:
Madame la présidente, merci beaucoup.
Mesdames et messieurs les membre du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH.
En tant que sous-ministre adjoint de la Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses au sein de l'Agence de la santé publique du Canada, je suis responsable de l’élaboration et de la mise en oeuvre des stratégies nationales de santé publique visant à aborder un éventail de maladies infectieuses, notamment l’influenza, pandémique ou autre, l’hépatite, la tuberculose et le VIH-sida.
Grâce aux partenariats avec les organisations nationales et internationales des milieux scientifique, communautaire et de la santé publique, l'Agence de la santé publique du Canada tient un rôle de leader dans la mobilisation d'une intervention exhaustive en matière de VIH-sida. Cette intervention comprend la recherche, la surveillance et l’épidémiologie, un large spectre, comprenant l’établissement de nouvelles technologies de prévention, plus particulièrement un vaccin contre le VIH.
[Français]
En février 2007, le premier ministre et M. Bill Gates ont annoncé une collaboration entre le gouvernement du Canada et la Fondation Bill et Melinda Gates.
[Traduction]
L'objectif principal de cette collaboration était d'aider à accélérer le développement mondial d'un vaccin contre le VIH, ce qui constitue notre plus grand espoir en vue de mettre un terme à la pandémie de VIH-sida à l’échelle mondiale. Le gouvernement du Canada a investi 111 millions de dollars et la Fondation Gates, 28 millions, pour appuyer cette collaboration.
En vue d'atteindre cet objectif important, le gouvernement du Canada a mis sur pied en 2007 l’Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, qui rassemble cinq ministères et organismes fédéraux: l'Agence canadienne de développement international, l'Agence de la santé publique du Canada, Industrie Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et Santé Canada. Ces ministères et organismes partagent un même engagement qui est de placer le Canada au premier plan des efforts de mise au point de ce vaccin contre le VIH.
L'agence veille à assurer un effort concerté au sein des ministères et accueille actuellement le secrétariat de l’initiative. J'aimerais souligner que je suis accompagné aujourd'hui de M. Steven Sternthal, qui est le directeur du Bureau de vaccin contre le VIH de l'agence et le responsable du secrétariat de l’initiative.
[Français]
L'initiative s'harmonise aux priorités établies par l'Entreprise mondiale pour un vaccin contre le VIH en 2005.
[Traduction]
Le plan scientifique mondial de l'entreprise a été élaboré à la suite de consultations mondiales qui ont permis de cerner les principaux obstacles auxquels sont confrontés les chercheurs dans leur quête d'un vaccin contre le VIH. De façon particulière, l’initiative met l’accent sur quatre domaines de programme clés.
Le premier domaine de programme est celui de la découverte et de la recherche sociale, qui permet de financer la découverte d'un vaccin contre le VIH et la recherche sociale; de renforcer la recherche et les capacités au Canada et dans les pays à faible et à moyen revenus; de financer 13 projets de découverte et de recherche sociale relatifs au vaccin contre le VIH qui sont déjà en place et qui représentent un investissement de près de trois millions de dollars. À titre d'exemple, et c'est un exemple intéressant, l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill reçoit 440 000 $ pour mieux comprendre les caractéristiques spéciales des cellules immunitaires des personnes qui sont exposées au VIH sans jamais être infectées. D'autres possibilités de financement de la recherche sont actuellement financées par le truchement de ce programme.
Le deuxième domaine de programme est celui des réseaux et du renforcement de la capacité de faire des essais cliniques, par l’entremise duquel un soutien est offert aux chercheurs et aux établissements de recherche, en particulier dans les pays à faible et à moyen revenus, afin qu'ils puissent renforcer leur capacité de soumettre à des essais cliniques de grande qualité des vaccins contre le VIH et d'autres technologies de prévention connexes. Un appel de demandes pour des projets de réseaux et de renforcement de la capacité de faire des essais cliniques en Afrique est actuellement en cours. Les résultats de ces essais devraient être connus en 2010.
Le troisième domaine de programme est celui des questions d'ordre politique et réglementaire et des aspects communautaire et social, par l'entremise duquel un financement est octroyé en vue de renforcer les politiques en matière de vaccins qui favorisent un accès mondial aux vaccins contre le VIH; les voies et les procédés réglementaires touchant les vaccins dans les pays à faible et à moyen revenus peuvent être améliorés grâce à des initiatives de renforcement des capacités; la participation de la collectivité à la recherche et au développement, aux essais cliniques et aux activités de sensibilisation et d'éducation du public sur le VIH peut être encouragée.
À l'heure actuelle, deux projets d'initiatives communautaires pour un vaccin contre le VIH sont en cours, et deux initiatives internationales ont été achevées, pour un total de plus de 500 000 $. Par exemple, la Société canadienne du sida reçoit 268 000 $ en vertu de ce programme. De plus, simplement pour le signaler, 760 000 $ ont été octroyés afin de soutenir le renouvellement du plan stratégique scientifique mondial de l'Entreprise mondiale pour un vaccin contre le VIH et deux millions de dollars supplémentaires sont octroyés à l'Organisation mondiale de la Santé pour accroître la capacité des organismes de réglementation de l'Afrique.
J'aimerais maintenant attirer votre attention sur le projet de construction d'une installation de fabrication de vaccins contre le VIH prévu dans le cadre de l'initiative. Le lancement de ce projet visait surtout à combler une pénurie mondiale d'installations de fabrication à l'échelle préindustrielle de vaccins contre le VIH relevée par l'Entreprise mondiale pour un vaccin contre le VIH en 2005. Compte tenu de l'importance de remédier à cette lacune mondiale à l'époque, la construction d'une installation est devenue une priorité essentielle de l'initiative. À la fin de 2007, le gouvernement du Canada et la Fondation Bill et Melinda Gates ont organisé des consultations auprès d'experts afin de déterminer quel processus conviendrait le mieux pour construire une installation au Canada. Sur la base de ces consultations, un appel de lettres d'intention a été fait en avril 2008 afin de susciter l'intérêt d'organisations sans but lucratif et de partenaires possibles. Au cours des consultations, il a été décidé qu'il faut au moins deux mois pour préparer une lettre d'intention et qu'il faut compter de quatre à cinq mois de plus pour rédiger une demande détaillée. Ces lettres d'intention ont été reçues en juin 2008 et ont fait l'objet d'un examen rigoureux. A la suite de cet examen, le gouvernement du Canada et la Fondation Bill et Melinda Gates ont décidé que quatre demandeurs seraient invités à préparer une demande détaillée. Cela a été annoncé en novembre 2008 et ces demandes ont été reçues en mars 2009.
Je crois comprendre que des membres du comité aient eu plusieurs questions concernant le processus d'examen des demandes ainsi que les éléments ayant mené à la décision de mettre un terme au projet. J'aimerais donc profiter de l'occasion pour clarifier certains points importants.
Comme l'a souligné le Dr Butler-Jones au cours de sa comparution devant le comité les 16 et 18 mars 2010, un processus d'examen approfondi et exhaustif a été instauré pour évaluer chaque demande. D'éminents experts internationaux ont été sollicités afin d'aider à juger du mérite scientifique de chacune d'elles. En passant, ces personnes étaient hautement qualifiées dans les domaines de la recherche d'un vaccin contre le VIH; de la construction et de l'exploitation d'une installation; de la gouvernance et de la gestion financière.
En outre, les représentants du gouvernement du Canada et de la Fondation Gates ont également fait preuve de diligence raisonnable en se concentrant sur deux secteurs clés, soit l'optimisation des ressources et les risques pour les demandeurs, afin d'assurer la durabilité et la faisabilité des propositions. Le processus d'examen a permis de conclure que les quatre demandes présentaient des forces, mais globalement, l'examen a permis d'établir qu'aucune n'a satisfait à tous les critères préétablis. Afin de s'assurer que des demandes complètes et exhaustives soient présentées et examinées, le gouvernement du Canada a clairement indiqué dans l’invitation à présenter une demande quels étaient les critères obligatoires énoncés dans les dispositions de l'accord de contribution.
[Français]
J'aimerais faire valoir que les demandeurs ont été mis au courant des critères d'évaluation au début du processus.
[Traduction]
Dans le cadre d'un processus distinct, la Fondation Bill et Melinda Gates a commandé une étude pour analyser la capacité actuelle de fabrication d'un vaccin contre le VIH en Amérique du Nord et en Europe. Selon les conclusions de cette étude, commandée par la Fondation Gates, cette capacité suffit, actuellement, pour soutenir la demande prévue relativement à la fabrication à l’échelle préindustrielle de vaccins candidats contre le VIH. Nous avons été en mesure de consulter cette étude à la fin de juillet 2009.
Étant donne qu'il s'agissait d'un projet coûteux — dont la valeur pouvait atteindre 88 millions de dollars —, nous avions le devoir d'en vérifier la rentabilité pour les contribuables canadiens. Ce n'est qu'après avoir soigneusement réfléchi et longuement discuté que le gouvernement du Canada et la Fondation Gates ont décidé de ne pas aller de l'avant avec l'installation de fabrication de vaccins.
Je rappelle que le Dr Butler-Jones avait alors déclaré qu'au bout du compte, cette décision, qui n'était pas une décision facile, reposait uniquement sur des considérations d'ordre scientifique et technique.
Même si le projet d'une installation prend fin, la collaboration avec la Fondation Gates a entraîné d'importants bénéfices. En effet, grâce à elle, le gouvernement du Canada a pu miser sur l'excellence scientifique de la Fondation, ainsi que sur son expérience et ses relations partout dans le monde.
[Français]
Cette collaboration nous a entre autres permis de renforcer encore plus notre solide fondement en matière de science biomédicale, d'innovation technologique et de recherche de vaccins.
[Traduction]
Tourné vers l'avenir, le gouvernement canadien maintient son engagement à lutter contre le VIH et le sida. En guise d'appui, le gouvernement et la Fondation Gates poursuivront leur collaboration et tous deux ont réitéré leur engagement à appuyer financièrement la prévention du VIH.
En résumé, les deux parties demeurent déterminées à accélérer la mise au point d'un vaccin sûr, efficace, abordable et accessible contre le VIH comme priorité essentielle du gouvernement du Canada et de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Merci beaucoup.
:
Je m'appelle Bill Cameron. Je suis professeur de médecine à l'Université d'Ottawa, à l'Hôpital d'Ottawa, et je parle à titre de président de l'Association canadienne de recherche sur le VIH, qui est une importante organisation professionnelle et universitaire dans la proposition qui a été si joliment décrite, ne serait-ce que le processus de sa création et de sa déconstruction.
De nos jours, le développement d'un vaccin est un processus complexe et hautement réglementé. J'ai moi-même des antécédents professionnels en matière de développement de vaccins dans le domaine préclinique, où, dans des modèles animaux d'infection, je peux conférer à un lapin une très bonne protection contre une maladie infectieuse — donc, d'aucun intérêt pour les lapins, uniquement pour les humains. Je ne peux, à titre d'universitaire et de spécialiste en recherche clinique, transposer ce travail chez les êtres humains sans les bonnes pratiques de laboratoire nécessaires. Amener un vaccin candidat ou un produit vaccinogène dans des essais cliniques chez les humains est en grande partie un processus documentaire en vue de l'approbation réglementaire.
Cela ne se fera pas au cours de notre vie. Il n'y a pas de modèle économique qui justifie une telle chose — c'est simplement la bonne chose à faire. Et cela n'arrivera pas parce que nos structures organisationnelles, nos industries et notre secteur privé n'ont pas le modèle d'entreprise pour faire de cela un exercice rentable. Oubliez la propriété intellectuelle, c'est le coût du processus pour amener un produit vaccinogène dans des essais chez les humains. Ce n'est pas l'industrie qui relèvera ce défi. Si c'est dans l'intérêt public, nous allons avoir besoin de fonds publics pour aller de l'avant. Les fonds privés ne le feront pas.
Alors, si ce n'est pas notre pays par le biais de notre gouvernement qui le fait, alors, qui le fera? Nous pouvons aller demander la charité ou nous pouvons demander à notre gouvernement de créer cette occasion. Je dirais que du point de vue scientifique et technique, nous sommes au bord d'un âge d'or dans le domaine des maladies infectieuses et des vaccins préventifs, pour la santé publique, comme nous n'en avons jamais connu auparavant. Nous avons, en même temps, élaboré un processus extrêmement complexe, hautement réglementé et coûteux pour le faire, à tel point qu'il faudra 100 millions de dollars pour amener un vaccin candidat jusqu'au point où il obtiendra l'autorisation réglementaire. Si cela ne se fait pas par l'intermédiaire de l'industrie, alors, il faut que cela se fasse par l'intermédiaire du secteur public, d'une manière quelconque.
Cela explique pourquoi, à titre de chercheurs universitaires et professionnels ou scientifiques dans le domaine du développement de vaccins, nous sommes si malheureux de la décision. Nous ne remettons pas en question le processus. Il y avait des critères...
:
Évidemment, j'ai beaucoup aimé l'exposé du Dr Engelhardt. Je m'excuse, madame la présidente.
Je comprends ces difficultés; alors, j'ai sondé les poids lourds au sein de l'Association canadienne de recherche sur le VIH, et nous avons une déclaration de consensus à présenter.
La capacité de production industrielle de vaccins est une ressource utile pour les besoins industriels des entreprises. Par ailleurs, si l'on veut servir l'intérêt public, un financement public et l'accessibilité à des installations de production qui respectent la bonne pratique de laboratoire sont nécessaires pour la recherche sur les vaccins menée à l'instigation des chercheurs. Ces besoins ne seront pas comblés par les intérêts industriels et privés; ils doivent être comblés par des intérêts publics si nous voulons répondre aux besoins du public.
Il y a 20 ans, le Conseil de recherches médicales du Canada a dit aux spécialistes de la recherche clinique de frapper à la porte de l'industrie, que le CRM n'avait pas les fonds pour appuyer les recherches cliniques; ces dernières étaient effectuées par l'industrie. Nous avons très rapidement compris que l'industrie ne sert pas l'intérêt public ou l'intérêt des universitaires en recherche clinique. Elle fabrique des pilules à vendre.
Les IRSC, la réincarnation du Conseil de recherches médicales, ont depuis ce temps appris à financer à même les fonds publics des essais contrôlés randomisés — des essais cliniques —. Nous avons créé un réseau canadien d'essais cliniques sur le VIH très productif pour réaliser des essais cliniques menés par des chercheurs, qui sont réalisés de manière à répondre aux besoins de soins de santé en gestion, et non pas uniquement en nouveaux médicaments, pour des essais cliniques sur le VIH. Il s'agissait d'une étape nécessaire et utile. Elle est venue du secteur public. Elle n'est pas venue de l'industrie.
On peut maintenant dire la même chose de la recherche sur les vaccins. Si nous voulons avoir la capacité nécessaire pour faire en sorte que les découvertes et les inventions des chercheurs dans nos universités passent du lapin aux êtres humains sous une bonne surveillance réglementaire, nous avons besoin de fonds publics pour appuyer des installations respectant la bonne pratique de laboratoire pour la production de vaccins candidats qui conviennent aux essais cliniques chez les humains. C'est une exigence. Et cela ne viendra pas de l'industrie.
Lorsque cette étude vient démontrer que la capacité de produire des vaccins candidats qui pourraient être proposés par l'industrie est comblée par l'industrie, cette même capacité ne s'applique pas à la créativité et aux découvertes qui viennent des initiatives universitaires et scientifiques dans nos universités. Il s'agit d'un grand potentiel de contribution. Ce potentiel de découverte est supérieur à celui de l'industrie dans ce sens qu'il est plus diversifié et qu'on prend plus de risques.
Nous n'avons pas le vaccin candidat contre le VIH à l'heure actuelle. Nous devons le découvrir et il sera découvert dans des essais cliniques chez les humains. À l'heure actuelle, nous en avons quelques-uns en cours, mais ils sont énormes. Ils coûtent des centaines de millions de dollars et ils sont réalisés en fonction du programme de l'industrie. Si nous voulons des découvertes et si nous voulons harnacher la capacité de nos universités, nous allons devoir fournir un peu de la capacité industrielle à ces chercheurs — pas par l'intermédiaire de l'industrie; cela ne fonctionne pas ainsi. Cela doit être fourni par le secteur public.
Merci.
:
Bonjour. Je m'appelle Don Gerson et je suis dans le domaine de la fabrication de vaccins depuis au moins 25 ans. Plus de 3,5 milliards de doses de vaccins ont été produites sous ma direction, dont certaines au Canada quand j'étais directeur de la fabrication aux Laboratoires Connaught, et d'autres ailleurs dans le monde, par d'autres compagnies.
Ce qu'il est important de savoir, à mon avis, outre ce que vient de dire le Dr Cameron, c'est qu'en ce moment même, le VIH continue de se répandre. Il se propage rapidement: en Amérique du Nord, il infecte neuf ou dix personnes chaque jour. Les statistiques démographiques sont, dirais-je, universelles et généralisées. Le virus ne fait pas de distinction entre un endroit et un autre, une personne ou une autre. Tous ceux qui attrapent le VIH en meurent. Nous n'avons pas eu beaucoup d'épidémies de cette nature, à part peut-être l'épidémie de tuberculose. Il faut enrayer cette épidémie, sinon elle nous tuera tous. C'est la simple réalité.
J'aimerais un peu parler du problème que cette installation était censée régler. Une chose importante, je pense, qu'il est difficile de comprendre, à moins de l'avoir vécue — ce qui est mon cas, depuis très longtemps —, c'est la minutie qui caractérise les installations et les procédures nécessaires à la fabrication d'un vaccin destiné à être injecté à des êtres humains.
On injecte une petite quantité de liquide à quelqu'un, mais on ne peut plus l'en retirer. Il doit être produit avec le souci du moindre détail. L'installation doit respecter non seulement les exigences du gouvernement, mais aussi celles de l'industrie et les exigences d'ordre pratique, pour qu'il ne s'y trouve rien qui ne devrait pas y être: pas une particule d'un demi-micron de diamètre, pas d'autres virus ou organismes vivants, pas de produits chimiques qui n'y ont pas leur place. Cela représente une quantité phénoménale de travail, qui ne peut se faire dans un laboratoire universitaire. La vocation des laboratoires universitaires, c'est la découverte.
Ce n'est même pas possible — j'ajouterai un élément — dans une installation qui a de bonnes pratiques de laboratoire. C'est bien, mais pas assez. Ce qu'il faut, c'est une installation où tout est non seulement propre, mais dont la propreté est prouvée, où chaque produit chimique n'est pas seulement un produit chimique, mais il est démontré que c'est exactement le produit chimique qu'il faut. C'est difficile, et il est aussi très difficile de passer du travail en laboratoire, d'abord, à la production à plus grande échelle de quelques milliers de doses en vue d'un essai clinique et, ensuite, à la production de millions ou de milliards de doses d'un vaccin destiné aux humains.
C'est particulièrement le cas des vaccins contre le VIH — j'ai travaillé sur un grand nombre d'entre eux, une douzaine environ, dans diverses organisations, et j'en ai vu plusieurs échouer à cause du manquement aux règles de bonnes pratiques de fabrication. C'est d'ailleurs ce qui est à l'origine de la présente démarche. J'ai produit vers 2003 un volumineux rapport pour l'Initiative internationale pour un vaccin contre le sida, dont les représentants sont allés voir la Fondation Gates pour lui dire avoir parcouru le monde en quête d'installations de ce genre et avoir éprouvé d'énormes difficultés à en trouver qui satisfont aux exigences. Ils ont aussi dit avoir vu plusieurs vaccins échouer à cause de ce que d'aucuns pourraient considérer comme des occurrences mineures de contamination ou d'insuffisance de documentation, mais qui rendent complètement inutiles les résultats de l'essai clinique.
L'essai clinique vient après une démarche qui a déjà coûté 100, 200, 300 ou 400 millions de dollars. De fait, pour le vaccin définitif — le dernier vaccin que j'ai produit aux États-Unis était pour la variole, après les événements du 11 septembre — nous avons créé un nouveau processus pour le vaccin: un vaccin tout à fait nouveau, 300 millions de doses, 800 millions de dollars.
Le vaccin précédent était pour la pneumonie infantile. Il a pris 10 ans. J'en ai assumé la direction les cinq dernières années, et il a coûté près d'un milliard de dollars avant que soit produite la première dose de vaccin commercial. Il a fini par être rentable, mais il faut s'accrocher. Des matériaux cliniques de piètre qualité peuvent causer la perte de l'intégralité de l'investissement. C'était cela, l'objet de l'installation.
J'aimerais aussi aborder un autre sujet. Au nombre des commentaires qui ont été faits sur le motif de l'annulation du projet, on a dit qu'aucune des installations n'était économiquement durable. Je ne suis absolument pas d'accord. Tout d'abord, bien que le rapport d'Oliver Wyman, que vous venez de voir, dise qu'il existe plein de ces installations, il dit aussi à la première page ne pas avoir tenu compte de la qualité, soit de tout ce dont je viens de vous parler.
Ensuite, l'idée qu'une installation clinique exploitée comme une société de fabrication en sous-traitance ne puisse pas faire d'argent et être autosuffisante ne peut venir, je pense, que de quelqu'un qui n'a jamais réalisé rien de tel. Moi je l'ai fait, bien des fois. J'ai créé l'usine pilote de biotechnologie de l'Alberta Research Council, où bien des millions de dollars ont été investis et qui réalisait des profits sous ma direction pendant les années 1980. J'ai réalisé ce genre de projets à maintes reprises, et d'autres aussi l'ont fait. Il est possible de faire d'excellents bénéfices. Depuis quatre ans, juste avant de revenir au Canada, j'ai mis sur pied une société de fabrication en sous-traitance en Corée. Nous avons investi 250 millions de dollars dans une installation de 50 000 litres pour fabriquer des anticorps monoclonaux. Nous sommes partis de rien. Nous avons entrepris ce projet dans un pays qui n'avait pour ainsi dire aucune industrie du genre, et l'installation est devenue rentable. La compagnie dans laquelle on a investi 250 millions de dollars en vaut maintenant 1,4 milliard. Elle emploie 300 ou 400 personnes, et elle poursuit ses activités. Alors, que ce soit un petit ou un grand projet, c'est possible.
La théorie voulant ce n'est pas rentable émane soit de quelqu'un qui ne sait pas comment faire, soit de quelqu'un qui ne veut pas le faire à cause de la concurrence. C'est une autre réalité du monde des affaires. Je pense qu'il est important de dire, toutefois, que le processus appliqué pour l'évaluation, le format employé ou la démarche appliquée étaient valables. Le problème n'était pas là. Le tout a été un peu lent à mon goût, mais peut-être ne suis-je pas habitué au gouvernement. Ce n'est pas là qu'était la faille. Une décision a été prise qui a privé le Canada d'une importante installation qui aurait pu être un germe du développement économique, qui aurait pu être une source de vaccins expérimentaux, qui aurait pu bénéficier de l'expertise canadienne dans le domaine pour créer le vaccin contre le VIH, un vaccin qui revêt une importance primordiale non seulement pour le Canada et un énorme investissement au Canada dans les maladies infectieuses, mais aussi pour enrayer une épidémie susceptible de tuer tous les habitants de la planète.
Je vous remercie.
:
J'ai entendu les propos du témoin qui m'a précédé. Je suis parti pour la Floride il y a environ un an. Au début, j'étais très impliqué en qualité de directeur scientifique du réseau des vaccins du Canada, qui était financé par les Réseaux de centres d'excellence du Canada pour favoriser la collaboration potentielle avec la Fondation Gates. À un moment donné, en octobre 2003, le Dr Plummer, le Dr Singh, qui à l'époque était le directeur de l'Institut des maladies infectieuses immunitaires des IRSC, et moi-même sommes allés rencontrer la Fondation Gates pour discuter de la possibilité de créer un centre conjoint entre la Fondation Gates et le Canada pour la mise au point d'un vaccin contre le VIH. C'est ainsi que tout a commencé.
Le gouvernement canadien de l'époque a très bien réagi. Une entente a été signée en 2007 entre le premier ministre et Bill Gates relativement à cette méga-collaboration.
J'ai largement participé à la formulation du plan stratégique du Groupement mondial pour le vaccin contre le VIH. C'est un réseau d'institutions indépendantes, dont les IRSC. Toutes ces institutions se concentrent sur la mise au point d'un vaccin contre le VIH. Chacune apporte son expertise et sa contribution à la création d'un vaccin contre le VIH. Le travail préclinique peut se faire quelque part aux États-Unis, par exemple. Dans ce groupement mondial pour la mise au point d'un vaccin contre le VIH, tout le monde apporte une contribution.
En raison d'une insuffisance flagrante de la production de vaccins par lots, nous avons pensé au Canada, précisément parce que des compagnies comme GSK et Sanofi Pasteur y avaient des usines de production de vaccins. Nous avons pensé que ce serait une contribution très importante du Canada. Sanofi Pasteur a d'ailleurs beaucoup contribué à ces discussions. Au bout du compte, ils se sont retirés du projet, mais nous avons tout de même réussi à formuler quatre très importantes propositions qui ont été fort bien accueillies. Elles mettaient en valeur le savoir-faire du Canada en matière de mise au point de vaccins, de la recherche fondamentale jusqu'à la production clinique en passant par la phase préclinique de mise au point. Je pense que la création de cette usine pilote de production de vaccins par lots sera un catalyseur et stimulera l'expertise canadienne, l'augmentera et attirera des chercheurs de haut calibre.
Comme je l'ai dit à la presse quand la décision a été rendue, malheureusement, cela a été une occasion ratée. Tout le processus a pris près de deux ans, des gens ont investi énormément de temps et d'efforts pour présenter des propositions hautement crédibles, mais au bout du compte, tout a tombé à l'eau pour des raisons que j'essaie encore de saisir.
C'est une occasion ratée, et pas seulement parce que je pense que le Canada doit contribuer à la mise au point du vaccin contre le VIH. Vous êtes tous au courant des ravages qu'a faits la grippe porcine depuis un an. Quand nous envisagions de créer une usine de production de vaccins, il était très clair que l'accent serait mis sur le VIH, mais l'usine de vaccins allait aussi être disponible pour les nouvelles épidémies.
Quand nous en parlions, c'était en rapport avec des évènements biologiques. Il se disait tellement de choses au sujet du charbon bactéridien et des oxydes de phosphore que nous nous sommes tous entendus sur le fait que l'installation serait aussi disponible au cas où le Canada devrait faire face à ce type d'épidémie. Vous savez tous que l'année dernière, nous discutions de la possibilité que vous seriez peut-être frappés par une épidémie de grippe porcine. Nous nous demandions tous avec inquiétude à quel moment le vaccin serait prêt, et nous savons qu'il y a eu des retards dans les essais du vaccin visant à confirmer qu'il était sûr. Une installation comme celle-ci contribuerait certainement à accélérer la création d'un vaccin pour la population canadienne.
En fin de compte, je pense que la décision est discutable à plusieurs égards. Tout d'abord, elle empêche d'assembler un réseau cohésif de scientifiques, de la recherche de base à la mise au point clinique jusqu'aux essais cliniques.
Deuxièmement, je pense comme Don Gerson que le Canada doit contribuer à la mise au point d'un vaccin contre le VIH. J'estime que c'est une obligation morale à l'égard de la communauté mondiale. Nous nous y sommes engagés, et je ne comprends pas pourquoi nous avons fait marche arrière.
Troisièmement, l'existence de cette installation ne contribuerait pas qu'à la mise au point d'un vaccin contre le VIH; elle serait disponible pour n'importe quelle épidémie. C'est donc que le Canada allait être indépendant de GSK ou d'autres compagnies susceptibles de prendre du temps pour mettre au point un vaccin ou de décider de ne pas mettre au point de vaccins contre une maladie particulière. Cette installation allait nous permettre d'être indépendants et de ne pas avoir à laisser d'autres prendre les décisions pour nous.
Ces trois raisons, je le répète, font douter de la validité de la décision. J'aimerais vraiment comprendre ce qui l'a motivée. Je voudrais pouvoir contribuer à n'importe quelle démarche susceptible de mener à l'annulation de la décision ou de convaincre le gouvernement qu'elle doit être changée.
:
Merci, madame la présidente, et merci à tous pour vos exposés.
Je veux commencer par dire au Dr Engelhardt et à M. Sternthal que vous me répétez aujourd'hui essentiellement ce que vous m'avez dit le 19 février, après que j'aie écrit au ministre pour demander des explications concernant cette décision. Je vous avais dit alors que je ne vous croyais pas, comme je ne vous crois pas maintenant.
En fait, il y a tant de contradictions dans les témoignages du Dr Butler-Jones, de la ministre et des vôtres qu'on a de la difficulté à suivre l'évolution du message émanant de votre gouvernement, ce qui nous porte à croire qu'on vous a tous donné un sujet d'entretien et que vous mélangez le tout. Vous n'arrivez pas à en parler de la même façon parce que cela ne s'appuie pas sur la vérité, en fait.
Permettez-moi de souligner quelques-unes des contradictions, puis de demander à Bill Cameron, à M. Gerson et à M. Sekaly de nous expliquer comment il est possible que cela se soit produit, parce que la version officielle n'a aucun sens. J'ai de la difficulté à croire, Steven et Rainer, que vous ne lisez pas les journaux. En fait, en décembre 2009, on a rapporté que l'annulation de l'ensemble du projet était annoncée sur une page Web, et vous dites que vous ne savez pas...
:
Madame la présidente, je dispose de sept minutes, et je vous serais reconnaissante de me laisser poser mes questions. Merci.
Le 19 février, quand je vous ai demandé si une décision avait été prise, vous m'avez dit qu'elle ne l'avait pas été dans le sens traditionnel du terme.
Même avant le 16 mars, j'ai parlé au Dr Butler-Jones, et il ne comprenait même pas que la demande de soumission visait des installations sans but lucratif. Il s'en est seulement rendu compte quand il a témoigné le 18 mars.
Le 16 mars, la ministre a dit qu'aucune décision n'avait été prise. Le Dr Butler-Jones, qui dirige l'Agence de la santé publique du Canada, l'a contredite et a dit que oui, une décision avait été prise, parce qu'en fait il a dit qu'il y avait une hiérarchisation. Une hiérarchisation est une décision.
Aujourd'hui, vous essayez de me dire qu'il y a des questions scientifiques et techniques en jeu, mais personne n'a soulevé de questions de cette nature par le passé, en ce qui concerne les demandes. En fait, l'argument utilisé récemment était celui de la durabilité, ce qui n'a aucun sens puisque cela ne faisait même pas partie du processus d'appel d'offres. Autrement, pourquoi se serait-on donné la peine, dans la soumission du Manitoba, la soumission de Winnipeg, de demander au gouvernement provincial de fournir une garantie de 15 millions de dollars pour assurer la durabilité du centre et des assises solides? Il n'a donc jamais été question de durabilité.
Vous ne nous avez pas fourni un seul argument valable, sauf pour nous faire croire qu'il y a eu une sorte d'interférence politique. Vous essayez de nous faire mordre à l'hameçon et vous échouez lamentablement.
Je veux donc d'abord poser la question suivante à Bill Cameron: vous a-t-on déjà fourni des explications détaillées, sur les plans scientifique et technique, concernant le refus de la soumission de Winnipeg? Dites-nous aussi si la question de la durabilité faisait partie des exigences initiales.
:
Pour nous situer dans le temps, si vous le permettez, j'ai déjà indiqué que l'invitation à soumettre des lettres d'intention avait été affichée en avril 2008.
Le 15 juin, un certain nombre de personnes avaient répondu à l'appel — des demandeurs nous avaient envoyé leur lettre d'intention. Ensuite, au mois de novembre de la même année, on a annoncé à quatre demandeurs que leur lettre d'intention avait suscité beaucoup d'intérêt et qu'ils pouvaient faire une demande en bonne et due forme. Ils ont été invités à soumettre leurs demandes, que nous avons reçues le 25 mars de l'année suivante, soit en 2009.
Par pure coïncidence, en mars 2009, la Fondation Bill et Melinda Gates a fait preuve de diligence raisonnable relativement aux capacités. Cela a vraiment été fait indépendamment de nous, le gouvernement du Canada, à ce moment-là, mais c'est un processus de diligence raisonnable normal, selon moi.
Donc, les demandes ont été reçues et, durant tout le reste de l'année, elles ont été évaluées, comme nous l'avons dit, selon les critères scientifiques et techniques du comité externe. Par la suite, les demandes ont été évaluées au moyen d'examens internes, ce qui avait déjà été mentionné dans les conditions de la demande. Nous avons décidé qu'un examen serait fait par un comité externe — un comité scientifique ou technique — et qu'il y aurait un examen interne sur l'optimisation des ressources et la faisabilité, ainsi que sur les risques pour le gouvernement et, essentiellement, pour les contribuables canadiens.
Comme nous l'avons dit, l'examen externe s'est achevé à la fin de juin. En juillet, il a été essentiellement présenté au gouvernement du Canada, qui a fait de longues évaluations, parcouru la documentation et compilé les informations. Ensuite, en juillet, la Fondation Gates a présenté son étude, l'étude Oliver Wyman, selon laquelle il n'y avait pas de problème de capacité. En fait, cela a rendu notre évaluation de la durabilité plus difficile, car nous faisions dès lors face à un risque additionnel — ce risque, ou peut-être même ce jugement de valeur, posé par le fait qu'il y avait des capacités; était-ce intéressant au point que le Canada utilise ces capacités pour d'autres priorités afin de faire avancer la lutte contre le VIH?
Donc, il a fallu beaucoup de temps pour venir à bout de ce processus interne — il nous a fallu littéralement des mois, comme nous le savons tous je crois, mais le nombre de choses à évaluer, à valider et à parcourir était très élevé.
Ainsi, vers la fin de l'année, il semblait que nous allions dire que la question des capacités était sérieuse. En fait, on en était aux dernières étapes, celles d'évaluer la décision à divulguer publiquement, de donner aux demandeurs des renseignements sur leur seule demande par rapport à tous ses critères, y compris l'optimisation des ressources et la durabilité, et ensuite de leur annoncer qu'ils auraient au bout du compte à faire cela et qu'ils voulaient le faire, mais que la proposition d'installation, cette composante, n'était plus pertinente au Canada.
C'est vraiment la question valable que nous examinons présentement: comment utiliser efficacement l'argent qui avait été prévu précédemment pour une installation, comme nous l'avons dit, pour quelque chose de plus avantageux?
Je dois tout d'abord répéter en quoi a consisté le processus. Nous partions avec le jugement de valeur selon lequel aller de l'avant avec le projet d'installation ne serait pas aussi avantageux pour faire avancer la lutte contre le VIH que répondre à d'autres besoins. Lorsqu'on examine la question maintenant, les autres besoins vont en fait des lacunes dans les renseignements scientifiques nécessaires au développement d'un nouveau vaccin aux failles pour ce qui est de soumettre le vaccin au processus clinique, non seulement dans les centres d'essais cliniques accessibles au Canada, mais également aux processus cliniques dans des pays où il nous faut avoir un effet positif, par exemple, ceux de l'Afrique de l'Ouest — on me demandera peut-être de justifier le choix de l'Afrique — au point de donner certaines garanties que les vaccins peuvent être offerts dans les régions cibles. Ces régions peuvent être au Canada ou à l'étranger.
C'est un très grand projet. Des dizaines de centaines de millions de dollars sont investis dans le monde pour faire progresser le dossier du VIH. Nous, les Canadiens, avec la participation de la Fondation Gates, devons choisir où nous pouvons tirer le plus d'avantages de nos investissements.
Pour terminer brièvement, nous n'agissions pas seuls dans ce dossier. Nous collaborons avec la Fondation Gates. Même si la Fondation Gates investit moins d'argent que nous, son influence sur la communauté mondiale qui travaille au développement d'un vaccin contre le VIH est phénoménale.
Nous n'avons pas parlé beaucoup de la Fondation Gates, et je suis limité dans ce que je peux dire parce que, d'une manière, c'est de deuxième main. Ce que j'ai remarqué en travaillant avec la fondation, c'est que ces gens sont très axés sur la science et fondent leurs décisions sur les preuves scientifiques. Ils sont aussi très stratégiques dans le développement de leur programme, qui est axé sur les besoins, le VIH dans le cas présent, normalement en Afrique plutôt qu'au Canada. Toutefois, ils sont de plus très impressionnés par les capacités du Canada ou, comme mes estimés collègues l'ont dit, par ce qu'il a accompli dans le passé en matière de développement de connaissances extrêmement précieuses quant à la production d'un vaccin contre le VIH et à la définition générale de la maladie elle-même.
Une association s'est établie entre notre capacité au Canada et le fait même que nous avons des problèmes précis sur les plans médical et social quant aux cas de VIH-sida au Canada dans divers segments de la population. Nous pensons donc que tout ce que nous faisons en collaboration avec la Fondation Gates sera aussi bénéfique pour les structures sociales et médicales du Canada.
Quelqu'un a dit que la Fondation Gates est stratégique en elle-même, qu'elle développe un vaste plan stratégique pour que la mise en place d'un vaccin puisse aider à enrayer le VIH dans le monde. Personne autour de cette table n'a signalé que la Fondation Gates avait soutenu l'essai d'un vaccin à un stade précoce, en Thaïlande, qui, pour la toute première fois, démontrait une certaine efficacité. La perspective d'une solution nous a énormément stimulés. Il s'agit de la première vraie indication. Cela exerce en fait une pression de plus dans le débat. On nous promet qu'un vaccin s'en vient, développé par l'entremise de la Fondation Gates. Les essais sur les humains ont démontré un faible niveau d'efficacité, pas un niveau que l'on qualifierait encore d'idéal, mais au moins la solution semble poindre à l'horizon.
La fondation a choisi cette vision d'ensemble de l'enjeu. Honnêtement, le Canada est un petit joueur, mais nous sommes, pour eux, un joueur très important. La Fondation Gates a dit qu'elle considérait le Canada comme un partenaire essentiel dans leurs efforts. Dans l'ensemble, ces choses sont positives pour nous, le gouvernement du Canada, car nous pouvons faire avancer nos propres idées ou points très précis de manière à en arriver à réaliser le meilleur rendement sur nos investissements.
:
Vous venez tout juste de dire, en fait, que pendant que travaillait le comité d'experts du monde entier convoqués pour évaluer les soumissions, l'étude a soudainement fait surface, commanditée par la Fondation Gates. En fait, le 16 mars, le Dr Butler-Jones a été très clair lorsqu'il a dit:
Lorsque nous avons constaté qu'aucune des propositions ne convenait, nous avons découvert qu'au cours des dernières années, une capacité supplémentaire avait été créée, ce qui rendait cette initiative superflue.
Je le répète: lorsque vous faites des affirmations qui ne sont pas fondées sur des faits, elles commencent à s'éparpiller.
Je veux demander à Bill, à Don et à M. Sekaly ce qui justifie ce changement de cap. Nous savons que cela n'a rien à voir avec le fait que les soumissionnaires ne se sont pas acquittés de la tâche qui leur était confiée. Nous savons qu'à Winnipeg, ils ont été informés qu'ils avaient réussi. Nous savons que cela n'a rien à voir avec leur capacité parce qu'en fait, la raison même de tout cela existe toujours aujourd'hui.
Alors ma question est la suivante: quelle est la raison? Avez-vous la moindre idée pourquoi le gouvernement tente de saborder ce projet? S'agit-il de politicailleries, car Terry Duguid a participé au Manitoba? S'agit-il de grandes politiques pharmaceutiques, car ils ne veulent pas accorder le programme à un secteur sans but lucratif ou générique? S'agit-il de politiques régionales, car si Winnipeg devait l'obtenir, le Québec serait alors laissé de côté? S'agit-il de politiques idéologiques relatives au sida et à la recherche d'un vaccin?
Quelle serait la raison de mettre fin à quelque chose d'aussi important qui ferait rayonner le Canada, qui aurait été important pour Winnipeg, qui aurait vraiment contribué à la prévention du sida et à la découverte d'un remède?
Bill, Don, monsieur Sekaly, auriez-vous l'obligeance de répondre à cette question?