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Le mandat appréciable de Postes Canada, d'abord et avant tout, est de livrer le courrier à tous les Canadiens dans tous les coins du pays, et ce, chaque jour ouvrable. Nos activités sont d'une envergure énorme. Nous devons livrer chaque jour environ 45 millions de lettres et colis à 15 millions de boîtes à lettres.
Compte tenu de l'immensité du territoire, Postes Canada doit compter sur un réseau de transport complexe pour réaliser son mandat. En fait, c'est probablement le réseau le plus étendu et le plus complexe de tous les prestataires de services du pays, et le transport aérien en constitue un élément indispensable. Sans les avions, le courrier ne serait pas livré et nous manquerions à nos obligations envers les Canadiens.
Pendant des dizaines d'années, Postes Canada a entretenu des relations commerciales avec Air Canada afin d'assurer le transport du courrier au pays et vers d'autres destinations. Le 30 avril 2008, nous avons reçu un courriel d'Air Canada. J'aimerais vous en transmettre des copies afin que vous puissiez le lire. Le courriel exigeait que nous modifions l'accord existant conclu par Air Canada et Postes Canada afin d'y inclure cinq nouvelles dispositions, à savoir: la modification du supplément pour carburant de 25 à 100 p. 100; l'augmentation des taux de base de 2,5 p. 100 par année; la suppression de la remise bien établie sur le volume; la garantie d'une utilisation minimale de 75 p. 100 (en d'autres mots, ils voulaient que l'on paie pour l'espace sur leurs avions même si nous ne l'utilisions pas); l'augmentation des volumes internationaux sur Air Canada.
On nous a dit « de répondre, de consentir ou de négocier » avant le 16 mai, faute de quoi Air Canada nous remettrait un avis de résiliation du contrat. Ces demandes représentaient des coûts annuels supplémentaires d'environ 15 millions de dollars au chapitre de nos opérations aériennes. De toute évidence, de tels coûts auraient été prohibitifs. En tant qu'actionnaire, vous connaissez la situation financière de Postes Canada.
Le 16 mai 2008, nous avons reçu une télécopie d'Air Canada. Cette télécopie, qui commençait par « Cher monsieur, chère madame », nous avisait officiellement de la résiliation du contrat dans un délai de 120 jours. Nous avions donc, mesdames et messieurs, jusqu'au 13 septembre pour reconstituer le réseau aérien entier qu'il nous fallait pour livrer le courrier tous les jours. En temps normal, un projet d'une telle envergure aurait exigé plus de six mois et possiblement une année, compte tenu de la portée et de l'envergure des opérations de Postes Canada.
Nous avons rencontré les représentants d'Air Canada afin de tenter de prolonger le délai, mais il était clair, de par le ton et les propos, qu'Air Canada ne voulait plus assurer les activités intérieures de Postes Canada.
Un prolongement temporaire de notre contrat avec Air Canada aurait nécessité des engagements financiers supplémentaires importants de notre part. Cela n'aurait été ni raisonnable, ni viable. Les divergences étaient clairement irréconciliables.
En tant qu'entreprise, nous avons l'obligation de nous assurer que les Canadiens reçoivent leur courrier. C'est à nous de déterminer comment y arriver, mais notre obligation est claire et comprise de tous — livrer le courrier. Nous devions agir rapidement afin d'éviter toute interruption du service. Il faut également souligner, monsieur le président, que les faits que je vous relate se sont passés tout juste avant notre période de pointe, qui va de septembre jusqu'à l'apogée de la période des Fêtes.
Nous nous sommes donc tournés vers Courrier Purolator, un élément très important du groupe d'entreprises de Postes Canada. Postes Canada détient 92,96 p. 100 de Purolator. Purolator avait déjà fait ses preuves en tant que fournisseur de services de transport auprès de Postes Canada. En fait, Purolator est l'un de nos fournisseurs depuis 1993, et nous avions une grande confiance quant à la capacité de notre filiale d'acheminer le courrier.
Puisque Purolator fait partie du groupe d'entreprises de Postes Canada, ses bénéfices sont bien sûr consolidés avec ceux de Postes Canada. Purolator continue de contribuer de façon considérable au volume d'affaires général de Postes Canada. Mis à part son réseau aérien, qui constitue un élément critique de notre capacité de réaliser notre mandat, Purolator a également accès aux aires de trafic et est en mesure de bien gérer son réseau aérien. Purolator est capable d'assurer le transport aérien de notre volume considérable chaque jour ouvrable. Il s'agit de 150 000 livres de courrier expédié partout au pays chaque jour ouvrable. Postes Canada transporte annuellement 72 millions de livres de courrier et nous avons besoin d'avions suffisamment gros pour répondre à nos besoins.
[Français]
Il est pratique courante qu'une entreprise fasse affaire avec ses filiales. C'est normal. De telles transactions permettent de réaliser des gains d'efficacité, des rendements d'échelle et des économies de coûts pour l'une ou les deux parties. Ce peut être une source de création de valeur pour les actionnaires.
[Traduction]
Avant de conclure une entente avec notre filiale, nous avons émis un appel d'intérêt. Nous connaissons notre secteur et les joueurs qui y assurent une présence depuis des décennies. Nous savons qui évolue dans le secteur et qui peut répondre à nos exigences très rigoureuses liées à l'acheminement du courrier. Toutefois, nous aimons bien mettre à jour nos renseignements sur le marché, et nous avons émis un appel d'intérêt pour savoir si d'autres solutions étaient possibles dans le délai très bref auquel nous étions confrontés.
L'appel d'intérêt a été envoyé à quatre fournisseurs qualifiés de services de fret aérien, à savoir Cargojet, Esposito Logistics Services, First Air, et Purolator. Puisque nous étions dans une situation à risque élevé, nous avons retenu des entreprises avec lesquelles nous faisions déjà affaire. C'était important vu le mandat à réaliser.
En bout de ligne, nous avons conclus que Purolator était la mieux placée pour combler nos exigences opérationnelles dans les délais serrés qui nous étaient imposés.
J'aimerais également rappeler aux membres du comité, monsieur Tweed, que nous acheminons le courrier par avion depuis très longtemps, et notre vaste expérience nous permet d'une part, de formuler nos exigences rigoureuses et, d'autre part, d'évaluer qui sera en mesure d'y répondre. Je vous rapporte donc avec plaisir que le transfert d'Air Canada à Purolator s'est réalisé sans heurts. Je ne crois pas que nos clients étaient au courant de l'envergure du changement apporté à nos opérations que nous avons réalisées. Ce fut un changement de taille. Nous nous étions engagés à le faire de façon appropriée parce que nous avons l'obligation de livrer 45 millions d'envois postaux chaque jour. Nous avons pu restructurer notre réseau de transport entier dans un délai de 120 jours. Je ne peux m'imaginer quelles auraient été les conséquences pour les Canadiens si la livraison du courrier avait été perturbée par une interruption des services aériens.
Plus de six mois après la mise en place de notre nouveau réseau de transport aérien, le service aux Canadiens s'est amélioré et les coûts globaux engagés par Postes Canada pour transporter le courrier à l'intérieur du Canada sont maintenant inférieurs à ce qu'ils auraient été avec Air Canada. Nous gérons maintenant toutes nos opérations aériennes.
Je crois que les démarches entreprises pour conclure un contrat avec Purolator étaient indiquées, tout comme le résultat. Les Canadiens continuent d'obtenir d'excellents services à des prix raisonnables. Nous sommes très satisfaits des résultats. Nous croyons que notre approche a donné une valeur ajoutée aux Canadiens et à notre actionnaire, le gouvernement du Canada, ainsi qu'à Postes Canada.
Merci, monsieur le président.
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Notre principale préoccupation était le temps dont nous disposions pour recréer le réseau.
Si je me rappelle d'avoir entendu des discussions portant précisément sur les conflits d'intérêts? Non, mais je me souviens que des directives bien précises avaient été données à la direction pour déterminer qui serait en mesure de reproduire le réseau d'Air Canada. C'est pourquoi nous avons lancé l'appel d'intérêt.
Je sais que le conseil d'administration a posé des questions très explicites à la deuxième réunion lorsque la direction a recommandé d'engager Purolator. Il avait été déterminé qu'il s'agissait de la seule compagnie à posséder la portance nécessaire, ou capable de prendre les moyens pour l'avoir; à être en mesure de répondre à nos besoins, et à être digne de confiance. On a beaucoup discuté et beaucoup de questions ont été posées à propos de Purolator et des liens potentiels de l'entreprise. On avait exprimé certaines réserves, mais au bout du compte, le conseil d'administration a jugé que nous avions pris la bonne décision à ce moment-là. Lors de la troisième réunion, nous avons été à même de constater que la suite des événements nous avait donné raison. Je vous dirais que sachant ce que nous savons aujourd'hui, nous referions exactement la même chose.
Je crois que la direction — et je n'en fais pas partie — a fait de l'excellent travail du côté du réseau.
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Merci, monsieur le président.
Les membres du comité vous parlent de préoccupations à l'égard de vos pratiques commerciales. La plupart d'entre nous ont reçu des messages, non seulement pour ce qui concerne la situation qui nous occupe actuellement, mais aussi pour s'informer sur la subvention du Nord, qui est de votre ressort. Comme Postes Canada vient d'être assujetti à un examen et qu'une partie de cet examen répond à des préoccupations sur sa viabilité, nous essayons d'établir la nature des pratiques que vous suivez. À cause des rapports étroits que vous avez, tels ceux avec des sociétés liées, et il nous est impossible d'obtenir des renseignements commerciaux. Jusqu'ici, nous avons dû nous contenter de vous croire sur parole quand vous nous dites que vous avez exercé une diligence raisonnable.
Comme les Canadiens sont vos actionnaires, ne pourrait-on pas imaginer un autre mécanisme? Je pense que personne autour de cette table ne veut médire de la direction de la société ni de ses méthodes de gestion, mais il est très difficile de se former une opinion au nom de vos actionnaires, que nous représentons et à qui nous devons rendre compte en ce qui concerne la validité des pratiques de Postes Canada.
Vous avez été soumis à un examen. Nous avons soulevé des préoccupations comme celle-là. D'après la direction et le conseil d'administration, quels mécanismes permettraient au législateur d'être rassuré quand il en ressent le besoin? Si vous ne voyez rien, je pense que cet exercice ne sert pas à grand-chose.
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Merci, monsieur le président.
Je serai bref. D'après tous les échanges que j'ai entendus, il semble qu'il n'y avait pas beaucoup de candidats sérieux parmi les destinataires de votre appel aux intéressés — Cargojet, Esposito, First Air et Purolator Courier.
Parmi les quatre, le seul, je crois, qui possédait le parc d'avions ou la capacité de fournir le service — comme vous l'avez dit, 300 vols par jour, et le Canada est un pays vaste — aurait de toute façon été une société comme Purolator. Je suis très au courant des rapports que cette compagnie entretient avec Kelowna Flightcraft. Je ne connais pas bien Esposito, mais, chez Cargojet, évidemment, on n'a simplement pas les avions nécessaires.