Je vous souhaite à tous le bonjour.
Madame la présidente, membres du comité, je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour vous parler du Budget supplémentaire des dépenses (B).
Avant d'entreprendre la discussion d'aujourd'hui, j'aimerais vous remercier de votre travail soutenu sur le projet de loi , qui est maintenant devant le Sénat. Cette mesure législative, une fois en vigueur, nous fournira les outils nécessaires pour ordonner le rappel de produits de consommation dangereux.
La loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation aura une incidence profonde sur le marché. Grâce à elle, les consommateurs pourront se fier davantage à la sécurité des produits qu'ils trouvent sur les tablettes des magasins partout au pays.
Nous savons par exemple que la découverte de plomb dans des jouets inquiète les parents, et avec raison. Car les jeunes enfants ont tendance à porter les objets à leur bouche. La nouvelle limite sur la teneur en plomb que j'ai annoncée cette semaine indique le sérieux de notre démarche à l'industrie et aux intervenants du monde entier.
Le projet de loi nous donnera de nouveaux pouvoirs pour gérer ce type de problèmes avec plus d'efficacité. Les nouveaux pouvoirs que le projet de loi C-36 confère aux inspecteurs sont justes et concordent avec ceux prévus par d'autres lois fédérales, ainsi qu'avec les décisions de la Cour suprême du Canada concernant la portée acceptable des pouvoirs d'inspection.
La sécurité des produits de consommation, c'est quelque chose dont nous profiterons tous. Aussi, nous travaillons avec l'industrie pour améliorer la sécurité des produits de consommation et nous préparons de nouveaux outils qui nous aideront à adopter des mesures correctives lorsqu'il y a des problèmes.
Même si nous avons accordé beaucoup d'attention à cette loi et à d'autres mesures de sécurité, Santé Canada continue de se concentrer sur la question du financement et de I'administration des autres programmes visant à protéger et à améliorer la santé des Canadiens.
Le Budget supplémentaire des dépenses (B) 2010-2011 de Santé Canada prévoit une augmentation de 48,1 millions de dollars, ce qui porte le budget total à 3,731 milliards de dollars pour l'exercice en cours.
Nous reconnaissons le rôle important de la recherche pour garder les Canadiens en santé. C'est pourquoi nous avons fourni des fonds supplémentaires aux Instituts de recherche en santé du Canada afin d'appuyer la recherche novatrice axée sur le patient qui pourrait avoir une incidence sur la santé des Canadiens.
La recherche sur les maladies neurologiques, y compris l'Alzheimer, est l'une de nos priorités, et nous avons rajouté 5 millions de dollars de crédits à cette fin dans le cadre d'un projet international. Notre gouvernement a investi plus de 88 millions de dollars dans la recherche sur la maladie d'Alzheimer et les démences connexes depuis 2006 et nous finançons une étude nationale de quatre ans sur la santé de la population et les troubles neurologiques. De plus, nous avons signé des protocoles d'entente internationaux avec nos partenaires de France, d'Allemagne et du Royaume-Uni dans le domaine de la recherche sur l'Alzheimer.
Je suis particulièrement fière de nos réalisations dans la lutte contre le VIH/sida. L'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, que dirigent notre gouvernement et la fondation Bill et Melinda Gates, confirme l'expertise du Canada dans le domaine de la recherche sur le VIH et un vaccin.
Les IRSC investissent près de 40 millions de dollars par année dans la recherche sur le VIH/sida. Les chercheurs canadiens à qui ce financement est destiné sont à l'avant-garde de la découverte dans le domaine, améliorant la santé des personnes infectées et œuvrant à la mise au point d'un vaccin. Les IRSC continuent d'investir de façon stratégique dans la recherche sur le VIH et mettent en œuvre le Plan stratégique de l'initiative de recherche sur le VIH/sida. Ils assurent ainsi l'acquisition continue de connaissances, la mise en place de capacités de recherche et la mise en pratique des nouvelles découvertes issues de la recherche sur le VIH/sida au Canada.
Le paysage de la recherche sur les services de santé et la santé de la population change au Canada grâce au soutien de deux Centres de développement de la recherche sur le VIH/sida. Ces centres établissent des réseaux de recherche, se penchent sur les aspects prioritaires de la recherche et assurent la transmission des connaissances au Canada.
Les laboratoires nationaux du VIH et la Division de la surveillance et de l'évaluation du risque de l'Agence de la santé publique du Canada sont membres actifs du comité consultatif d'experts de l'Organisation mondiale de la santé, qui appuie le développement et la mise en œuvre de la stratégie mondiale de prévention de la résistance du VIH aux antirétroviraux.
Ce laboratoire est l'un des rares laboratoires mondiaux spécialisés dans la résistance du VIH. Il offrira aussi de la formation et du soutien technique aux employés de laboratoire dans les pays pauvres en ressources et continuera d'ouvrir la voie à la mise au point de nouvelles technologies qui faciliteront les mises à l'essai dans le monde.
L'été dernier, je me suis rendue à Vienne pour rencontrer des dirigeants internationaux, et tout particulièrement Bill Gates. Il en ressort que notre gouvernement contribuera aux avancées scientifiques en vue de mettre au point un vaccin sûr et efficace contre le VIH qui sauvera des vies au Canada et partout dans le monde.
Je veux aussi profiter de l'occasion pour informer les membres de ce comité de l'annonce que j'ai faite hier avec la Fondation Bill et Melinda Gates, concernant la nomination des Drs Singh et Esparza à titre de coprésidents du comité consultatif qui supervisera l'initiative canadienne renouvelée du vaccin contre le VIH et l'Alliance de recherche et de développement qui en est la pierre angulaire.
Une partie des fonds prévus dans ce Budget supplémentaire des dépenses vise à trouver des solutions aux problèmes de santé des Autochtones du Canada et est destinée à des programmes qui aident les Autochtones, en particulier ceux qui vivent dans des réserves. L'un des engagements de ce Budget supplémentaire des dépenses est notre contribution au Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Le gouvernement du Canada entend appuyer les anciens élèves des pensionnats indiens et leurs familles pendant la mise en œuvre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Santé Canada est responsable du Programme de soutien en santé qui fait partie de cette convention. Nous espérons que son incidence sur la santé des membres des Premières nations demeurera positive.
Nous sommes résolus à offrir des services de soutien qui tiennent compte de l'héritage culturel des Autochtones. Les programmes communautaires de guérison, comme les programmes de santé mentale et de désintoxication, aideront ces collectivités à affronter les difficultés auxquelles elles font face sur le plan social et sanitaire. Ces investissements représentent en tout plus de 5 millions de dollars.
Il fallait aussi dégager des fonds supplémentaires pour faciliter le remplacement du système désuet d'approvisionnement alimentaire par la poste, qui est en place depuis plus de 40 ans. Nous sommes en voie de le remplacer par Nutrition Nord Canada, un nouveau programme de subventions axé sur la vente au détail qui permettra de garantir aux gens du Nord un meilleur accès à des aliments sains et nutritifs tout au long de l'année. Santé Canada affectera 1,5 million de dollars au cours du présent exercice, et 2,9 millions de dollars par année à partir de 2011-2012 à des projets de sensibilisation et de nutrition dans le cadre du programme Nutrition Nord Canada.
Nous reconnaissons aussi que la disponibilité d'aliments nutritifs et la possibilité d'avoir accès à ces aliments sont essentielles à l'adoption d'un régime alimentaire nutritif. Ces projets de sensibilisation aideront les Canadiens du Nord à préparer des repas nutritifs. Nutrition Nord Canada sera plus efficace, plus responsable et plus transparent, et fera en sorte que les résidents du Nord tirent le maximum d'avantages de la subvention gouvernementale pour les aliments santé. Les détaillants pourront mieux contrôler leur chaîne d'approvisionnement, ce qui favorisera la concurrence. Ils auront davantage intérêt à exercer un meilleur contrôle de la qualité.
Les aliments frais arriveront plus rapidement sur les tablettes, ce qui les rendra plus attrayants pour les consommateurs. Notre gouvernement est particulièrement fier des efforts déployés en matière de promotion de la santé. L'adoption de saines habitudes de vie est essentielle au maintien d'un corps sain et contribue aussi à l'amélioration de la qualité de vie globale. Une population canadienne en santé sera moins coûteuse pour notre système de santé. Les jeunes Canadiens sont particulièrement visés. Nous avons l'intention de les encourager à adopter un mode de vie sain dès le début de leur vie.
Par exemple, nous avons lancé récemment une nouvelle campagne énergique de sensibilisation ciblant les 13 à 15 ans pour leur enseigner des dangers des drogues illicites. L'élément central de cette campagne est une publicité télévisée intitulée « Le miroir », qui montre de façon dramatique les effets néfastes des drogues. Une jeune femme se regarde dans le miroir et voit à quoi sa vie ressemblerait si elle se mettait à prendre de la drogue. La publicité a été lancée il y a deux semaines et sera diffusée jusqu'en mars. Nous prévoyons que les deux tiers des adolescents canadiens de 13 à 15 ans la verront. Cette campagne se veut un puissant dissuasif; et la dissuasion est une composante essentielle de la Stratégie nationale antidrogue du gouvernement.
La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de rencontrer Gil Kerlikowske, une figure importante de la lutte contre les drogues illicites aux États-Unis. Nous avons discuté de nombreuses questions d'intérêt commun qui ont une incidence sur la santé des jeunes du Canada et des États-Unis. La façon la plus efficace d'aider les Canadiens est de leur donner l'information dont ils ont besoin pour faire des choix éclairés. En fait, nous avons fait de nombreuses annonces dans le passé, et nous en ferons d'autres prochainement, à propos de sources d'information pour les parents sur la santé et la sécurité de leurs enfants.
L'information et la sensibilisation jouent aussi un rôle important dans nos efforts pour contrer l'obésité infantile. Les taux d'obésité chez les enfants et les jeunes ont presque triplé au cours des 25 dernières années. L'obésité augmente le risque d'avoir certaines maladies chroniques, comme le diabète de type 2, le cancer et une maladie cardiaque.
Le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires se sont entendus récemment sur un cadre de coordination de nos approches de promotion du poids santé chez les enfants de moins de 18 ans. Nous avons convenu de rendre les milieux où les enfants vivent, apprennent et jouent plus favorables à l'activité physique et la saine alimentation. Nous essaierons également de cerner les facteurs de risque de l'obésité chez les enfants et d'aborder ces questions tôt dans la vie de l'enfant. Nous allons chercher des moyens d'améliorer l'accès à des aliments nutritifs et de réduire la publicité destinée aux enfants concernant les aliments et boissons riches en gras, en sucre ou en sodium.
Un aspect tout aussi important du plan de réduction de l'obésité est la nécessité de promouvoir davantage l'activité physique. Tous les ordres de gouvernement doivent participer pour trouver davantage de façon d'inciter les enfants à être actifs à l'intérieur comme à l'extérieur, en toutes saisons.
Les campagnes nationales que nous menons actuellement visent à améliorer la santé à long terme de nombreux Canadiens. En les aidant à changer leur mode de vie ou à éviter des substances dangereuses, nous pouvons prévenir un vaste éventail de problèmes de santé.
Grâce à notre campagne d'éducation sur le tableau de la valeur nutritive, nous aidons les Canadiens à savoir ce qu'ils mangent.
Notre campagne sur la santé et la sécurité des enfants vise à aider les parents à protéger leurs enfants des nombreux dangers qui les guettent, et notre stratégie nationale antidrogue contribue à la prévention de la consommation de drogues illicites chez les jeunes.
Pendant la prochaine année, nous continuerons d'élaborer des initiatives qui soutiennent notre vision à long terme des soins de santé au Canada, tout en nous occupant des besoins à court terme des Canadiens.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Madame la ministre, je vous souhaite la bienvenue.
Madame, monsieur, c'est toujours un plaisir de vous revoir pour discuter du Budget supplémentaires des dépenses (B).
Madame la ministre, je ne répéterai pas toutes les questions qu'ont posées les collègues libéraux sur les mises en garde sur les paquets de cigarettes, mais vous comprendrez que cette nouvelle nous a jetés par terre. Depuis plusieurs années, nous le savions, le ministère de la Santé étudiait le renouvellement des mises en garde et, selon nous, cela allait de soi puisque, vous en conviendrez avec moi, aucune entreprise ne va garder la même publicité pendant des années. Les entreprises savent bien trop qu'un message doit être renouvelé souvent, très souvent, pour continuer à avoir de l'impact. Autrement, les gens ne le voient pas.
Cependant, je retiens une chose de la réponse que vous avez donnée aux députés libéraux. Au fond, pour vous, l'idée de renouveler les mises en garde n'est pas abandonnée mais suspendue pour que vous puissiez étudier la question dans son ensemble et déposer, rapidement je l'espère, un plan global pour nous assurer que l'incidence du tabagisme continue de diminuer. Au fond, nous le savons tous, la cigarette est nocive pour la santé.
Ma question est fort simple. Quand allez-vous annoncer clairement votre intention et quand allez-vous déposer, comme vous nous le dites, un plan global d'intervention musclé pour attaquer le problème du tabagisme?
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Merci, madame la présidente.
Merci de me recevoir aujourd'hui. Je m'appelle Jennifer Heatley et je suis la directrice exécutive de la Collaboration atlantique pour la prévention des blessures, la CAPB pour simplifier. La CAPB est une ONG implantée à Halifax dont le mandat vise à réduire le nombre de blessures dans les quatre provinces Maritimes du Canada.
Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de la prévention des blessures, je continue à m'étonner de voir à quel point cette question de santé publique reste controversée. Tous les jours, les médias publient des articles faisant état de toutes sortes de blessures mais, en dépit du caractère médiatique de certains accidents, on est bien loin de s'y intéresser autant qu'aux autres grands fléaux mortels qui frappent la population canadienne.
Les crédits consacrés à la recherche, les systèmes de surveillance et les stratégies sont loin d'atteindre le même niveau que pour d'autres graves maladies comme le cancer ou les maladies cardiaques. L'opinion publique s'inquiète sincèrement au sujet des blessures, mais cela ne s'est pas traduit par des marches et des téléthons. On continue à considérer que les blessures sont un coup du sort qui relèvent du hasard.
Ce que nous savons, par contre, c'est que les blessures évitables, intentionnelles ou non, imposent un lourd fardeau social et économique dans la région des Maritimes et dans tout le Canada. Plus de 1 000 Canadiens des Maritimes meurent chaque année à la suite de leurs blessures et 16 000 autres reçoivent des blessures suffisamment graves pour être hospitalisés. Globalement, il en coûte plus de 1 milliard de dollars par an à la région des Maritimes du Canada en frais directs et indirects.
De plus, les blessures touchent particulièrement les jeunes. Elles sont la première cause de mortalité à tous les âges et jusqu'à 44 ans c'est la principale cause de décès. Chez les enfants et les adolescents, elles sont responsables de plus de morts que toutes les autres causes de décès mises ensemble.
Des blessures qui tuent et qui handicapent tant de Canadiens peuvent être évitées grâce à de bonnes politiques publiques et à des stratégies rationnelles. Il faudrait s'attaquer aux blessures dans le cadre d'une stratégie nationale coordonnée de prévention. Nous ne devons plus nous contenter de chercher à modifier les comportements individuels; il nous faut œuvrer en faveur d'un environnement plus sécuritaire en changeant la société dans son ensemble.
Le gouvernement fédéral doit prendre l'initiative en assurant la coordination des politiques pour que les efforts de prévention des blessures soient globaux et tiennent compte des nombreux facteurs qui mettent en danger les personnes. Il est artificiel et inutile de continuer à établir des distinctions entre différents secteurs et entre les blessures intentionnelles ou non, les causes étant à la base les mêmes dans tous les cas.
Le gouvernement fédéral a récemment fait savoir qu'il envisageait d'axer la prévention des blessures sur les enfants, mais la CAPB est en faveur d'une solution commune pour tous les groupes d'âges, de population et d'accidents. Les conditions socioéconomiques qui augmentent les risques de blessures pour les enfants sont les mêmes que celles qui touchent les autres catégories de la population et les autres groupes d'âge à hauts risques, tels que les personnes âgées ou les Autochtones. De plus, les enfants sont fortement influencés par les adultes dans leur mode de vie et leur environnement. On ne peut pas avoir des enfants en sécurité et en bonne santé sans qu'il y ait des adultes et des collectivités en sécurité et en bonne santé.
Nos collectivités n'offriront pas des garanties de sécurité en l'absence de justice. Le Canada peut être aussi en sécurité et en santé que d'autres pays qui sont les chefs de file dans le monde en matière de santé, mais il nous faut pour cela adopter de grands changements. Nous savons comment guérir cette maladie. Si notre pays réussit à se doter d'une stratégie coordonnée de prévention des blessures et d'une série de politiques publiques saines qui tiennent compte du rôle que joue la pauvreté dans les blessures, nous parviendrons à économiser des milliards de dollars inutilement dépensés en matière de santé et surtout à réduire le fardeau énorme imposé à des millions de Canadiens.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente, et je remercie aussi les autres membres du comité.
Je m'appelle Philip Groff et je vous remercie de la possibilité qui m'est donnée de vous parler aujourd'hui et de vous communiquer un certain nombre d'informations sur les blessures et leur prévention.
Je représente ici Sauve-qui-pense, une organisation caritative nationale chargée de prévenir les blessures et d'épargner des vies. Nous avons pour mission d'inciter les pouvoirs publics, par le biais de la formation et de l'adoption de programmes et de politiques, à prendre en compte et à contrôler les risques de blessures le plus intelligemment possible. Nous axons la majorité de nos programmes sur les jeunes, qui sont les plus touchés par les blessures et qui ont tendance à prendre plus de risques inconsidérés. Nous considérons que si nous parvenons à joindre les jeunes, catégorie au sein de laquelle il est traditionnellement difficile de faire passer des messages de sécurité, nous pourrons en faire des citoyens prudents tout au long de leur vie.
Notre organisation a vu le jour il y a 19 ans lorsque notre fondateur, le Dr Robert Conn, un pédiatre cardiochirurgien, s'est penché précisément sur l'origine des donneurs des cœurs qu'il était occupé à greffer. Après avoir fait quelques recherches, il a découvert que les donneurs étaient des gens comme vous et moi, comme nos enfants, nos nièces et nos neveux, des gens en bonne santé et heureux et qui, tout d'un coup, à la suite d'une mauvaise décision, d'un défaut au sein de leur environnement ou d'un moment d'inattention, ont été mortellement blessés, ce qui a entraîné le prélèvement de leurs organes. Le Dr Conn s'est aperçu qu'on pourrait épargner beaucoup plus de vies en prévenant les blessures avant qu'elles se produisent plutôt que d'essayer de les réparer après coup dans une salle d'opération. Il a alors abandonné la chirurgie pour fonder Sauve-qui-pense.
Depuis ces premières recherches effectuées par le Dr Conn, les statistiques sont toujours aussi révélatrices. En 2009, Sauve-qui-pense a publié son deuxième rapport national sur le fardeau économique que représentent les blessures pour le Canada, rapport que nous avons fait parvenir à la greffière de notre comité. Vous pouvez y voir que chaque année les blessures coûtent la vie à plus de 13 000 Canadiens et donnent lieu à plus de 3 millions de visites aux services d'urgence, ce qui se traduit par plus de 200 000 séjours de plus d'une nuit à l'hôpital. Plus de 60 000 citoyens en ressortent plus ou moins handicapés et 5 000 autres le sont totalement ou de façon permanente. Le coût annuel pour l'ensemble de la population canadienne s'élève à plus de 19,8 milliards de dollars, alors que dans la plupart des cas les études nous indiquent que ces accidents sont largement prévisibles et évitables.
À Sauve-qui-pense, nous nous efforçons au maximum de protéger les jeunes de notre pays contre les accidents graves et les accidents mortels. Comme on vient de vous le dire, les blessures sont la principale cause de décès entre un an et 44 ans, et le risque de mourir d'une blessure prévisible et évitable est un plus grand risque de décès pour les Canadiens, entre 10 ans et 35 ans, que toutes les autres causes de décès réunies. Il n'est pas impossible d'amener les jeunes à contrôler les risques de blessures, mais ce n'est pas non plus si facile. Nous avons consacré beaucoup de temps et d'études à chercher ce qui marche et à essayer d'inciter les adolescents à faire de meilleurs choix. En faisant des recherches et en parlant avec les jeunes, nous avons appris à éviter les messages négatifs qui mettent l'accent sur les conséquences et qui amènent les jeunes à nier que ces choses-là puissent leur arriver. Nous avons appris à insister sur les conséquences bénéfiques des bons choix plutôt que d'essayer de faire peur aux jeunes, et à tabler sur l'énorme influence positive des pairs afin que les messages salvateurs soient rédigés dans une langue comprise par les jeunes, qu'aucun adulte ne sait plus bien parler. Nous avons aussi compris l'importance de la mise en place de bons cadres de vie pour que les bons choix soient aussi les plus faciles, les plus populaires et les plus attrayants.
Avec nos partenaires au sein des autres associations nationales de lutte contre les accidents, nous avons appris beaucoup de choses pour éviter les blessures et épargner des vies. Nous avons la solution; ce qui nous manque, c'est l'infrastructure et les appuis nécessaires pour l'appliquer sur une large échelle.
Il y a un certain nombre d'années, nous avons lancé une consultation nationale auprès des différentes parties prenantes dans le domaine de la surveillance, de la recherche, de la transmission des connaissances et des programmes au sein des collectivités pour élaborer un cadre stratégique national en vue de prévenir les blessures. Le document établi en conséquence, intitulé Ending Canada’s Invisible Epidemic, réclame la mise en place d'une stratégie à l'échelle du Canada partant de six grands principes: une direction et une coordination nationale; un système efficace de contrôle; un programme de recherches; des appuis et des ressources communautaires; une analyse et un développement des politiques; enfin, l'information et la sensibilisation du public.
Certains progrès ont été réalisés sur ces différents points lors des années ultérieures, principalement grâce à l'initiative prise par les IRSC, qui ont institué et mis en place des équipes stratégiques au moyen de subventions de recherche appliquées aux blessures l'année dernière, ce qui constitue un énorme progrès car, pour la première fois, de nombreux chercheurs de notre pays vont pouvoir se consacrer entièrement à la recherche sur la prévention des blessures plutôt que d'en faire une occupation accessoire, avec passion mais sans grands appuis et sans être véritablement reconnus.
Il n'en reste pas moins que la plupart des progrès réalisés dans ce domaine se sont faits en dehors du gouvernement, grâce au dévouement de différentes ONG. Nous attendons toujours une initiative et une coordination nationale sur cette question ainsi qu'un engagement en faveur de la lutte contre ce fléau qui soit à la hauteur de la tâche à accomplir.
Le 3 mars 2010, lors du discours du Trône, la gouverneure générale de l'époque, Michaëlle Jean, a déclaré ce qui suit: « afin de prévenir les accidents qui blessent nos enfants et nos jeunes, le gouvernement travaillera de concert avec des organismes non gouvernementaux dans le but de lancer une stratégie nationale pour la prévention des blessures chez les jeunes. »
Sauve-qui-pense, en compagnie d'autres organisations nationales de prévention des blessures — Communautés sécuritaires Canada, Sécuri Jeunes Canada et Pensez d'abord Canada — sont prêts à s'associer avec le gouvernement sur cette stratégie nationale.
Merci encore de nous avoir permis d'intervenir aujourd'hui. Je suis tout disposé à répondre à vos questions.
C'est un honneur pour moi de vous parler ici au nom de la fondation Pensez d'abord Canada.
Les blessures nous concernent tous. Elles affectent les personnes blessées et leurs familles et touchent profondément notre système de santé. Les blessures posent un gros problème à notre pays en matière de santé. En moyenne, 500 enfants meurent chaque année au Canada d'une blessure. C'est plus d'un enfant par jour. Ce sont vos enfants, vos petits-enfants, vos nièces, vos neveux. Nous sommes tous concernés.
En Ontario, toutes les 30 secondes, il y a quelqu'un qui se présente dans un service d'urgence pour recevoir des soins à la suite d'une blessure; c'est donc très important. C'est une situation qui se répercute sur les délais d'attente, les hospitalisations, etc.
Les séquelles des blessures durent toute la vie. Une blessure à la moelle épinière peut entraîner une paraplégie, une diminution de la mobilité tout au long de la vie. Une blessure au cerveau, et je suis sûre que Tyler pourra nous en parler, peut changer une vie pour toujours.
Les principales causes de blessures sont la noyade, les accidents de la route touchant les véhicules automobiles ou les piétons, et les chutes. Il existe dans tous les cas des stratégies, s'appuyant sur les faits, qui sont susceptibles de réduire le nombre d'accidents ou leur cause au sein de notre population. Si nous nous contentions de mettre en application les mesures dont nous connaissons les effets positifs, ce serait déjà considérable. Des dispositions telles que les lois sur le port du casque en bicyclette, l'installation de barrières tout autour des piscines, l'adoption de normes pour les terrains de jeux qui correspondent à celles que l'ACNOR a élaborées pour le Canada, le changement des règles sportives, sont toutes susceptibles d'améliorer la santé et la sécurité de nos enfants au Canada. Nous savons que certaines populations sont particulièrement vulnérables. Les enfants pauvres courent de plus grands risques. Les enfants inuits et ceux des premières nations risquent bien plus de mourir d'une blessure que les autres enfants canadiens. Les enfants qui vivent dans les régions rurales et éloignées, dans des exploitations agricoles, par exemple, courent eux aussi de plus grands risques.
Nous sommes au 32e rang des pays de l'OCDE pour la prévention des blessures, et pour un pays comme le Canada, ce n'est pas suffisant. Nous pouvons et nous devons faire mieux pour prévenir les blessures afin d'aider nos enfants et nos collectivités.
Rebecca va vous dire quelques mots de certaines stratégies que nous proposons, qui s'apparentent à mon avis à celles qu'ont mentionnées d'autres intervenants.