de préoccupation est le privilège maritime dont il est question à l'article 12. Un privilège maritime est une créance garantie. Il y a eu une discussion à ce sujet mardi après-midi. Il ne faut pas oublier qu'un privilège maritime a généralement priorité sur les autres créances qui grèvent un bien maritime, que ce soit celles des prêteurs hypothécaires ou celles des créanciers non garantis et la question est toujours soulevée dans le contexte d'une faillite ou de la saisie d'un navire lorsqu'on se dispute un montant limité.
À l'heure actuelle, les approvisionneurs de navires ont un privilège. Mardi, les représentants du ministère l'ont qualifié de privilège légal. Il se situe à un niveau en dessous du privilège maritime. En fait, les approvisionneurs de navires demandent la parité avec les approvisionneurs des États-Unis.
En tant que Canadien, malgré mon curieux accent, je suis assez d'accord pour dire que c'est une bonne chose. Toutefois, si vous accordez un privilège à quelqu'un, vous devez prévoir les garanties habituelles. Je pense que certaines des garanties qui figurent dans la Maritime Lien Act des États-Unis manquent dans nos dispositions concernant les privilèges maritimes.
Il a été question, mardi, d'une solution « nord-américaine ». Il semble qu'on ait été assez sélectif et que certains des bons éléments de la loi américaine ont été repris tandis que d'autres ne l'ont pas été.
La meilleure analogie que je puisse faire est que vous avez entendu, mardi après-midi, le point de vue de l'armateur, du capitaine et du représentant de la compagnie maritime. Quand j'ai écouté la diffusion web, je n'ai pas entendu le point de vue de l' affréteur. Si je fais une analogie avec la relation propriétaire-locataire, l'armateur est comme le propriétaire et l'affréteur du navire est comme le locataire. La question à se poser est la suivante: est-il juste qu'un propriétaire soit lié par une créance sur son immeuble que le locataire a contractée à son insu? Le projet de loi contient actuellement une disposition qui est souhaitable, mais qui doit inclure certaines garanties.
Enfin, une prescription générale a été proposée. C'est une bonne chose. Cela harmonise la législation fédérale dans l'ensemble du pays, ce qui est souhaitable.
Ce qui manque, c'est ce que nous appelons une « entente de prolongation ». Une entente de prolongation est un mécanisme qui permet aux parties de s'entendre pour prolonger le délai de prescription si elles le désirent. À l'heure actuelle, les ententes de prolongation sont autorisées en Colombie-Britannique, par exemple. Elles ne le sont pas en Ontario. Si vous voulez uniformiser le droit maritime d'un bout à l'autre du pays, les dispositions qui sont logiques et efficaces comme les ententes de prolongation en Colombie-Britannique devraient être appliquées dans l'ensemble du Canada et incluses dans une disposition maritime d'application générale.
Voilà ce que j'avais à dire. Je suis prêt à répondre aux questions du comité. Vous pouvez m'en poser autant que vous voudrez. Si je ne peux pas y répondre, M. Bowie pourra peut-être le faire.
Merci de m'avoir permis de prendre la parole devant vos cet après-midi.
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Non, l'exonération de responsabilité est quelque chose d'assez illusoire. Je vais vous donner un exemple personnel.
L'été dernier, j'ai eu le plaisir d'aller à Québec et après avoir participé à une réunion, j'ai pu me rendre au Saguenay pour aller voir les baleines. Il y a là-bas des entreprises qui ont des gros bateaux, des petits bateaux ou des Zodiac. Comme mon fils n'aime pas beaucoup l'eau, nous avons choisi un gros bateau pour qu'il se sente plus en sécurité. On ne nous a pas demandé de signer d'exonération. C'était un bateau doté de tout l'équipement de sécurité nécessaire et nous étions des passagers dans tous les sens du terme. Si je descendais le Hells Canyon, sur la rivière Fraser en radeau pneumatique ou si j'allais à Pembroke, dans la vallée de l'Outaouais, pour faire la descente des rapides, on me demanderait de signer une exonération, car je me lancerais dans une aventure. Je ne serais pas considéré comme un passager.
Je vais me poser des questions si l'activité ne correspond pas tout à fait aux activités normales d'un passager, et si on me demande de signer une exonération et on me donne des instructions de sécurité alors que je suis sur un bateau en bon état de navigabilité qui a l'équipage requis. Dans ce cas, je ne suis pas visé par la partie 4. Je sais que je ne suis pas visé par la partie 4, j'y consens, mais même si je le reconnais, les règles habituelles s'appliquent. Si je suis blessé, je peux poursuivre quelqu'un et si je trouve un moyen de le faire malgré l'exonération de responsabilité, je vais le faire. Cela ne change rien.
Voici ce que nous essayons de vous faire comprendre aujourd'hui. Je ne crois pas que lorsque le tourisme d'aventure a été inclus dans la partie 4 en 2000, cela s'adressait aux petits bateaux et aux gros bateaux de la Convention d'Athènes qui naviguent en mer. Nous avons reconnu, au cours des sept ou huit dernières années, que les activités de tourisme d'aventure à petite échelle ne devraient pas être visées par la partie 4. Elles peuvent être incluses dans la partie 3. Nous essayons de trouver un moyen pour que les bons exploitants se retrouvent en dehors de la partie 4 tandis que les mauvais pourront rester en dedans.
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Voulez-vous parler des amendements concernant la responsabilité maritime en général? Ces mesures sont souhaitables et auront pour effet de favoriser l'harmonisation.
La marine marchande est une industrie très internationale et les dispositions du projet de loi concernant la pollution… Le fonds complémentaire est un fonds international qui apportera plus d'argent au Canada au cas où un navire ou un pétrolier visé par la Convention produirait un déversement. Étant donné que les navires internationaux visitent nos rivages régulièrement, c'est une bonne chose. Heureusement, depuis 30 ou 40 ans que nous avons une loi sur la protection environnementale au Canada nous n'avons pas eu de gros déversements. La Loi sur la marine marchande du Canada parle d'une capacité d'intervention de 10 000 tonnes. Nous n'avons jamais eu de déversement de 10 000 tonnes dans notre pays. Le déversement du Nestucca sur la côte ouest, à la fin des années 1980, a été de 800 tonnes. Le plus gros déversement a atteint, je pense, 7 000 tonnes lorsque le Kurdistan a brisé sa coque dans le détroit de Cabot, dans le golfe, à la fin des années 1970. Nous n'avons donc jamais eu de déversements catastrophiques ici, et je touche du bois pour que nous n'en ayons jamais.
Toutefois, pour être partie à la Convention sur le fonds complémentaire… Nous sommes déjà partie à la Convention sur la responsabilité civile, la Convention sur le fonds international, la Convention sur la limitation de la responsabilité en matière de créances maritimes, la Convention d'Athènes, toutes les conventions que couvre ce projet de loi. Le fait que nous harmonisons notre loi avec celles des autres pays qui font du transport maritime est une bonne chose.
Comme nous l'avons entendu dire mardi, les privilèges maritimes sont une solution nord-américaine. Ils ne correspondent pas tout à fait aux privilèges maritimes de la communauté internationale et il s'agit de placer les approvisionneurs de navires canadiens sur le même pied que les Américains dans les situations où les priorités deviennent importantes. Je pense que c'est, dans une certaine mesure, un problème nord américain car on sait que des navires ont choisi le Canada pour faire faillite en raison de notre ordre de priorité. Le port de Vancouver a été très fréquenté, pendant un certain temps, par des compagnies en faillite, pour les audiences sur la priorité, et les approvisionneurs canadiens ont toujours été désavantagés si un approvisionneur américain avait également une créance.
J'ai défendu des approvisionneurs américains quand je vivais à Vancouver et c'était toujours beaucoup plus avantageux que de défendre un approvisionneur canadien, car vous étiez sûr d'être payé. À part le fait que j'étais payé, j'ai toujours trouvé que c'était injuste pour les Canadiens, car ils étaient chez eux, mais ce sont les Américains qui étaient avantagés.
Les approvisionneurs canadiens ont donc proposé de créer une certaine parité. Je pense que c'est souhaitable, mais comme je l'ai dit, si vous accordez un privilège à quelqu'un — et je crois que vous le faites en les rehaussant dans l'ordre de priorité — vous devez également mettre en place quelques garanties. Les créances contre les affréteurs ne devraient pas pouvoir lier les propriétaires et les navires. C'est une garantie qui figure dans la loi américaine et qui manque dans la nôtre. Je pense donc que la nôtre doit être resserrée.
Est-il souhaitable de relever l'ordre de priorité des approvisionneurs de navires canadiens? Je crois que oui. Nous devons veiller sur les intérêts des Canadiens.
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Il est vrai qu'ils veulent un retour aux anciennes dispositions, car je crois qu'ils n'ont pas pu obtenir l'assurance, l'assurance obligatoire, du montant exigé par la Convention d'Athènes et par la partie 4. Cette proposition du projet de loi soustrait le tourisme d'aventure à l'application de la partie 4 et à l'obligation d'avoir une assurance ainsi qu'un régime de responsabilité strict pour rétablir les conditions qui étaient avant celles de ce secteur, c'est-à-dire la possibilité de se faire assurer sur le marché normal sans augmentation de la limite de responsabilité. L'obtention d'une assurance sur le marché se fonde sur un certain nombre de facteurs de risque en fonction desquels les assureurs noteront l'entreprise: la viabilité de l'entreprise, la navigabilité des bateaux et les facteurs de risques. Le secteur de l'assurance examinera toute une série de facteurs pour décider du montant de la prime. Les compagnies d'assurances exigeront que ces exploitants obtiennent des exonérations de responsabilité et donnent des instructions de sécurité.
En fin de compte, les personnes qui se livrent à ces activités recherchent le risque. Quand vous êtes le passager d'un navire, que ce soit sur le Saguenay pour aller voir les baleines avec votre fils, que ce soit dans le port de Toronto dans un des bateaux de croisière qui sortent le soir, que ce soit à Vancouver, vous ne recherchez pas le risque, vous cherchez à vous faire transporter du point A au point B. Je pense que la différence est là: quand vous recherchez le risque, vous voulez qu'il y ait un certain risque. Vous voulez aller vers les rochers, car vous voulez voir le bouillonnement de l'eau des rapides.
Quand vous cherchez une activité de tourisme d'aventure, vous essayez de trouver un bon exploitant dont tout l'équipement est peint de la bonne couleur, qui a de jolies brochures, et des bateaux en bon état de navigabilité, qui va vous faire vivre des moments agréables afin que vous ayez envie de renouveler l'expérience et de la recommander à vos amis. Ces personnes obtiendront une assurance, quelle soit obligatoire ou non.
La Convention d'Athènes prévoit une assurance obligatoire dont la limite a été augmentée, car cela s'accompagne d'un régime de responsabilité strict dont il est très difficile de se sortir. Vous devez prouver certaines choses dans une poursuite normale pour négligence. Il y a un certain nombre de choses que vous n'avez pas a prouver dans un régime de responsabilité strict. C'est l'avantage de la partie 4.
Si j'ai bien compris, le secteur du tourisme d'aventure dit: « Soustrayez-nous à la partie 4, mais nous serons encore visés par les règles de responsabilité normales et nous essaierons encore de nous protéger en faisant signer des exonérations. Nous gérerons encore les risques grâce à l'assurance. Comme la limite ne sera pas aussi élevée, nous serons mieux en mesure de payer la prime et nous pourrons mieux gérer notre entreprise ».
Voilà pourquoi je crois, pour en revenir à ce que M. Volpe a dit mardi, qu'une norme est importante. Vous essayez d'établir une norme de sécurité minimum pour cette activité et vous pouvez le faire par l'entremise de la Loi sur la marine marchande du Canada, mais aussi, je crois, par l'entremise de ce projet de loi.
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Oui. Ce que vous trouverez actuellement dans la loi sur la responsabilité en matière maritime aux termes des règles de La Haye-Visby qui constitue le régime de responsabilité de la cargaison prévu dans la loi, c'est un délai de prescription d'un an dans la partie concernant la cargaison. Cette période commence à compter le jour du déchargement. La cargaison est déchargée. Elle va dans l'entrepôt du consignataire. On constate qu'elle est endommagée à l'arrivée. À partir de ce moment-là, les propriétaires de la cargaison ont un an pour présenter une créance contre l'armateur ou le transporteur pour les dommages à la cargaison.
Les avocats spécialisés en loi maritime reçoivent souvent un appel à la toute dernière minute de quelqu'un qui leur dit: « Le déchargement a eu lieu il y a un an. Pouvez-vous protéger nos intérêts? » Vous constatez que si le navire est un navire de ligne allemand ou chinois, le service des réclamations se trouve à Hambourg, Shanghai, New York ou Hong Kong. Chypre, par exemple, a une flotte étrangère. Pas un seul de ses navires ne rentre jamais à Chypre étant donné qu'aucun de ses ports ne peut les accueillir. Chypre a des bureaux satellites dans divers endroits du monde.
Vous trouvez le bureau des réclamations. Vous le contactez pour dire: « On vient de retenir nos services. Pouvons-nous obtenir une prolongation du délai de poursuite pour que nous ayons le temps de réunir quelques papiers et d'examiner le dossier? » L'armateur répond: « Sous réserve de nos défenses habituelles??, nous vous accordons une prolongation de trois mois pour préparer votre dossier ». C'est une entente de prolongation. Que ce soit la Cour fédérale du Canada ou la Cour suprême de la Colombie-Britannique, qui est le tribunal de dernier ressort pour la marine marchande, ou tout autre tribunal qui entend la cause, c'est une forme de règlement des différends.
La plupart des causes concernant une cargaison sont réglées en dehors du tribunal, mais il faut pour cela du temps, surtout si vous n'êtes pas dans le même fuseau horaire que les compagnies d'assurances, qui se trouvent à Londres, New York ou ailleurs. Le service des réclamations de la compagnie de transport maritime et l'assureur sont toujours dans des pays différents, dans des fuseaux horaires différents. Vous avez besoin d'un peu de temps. Dans le contexte de la navigation au niveau fédéral et international, une entente de prolongation est tout à fait logique.
En Colombie-Britannique, ces ententes sont autorisées par les tribunaux de la province. En Ontario, nous ne les autorisons pas. Quand je reçois une demande de la 11e heure, je dépose à la Cour de l'Ontario un avis de poursuite qui m'accorde 30 jours pour rassembler mes idées avant de plaider la cause. Je dois intenter la poursuite dans le système provincial et cela ne marche pas toujours. Voilà pourquoi les ententes de prolongation sont utiles dans ce contexte.