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Le Conseil régional de l'environnement et du développement durable de l'Outaouais est l'un des 16 conseils régionaux de l'environnement du Québec. Le Québec est divisé en 17 régions administratives.
Il existe depuis janvier 1990, et au cours des 20 dernières années, nous avons travaillé à plusieurs dossiers touchant le transport, les terres humides, l'éducation, la forêt, tout ce qui touche, de près ou de loin, les espaces naturels et la protection de l'environnement.
Nous avons aussi présenté plusieurs mémoires à la Commission de la capitale nationale, au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, à la Ville de Gatineau — je ne vais pas tous les nommer. Nous siégeons à de nombreux comités touchant l'environnement et le développement durable. Tout cela, pour remplir notre mandat de concertation et de conservation des ressources.
Nous étions aussi membres des défuntes Coalition SOS Leamy et Coalition pour le renouvellement de la CCN. Nous étions membres de la coalition pour la sauvegarde de la ceinture de verdure et de celle du parc de la Gatineau. C'est donc dire que notre organisme suit d'assez près les dossiers de la CCN. Mais nous sommes aussi des partenaires, puisque nous siégeons à plusieurs comités, dont celui du transport interprovincial. Au cours des cinq ou six dernières années, nous avons participé à presque toutes les consultations organisées par la CCN, que ce soit au sujet du parc ou du coeur de la capitale. Nous sommes aussi partenaires dans certaines activités, comme le nettoyage des berges de la rivière des Outaouais. C'est donc dire que la CCN est un organisme qui nous connaît et que nous connaissons bien.
Une commission visant la gestion des biens meubles et immeubles sur le territoire d'une capitale et ses environs joue un rôle particulier quant aux citoyens du pays. Cependant, il ne faut pas oublier que les actions se réalisent sur un territoire occupé par une population locale et que, par conséquent, il faut toujours viser l'équilibre entre les deux. D'ailleurs, cet élément devrait se refléter dans le préambule. La protection de l'environnement naturel est souhaitable à tous points, mais l'environnement humain n'est pas à négliger, tant sur le plan national que local. Une population satisfaite participe à la mise en valeur de la capitale et aide à son rayonnement.
Dans le préambule du projet de loi , il est aussi prescrit qu'il importe de préserver l'environnement naturel de la région de la capitale nationale pour l'agrément de tous les Canadiens. Cependant, cela est assez vague, car l'environnement doit être protégé en fonction des écosystèmes particuliers, des pratiques à la fine pointe et des lois des provinces où les terrains se trouvent. À titre d'exemple, le parc du lac Leamy a une vocation de parc récréatif, avec un aspect de protection. Creuser le gazon jusqu'au bord de l'eau et conserver de grands espaces gazonnés qui ne servent pas relèvent d'une gestion d'une autre époque. La Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables du Québec exige la protection de la bande de 15 mètres. La Ville de Gatineau et la MRC des Collines-de-l'Outaouais ont adopté une réglementation en ce sens.
Le personnel de la CCN a fait des efforts, sauf que quand c'est donné en sous-traitance, les sous-traitants ou les exécutants ne sont pas nécessairement au fait des nouvelles orientations ou ne s'en préoccupent pas. Il y a donc un problème.
Vous connaissez l'autre problème que sont les bernaches non migratrices: elles ont adopté ce type d'aménagement et adorent le gazon coupé sur le bord de l'eau. À un moment donné, il faudra élargir la protection de l'environnement et ajouter certains éléments en fonction des écosystèmes et des pratiques reconnues.
En ce qui a trait au projet de loi , nous sommes d'accord sur la structure proposée, à savoir qu'il y a délimitation entre le rôle du président du conseil d'administration et le premier dirigeant de la CCN. Nous sommes d'accord aussi sur la tenue des réunions en public puisque la Coalition pour le renouvellement de la CCN en avait fait la recommandation.
J'en arrive aux changements que nous proposons. Selon nous, l'alinéa 10(1)a) de la Loi sur la capitale nationale devrait être modifié ainsi:
[...] d'établir des plans d'aménagement, de conservation et d'embellissement de la région de la capitale nationale et de concourir à la réalisation de ces trois buts, en partenariat avec les autorités locales ayant pouvoir d'aménagement et en consultation avec la population — notamment en ce qui concerne les transports dans cette région —, afin de doter le siège du gouvernement du Canada d'un cachet et d'un caractère dignes de son importance nationale, tout en respectant les cibles en environnement et la cohérence entre les plans de diverses autorités locales.
La CCN a joué un rôle dans la programmation, la planification, la préservation et l'aménagement de la capitale depuis sa création.
Cependant, les temps ont changé. Le rôle d'aménagement qui lui a été dévolu chevauche aujourd'hui celui des provinces et des municipalités. Les villes et les MRC se dotent de schémas d'aménagement et de plans d'urbanisme, ce qu'elles ne faisaient pas il y a 30 ans. Une entité fédérale qui a des pouvoirs d'aménagement sur un territoire municipal crée certains problèmes de compétence. Tout le monde aurait à gagner d'un meilleur partenariat entre les villes, les municipalités, les MRC et la CCN.
Je ne jette pas le blâme sur la CCN, mais la loi pourrait stipuler que, pour ce qui est de l'aménagement du territoire, on formalise les rencontres pour s'assurer qu'il y a une cohérence entre les plans de tout un chacun.
Il y a aussi la question des infrastructures. Certains ponts interprovinciaux relèvent de la compétence de la CCN alors que d'autres relèvent de Travaux publics. Ce ministère possède de meilleures équipes, mais son but premier n'est peut-être pas l'embellissement de la capitale, si j'en juge d'après le pont MacDonald-Cartier qui est rouillé. Il faudrait voir si un gestionnaire unique pourrait faciliter la tâche de tout le monde. La patrouille des ponts est une autre question. Parfois, c'est la GRC qui s'en charge alors que d'autres fois, c'est la SQ ou la sûreté municipale d'une ville ou d'une autre. Il faudrait peut-être définir l'autorité fédérale qui s'occupe des ponts interprovinciaux.
Conformément au projet de loi, l’article 10 de la Loi sur la capitale nationale est modifié par adjonction, après le paragraphe (1), de ce qui suit :
(1.1) L’entretien et, au besoin, l’aménagement des terrains délimités aux annexes 3 et 4, de même que l’entretien, le chauffage et la réparation des bâtiments qui s’y trouvent et la fourniture du mobilier, incombent à la Commission.
Comme on est en 2009, on pourrait ajouter ceci: « en respectant les normes d'efficacité énergétique reconnues et les pratiques de ce genre. »
Relativement à la masse de terrains d'intérêt national, il est intéressant de voir que des critères seront établis pour définir les terrains faisant partie de la masse. Cependant, il serait particulièrement important, à la lumière des problèmes vécus au début des années 2000, que le processus d'établissement des critères soit transparent et que le public ait accès à la liste des terrains considérés pour une période déterminée préalablement à la désignation de non-intérêt national.
La problématique relève de la zone grise entre ce qui est d'intérêt national et ce qui est d'intérêt local. La CCN considère un terrain en surplus en vertu de son mandat national, mais n'a pas la capacité de l'offrir aux entités locales, même si ce terrain revêt une importance historique pour la localité. Il faudrait prévoir un mécanisme et une échelle de valeur reflétant la capacité de rachat de la municipalité. Cela ne signifie pas pour autant que tout devrait être remis aux municipalités. Le fédéral protège des structures d'importance historique locale ailleurs au pays par l'entremise d'autres instances comme Parcs Canada. La CCN pourrait jouer ce rôle, de concert avec des organismes du milieu.
Enfin, il est important de souligner à nouveau que le parc de la Gatineau est un joyau de la biodiversité de l'Ouest du Québec, et, à ce titre, il recèle le plus grand nombre d'espèces menacées figurant sur toutes les listes. Le plan directeur de 2005 a vu un changement dans les orientations, soit de parc pour activités récréatives à parc de protection du patrimoine naturel. Cela a mené à la confection d'un plan de conservation auquel le public a participé. D'en protéger les périmètres sans donner un statut de protection à ce qui se retrouve à l'intérieur n'assure rien, sauf les délimitations. D'ailleurs, le réseau des parcs du Québec a institué des comités d'harmonisation avec les milieux dans lesquels les parcs se trouvent, afin d'assurer la transparence et des relations harmonieuses avec le milieu. C'est un comité semblable que le parc de la Gatineau pourrait mettre sur pied.
De plus, il nous semble incohérent, en cette période financière difficile, de donner des fonds à la commission en vue de racheter des terrains mis sur le marché, plutôt que de régler le cas du statut du parc une fois pour toutes. Si le projet de loi visait le développement durable et la protection de l'environnement, il nous semble que les propositions seraient autres.
Sur le plan économique, que dire des montants nécessaires au rachat des terrains par ces temps de surenchère? Il nous semble totalement incohérent de dépenser d'énormes sommes pour le rachat des terrains, quand ces montants pourraient servir au déplacement de la piste de motoneige le long du parc et être investis dans la sensibilisation et l'éducation ou, encore, dans la réfection des bâtiments patrimoniaux dans son périmètre.
Acheter des propriétés ayant fait partie d'un patrimoine familial depuis des générations plutôt que de les laisser à une famille, c'est peu se soucier, nous semble-t-il, de l'aspect social du développement durable. Il est entendu que les citoyens ayant le privilège de demeurer dans un parc doivent respecter certaines règles d'aménagement et de protection de l'environnement.
La grande problématique liée à la présence de maisons dans le parc relève du fait que tant que le parc n'a pas de statut de parc national de catégorie II, selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature, il relève des municipalités, qui peuvent accorder des permis de construction et des dérogations mineures qui vont souvent à l'encontre des critères de protection et de conservation.
Les bâtiments le long du chemin du lac Meech en sont un exemple parmi tant d'autres. Il est vrai que le Québec possède des terres dans le secteur nord du parc et que, depuis 1973, un accord de gestion existe entre le gouvernement du Québec et la Commission de la capitale nationale. D'ailleurs, le parc est cité dans la liste des aires protégées du Québec. Il est donc difficile de croire que la poursuite d'une telle entente dans le cadre de la gestion d'un parc de catégorie II ne puisse intervenir. On peut s'interroger quant à savoir si ont été faits tous les efforts nécessaires à la collaboration.
En conclusion, le CREDDO perçoit les efforts faits sur le plan de la gouvernance, mais aussi le manque de volonté à protéger de façon rigoureuse, selon les pratiques internationales acceptées, c'est-à-dire protéger le parc. Ce n'est pas une critique du travail de la CCN, mais plutôt une façon de lui donner le coffre à outils complet nécessaire en vue d'assurer la protection de l'environnement et la mise en place du plan de conservation du parc de la Gatineau.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser au comité.
Je me présente, Al Speyers, président de l'Alliance to Save Our Green Belt ou ATSOG.
L'ATSOG a été fondée en 1993 pour appuyer la protection et la mise en valeur de la ceinture de verdure de la capitale nationale. Nous sommes également membres de l'Alliance pour les espaces verts dans la capitale du Canada et de la Greenbelt Coalition of Canada's Capital Region.
Je souhaite insister aujourd'hui sur certains aspects des modifications proposées à la Loi sur la capitale nationale. Le premier aspect touche, bien qu'indirectement, les limites du parc de la Gatineau décrites dans le projet, à l'annexe 2. Ensuite, j'aimerais revenir sur l'article 18 projeté et sur l'article 10.2 projeté, qui porte sur la masse de terrains d'intérêt national. Nous tenons à préciser que mes commentaires sont très similaires à ceux faits par le ministre Baird, qui est venu témoigner devant le comité lundi de la semaine dernière.
Premièrement, nous estimons qu'il est nécessaire de définir clairement les limites du parc de la Gatineau pour protéger à long terme le parc contre l'érosion causée par l'aménagement, mais malheureusement, le projet de loi ne protège pas la ceinture de verdure de la capitale nationale à cet égard.
Vous serez peut-être intéressés d'apprendre que, dans les années 1950, le gouvernement Diefenbaker a décidé d'adopter une des principales recommandations du rapport de Jacques Gréber sur un plan visant la capitale nationale. Des fonds ont alors été alloués par le Conseil du Trésor à la CCN, précisément pour qu'elle entreprenne l'expropriation des terrains nécessaires à l'établissement de la ceinture de verdure de la capitale nationale. Quelque 350 fermes ont été acquises par ce processus pénible, ce qui a privé des centaines de personnes ainsi que leurs descendants de leur gagne-pain. Cependant, bien que des fonds aient été consacrés à la création de la ceinture de verdure, aujourd'hui, plus de 50 ans après, cette ceinture n'est toujours mentionnée dans aucun texte de loi ni règlement fédéraux. Elle est plutôt englobée dans la MTIN, ou masse de terrains d'intérêt national, sans mention particulière sur la protection de ce trésor national de très grande valeur.
Nous partageons les inquiétudes du ministre Baird. Il ne faut pas que la ceinture de verdure soit morcelée, qu'elle serve de réserve foncière pour des projets municipaux. Dans nos rêves les plus fous, nous avons espéré l'adoption d'une loi visant la protection de la ceinture de verdure -- la Loi sur la ceinture de verdure de la capitale nationale ou autre nom semblable --, afin qu'elle soit mieux reconnue et mieux protégée, que sa pérennité soit assurée. Cependant, les modifications proposées ne mentionnent pas directement la ceinture de verdure ni les limites du parc de la Gatineau, ce qu'il couvre aujourd'hui.
Nous espérions à tout le moins que les limites de la ceinture de verdure seraient précisées dans la nouvelle Loi sur la capitale nationale ou dans une autre mesure législative fédérale pour souligner l'importance de cette masse de terrains et la préserver pour la postérité. En fait, il y a quelques années, nous avons rencontré des hauts fonctionnaires de Parcs Canada pour examiner la possibilité, l'idée d'accorder à la ceinture de verdure la même protection que celle dont jouissent les parcs nationaux canadiens en vertu de la Loi sur les parcs nationaux. Cependant, si ce n'est pas faisable pour le moment, nous recommandons vivement que la CCN, dans le cadre de la révision actuelle du plan directeur de la ceinture de verdure de 1996, prévoie des mesures législatives pour assurer la protection de la ceinture, conformément à la 8e recommandation du comité d'examen du mandat de la CCN qui se trouve à la page 31 de son rapport.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je ne saurais trop insister sur l'importance d'inscrire dans une loi fédérale la ceinture de verdure. Pas plus tard qu'en 1989, comme suite aux recommandations faites par le groupe de travail Nielsen, comme on l'appelait alors, le budget de la CCN a subi d'importantes compressions, et on lui a même demandé de vendre des terrains sous sa responsabilité pour combler le déficit. Pour ce faire, la Loi sur la capitale nationale a été modifiée: on a supprimé ce qui se trouve actuellement à l'article 15 de la loi, qui prescrit les conditions selon lesquelles la commission peut acheter, louer et vendre des terrains. De plus, les exigences de la Loi sur la gestion des finances publiques visant la commission ont été abrogées pour que la commission puisse conserver les revenus tirés de la vente de ces terrains.
Ces modifications à la Loi sur la capitale nationale ont eu d'importantes répercussions sur la nature de la commission, qui, au lieu de gérer judicieusement les espaces verts comme son mandat l'exigeait, s'est vue forcée de vendre des terrains pour joindre les deux bouts. Bref, la commission est passée du rôle de gardien de ces terrains à celui de propriétaire pur et simple, et ces terrains sont maintenant laissés sans protection.
Les modifications à la Loi sur la capitale nationale proposées en 1989 par le groupe de travail Nielson ont coïncidé avec une demande de la municipalité régionale d'Ottawa-Carleton, qui avait besoin d'importantes portions de la ceinture de verdure pour construire la route de contournement Blackburn Hamlet et prolonger le chemin Hunt Club. La ceinture ne doit pas servir de réserve foncière pour des projets municipaux. Nous faisons cette observation en nous inspirant de faits réels et d'expériences pénibles, et il y en a d'autres.
Le deuxième point que j'aimerais soulever porte sur l'article 18 projeté, selon lequel « la Commission peut dépenser, pour l'application de la présente loi, les crédits que lui affecte le Parlement ou les fonds que lui procurent ses activités ou des legs, donations ou autres libéralités ».
C'est le passage « les crédits que lui affecte le Parlement ou les fonds que lui procurent ses activités » qui nous fait hésiter. Bien que les conditions selon lesquelles la commission peut acheter, louer et vendre des terrains sous sa responsabilité soient définies à l'article 5 de la loi actuelle et du projet de loi, c'est présumer qu'il n'y aura aucune suppression ni modification. La commission est le plus important propriétaire foncier de la région de la capitale nationale, et les transactions immobilières, qui ne relèvent habituellement pas des sociétés d'État, font partie intégrante des activités de la CCN.
Même si « les fonds que lui procurent ses activités » peuvent être considérés de manière restrictive comme étant les fonds générés par les activités quotidiennes, tels les droits d'entrée lors de manifestations spéciales, une interprétation plus large de cette expression pourrait facilement comprendre les fonds provenant de la vente de terrains, y compris de terrains de la ceinture de verdure. Pour éviter que l'article 18 soit interprété comme invalidant l'article 15, ou comme réduisant sa portée, il faudrait clarifier ce que signifie « les fonds que lui procurent ses activités » ou ajouter une disposition précisant que la vente de terrains ne fait pas partie de ces activités.
Nous nous inquiétons aussi au sujet de l'article 10.2, sur la masse de terrains d'intérêt national, selon lequel la commission semble avoir des pouvoirs unilatéraux et arbitraires lui permettant de « révoquer une telle désignation ». Bref, la commission, selon la modification projetée, a le pouvoir de déclasser des terrains si elle le juge nécessaire, y compris les terrains de la ceinture de verdure. D'importantes zones de la ceinture de verdure sont déjà classées en fonction de leur intérêt écologique, plus ou moins élevé. Nous sommes inquiets à l'idée que les terrains ayant un intérêt écologique moindre, bien que faisant partie de l'ensemble, soient désignés comme ne faisant plus partie de la ceinture de verdure en vue d'un projet d'aménagement. La commission ne devrait en aucun cas pouvoir être perçue comme ayant intérêt à vendre des terrains sous sa responsabilité.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, une administration antérieure a déjà apporté des modifications à la Loi sur la capitale nationale, ce qui a entraîné une perte importante et permanente de terrains faisant partie de la ceinture de verdure. Je m'adresse à vous aujourd'hui pour vous demander si vous pouvez nous garantir que la pérennité de la ceinture de verdure est assurée. Nous sommes d'avis que la ceinture de verdure mérite la même chose que ce qui est prévu pour le parc de la Gatineau dans le projet de loi. Inscrivez ses limites dans la loi.
Merci.
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Bien que pressenti comme le premier parc national du Québec dès 1912, en fait le premier parc national situé à l'extérieur des montagnes Rocheuses, le parc de la Gatineau n'a jamais acquis ce statut. Il demeure le seul parc fédéral d'importance qui ne relève pas de la compétence du Parlement.
Par conséquent, et contrairement aux parc nationaux, ses limites peuvent être modifiées, ses terres peuvent être vendues et des routes peuvent y être construites à l'insu du Parlement, sans que celui-ci examine et approuve les mesures à cet égard.
Depuis 1992, le territoire du parc de la Gatineau a subi un retranchement de 8,5 km2 de son territoire. Même si la CCN prétend que la superficie du parc a augmenté en raison de l'ajout de la vallée du ruisseau Meech, cela est inexact. Cette vallée est à l'extérieur de la seule limite juridique existante, c'est-à-dire celle fixée par décret en conseil en 1960.
Par ailleurs, faute d'un mécanisme de gestion foncière adéquate, la CCN a donné libre cours à une sérieuse urbanisation du parc. Depuis 1992, on y a bâti 119 nouvelles résidences, 43 dans les secteurs des lacs Kingsmere et Meech, ainsi que 76 dans le secteur de Hull. À cela s'ajoute un nouveau Loblaws, un Tim Hortons, un Petro-Canada, une caserne de pompiers et cinq nouvelles routes. Même si la CCN prétend que ces installations n'ont jamais été dans le parc, ses propres cartes et celles du ministère de l'Environnement du Québec prouvent le contraire. Ce carnage doit cesser.
Monsieur le président, la CCN a démontré à maintes reprises qu'on ne peut lui faire confiance pour gérer le parc de la Gatineau en l'absence de surveillance parlementaire. Elle a vendu des terrains dans le parc, dénaturé son histoire, détruit ses édifices historiques et permis son urbanisation débridée. Et en donnant à la CCN le contrôle de la masse de terrains d'intérêt national, aussi bien dire que l'on fait entrer le loup dans la bergerie.
C'est en 1988 que le gouvernement créa la masse de terrains d'intérêt national, par suite d'une recommandation de la Commission Nielsen pour mettre au pas la CCN et lui imposer une discipline de gestion —, et à celle de ses transactions immobilières.
Par ailleurs, la vérificatrice générale et le Comité d'examen du mandat de la CCN ont souligné que la CCN gérait la MTIN de façon ambiguë et incohérente, et que l'agence devait faire preuve d'une plus grande transparence à cet égard.
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Au cours des dernières décennies, un consensus s'est dessiné au sujet du parc de la Gatineau à la suite d'initiatives publiques et privées, de la collaboration fédérale-provinciale, d'exercices de consultation de la CCN et de débats parlementaires. Il existe ainsi une opinion fort répandue voulant que toute loi pour protéger le parc doive satisfaire des conditions de base pour être fiable et efficace.
D'ailleurs, de récents sondages témoignent éloquemment de ce consensus. Par exemple, un sondage en ligne effectué par Le Droit en avril dernier a révélé que 86 p. 100 des répondants voulaient que le gouvernement légifère pour protéger le parc de la Gatineau. Et en 2006, un sondage semblable effectué par Decima-Ottawa Citizen avait conclu que 82 p. 100 des gens voulaient qu'on transforme le parc de la Gatineau en parc national.
Or, selon ce consensus, une loi pour protéger le parc de la Gatineau devrait enchâsser ses limites, exiger comme priorité de gestion la conservation et l'intégrité écologique, éliminer le développement immobilier, et reconnaître que le parc est créé à l'intention des générations futures.
[Français]
Vu les précédents établis par la Loi sur les parcs nationaux, toute loi fédérale adoptée pour protéger le parc devrait respecter les compétences, les sensibilités et l'intégrité territoriale du Québec.
[Traduction]
Malheureusement, un examen attentif du projet de loi confirme qu'il ne satisfait aucun des critères de base pour la protection et qu'il ne reflète pas le consensus sur le parc. Qui plus est, le projet de loi C-37 ne répond pas aux inquiétudes exprimées par des groupes et citoyens devant un comité d'examen du mandat de la CCN et ignore nombre des principales recommandations de ce comité.
Lorsqu'il déposa son rapport en décembre 2006, le Comité recommanda une meilleure surveillance parlementaire des activités de la CCN pour améliorer sa gestion, son imputabilité et sa transparence. Le Comité proposa notamment que le Parlement ait le mandat d'approuver les plans directeurs de la capitale et les changements à la masse de terrains d'intérêt national ou MTIN. Celui-ci incita également le gouvernement à enchâsser une charte dans la Loi sur la capitale nationale pour préciser la vocation du parc de la Gatineau et en assurer la protection. Le projet de loi C-37 n'offre ni la surveillance parlementaire proposée par le Comité ni une charte explicitant la vocation du parc. Selon cette mesure, c'est au Cabinet que reviendrait l'autorité pour approuver les plans directeurs et c'est la CCN qui apporterait des changements à la MTIN. Résultat: la CCN va pouvoir continuer d'effectuer des transactions immobilières louches et de changer les limites du parc dans le secret, et de s'exposer à la critique.
Pour bien répondre aux problèmes touchant le parc de la Gatineau -- la fragmentation à cause des nouvelles routes et l'urbanisation à cause des nouveaux bâtiments -- tout projet de loi sur le parc devrait satisfaire les cinq critères que nous énumérons dans notre mémoire. Omettre de modifier le projet comme nous le proposons permettra la modification des limites, la construction de résidences et l'aménagement de routes, ce qui empêchera le public de profiter pleinement du parc. Actuellement, sous la direction de la CCN, la population ne peut profiter que de plages minuscules au lac Meech à cause de la prolifération des résidences dans ce qui devrait être un parc national.
De plus, monsieur le président, ne pas reconnaître l'intégrité territoriale du Québec dans ce projet de loi porterait un dur coup aux relations fédérales-provinciales.
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Merci beaucoup, monsieur Nadeau.
Je commencerai par mentionner que tous les projets de loi privés qui ont été déposés jusqu'à présent se sont inspirés de la Loi sur les parcs nationaux.
Lors du premier projet de loi qui a été déposé, on a collaboré avec M. Broadbent pour la formulation du projet de loi . On a d'abord fait une ébauche préliminaire en coupant et collant les articles de la Loi sur les parcs nationaux. Ensuite, on a présenté cela au légiste pour en faire un projet de loi. Par conséquent, nos cinq piliers sont essentiellement conçus de façon à ce qu'on amende la Loi sur la capitale nationale de sorte que le parc de la Gatineau soit géré comme un parc national. Toutefois, le parc de la Gatineau devait être un parc national dès 1912. Le processus n'a donc jamais été complété, et le parc est demeuré le seul parc fédéral qui ne soit pas un parc national.
En ce qui a trait à la question des constructions résidentielles, que ce soit la Commission du district fédéral, ancêtre de la CCN, que ce soit le Rapport Gréber en 1950, le Rapport sur le plan directeur pour développer le parc de la Gatineau du Comité consultatif en 1952, que ce soit les plans directeurs de 1980, 1990 ou 2005, tous les exercices de planification de la Commission de la capitale nationale ont prévu que l'on devait graduellement récupérer tous les terrains privés à l'intérieur du parc de la Gatineau. Cela ne s'est pas fait, et, depuis 1992, on a procédé à la construction de 119 nouvelles résidences et à un retranchement territorial de 8 km2. C'est un véritable carnage.
En ce qui a trait à l'intégrité territoriale du Québec, le droit international et surtout le droit canadien reconnaissent l'existence de l'intégrité territoriale des provinces. Le droit international reconnaît aussi la dimension interne de l'intégrité territoriale. Autrement dit, les enclaves fédérales au Québec telles que les réserves autochtones, les ports, les aéroports, les installations de communication, les bases militaires et autres sont des territoires internes ayant des limites internes, mais surtout là où les parcs nationaux entrent en ligne de compte, le gouvernement fédéral reconnaît la dimension interne des limites de l'intégrité territoriale du Québec. Par conséquent, pour changer les limites d'un parc national dans toute province, la Loi sur les parcs nationaux prévoit que l'on doit obtenir le consentement de la province.
À mon sens, si l'on veut gérer le parc de la Gatineau comme un vrai parc national, il faudrait tenir compte de cette question. À la différence de ce que M. Proulx a dit, je ne fais pas que des critiques, je propose aussi des amendements. Nos amendements proposent d'embrigader le gouvernement du Québec dans le processus de la préparation d'un plan de gestion et exigent que le gouvernement du Québec soit non seulement consulté, mais qu'il donne son approbation avant que l'on change les limites du parc de la Gatineau pour l'agrandir.
J'espère que cela répond à vos questions, monsieur Nadeau.
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J'avais mal compris votre question. Je ne veux pas de nouvelles maisons —, mais pas que la CCN rachète les vieilles.
En ce qui concerne les ponts, le CREDDO n'est pas partisan de la construction d'un nouveau pont. Dans l'Est de la Gatineau, il existe des terres humides. Je ne ferai pas toute l'historique des décisions politiques en vue d'installer les ponts où ils sont présentement.
Cependant, en 2009, nous sommes convaincus que les deux provinces, les deux villes et la CCN peuvent s'asseoir et discuter de circulation, de camionnage, et trouver une solution. En ce moment, toutes les parties sont campées sur leurs positions, lorsqu'elles en ont. Ces positions changent tous les jours. Je crois qu'il y a moyen d'avoir un plan de transport cohérent qui mette l'accent sur les déplacements par mode de transport public. On ne peut pas construire un pont simplement pour répondre au problème du camionnage. Si un pont est construit, il est évidemment clair que les gens vont s'en servir pour circuler en voiture. On ne peut pas dire que l'on va régler le problème du camionnage en construisant un pont. Cela va simplement en créer d'autres.
D'ailleurs, les villes d'Ottawa-Gatineau constituent la quatrième agglomération en importance au Canada. En ce qui concerne le temps d'attente dans la circulation, elle arrive sixième en importance. Nous ne sommes donc pas dans la pire position en ce qui concerne les embouteillages et la congestion. Je crois qu'il faut étudier certains chiffres. En ce qui concerne le transport public, il existe un pont ferroviaire. Le seul nouveau pont que le CREDDO accepterait serait un autre pont ferroviaire dans l'Est, pour relier les deux autoroutes. Je pense qu'en 2009, il faut commencer à penser autrement qu'en termes de voitures. Sérieusement, qu'on en soit encore à parler de nouvelles infrastructures routières pour les voitures est une façon vraiment archaïque d'aborder la situation.
M. Richard Nadeau: Merci.
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Merci, monsieur le président.
Le Québec a créé des parcs « nationaux », selon la définition de « parc national » de l'UICN. Ils sont gérés par des comités. Je siège à l'un de ces comités, car à Plaisance, ancienne « réserve faunique » devenue parc national, il y a un comité. Au début, tout le monde disait « on ne pourra jamais y arriver », mais il y a un comité auquel siège le maire ainsi que des personnes de la communauté. Il y a également diverses activités économiques. Tout se déroule très bien. Ce parc existe maintenant depuis cinq ans et ça va de mieux en mieux.
Je crois que s'il y a des problèmes avec les parcs nationaux, ce sont plutôt des problèmes de communication. Il faut en discuter avec la communauté... Et, bien entendu, la communauté est nombreuse le long du parc de la Gatineau. Vous savez, une partie du parc se trouve dans la ville de Gatineau, et trois autres municipalités de 6 000 à 8 000 habitants bordent le parc. J'habite l'une d'elles.
Je crois que si on se réunit pour discuter.... Le parc de la Gatineau présente un plan tous les cinq ans, donc je ne crois pas que ce soit là le problème non plus. Si vous fondez un comité, ce sera un comité d'harmonisation. Les membres du comité se rencontrent deux ou trois fois par an pour discuter de l'orientation à prendre, et des amis du parc sont présents. Je crois qu'il existe des façons de faire les choses. S'il y avait plus de routes de transit dans le parc...
Comme je le disais, la biodiversité de l'Ouest du Québec est la première en importance au Québec. Le parc accueille le plus grand nombre d'espèces protégées d'une manière ou d'une autre. Si nous ne protégeons pas le parc, et que les routes de transit demeurent, il deviendra difficile de protéger son environnement.
J'ajouterai que beaucoup de gens font du vélo dans le parc, mais prennent leur voiture pour s'y rendre. De toute évidence, ils y vont pour l'environnement, donc il faut le protéger si vous voulez que les gens puissent continuer à en profiter. Ça ne veut pas dire que personne ne peut plus rien faire, mais qu'il faut protéger l'environnement pour pouvoir continuer à profiter du parc.
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Outre que la ceinture de verdure, par exemple, est nommée et que ses limites sont définies dans le plan officiel d'Ottawa, pour ce qui est des lignes directrices sur ce qui peut être fait dans la ceinture de verdure, non, je n'en connais aucune, monsieur.
Il y a déjà eu des propositions d'aménagement, je pense notamment à celle visant à construire un grand parc aquatique dans la partie ouest de la ceinture de verdure. Cette proposition a été présentée juste après la mise au point du plan précédent. Je pense que l'encre n'était pas encore sèche lorsqu'on a annoncé que la commission appuyait fortement l'aménagement d'une partie plutôt importante de la ceinture de verdure, qui avait été définie dans le plan comme étant très importante sur le plan écologique, une aire naturelle qui relie les eaux de Stony Swamp à la rivière des Outaouais. Malgré tout, la commission voulait aller de l'avant avec la construction.
Nous avons porté cette affaire devant la Commission des affaires municipales de l'Ontario et nous avons tenté par tous les moyens de nous y opposer. Heureusement, le plan d'affaires comportait des failles. Notre climat ne permet pas de rentabiliser un parc aquatique, mais cette proposition indique bien le genre de pressions auxquelles est constamment soumise la ceinture de verdure.
Je me dois d'être juste. À cette époque, la CCN était toujours assujettie aux modifications apportées par le groupe de travail Nielsen, qui lui permettaient de vendre des terrains et de garder le produit de la vente. Depuis, comme vous le savez, le ministre Baird a réinstauré le budget d'immobilisations, qui est d'environ 10 millions de dollars par année, il me semble. En agissant ainsi, il a fait en sorte que, pour le moment du moins, la commission ne soit plus tentée de vendre des terrains pour combler ses besoins financiers.
Les pressions demeurent. Elles sont présentes. On parle maintenant d'élargir les routes en vue d'un projet de réseau ferroviaire.
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Je m'oppose par principe aux frais d'utilisation, car les Canadiens financent déjà le parc à même leurs impôts. Je m'oppose à quoi que ce soit qui restreindrait l'accès de la population à son parc.
Voyez-vous, le principe fondamental, si vous lisez ce qu'a dit Percy Sparks à propos du parc de la Gatineau, il a dit, essentiellement, qu'on créait un parc près de la capitale pour la population, parce que, à l'époque, seuls les riches pouvaient aller à Banff, à Jasper ou dans les autres parcs.
En particulier, si l'on considère qu'il s'agit de la pierre angulaire d'un grand monument élevé à la mémoire des 42 000 soldats qui ont perdu la vie pendant la Deuxième Guerre mondiale en défendant la démocratie, et qu'il s'agit du parc de la capitale nationale, je crois que le parc doit tout faire pour être démocratique.
Certains veulent des frais d'utilisation; d'autres ne veulent pas de voitures dans le parc. À les entendre, c'est que ce que veulent certaines associations de résidents. Elles veulent garder leur parc privé et tenir les gens à l'écart. Alors, je dis qu'il faut le rendre public d'abord, et imposer des frais d'utilisation si cela s'avère nécessaire, mais pas nécessairement imposer des frais d'utilisation.
Voilà une réponse bien libérale.
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Merci, monsieur Nadeau.
En fait, ce n'est pas tout à fait exact de dire que seulement 2 p. 100 du parc appartient aux résidants privés. Si vous regardez une carte des résidences privées à l'intérieur du parc, vous vous apercevez qu'elles étouffent toutes les infrastructures autour du lac Kingsmere, du lac Meech, des débarcadères de bateaux et des débuts de sentier. Cela crée une sorte de mur de Berlin. Leur impact est beaucoup plus significatif que seulement 2 p. 100.
En réponse à votre dernier commentaire au sujet du dernier occupant, personnellement, cela me conviendrait. Mais le problème doit être solutionné parce que la propriété privée est inadmissible dans ce qui est censé être un espace public. Le droit de premier refus ou de dernier occupant serait tout à fait acceptable, étant donné que cela réglerait le problème à court terme ou à long terme. Le problème reste un problème, contrairement à ce que pensent certaines personnes. Cela fait partie de la politique de la CCN depuis 1950 et de la Commission du district fédéral.
Comment peut-on être juste à l'égard des gens qui y résident encore? Selon moi, ils ont un droit de premier refus. La Cour suprême a clairement souligné qu'un droit de premier refus n'enfreint pas les droits de propriété des propriétaires. C'est un problème qu'il faut solutionner.
Un député conservateur a demandé si le fait d'avoir un droit de premier refus posait un problème aux occupants. À mon sens, ce n'est pas un problème. Cela respecte leurs droits de propriété, ils peuvent demeurer sur les lieux. On me dit qu'ils peuvent même, par voie de fiducie ou de droit de succession, transférer leur propriété à leurs enfants, s'ils le veulent. Cela respecte les droits des gens qui sont en place. Ce ne sont pas eux qui ont formé le parc tel qu'il est; ils en ont hérité. Le Parlement a également une responsabilité financière et fiduciaire, vis-à-vis du peuple, de permettre à la CCN de mettre en application son plan directeur de façon graduelle.
Quoi qu'il en soit, le droit de dernier occupant serait une solution très intéressante.