:
Bonjour. Merci, madame la présidente.
[Français]
Je remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole et de prendre bonne note de l'important examen de la prévention des blessures.
Le travail que fait le comité constitue une étape essentielle à l'amélioration de notre capacité à réduire les taux de blessures et à l'amélioration de la santé de notre population.
[Traduction]
Je donnerai un aperçu de l'importance des blessures au Canada, je dresserai un portrait des principales parties concernées et je décrirai la contribution de l'Agence de la santé publique du Canada aux efforts de réduction des blessures au Canada.
La blessure a été définie comme une lésion corporelle résultant d'un transfert d'énergie qui ne peut être absorbé sans dommage par le corps humain. C'est une définition plutôt inutile, si je peux me permettre. Je pense que nous savons tous de quoi il est question ici. Les blessures peuvent être intentionnelles ou non intentionnelles. Les blessures non intentionnelles surviennent, par exemple, lors d'une collision entre véhicules automobiles, d'une chute, d'une noyade ou d'un empoisonnement. Les blessures intentionnelles sont causées par la violence, comme la violence à l'égard des enfants et des femmes, et comprennent les blessures qu'on s'inflige soi-même, et qui entraînent parfois un suicide.
Les Canadiens se blessent n'importe où, que ce soit à la maison, à l'aréna ou au travail. Beaucoup de ces blessures sont évitables. Les blessures sont un important problème de santé au Canada. Elles sont la principale cause de décès chez les Canadiens de 1 à 44 ans, si on additionne les blessures intentionnelles et non intentionnelles. Pour chaque décès, on compte 16 admissions à l'hôpital, et un trop grand nombre des blessures entraînent des handicaps comme la cécité, des traumatismes à la colonne vertébrale et des déficits intellectuels causés par un traumatisme crânien. Les blessures non intentionnelles forment la majorité de ces blessures.
[Français]
Les collisions en véhicule motorisé sont la cause première des décès par blessures pour la majorité des groupes d'âge. Toutefois, pour les adolescents plus âgés et les jeunes, le suicide arrive en tête de liste. La violence familiale et entre personnes s'avère également préoccupante. Les chutes, quant à elles, sont les grandes responsables des blessures non mortelles et touchent particulièrement les aînés canadiens.
[Traduction]
Outre la souffrance humaine, les blessures représentent un lourd fardeau financier. Selon une étude récente de Sauve-Qui-Pense fondée sur des données de 2004, le fardeau financier associé aux blessures non intentionnelles au Canada, tous âges confondus, s'élève à 19,8 milliards de dollars par année, soit 10,7 milliards en coûts directs pour les soins de santé et 9,1 milliards en coûts indirects, notamment pour la perte de productivité causée par les handicaps et les décès prématurés.
Les blessures influent sur la prestation des soins de santé de diverses autres manières. Elles aggravent l'engorgement des urgences dans les hôpitaux. Les opérations urgentes pour les traumatismes graves prolongent les temps d'attente pour les interventions non urgentes. Les blessures entraînant une invalidité à long terme ont une incidence sur la participation de la main-d'œuvre et la productivité en général.
J'aimerais aller au-delà de ces statistiques pour discuter avec vous des personnes le plus à risque. Chez les nourrissons de moins de un an, la suffocation est la cause de décès par blessure la plus fréquente. Les blessures de nature diverse demeurent la principale cause de décès chez les enfants, les adolescents, les jeunes et les adultes jusqu'à 44 ans. En 2005, 3 enfants canadiens par jour sont morts d'une blessure, pour un total de plus de 1 081 décès, et plus de 34 000 enfants ont été admis à l’hôpital.
Les collisions entre véhicules automobiles, les chutes, la noyade et l'empoisonnement sont les causes premières des blessures non intentionnelles chez les enfants et les jeunes. La plupart des blessures subies par les nourrissons et les jeunes enfants surviennent à la maison. Chez les enfants plus vieux et les adolescents, de nombreuses blessures sont liées aux sports et aux activités récréatives. Les blessures en milieu de travail commencent à se produire chez les adolescents et les jeunes adultes lorsqu'ils entrent sur le marché du travail.
[Français]
Pour les adultes plus âgés, les chutes deviennent un risque de plus en plus important. En effet, un tiers des aînés chutent chaque année, et les chutes représentent plus de la moitié de toutes les blessures chez les Canadiens de 65 ans et plus. De nombreux facteurs contribuent à ces chutes: des facteurs biologiques, comme une déficience visuelle et des problèmes d'équilibre, et des facteurs environnementaux, comme la glace et la neige et les dangers à la maison.
[Traduction]
Les données montrent aussi que les Canadiens des collectivités nordiques, les Autochtones et les familles dont la situation socioéconomique est précaire sont plus susceptibles de se blesser. Le taux de blessure non intentionnelle est trois ou quatre fois plus élevé chez les enfants autochtones que chez les autres enfants canadiens. Le suicide chez les jeunes est très répandu dans les collectivités des Premières nations, qui affichent des taux de cinq à sept fois plus élevés comparativement aux jeunes non autochtones. Chez les jeunes Inuits, ce taux est 11 fois plus élevé que la moyenne nationale. Ces statistiques sont particulièrement troublantes compte tenu du fait que plus de la moitié des Autochtones ont moins de 25 ans.
Cependant, les blessures sont évitables, et je suis heureuse d'affirmer que, au cours des dernières décennies, le taux de décès par blessure a chuté, soit de près de 40 p. 100 depuis 1980. Une grande partie de ce déclin spectaculaire s'explique par la réduction du nombre de décès dans des collisions entre véhicules automobiles. C'est une bonne nouvelle. De plus, nous essayons de réduire les autres types de blessures au Canada en mettant en pratique les leçons tirées du succès des efforts déployés en matière de sécurité routière.
[Français]
Dans un rapport de l'UNICEF sur le Canada publié en 2001, le Canada se classait au 18e rang sur 26 pays de l'OCDE signalant les taux de décès causés par des blessures chez les enfants. Nous devrons nous tourner vers les chefs de file de la communauté internationale afin de connaître les pratiques exemplaires qui ont contribué aux faibles taux de blessures qu'ils ont obtenus.
[Traduction]
Nous en savons déjà beaucoup sur de nombreuses interventions qui se sont avérées efficaces et rentables. Par exemple, la réduction de la vitesse de la circulation dans certaines circonstances peut réduire la fréquence des collisions. Le port de la ceinture diminue le risque de blessure lors d'une collision. J'ajouterai deux autres exemples à tirer des États-Unis. Chaque dollar investi dans l'installation et l'entretien des détecteurs de fumée résidentiels permet de faire des économies globales de 65 $. Chaque dollar dépensé pour les dispositifs de retenue pour enfants et les casques de vélo entraîne une économie de près de 30 $.
Cela dit, nous devons prévoir les défis auxquels nous serons confrontés dans les prochaines années. Par exemple, les baby-boomers vieillissent, et les adultes âgés formeront près du quart de la population en 2031. Les coûts directs en soins de santé pour des blessures associées aux chutes au sein de cette population devraient atteindre 4,4 milliards de dollars. C'est plus que le double des 2 milliards qu'ont coûté les chutes en 2004, alors que seulement 13 p. 100 de la population avait plus de 65 ans.
Que fait l'Agence de la santé publique à cet égard?
En premier lieu, nous devons reconnaître que la prévention des blessures n'est pas simplement une question de santé, qu'elle est la responsabilité de nombreuses parties, provenant de divers secteurs au sein de bien des ministères fédéraux et de tous les ordres de gouvernement. Je ne citerai que quelques acteurs fédéraux à l'extérieur du portefeuille de la Santé. Transports Canada joue un rôle clé dans la sécurité routière. Le Conseil national de recherches du Canada établit les normes et les codes de sécurité visant les bâtiments. Le ministère du Travail joue un rôle important dans la sécurité en milieu de travail. Les provinces et les territoires travaillent activement sur de nombreux fronts, et plusieurs gouvernements ont adopté des stratégies de réduction des blessures au cours des dernières années.
De nombreux organismes non gouvernementaux participent à la prévention des blessures. Certains, comme SécuriJeunes Canada, qui est représenté ici aujourd'hui, se consacrent entièrement à la question. D'autres, comme l'Association canadienne de sécurité agricole, se concentrent sur des aspects précis de la prévention des blessures. D'autres encore, comme la Croix-Rouge canadienne et la Société canadienne de pédiatrie, ont intégré la sécurité et la prévention des blessures à leur mandat.
Donc, où se situe l'Agence de la santé publique?
[Français]
Nous nous considérons comme un catalyseur et nous avons recours à une approche à multiples facettes envers la surveillance et la collecte de données, le développement et la diffusion des connaissances, de même que la collaboration et la coordination. J'expliquerai chacun de ces thèmes en détail.
[Traduction]
La surveillance est l'utilisation systématique et continue de données sur la santé recueillies couramment en vue d'éclairer et d'orienter la prise de mesures en matière de santé publique. L'Agence de la santé publique du Canada utilise des données provenant de diverses sources pour dresser un portrait des blessures. De plus, elle recueille des données provenant de deux de ses programmes, soit l'Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants et le Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes, un système informatique de saisie et d'analyse des données sur les blessures subies par des personnes (surtout des enfants) traitées dans les services d'urgence de 11 hôpitaux pédiatriques et de 4 hôpitaux généraux au Canada.
L'agence joue le rôle de centre d'expertise relativement à certaines questions et se charge du développement des connaissances de même que de leur diffusion à un vaste public canadien constitué de professionnels, de décideurs et de particuliers. Par exemple, la Division du vieillissement et des aînés offre des conseils et du soutien lors de l'élaboration des politiques, en plus de réaliser et de soutenir des activités d'information visant à réduire la fréquence et la gravité des chutes.
L'agence soutient le réseau de santé publique et y participe. Je suis certaine que le Dr Butler-Jones vous en a déjà parlé. C'est un réseau mis sur pied par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à la suite de la crise du SRAS, un outil dont peuvent se servir les ordres de gouvernement et les experts pour contribuer à l'amélioration de la santé publique. Le réseau compte un groupe d'experts en contrôle et en prévention des maladies chroniques et des blessures qui déploie d'immenses efforts pour constituer une base de données, soutenir la prévention et renforcer les capacités, et aussi pour la surveillance et l'évaluation.
[Français]
En plus du travail qu'effectuent les organisations fédérales, provinciales et territoriales, l'Agence de la santé publique du Canada joue aussi un rôle dans le rassemblement des intervenants de l'extérieur du gouvernement.
En 2009, par exemple, l'Agence de la santé publique du Canada a coanimé un atelier d'intervenants sur la prévention des blessures, auquel ont assisté 50 dirigeants de premier ordre représentant divers paliers de gouvernement et d'autres secteurs. Cet atelier a permis de produire une série de recommandations sur la façon dont les parties pourraient collaborer aux efforts collectifs.
[Traduction]
Merci.
Nous répondrons à vos questions avec plaisir.
:
Je vous remercie, madame la présidente, de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui pour parler des aspects liés à la sécurité des produits de consommation de l'Étude des blessures chez les enfants et les jeunes, publiée en 2009 par l'Agence de la santé publique du Canada.
Comme vous l'avez mentionné, je m'appelle Athana Mentzelopoulos. Je suis directrice générale de la Direction de la sécurité des produits de consommation au ministère de la Santé, et je suis accompagnée aujourd'hui de Denis Roy, ingénieur mécanicien, qui travaille à la Division des dangers mécaniques et électriques.
L'Étude des blessures chez les enfants et les jeunes est une publication importante pour le milieu de la sécurité des produits. Elle contribue à sensibiliser la population aux risques que peuvent comporter les produits de consommation et nous aide à faire en sorte que les produits, particulièrement ceux destinés aux enfants, ne présentent aucun danger.
Tout produit présente un danger s'il est utilisé de façon inadéquate. Vous avez sans doute déjà entendu ce truisme sous différentes formes. Par exemple, l'eau est essentielle à la vie, mais la consommation d'une très grande quantité d'eau peut s'avérer mortelle. De même, aucun produit ne peut remplacer un parent ou un fournisseur de soins.
Dans mon domaine, informer les consommateurs de l'usage approprié des produits est une priorité. Par exemple, il est essentiel de suivre les instructions du fabricant. De plus, nous publions régulièrement des rappels sur l'usage sans danger des produits de consommation et sur les pratiques sécuritaires connexes à ces produits. Nous avertissons fréquemment les consommateurs des risques posés par les produits de consommation, qu'ils surviennent au cours de l'usage normal du produit ou qu'il s'agisse de dangers imprévus ou accidentels.
Dernièrement, nous avons, par exemple, émis des avertissements sur la présence de plomb et, plus récemment, de cadmium dans les bijoux pour enfants. Nous rappelons aussi régulièrement aux Canadiens les pratiques sûres relatives au sommeil des nourrissons, y compris la nécessité de les coucher dans un lit assemblé correctement, sans bordure de protection, oreiller, jouet ni décoration.
Au sein de la Direction de la sécurité des produits de consommation, nous réglementons certains produits et certaines catégories de produits. Lorsque la réglementation ne nous permet pas d'atténuer ou d'éliminer un risque, nous imposons des interdictions. Nous avons notamment utilisé cette solution pour les jouets.
Au Canada, les exigences relatives à la sécurité des jouets sont énoncées dans la Loi sur les produits dangereux et dans ses règlements d'application. Aux termes de cette loi, certains jouets sont interdits et d'autres sont assortis de restrictions. II existe notamment des exigences sur la taille des pièces des jouets et sur les matériaux de rembourrage ainsi que des limites quant à la présence de plomb et d'autres substances toxiques.
Les fabricants, les importateurs, les distributeurs et les détaillants ont la responsabilité de se conformer à la Loi sur les produits dangereux et aux règlements d'application. Des agents de la sécurité des produits surveillent régulièrement le marché et prennent les mesures d'application qui s'imposent lorsque des jouets ne respectent pas la réglementation en vigueur. De plus, notre laboratoire de la sécurité des produits examine les produits pouvant comporter un risque dans le but d'évaluer la nature et l'importance de ce risque.
Dans le cadre de notre travail en matière de sécurité des produits, nous tenons compte de leur usage normal et prévisible. Nous estimons que les dangers posés par les produits de consommation sont déraisonnables lorsqu'ils surviennent pendant leur usage normal et prévisible, ou qu'ils résultent de celui-ci, et qu'ils peuvent entraîner des blessures ou la mort. Il faut appliquer une norme raisonnable, qui oriente nos travaux.
Comme nombre d'entre vous le savent, Santé Canada a proposé de modifier le cadre législatif régissant la sécurité des produits de consommation. Un comité sénatorial se penche actuellement sur la question.
Comme je l'ai déjà précisé, notre travail est régi par la Loi sur les produits dangereux. Cette loi, adoptée il y a 40 ans, est un cadre législatif qui nous permet seulement de réagir aux risques et aux dangers avérés, au moyen de règlements et d'interdictions.
À partir de cette loi, nous avons élaboré des règlements précis et très normatifs sur les jouets, une interdiction visant les marchettes pour bébés, des règlements sur les berceaux et les lits d'enfant, des limites sur l'utilisation du plomb dans les produits destinés aux enfants, des exigences ciblant les jouets de dentition et les hochets ainsi qu'une interdiction visant les balles de type yo-yo, pour ne citer que quelques exemples. Ces règlements et ces interdictions seront intégrés à la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, si elle est adoptée, et le niveau de protection qu'ils assurent sera maintenu.
La Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation proposée, ou LCSPC, améliorera et changera grandement la façon d'envisager la sécurité des produits au Canada. Le projet de loi , comprend différents éléments qui nous aideront à améliorer la sécurité des consommateurs, notamment une interdiction générale relative aux produits de consommation constituant un danger pour la santé ou la sécurité. La loi exigera aussi que l'industrie déclare les incidents associés aux produits, en plus d'accorder au gouvernement le pouvoir de faire des rappels obligatoires. Je sais qu'il s'agit là d'un aspect bien connu des membres ici présents.
Ces pouvoirs contribuent tous à la mise en oeuvre d'une démarche relative à la sécurité des produits comportant trois composantes fondamentales, soit la prévention active, la surveillance ciblée et l'intervention rapide. Ce sont là trois composantes fondamentales de notre programme parce que nous avons, au Canada, un régime de réglementation post-commercialisation des produits de consommation. En effet, il n'existe aucune exigence visant la certification ou l'approbation des produits par le gouvernement avant leur commercialisation par l'industrie.
Nous avons besoin des outils décrits dans la LCSPC pour produire des données sur les produits et créer un système d'alerte rapide qui sera utilisé dès l'apparition de problèmes liés à un produit. À l'avenir, si la LCSPC est adoptée, nous serons en mesure d'agir de façon rapide et proactive dès les premiers signes révélant la présence d'un problème. Au lieu d'être contraints d'élaborer un règlement pour enrayer les dangers associés à un produit donné, nous pourrons nous servir de l'interdiction générale comme mesure graduelle d'application pour réagir rapidement après avoir déterminé la présence d'un danger pour la santé ou la sécurité.
Compte tenu de la nature post-commercialisation du marché des produits de consommation, des percées rapides dans ce domaine ainsi que du désir insatiable de nouveaux produits et de nouvelles conceptions, le travail en matière de sécurité des produits de consommation n'est jamais terminé. La LCSPC est une des composantes du plan d'action visant à assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation. Grâce à ce plan, nous avons obtenu des ressources accrues pour augmenter le nombre d'inspecteurs, faire davantage de travail de sensibilisation auprès des consommateurs et de l'industrie et élaborer davantage de normes. Les différentes composantes du plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation favorisent l'établissement d'un partenariat sur les produits de consommation qui fait en sorte que l'industrie connaît mieux ses obligations en matière de sécurité des produits, que les consommateurs en savent davantage sur les produits qu'ils achètent et que le gouvernement dispose de pouvoirs souples et modernes pour assurer la sécurité.
La Loi sur les produits dangereux nous a bien servis au cours des dernières décennies. Nous disposons d'un ensemble important de règlements et d'interdictions, et nous avons un plan de travail dynamique visant à moderniser les lois et les règlements, et à en créer de nouveaux.
Pas plus tard qu'hier, notre ministre a annoncé de nouvelles modifications aux règlements d'application qui limiteront la quantité de plomb dans différents produits de consommation, y compris dans les jouets pour enfants. Nous participons également, avec les États-Unis, l'Union européenne et, plus récemment, l'Australie, à un projet qui a pour but d'améliorer les normes en matière de sécurité touchant les couvre-fenêtres à cordon. Les exigences du Canada concernant ces produits sont déjà parmi les plus sévères du monde, mais nous travaillons avec nos partenaires étrangers à réduire certains risques associés aux stores romains et aux stores à rouleau.
Nous avons aussi mis sur pied des initiatives destinées à améliorer la réglementation des jouets, y compris en ce qui concerne les petits aimants puissants; à étudier le dossier des sièges de bain pour bébés, dans le but de les réglementer; à améliorer les règlements visant les berceaux, les couchettes et les lits d'enfant, qui sont déjà parmi les meilleurs du monde; ainsi qu'à élaborer les normes futures sur les casques de ski. Par-dessus tout, nous attendons avec impatience l’adoption de la LCSPC et les changements que cette loi entraînera dans le domaine de la sécurité des produits au Canada, et nous espérons que nous pourrons bientôt nous consacrer à sa mise en oeuvre.
Merci, madame la présidente.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui et de présenter le point de vue de SécuriJeunes Canada sur la prévention des blessures, notamment dans son domaine de spécialité, soit les enfants et les jeunes. Nous sommes tout à fait ravis de voir le Comité permanent de la santé entreprendre une étude sur cette importante question d'intérêt public en matière de santé.
Voici notre vision: moins de blessures, des enfants en meilleure santé et un Canada plus sécuritaire. Notre mandat consiste à créer et à inspirer une mentalité sécuritaire par la mise en oeuvre de stratégies éprouvées, l'adoption de politiques pour une population en santé et la sensibilisation du public.
Au Canada, les blessures non intentionnelles demeurent la principale cause de décès chez les enfants de 1 à 14 ans, surpassant toute autre cause. Pourtant, on peut éliminer la plupart des causes de décès les plus fréquentes chez les enfants et les jeunes canadiens. On compte parmi ces causes les accidents de voiture, les arrêts respiratoires, la noyade, les blessures chez les piétons, l'empoisonnement, les chutes et diverses blessures pouvant survenir à la maison.
Les chiffres sont révélateurs. Selon les données les plus récentes, qui datent de 2004, les blessures non intentionnelles coûtent 19,8 milliards de dollars en coûts directs et indirects par année. De ce montant, environ 4 milliards sont associés aux blessures non intentionnelles chez les enfants et les jeunes.
En moyenne, au cours d'une année, l'équivalent d'une salle de classe remplie d'enfants de 14 ans et moins meurt chaque mois, tandis que 60 enfants sont hospitalisés chaque jour en raison d'une blessure grave et que, au total, des centaines de milliers d'enfants sont examinés dans des salles d'urgence chaque année.
Le nombre de blessures au Canada est alarmant. Les chiffres sont effarants, pourtant, selon de nombreux experts, ils ne représentent qu'une fraction du nombre réel de blessures. Certains estiment que 5 à 10 fois plus d'enfants et de jeunes souffrent de traumatismes graves et de blessures non intentionnelles chaque année.
Les blessures ne sont pas le fait du destin et ne sont pas des accidents. Elles ne devraient pas se produire. La plupart sont prévisibles et évitables. Les ecchymoses et les égratignures font peut-être partie de l'enfance, mais aucun enfant ni parent ne devrait avoir à subir les conséquences de blessures graves entraînant la mort ou une invalidité permanente. Beaucoup de victimes d'une blessure grave souffrent par la suite d'un handicap, tant sur le plan physique qu'affectif. On ne doit pas sous-estimer le stress occasionné à un enfant, à sa famille et à sa collectivité. Le temps perdu, que ce soit à l'école pour les enfants ou au travail pour les parents, n'est que la pointe de l'iceberg.
En 2007, l'Organisation mondiale de la santé a fortement recommandé aux pays membres d'élaborer et de mettre en oeuvre une stratégie nationale de prévention des blessures. Le Canada peut devenir un chef de file mondial dans le domaine de la prévention des blessures. Dans le discours du Trône qu'elle a prononcé le 3 mars 2010, Michaëlle Jean, alors gouverneure générale, a lu la déclaration suivante:
De plus, afin de prévenir les accidents qui blessent nos enfants et nos jeunes, le gouvernement travaillera de concert avec des organismes non gouvernementaux dans le but de lancer une stratégie nationale pour la prévention des blessures chez les jeunes.
SécuriJeunes Canada a publié un communiqué dans le but de promouvoir cet engagement envers l'adoption de mesures stratégiques. C'était là une première étape importante pour le gouvernement du Canada, car on a jeté les bases nécessaires à l'avancement d'un enjeu urgent au Canada. Cependant, il reste beaucoup à faire.
Les professionnels de la santé, les chercheurs, les principaux représentants du secteur privé, les organismes sans but lucratif et les familles canadiennes attendent depuis longtemps une stratégie concertée qui puisse mettre leurs expériences et leurs connaissances collectives à profit pour prévenir les conséquences dévastatrices et permanentes des blessures subies par les enfants chaque jour au pays.
Pour réduire considérablement le nombre de blessures évitables et de décès occasionnés par une blessure chez les enfants et les jeunes au Canada, SécuriJeunes Canada demande la mise en place d'une stratégie nationale pour la prévention des blessures qui comprenne des mécanismes de supervision, de mesure et de leadership, qui prévoie l'adoption d'une politique pour une population en santé et des activités de sensibilisation, et qui tienne compte des changements dans l'environnement.
Le groupe de travail sur la prévention et le contrôle des blessures du réseau de santé publique, dont nous faisons partie, a préparé un énoncé de vision pour orienter ses travaux, dans lequel on peut lire: Nous souhaitons vivre dans un pays où les blessures sont considérées comme prévisibles et évitables, où les gouvernements, les principaux acteurs du milieu des affaires et les universitaires travaillent de pair au maintien d'une politique pour une population en santé, à l'amélioration de la capacité des collectivités, au soutien des compétences individuelles et à l'adoption de toute mesure adéquate visant à prévenir les blessures et les décès; nous souhaitons vivre dans un pays où les causes de blessure ne sont pas perçues comme le fait du destin, mais plutôt comme une occasion importante d'apprendre, d'acquérir des connaissances cruciales et d'établir des pratiques exemplaires, pour ensuite adopter des mesures efficaces; nous souhaitons vivre dans un pays où les taux de blessure sont les plus bas du monde.
Au Canada, les enfants et les jeunes ne sont pas aussi en santé qu'ils devraient l'être dans un pays comme le nôtre. Nous devrions compter les blessures parmi les indicateurs de santé, mais nous ne le faisons pas. Si on compare nos données avec celles d'autres pays, on constate que l'amélioration du marché n'est pas seulement une possibilité, mais une nécessité. Le Canada se classe au 18e rang parmi 26 pays de l'OCDE pour le taux de blessure et de mortalité chez les enfants et les jeunes. Il faut absolument adopter une approche stratégique en matière de prévention des blessures au Canada.
Pour terminer, j'aimerais vous faire part d'un constat tiré d'un rapport publié récemment par les Instituts de recherche en santé du Canada. Au Canada, il y a plus de cinq millions de femmes en âge de procréer, et leur progéniture s'ajoutera aux huit millions d'enfants et de jeunes qui représentent l'avenir du pays. La mise en oeuvre d'une stratégie nationale permettra de protéger cet avenir.
Merci.
:
Le comité nous a souvent questionnés sur notre système de surveillance, qui tire des données de nombreuses sources. Nous recueillons certaines données nous-mêmes, et d'autres proviennent de divers organismes ou de Statistique Canada, qui les recueille indépendamment ou à notre demande.
Nous avons recours à des cartes pour certaines données sur la prévention des blessures. Nous disposons de beaucoup d'information sur diverses causes de décès, classée par sexe, groupe d'âge et type de blessure. Nous recueillons aussi des données sur les classes de revenu, qui proviennent en grande partie de Statistique Canada.
Nous utilisons et nous analysons des données sur la mortalité fournies par Statistique Canada. D'autres, concernant l'hospitalisation, nous proviennent de l'Institut canadien d’information sur la santé. Nous utilisons aussi des données recueillies par la Croix-Rouge canadienne, sur la noyade, par exemple.
Nous disposons aussi d'un système, le Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes, qui nous permet de rassembler d'autres données. Nous soutenons ce programme. Du côté de la famille, nous disposons aussi de l'Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants.
Nous collaborons donc avec Statistique Canada et l'ICIS, mais aussi avec les coroners et les médecins légistes canadiens. Tous nous soutiennent en contribuant à la Base canadienne de données des coroners et des médecins légistes, dont nous nous servons.
Nous recueillons ainsi des données d'à peu près toutes les sources possibles et, dans certains cas, nous en soutenons directement la collecte initiale.
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Effectivement, certaines personnes s'adonnent à des activités plus risquées que d'autres.
Il y a des façons d'atténuer le risque de blessure grave. Je parlais de bosses, d'ecchymoses, d'écorchures et d'autres blessures du genre, mais ce n'est pas le risque de subir ces blessures que nous souhaitons atténuer. C'est le risque de blessures qui mettent la vie en danger ou qui entraînent une invalidité permanente qui nous intéresse.
Donc, même si les adeptes de vélo de montagne descendent les montagnes en étant protégés par l'équipement approprié, en connaissant le terrain et en sachant ce qui se cache derrière la prochaine colline, par exemple, certaines mesures peuvent tout de même être prises pour qu'ils puissent s'adonner à cette activité de façon sécuritaire, et, s'ils tombent...
Mme Cathy McLeod: Plus sécuritaire.
Mme Pamela Fuselli: Plus sécuritaire. Pour que lorsqu'ils tombent, donc, ils soient protégés par un casque ou par tout équipement approprié au sport qu'ils pratiquent.
Nous avons accompli des progrès dans le dossier des sièges d'auto, mais les accidents impliquant des voitures où se trouvent des enfants demeurent une des trois principales causes de décès au Canada. Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche pour ancrer les mesures connues, et efficaces, dans la culture canadienne.
Ce que nous souhaiterions faire davantage en ce qui a trait aux populations à risque, comme celles des communautés nordiques, est d'apprendre... Parce que, de toute évidence, installer un siège d'auto sur une motoneige n'est pas indiqué. Ce que nous ignorons, c'est ce qui fonctionne bien là-bas.
Nous cherchons donc à établir ce qui marche, à connaître les mesures de protection que ces communautés appliquent déjà et les pratiques que nous pourrions évaluer et recommander aux communautés. Nous savons qu'elles ont probablement mis au point des moyens d'assurer la sécurité de leurs enfants. Nous ne savons simplement pas lesquels, ou nous ne les avons pas encore évalués. Il reste beaucoup à faire.
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Merci beaucoup pour cet exposé fort intéressant.
J'aimerais parler d'un sujet que ma collègue, Megan, a abordé, une situation qui a touché le coeur des gens de notre circonscription. Il s'agit de l'histoire de Nadia Kajouji, dont mes collègues ici présents ont peut-être déjà entendu parler — peut-être en avez-vous entendu parler vous-mêmes —, qui s'est suicidée. Nadia étudiait à l'Université d'Ottawa. Son frère Marc, en souvenir d'elle, s'est joint à un organisme remarquable, fondé par Rory Butler, appelé Your Life Counts. Cet organisme ne ménage aucun effort pour offrir du soutien aux jeunes Canadiens et les aider à modifier leurs comportements qui mènent à l'autodestruction ou à la dépendance.
Nous avons eu l'occasion de les rencontrer à de nombreuses reprises. Ils nous ont approchés et ont fait un exposé devant un comité composé de représentants de tous les partis. Certaines de leurs statistiques sont très inquiétantes. Des jeunes de 15 à 24 ans meurent chaque jour. Leurs recherches montrent qu'un jeune meurt toutes les 90 minutes, et qu'en Amérique du Nord, près de un million de jeunes se suicident chaque année.
Une fois qu'on a pris connaissance de ces statistiques, et qu'on réalise que le suicide est devenu la seconde cause de décès chez les jeunes, on est très étonné par l'absence d'une stratégie nationale de prévention du suicide. En parlant avec les représentants d'organismes comme Your Life Counts, et en constatant le travail extraordinaire que ces gens accomplissent, on est découragé d'apprendre qu'ils ne reçoivent pas de fonds, et qu'on ne leur offre aucun soutien ni aucune ressource.
Donc, pour revenir à la question de ma collègue, vous disiez que la Commission de la santé mentale est en train de développer... doit-on parler d'un mécanisme de soutien? D'une stratégie nationale de prévention? Pourriez-vous me dire quel sera le rôle de votre organisme et de l'Agence de la santé publique du Canada? Est-ce que la Commission de la santé mentale travaille à l'établissement d'une stratégie nationale? Un mécanisme de financement est-il prévu? Le soutien et les ressources seront-ils disponibles? Enfin, les organismes comme Your Life Counts peuvent-ils s'attendre à un certain degré de coordination ou de collaboration avec le gouvernement pour poursuivre leur important travail?