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La séance est ouverte. Bonjour, mesdames et messieurs. Bienvenue au Comité permanent de la santé. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le sujet pour aujourd'hui est l'étude des dons de cellules souches au Canada.
Je suis très heureuse que nous allions aujourd'hui entendre des témoins nous entretenir des dons de cellules souches au Canada.
Nous avons des représentants de la Fondation canadienne de cellules souches. Bienvenue. Je suis Joy Smith, présidente du comité permanent ici réuni, et je vous souhaite la bienvenue devant nous. J'ai, je pense, rencontré certains d'entre vous récemment.
Accueillons donc M. Drew Lyall, président, conseil d'administration de la Fondation canadienne de cellules souches. Bienvenue, monsieur Lyall. Je suis heureuse que vous soyez ici.
Pour le Hospital for Sick Children, nous avons Mme Janet Rossant, chef de recherche. Bienvenue.
Du Réseau de cellules souches, nous avons M. Michael Rudnicki, directeur scientifique. Bienvenue à vous également.
Se joignent également à nous par vidéoconférence, depuis Winnipeg, au Manitoba, plusieurs autres invités. Je suis heureuse de voir que ces personnes ont pu trouver le temps d'être avec nous aujourd'hui. J'aimerais tout d'abord vous présenter le Dr Dhaliwal, président et chef de la direction et directeur des services cliniques provinciaux en oncologie.
Bienvenue, docteur Dhaliwal. Nous sommes heureux de vous voir ce matin.
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Bonjour. Merci beaucoup de votre invitation à venir comparaître aujourd'hui.
Je m'adresse à vous à titre de président d'une chaire de recherche du Canada en biologie des cellules souches, à l'Institut de recherche en santé d'Ottawa, mais également à titre de directeur scientifique du Réseau de cellules souches. Le Réseau de cellules souches est subventionné dans le cadre des centres d'excellence, qui oeuvrent à la grandeur du pays.
Tout d'abord, pourquoi la recherche sur les cellules souches est-elle importante? D'abord parce que la recherche sur les cellules souches constitue un secteur de recherche dans lequel le Canada a acquis une grande force stratégique. Ensuite, parce que la recherche sur les cellules souches va paver la voie pour que la médecine régénérative puisse intégrer la clinique. La médecine régénérative va transformer la pratique médicale en permettant le soulagement, et peut-être même la guérison, de bon nombre des maladies les plus graves dont l'humanité souffre de nos jours, notamment le cancer, le diabète de type 1, la maladie de Parkinson, la maladie d'Alzheimer, les maladies du coeur, les AVC, les lésions médullaires et ainsi de suite. La médecine régénérative transformera non seulement la pratique clinique, mais aussi le paradigme des soins de santé et de l'industrie pharmaceutique.
Nous vivons une période très stimulante pour la recherche sur les cellules souches. Ma dernière présentation à ce comité remonte à il y a plus de sept ans et, pendant cette période, il s'est passé beaucoup de choses.
Au cours des prochaines minutes, je me pencherai sur trois secteurs différents où des progrès ont été marqués: une nouvelle source de cellules souches, de nouvelles applications en laboratoire des cellules souches, et certains exemples récents d'essais cliniques.
Vous vous rappellerez sans doute que la dernière fois qu'il a été débattu des cellules souches à la Chambre — pas juste ici, mais partout dans le monde —, il a beaucoup été prêté attention aux mérites relatifs des cellules souches adultes comparativement aux cellules souches embryonnaires. Les cellules souches embryonnaires sont produites à partir d'embryons vieux de quatre à cinq jours. Ces embryons ont été créés à des fins de fécondation in vitro et, autrement, seraient détruits.
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Je vais ralentir. Mes excuses. J'ai bu trop de café ce matin.
Les cellules souches embryonnaires sont produites à partir d'embryons vieux de quatre à cinq jours, qui sont créés à des fins de fécondation in vitro et qui, autrement, seraient détruits. Ces cellules souches embryonnaires ont la capacité de produire tous les autres types de cellules du corps humain. Les cellules souches adultes, quant à elles, sont davantage spécialisées. Elles se trouvent dans les tissus et elles ne peuvent produire qu'un spectre limité de types de cellules qui sont présentes dans ce même tissu. Par exemple, les cellules souches hématopoïétiques ne peuvent produire que les différents types de cellules sanguines. Les cellules souches adultes se retrouvent dans chacun de nous, dans tous nos tissus. Elles sont également présentes dans le sang de cordon ombilical, dans le liquide amniotique et peut-être même dans le placenta.
Le débat autour des cellules souches embryonnaires a été rattrapé, et dépassé, par les progrès scientifiques. La percée la plus importante réalisée au cours de la dernière décennie dans ce domaine est la découverte des cellules souches pluripotentes induites, dites CSPi, par Shinya Yamanaka, de Kyoto, au Japon, en 2006. Ce que Yamanaka a essentiellement montré est que l'on peut utiliser n'importe quelle cellule du corps humain — une cellule de la peau sur le bout de mon nez, par exemple — et, en la soumettant à un procédé très simple, y introduisant quatre gènes, reprogrammer cette cellule pour qu'elle ressemble à une cellule qui ne puisse pour ainsi dire pas être distinguée d'une cellule souche embryonnaire. L'on peut ainsi produire une cellule de type cellule souche embryonnaire à partir de n'importe quel type de cellule adulte. Il s'agit d'une découverte révolutionnaire, qui a amené un changement de paradigme.
Bien que cette découverte n'ait pas totalement éliminé la nécessité de travailler avec des cellules souches embryonnaires — il nous faut toujours comparer et contraster les cellules CSPi avec des cellules souches embryonnaires, et il sera nécessaire de faire de la recherche avec des cellules souches embryonnaires humaines —, cette découverte a réellement transformé la recherche dans ce domaine.
Il y a sept ans, la plupart d'entre nous pensions que les cellules souches seraient utilisées pour produire des cellules de remplacement à des fins de greffe, pour réparer des organes déficients ou pour traiter des maladies dégénératives. Ces travaux se poursuivent. Par exemple, à l'Hôpital d'Ottawa, mon collègue, Duncan Stewart, a entrepris un essai, portant sur le traitement de patients qui font de l'hypertension pulmonaire — un trouble pulmonaire souvent mortel, qui afflige principalement des femmes dans la trentaine — , en injectant des cellules souches temporairement modifiées pour transporter un gène qui fabrique des quantités supplémentaires d'un produit qui stimule la croissance des vaisseaux sanguins.
Un autre de mes collègues, Harry Atkins, utilise le protocole de greffe de moelle osseuse pour le traitement de certains types de sclérose en plaques. En gros, ce qu'il fait c'est guérir chez ces patients la maladie auto-immune. Il s'agit en réalité d'une percée tout à fait phénoménale.
Lors d'un atelier clinique tenu récemment par le Réseau de cellules souches, on a déterminé que plus de 50 essais canadiens portant sur des thérapies à base de cellules souches pourraient faire l'objet d'applications cliniques au cours des trois à quatre prochaines années. Les choses progressent extrêmement rapidement dans ce domaine, beaucoup plus rapidement que nous tous avions pensé.
À l'extérieur du Canada, des progrès sont en train de se faire à un rythme semblable. Je suis certain que les membres du comité auront entendu parler de Geron, une société américaine qui vient tout juste de lancer un essai clinique au cours duquel des cellules nerveuses produites à partir de cellules souches embryonnaires humaines, dites oligodentrocytes, ont été, pour la toute première fois, greffées à la moelle épinière d'un patient. Ce travail vient d'être lancé et il s'agit du premier essai clinique dans le monde d'utilisation de cellules dérivées de cellules souches embryonnaires.
Pour revenir maintenant aux cellules CSPi, la découverte de Yamanaka a en effet ouvert la porte à la création rapide et efficiente de lignées de cellules souches spécifiques à certaines maladies et à certains patients affectés par ces maladies. Cela a engendré de toutes nouvelles formes de recherches et a notamment permis aux chercheurs de, par exemple, tester ces cellules par rapport aux médicaments existants. La panoplie de médicaments peut être au nombre de milliers — pouvant même atteindre le million environ — de composés correspondant à toutes les classes possibles de produits chimiques. Il peut également s'agir de médicaments qui sont déjà disponibles en milieu clinique, auquel cas ils peuvent rapidement être intégrés à des essais cliniques.
Je vais vous donner un ou deux exemples. Mon collègue, Bill Stanford, de l'Université de Toronto, a produit des cellules souches pluripotentes extraites de patients souffrant de progérie, une terrible maladie génétique, qui entraîne un rapide vieillissement des enfants atteints. Le décès de ces patients survient vers l'âge de 13 ans, et ces enfants ressemblent alors à des personnes âgées de 96 ans. Ils meurent d'athérosclérose; ils meurent d'infarctus et d'AVC.
Mon collègue a puisé chez ces patients des cellules CSPi et des cellules de muscle lisse de la paroi vasculaire — des cellules de vaisseaux sanguins. On a ainsi commencé avec des cellules de vaisseaux sanguins sains, mais ceux-ci ont vieilli rapidement dans des boîtes de Pétri, reproduisant ainsi la maladie. Mon collègue va ainsi utiliser ces cellules aux fins du dépistage de drogues qui empêcheront ce processus de vieillissement. Ces médicaments seront utilisés pour soigner les patients atteints de progeria, mais ils pourraient également être utilisés plus largement pour des patients souffrant d'athérosclérose.
Un autre collègue, Lee Rubin, à l'École de médecine de Harvard, a fait un travail semblable avec des patients atteints de trouble des motoneurones spinaux. Cette maladie attaque les motoneurones spinaux, qui meurent, et des enfants très jeunes en sont affligés. C'est une horrible maladie. Lee Rubin a fait des essais en vue de repérer des drogues susceptibles de promouvoir la survie des neurones. Ces neurones ont été différenciés à partir des cellules CSPi. Il a identifié des drogues, et, pour le moment, il peut au moins traiter cette maladie chez les souris. Il est donc très excitant de pouvoir personnaliser les approches de dépistage, en fonction des drogues, pour identifier les nouveaux médicaments pouvant être utilisés rapidement en milieu clinique.
Des tests semblables sont en train d'être effectués sur d'autres types de cellules souches. Par exemple, un autre membre du Réseau de cellules souches, David Kaplan, de l'hôpital pour enfants de Toronto, a isolé les cellules souches des tumeurs qui causent le neuroblastome, qui touche les enfants, et il a réussi à isoler des drogues. Il a en effet identifié certaines drogues qui ont tué les cellules à l'origine des tumeurs, les cellules souches des tumeurs cancéreuses. En l'espace de deux ans, l'on a pu traiter des enfants dans le cadre d'un essai de soins compatissants à l'hôpital pour enfants, et il se déroule à l'heure actuelle un essai clinique multisites au Canada et aux États-Unis. Les progrès réalisés ont été phénoménaux. À l'aide de la même approche, l'équipe du projet s'attaque maintenant à trois autres types de tumeurs qui causent le cancer. La chose est réellement phénoménale.
L'utilisation des cellules souches pour produire des cellules de remplacement et pour identifier de nouveaux médicaments cibles ne représentent que quelques-unes des façons dont les cellules souches transforment la recherche médicale. Certains groupes utilisent les cellules souches pour mieux comprendre les maladies du développement de la petite enfance. D'autres les utilisent pour produire de grandes quantités de cellules cardiaques et neuronales humaines à l'aide desquelles on peut tester la toxicité de médicaments avant que ces derniers ne soient administrés à un patient, ce qui rend les essais cliniques plus sécuritaires. De nombreux groupes travaillent aussi à produire des cellules du foie aux mêmes fins.
En bref, ce domaine de recherche demeure très stimulant, et des progrès rapides se réalisent, même si les défis restent nombreux. Ce travail est très important. Nous parlons ici d'apporter aux pratiques cliniques des changements qui vont aider les gens. Cela va sauver des vies et alléger la souffrance.
Je vais maintenant demander à mon collègue Drew Lyall de poursuivre.
Il me faudrait également vous dire, aux fins de la transparence, que je suis directeur exécutif du Réseau de cellules souches. Nous portons tous plusieurs chapeaux, mais nous nous exprimons, je l'espère, d'une seule voix.
J'aimerais remercier la présidente et le comité d'avoir invité la Fondation canadienne de cellules souches à comparaître ici ce matin. Nous sommes une organisation relativement jeune, et nous sommes ravis d'avoir ainsi l'occasion de contribuer à ces travaux.
Comme vous l'avez entendu dire ce matin, la recherche sur les cellules souches commence à faire son entrée en milieu clinique. Même sans compter les greffes de moelle osseuse, qui se pratiquent depuis maintenant près de 40 ans, et qui, ajoutées aux travaux sur le cordon ombilical, représentent plus de 95 p. 100 de l'ensemble des essais cliniques menés dans le monde, plus de 350 000 patients à l'échelle mondiale ont à ce jour été traités avec des produits à base de cellules souches, pour des thérapies allant du traitement de plaies chroniques à la réparation du cartilage. Et, même s'il faudra peut-être patienter pendant 10, 20 ou 30 ans avant la mise en oeuvre de thérapies pour certaines affections, comme la maladie d'Alzheimer, des thérapies pour de nombreuses maladies, dont la sclérose en plaques, l'hypertension artérielle pulmonaire, la maladie du coeur, la maladie de Crohn, le neuroblastome et d'autres en sont à l'étape des essais cliniques.
L'incidence de ces avancées sera profonde, à plusieurs égards. Premièrement, cela se traduira par l'amélioration de la qualité de vie de patients au Canada et partout dans le monde, ainsi que des familles et des collectivités les entourant.
Deuxièmement, l'offre de guérison à ces maladies chroniques dégénératives pourra réellement avoir une forte incidence sur le fardeau en matière de soins de santé du Canada, non seulement en allégeant les coûts directs des traitements, mais également en rendant aux patients et à leurs familles, auxquels revient souvent la prestation des soins, des vies productives.
Enfin, la mise au point de ces nouveaux médicaments et thérapies permettra réellement la création d'emplois de haut niveau au Canada, dans cette industrie croissante de la médecine régénérative.
Voilà une occasion dont le Canada devrait pleinement profiter, et ce, en toute fierté. En effet, les cellules souches sont le cadeau du Canada au monde, si vous voulez. Les cellules souches ont été découvertes ici au Canada. En effet, nous marquerons l'an prochain le 50e anniversaire de la découverte initiale des cellules souches par Jim Till et Ernest McCulloch à l'hôpital Princess Margeret, de Toronto.
Au cours des 50 dernières années, des chercheurs canadiens ont continué de faire dans ce domaine des découvertes révolutionnaires. Le Canada est d'ailleurs sans doute aussi fort, sur le plan scientifique, que n'importe quel pays au monde. Mais ce leadership, et les possibilités à long terme en découlant, sont quelque peu à risque.
D'autres pays dans le monde commencent à reconnaître le même potentiel et à investir largement dans ce domaine. L'exemple phare de ce phénomène est la Californie. En effet, il y a trois ou quatre ans, la Californie a investi 3 milliards de dollars pour créer l'Institut de médecine régénérative de la Californie. Il s'agit d'un investissement de 300 millions de dollars par an sur 10 ans, ce qui représente environ 10 fois l'actuel investissement fédéral dans la recherche sur les cellules souches et près du tiers du budget total annuel des IRSC. Ces fonds sont utilisés à l'appui de la gamme complète d'activités requises pour développer de nouvelles thérapies à partir des résultats de la recherche fondamentale, pour établir de nouvelles installations de recherche et de fabrication, pour financer les essais cliniques des phases I et II, et même pour fournir des capitaux non dilutifs aux entreprises en démarrage, sous forme de prêts. En un sens, il n'est tout simplement pas réaliste de s'attendre à ce que le Canada, ou n'importe qui d'autre, puisse maintenir le rythme et demeurer concurrentiel à l'échelle mondiale dans le long terme sans y consentir de nouveaux investissements ciblés.
Même l'actuel contexte de notre financement présente déjà certains défis. Permettez que je vous en donne un ou deux exemples.
L'emploi du sang ombilical est désormais pratique courante pour le traitement de plusieurs types de cancer, si bien qu'aux États-Unis, le sang ombilical est aujourd'hui utilisé plus fréquemment que la moelle osseuse pour certaines thérapies. Ici, au Canada, le bien-fondé et la rentabilité de l'établissement d'une banque de sang ombilical ont clairement été démontrés. Ce ne sont pas tous les cordons ombilicaux qui doivent être préservés. Un échantillon de petite taille, mais représentatif, offrirait la variation génétique requise pour répondre à presque tous les besoins de l'ensemble de la population.
Nous avons cru comprendre que des discussions sont en cours entre les provinces et territoires pour voir si la Société canadienne du sang et Héma-Québec pourraient établir une banque publique de sang ombilical. En fait, une déclaration consensuelle quant à la nécessité de l'établissement d'une telle banque a été faite en juin 2007. Mais nous voici aujourd'hui, à la fin de 2010, et il n'y a toujours aucun progrès visible et les besoins des patients restent à combler.
Permettez que je vous donne un autre exemple. Plus de 80 millions de dollars de fonds fédéraux, provinciaux et philanthropiques sont en train d'être investis dans la construction de trois installations de fabrication cellulaire conformes aux BPF à Toronto, Montréal et Edmonton. Ensemble, ces établissements de classe mondiale auraient une capacité suffisante pour répondre aux besoins canadiens en matière de fabrication cellulaire pour la prochaine décennie. Déjà, les cliniciens responsables travaillent de concert pour déterminer comment gérer efficacement au mieux ces établissements en tant que réseau national virtuel. Comment faire le triage des demandes de manière à desservir la ville opportune? Comment faire pour établir des méthodes d'exploitation normalisées? Comment faire pour élaborer des programmes d'éducation communs?
Toutefois, en raison de l'évolution des priorités de financement au sein des administrations fédérale et provinciales, il existe désormais un haut degré d'incertitude quant à l'attribution des budgets d'exploitation de ces établissements et des essais cliniques s'y rattachant.
Pour vous donner un exemple, il pourrait s'avérer nécessaire d'effectuer une demi-douzaine d'essais expérimentaux avant de pouvoir en faire profiter le patient, mais ces essais scientifiques ne sont normalement pas financés par les conseils subventionnaires. De plus, puisque ce sont des essais cliniques et non des thérapies approuvées, ces travaux ne seraient pas non plus admissibles aux fonds provinciaux en matière de santé. Ainsi donc, nous courons le risque de voir ces essais cliniques sombrer dans un trou noir, faute d'admissibilité au financement. Les 50 essais qu'a mentionnés tout à l'heure dans sa déclaration M. Rudnicki pourraient ne jamais voir le jour en l'absence de ce financement.
Enfin, il existe des possibilités d'améliorer tant la réglementation du milieu de la recherche que la réglementation des thérapies, si celles-ci passent du laboratoire au milieu clinique. Ma collègue, Mme Rossant, va vous entretenir de certains de ces défis.
Je vais conclure en vous faisant un plaidoyer. La recherche sur les cellules souches est un domaine dans lequel le Canada a fait oeuvre de pionnier et a été le leader mondial. Nous possédons le talent, la volonté et l'expertise pour poursuivre sur cette voie. Je sais que le comité comprend les importants bienfaits que la recherche sur les cellules souches pourrait livrer à notre système de soins de santé. Profitons donc pleinement de l'héritage que nous ont légué Till et McCulloch, et veillons à ce que les patients canadiens soient les premiers à bénéficier de leur découverte.
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Bonjour, et merci de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous.
Je suis chercheure, activement spécialisée dans la recherche sur les cellules souches, et je suis également chef de la recherche au Hospital for Sick Children, l'un des plus grands instituts de recherche en santé infantile au monde. Je suis également sous-directrice scientifique du Réseau de cellules souches.
Mes collègues ont parlé des récents progrès sur le plan de la recherche sur les cellules souches et de leur application en milieu clinique au Canada et ailleurs dans le monde. Nous vivons une période très excitante sur le plan de la recherche sur les cellules souches. Je songe tout particulièrement à ces nouvelles approches à la reprogrammation des cellules, depuis des tissus adultes en des cellules souches capables de reproduire tous les types de cellules du corps humain — les cellules souches pluripotentes induites, ou CSPi, comme on les appelle —, qui ont réellement transformé la façon dont nous envisageons l'étude des pathologies humaines en boîte de Pétri.
Déjà, l'établissement de cellules SPi de l'Ontario, situé à l'hôpital pour enfants, par exemple, prélève des échantillons de tissus auprès de patients atteints de troubles développementaux, comme les cardiopathies congénitales, de troubles neuro-développementaux, comme le syndrome de Rett et l'autisme, et de maladies pulmonaires, comme la fibrose kystique, et établit des banques de cellules souches propres aux patients, ces cellules SPi. Nous pouvons alors prendre ces cellules, les distribuer à des chercheurs, amener ces cellules à former les types de cellules appropriées en boîte de Pétri — cellules du muscle cardiaque, cellules nerveuses, cellules pulmonaires, pour ces maladies particulières —, pour ensuite étudier ces cellules pour déterminer ce qui déclenche la maladie et comment corriger le problème avec de nouvelles thérapies.
À l'avenir, cependant, tout ce concept du prélèvement de cellules adultes pour en faire des cellules souches, des cellules pluripotentes pouvant reproduire tout type de cellules, nous donnera la possibilité d'envisager des banques de cellules SPi normales, représentatives de la population, et pouvant servir de sources de cellules pour des thérapies cellulaires pour soigner de nombreuses maladies. Nous n'y sommes pas encore. Les technologies pour produire les cellules SPi et pour leur ventilation dans les bons types de cellules aux fins de thérapies, par exemple cellules souches de moelle osseuse, cellules nerveuses, etc., ne sont tout simplement pas encore suffisamment efficientes pour qu'il soit rentable de créer de telles banques. Mais les progrès rapides de la science nous disent que cela va venir. Il nous faut suivre l'évolution de la science pour repérer les possibilités de traduire les nouvelles percées en des thérapies à base de cellules souches largement disponibles pour les Canadiens.
La science avance très rapidement dans ce domaine, ce qui, bien sûr, a d'importantes conséquences pour l'évolution du cadre réglementaire pour la recherche sur les cellules souches. Au Canada, la recherche sur les cellules souches humaines, la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et la recherche sur les cellules SPi sont toutes régies par trois instruments de réglementation distincts. Il y a la Loi sur la protection assistée, l'Énoncé de politique des trois Conseils: Éthique de la recherche avec des êtres humains, EPTC — nous aimons tous ces sigles — et les Lignes directrices en matière de recherche sur les cellules souches pluripotentes humaines des Instituts de recherche en santé du Canada. Nous avons donc la loi, l'Énoncé de politique des trois Conseils, et les Lignes directrices des IRSC.
Des trois instruments, seules les Lignes directrices des IRSC ont en réalité été établies pour viser tout particulièrement l'aspect ethnique de tout le travail de recherche sur les cellules souches pluripotentes humaines, y compris les technologies nouvellement élaborées dont nous discutons et qui ne reposent pas sur la dérivation de cellules souches directement à partir d'embryons humains. Les IRSC ont un comité de surveillance de la recherche sur les cellules souches qui est chargé d'assurer, à l'échelle du pays, un examen éthique de toutes les demandes de financement pour de la recherche sur les cellules souches pluripotentes humaines reçues par des établissements financés par les IRSC. Les lignes directrices couvrent l'ensemble des principales initiatives en matière de cellules souches pluripotentes menées dans les établissements universitaires au Canada. Et, bien que ces lignes directrices ne s'appliquent pas à la manière de règlements, elles auraient un fort poids moral auprès de toute entité commerciale oeuvrant dans ce domaine, et dont la plupart sont le fruit de programmes universitaires.
Cependant, à l'heure actuelle, le cadre politique canadien fluctue continuellement. L'énoncé de politique des trois conseils est en train d'être examiné par le Groupe consultatif interagences en éthique de la recherche. Par ailleurs, la constitutionnalité de plusieurs des dispositions de la Loi sur la procréation assistée a été contestée devant la Cour suprême du Canada, dont on attend toujours la décision. D'autre part, l'examen obligatoire, par le Parlement, de la Loi sur la procréation assistée accuse déjà un retard, et l'on sait que cet examen pourrait avoir une incidence concrète dans le champ, du fait de toutes ces récentes percées en recherche sur les cellules souches, qui n'avaient certainement pas été envisagées par les auteurs de cette loi. Enfin, étant donné qu'un seul règlement, concernant le consentement, a en vérité été adopté en vertu de la Loi sur la procréation assistée depuis son entrée en vigueur en 2004, plusieurs aspects de la loi existante ne sont pas assortis des règlements nécessaires.
Il y a donc un manque de clarté quant à l'application des cadres de politique existants aux technologies en matière de cellules souches nouvelles et émergentes, ce qui crée de l'incertitude pour les chercheurs, les organes de réglementation, les organes de financement et la population dans son ensemble. Cet état de choses risque également d'avoir des conséquences imprévues sur l'avancement de la recherche, par exemple en restreignant les paramètres des recherches autorisées au Canada.
Il est essentiel de réagir à ces défis d'une manière qui soit informée, équilibrée et fondée sur la preuve, pour assurer le succès continu de la recherche sur les cellules souches — et vous avez entendu dire à quel point ce secteur est fort au Canada — et, bien sûr, de l'autre côté, le maintien de l'appui du public et de sa confiance à l'égard de ce travail.
Je citerais, pour illustrer le manque de clarté dans la réglementation, le fait qu'il y a, à tous les niveaux, des ambiguïtés dans les définitions, ce qui est une chose épouvantable. Cela crée énormément de confusion quant à l'application des différentes dispositions, surtout dans le contexte de la Loi sur la procréation assistée.
Par exemple, la loi énonce que l'on entend par matériel reproductif humain, ce qui est la base de la loi, tout spermatozoïde, tout oeuf ou toute autre cellule humaine, ou tout gène humain, ou toute partie de ceux-ci. Cela englobe presque tout. Si vous interprétez littéralement cette norme, elle peut être suffisamment large pour recouvrir presque n'importe quel tissu ou cellule humain, y compris les cellules SPi, sous le terme matériel reproductif humain. Cela n'est clairement pas logique. Une cellule que vous produisez dans une boîte de Pétri n'est pas du matériel reproductif humain et ne peut pas servir à la procréation humaine.
Étant donné que les cellules SPi ne requièrent pas l'utilisation de matériel qui serait normalement considéré comme étant du matériel reproductif humain — c'est-à-dire embryons très jeunes, ovules ou sperme —, il semble que la recherche sur les cellules SPi, à moins de servir à la création de matériel reproductif, ne devrait pas être englobée sous la Loi sur la procréation assistée. Le fait d'assujettir la recherche sur les cellules SPi à cette loi érigerait davantage d'obstacles réglementaires et de politiques, amènerait davantage d'incertitude et risquerait alors d'entraver le développement et l'orientation des travaux menés dans ce domaine au Canada.
Le comité de surveillance de la recherche sur les cellules somatiques des IRSC s'est déjà penché sur ces questions et a déterminé que la production de cellules SPi à partir d'échantillons de tissus ne requiert pas l'aval du CSRCS, ou comité de surveillance de la recherche sur les cellules souches, du fait qu'elle ne suppose pas la dérivation de matériel à partir d'embryons humains. Cela passerait par les voies normales du consentement éclairé, mais l'utilisation de toute cellule pluripotente ainsi dérivée exigerait une surveillance par le CSRCS.
Chose intéressante, au fur et à mesure de la transition de l'utilisation de cellules souches, pluripotentes et autres, vers le milieu clinique, je pense que le cadre réglementaire devient en vérité plus clair quant à l'utilisation de ces cellules en milieu clinique, comparativement à leur utilisation à des fins de recherche. Toute thérapie cellulaire qui requiert une importante production de cellules à l'extérieur du corps serait assujettie au règlement de Santé Canada, ou, aux États-Unis, à celui de la Food and Drug Administration. Les exigences quant aux nombreuses données en matière d'innocuité et d'efficacité qui doivent être déposées avant que toute nouvelle thérapie ne puisse être introduite dans des essais cliniques en vue d'une éventuelle commercialisation ne seraient pas différentes, que la thérapie repose ou non sur des cellules souches. Aucune réglementation spéciale n'est requise, mais la barrière réglementaire en vue de l'application d'essais utilisant des cellules souches, comme cela a été constaté dans le cas de l'essai d'utilisation de cellules souches pour traiter les blessures à la moelle épinière mené par Gerone, est, comme il se doit, haute, et devra le demeurer.
Le comité d'élaboration de politiques du Réseau de cellules souches du Canada, que je copréside avec Mme Bartha Knoppers, qui a sans doute plusieurs fois comparu devant le comité, est en train de rédiger un énoncé de politique sur ces questions entourant les percées en recherche sur les cellules souches et le cadre réglementaire s'y appliquant. Nous proposons l'adoption des principes directeurs qui suivent, en vue de la réglementation de la recherche sur les cellules souches et de son application.
Premièrement, reconnaître l'importance continue du maintien de l'apport scientifique dans l'établissement des lois et des politiques, afin de favoriser la prise de décisions éclairées; encourager le respect pour la liberté scientifique, tout en veillant à ce que toute limite imposée à la recherche soit justifiée dans une société libre et démocratique; et promouvoir l'utilisation de principes clairs et transparents dans les cadres de réglementation, qui devraient être harmonisés pour la totalité des instruments réglementaires, et par rapport auxquels pourront être évalués les nouveaux développements dans le domaine de la recherche.
Nous vivons donc des temps très excitants. Il y a des défis, et je pense que les chercheurs, les organes de réglementation, les éthiciens, et les cliniciens doivent travailler ensemble.
Merci.
Je remercie la présidente de cette invitation qui nous a été faite de témoigner devant le comité.
Mon groupe représente CancerCare Manitoba, une agence provinciale engagée dans la lutte contre le cancer, et le programme de médecine régénérative de l'Université du Manitoba.
Étant donné que je suis le quatrième intervenant, vous me pardonnerez si je répète certaines des observations qui ont déjà été faites, mais mes propos souligneront à nouveau l'unité de sentiment qui nous anime, et j'espère que cela vous donnera une idée de la nécessité d'un développement pancanadien d'infrastructure et d'expertise.
Nous allons utiliser la définition des cellules souches de la même manière que l'ont fait les autres chercheurs ici, et ne mettrons pas l'accent sur les cellules souches hématopoïétiques.
L'Université du Manitoba et CancerCare Manitoba ont, aux côtés de partenaires locaux, provinciaux et fédéraux, identifié les cellules souches comme étant une priorité stratégique en matière de recherche. En conséquence, l'université a créé un programme spécialisé en médecine régénérative, nommant à sa tête le Dr Geoff Hicks. De nombreuses sources ont été mobilisées à l'échelle régionale aux fins de cet effort, mais je me rends bien compte que, dans le contexte dont nous parlons, et je songe par exemple à l'investissement consenti par la Californie, ce doit sembler bien limité. Pour nous, il s'agit d'un effort considérable incluant des nouveaux espaces de laboratoire de près de 25 000 pieds carrés, six postes de membre du corps professoral menant à la permanence, dont deux sont des chaires de recherche canadiennes, et d'importants équipements d'infrastructure, dont des installations pour la cytométrie de flux et de culture de cellules souches, ainsi qu'un accès aux plates-formes transgéniques, génomiques, protéomiques et bioinformatiques de la faculté de médecine.
La vision, comme nous l'avons entendu dire, est de poursuivre des découvertes en biologie des cellules souches, et de faciliter leur transposition en milieu clinique. Le programme est bien aligné sur les principaux pôles de recherche de notre institution, visant les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies neurodégénératives, etc.
Permettez que je souligne que cet appui au niveau de l'infrastructure est survenu à un moment qui était caractérisé par de nouvelles ressources limitées, ce qui reflète la priorité stratégique qui y ont accordé nos organisations. Comme nous l'avons entendu dire, nous en sommes arrivés à une étape qui pourrait changer radicalement la façon dont nous traitons tout un éventail de maladies, y compris le cancer, dont nous pensons, pour nombre des affections malignes que nous traitons, qu'il est le fait de cellules souches cancéreuses. Cependant, toutes les parties du corps dépendent d'une forme ou d'une autre d'auto-renouvellement, et les cellules souches sont au coeur de ce processus.
Comme nous l'avons entendu, nous sommes au seuil d'une reconfiguration de la façon dont nous gérons un vaste éventail de maladies graves et chroniques: anomalies du développement, cardiopathies congénitales, lésions de la moelle épinière, et toutes les autres maladies dont nous avons entendu parler.
Je suis ravi que nous fassions partie de ce réseau de recherche sur les cellules souches, à l'intérieur duquel le Canada est au premier plan. Mais, comme nous l'avons entendu dire, il nous faut maintenir cette impulsion en développant de la capacité à l'échelle du pays. Il importe d'appuyer le secteur privé, pour que ces découvertes soient livrées au marché et pour créer les emplois hautement spécialisés dont nous avons entendu parler.
Mais les temps changent, et les attentes des Canadiens à l'égard du système de soins de santé évoluent très rapidement. Nous en avons vu des manifestations, certaines familles, aux prises avec les effets dévastateurs de traumatisme crânien à la naissance, de dégradation fonctionnelle dégénérative du fait de la maladie d'Alzheimer, de sclérose en plaques et ainsi de suite, envisageant toutes ces affections comme étant possiblement soignables avec des thérapies à base de cellules souches, et les patients cherchant désespérément de nouveaux traitements. En conséquence, les Canadiens sont de plus en plus nombreux à chercher à se faire soigner dans le cadre de ce que l'on appelle le tourisme médical, ou alors chercheront à obtenir de tels traitements à l'étranger à l'avenir si nous ne prenons pas des mesures pour développer cette capacité d'offrir ces thérapies à l'échelle du pays.
Il nous faut l'infrastructure dont nous avons entendu parler, y compris les organes de réglementation, de manière à être en mesure de transposer rapidement ces technologies en milieu clinique.
Nous croyons que ces thérapies déclencheront des crises personnelles, financières, médicales et gouvernementales si nous n'allons pas de l'avant avec un programme et un cadre transparents et exhaustifs pour faire déboucher ces études dans la pratique clinique. Cela va nécessiter l'appui de la recherche fondamentale et translationnelle à l'échelle du spectre canadien des soins des santé.
Il nous faut être prêts à faire rapidement progresser ces technologies à travers des essais cliniques bien conçus, englobant toutes les phases du traitement et du développement, incluant non seulement les essais initiaux axés sur la preuve de l'innocuité et de l'efficacité, mais également des essais multicentres, conçus en vue de répondre aux besoins de nouveaux traitements et pour améliorer les résultats et remplacer les traitements standards.
Il nous faut être prêts à assurer différemment la surveillance, face aux effets secondaires imprévus pouvant survenir des années plus tard. En cours de route, il y aura des observations qui devront être rapportées au laboratoire aux fins d'enquête plus poussée, et il est impératif que nous ayons, à l'échelle du Canada, un solide bassin de chercheurs cliniques.
Il importe qu'il y ait flexibilité sur le plan du financement, pour appuyer des études en laboratoire alimentées par des observations cliniques, et ce en temps opportun. Parallèlement à la recherche fondamentale et à la recherche clinique, il importera que soient lancées de nouvelles initiatives de recherche sur l'éthique, la rentabilité et l'utilité des nouveaux traitements.
Nous savons que les essais cliniques coûtent cher et sont difficiles à monter au niveau dont nous discutons ici. C'est ainsi qu'il nous faudra renforcer les réseaux existants, comme par exemple le réseau d'essais cliniques de l'Institut national du cancer, et asseoir cette capacité d'un bout à l'autre du pays, afin d'être en mesure d'appliquer ce que l'on nous annonce comme devant amener un changement de paradigme.
Mme Rossant a parlé des questions liées à la réglementation, alors je ne vais pas en traiter.
Les planificateurs des politiques nationales en matière de soins de santé et les responsables des programmes provinciaux de soins de santé doivent travailler avec les chercheurs pour veiller à ce que soient bien en place les mécanismes de soutien financier et d'infrastructure, pour que ces découvertes soient intégrées aux soins courants. Des installations et des laboratoires spéciaux seront nécessaires.
Notre plus grand défi est véritablement de combler les attentes des Canadiens quant à l'offre de traitement, voire même de remèdes définitifs, pour des maladies aujourd'hui incurables. Je pense qu'il sera absolument essentiel de bâtir une capacité à l'échelle du pays, pour empêcher l'iniquité quant à l'accès à ces nouveaux traitements, novateurs et encourageants.
Merci.
Je pense que l'établissement de la capacité est réellement l'un des aspects les plus essentiels pour faire avancer cette vision. Sur le plan provincial, et, j'imagine, au niveau national, nous avons très bien réussi, avec nos programmes en place, à recruter de merveilleux scientifiques et de merveilleux cliniciens, et je songe, par exemple, au programme de chaires de recherche du Canada.
Les agences de financement et les fondations sont très douées pour ce qui est de la fourniture d'infrastructure, de la construction de choses et de l'achat d'outils. Là où la capacité a vraiment besoin de beaucoup d'appui, c'est au niveau du maintien des possibilités de financement opérationnel de la recherche, assurant la flexibilité nécessaire pour faire progresser certains de ces développements, tant du côté de l'ingénierie que de celui de la fabrication conformément aux BPF.
Surtout — si je vais mettre mon grain de sel dans cette réunion d'aujourd'hui —, je pense que l'on a beaucoup entendu parler du fait que ce sont des Canadiens qui ont découvert les cellules souches. Les Canadiens ont été, et continuent d'être, au premier rang à l'échelle internationale, et pas simplement nationale, dans les domaines de la science, de la biologie et de la recherche sur les cellules souches. Les Canadiens, en tant que peuple, croient au potentiel des cellules souches. Bien sûr, nous croyons tous en l'espoir de leur intégration au milieu clinique et aux soins de santé. Ce qui permettrait réellement de combler le fossé sera la capacité de faire aboutir cette réalisation.
L'un des plus puissants outils pour faire avancer ce dossier, et qui n'a pas encore été mentionné, est la capacité de prendre les chercheurs et de les installer aux côtés de boursiers en clinique et de chercheurs cliniques, afin que les deux volets travaillent plus étroitement ensemble et que cette transposition puisse s'opérer de manière beaucoup plus efficiente.
Voilà deux exemples de façons dont l'appui pourrait directement faciliter et améliorer ce programme.
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Les chercheurs n'aiment pas parler de percées, pour commencer. Il s'agit d'un processus progressif et d'un continuum de recherche, qui commence sur la table du chercheur et qui se termine sur sa table de nuit. Il nous faut un appui à chaque étape du cheminement des découvertes à travers ce pipeline et de leur adoption en vue de changer la pratique clinique.
Je pense qu'il est clair, et la chose est étayée par la preuve, que la médecine régénérative va transformer la pratique de la médecine. Cela s'en vient. Cela va parvenir au niveau clinique par diverses avenues et pour différentes maladies. Mais nous allons faire la transition des pratiques actuelles à des pratiques dans le cadre desquelles nous harnacherons la puissance des cellules souches en utilisant des médicaments, en utilisant des cellules, en utilisant tous les outils à notre disposition pour réparer les tissus grâce à des mécanismes de régénération.
Je pense que nous avons déjà aujourd'hui fourni cinq ou six exemples, et je suis certain que nous pourrons répondre à encore d'autres questions avec des exemples plus précis. L'essai par Geron vient tout juste de commencer. C'est le premier exemple de cellules souches embryonnaires humaines utilisées dans un contexte clinique. C'est le premier essai du genre au monde, et il a commencé il y a de cela quelques semaines.
Nous sommes au courant de 50 essais qui vont être menés au Canada au cours des trois à quatre prochaines années, en utilisant des approches axées sur des cellules, allant de l'essai de Duncan Stewart, dans le cadre duquel des progéniteurs endothéliaux de phase précoce vont être génétiquement modifiés, de manière transitoire, pour promouvoir la croissance de vaisseaux sanguins pour le traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire, qui provoque la chute des vaisseaux sanguins du poumon, des alvéoles — mon explication est un peu trop technique, et je m'en excuse — , jusqu'au traitement de patients ayant souffert de crise cardiaque.
L'on est en train de planifier des essais de manière à étirer chimiquement les cellules de sang de cordon ombilical de manière à pouvoir utiliser une greffe par patient, ou à procéder plus tôt à la greffe. La science avance, et ces essais devraient être lancés très bientôt, et ainsi de suite. Nous sommes également des chefs de file en ce qui concerne les cellules souches cancéreuses. C'est encore une fois un Canadien qui a découvert les cellules souches cancéreuses, les cellules enclencheuses de tumeurs, et nous sommes les premiers à utiliser des médicaments, en milieu clinique, pour les attaquer. C'est parfaitement remarquable.