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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux de parler du projet de loi et de lancer le débat en comité au sujet de la Déclaration des droits des passagers aériens.
J'aimerais commencer par remercier Mario Laframboise et le caucus du Bloc ainsi que Dennis Bevington et le caucus néo-démocrate pour leur appui soutenu à ce projet de loi. J'aimerais également remercier Gerry Byrne, Joe Volpe et le caucus libéral pour avoir appuyé le projet de loi en deuxième lecture. Sans l'appui des trois partis, nous ne serions pas ici aujourd'hui pour parler des détails du projet de loi.
Monsieur le président, la Déclaration des droits des passagers aériens découle de la motion d'initiative parlementaire no 465, déposée l'an dernier par Gerry Byrne et adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes.
Le gouvernement n'a toujours pas donné suite à la motion. Il y a plutôt eu un accord volontaire appelé « Droits des voyageurs aériens Canada », qui n'était pas exécutoire mais promettait que l'attente sur le tarmac, par exemple, n'excéderait pas 90 minutes. Même les compagnies aériennes reconnaissent aujourd'hui que 90 minutes est le temps maximum où les gens devraient être confinés dans un avion.
Qu'ont fait les compagnies aériennes? Elles ont gardé des gens sur le tarmac pendant six à huit heures, trois mois seulement après avoir convenu de respecter les droits des passagers aériens, le 7 septembre. Pour les droits des passagers aériens, il faudra repasser.
Le 2 mars 2009, les compagnies aériennes ont décidé d'inclure les droits des passagers dans leurs tarifs, en laissant de façon volontaire l'Office des transports du Canada appliquer ces droits. Malheureusement, ces tarifs varient d'une compagnie aérienne à l'autre et les seuls passagers qui seront protégés sont ceux des quatre compagnies aériennes qui ont adopté la Déclaration des droits des passagers aériens. Il n'y a que quatre compagnies aériennes. Cela n'inclut même pas toutes les compagnies aériennes canadiennes. Par exemple, tous les transporteurs étrangers sont exclus. C'est pour cette raison que nous avons besoin du projet de loi , qui couvre tous les transporteurs ayant des activités commerciales au Canada.
De plus, même si les quatre compagnies aériennes ne se conforment pas à leurs propres tarifs, aucune pénalité ne leur est imposée si elles ne respectent pas les dispositions de la Déclaration des droits des voyageurs aériens. Elles n'ont pas donné suite la dernière fois; pourquoi, alors, devrions-nous croire qu'elles le feraient aujourd'hui?
Selon certaines critiques, les tarifs pourraient augmenter à la suite de l'adoption du projet de loi . Je vous le demande: les tarifs ont-ils augmenté lorsque le président d'Air Canada a touché 26 millions de dollars en 2007? Si les compagnies aériennes suivent les règles établies par le projet de loi , elles n'auront rien à débourser.
Les médias ont tenté d'apprendre combien Air Canada a dû verser aux passagers en Europe en raison de la loi européenne adoptée en février 2005, mais jusqu'à maintenant, personne n'a pu le savoir. Combien Air Canada a-t-il dû verser en vertu de l'ancienne loi européenne de 1991, qui ne portait que sur le refus d'embarquement? Il est important de savoir cette information pour savoir comment déterminer les incidences financières pour les compagnies aériennes. Air Canada a-t-elle cessé ses vols en Europe en raison de la loi? Pas du tout.
Le projet de loi n'oblige pas un transporteur aérien à dédommager un passager pour un vol retardé ou annulé en raison du temps. Un vol annulé en raison des conditions météorologiques entre dans l'exemption prévue dans le projet de loi. Nous avons pris l'exclusion utilisée dans la loi européenne et l'avons retranscrite telle quelle dans le projet de loi, ce qui donne aux compagnies aériennes la possibilité d'invoquer une « situation exceptionnelle », exclusion ayant été utilisée en Europe depuis quatre ans; les compagnies aériennes la connaissent très bien.
Si le transporteur aérien peut prouver que l'annulation a été causée par une situation exceptionnelle qui n'aurait pas pu être évitée, même si toutes les mesures raisonnables avaient été prises, alors le transporteur aérien n'a pas à verser une indemnisation aux passagers. Il s'agit de la norme adoptée par l'Union européenne. Une annulation en raison des conditions météorologiques entrerait clairement dans cette exemption et ne serait pas couverte par le projet de loi.
Tout ce qu'un transporteur aérien doit faire dans le cas d'une annulation due aux conditions météorologiques, c'est rembourser le passager, ce qui est raisonnable, réacheminer le passager, rembourser les coûts des repas et des rafraîchissements pendant l'attente, ce qui est tout à fait approprié, assurer l'hébergement du passager dans un hôtel s'il doit rester une nuit ou plus, fournir le transport terrestre entre l'aéroport et l'hôtel et fournir un total de deux appels téléphoniques, télécopies ou messages électroniques. Rien, dans cette liste, n'est déraisonnable pour un transporteur aérien.
Il y a deux ans, après l'entrée en vigueur des règles, l'Union européenne a demandé qu'une étude soit réalisée pour déterminer s'il était vrai que les compagnies aériennes avaient beaucoup utilisé l'argument de la situation exceptionnelle en Europe pour éviter de verser des indemnisations. Toutes les personnes interrogées ont convenu que l'exclusion de la situation exceptionnelle constituait tout de même un équilibre juste et équitable entre le droit d'un client d'être indemnisé et l'équité à l'égard des lignes aériennes.
J'ai ici un rapport de Steer Davies Gleave, qui est très approfondi. Il compte au moins 100 pages. Ce rapport se penchait sur toute la question et a conclu que l'exclusion de la situation exceptionnelle était la meilleure approche à adopter dans le cas qui nous occupe.
La défense de la situation exceptionnelle vise à permettre au projet de loi de tenir devant les tribunaux. En Europe, il y a eu deux contestations judiciaires. Le projet de loi s'applique aux refus d'embarquement pour cause de surréservation et incitent les compagnies aériennes à retirer les gens d'un vol avec leur accord, et non en les forçant à descendre de l'avion.
Il y a plusieurs années, j'ai pris un vol de la Northwest Airlines à partir de Minneapolis. La compagnie aérienne avait réservé six places de trop, et ceux qui se sont portés volontaires pour débarquer ont obtenu des laissez-passer gratuits Tout le monde était heureux et je suis certain qu'ils en parlent encore aujourd'hui. Au Canada, par exemple, West Jet et Air North, la compagnie aérienne du Yukon, ne font pas de surréservations, alors ils n'auront rien à payer.
En fait, ce dont les compagnies aériennes ont besoin, ce sont des clients satisfaits. Si les compagnies aériennes doivent refuser l'embarquement à des clients de façon involontaire, alors pourquoi ne devraient-elles pas payer une indemnisation de 500 $, 800 $ ou 1 200 $, en fonction de la durée du voyage? La même indemnisation s'applique aux vols annulés. En Europe, c'est la pratique depuis quatre ans. et le projet de loi s'inspire de la loi européenne, qui est en vigueur depuis le 17 février 2005. Air Canada a des activités commerciales en Europe et se conforme à cette loi. Le comité d'examen a constaté que les compagnies aériennes européenne tentent d'invoquer l'exemption aussi souvent que possible pour éviter d'indemniser les passagers. Les compagnies aériennes ont contesté la loi européenne devant les tribunaux et ont perdu. Cette loi est solide et les tribunaux l'ont appuyée.
Si les députés pensent que les pénalités sont trop élevées, ils peuvent proposer des amendements afin de réduire ces pénalités à un niveau plus approprié. Dans la plupart des cas, nous avons adopté les niveaux d'indemnisation prévus dans la loi européenne. La loi originale européenne de 1991, il existait une loi avant 2005 — ne portait que sur le refus d'embarquement. Les niveaux d'indemnisation n'atteignaient que la moitié de ce qu'ils sont en Europe aujourd'hui. La refonte de la loi européenne, en 2005, a fait doubler l'indemnisation et a élargi la portée de la réglementation pour inclure les annulations, les retards et les vols nolisés. Le comité d'examen dont je vous ai parlé a dit, deux ans à peine plus tard, que les pénalités étaient tout à fait adéquates ainsi. Elles n'étaient ni trop élevées, ni trop basses.
Monsieur le président, pourquoi les passagers n'ont-ils pas le droit d'annuler un vol et d'obtenir un remboursement après un retard de cinq heures? L'an dernier, des vols vers le Mexique ont été annulés sans que ce soit la faute des passagers, à qui on a refusé un remboursement. Selon nous, si les compagnies annulent un vol, les passagers ont le droit d'être remboursés après un retard de cinq heures — les gens qui choisiront de se prévaloir de cette option ne seront pas si nombreux. Pourquoi les passagers n'obtiendraient-ils pas un coupon leur donnant droit à un repas après un retard de deux heures? Pourquoi les passagers n'obtiendraient-ils pas un chèque de 100 $ si la compagnie aérienne perd leurs bagages et ne les informe pas en moins d'une heure qu'elle les a retrouvées? Les compagnies aériennes feront-elles faillite si elles doivent verser 100 $? Ou deviendront-elles plus vigilantes pour cesser de perdre les bagages dès le départ et informer un passager que ses bagages ont été trouvés?
Pourquoi les clients ne s'attendraient-ils pas à un meilleur service? Pourquoi les passagers ne seraient-ils pas informés des changements apportés aux vols, des retards et des annulations? Pourquoi les nouvelles règles ne seraient-elles pas affichées au comptoir des compagnies aériennes pour informer les passagers de leurs droits et du processus d'indemnisation? Pourquoi le public ne s'attendrait-il pas à un prix global, afin de savoir quel est le coût total du vol avant de cliquer sur le bouton « acheter »?
La loi vise le paiement direct et volontaire d'indemnisations par les compagnies aériennes aux passagers, mais les transporteurs européens ont combattu la loi de façon si vigoureuse en Europe qu'il a fallu avoir recours aux tribunaux des petites créances pour que les passagers obtiennent un règlement. Aucun avocat n'est requis. Au Canada, les passagers peuvent toujours se plaindre auprès de l'Office des transports du Canada, mais comme en Europe, les agences de transport ne peuvent pas obtenir de paiement; les tribunaux des petites créances ordonnent les règlements. En fait, récemment, un grand nombre de passagers de British Airways ont obtenu un règlement grâce à la cour des petites créances.
Monsieur le président, le projet de loi est juste à l'égard des clients et des compagnies aériennes. Les compagnies aériennes qui suivront les règles n'auront rien à débourser; celles qui invoqueront les situations exceptionnelles trop souvent risqueront de se voir imposer des règles encore plus strictes à l'avenir. Le projet de loi C-310 s'applique à tous les transporteurs aériens canadiens et à toutes les opérations des transporteurs aériens au Canada, et non pas seulement à quatre transporteurs, sans prévoir de pénalité précise, comme cela est le cas pour la Déclaration des droits des voyageurs aériens.
Pourquoi un client d'Air Canada reçoit-il un meilleur traitement en Europe qu'au Canada?
Selon les compagnies aériennes, le n'offre pas une souplesse suffisante au sujet des retards sur l'aire de trafic.
Or, monsieur le président, à l'alinéa 6(1)
d), à la page 5 du projet de loi, on peut lire ce qui suit:
l'occasion de débarquer de l'aéronef s'il est possible de le faire sans exposer les passagers ou toute autre personne à un risque disproportionné pour leur santé ou leur sécurité, ou sans nuire à l'exploitation sécuritaire de l'aéronef ou d'autres aéronefs.
Tout ce que les compagnies aériennes doivent faire, c'est de laisser les lumières allumées et de s'assurer qu'il y a de l'air frais, de faire fonctionner les toilettes, de s'assurer que de la nourriture et de l'eau sont disponibles et de permettre le débarquement si c'est possible de le faire sans risque pour la santé ou la sécurité des passagers. Si elles ne sont pas en mesure de le faire, pourquoi ne devraient-elles pas indemniser les passagers? Si 500 $ est un montant trop élevé, vous pouvez proposer un amendement pour le diminuer.
Il nous faut une loi, mais son application est un point majeur. Elle revient en fait aux passagers eux-mêmes. Ils ne peuvent pas prendre des mesures s'il n'existe pas de loi pour les protéger, mais s'il y en a une, les passagers qui sont vigilants vont agir.
J'ai souvent répondu à la question de savoir combien cela va coûter aux compagnies aériennes, et en vérité, elles n'auront rien à débourser si elles suivent les règles, tout simplement.
Merci monsieur le président.
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Merci monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir me joindre à vous pour discuter de cette question que je considère, tout comme mes collègues de la Chambre des communes à l'évidence, très sérieuse.
Comme M. Maloway l'a indiqué un peu plus tôt, son projet de loi fait suite à une motion adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes; cette motion enjoignait le gouvernement du Canada de proposer une telle loi.
Je pense qu'il est important de souligner que nous sommes heureux de voir que vous êtes ouvert aux amendements, mais il y aura probablement des efforts de lobbying intenses en vue de tenter de convaincre les parlementaires que l'essence du projet de loi est inappropriée, que celui-ci ne rendra pas justice aux passagers ni à l'industrie. Il peut être facile de s'attarder à certains aspects de ces arguments, mais je pense qu'il est très clair qu'en général, la protection des consommateurs dans l'industrie du transport aérien au XXIe siècle est absolument nécessaire. Il s'agit de la préoccupation principale ici.
Il y a un peu plus d'un an, alors que je rédigeais ma motion, et moi-même avons discuté de cette question. Nous avons constaté la situation dans laquelle se sont retrouvés les passagers de Cubana. Il y avait aussi des passagers canadiens. Ce n'était pas seulement des passagers internationaux qui venaient au Canada en provenance de Cuba, dans ce cas particulier; d'autres passagers volaient également à l'intérieur du pays.
En dépit de ce que certaines personnes ont laissé entendre, il n'y a en fait aucune règle assurant la protection des passagers aériens une fois qu'ils passent le contrôle de sécurité et qu'ils ont leur carte d'embarquement en main. En fait, comme nous l'avons vu dans la situation impliquant Cubana, des passagers ont passé 12 heures à bord d'un avion ici, à l'aéroport international d'Ottawa; ils avaient déjà passé cinq heures en vol et, semble-t-il, la seule façon pour qu'un agent en fonction de la GRC puisse aider un passager à bord qui avait signalé le 911 était d'invoquer la disposition du Code criminel concernant la détention arbitraire. La Loi sur l'aéronautique et les autres règlements sur l'aviation ne lui fournissaient aucun outil pour lui permettre d'aider les passagers à descendre après qu'ils eurent passé 17 heures dans cet avion. Cela démontre bien l'état de la protection des consommateurs dans l'industrie aérienne au Canada.
Vous avez parlé de l'Union européenne. Nous savons tous que l'Union européenne prévoit une protection assez robuste et efficace pour les passagers aériens. En fait, ces dispositions s'appliquent aux 26 membres de l'Union européenne, qui fonctionnent comme un marché commun. Air Canada, West Jet, Air Transat et d'autres transporteurs aériens canadiens effectuent actuellement des vols sur le territoire de l'Union européenne. Pourriez-vous nous dire si ces transporteurs canadiens sont en fait soumis à la Déclaration des droits des passagers aériens qui prévaut sur le territoire de l'Union européenne? Je crois connaître la réponse, mais j'aimerais que ce soit très clair.
Deuxièmement, le Canada a récemment signé un accord « ciel ouvert » avec l'Union européenne. Il s'agit non seulement d'un accord « ciel ouvert », mais nous avons également accepté de créer un plus grand accès sans obstacle pour les transporteurs aériens européens au Canada et les transporteurs aériens canadiens qui ont des activités commerciales en Europe. Dans le cadre de cet accord, nous avons également accepté d'harmoniser les normes de sécurité réglementaires.
La situation est intéressante. Nous harmonisons les systèmes commerciaux de transport aérien en Europe, mais nous sommes aussi préparés à harmoniser nos systèmes de sécurité. Selon vous, pourquoi ne sommes-nous pas prêts à harmoniser les protections consenties aux consommateurs? L'Union européenne a adopté un système de protection des consommateurs qui s'applique à toutes les compagnies aériennes européennes, même lorsqu'elles se trouvent à l'extérieur de l'espace aérien européen. Le Canada doit respecter cela... lorsqu'il quitte l'espace aérien européen, ainsi que les aérodromes européens.
Selon vous, pourquoi n'avons-nous pas inclus une telle disposition dans l'accord?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur Maloway, de votre présentation.
Vous avez dit d'entrée de jeu que votre projet de loi avait obtenu l'appui du Bloc québécois. Vous savez, en raison du discours que j'ai fait à la Chambre des communes, que nous accordons notre appui pour que votre projet de loi soit étudié par le comité afin d'essayer de le bonifier. Plus tôt, notre collègue libéral a parlé du dossier d'Air Cubana, alors que plusieurs Québécois étaient dans l'avion qui était bloqué sur l'aire de trafic de l'aéroport d'Ottawa. Comme vous le savez, la température a entraîné cette situation. J'ai écrit directement à la compagnie aérienne, qui a écrit directement à l'administration aéroportuaire et directement à Transports Canada, et au moment où je vous parle, personne n'est responsable de tout ce dossier.
Au moment où vous avez déposé votre projet de loi, certaines informations, discussions ou discours laissaient croire qu'il devait régler ce problème. Bien sûr, l'article 6 du projet de loi porte sur les droits des passagers sur l'aire de trafic, mais cela ne vise que les compagnies aériennes. Je vous dis bien sincèrement que, dans le cas d'Air Cubana, je ne suis pas convaincu, loin de là, que ce soit la faute de la compagnie aérienne. Je penserais plutôt que l'administration aéroportuaire n'a pas fait son travail. Votre projet de loi est basé sur une responsabilisation des compagnies aériennes, mais au Canada, comme vous le savez, les administrations aéroportuaires gèrent le trafic, décident ce qui se passe, donnent les places, et le projet de loi ne contient aucune mesure pour les responsabiliser.
Je comprends donc les compagnies aériennes de se demander si c'est toujours à elles de tout payer, quand, au Canada, une bonne partie des exigences ou une partie du contrôle est administré par une organisation non gouvernementale. Il ne faut pas oublier que les administrations aéroportuaires, qui ont la responsabilité du déglaçage dans les aéroports et de donner les droits d'accès, sont des administrations dont les conseils d'administration sont composés de gens du milieu.
À ce sujet, je trouve qu'ADM, à Montréal, pose problème. Par le passé, des administrateurs nommés pouvaient hausser des tarifs d'amélioration aéroportuaires comme ils le voulaient; maintenant ils peuvent faire des emprunts au gré du vent, mais ils n'ont aucun sens des responsabilités relativement aux problèmes qu'ils peuvent causer. Votre projet de loi traite-t-il de la responsabilité des administrations aéroportuaires?
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Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne le vol de Cubana, on en a en fait parlé en détail dans une émission de la CBC hier soir, mais on a considérablement parlé de cette situation de Cubana qui remonte à deux ans. C'est un exemple épouvantable de la façon dont on confiné des gens sur une piste d'atterrissage pendant environ 15 heures. Oui, on souligne le fait qu'il y a plus d'un organisme touché par cette question, mais je dirais que cela ne devrait pas nous empêcher d'adopter une charte des droits des passagers aériens qui stipulerait que les lignes aériennes doivent laisser descendre les gens de l'avion dans un délai d'une heure, sous peine de pénalité, car lorsqu'une loi comme celle-ci entre en vigueur, alors les aéroports et les employés des douanes doivent tout simplement modifier leurs pratiques.
Aux États-Unis, à l'heure actuelle, les deux chambres sont saisies du même genre de projet de loi. Ce qui arrive en même temps, c'est que des gens comme Jim Crites, qui est le chef de l'administration aéroportuaire de Dallas-Forth Worth, réagissent de leur propre façon. Il est en train de s'assurer que son aéroport et celui d'Atlanta achètent des autobus pour rediriger de façon rapide et efficace les gens dont les vols ont été déroutés. Ils sont actuellement en train de construire des immeubles sur le site de l'aéroport pour accueillir les passagers dont les vols ont été déroutés, car il semble que de plus en plus de vols sont déroutés.
Il y a à peine deux semaines à Ottawa, le vol 32 d'Air Canada a été dérouté de Pékin, en Chine, vers Toronto. Saviez-vous que cet avion avait sept heures et demie de retard à son arrivée? Le vol a été dérouté ici même à Ottawa. Lorsque j'ai vérifié, j'ai constaté que le vol était arrivé ici à vingt heures mais que ces pauvres passagers ont dû rester à bord jusqu'à 23 heures, et ce, après plus de 15 heures de vol depuis Pékin, avant qu'on les laisse en fait descendre de l'avion. On les a donc redirigés vers Toronto et ils sont arrivés là-bas vers deux heures du matin. Ce sont des choses qui arrivent à l'heure actuelle.
Il s'agit d'un avion d'Air Canada, la même ligne aérienne qui dit qu'elle peut laisser les gens débarquer dans un délai de 90 minutes. Ce n'est clairement pas le cas, car il n'y a pas de pénalité qui lui est imposée si elle ne le fait pas.
Je suis d'accord avec vous, monsieur, c'est effectivement une combinaison de responsabilités, mais nous devons aller de l'avant avec le projet de loi à l'étude, et peut-être même qu'il devrait y avoir un deuxième projet de loi à d'autres fins.
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Merci, monsieur le président.
Si le projet de loi avait été en vigueur et que les passagers avaient été redirigés vers l'aéroport d'Ottawa, ils auraient été indemnisés s'ils avaient passé plus d'une heure à bord de cet avion. Donc en théorie, l'aéroport et la ligne aérienne auraient fait descendre les passagers dans un délai d'une heure pour ne pas être obligés de leur verser une indemnisation.
Permettez-moi de vous expliquer quelque chose. Cela répondra peut-être à la question de M. Laframboise.
Dans le domaine des assurances, nous avons un principe qu'on appelle la subrogation qui signifie que si un automobiliste endommage votre clôture avec sa voiture, votre compagnie d'assurance paiera votre demande d'indemnisation. Elle sera heureuse de le faire. Mais quelques mois plus tard, ce qu'elle fait, c'est qu'elle subroge contre le coupable. Elle détermine qui est entré en collision avec votre clôture et poursuit la compagnie d'assurance qui représente cet automobiliste.
Tout ce que je dis qui aurait dû se produire à Vancouver l'an dernier, par exemple, c'est que la compagnie aérienne aurait tout simplement dû payer les factures, selon ce qui était nécessaire de payer, comme WestJet l'a fait, pour indemniser ses clients et régler leurs problèmes, pour ensuite déterminer plus tard qui devra payer. Une compagnie d'assurance subrogerait tout simplement ceux qu'elle considérerait comme étant les coupables, c'est-à-dire l'aéroport qui n'a pas dégagé la piste d'atterrissage, n'est-ce pas? Lorsqu'on a posé la question à la compagnie aérienne, voici ce que le conseil de la compagnie aérienne a répondu: nous ne voulons pas nuire aux excellentes relations que nous avons avec l'aéroport, de sorte que nous sommes prêts à laisser les passager souffrir et les laisser se débrouiller pour trouver des hôtels pendant une tempête de neige, car nous ne voulons pas nuire à nos bonnes relations avec l'administration aéroportuaire qui a oublié de déneiger la bonne piste d'atterrissage.
Je dis qu'il faut s'occuper de ses passagers d'abord et subroger par la suite et poursuivre les parties responsables. C'est de cette façon que les choses fonctionnent dans le domaine de l'assurance et c'est ainsi que ça devrait fonctionner dans ce cas-ci également.
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Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés. Nous sommes très heureux d'être ici pour vous faire part de nos réflexions sur le projet de loi .
J'avais l'intention de laisser ma collègue Brigitte Hébert, directrice des opérations du conseil, faire un exposé de 10 minutes. Elle fera cet exposé, mais avec votre indulgence, je voudrais profiter de l'occasion pour ajouter certains faits au débat qui a été amorcé ici sur une question précise par le témoin précédent, à savoir le vol 32 d'Air Canada de Beijing à Toronto. Je voudrais prendre quelques instants pour apporter des précisions sur ce qui s'est passé dans cette affaire. Ensuite, nous ferons nos observations, après quoi, nous nous ferons bien sûr un plaisir de répondre à vos questions.
Le vol 32 d'Air Canada s'apprêtait à atterrir à Toronto. À cause du mauvais temps, Nav Canada a fermé une piste sur laquelle l'avion était censé atterrir. Il ne pouvait pas atterrir sur les autres pistes à l'aéroport Pearson et l'avion a donc fait des cercles autour de l'aéroport, dans l'espoir que les conditions météo s'améliorent, ce qui n'a pas été le cas.
Le commandant de bord a donc pris la décision, pour assurer la sécurité de toutes les personnes à bord, de se diriger vers son aéroport de dégagement, qui était Ottawa, pour y atterrir. Ottawa a bien sûr accepté l'avion.
Le problème à Ottawa est qu'Air canada n'exploite pas d'appareil de type 777, le plus gros appareil dans sa flotte, au départ et à destination d'Ottawa. Par conséquent, on n'avait pas ce soir-là le matériel nécessaire pour remorquer l'avion aux abords de la porte d'embarquement. L'avion a donc dû faire des manoeuvres spéciales pour se positionner face à la porte, pour ainsi dire. Cela a pris un peu de temps. On a ensuite placé des escaliers mobiles pour faire descendre les passagers.
Les passagers devaient passer aux douanes, en conformité avec la loi canadienne. Les agents des douanes n'attendaient pas ce vol à cette heure de la journée. Ils n'ont pas l'habitude d'accueillir d'aussi gros appareils avec autant de passagers. Il leur a fallu trouver en vitesse du personnel supplémentaire pour faire passer les passagers aux douanes. Il y a donc eu un retard supplémentaire à cause de la procédure de dédouanement.
Après avoir passé la douane, ces passagers se sont vus offrir des coupons repas. Air Canada a réussi à trouver des places pour au moins 100 de ces passagers à bord de vols au départ d'Ottawa, je veux dire des vols déjà prévus d'Ottawa à Toronto, y compris un groupe de 40 personnes qui devaient prendre un avion pour Buenos Aires. Air Canada a retenu l'avion qui devait quitter Toronto vers Buenos Aires pour s'assurer que ces passagers puissent monter à bord. Les autres passagers ont pu retourner à bord du 777. Cependant, à cause des contraintes relatives à la durée des quarts de travail en vol, le commandant de bord et le copilote qui avaient piloté l'avion depuis Beijing devaient être placés au repos pour le reste de la journée, parce qu'ils avaient déjà dépassé leur temps maximum d'affectation. Dans l'intérêt de la sécurité, ils ne pouvaient plus travailler. Un autre équipage a été amené. Cet avion a fini par retourner à Toronto.
Voilà donc les faits au sujet du vol 32 d'Air Canada. Je voulais consigner cela au compte rendu.
Je cède maintenant la parole à ma collègue Brigitte.
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Honorables membres du comité, nous vous remercions de nous donner l'occasion de comparaître aujourd'hui au sujet du projet de loi d'initiative parlementaire , qui, comme vous le verrez, comprend des mesures très inquiétantes non seulement pour les transporteurs aériens, mais également pour les consommateurs et les collectivités canadiennes.
[Traduction]
Nous prenons la parole aujourd'hui au nom du Conseil national des lignes aériennes du Canada, qui est une association industrielle regroupant les quatre plus importants transporteurs aériens de passagers du Canada, soit Air Canada, WestJet, Air Transat et Jazz Air SEC. Ensemble, les transporteurs membres du CNLA emploient directement 34 000 Canadiens et desservent directement 59 collectivités canadiennes. En moyenne, nous exploitons 1 800 vols par jour, soit 657 000 chaque année. Nous transportons 126 000 passagers par jour, à peu près la population totale de Kelowna, en Colombie-Britannique, soit 46 millions annuellement, environ 1,36 fois la population actuelle du Canada.
Nous menons à bien cette entreprise colossale tous les jours, et ce, malgré les caprices de la météo canadienne, et conformément au cadre réglementaire et aux exigences en matière de sûreté du gouvernement du Canada et des pays étrangers que nous desservons. Et ce qui est encore plus important, nous exerçons nos activités en toute sécurité.
Inévitablement, compte tenu d'un tel trafic passager, les voyageurs subissent parfois certains désagréments, lesquels sont indépendants de la volonté du transporteur ou non. Les sociétés aériennes s'efforcent de limiter ces désagréments. Toutefois, comme toutes les entreprises de services, nous ne sommes pas parfaits. Des erreurs peuvent se produire et les voyageurs devraient alors avoir des droits et disposer de recours efficaces si ces droits ne sont pas respectés.
Les transporteurs membres du CNLA le comprennent bien. Aussi, ils ont intégré dans leurs tarifs les dispositions du programme Droits des voyageurs aériens, que Transports Canada a annoncé l'an dernier. Que les membres du comité le comprennent bien: il s'agit d'une étape importante. Une modification d'ordre juridique officielle a été apportée au contrat entre nous-mêmes, en tant que transporteurs, et les clients que nous desservons.
Si nous ne respectons pas ces conditions, l'Office des transports du Canada a le pouvoir d'enquêter sur les circonstances de notre manquement et de déterminer, au cas par cas, le dédommagement ou l'indemnité approprié à accorder aux passagers touchés.
[Français]
De plus, je tiens à réitérer un engagement que nous avons pris lorsque la Chambre des communes a adopté la motion initiale de M. Byrne sur les droits des voyageurs aériens.
Le CNLA invite instamment les parlementaires, par l'intermédiaire du présent comité, à mener une étude sérieuse et détaillée sur les questions de politique publique touchant le service aux voyageurs canadiens, y compris une évaluation des transporteurs, des aéroports canadiens, des institutions et entités fédérales ainsi que des régimes de réglementation qui ont une incidence sur les destinations internationales desservies directement à partir du Canada.
[Traduction]
Nous voulons trouver des solutions. Nous voulons transporter nos passagers plus efficacement. Nous nous réjouissons que vous vous intéressiez à la question et, si c'est dans le but sincère d'aider nos clients, que vous examiniez de près la situation.
Nous en arrivons donc à la raison de notre présence aujourd'hui: le projet de loi d'initiative parlementaire . Malheureusement, ce projet de loi n'aidera aucunement les voyageurs canadiens. Loin de s'intéresser aux droits des voyageurs, il ne vise ni à améliorer l'expérience de voyage des Canadiens ni à leur proposer davantage d'options pour leur déplacement.
Le projet de loi ne comporte pas la moindre disposition qui permettrait, de quelque façon que ce soit, de réduire, dans les faits, les inconvénients causés aux passagers.
Le projet de loi a pour seul objectif d'imposer des sanctions aux transporteurs, dans bien des cas à l'égard de situations qui sont, manifestement, tout à fait indépendantes de leur volonté, si consciencieux qu'ils soient.
[Français]
Ne nous leurrons pas: les sanctions proposées dans le projet de loi sont très sévères. S'il est adopté, ce projet de loi nuira aux sociétés aériennes qui assurent leur exploitation au Canada, ébranlera fortement la structure des coûts de nos entreprises, provoquera une hausse spectaculaire des prix pour les consommateurs canadiens et entraînera directement des réductions de service, non seulement aux aéroports les plus achalandés du Canada, mais également dans les communautés rurales de tout le Canada, lesquelles dépendent d'un service aérien régulier fiable pour établir un lien commercial et social avec le reste du pays, telles les communautés desservies par les aéroports dans les régions de l'Atlantique, le Nord canadien et les communautés rurales du Nord du Québec.
[Traduction]
Premièrement, et étant donné que le projet de loi a recours au système judiciaire canadien comme mécanisme de règlement des différends et que pratiquement toutes ses dispositions importantes renferment des termes imprécis, personne ne peut, à l'heure actuelle, établir avec précision de quelle façon il sera appliqué dans les faits et personne ne le saura tant qu'une série de batailles juridiques longues et coûteuses n'auront pas été menées.
[Français]
Vous apprendrez sans aucun doute, si vous ne le savez pas déjà, que ce libellé s'inspire de la législation européenne. Cette affirmation est profondément troublante quand on sait que les tribunaux des États membres de l'Union européenne sont si désorientés par le libellé et l'intention des règlements sur lequel est fondé le projet de loi qu'ils ont, après de nombreuses procédures judiciaires de très longue durée, soumis les questions à la Cour de justice des Communautés européennes. Essentiellement, ils ont fini par renoncer à la tâche.
[Traduction]
Le Canada ne cherche assurément pas à reproduire ces problèmes dans la création de son propre cadre législatif visant les droits des travailleurs.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, ce projet de loi, pour une raison ou pour une autre, accorde une attention exclusive aux transporteurs aériens. Il ne vise pas les institutions ou entités fédérales comme NAV CANADA, l'ACSTA, l'ASFC et les administrations aéroportuaires du Canada, pas plus qu'il ne tient compte des entités ou structures juridiques étrangères, malgré les rôles complexes et essentiels que ces organismes jouent chaque fois qu'un Canadien se déplace en avion.
En faisant fi de ces rapprochements évidents, le projet de loi ne s'attaque d'aucune manière significative au problème qu'il soulève, laissant plutôt le soin aux transporteurs de régler les situations qui sont indépendantes de leur volonté, faute de quoi ils s'exposent à des sanctions excessives.
Cependant, ce qui est plus inquiétant encore, le projet de loi ne tient aucunement compte, dans ses principales clauses, du facteur le plus évident et le plus fréquent d'anomalie d'exploitation; en effet, le projet de loi C-310 tient les transporteurs responsables de la météo.
Par exemple, à l'article 5, en cas de retard, le transporteur doit offrir à chaque passager le choix de faire deux communications par téléphone, télex, télécopieur ou courrier électronique, ainsi que des repas et l'hébergement hôtelier, le cas échéant. En cas de non-respect de l'une ou l'autre de ces obligations, le transporteur doit verser 500 $ à chaque passager touché. Si un vol est retardé de plus de cinq heures, le transporteur doit également offrir de rembourser tous les tarifs aériens.
[Français]
En effet, l'article 5 ne prévoit aucune exemption des obligations, ne serait-ce qu'en des termes aussi vagues que « situation exceptionnelle » si le retard est attribuable à un événement météorologique ou à des préoccupations liées à la sécurité. Vous admettrez qu'un transporteur n'a rien à se reprocher si une tempête de neige, à Gander ou à Trois-Rivières, compromet la ponctualité d'un vol. Pourtant, le transporteur en est tenu responsable.
[Traduction]
Le projet de loi pose indéniablement de sérieux problèmes, mais sa plus grave lacune, c'est qu'il ne tient aucunement compte de la sécurité des passagers et des membres d'équipage. À bien des égards, le projet de loi décourage et pénalise carrément les transporteurs qui veulent assurer l'exploitation sécuritaire des appareils en leur imposant une lourde responsabilité financière lorsque des vols sont annulés ou retardés pour des raisons de sécurité. La mise en place par le gouvernement du Canada d'un système de sanctions aux sociétés aériennes, précisément parce qu'elles refusent d'exploiter les appareils lorsque la sécurité du public pourrait être compromise, entre en contradiction avec la promotion de la sécurité de l'aviation.
La sécurité est au coeur de tous les règlements canadiens encadrant l'aviation. En adoptant cette loi, les parlementaires iraient à l'encontre de ce principe. Afin d'éviter des désagréments aux passagers, le projet de loi d'initiative parlementaire relègue la sécurité du public au second plan. Cette situation est inacceptable.
[Français]
Ce sont là nos principales préoccupations au sujet du projet de loi . Il est évident que ma présentation ne pourrait en aucun cas traiter de tous les grands problèmes que causerait une loi comme celle-ci à l'aviation commerciale au Canada. ainsi que des dépenses et des désagréments auxquels ferait face le grand public. Nous pourrions littéralement continuer pendant des heures, mais je suis certaine que les membres du comité ont des questions.
Avant de conclure, j'aimerais traiter de l'affirmation selon laquelle le projet de loi pourrait être facilement modifié afin d'en pallier les lacunes. C'est tout simplement irréaliste.
[Traduction]
Comme le projet de loi repose sur des mesures punitives, qu'il contient des définitions non limitatives et qu'il exclut complètement tous les autres aspects de la chaîne d'approvisionnement de l'industrie du transport aérien, on conclut qu'il est fondamentalement erroné. Presque toutes les dispositions du projet de loi doivent être réécrites. Pour ce faire, le comité parlementaire devrait probablement entreprendre un examen complet de tout le service de l'aviation et tenir compte de la chaîne d'approvisionnement, afin que ses membres puissent apporter les modifications requises sans nuire outre mesure à l'aviation canadienne.
En résumé, le projet de loi n'améliore en rien l'expérience des passagers et risque de perturber gravement les coûts de l'industrie et la viabilité des services aériens. Il faut le retirer et le remplacer par une nouvelle initiative qu'appuierait le CNLA et qui serait fondée sur une approche équilibrée et rationnelle tenant compte des inquiétudes exprimées aujourd'hui et de l'ensemble du système d'aviation au Canada.
[Français]
Nous espérons que cette approche coopérative est la voie que ce comité choisira de suivre pour le bien-être de tous les Canadiens. Malheureusement, le projet de loi C-310 ne rend service à personne.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie de votre question.
Vous avez donné plusieurs exemples. Il a été question de la décision de NAV Canada concernant le vol 32 d'Air Canada. De plus, le travail des autorités douanières a un impact et des répercussions sur l'expérience du passager. Il y a le déglaçage, qui est très important. Le déneigement des pistes des aéroports a un impact important sur la possibilité de faire rouler des aéronefs avant le décollage. Comme vous le savez, le dégivrage est, fondamentalement, une question de sécurité aérienne. Une de nos préoccupations relatives à ce projet de loi est son impact potentiel sur des décisions prises uniquement pour des raisons de sécurité aérienne.
Imaginons un commandant de bord qui sait qu'il faudra peut-être une heure et demie pour dégivrer son Boeing 777. Après 60 minutes, on se trouverait au moment où il serait de notre ressort de décider de continuer le dégivrage ou pas. Personnellement, je me fie au commandant qui a 30 ans d'expérience, et dont l'intérêt est le meilleur fonctionnement de son avion et la sécurité de son équipage et de ses passagers.
Après 61 minutes, quelqu'un pourrait dire au commandant qu'il y a d'autres considérations. La compagnie serait peut-être punie sévèrement si le commandant ne retournait pas immédiatement à la barrière parce que quelqu'un en a assez. On voudrait que le commandant sorte de la file pour se rendre à une barrière qui n'est peut-être pas disponible. En effet, on sait très bien comment ça fonctionne quand il y a une grosse tempête. On ne dit pas combien de temps il faudrait pour réintégrer la file par la suite pour retrouver la place qu'on vient de laisser tomber. Ça pourrait être long. Alors, on aurait ajouté peut-être trois, quatre, cinq heures inutilement à un retard. Finalement, à cause des restrictions sur les heures en devoir, on annulerait le vol.
On est coincé à plusieurs niveaux. Pourquoi enlever la discrétion au commandant d'avoir le dernier mot? S'il n'y a pas de risque indu ou de danger pour la sécurité des passagers, on pourrait retourner à la barrière. Cependant, cela n'a rien à voir avec la sécurité, parce qu'il s'agit du bon fonctionnement d'un vol, ce qui aurait un impact sur 300 autres personnes, qui ne voudraient pas nécessairement débarquer après 61 minutes. Pourquoi cette mesure existe-t-elle?
Les Européens ont compris que cela n'avait pas de sens. Ils n'ont jamais touché à cela, même si certains de leurs aéroports sont les plus achalandés au monde. Par exemple, à Heathrow, il y a eu cinq centimètres de neige l'an passé. C'était un désastre total pendant trois jours. Je souligne que l'article 3 de ce projet de loi nous rendrait responsable. Dans une situation équivalente à celle de Heathrow des compagnies comme Air Canada ou Air Transat seraient obligées de payer des indemnités pendant un tel retard, qui se produirait à Londres, mais pas les compagnies britanniques, allemandes et hollandaises. Les Canadiens seraient les seuls au monde à payer. Cela n'a aucun sens.
Je pense vraiment qu'il faut que l'on se réunisse afin de mieux comprendre le système.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins.
Dans votre témoignage, vous indiquez que vous êtes préoccupé par les responsabilités qui ne dépendent pas de vous et des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement. Vous avez avancer que les dispositions actuelles du projet de loi constituent un pactole pour les avocats.
J'aimerais vous poser une question. Vous semblez respecter énormément l'Office des transports du Canada. Cela semble bien fonctionner pour vous. Il s'agit d'un corps quasi-judiciaire, compétent et intéressé à enquêter sur les problèmes de transports commerciaux et à appliquer la loi.
J'aimerais vous faire une suggestion. Dites-moi ce que vous en pensez. Pour que vous ne soyez pas responsables de questions qui ne dépendent pas de vous, pourquoi ne demanderiez-vous pas à l'Office des transports du Canada, qui est un corps quasi-judiciaire compétent, à faire le suivi des règlements dans l'industrie de l'aviation commerciale, et à déterminer si, selon la balance des probabilités, la ligne aérienne commerciale est responsable dudit retard, inconvénient ou problème qui ne dépend pas d'elle?
On nous a suggéré ceci... Nous voyageons souvent, mais ce problème touche nos commettants, les Canadiens qui voyagent et qui nous en font part. On nous a dit que, bien souvent, les compagnies aériennes utilisent les circonstances atténuantes pour justifier un problème qui ne dépend pas d'elles ou encore le fait qu'elles n'ont pas pu fournir un service aux passagers. Dans certains cas, des preuves indiquent que cela était peut-être du ressort de la compagnie aérienne et qu'il s'agissait en fait d'une décision commerciale.
Pourquoi ne pas donner à l'Office des transports du Canada l'autorité d'enquêter et de mettre en oeuvre ces questions? Accepteriez-vous cette idée?
À mon avis, cela ferait preuve d'une bonne transparence.