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Merci, monsieur le président.
En tant que président et directeur général de l'Association des chemins de fer du Canada, je suis heureux de la possibilité qui m'est offerte de témoigner devant le Comité au sujet des liaisons ferroviaires rapides au Canada.
Comme vous le savez, l'ACFC représente des chemins de fer de transport de fret canadiens de classe 1, comme le CN et le CFCP; un certain nombre de chemins de fer américains de classe 1 qui sont actifs au Canada, comme BNSF; et quelque 40 chemins de fer de transport de fret de courte ligne. De plus, nous représentons des chemins de fers régionaux, comme Ontario Northland; le chemin de fer de transport de voyageurs intervilles national du Canada, VIA Rail; d'importants chemins de fer de banlieue, comme GO Transit, AMT et West Coast, et un certain nombre de plus petits chemin de fer de banlieue; et un certain nombre de chemins de fer touristiques partout au pays.
Dans l'ensemble, l'ACFC soutient pleinement toutes les mesures qui favorisent l'utilisation accrue des services ferroviaires voyageurs au Canada, incluant la mise en place de réseaux de trains voyageurs rapides. Jamais, à ce que je me rappelle, le public a-t-il soutenu avec autant de vigueur qu'aujourd'hui les liaisons ferroviaires rapides. Des sondages menés à la demande de l'ACFC révèlent que des citoyens de partout au Canada soutiennent l'instauration de trains à haute vitesse, même dans les régions où il est peu probable qu'un tel service sera offert dans un avenir prévisible. Le soutien est également solide à l'égard d'une participation publique et privée à de futurs projets de liaisons ferroviaires rapides.
Pour l'avenir, le Canada doit disposer à la fois de services voyageurs classiques et haute vitesse. Un réseau ferroviaire rapide ne doit pas fonctionner isolément; il doit plutôt représenter une des composantes d'un réseau de transport voyageurs multimodal. En termes d'efficacité, de bonnes liaisons avec les services de transport collectif et aéroportuaire, les services ferroviaires voyageurs intervilles classiques, les autobus et une variété d'autres services sont absolument essentielles au transport ferroviaire à haute vitesse pour optimiser les avantages qu'il procure au pays.
Aujourd'hui, mes commentaires porteront principalement sur le rôle des gouvernements et du secteur privé dans la mise en place d'un réseau de trains voyageurs à haute vitesse et sur les retombées que cela aurait pour le réseau ferroviaire, les entreprises canadiennes, l'avancement de la technologie et l'environnement.
Premièrement, pour ce qui est de l'interface public-privé, il est clair que les secteurs public et privé doivent tous les deux jouer un rôle dans la mise en place d'un réseau de trains voyageurs à haute vitesse. Il faut bien admettre que la collaboration des deux parties est essentielle pour permettre l'établissement de liaisons ferroviaires rapides. Aucun projet majeur de train à grande vitesse n'a été réalisé dans le monde par une seule de ces deux secteurs. Il faut la participation des deux secteurs pour que ce travail se fasse.
Pour commencer, disons que nous sommes heureux du soutien que Ies gouvernements accordent actuellement à l'étude de faisabilité pour un train à haute vitesse au Québec et en Ontario, tout comme ils ont soutenu des études antérieures, dont celle qui a été menée récemment en Alberta. L'étude Québec-Ontario devrait être achevée dans les délais appropriés et s'intéresser à toute une gamme d'enjeux économiques, dont les avantages pour les entreprises et l'environnement, de même que le potentiel d'avancement et de mise en oeuvre de la technologie.
De plus, cette évaluation doit tenir compte de tous les aspects du réseau ferroviaire. Il est essentiel que le réseau dans son ensemble soit efficace pour assurer la réussite future de notre industrie; les gouvernements ne peuvent pas envisager que l'une des composantes du réseau, comme les services de transport de marchandises, fasse l'objet de concessions au profit d'une autre, comme les services ferroviaires voyageurs à haute vitesse. Des investissements bien planifiés et réalisés dans les trains voyageurs peuvent améliorer le réseau tant pour les chemins de fer transportant des marchandises que pour ceux qui transportent des voyageurs. À titre d'exemple de ce genre de synergies, mentionnons le programme actuel de 407 millions de dollars visant à valoriser les services de VIA Rail le long de la ligne principale du CN.
Ensuite, les gouvernements doivent commencer à constituer des réserves foncières, au besoin, dans les corridors désignés. L'ACFC est au courant que cela se fait actuellement en Alberta. La désignation des corridors et la mise en place d'emprises réservées aux trains rapides sont des étapes essentielles dans la réalisation de tout réseau ferroviaire à haute vitesse. Pour des raisons de sécurité et d'efficacité, ces trains ne doivent pas emprunter les voies appartenant aux chemins de fer marchandises et exploitées par eux. En termes simples, mesdames et messieurs, vous ne pouvez avoir en même temps sur la même voie ferrée un train qui roule entre 150 et 200 milles à l'heure et un train de marchandises qui roule entre 40 et 60 milles à l'heure. Cela ne fonctionnera tout simplement pas.
Nous croyons qu'il incombe aux gouvernements d'examiner toutes les options possibles de financement, dont les partenariats public-privé. Même dans la conjoncture économique actuelle, il existe au Canada d'importants fonds d'immobilisations qui pourraient être canalisés vers des projets d'infrastructure promettant des rendements raisonnablement prévisibles et à long terme. Je crois que, pour un projet d'une telle envergure, une entente de partenariat suscite un plus grand soutien de la part du public que le financement par les seuls gouvernements.
J'aimerais maintenant parler des avantages du train à haute vitesse pour les entreprises, la technologie et l'environnement.
Le gouvernement doit effectuer une analyse complète des avantages industriels qui découleraient de la mise en place de liaisons ferroviaires rapides. Le Canada possède actuellement les ressources et le savoir-faire interne pour mettre au point un réseau de trains rapides. Le secteur canadien des fournisseurs de chemins de fer a atteint la maturité, et nous avons accès à des compétences de classe internationale dans les domaines de l'ingénierie, des rails, de la signalisation et de la conception de locomotives et de voitures. Étant donné la relative étroitesse du marché des services ferroviaires voyageurs, les entreprises canadiennes exportent leurs produits et services à l'échelle mondiale et sont des chefs de file de la mise en place de réseaux ferroviaires à haute vitesse dans le monde.
De plus, la construction d'un réseau ferroviaire rapide permettra la renaissance au Canada d'activités de fabrication qui avaient cours autrefois. Je pense, par exemple, à la fabrication de rails de chemin de fer; nous avons les compétences et la capacité nécessaires pour produire des rails au Canada, mais le marché n'est pas assez vaste actuellement pour que la production interne soit viable. La construction d'un réseau ferroviaire rapide au Canada exigerait environ 4 milliards de dollars de rails sur une période de dix ans. Cela pourrait être suffisant pour changer la donne. Globalement, la mise au point d'un réseau ferroviaire à haute vitesse permettrait à nos fournisseurs et à nos ingénieurs de faire valoir leurs compétences et de faire progresser encore plus les technologies de pointe pour les marchés canadiens et mondiaux.
Dans les années à venir, la demande en matière de transport, aussi bien dans le cas des services de transport de voyageurs et que dans celui des services de transport de marchandises, continuera de croître. En 2008, la croissance des services ferroviaires voyageurs, tant intervilles que de banlieue, a été de près de 10 p. 100. L'ACFC se réjouit des importants investissements effectués par les gouvernements dans les services ferroviaires voyageurs; ces investissements permettront à nos chemins de fer de répondre à la demande actuelle et future.
Finalement, du point de vue de l'environnement, les chemins de fer voyageurs se doivent d'accaparer une plus grande part de la croissance future des services voyageurs. Si on examine l'augmentation des gaz à effet de serre au Canada au cours de la dernière décennie, on constate que c'est dans les secteurs de l'industrie lourde et des transports qu'elle s'est produite. Les mesures prises dans d'autres secteurs de l'économie en vue de réduire les GES seront éclipsées si nous ne réagissons pas vigoureusement pour restreindre la croissance des émissions de GES dans le secteur des transports. Compte tenu des avantages du rail sur le plan de l'environnement, un réseau ferroviaire à haute vitesse peut contribuer de façon marquée à réduire la hausse des GES et se révéler une composante durable de notre réseau national de transport voyageurs multimodal.
C'est avec ce commentaire que j'aimerais terminer mon témoignage, monsieur le président.
Merci de votre attention.
Grande Vitesse Canada est un organisme sans but lucratif. Je veux vous dire tout de suite que nous sommes un organisme non partisan. Nous n'acceptons pas d'argent de l'Association des chemin de fer du Canada, ni de Bombardier, ni de Siemens, ni d'Alstom. Cela nous donne beaucoup de crédibilité lorsque nous faisons des colloques publics, et nous avons notre site Web pour informer les Canadiens. Nous n'avons qu'une seule méthode, qu'un seul domaine d'activité: informer le public canadien sur les avantages des trains à grande vitesse au Canada. Encore une fois, comme je l'ai dit, nous le faisons par le biais de notre site Web et de nos colloques publics.
Comme Cliff l'a dit, ce sont des temps excitants pour le train à grande vitesse. Je ne peux le dire assez. Je reçois beaucoup d'appels téléphoniques pour tenir ces colloques publics dans différentes villes et je dois répondre à ces gens que j'ai des enfants, que j'ai eu un horaire de soccer et que nous ne pouvons pas faire cela l'été. Windsor, Ottawa, Montréal, Calgary et Vancouver veulent que nous nous rendions sur place pour y tenir un colloque sur le train à grande vitesse. Notre site Web reçoit régulièrement plus de 200 visites par jour. Les visiteurs parcourent les études sur le site. Alors, ce sont des temps excitants.
Lorsque je parle des avantages du train à grande vitesse, ou du train à plus grande vitesse, je pense qu'il est bon d'en donner une définition rapide. Ce que je veux dire par haute vitesse, c'est tout ce qui dépasse 200 km à l'heure. Certaines personnes diront que ce n'est pas très élevé, et c'est vrai. En Europe, la vitesse normale sur un grand nombre de lignes est de 325 km à l'heure, ce qui est bien supérieur aux 150 km à l'heure des trains actuels de VIA Rail. Les trains à plus grande vitesse font aussi partie du tableau.
J'aimerais prendre un instant pour parler du président Obama. Comme vous le savez tous, il a fait un énoncé visionnaire il y a deux semaines à la télévision américaine lorsqu'il a dit qu'il fallait moderniser le système de transport ferroviaire de passagers. Lorsque je parle de chemin de fer à plus grande vitesse, deux des corridors qu'il a mentionnés sont des exemples que je vais utiliser pour les trains à plus grande vitesse. Il a parlé de Vancouver-Seattle. C'est un bon exemple. C'est Amtrak qui exploite ce service à l'heure actuelle. Ce ne sera jamais un endroit où les trains rouleront à 300 km à l'heure, mais c'est un endroit où on peut apporter des améliorations à la voie ferrée, où on peut apporter des améliorations au fret et où on peut peut-être augmenter la vitesse à 150 km à l'heure.
Alors, nous parlons de deux choses ici: de train à grande vitesse, mais également de vitesses plus grandes. Et nous ne parlons pas uniquement de Calgary-Edmonton, le corridor numéro 1 pour la haute vitesse; et le corridor numéro 2, évidemment, est Windsor-Québec. Je donne l'exemple de Vancouver-Seattle. Le président a également parlé de Montréal-Boston. Encore une fois, ce serait quelque chose à plus long terme. Les études ont été faites pour pouvoir accroître la vitesse. À l'heure actuelle, les réseaux ne sont mêmes pas reliés ensemble, les rails ayant été enlevés.
Alors, pourquoi des trains à grande vitesse au Canada? Je vais vous donner les raisons typiques, mais je peux vous donner l'exemple de ce qui m'est arrivé aujourd'hui lorsque j'ai tenté de venir ici à partir de Kitchener, Ontario. J'habite à environ 1 h 30 à l'ouest de Toronto et vendredi dernier, j'ai essayé de réserver une place à bord d'un avion. J'ai appelé Bearskin Airlines qui a un vol entre Kitchener et Ottawa. Le tarif exigé était de 750 $. J'ai dit cela au chauffeur de taxi en arrivant de l'aéroport aujourd'hui. Il m'a dit qu'il était allé à Cuba pendant une semaine, toutes dépenses payées, pour 750 $. Il y a quelque chose qui ne va pas. Alors, je me suis dit, très bien, je vais appeler VIA. Par ce transporteur, il faut compter sept heures pour se rendre à Ottawa à partir de Kitchener. Il me faudrait 14 heures de transport aller-retour pour donner une présentation qui pourrait durer une heure. Nous devons nous moderniser.
Un autre exemple. J'ai pris un vol d'Air Canada pour venir ici, mais pour retourner à Toronto ce soir, je ne pouvais pas prendre un vol d'Air Canada. Les vols coûtaient 525 $. Ce n'est tout simplement pas acceptable dans un pays moderne du G-8 comme la nôtre. Alors, lorsque je dis que le Canada est le seul pays du G-8 à ne pas avoir de système de train à grande vitesse, nous sommes tellement en retard sur ce qui est la norme acceptée en fait de mode de transport viable pour remplacer la voiture ou l'avion qu'il est difficile d'expliquer à quel point la situation est mauvaise.
Je viens juste de vous donner trois exemples ici pour un vol que j'ai réservé pour venir ici.
Passons aux avantages. Et sentez-vous bien à l'aise de me poser des questions à la fin de mon exposé, parce que je n'ai pas d'intérêts à défendre. Je vais vous parler du bon, de la brute et du truand. En passant, c'est un film que j'aime bien, mais c'est une autre histoire.
Réduction du temps de déplacement... Un bon exemple est le corridor Calgary-Edmonton. Nous parlons de réduire le temps de trois heures à un heure et demie. Dans le corridor de Québec, nous parlons de passer de quatre heures à trois heures, ou de quatre heures à deux heures, selon le moment. En soi, cela vous donne plus de temps pour faire autre chose. Cela améliore votre qualité de vie.
Cliff a parlé de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les études ont été réalisées. J'en ai deux ici: une de Calgary en 2004 et une autre des gouvernements de l'Ontario et du Canada réalisée en 1995. D'ici 2025, les émissions de dioxyde de carbone et de monoxyde de carbone seront réduites d'une valeur allant jusqu'à 24 p. 100 le long du corridor Ontario-Québec. Il y a 17 études. Ce ne sont plus des nouvelles. Dans l'étude de Calgary, nous voyons une réduction de 1,8 millions de tonnes métriques d'émissions de gaz à effet de serre. C'était en 2004, il y a trois ans. Le gouvernement de l'Alberta à une autre étude qui date de 2007.
En ce qui concerne la réduction de la dépendance envers le pétrole, je peux vous donner l'exemple de la Californie. Vous allez me dire que la Californie n'est pas le Canada. Il y a des ressemblances — ils sont nouveaux dans ce dossier et le corridor Ontario-Québec et le corridor de la Californie ont environ la même longueur. Lorsqu'ils mettront en service la ligne à haute vitesse en Californie, il y aura une économie de 12,7 milliards de barils de pétrole par année. C'est une diminution substantielle, pour réduire la dépendance au pétrole. Nous savons tous cela. C'est un fait bien connu que la capacité d'une voie ferrée double est supérieur de 13 p. 100 à celle d'une autoroute à six voies. Ce n'est pas quelque chose de nouveau. On le dit depuis des décennies. Et il faut 40 p. 100 de terres de moins. N'est-ce pas un avantage?
Je sais que nous avons une crise économique au Canada. L'emploi est important, cela ne fait aucun doute. Nous devons ramener les gens au travail. Selon l'étude de Calgary de 2004, les deux corridors de train à grande vitesse créeraient entre 25 000 et 52 000 années-personnes d'emploi pour la construction et entre un et 2 milliards de dollars en revenus d'emplois connexes. Et il y aura entre 2 000 et 4 000 emplois directs et indirects. Des emplois — c'est ce qui s'appelle remettre les gens au travail! Cette étude ne date que de trois ans; c'est une étude actuelle. L'étude de 1995 révèle que sur une période de 25 ans, plus de 1 700 emplois seront créés par année. Ce n'est qu'une partie de la raison pour laquelle vous pensez aux trains à grande vitesse. Je ne dis pas que cela va régler tous nos problèmes économiques. Cela fait partie d'un puzzle qui, une fois les pièces réunies, vous donne une solution de remplacement au transport par la route et par l'air.
Le point qui m'intéresse le plus, c'est la sécurité publique. Je travaille dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. J'ai cessé de regarder le bulletin de nouvelles télévisé il y a trois ans parce que j'étais tellement déprimé. Il débutait souvent par le dernier accident de voiture survenu dans mon coin de pays. Une étude conjointe Canada-Ontario-Québec indique que 40 p. 100 des passagers des trains à grande vitesse seront d'anciens automobilistes. Ne serait-il pas merveilleux d'avoir une réduction de 40 p. 100 du trafic sur la 401?
Ensuite, il y a la technologie. Il y a un exemple idéal en France: le TGV Alstom. Plus de 650 trains à grande vitesse prennent le départ chaque jour. Ils transportent plus de 900 millions de passagers par année. Depuis 1981, aucune victime n'a été déplorée. C'est ce que nous voulons voir ici. La sécurité publique doit passer en premier. Ce n'est rien de nouveau. Ce dont nous parlons date de 24 ou de 28 ans maintenant? La preuve est là.
Pour toutes ces raisons, je pense que nous devons aller de l'avant avec le train à grande vitesse.
Merci de m'avoir accueilli aujourd'hui.
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Messieurs Mackay et Langan, merci d'être venus partager vos points de vue avec nous.
Laissez-moi commencer en disant que vous allez trouver de nombreuses oreilles réceptives autour de la table, mais que vous allez également trouver certaines oreilles plutôt sceptiques et cyniques. Le comité est en train d'essayer de déterminer si nous pouvons passer du scepticisme à la planification et à la réalisation.
Monsieur Mackay, une des choses qui nous aideraient concerne le financement. Un des énoncés dans votre exposé faisait directement allusion à la somme d'argent qui devrait être dépensée sur une période de 10 ans pour les rails eux-mêmes. Certaines personnes pensent que c'est un coût; d'autres pourraient penser que c'est un investissement. Je pense que vous faisiez partie de l'étude initiale, dans les années 1990, dont M. Langan a parlé; alors, vous avez un point de vue intime du financement lié à un tel projet. Les gens parlent d'une facture d'environ 20 à 30 milliards de dollars pour le train à grande vitesse, y compris le corridor Calgary-Edmonton, alors nous ne parlons pas d'un seul corridor. Dans cette étude, qui a examiné le financement, quel était le coût annuel, en chiffres ronds, pour le gouvernement fédéral dans une situation de partenariat, jusqu'à et incluant la première année d'activité?
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Il est difficile de donner une réponse précise, mais laissez-moi essayer d'établir au moins certains paramètres.
Nous avons certains exemples récents de réussite dans le cas de ce genre de financement au Canada. Je devrais le dire.
Les coûts seront essentiellement attribuables à deux choses. La première est la nature de la relation d'affaires entre la partie publique et la partie privée. De façon générale, vous voudriez que la partie privée assume toutes les obligations opérationnelles et probablement les obligations futures, peut-être pas pour une expansion additionnelle du système, mais au moins pour le maintien du système.
Dans un système aussi vaste et complexe qu'un seul des corridors... Prenons un chiffre de 20 millions de dollars, pour les besoins de la démonstration...
Une voix: Windsor-Québec.
M. Cliff Mackay: Très bien. Cela s'élèverait probablement à environ 20 à 25 p. 100 du coût initial global. Cela correspond probablement à quatre ou 5 milliards de dollars. Essentiellement, vous faites face à un besoin de financement de 15 milliards de dollars.
L'élément déterminant qui influera sur le besoin de financement est le degré auquel vous pouvez démontrer dans le prospectus financier une prévisibilité raisonnable des flux de revenus pour cette entreprise particulière — idéalement, des flux de revenus à un niveau qui garantirait assez bien un rendement raisonnable aux investisseurs. Il y a deux façons de faire cela. Nous avons fait cela de manière assez réussie au Canada avec notre modèle des aéroports. Fondamentalement, vous devez vous assurer que l'entité a une assurance raisonnable d'avoir une part du marché. La façon de le faire dans le modèle des aéroports est d'accorder des licences aux aéroports et seuls certains aéroports peuvent offrir des services. Alors, ce n'est pas un marché libre et ouvert. Il vous faudra considérer le même genre de choses pour l'exploitation d'un train à grande vitesse.
La deuxième chose que vous devez examiner, ce sont évidemment les études de marché. Avez-vous raisonnablement confiance que vous avez une base de trafic et une croissance du trafic qui vous permettrait d'y arriver? C'est exactement ce qu'on examine dans le cadre des mises à jour des études qui ont lieu actuellement dans le corridor.
Je dois vous dire, pour être franc, que dans les années 1990, c'était une décision difficile. Nous vivons dans un monde différent aujourd'hui. Regardez les caractéristiques du trafic aujourd'hui, particulièrement dans le corridor, comparativement à ce qu'elles étaient il y a 15 ans. Il y a eu une augmentation spectaculaire, par un facteur de deux ou trois. Bien que je ne sois certainement pas au courant de l'analyse financière qui se fait à l'heure actuelle, je soupçonne que les chiffres seront quelque peu différents.
Le dernier point que j'aimerais signaler, c'est qu'il n'est pas inhabituel, dans ce genre de projet ou dans le cas des aéroports ou de certains autres projets de nature semblable, que le gouvernement envisage certaines garanties à court terme au début pour réduire certains des risques précoces du marché et pour attirer d'autres investissements du secteur privé dans le projet.
Voilà certains des facteurs que l'on doit prendre en considération.
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Merci de cette question.
Encore une fois, pour les deux corridors, je suis d'avis qu'ils ont le potentiel pour le transport à grande vitesse à plus de 200 km à l'heure: Calgary-Edmonton et Ontario-Québec. Ils peuvent décider d'aller à une vitesse plus élevée, ce que Cliff a dit dans le cas de VIA Rail, aller un peu plus rapidement sur la même voie ferrée que VIA, comme les trains de marchandises, mais ce sont là les deux corridors. Et dans le corridor Ontario-Québec, 17 études on dit qu'il fallait aller de l'avant, et nous attendons l'étude no 18.
Dans le cas du corridor Calgary-Edmonton, il y a deux possibilités. Vous pouvez utiliser la voie ferrée existante pour les marchandises avec le CP. Sa proposition est là, avec le JetTrain de Bombardier, pour aller jusqu'à 200 km à l'heure. Ou vous allez sur une voie complètement séparée, vous passez au TGV, train à grande vitesse, jusqu'à 300 km à l'heure. Notre travail, à Grande Vitesse Canada, lorsque je vais dans une collectivité et que je donne de l'information, c'est de présenter les choix aux gens. Voilà ce qui existe. Nous informons les gens. Nous montrons des vidéos, nous avons des séances de questions et réponses. Nous ne disons pas: « Voici le rapport de Calgary ». Nous ne disons pas que vous devez aller à 300 km à l'heure. Nous leur montrons quels sont les choix et allons-y. Ils sont viables. Les études disent que ces projets sont viables et une analyse de rentabilité, les revenus... Monsieur Volpe, vous vous êtes demandé ce qui serait arrivé si nous avions fait cela en 1995; en 2005, on peut lire ici, qu'il y aurait eu des revenus de 900 millions de dollars cette année.
Alors, pour répondre à votre question, nous ne disons pas voici la route à emprunter, mais nous informons les gens des choix qui s'offrent. Personnellement, je ne suis pas enchanté par l'idée d'avoir un train de passagers à grande vitesse et un train de marchandises sur la même voie, parce que je suis d'avis que la sécurité des personnes doit passer en premier. Dans le cas des trains à grande vitesse, il n'y a pas de passages à niveau. Il n'y a pas de possibilité qu'un accident se produise et c'est ce qu'il nous faut, surtout au Canada, où nous ne connaissons pas les trains à grande vitesse. Si nous avions des passages à niveau avec des trains à grande vitesse, ce serait très dangereux, à mon avis. Mais encore une fois, ce n'est pas ce que je préconise lorsque je vais faire des exposés. Nous présentons les choix.
Merci.
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Je ne suis pas certain dans quelle mesure vous aimeriez regarder 10 à 20 ans en avant pour citer les nouvelles technologies, mais il y a certainement eu des études qui ont porté sur les relations intermodales et la façon dont tous les éléments sont agencés et ce qui devrait arriver.
La plupart des travaux qui ont été faits militent très fortement pour le genre de relations suivantes du côté passager. Dans les grands centres urbains, vous avez besoin d'une bonne combinaison, viable et efficace, de train léger et de système de transport urbain par autobus. Cela doit être lié étroitement à des noeuds importants dans les grands centres urbains pour ce qui est du transport ferroviaire, par avion et par autobus. Et vous devez vous assurer qu'il y aura un système à grande vitesse — c'est quelque chose qui est maintenant assez usuel en Europe —, votre système à grande vitesse étant directement lié aux noeuds importants, aux grands aéroports, aux grandes gares de chemin de fer et ces grandes gares étant directement liées au système de métro et de transport par autobus, et à tout le reste.
En ce qui concerne les voyages privés de passagers, il y a un certain nombre d'études qui portent maintenant sur ce qu'on appelle les systèmes de transports intelligents ou les systèmes d'autoroutes intelligentes, et elles sont toutes centrées sur ce que nous pouvons faire de mieux dans deux contextes. Que pouvons-nous faire de mieux pour accroître la capacité du système existant? En d'autres mots, permettre aux véhicules privés de voyager plus près les uns des autres et, idéalement, à des vitesses plus grandes, mais comment pouvons-nous y arriver tout en améliorant de manière substantielle les marges de sécurité? Un certain nombre d'études réalisées en ce moment feraient essentiellement en sorte que... Pour dire vrai, vous ne seriez plus aux commandes de votre voiture. Ce serait un système d'ordinateurs qui le serait.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, de votre présence.
Je suis députée de l'une des circonscriptions de la région du Grand Toronto. J'utilise le train entre Toronto et Ottawa aussi souvent que je le peux. Je crois que c'est une bonne utilisation de l'argent du gouvernement.
Je veux poursuivre cette discussion au sujet des liaisons. Je pense que c'est vraiment important, surtout dans ma circonscription.
Notre gouvernement a investi des sommes considérables dans le transport en commun et il continue de le faire. La région de Toronto et York, en particulier, a connu une augmentation extraordinaire du service d'autobus et du service de train GO. Dans ma circonscription, nous investissons dans un pont où circule le train GO. Cela aura des répercussions importantes pour Newmarket—Aurora.
Mais j'aimerais poursuivre cette discussion sur les liaisons. Je suppose que la plupart des trains qui se rendent à la gare Union à l'heure actuelle sont à pleine capacité. Vous dites que ces trains existeraient toujours, que nous aurions toujours une utilisation pour ces trains, et nous parlons d'un nouveau corridor. Y a-t-il une possibilité que le nouveau corridor comprenne les régions du Grand Toronto plutôt que la région de centre-ville? J'imagine que Montréal devra également envisager cette possibilité, comme c'est le cas pour Toronto; c'est-à-dire, construire une plaque tournante dans un endroit où l'acquisition des terres est peut-être un peu moins coûteuse en ce moment et où vous pourriez concevoir des systèmes de transport qui se rendraient dans vos centres-villes. Est-ce que cela a fait partie des discussions?
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Aucune technologie élimine tous les risques à un passage à niveau qui croise une ligne à grande vitesse. Il n’en existe pas. Personne au monde n’en a encore inventé.
Il est possible, et c'est assez courant d'ailleurs, de faire en sorte que le niveau de la ligne ferroviaire soit au-dessous de celui du sol, ainsi les clôtures ou les autres dispositifs de sécurité mis en place sur les voies ferrées sont plus discrets. Les passages reviennent moins cher puisqu’ils ne sont pas aussi élevés. On peut faire pas mal de choses de ce genre.
Dans le corridor du train à grande vitesse, on utilise un rail léger qui, selon le type de la structure, n'est pas nécessairement aussi large qu’une ligne à double voie pour les convois lourds. Les voies peuvent être plus proches l’une de l’autre, et on utilise ainsi moins de surface pour les voies.
Il existe donc des moyens de réduire les coûts, mais, à notre connaissance, il n’existe pas de technologie permettant de conserver les passages à niveau. Il n'y en a tout simplement pas.
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... Et des améliorations sont faites de l'autre côté de la frontière. Des fonds ont été avancés pour construire une autre voie pour la douane afin qu'ils ne soient pas avec les services marchandises à Vancouver.
Je pense, toutefois, que nous devrions mieux faire connaître le projet. On m'a demandé d'aller à Vancouver avec notre organisation pour sensibiliser les gens, pour dire que c'est une option viable. C'est un exemple parfait, tout comme Windsor d'ailleurs — je sais, Jeff, que vous êtes d'Essex et moi de Windsor —, un exemple qui montre comment nous sommes arrivés au blocage de la frontière.
Pourquoi ne transportons-nous pas les gens par rail aussi? C'est comme si c'était déjà fait. Le président avait tout à fait raison.
Encore une fois, nous ne parlons pas de 300 kilomètres-heure, mais peut-être de 150. Il y aura plus d'un train par jour.
Dans votre région la réponse est simple, mais nous devons faire en sorte que les pouvoirs travaillent ensemble, tous les niveaux de gouvernement. C'est un peu plus compliqué ici, parce que vous avez affaire avec les États-Unis, le Canada, les douanes des deux côtés, c'est donc un peu plus difficile. Mais réunissez-les. Le plan existe; nous devons le faire avancer.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adressera peut-être à la fois à M. Mackay et à vous, monsieur Langan, parce que dans la présentation qui vous nous avez remise, vous nous dites que 40 p. 100 du trafic passager des trains à grande vitesse sera constitué d'anciens automobilistes. Cela signifie que vous allez chercher 60 p. 100 des passagers ailleurs, soit dans le transport aérien, soit dans le système d'autobus ou dans le système ferroviaire actuel. Vous savez qu'on a déréglementé le transport depuis 1983-1984, à peu près.
Vous avez parlé, monsieur MacKay, de l'obsession du déficit. Il y a eu une obsession du déficit et de la déréglementation. On le constate chez Air Canada, chez VIA Rail, partout. Ce que cela a donné, pour nous dans les régions, c'est une réduction de plus en plus marquée des services. C'est ce que cela a signifié pour nous.
Si j'examine la situation d'Air Canada à l'heure actuelle, une compagnie constamment au bord de la faillite, je me dis que si vous allez chercher 20 p. 100 de sa clientèle, vous allez la terrasser.
Je ne me fais pas l'avocat du diable, parce que je suis absolument d'accord sur la mise en service d'un train à grande vitesse. Je me suis déjà battu pour le transport intermodal chez nous, le transport maritime le long du Saint-Laurent. Or, on n'en est pas encore arrivé là parce que, quand on vient pour rassembler les acteurs que sont VIA Rail, toutes les entreprises de camionnage et les entreprises de transport par bateau, c'est pratiquement impossible parce que ce sont des entreprises privées, qu'il n'y a pas de volonté politique et que le gouvernement n'imposera jamais aux entreprises privées l'obligation de s'asseoir ensemble.
Vous nous dites que le gouvernement devrait investir dans le TGV. Si le gouvernement investit dans le TGV, les premiers à crier seront Air Canada et les transporteurs par autobus, qui vont vous dire que ça n'a aucun sens que le gouvernement aille soutenir un moyen de transport alors qu'il ne soutient plus ceux qui existent déjà. On va avoir ce problème.
Comment allez-vous faire pour résoudre une situation semblable. Si demain matin le gouvernement fédéral investissait dans Air Canada, VIA Rail crierait au meurtre. On s'entend? C'est aussi simple que ça. Les transporteurs par autobus feraient la même chose. C'est un peu le problème. On a déréglementé depuis le milieu des années 1980, et le gouvernement n'a pratiquement plus d'impact, sauf au chapitre de la réglementation en matière de sécurité. Il n' a pratiquement plus de lien avec le système de transport.
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Je vais faire quelques observations.
Vous avez raison au sujet de la déréglementation. La capacité du gouvernement à tout contrôler directement a été réduite et le marché est aujourd'hui beaucoup plus dominant qu'il ne l'était dans les années soixante et soixante-dix.
Cela dit, je pense que le gouvernement a encore beaucoup d'influence sur l'établissement des conditions générales dans lesquelles les entreprises du secteur privé opèrent. L'une des choses que nous avons été incapables de faire — et je pense que c'est un défi pour le gouvernement dans les prochaines années —, c'est de veiller à ce que ce cadre de travail aboutisse à l'utilisation optimale des différents modes, afin que les différents modes de transport, que ce soit pour les marchandises ou pour les voyageurs, soient utilisés le plus efficacement possible dans l'ensemble du système.
Compte tenu du fait que nous n'avons pas pu réussi à faire cela, l'augmentation considérable des gaz à effet de serre est l'un des prix que nous payons parce que nous n'utilisons pas les modes appropriés pour faire ce qu'il faut dans le système. Nous créons beaucoup plus de gaz à effet de serre dans le système que nous devrions.
En combinant une politique environnementale et des politiques qui émergent aujourd'hui, comme celles sur les points de passage, je dirais que le leadership du gouvernement sur la côte ouest a pu faire une grande différence — ce n'est certainement pas parfait, mais il a pu faire une différence importante, et les gens choisissent aujourd'hui plus rationnellement leurs modes de transport — il y a moyen d'avancer dans cette voie.
Vous avez mentionné en particulier les vols aériens. Vous avez tout à fait raison: si une ligne à grande vitesse reliait Montréal à Toronto, il est fort probable que les gens choisiraient ce service plutôt que d'aller en taxi jusqu'à Pearson pour s'envoler sur Dorval, puis prendre un taxi à Dorval jusqu'à l'endroit où ils se rendent. Mais ce n'est pas ce que Air Canada prévoit à long terme. Je ne suis pas le porte-parole d'Air Canada, mais quand je vois le type d'avions qu'ils ont et leurs réseaux dans le monde, je pense qu'ils misent leur avenir à long terme sur les long-courriers internationaux ou sur le service aérien en Amérique du Nord.
La situation est différente pour Porter Airways et Jazz qui pourraient très bien subir des revers commerciaux dans ces marchés particuliers; je ne le conteste pas. Mais dans le contexte élargi des politiques publiques, les compagnies doivent s'adapter à la réalité de la concurrence. Et elles s'y adapteront. Je ne pense pas que l'entrée en service du train à grande vitesse poussera les compagnies d'autobus canadiennes à la faillite. Elles devront desservir les points nodaux, toutes les correspondances au réseau dans toutes les petites villes du Canada où ces services seront offerts.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
C'est le sujet que j'allais soulever: les conséquences pour les autres modes de transport. Beaucoup diront que l'industrie du transport aérien a du mal à accepter ce service. Je pense que l'un des effets du passage au train à grande vitesse sera le changement de préférence entre les différents modes de transport.
Je tiens à m'assurer que l'on compare bien des pommes à des pommes quand on parle de faisabilité. Je pense tout simplement à quelques chiffres approximatifs. On estime que l'Europe a une population de 830 millions d'habitants cette année. La nôtre est d'environ 35 millions. Celle de la région métropolitaine de Londres est de 7,5 millions, l'Angleterre compte 51 millions. Paris et sa banlieue a 1,2 million d'habitants et la France 62 millions. Madrid à 5,2 millions, l'Espagne 40 millions. Il semble évident qu'il y a un argument solide non seulement en faveur de la constructibilité de la ligne ferroviaire, mais aussi du coût d'exploitation permanent d'un service ferroviaire voyageurs.
Pour être honnête, je ne pense il y ait un manque de volonté en ce qui concerne la constructibilité. C'est la faisabilité de l'aspect opérationnel, particulièrement dans la ville de Windsor, qui est mise en question. La région métropolitaine de Windsor compte 350 000 habitants. VIA à Belle Rivière ne veut même pas m'accorder un arrêt sur demande alors que j'essaie depuis des années.
En ce qui a trait à la construction d'un corridor à grande vitesse, ne s'agit-il pas, du moins durant les étapes préliminaires, de la région située entre Toronto et Ottawa, Toronto et Montréal — quelque part dans ce triangle? Je dis cela aussi pour suggérer, dans le cadre de nos récents transferts budgétaires visant à réduire la durée du trajet dans ce corridor, que nous nous fondons certainement sur une bonne raison pour faire cela. Il y aurait lieu de présenter un argument en sa faveur dans cette région, du moins au début.
Avez-vous une observation à faire à ce sujet?
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Oui, mais Freud est mort.
Je veux mettre les choses en perspective. Leur annonce de fonds pour VIA, pour la troisième ligne afin de réduire la durée du voyage, était une bonne chose. Mais je veux mettre cela en perspective pour montrer à quel point la situation est mauvaise.
Ils ont dit qu'ils allaient raccourcir le temps d'une demi-heure, et que le trajet entre Toronto et Montréal durera maintenant quatre heures. C'est très bien. Mais, c'est la même durée de voyage qu'en 1975. Voilà à quel point la situation est mauvaise. Voilà tout ce que nous devons faire pour améliorer la situation, que tous ceux ici présents le sachent. Oui, c'est une bonne chose d'avoir fait des progrès, mais voyez ce qu'il nous reste à faire pour monter la barre.
Je veux revenir sur vos propos concernant les aéroports. Je voyage par avion pour le gouvernement entre Hamilton et Ottawa. Quand la compagnie WestJet a annoncé qu'elle supprimait tous ses vols, elle n'avait pas consulté la clientèle. Quand Air Canada jazz a supprimé tous ses vols d'Hamilton à Ottawa, et que nous devions tous conduire jusqu'à Toronto, elle n'avait pas demandé l'avis des clients. Vont-elles perdre de la clientèle? Oui. Sont-elles de bonnes compagnies aériennes? De bonnes entreprises? Je peux vous dire que Air France vient d'acheter des lignes ferroviaires en France.
Est-ce que Air Canada peut se moderniser, s'adapter à la nouvelle stratégie multimodale adoptée par le reste du monde et y faire des acquisitions? Nous verrons bien.
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Je vous donne un exemple. Il y a un an — il y a moins longtemps aujourd'hui —, dans une conjoncture économique différente, environ 85 trains empruntaient chaque jour, dans les deux sens, la ligne principale du CN reliant Montréal à Toronto. Près d'une douzaine de ces trains étaient des trains de VIA. Il y en avait approximativement 70 ou plus par jour.
Avec un train à grande vitesse, tel qu'il a été décrit, il faut s'attendre à ce qu'on essaie d'augmenter la fréquence des trains de VIA. Il peut donc y avoir un supplément de 20 trains ou plus chaque jour. Cependant, si l'on considère la croissance économique future, la concrétisation de projets que nous voulons réaliser, le développement du Port de Montréal et toutes les autres choses que nous voulons faire, le nombre de trains de marchandises empruntant cette ligne augmentera également. Je ne sais pas de combien, mais ce sera considérable.
Avant la récession, le trafic des marchandises augmentait de 5 p. 100 annuellement. Quand vous choisissez cette option, oui, vous épargnez de l'argent à court terme, et oui encore, vous pouvez améliorer le service pendant une certaine période. Cependant, il faudra envisager à l'avenir un conflit potentiel entre ces mouvement de la circulation, car tôt ou tard, il y aura de très graves problèmes de capacité.
La question est de savoir s'il faut affronter les obstacles maintenant, installer des réseaux séparés, avec les trains à grande vitesse, en sachant que les coûts initiaux seront plus élevés, mais, qu'à long terme, le réseau sera plus efficace ou moins efficace.
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Disons tout simplement que le coût initial s'élève à 15 milliards de dollars. Je prends pour exemple le corridor central du Canada, pas le corridor de l'Alberta. Franchement, le coût du corridor de l'Alberta sera de très loin inférieur, bien moins élevé.
Le facteur de variation dépendra du degré de remembrement des terres et de la longueur des corridors existants pouvant être utilisés. Je ne connais pas la réponse. Si le remembrement est important, premièrement, il prendra beaucoup de temps, et deuxièmement, il augmentera considérablement les coûts initiaux.
En supposant que vous pouvez procéder assez efficacement au remembrement des terres, je dirais qu'il faudrait les deux ou trois premières années pour regrouper les terrains, déterminer le tracé du corridor, faire tous les travaux et les études techniques nécessaires pour entamer très énergiquement la phase de construction.
Pour la phase de construction d'un tel projet, je suppose que ce sera une voie ferrée électrique, si vous voulez vraiment un train à grande vitesse. Deux options se présentent pour les voies ferrées électriques. On peut, grâce à la technologie récente, poser les installations électriques sur le sol; l'autre option est qu'elles soient aériennes, c'est la méthode la plus utilisée dans la plupart des pays. Je pense que les installations électriques aériennes sont plus coûteuses que celles posées sur le sol, il est donc possible de faire des économies, mais la construction de la ligne prendra probablement de deux à trois ans au minimum, même entre Montréal et Toronto.
Il faut ensuite faire des essais et tout le reste, vous devez donc prévoir cinq ans de décaissement assez important. J'estime qu'il sera de l'ordre de 10 milliards de dollars, soit deux ou trois milliards par an, avant d'arriver au stade où vous pouvez commencer à envisager le passage à un système opérationnel.
Au cours de cette période, vous vous occuperez aussi de l'achat du matériel roulant et d'autres équipements. Il y a beaucoup d'autres choses dont il faut se préoccuper relativement au mouvement des voyageurs, à l'intégration dans les gares, et ce genre de choses. En même temps, il y aura bien sûr toute la surveillance.Transports Canada surveille les constructions ferroviaires dans notre pays et le ministère jouera certainement un rôle au plan de la sécurité et de bien d'autres choses.
Voilà comment je décrirais le processus. En étant optimiste, je dirais qu'il faut attendre de six à sept ans avant de tirer des revenus.
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Monsieur Mackay et monsieur Langan, je m'arroge le droit de vous remercier, au nom du comité, de comparaître aujourd'hui. Les échanges de points de vue et d'idées que nous avons eus ont été instructifs.
Monsieur Mackay, je voudrais revenir encore une fois sur l'aspect financier, puis je m'adresserai à vous, monsieur Langan, en ce qui concerne l'avenir.
Vous venez de répondre à une question de M. Jean sur le remembrement. Lorsque je vous ai demandé le montant que les gouvernements devraient accorder annuellement au projet de TGV entre Windsor et Québec, je pense qu'on en est arrivé à un chiffre d'environ 2 milliards de dollars. Ce montant ne serait pas nécessairement versé par un ordre de gouvernement. Il pourrait être réparti entre les trois ordres de gouvernement.
Un des aspects que vous n'avez pas précisé mais auquel vous venez de faire allusion, c'est que les terrains qui font l'objet d'un remembrement ne sont pas perdus. Au fur et à mesure de la construction de la voie, le gouvernement, quel qu'il soit, acquiert ainsi un avantage matériel.
Par conséquent, lorsque vous citez un chiffre — c'était 15 milliards de dollars, mais on aurait pu dire 20 milliards —, vous n'avez pas soustrait de ce montant la valeur des terrains dont le gouvernement restera propriétaire. C'est donc un avantage pour plus tard. N'est-ce pas ce que vous dites?
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Il y a un lien. Je crois que vous avez dit que quand on utilise de nouveaux terrains, cela représente une augmentation de coût importante, mais il y a également des économies importantes qui s'observent à long terme.
M. Cliff Mackay: Absolument.
L'hon. Joseph Volpe: Monsieur Langan, je sais que vous militez pour cette cause, pour ainsi dire, mais vous avez parlé de l'engouement qui entourait les technologies de l'innovation au Canada, mais pas nécessairement dans le reste du monde, des technologies qui feraient leur entrée dans notre économie parce que nous avons embarqué dans un projet comme celui-ci, pour la grande vitesse, mais pas la très grande vitesse. Je suppose que vous avez évalué le nombre d'emplois qui seraient créés pendant la phase de construction.
Je pense, monsieur Mackay, que vous avez participé aussi à ces études.
Avez-vous une idée des technologies qui pourraient être visées? Vous ne les avez pas nommées au comité, vous nous laissez les imaginer.
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Pour les gens du public qui ne lisent peut-être pas les bleus, j'aimerais corriger une chose. Nous venons de parler du coût démesuré de l'établissement d'un système de train à grande vitesse au Canada. Quelqu'un a dit qu'en 1995, les Canadiens évaluaient le projet à 15 milliards de dollars, un montant astronomique, mais selon l'étude de 1995 qu'on nous a soumise, le chiffre pour le segment Toronto-Montréal serait de 5,4 milliards de dollars.
Pour ce qui est de l'assimilation des terres et des questions connexes, il est écrit dans cette étude qu'on n'a jamais conçu de réseau ferroviaire à grande vitesse exploité à des vitesses de plus de 200 kilomètres-heure dans des conditions climatiques comparables à celles du Canada. Ces conditions comprennent des cycles de gel et de dégel, des températures extrêmement basses et de grands écarts de température à l'intérieur d'une même journée ou d'une saison à l'autre.
On y parle un peu plus en détail des conditions climatiques. Il est écrit qu'en France, les rails des trains à grande vitesse ne tolèrent pratiquement aucun mouvement vertical. C'est très différent des chemins de fer canadiens ou de nos conditions routières. Le grand défi demeure la conception et la construction de structures ferroviaires stables dans les conditions géotechniques exigeantes de gel et de dégel qu'on trouve dans le corridor Québec-Windsor.
En Ontario, la géographie varie énormément, ne serait-ce qu'entre Toronto et Montréal. En Ontario, la moraine d'Oak Ridges est protégée depuis l'entrée en vigueur d'une loi en 1998 qui touche tout ce qui se passe dans cette région. L'autoroute 404 passe directement dans l'est de ma circonscription, entre Aurora et Newmarket. Son prolongement devrait s'étendre vers le nord, le long du lac Simcoe. C'est ce qui est planifié et a été annoncé à maintes reprises, mais les évaluations environnementales retardent le projet depuis des années.
Quand nous calculons les coûts totaux, est-ce que nous tenons compte de tous ces facteurs dans les 15 milliards de dollars estimés? Y a-t-il des évaluations environnementales qui ont déjà été faites et qui pourraient s'appliquer aux projets futurs?