:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être ici pour vous parler du projet de loi C-9, Loi modifiant la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses, dont la dernière modification remonte à 1992.
Comme mon secrétaire parlementaire l'a souligné à la Chambre il y a quelques jours, l'objectif de ce projet de loi est d'améliorer les dispositions sur la sûreté et la sécurité nécessaires en matière de transport des marchandises dangereuses. Après avoir mené de vastes consultations auprès des divers intervenants et de nos homologues provinciaux et territoriaux, notre gouvernement a présenté des modifications visant à consolider le programme canadien sur les marchandises dangereuses. Le but ultime, ainsi que notre principale préoccupation, c'est d'assurer la sécurité des Canadiens tout en maintenant l'économie de notre pays.
Je sais que certains de mes collègues se souviennent encore d'un événement qui a eu lieu à Mississauga, en 1979, et qui donne froid dans le dos. Un train transportant du chlore avait déraillé, et on avait dû évacuer plus d'un quart de million de personnes de leurs maisons, de leurs commerces et des régions environnantes. On peut remercier le ciel que personne n'ait été blessé, mais le danger était extrêmement élevé.
L'année suivante, en 1980, le Canada présentait sa première Loi sur le transport des marchandises dangereuses. Cette loi donne au gouvernement fédéral le pouvoir de rédiger des politiques, de guider les interventions d'urgence et d'élaborer des règlements pour gérer les risques et favoriser la sécurité publique en ce qui a trait au transport de marchandises dangereuses.
Cette loi a été modifiée pour la dernière fois en 1992, mais comme le savent les membres de ce comité, bien des choses ont changé depuis. En 1992, lors de l'entrée en vigueur de la loi actuelle, personne n'aurait pu envisager la menace terroriste — le nouveau contexte de sécurité auquel on fait face dans le monde d'aujourd'hui. Et le Canada n'est pas à l'abri. Ces changements proposés dont nous avons discuté à la Chambre et maintenant ici, à ce comité, permettent la mise en oeuvre d'un solide programme de sécurité axé aussi bien sur la prévention que sur l'intervention en cas d'incident lié à la sûreté ou à la sécurité.
Le présent projet de loi autorise l'établissement d'un règlement sur le rendement applicable aux plans de sûreté et à la formation. Ce règlement serait fondé sur les recommandations internationales et serait conforme au règlement en vigueur aux États-Unis. Le projet de loi permet également la prise de règlements en vue de l'établissement d'exigences liées à la sécurité pour retracer des marchandises dangereuses, et prévoit un règlement exigeant que les entreprises signalent la perte ou le vol de marchandises dangereuses.
Ce projet de loi conférerait également au ministre ou au sous-ministre des Transports le pouvoir de prendre des mesures de sécurité et des arrêtés d'urgence. Un arrêté d'urgence peut servir de règlement immédiat en réponse à une menace claire et éminente dans les cas où le processus réglementaire normal, parce que trop long, ne pourrait protéger la sécurité publique. De tels arrêtés d'urgence peuvent être pris seulement si le gouvernement a le pouvoir législatif de prendre un règlement. J'insiste: le gouvernement ne peut se servir d'un arrêté d'urgence pour prendre un règlement qu'il n'a pas le pouvoir de prendre aux termes de la loi.
La question qui, je le sais, a été soulevée au cours de la seconde lecture de ce projet de loi, concerne l'obligation, pour les camionneurs qui traversent la frontière États-Unis–Canada et qui transportent des marchandises dangereuses, de détenir une habilitation de sécurité. En août 2005, la loi désignée sous le nom de Safe, Accountable, Flexible, Efficient Transportation Equity Act est entrée en vigueur aux États-Unis. En vertu de cette loi, les conducteurs de véhicules automobiles commerciaux détenant un permis du Canada ou du Mexique, qui transportent des marchandises dangereuses à l'intérieur des États-Unis ou à destination des États-Unis, doivent se soumettre à une vérification de leurs antécédents. Ces vérifications sont essentiellement similaires aux habilitations de sécurité requises des camionneurs américains qui transportent des chargements complets de marchandises dangereuses à l'intérieur des États-Unis.
À l'heure actuelle, cette disposition est respectée par les camionneurs canadiens s'ils ont été admis au Programme d'expéditions rapides et sécuritaires, ou programme EXPRES, de l'Agence des services frontaliers du Canada et du Bureau of Customs and Border Protection. Les États-Unis s'attendent toujours à ce que le Canada mette en oeuvre une solution à long terme. Or, ce projet de loi que nous examinons pourrait mener à une telle solution à long terme en permettant de mettre en oeuvre un programme d'habilitation de sécurité en matière de transport.
Les Canadiens jouissent d'un accès au marché américain grâce au programme EXPRES, et cela continuera. Mais il est essentiel que nous ayons des solutions à long terme pour garantir à nos fabricants, nos producteurs et nos expéditeurs canadiens un accès à d'importants marchés.
En ce qui concerne le volet d'intervention d'urgence du projet de loi, cette loi donnera au gouvernement les pouvoirs nécessaires pour utiliser les plans d'intervention d'urgence existants et approuvés afin d'être en mesure de réagir en cas d'incident. Ces plans sont soumis par les entreprises avant qu'on les autorise à transporter des marchandises dangereuses. C'est un moyen efficace et efficient de recourir aux capacités, aux connaissances et à l'expertise existantes pour protéger la sécurité publique en cas d'incident terroriste impliquant des marchandises dangereuses.
Les initiatives proposées aujourd'hui auraient pour effet d'harmoniser les exigences de sécurité liées aux activités comme les plans de sécurité et la formation connexe, et elles permettraient au gouvernement d'établir un programme de sécurité en matière de prévention et d'intervention en prévision des Olympiques de Vancouver en 2010 et de la rencontre du G-8 qui doit avoir lieu prochainement ici, en Ontario.
En tant que parlementaires, nous partageons une obligation à l'égard de la population canadienne pour ce qui est de veiller à protéger sa sécurité. C'est exactement l'effet qu'auront ces changements en appliquant les exigences en matière de sécurité et les améliorations qui s'imposent pour protéger la sécurité publique.
J'estime que ces modifications proposées concernant la sécurité, jointes au nouveau programme de prévention et d'intervention de sécurité, sont les mesures qui s'imposent en matière de sécurité publique. Le moment est maintenant venu d'apporter ces changements pour améliorer la sécurité de la population et appuyer notre économie canadienne, et c'est l'occasion pour nous de collaborer pour examiner ce projet de loi.
Je dois vous dire d'emblée que moi-même et le Ministère accordons de la valeur au rôle que jouent tous les membres de ce comité. Si vous souhaitez proposer des façons d'améliorer cette loi, nous sommes certainement impatients d'entendre vos suggestions tandis que vous procéderez à vos délibérations.
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, merci à vous, monsieur le ministre, ainsi qu'à vous, monsieur Grégoire.
[Français]
Monsieur Coyles et madame Dagenais, je vous remercie également de votre présence.
Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de la sécurité et de la technologie. À cette étape du questionnement, le ministre ne sera peut-être pas en mesure de répondre, sauf votre respect. Toutefois, M. Grégoire en saura sans doute quelque chose.
[Traduction]
Monsieur le ministre, vous avez souligné la question des plans, et j'aimerais que nous discutions un moment de ce sujet, et de celui de la vérification des antécédents des conducteurs. J'aimerais savoir si vous avez consacré un peu de temps à mener des consultations sur les technologies actuellement disponibles ou en développement qu'il est possible d'intégrer à certains de ces véhicules transportant des marchandises dangereuses. Si c'est le cas, qui avez-vous consulté?
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Je vais répondre à la première partie de la question, puis je laisserai M. Grégoire répondre à son tour.
Particulièrement au Canada, lorsqu'il s'agit de questions frontalières, nous tâchons de voir quelle direction différente empruntera la nouvelle administration américaine. De toute évidence, l'ancienne administration n'était pas à la recherche d'une approche fondée sur les risques — pour être charitable — mais plutôt d'une approche absolue.
Je pense que la secrétaire Napolitano a indiqué très clairement qu'elle ferait beaucoup d'écoute et d'apprentissage, et qu'elle n'avait pas essentiellement établi de nouveau cadre pour la sécurité nationale ni déterminé ses implications pour la frontière canadienne. Je pense que nous sommes encouragés par le fait qu'elle a souligné que la réalité de la frontière du Mexique différait de la situation à la frontière du Canada. Ni le conseiller national pour la sécurité, ni la secrétaire à la Sécurité intérieure n'ont précisé la vision qu'épousera la nouvelle administration. Je peux uniquement présumer qu'il y a eu des consultations auprès de l'administration précédente.
Comme vous le savez, ce projet de loi a été déposé par mon prédécesseur lors de la dernière législature.
Je vais laisser la parole à M. Grégoire, s'il souhaite commenter.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, monsieur le ministre, de vous joindre à nous encore une fois.
Il s'agit d'un projet de loi très important, mais mes questions iront probablement dans le même sens que celles de mon collègue du Bloc. Je suis préoccupé par les dispositions de l'article 5.2 de la loi en ce qui concerne les habilitations de sécurité en matière de transport. Le projet de loi a été présenté de manière à viser la circulation des marchandises à l'échelle internationale, en ce sens que nous avons la responsabilité de nous charger des exigences de sécurité à cet égard. À mes yeux, c'est une démarche très positive. Mais ce projet de loi a aussi l'effet, en vertu de son article 5.2, de fournir des motifs pour une application à n'importe quel segment de notre industrie des transports où l'on manipule des marchandises dangereuses. Cependant, dans bien des cas, pour ce qui est des transporteurs publics, une partie seulement de leurs activités ont un lien avec des marchandises dangereuses, et ils exercent nombre de leurs activités dans d'autres domaines.
Donc, les habilitations de sécurité en matière de transport proposées dans ce projet de loi s'appliqueraient à un large pan de notre industrie des transports. Et, compte tenu que les règlements pourraient être mis en place à des fins de conformité avec les exigences présentées ou déjà mises en place par les États-Unis, nous pourrions nous apercevoir que ces règlements sont exagérés pour les transporteurs publics canadiens ou pour une partie de notre réseau de transport canadien, et que cela n'est pas approprié.
Voilà donc l'un des fondements à nos inquiétudes. Au Canada, nous sommes aussi régis par nos libertés civiles et par nos droits à la protection de la vie privée. Alors comment, selon vous, ces pouvoirs s'appliqueront-ils à une situation internationale dans l'avenir? Ou, dans le futur, cela permettra-t-il à des ministres de continuer d'exiger davantage d'habilitations de sécurité en matière de transport pour une variété de transporteurs de notre industrie?
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Je vais commencer. Mes collègues pourront ensuite intervenir s'ils souhaitent ajouter quelque chose.
Je crois que notre façon d'aborder la sécurité est très différente aujourd'hui de ce qu'elle était il y a une dizaine d'années. Nous avons connu au Canada un équilibre différent entre la sécurité, les libertés civiles et la protection de la vie privée. Les États-Unis tiennent les mêmes débats que nous à ce sujet.
Une nouvelle administration est maintenant en place aux États-Unis. Les secrétaires LaHood et Napolitano ne nous ont donné aucune indication en ce qui a trait à l'équilibre qu'ils souhaitent établir. Je crois que la situation sera parfois appelée à changer au fil du temps, à tout le moins au cours de nos carrières, et c'est bien normal.
Nous devons être vigilants et ne pas systématiquement adopter toutes les mesures qui sont prises aux États-Unis. Cependant, si des problèmes d'échanges commerciaux survenaient, nous pourrions nous retrouver plus démunis que nous ne le voudrions.
Je pencherais pour le terme « comparable », c'est-à-dire de ne pas copier tout ce que font les États-Unis, mais d'avoir un régime comparable. C'est d'ailleurs ce que prévoient différentes lois sur les transports et la sécurité. Alors je pense qu'ils devraient être satisfaits de ce que l'on fait ici.
C'est une préoccupation légitime, et je crois franchement que cela va bien au-delà du pouvoir de réglementation conféré par l'article 5. Nous devrons toujours être vigilants. Ce pays possède une charte et une jurisprudence qui sont très différentes de celles des États-Unis. Je crois que les États-Unis disposent également d'une solide jurisprudence en matière de protection de la vie privée.
Je cède la parole à mon collègue.
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Oui, j'aimerais ajouter quelques petites choses, monsieur le ministre.
D'abord, d'après ce que je comprends de l'article 5.2 proposé, dans son libellé actuel, tout cela serait prévu par la réglementation, qui préciserait ainsi les exigences en question. Pour moi, tout s'applique ici. La réglementation préciserait tous les paramètres, et je serais porté à croire que le processus serait semblable à celui adopté dans le secteur maritime pour les ports, c'est-à-dire qu'un très vaste processus de consultation serait entrepris afin de ne pas imposer cette réglementation là où ce n'est pas nécessaire.
Pour ce qui est des ports, par exemple, nous avons commencé avec les trois principaux, puis nous avons appliqué la réglementation à quelques ports secondaires. Nous ne pouvons pas couvrir tout le monde du secteur du transport de marchandises dangereuses. C'est tout simplement impossible.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci au ministre et aux représentants du ministère d'être venus nous parler aujourd'hui du projet de loi C-9, Loi modifiant la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses.
Dans la région d'où je viens se trouve le plus important poste frontalier international, celui reliant Windsor et Detroit. Des matières dangereuses sont bien évidemment transportées de l'autre côté de la frontière. On utilise un service de traversier international à cette fin. Notre gouvernement s'est aussi engagé à investir massivement dans la mise en place d'un nouveau poste frontalier international entre les deux villes, notamment pour accroître la sécurité économique du Canada, mais aussi celle des États-Unis. C'est donc dire que nous entretenons une importante relation bilatérale.
Nous devons préserver l'accès aux marchés clés pour ceux qui font le transport de matières dangereuses de l'autre côté de la frontière; cela nous amène donc à discuter du programme d'habilitation de sécurité. Je sais qu'on a posé beaucoup de questions sur les technicalités de la chose, mais j'aimerais que vous nous expliquiez davantage — parce qu'il y en aura d'autres et le public sera intéressé de le savoir — pourquoi les habilitations de sécurités sont nécessaires et comment fonctionnerait ce programme? Pouvez-vous nous éclairer un peu?
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Oui, je peux vous en parler, compte tenu du nombre d'années pendant lesquelles nous en avons discuté pour les ports et les aéroports. L'intention est de remplacer un jour la carte EXPRES, qui fait office d'habilitation de sécurité. À l'heure actuelle, les camionneurs doivent subir une vérification de leurs antécédents aux États-Unis et au Canada pour obtenir une carte EXPRES. Certaines personnes estiment qu'il s'agit là d'une intrusion dans leur vie privée de la part des autorités américaines.
Cela dit, si nous adoptons un programme canadien d'habilitation de sécurité équivalent à ce qu'ont établi nos homologues américains, nous devons encore convaincre ces derniers que les habilitations de sécurité délivrées au Canada ont autant de valeur aux États-Unis. Nous tenons d'ailleurs des discussions à cet égard pour les travailleurs portuaires et les marins à bord des navires canadiens. Lorsqu'ils se rendent aux États-Unis et qu'ils mettent le pied à terre, ils aimeraient que leur habilitation de sécurité canadienne soit reconnue au même titre qu'elle le serait ici. Nous sommes au beau milieu d'un changement d'administration aux États-Unis, et nous devrons attendre que le nouveau responsable de l'administration de la sécurité des transports soit en poste avant de poursuivre ces discussions.
L'ancien président des États-Unis et le premier ministre Harper ont tous deux reconnus récemment, dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la prospérité, qu'il fallait mettre en place des systèmes comparables et accepter d'un côté comme de l'autre les habilitations de sécurité délivrées par les deux pays, de même que par le Mexique. Avec un peu de chance, la mise en place d'un système d'habilitation de sécurité, d'un programme à l'intention des camionneurs, évitera plus tard à ces derniers d'avoir à obtenir une carte EXPRES et ils pourront se rendre aux États-Unis sans elle.
J'aimerais avoir d'autres précisions, parce que c'est une question très importante.
Je fais affaire avec plusieurs entreprises de camionnage qui emploient peut-être des camionneurs ayant perdu leur carte EXPRES pour une raison quelconque. Le processus d'appel dans ces cas-là repose entièrement sur les autorités américaines, pas les autorités canadiennes. Il est bien entendu difficile de faire réviser une décision concernant la délivrance d'une carte EXPRES pour nos transporteurs nationaux qui doivent se rendre aux États-Unis. Est-ce que les changements proposés par le projet de loi, avec l'acceptation d'une habilitation de sécurité, auront pour effet de ramener le processus de délivrance et peut-être les procédures d'appel de notre côté de la frontière?
C'est une question d'autant plus importante que nous traversons une période économique particulièrement difficile, et il est insensé de laisser des gens au chômage si longtemps pour qu'ils fassent appel auprès du gouvernement américain afin de récupérer leur carte EXPRES. Est-ce que ces changements nous permettraient de reprendre les rênes?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous, monsieur le ministre, et à vos associés d'avoir accepté notre invitation avec autant d'enthousiasme.
Nous avons suffisamment parlé des Américains et des Canadiens. J'aimerais qu'on en revienne aux provinces, parce que vous avez mentionné en avoir longuement discuté avec les homologues et intervenants provinciaux. Le transport routier des matières dangereuses est aussi réglementé par les autorités provinciales.
Voici sur quoi je m'interroge: est-ce que les camionneurs devront détenir deux permis différents pour transporter des matières dangereuses, et devront-ils suivre deux formations? Pouvez-vous aussi nous dire si les permis exigés par le fédéral vont satisfaire aux exigences de toutes les provinces? Sinon, que faudrait-il faire pour uniformiser le tout?
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur le ministre, pour vos observations.
Je ne vivais pas à Mississauga durant l'incident de 1979, mais bon nombre des résidents de la région du Grand Toronto ont manifestement perdu des revenus à cause du risque pour la sécurité et du manque d'entrées dans la région de Mississauga. Pour ceux qui avaient des clients, il était donc impossible de faire des affaires dans la région pendant un bon moment.
J'aimerais juste donner suite à l'argument de M. Watson. Il représente la région de Windsor, où l'on trouve le plus grand volume de trafic entre le Canada et les États-Unis. En lisant des renseignements préliminaires sur le projet de loi, j'ai été vraiment impressionnée par le nombre d'emplois qui entrent en ligne de compte dans cet aspect de la sécurité.
Ma question ne concerne pas tant le projet de loi lui-même, mais plutôt les résultats. Y aura-t-il un impact sur les exigences en matière d'infrastructure pour le Canada, particulièrement à nos frontières, dans nos aéroports et dans nos ports, et le cas échéant, pouvez-vous nous les décrire?
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Il y aurait d'importantes répercussions sur les Jeux olympiques si le projet de loi n'était pas adopté. Bien entendu, les marchandises dangereuses demeurent un sujet de préoccupation si certaines personnes entendent les utiliser pour mettre la vie des Canadiens en danger. Le projet de loi sert à combler cette lacune, non pas seulement pour les Jeux olympiques, mais pour aujourd'hui et pour demain, après les Jeux. Il prévoit un programme de prévention et d'intervention; ainsi, advenant un incident, nous disposerions des ressources nécessaires au Canada pour intervenir, atténuer la menace et essentiellement prendre les choses en main.
Tout d'abord, grâce au programme de prévention, nous pourrons prendre des mesures pour éviter de nous retrouver dans une telle situation. Il s'agit donc d'un élément essentiel, non seulement pour ce qui est de l'exemple évoqué, mais pour tous les aspects.
Comme autre usage possible, supposons qu'un élément de preuve laisse croire que le transport ferroviaire est ciblé. Nous pourrions alors utiliser une mesure de sécurité pour indiquer à une compagnie de chemin de fer de prendre certaines dispositions, d'utiliser certains équipements, de faire des vérifications pour voir s'il y a, par exemple, des explosifs ou peu importe, afin d'assurer la sécurité de la population et de permettre l'acheminement continu de produits et services essentiels au pays.
Sans le projet de loi, on assisterait à des complications et à un ralentissement du transport. Vancouver demeure une porte d'entrée importante et, grâce à ce projet de loi, la ville continuera de l'être durant les Jeux olympiques.
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J'espère que le Comité accueillera favorablement ce que je vais dire.
Tout d'abord, j'aimerais remercier les fonctionnaires d'être venus et de nous avoir donné un compte rendu de la situation. Je sais qu'ils vont rester ici un peu plus longtemps; ils ont donné des réponses très précises, mais jusqu'à présent, ce n'était qu'un breffage ministériel.
Là où je veux en venir, c'est que nous avons l'occasion d'inviter le ministre à comparaître et à répondre aux questions soulevées par les porte-parole de ce côté et par les députés ministériels intéressés de l'autre côté. C'est la deuxième fois que nous l'invitons au cours de la dernière semaine et demie, et c'est formidable de pouvoir entendre le témoignage d'un ministre. À sa prochaine comparution, je me demande si nous pouvons encourager le président à lui demander d'aborder des questions qui sont essentiellement de nature politique, en ce sens que nous voulons aller au coeur de la question pour comprendre ce qui justifie le projet de loi. Les fonctionnaires ont fait un excellent travail en nous donnant des détails sur le projet de loi. Je me demande donc si vous avez l'intention, monsieur le président, d'inviter le ministre à nouveau pour aborder ces questions qui intéressent les députés de la Chambre.
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Merci, monsieur le président.
Je me demande si vous pouvez m'éclairer un peu sur le but fondamental du projet de loi. On nous dit qu'il tient compte des pratiques actuelles du ministère. Est-ce exact? Cette codification est-elle, en partie, déjà en cours?
La deuxième partie de ma question porte sur ce que j'ai entendu des représentants d'autres ministères, à savoir qu'il existe beaucoup de chevauchements et une certaine confusion relativement à la question de l'habilitation de sécurité. Qui s'en occupe? Quelle norme suit-on? Comment de fois les différents organismes qui travaillent avec le gouvernement doivent passer par le processus? C'est rendu à un tel point que les organismes privés — les entreprises, par exemple, et l'infrastructure — ne sont plus intéressés à faire affaire avec le gouvernement parce que le processus accapare trop leur temps. Ils ne parviennent pas à accorder à leurs travailleurs l'habilitation nécessaire pour procéder au travail.
De toute évidence, si le projet de loi vise au fond à codifier certaines des pratiques actuelles, avez-vous pris la peine de définir l'habilitation de sécurité et de faire en sorte qu'elle ne devienne pas un obstacle? C'est un problème particulier quand on s'occupe d'événements de grande envergure, comme les Jeux olympiques de 2010 et tout le reste. Le projet de loi aborde-t-il cette question et, le cas échéant, dans quelle section? Pouvez-vous nous parler du problème en termes généraux, si vous pensez qu'il en existe un?
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Je vais commencer par la perspective générale.
Tout d'abord, le projet de loi ne fera pas double emploi avec ce que nous faisons déjà parce qu'aucune mesure n'est prise aux termes de la loi actuelle. Toutes les dispositions en matière de sécurité figurant dans le projet de loi, que vous avez sous les yeux, sont nouvelles, et nous estimons qu'il faut combler certaines lacunes.
Pour ce qui est de l'habilitation de sécurité et des plaintes que vous avez reçues de la part d'entreprises privées, vous devrez m'expliquer un peu plus en détail de quels types de plaintes il s'agit. Ces entreprises essaient-elles de faire affaire avec le gouvernement du Canada ou encore, avec des ports ou des aéroports? Nous ne voulons certainement pas mettre en oeuvre des exigences en matière d'habilitation si elles ne sont pas nécessaires pour des raisons de sécurité. D'abord et avant tout, nous ferions en sorte que le tout s'appuie sur une analyse rigoureuse des risques. Cela déborde la question des passages frontaliers, dont on a parlé à fond durant la première heure.
Côté sécurité, nous essayons de clarifier certaines parties de la loi. Je vais laisser à Peter ou à Marie-France le soin de fournir des précisions là-dessus.
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La loi ne prévoit pas du tout cela, d'ailleurs nous avons consulté l'article 5.2 au cours de la première heure de la réunion. C'est le règlement qui prévoira cela. Mais Transports Canada veut une seule catégorie d'habilitation de sécurité pour les travailleurs: travailleurs portuaires, marins, personnel des aéroports, camionneurs ou conducteurs de trains.
Nous procédons à la vérification des antécédents de la façon suivante: dès qu'une personne présente un formulaire, une demande d'habilitation de sécurité, nous l'analysons et nous l'envoyons à la GRC et au SCRS qui font des vérifications. Le SCRS fera une enquête pour déterminer si la personne représente une menace pour la sécurité nationale et la GRC vérifiera si la personne a un casier judiciaire ou si elle est membre du crime organisé. Nous nous fondons sur ces renseignements pour déterminer si l'habilitation de sécurité doit être accordée en ne se posant qu'une seule question: cette personne représente-t-elle une menace pour la sécurité du transport?
Nous n'avons pas encore examiné l'idée de niveaux différents. Pour le moment, toutes les personnes dans notre système n'ont qu'un seul niveau, différent de celui accordé aux employés. Par exemple, pour les employés, nous avons renforcé les niveaux de fiabilité, de secret et de très secret.
L'habilitation de sécurité en matière de transport est pratiquement équivalente au niveau de secret dans la fonction publique, mais elle est la même pour tout le monde.
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Comme vous le dites, il y a toujours une responsabilité. Mais de façon générale, les tribunaux n'ont jamais tenu le gouvernement responsable d'avoir promulgué un règlement.
Ici la responsabilité porte surtout, en cas d'incident terroriste, au fait que le gouvernement demande qu'une entreprise mette en oeuvre son PIU ou plan d'intervention d'urgence. Le gouvernement remboursera ensuite l'entreprise pour les mesures d'intervention qu'elle a prises et il sera aussi responsable de tout dommage causé à l'entreprise suite à l'aide qu'elle nous a apportée pour affronter l'acte terroriste. Cela est très important, car la capacité de l'ensemble du gouvernement... Les différents paliers de gouvernement, municipaux, provinciaux ou fédéral ont beaucoup de capacité, mais le secteur privé dispose une grande capacité pour faire face à des incidents dangereux tels que les accidents chimiques.
Mais aujourd'hui, dans le cas d'un incident ou d'un accident mettant en cause la sécurité, les entreprises doivent elles-mêmes intervenir, mettre en oeuvre leurs plans et être responsables de leurs actions. Le secteur privé a la capacité d'intervenir dans le cas d'un acte terroriste et de déversement d'un produit chimique très toxique. Les dispositions de ce projet de loi permettront au gouvernement de demander à l'entreprise de nous aider à affronter ce déversement chimique, par exemple, mais le gouvernement sera responsable. C'est probablement la plus grande responsabilité que je peux voir pour l'instant dans les dispositions du projet de loi.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais encore une fois remercier les fonctionnaires du ministère.
J'ai écouté très attentivement toutes les réponses et je suis sûr d'une chose: tous les mécanismes dont vous avez besoin pour suivre le transport des marchandises dangereuses sont déjà en place, du moins en ce qui concerne les vérifications des antécédents et les habilitations de sécurité des conducteurs et, deuxièmement, les protocoles sont mis en oeuvre pour affronter les accidents.
Mais je dis cela avec un peu de réticence, car deux aux trois questions soulevées visaient une loi plus souple, ou je devrais plutôt dire, à assouplir un peu plus la capacité d'intervention du gouvernement. Les règlements, ainsi que vous l'avez expliqué, portent vraiment sur seulement deux domaines, bien que vous ayez surtout parlé d'un seul durant la majeure partie de l'après-midi. L'un de ces domaines concerne les vérifications des antécédents des conducteurs en mettant l'accent sur ce qui risque de se passer à l'intérieur de nos frontières, avec la possibilité d'une équivalence avec les États-Unis. Le deuxième domaine est la documentation des marchandises dangereuses. Je n'ai pas entendu un seul mot sur le lien entre la justification de cette loi habilitante plus stricte et les propos tenus initialement par le ministre sur cette loi, c'est-à-dire le développement économique et bien sûr les prochains Jeux olympiques. Je n'ai rien entendu au sujet de ce lien.
J'ai essayé plus tôt de parler de la façon dont la technologie pourrait nous aider au niveau du transport transfrontalier, que ce soit le long de la frontière nationale ou des frontières entre les provinces. Nous avons évité d'en discuter, mais je pense que nous finirons par en parler.
Étant donné que cette intervention est limitée à trois minutes, je vous prie de m'excuser d'en profiter pour préparer le terrain, mais peut-être que nous le ferons lors d'un autre exposé sur les représentants de l'industrie que vous avez rencontré et si vous avez rencontré les associations du camionnage et les organisations qui ont déjà développé, ou sont sur le point de perfectionner, la technologie qui permettra, comme je l'ai dit plus tôt, l'immobilisation de véhicules et des interventions dans des endroits éloignés afin de suivre les marchandises ainsi que les individus, puisque la vérification du conducteur entre en ligne de compte.
Il me semble que nous avons, hélas, très peu parlé de l'engagement de la GRC et du SCRS et bien sûr de leurs homologues américains. Il serait injuste de poser des questions à ce sujet aux fonctionnaires du ministère, nous devrions alors peut-être inviter le secrétaire parlementaire en même temps que le ministre afin de lui poser ces questions importantes sur la sécurité et la protection des renseignements.
Je ne voudrais pas banaliser les arguments présentés, car ils sont bien fondés et les réponses des fonctionnaires étaient on ne peut plus appropriées, mais ces sujets n'ont pas été soulevés. Peut-être que nous pourrions faire cela plus tard.
Je vous remercie. Nous espérons parler de cela un peu plus.
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Étrangement, je vais poursuivre sur la même lancée parce que je vois un problème entre l'objectif et le résultat émanant des Conservateurs par rapport aux Jeux Olympiques de 2010.
Plus tôt, à ma question sur les habilitations de sécurité en matière de transport, vous m'avez répondu, monsieur Grégoire, qu'on ne pourra pas tout mettre en place pour ce qui est du transport à l'intérieur du Canada. Je comprends cela. Il y a beaucoup de camionneurs, etc. Ce ne sera donc pas prêt pour 2010, et vous avez été bien gentil de nous le dire.
M. Coyles nous a dit que finalement, par rapport aux plans d'intervention d'urgence, le volet sûreté pour les compagnies ne posait pas vraiment de problème. Il s'occupe déjà d'établir des plans d'intervention d'urgence. On rajoute donc le volet sécurité et on va les dédommager si jamais il y avait des frais. C'est un peu cela.
Et par rapport au Québec, par exemple — et je parle du secteur routier —, il y a déjà un service d'inspection. Cela ne sera donc pas plus difficile de faire tout cela. J'ai donc de la difficulté à comprendre comment on peut dire que les Jeux Olympiques vont être tenus et qu'on aura plus de sécurité à ce moment-là. Les certificats d'habilité ne seront pas disponibles. Si on pense que s'il y a une attaque, elle viendrait des États-Unis, il faut oublier cela. Il n'y a pas de matière dangereuse qui va franchir la frontière des États-Unis vers le Canada. Donc, s'il se produit quelque chose, il faut que cela vienne du Canada. À mon avis, la seule façon de faire, c'est de contrôler les camionneurs, donc l'habilité des camionneurs. Or, on ne sera jamais prêts à temps pour les Jeux Olympiques.
Je vous comprenais tant qu'on ne parlait pas des Olympiques de 2010. L'objectif des conservateurs d'augmenter le niveau de sécurité d'ici 2010 me pose problème. Expliquez-moi cela.
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Il y a deux aspects essentiels dans la loi en vue des Olympiques. On reviendra aux habilitations de sûreté. Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas mis en place pour les Olympiques, mais cela ne veut pas dire que la GRC n'établira pas d'habilitations de sûreté, n'en exigera pas ou ne fera pas de fouilles physiques et de fouilles de véhicules, des camions ou des personnes qui entreront dans les endroits stratégiques des Jeux Olympiques. La GRC est responsable de la sûreté aux Jeux Olympiques.
De notre côté, on a besoin de deux choses pour aborder les Olympiques. Premièrement, ce sont les ordres, ou les mesures de sûreté, qui sont les outils que nous avons dans d'autres lois, comme la Loi sur le transport, la Loi sur la sûreté du transport maritime ou la Loi sur l'aéronautique, que vous avez examinées en détail. Ces mesures peuvent être mises en place si le niveau de la menace augmente à différents endroits. Par exemple, dans un aéroport spécifique, si la menace augmente, on peut resserrer la sûreté en mettant en place une mesure de sûreté. On peut dire qu'au lieu de vérifier un certain pourcentage des passagers qui se dirigent vers l'avion, on en vérifiera beaucoup plus, deux ou trois fois plus. Dans le domaine des marchandises dangereuses, nous n'avons aucun règlement dans le moment, aucune mesure législative, qui nous permette de mettre en place des mesures de sûreté si la menace l'exige. On n'a absolument rien, à part dépêcher la GRC. Avec ce projet de loi, on pourrait adopter différentes mesures de sûreté aux différents ordres ministériels. Comme je l'ai mentionné plus tôt, on pourrait interdire le transport des marchandises dangereuses sur l'autoroute vers Whistler, on pourrait interdire le transport des marchandises dangereuses dans un certain rayon autour du stade olympique ou autour de certaines installations olympiques à Vancouver. Ce sont des mesures qu'on pourrait prendre et, à ce moment-là, tous les inspecteurs désignés ou la police pourraient empêcher les gens d'entrer dans ces lieux.
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Le plan d'intervention d'urgence est requis par règlement depuis 1985. En gros, il établit les critères à respecter si quelqu'un veut transporter, manipuler ou importer des marchandises parmi les plus dangereuses, c'est-à-dire celles susceptibles de causer des problèmes allant bien au-delà de l'accident lui-même. Je pense à différentes substances chimiques, biologiques, radioactives, nucléaires ou explosives. Pour toutes ces substances, il faut un plan d'intervention d'urgence.
Toute entreprise doit évaluer sa région géographique par rapport aux endroits où elle va transporter ces marchandises dangereuses. Elle doit être en mesure de nous prouver qu'elle comprend ce que son personnel transporte, qu'elle a l'équipement et les connaissances techniques voulus pour intervenir 24 heures par jour et qu'elle peut réagir dans un certain délai pour aider les premiers intervenants au besoin. Elles doivent posséder tout le matériel adapté, qu'il s'agisse d'outils anti-étincelles, d'uniformes spéciaux ou de n'importe quoi d'autre qui pourrait être nécessaire pour manipuler leurs produits. Toutes ces choses sont prévues par règlement, jusqu'au matériel de communication et aux techniques que l'entreprise compte utiliser. Il doit y avoir de l'assistance technique disponible 24 heures sur 24 par téléphone, et l'entreprise doit démontrer qu'elle peut activer son plan comme prévu.
Nous évaluons ces plans. Nous les vérifions pour qu'ils répondent à toutes les exigences réglementaires et que nous ayons la conviction qu'ils peuvent être déployés efficacement en cas d'urgence. Le plan est ensuite approuvé et mis à la disposition de ceux et celles qui doivent le suivre quand ils transportent des marchandises dangereuses.
On ne peut pas transporter des marchandises dangereuses de cette nature si l'on ne possède pas de plan d'intervention d'urgence approuvé. Cela comprend les substances chimiques, biologiques, radioactives, nucléaires et explosives.
Je vais utiliser le peu de temps qu'il nous reste pour remercier nos témoins d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Nous recevrons d'autres témoins au cours des prochaines séances, donc je vous remercie d'avoir pris le temps et d'avoir fait l'effort de venir ici aujourd'hui.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, j'aimerais vous donner une idée de ce qui s'en vient jeudi. Nous avons un programme chargé. Nous allons recevoir des témoins de l'Association canadienne des fabricants de produits chimiques, de Teamsters Canada, de l'Alliance canadienne du camionnage et nous attendons la confirmation d'une autre organisation.
Je tiens à aviser les députés que nous voulons que les choses avancent rondement, donc si vous pensez à des amendements ou à autre chose, vous feriez bien de commencer à vous préparer.
Mardi prochain, nous allons recevoir des gens de NavCanada. Pour le jeudi 6 mars, tout dépendra du nombre de personnes qui accepteront notre invitation à comparaître sur le ; soit nous entendrons ces témoins, soit nous commencerons notre étude article par article.
Monsieur Laframboise.