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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue, mesdames et messieurs, à la séance no 52 du Comité permanent de la santé. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous effectuons une étude intitulée « Vivre en santé ».
Nous recevons des invités aujourd'hui qui nous feront part de leur témoignage. À titre personnel, nous accueillons Véronique Provencher, professeure sous octroi et chercheuse scientifique du Département des sciences des aliments et de nutrition. De Boissons rafraîchissantes Canada, nous recevons Justin Sherwood, président. Du Conseil canadien du canola, nous recevons Robert Hunter, vice-président des communications, et Shaunda Durance-Tod, gestionnaire de programme. Des Diététistes du Canada, nous recevons Paul-Guy Duhamel, gestionnaire des affaires publiques.
Vous aurez chacun de cinq à sept minutes pour vos déclarations préliminaires, et nous commencerons par Mme Provencher.
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Bonjour et merci de l'invitation.
Je dirai tout simplement pour commencer que, dans la tête des gens, la saine alimentation fait certainement partie des facteurs qui influencent de plus en plus les choix alimentaires et que l'étiquette alimentaire est la source d'information qui est utilisée par les gens pour faire des choix. Des études soulignent que les individus qui lisent les étiquettes nutritionnelles font de meilleurs choix alimentaires. Par contre, est-ce vraiment tout le monde qui lit les étiquettes alimentaires? C'est la deuxième question que je soulèverai.
Des études menées au Canada montrent que 57 p. 100 des gens rapportent consulter l'étiquette alimentaire sur une base régulière. Pourquoi ne consulte-t-on pas suffisamment les étiquettes? C'est probablement parce que beaucoup de nos achats sont faits de façon automatique. On a aussi peu de temps quand vient le temps d'acheter des aliments, et ce n'est pas toujours facile pour les gens de bien comprendre toutes les informations qui sont sur une étiquette. Comment les gens finissent-ils donc par faire leurs choix? Selon leurs perceptions, les connaissances qu'ils ont et l'apparence des aliments, ils en arrivent à évaluer et à catégoriser les aliments afin savoir s'ils sont bons ou mauvais. Souvent, on a tendance à catégoriser les aliments selon l'aspect santé et l'aspect moins santé.
Voici ce qu'on a vu dans les travaux de recherche de mon laboratoire et aussi dans les travaux d'autres équipes de recherche. Par exemple, en ce qui a trait à l'estimation du contenu en calories des aliments, quand un aliment est perçu comme étant bon pour la santé, on va souvent sous-estimer le contenu en calories de cet aliment, alors que lorsqu'un aliment est perçu comme étant mauvais pour la santé, on va plutôt surestimer le contenu en calories de cet aliment. On fait souvent cela parce qu'on a tendance à associer la santé et la perte de poids. Cela revient à dire que lorsqu'un aliment est bon pour la santé, il favorise aussi la perte de poids.
Et comment cela peut-il se traduire dans l'assiette du consommateur? Selon une étude menée auprès des femmes, en vertu de laquelle on présentait à un groupe des biscuits à l'avoine et aux raisins comme étant une collation santé et, à un autre groupe, ces mêmes biscuits comme étant tout simplement une collation comportant du sucre et du beurre, quand on décrivait la collation comme étant plus santé, les femmes mangeaient 35 p. 100 plus que lorsqu'on la décrivait selon les caractéristiques habituelles des biscuits.
La seule façon de présenter les aliments, en donnant une impression plus santé, peut aussi influencer le comportement du consommateur. Pourquoi? Parce que cela peut créer un faux sentiment de sécurité et que cela peut aussi changer la norme. On peut se dire dès lors que c'est plus acceptable de manger davantage si c'est bon pour sa santé et qu'on a le droit d'en manger.
Tout cela pour dire qu'il faut réfléchir aux actions que nous menons auprès de la population et à la façon dont on intervient, mais il faut aussi se demander si on veut aller vers la complexité ou plutôt vers la simplicité. Je crois qu'on a aussi ces questions à se poser. Par exemple, en ce qui a trait aux recommandations, on peut tenir compte de la valeur globale d'un aliment avant d'apposer une allégation particulière. En outre, l'utilisation des logos pourrait être réglementée de façon à ce que ce soit normalisé. C'est clair. Enfin, il faudrait aussi favoriser l'éducation et l'intérêt des gens envers la nutrition.
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Bonjour, monsieur le président.
Merci beaucoup de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. Je m'appelle Justin Sherwood, et je suis le président de Boissons rafraîchissantes Canada.
Boissons rafraîchissantes Canada, qui deviendra bientôt l'Association canadienne des boissons, est l'association nationale qui représente les entreprises qui produisent et distribuent les boissons rafraîchissantes non alcoolisées consommées au Canada. Les produits des membres comprennent les boissons gazeuses, les boissons pour sportifs, les thés glacés, les boissons énergisantes et plusieurs marques d'eau embouteillée.
Depuis l'apparition des premières boissons sans calorie et hypocaloriques au début des années 1980, le secteur des boissons a adopté une position proactive pour ce qui est de fournir aux consommateurs un large éventail de produits afin de satisfaire aux divers goûts et préférences. En fait, aucune autre catégorie d'aliments n'a été aussi active que le secteur des boissons sur ce plan.
Je sais que diverses délégations ont à plusieurs reprises mentionné à ce comité le secteur des boissons et ses produits, et je souhaite saisir cette occasion pour fournir certains faits en réponse aux principales déclarations faites par ces groupes.
Premièrement, les boissons sucrées ne sont pas le seul facteur contribuant à l'obésité. Aucun aliment et aucune boisson n'ont été déterminés comme étant le seul facteur contribuant à l'obésité. L'obésité survient en cas de consommation excessive de calories par rapport aux besoins de l'organisme pendant une période donnée. Depuis 2006, 10 examens systématiques ont étudié le lien entre la consommation de boissons sucrées et l'obésité: six d'entre eux n'ont déterminé aucun lien, deux ont indiqué un lien probable et deux autres ont signalé l'existence d'un lien. Les résultats scientifiques sont par conséquent très incohérents et il est inadmissible de déclarer que les boissons sucrées sont associées à l'obésité étant donné qu'aucun lien n'a été établi.
Le lien entre les boissons gazeuses et l'IMC n'est pas simple et peut être décrit comme suit: certaines personnes qui ne consomment pas de boissons gazeuses ont un IMC très élevé, certaines personnes qui consomment une grande quantité de boissons gazeuses ont un IMC faible.
Les boissons gazeuses sont une source d'apport calorique faible ou à la baisse chez les Canadiens. Selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2004 entreprise par Statistique Canada, les boissons gazeuses et les autres boissons additionnées de sucre telles que les boissons de fruits représentent seulement 4 p. 100 de l'apport calorique du régime alimentaire des Canadiens, ce qui signifie que plus de 96 p. 100 de nos calories proviennent d'autres sources. De ces 4 p. 100, seuls 2,5 p. 100 proviennent de la consommation de boissons gazeuses et de nos jours, sept ans plus tard, en raison de la baisse généralisée de la consommation de boissons gazeuses et de la consommation accrue de boissons sans calorie et hypocaloriques, ce chiffre se situe bien en deçà des 2 p. 100.
Statistiques sur les aliments, un rapport publié par Statistique Canada en 2009, a établi que la consommation de boissons gazeuses au Canada a diminué de 28 p. 100 de 1999 à 2009. Pourtant, selon l'étude, le pourcentage de Canadiens atteints d'obésité a continué d'augmenter pendant cette période.
En offrant de nouvelles boissons sans calorie et hypocaloriques, les producteurs canadiens de boissons ont diminué la teneur en calories de l'ensemble de leurs boissons de 20 à 25 p. 100. De plus, selon l'industrie, 33 p. 100 des choix de boissons se portent sur les produits sans calorie et hypocaloriques. Cette initiative a donc permis d'éliminer des milliards de calories de la consommation annuelle des Canadiens.
J'aimerais profiter de cette occasion pour vous décrire certaines solutions proactives mises en place par l'industrie. Tout d'abord, notre secteur ne fait pas de publicité destinée aux enfants. En 2008, les producteurs d'aliments et de boissons se sont engagés à participer à l'initiative pour la publicité destinée aux enfants, parrainée par les normes canadiennes de la publicité, ce qui a permis de renforcer davantage les méthodes de commercialisation responsable. Dans le cadre de ce programme, les membres de Boissons rafraîchissantes ne font pas de publicité destinée aux enfants âgés de moins de 12 ans.
En 2006, nous avons lancé les lignes directrices relatives à la vente de boissons dans les écoles. À la fin de l'année scolaire 2009-2010, nous avions tenu notre promesse faite aux Canadiens. Nous avons de façon bénévole éliminé les boissons gazeuses ayant la teneur normale en calories et nous les avons remplacées par des boissons moins caloriques ou par de plus petites portions dans les écoles élémentaires, intermédiaires et secondaires du pays. Cette initiative bénévole a diminué de façon considérable les calories attribuables aux boissons vendues dans les écoles ravitaillées par les membres de Boissons rafraîchissantes Canada.
En février 2011, l'industrie a annoncé l'initiative nationale bénévole Les calories, nous en faisons une chose claire! visant à fournir aux consommateurs des renseignements sur les calories à chaque point de vente: sur les emballages, sur les distributrices et sur les fontaines à boissons de l'entreprise. L'industrie placera l'étiquette Les calories, nous en faisons une chose claire! à l'avant des contenants afin que les consommateurs sachent rapidement et facilement combien de calories le produit de leur choix contient.
Voici comment nous allons procéder en fonction de la taille de l'emballage et du type de boisson. Pour les contenants renfermant une portion, notamment les boissons gazeuses, les thés glacés, les jus à 100 p. 100, les boissons de jus et les autres boissons vendues en contenant de 591 millilitres ou moins, nous afficherons le nombre total de calories à l'avant du contenant pour l'ensemble du contenant.
Pour les boissons pour sportifs et les eaux aromatisées jusqu'à 750 millilitres, également perçues comme des portions uniques, nous afficherons le nombre total de calories pour l'ensemble du contenant.
Pour les contenants supérieurs à 591 millilitres renfermant plusieurs portions, pour les boissons gazeuses, les thés glacés et les autres boissons, nous indiquerons le nombre de calories pour 355 millilitres, ce qui constitue un changement par rapport à la pratique actuelle d'étiquetage par 250 millilitres. Tous les jus à 100 p. 100, les boissons de jus, les boissons pour sportifs et les eaux embouteillées, nous respecterons les exigences de Santé Canada par portion de 250 millilitres pour les contenants renfermant plusieurs portions.
En résumé, le secteur des boissons est heureux de prendre des mesures utiles pour aider les familles canadiennes à atteindre un équilibre et à faire des choix éclairés. Depuis longtemps, nous créons des produits et mettons en oeuvre des programmes destinés à résoudre des problèmes liés à l'environnement ou à la santé. Nous pensons que les familles canadiennes ont droit à des renseignements exacts et fondés sur la science qui les aideront à prendre des décisions éclairées.
Merci beaucoup.
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Merci, et merci au comité de cette invitation lancée au Conseil canadien du canola pour que nous comparaissions devant vous aujourd'hui. J'aimerais également présenter ma collègue, Shaunda Durance-Tod. Elle est gestionnaire de programme au Conseil canadien du canola et diététiste.
Le Conseil canadien du canola est une association intégrée verticalement qui représente tous les secteurs de l'industrie du canola au Canada, des producteurs de semences et des agriculteurs en passant par les transformateurs d'oléagineux et les exportateurs. Nous sommes très heureux d'avoir l'occasion de vous parler de l'avenir d'un mode de vie sain au Canada. Notre industrie est fermement résolue à favoriser la santé et a un attachement profond envers le Canada. Le canola est la seule culture née au Canada et a été mise au point par des phytogénéticiens à l'Université du Manitoba et à Agriculture Canada à Saskatoon. Il s'agit maintenant d'un des plus importants produits agricoles au Canada et il s'agit de la récolte la plus rentable des agriculteurs.
L'industrie du canola occupe une large part de l'économie canadienne, générant environ 14 milliards de dollars en activités économiques. L'huile de canola est l'huile végétale la plus consommée au Canada, occupant environ 52 p. 100 du marché. Malgré la forte demande intérieure de canola au Canada, les exportations à partir du Canada représentent environ 85 p. 100 des récoltes de canola. Ces exportations s'expliquent par le fait que le canola est devenu une huile de choix dans le monde entier en raison de ses bienfaits considérables pour la santé. L'huile de canola a la plus faible teneur en gras saturés de toutes les huiles de cuisine et a une forte teneur en gras oméga-3 et en gras monoinsaturés. Ce profil bien équilibré fait de l'huile de canola l'une des huiles les plus saines pour le coeur.
Puisque notre industrie tient la santé à coeur, nous prenons la question de vivre en santé très sérieusement et pensons qu'il n'y a pas vraiment de solution unique. Pour vivre en santé, il faut adopter un ensemble d'habitudes, soit bien s'alimenter, être actif physiquement et avoir accès à des renseignements qui permettent de faire des choix éclairés à propos de la santé et de la nutrition.
L'industrie du canola connaît bien les problèmes liés à l'alimentation. Le débat sur les gras trans, qui a fait couler beaucoup d'encre au cours des 10 dernières années, a été notre pain quotidien durant cette période. Nous pensons que le problème des gras trans est une étude de cas utile lorsque l'on tente de résoudre d'autres problèmes liés à la nécessité de vivre en santé. Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'un bon exemple de collaboration entre l'industrie et le gouvernement, d'innovation dans l'approvisionnement alimentaire et de sensibilisation efficace des consommateurs.
Au début des années 2000, dans l'industrie des gras et des huiles, on discutait beaucoup des gras trans et de la nécessité de les éradiquer du régime alimentaire. Grâce à la mise sur pied du Groupe de travail sur les gras trans de Santé Canada et à la surveillance subséquente de l'approvisionnement alimentaire canadien, une collaboration a vu le jour entre le gouvernement et l'industrie alimentaire afin d'atteindre un objectif commun: éliminer les gras trans du régime alimentaire, accroître les connaissances des consommateurs en matière de bons et de mauvais gras, et encourager l'industrie alimentaire à apporter des changements. Bien que l'enjeu ait donné lieu à bon nombre de discussions houleuses à propos de la capacité d'apporter ces changements, en bout de ligne, une réduction des gras trans dans l'approvisionnement alimentaire a été possible. On y est parvenu sans réglementation. Il s'agissait d'une collaboration entre le gouvernement et l'industrie alimentaire pour apporter ce changement. C'était très clair.
Nous sommes d'accord pour dire que le processus ne s'est pas fait sans anicroche, mais il a donné lieu à des résultats concluants. Parallèlement au débat sur les gras trans, les consommateurs ont également été sensibilisés aux répercussions néfastes de la consommation des gras trans. Lors d'une étude menée auprès des consommateurs en 2010 par Nielsen, la majorité des répondants ont dit qu'ils essayaient d'éviter ou de réduire leur consommation de gras trans. Ce genre de sensibilisation de masse des consommateurs à propos d'un ingrédient représente un exemple positif du comportement du consommateur lorsqu'il est bien informé.
L'autre aspect du problème des gras trans que j'aimerais souligner est celui de l'innovation — pas seulement l'innovation typique en science alimentaire, mais l'innovation en agriculture. Lorsqu'il a fallu retirer les huiles hydrogénées de l'approvisionnement alimentaire, c'est grâce à la mise au point de nouvelles variétés de graines de canola et à l'intérêt des agriculteurs à semer ces variétés que nous avons trouvé une solution. L'une des plus grandes occasions d'éliminer les gras trans de l'approvisionnement alimentaire était la capacité de l'industrie d'établir des profils plus sains pour des huiles dont le rendement était aussi bon lors de la transformation, dont l'huile de canola à forte teneur en acide oléique. L'huile de canola à forte teneur en acide oléique est plus stable que l'huile de canola classique, ce qui se traduit par une plus grande tolérance à la chaleur et à une plus grande durée de vie pour les produits transformés. Aujourd'hui, des grandes compagnies alimentaires telles que Frito-Lay, McDonald's et Boston Pizza peuvent offrir des produits plus sains à leurs consommateurs car ils utilisent des produits innovateurs tels que l'huile de canola à forte teneur en acide oléique, et c'est seulement grâce à un engagement des agriculteurs canadiens que les entreprises alimentaires ont un approvisionnement généreux.
Cet exemple montre que l'industrie agricole a un rôle vital à jouer pour ce qui est d'améliorer la santé au Canada et d'offrir des choix plus sains aux consommateurs. La ferme canadienne occidentale moyenne présente une grande variété de récoltes saines et un seul agriculteur peut produire les cultures suivantes: blé, avoine, canola, lin, légumineuses. Il s'agit là d'une barre granola très saine cultivée par une seule ferme agricole familiale.
Nous oublions souvent le rôle que joue l'agriculture pour nous approvisionner en aliments de base sains. L'exemple de l'huile de canola à forte teneur en acide oléique montre que lorsqu'on leur présente un défi, les agriculteurs répondent aux besoins en santé du consommateur et aux besoins fonctionnels de l'industrie alimentaire. C'est pour cette raison qu'il est crucial que l'industrie agricole continue de jouer un rôle actif dans les discussions sur l'avenir de vivre en santé au Canada. Cet engagement envers un monde plus sain se manifeste clairement dans l'industrie du canola. Chaque agriculteur sait que ses produits de canola offrent des bienfaits pour les consommateurs, une cuillerée à table à la fois. En fait, un cultivateur de canola albertain a déjà dit que le degré de succès de l'industrie du canola pouvait être mesuré par le nombre de crises cardiaques évitées par acre, une déclaration très puissante qui fait un lien direct entre l'engagement de notre industrie et la santé des Canadiens.
En résumé, je voudrais souligner les points clés dont j'aimerais que le comité se souvienne. Premièrement, nous pensons qu'une vie saine passe à la fois par la consommation d'aliments sains, une vie active et l'accès à des renseignements pertinents sur la santé et la nutrition. Deuxièmement, le problème des gras trans est une bonne étude de cas canadienne sur la collaboration entre des intervenants clés tels que le gouvernement, l'industrie alimentaire et les professionnels de la santé et comment cette collaboration peut apporter un grand changement. Enfin, l'innovation en vue de trouver des solutions pour vivre de façon plus saine peut se faire directement chez l'agriculteur. Des grands ciels bleus et des champs de canola doré peuvent faire germer de grandes idées pour un avenir plus sain.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention.
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Bonjour à tous. Je m'appelle Paul-Guy Duhamel, je suis responsable des affaires publiques à Diététistes du Canada. Je tiens à remercier les membres du comité de nous avoir invités afin de partager avec eux notre vision de l'étiquetage nutritionnel.
[Traduction]
Diététistes du Canada est une association professionnelle nationale qui représente plus de 6 000 diététistes au pays. Les diététistes représentent une profession réglementée dans le domaine de la santé dans toutes les provinces canadiennes. Nous avons une formation universitaire et nous sommes reconnus comme source crédible et fiable en matière d'alimentation et de nutrition. L'enquête du Conseil canadien des aliments et de la nutrition, « Tracking Nutrition Trends », le confirme. Nous servons le public en tant qu'éducateurs, décideurs de politique publique, chercheurs et gestionnaires. Nous travaillons dans une variété de secteurs, y compris en soins de santé, dans l'industrie, dans le milieu universitaire, au gouvernement et dans les organisations non gouvernementales. Nous appuyons et faisons la promotion de pratiques exemplaires qui sont fondées sur des preuves en diététique et l'organisme unique de connaissances en alimentation et en nutrition de la profession. La promotion et l'appui visant une vie saine pour tous les Canadiens grâce à de bonnes habitudes alimentaires constitue l'une des priorités des Diététistes du Canada.
L'étiquette nutritionnelle est un des outils clés dont se servent les consommateurs pour faire des choix alimentaires éclairés, y compris les tableaux des valeurs nutritionnelles, la liste des ingrédients, les données sur la santé et les mises en garde pour les allergies. En fait, plus des deux tiers des Canadiens lisent les étiquettes nutritionnelles afin de décider quel aliment acheté et consommé. Les diététistes tiennent à aider les consommateurs à choisir des aliments plus sains en se servant de l'étiquette nutritionnelle. L'information nutritionnelle doit être très visible, claire, cohérente et facile à trouver par les consommateurs. Nos préoccupations clés aujourd'hui portent sur la cohérence: la constance lors de l'utilisation de critères pour les programmes de nutrition au point de vente, la constance dans la taille de la portion utilisée dans les tableaux des valeurs nutritionnelles et la constance dans la façon dont sont réglementés les aliments au Canada.
Les programmes de nutrition au point de vente ont proliféré, y compris les programmes d'étiquetage de face et ceux dans les supermarchés, les restaurants et les cafétérias des écoles. Bien que l'intention de nombreux programmes soit de faciliter la tâche des consommateurs pour qu'ils puissent choisir des aliments plus sains, dans de nombreux cas, ces pratiques ont semé davantage de confusion et pourraient mener à un manque de confiance au sein des consommateurs. Contrairement aux tableaux des valeurs nutritionnelles, aux listes des ingrédients et aux données nutritionnelles sur les produits alimentaires, ces programmes ne sont pas réglementés; de surcroît, les produits alimentaires non emballés tels que les fruits frais et les légumes, dont nous encourageons les Canadiens à consommer davantage, ne sont généralement pas inclus.
[Français]
Si on regarde de plus près ces programmes, nous constatons un certain manque de rigueur. Certains critères mettent l'accent sur des nutriments tels les vitamines et les minéraux alors que d'autres se concentrent sur l'absence de nutriments comme le gras, le sucre ou encore le sel. Les symboles et les logos utilisés par les entreprises agroalimentaires varient grandement, passant de crochets à une multitude de couleurs.
[Traduction]
L'avis donné par les Diététistes du Canada au sujet des programmes de nutrition disponibles aux points de vente ressemble à la recommandation faite par votre comité en 2007. Tous les programmes privés de nutrition disponibles aux points de vente seraient encore plus avantageux pour les consommateurs canadiens s'ils utilisaient tous les mêmes critères et les mêmes affirmations. Les diététistes ont justement des compétences uniques pour guider le processus, et d'ailleurs, ils souhaitent travailler avec les autres principaux intervenants afin d'élaborer les critères en question, tout cela sous la houlette du gouvernement fédéral.
Les tableaux indiquant la valeur nutritive des aliments préemballés sont réglementés et sont jugés fort utiles par bon nombre de Canadiens. Toutefois, il est difficile de se servir de ces renseignements de manière efficace, surtout lorsqu'on a de la difficulté à lire ou qu'on a une instruction limitée. La récente initiative conjointe lancée par Santé Canada et Produits alimentaires et de consommation du Canada pour aider les Canadiens à comprendre les renseignements relatifs à la valeur quotidienne imprimée sur l'étiquette sera peut-être utile, et nous appuyons d'ailleurs cet effort. Cela dit, il demeure difficile pour les consommateurs de comparer le pourcentage de la valeur quotidienne des produits lorsque la taille d'une portion varie, même lorsqu'on compare des aliments semblables.
[Français]
J'ai préparé pour vous trois exemples. Voici trois céréales que mes enfants mangent. La portion de la première céréale est d'une tasse ou 58 g, la seconde est de trois quarts de tasse ou 29 g, et la troisième est de 20 biscuits ou 54 g. Cette situation est pour le moins hétérogène et rend la vie des Canadiens pour le moins difficile.
Pour comparer les produits entre eux, il faut se munir d'une calculatrice, maîtriser la célèbre règle de trois et répéter cette opération pour chacun des 13 éléments nutritifs qui figurent au tableau des valeurs nutritionnelles. Vous aurez compris que tant pour les professionnels qui ont la tâche d'enseigner l'utilisation de l'étiquette nutritionnelle que pour les Canadiens qui s'y réfèrent quotidiennement pour faire des choix éclairés, il serait avantageux d'avoir des portions standard. Il serait alors possible de faire des comparaisons entre les produits.
[Traduction]
On calcule le pourcentage de la valeur quotidienne en utilisant des recommandations relatives à l'apport quotidien en nutriments vieilles de 20 ans. Or, depuis cette époque, nos connaissances en alimentation ont progressé et les recommandations relatives à l'apport quotidien ont donc évolué. Il faudrait que le pourcentage de la valeur quotidienne reflète cette évolution.
Passons maintenant à une autre catégorie d'aliments: les produits de santé naturels présentés sous forme comestible. Je peux vous en donner quelques exemples ici.
Ces produits ressemblent à d'autres aliments et boissons disponibles sur le marché et réglementés en tant qu'aliments. Ils ressemblent donc aux aliments et boissons réglementés en vertu de la loi actuelle, mais n'en font pas partie. Ils sont en effet réglementés en tant que produits de santé naturels, et dans cette catégorie, les normes portant sur la formulation du produit et son étiquetage sont très différentes. On reconnaît ces aliments sur les étagères ou dans les distributrices au fait qu'ils ne comportent pas d'étiquette avec un tableau des nutriments et parfois parce qu'ils portent un numéro de produit de santé naturel, le PSN. Des centaines de ces produits sont en vente à côté d'aliments et de boissons qui leur ressemblent, mais qui sont réglementés en tant qu'aliments en vertu de la Loi sur les aliments et drogues. Le consommateur n'est pas en mesure de comparer la teneur en calories, en gras saturés, en gras trans ou en sodium de ces aliments. Cette incohérence de l'étiquetage ne représente toutefois qu'une de nos préoccupations par rapport aux produits de santé naturels. Nous avons d'ailleurs fait part de nos idées sur la question dans notre document intitulé Position on Discretionary Fortification of Foods with Vitamins and Minerals and the Natural Health Products/Food Interface, disponible sur notre site Internet. Il a recueilli l'appui de la Fondation des maladies du coeur du Canada et de l'Association canadienne de santé publique.
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Je vous remercie tous de votre présence parmi nous et de vos exposés.
J'ai quelques questions à vous poser. Mon collègue pourra ensuite prendre le reste de mon temps de parole, le cas échéant.
Ma question s'adresse surtout à M. Sherwood, mais vous pouvez tous y répondre si vous le souhaitez.
Au cours de ma vie politique, qui est maintenant assez longue, j'ai fini par comprendre que lorsque des gens font des exposés, ils font de leur mieux pour expliquer leurs sujets. Cependant, ce n'est pas toujours ce qui se produit. Je ne vous accuse de rien, monsieur Sherwood, de rien du tout; j'essaie simplement de vous expliquer le contexte de ma question.
Dans le paragraphe de votre communication qui commence par « Les boissons sucrées ne sont pas le seul facteur contribuant à l'obésité », j'ai un peu cette impression, car selon les témoignages que nous avons entendus ici, le sucre est effectivement l'un des importants facteurs liés à l'obésité. Il ne fait aucun doute qu'il y en a d'autres, mais ce paragraphe me laisse perplexe. J'aimerais bien que vous me disiez comment vous pouvez affirmer qu'aucun aliment ou aucune boisson n'a de lien de causalité à l'obésité. Comment pouvez-vous affirmer que le sucre en soi — des quantités excessives de sucre ou une consommation continue de quantités excessives de sucre — n'est pas lié à l'obésité? Il me semble assez difficile de prouver qu'il ne l'est pas.
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Permettez-moi de jeter de la lumière sur cette remarque et, je l'espère, de répondre à votre question.
L'obésité est une question de calories. Or, les calories proviennent de nombreuses sources — le gras, le sucre et les produits ou ingrédients à forte concentration énergétique. L'obésité est liée à la surconsommation de calories au fil du temps. Certains obèses ne consomment aucune boisson gazeuse. D'autres en consomment quelques-unes. Aussi, certaines personnes très minces — par rapport à leur IMC — consomment pour leur part beaucoup de boissons gazeuses.
Lorsqu'on étudie l'obésité, la difficulté tient à sa complexité. Elle comporte de multiples aspects. On peut affirmer que la surconsommation de calories pendant une certaine période mène à l'obésité, mais il est impossible de cerner un seul aliment ou une seule boisson. Les régimes varient, tout comme les activités physiques et les sources de calorie. On peut devenir obèse en ne buvant rien d'autre que du lait, boisson parmi les plus saines aux yeux de la plupart des gens.
J'espère avoir répondu à votre question. Pour ce qui est des preuves scientifiques établissant un lien de causalité entre un aliment ou une boisson et l'obésité, j'estime avoir été assez transparent. J'ai dit que vous trouverez certaines études pour affirmer qu'il existe un tel lien. Vous en trouverez aussi une vaste gamme concluant qu'il n'y en a pas. Ce que j'affirme, c'est qu'à ce jour, aucun lien de causalité n'a été établi. Pour ce faire, on doit effectuer davantage de recherches scientifiques afin d'établir un lien clair fondé sur la prépondérance de la preuve.
Merci.
M. Paul-Guy Duhamel: Il n'y a pas de quoi.
Mme Megan Leslie: Mes questions suivantes reprennent en fait celles qui ont été posées par M. Malo. Elles portent sur l'étiquetage et la façon de changer l'étiquetage.
Je pense aux choses qui devraient être minimisées — le sucre, le gras, le sel. Je lis les étiquettes. Je suis une fanatique de la nutrition. Je fais très attention au gras. Je veux m'assurer de consommer suffisamment de vitamine C. J'étais loin de penser que j'étais en train de m'empoisonner avec le sel juste en mangeant mes céréales au petit déjeuner. C'est fou.
Pour les choses qu'il faut minimiser, notamment le sucre, le gras ou le sel, comment pouvons-nous changer les étiquettes afin qu'elles puissent être plus conviviales pour les consommateurs?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui. Mes antécédents font en sorte que j'attache beaucoup d'importance à un mode de vie sain. Je suis de ceux qui lisent aussi les étiquettes, qui tentent de faire de l'exercice et d'avoir un mode de vie équilibré. D'après les témoignages que nous avons entendus, pour les gens, il y a deux catégories d'aliments: les aliments sains et les aliments mauvais pour la santé. Je pense que Véronique vient tout juste de dire que nous devons cesser de voir les aliments comme étant bons ou mauvais et de faire plutôt des choix éclairés. Il semble que les gens aiment compartimenter les régimes alimentaires.
Monsieur Hunter, vous représentez le canola, qui est une matière grasse. En d'autres termes, nous avons entendu beaucoup de gens dire que le gras est mauvais, mais toutes les cellules de notre corps ont besoin de gras. Le gras est nécessaire et tous les êtres humains en ont besoin pour survivre.
Pouvons-nous parler du rôle que la recherche et l'éducation doivent jouer pour encourager la nutrition, plutôt que de catégoriser les aliments comme étant bons ou mauvais? Pouvons-nous parler du travail que vous faites sur le plan de la recherche et de l'éducation?
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J'aimerais tout d'abord vous parler de notre initiative « Les calories, nous en faisons une chose claire! ». Je sais que des représentants de Produits alimentaires et de consommation du Canada comparaîtront devant votre comité plus tard au cours de la semaine. Bien entendu, nous trouvons qu'il s'agit d'une excellente initiative. Tout renseignement que vous pouvez mettre à la disposition des consommateurs est, bien franchement, l'outil que l'on utilise le plus souvent afin de prendre des décisions éclairées.
Cette initiative se divise en trois parties. Elle répond à plusieurs enjeux soulevés par les diététistes, dont, tout d'abord, la normalisation des portions. Comme je l'ai souligné — il y a une brochure dans le document que je vous ai donné qui l'explique —, nous percevons maintenant la bouteille comme représentant une seule portion. Il s'agit d'une transition par rapport à l'ancienne position de l'industrie dans laquelle, les plus grandes bouteilles, comme celles que l'on consomme ici, étaient considérées comme représentant plusieurs portions et étaient étiquetées en fonction d'une quantité de 250 millilitres. Si le consommateur buvait toute la bouteille, alors il obtenait deux ou trois fois le contenu calorique affiché. Ainsi, tout d'abord, nous allons modifier comment nous décrivons nos portions.
Deuxièmement, l'étiquette contenant les faits nutritionnels qui se trouve à l'arrière de la bouteille sera modifiée pour témoigner de ce changement et l'icône sera clairement en évidence à l'avant de la bouteille. On ne se prononcera pas quant au caractère sain ou malsain de l'aliment, mais on expliquera simplement l'apport calorique du contenant. Nous estimons que ces renseignements permettront aux Canadiens de prendre des décisions éclairées quant à l'apport calorique d'une boisson sans avoir besoin de tourner la bouteille pour l'apercevoir.
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Merci, monsieur le président. Nous recueillons des observations intéressantes sur le sujet.
Il y a environ un an, nous avons discuté de la teneur en caféine dans les boissons, mais il est bon de reprendre la discussion là-dessus. On a dit alors que bien des jeunes consommaient des boissons énergisantes. Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense que la modération est de mise en toute chose.
Les élèves des écoles secondaires sont très friands de cafés glacés. À Barry, alors que je visitais des centres récréatifs au printemps, j'ai vu des publicités pour le café glacé. Je ne pense pas que Tim Hortons fasse quoi que ce soit de répréhensible en essayant d'accaparer une part du marché et je pense que la caféine consommée avec modération n'est pas nuisible. Il serait trompeur de prétendre que plus de jeunes consomment des boissons énergisantes plutôt que des cafés glacés. Sur le marché, à mon avis, ce sont les cafés glacés qui dominent au chapitre de la consommation de caféine. Les parlementaires devraient s'intéresser à des choses beaucoup plus importantes qu'à une guerre contre Tim Hortons ou la caféine. Les Canadiens sont friands de caféine et je pense qu'il n'y a rien de mal à la consommer avec modération.
Justin, le Canada soutient-il la comparaison avec les autres pays sur le plan de la réglementation des boissons gazeuses et de la caféine? Le Canada a-t-il tendance à réglementer davantage?
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Absolument. Je vais d'abord vous parler des boissons gazeuses et ensuite des boissons énergisantes et de la caféine en général.
Ce sont la Loi sur les aliments et drogues et les règlements connexes qui réglementent la quantité de caféine que peuvent contenir les boissons gazeuses. Cette quantité ne doit pas dépasser 60 milligrammes, si je ne m'abuse, ce qui est l'équivalent du tiers de la caféine que contient une tasse de café ordinaire. Fait intéressant, Santé Canada vous dira — et cela figure sur le site Web du ministère — que la caféine consommée par les Canadiens a pour source le café à 60 p. 100, le thé à 30 p. 100 et tous les autres produits à 10 p. 100. Il s'agit de la consommation chez les adultes. Pour ce qui est des plus jeunes, je pense que la caféine qu'ils consomment provient à 30 p. 100 de boissons de type cola. C'est peut-être un peu plus que cela. Le fait est que ces statistiques existent et que la caféine provient de toute une gamme de sources.
Je le répète, cette substance est assez réglementée. La Loi sur les aliments et drogues et les règlements pris en vertu de cette loi sont plutôt précis, et récemment, on a permis l'utilisation de la caféine dans des boissons qui ne sont pas de type cola. Que je sache, je ne pense pas qu'il existe sur le marché une boisson gazeuse qui ne soit pas de type cola et qui contienne de la caféine, même si cette modification est entrée en vigueur il y a un an. Si c'est le cas, je ne suis pas au courant.
Les boissons énergisantes sont fortement réglementées au Canada. Dans 160 pays de par le monde, elles font l'objet d'une réglementation. Je pense que nous sommes d'accord avec les diététistes sur une chose: nous souhaiterions que ces boissons soient réglementées comme des aliments. Toutefois, au Canada, elles sont commercialisées en vertu des règlements sur les produits de santé naturels. Le contenant signale la teneur en caféine, comme c'est le cas pour tous les produits qui en contiennent. Les exigences sont très strictes au Canada, beaucoup plus que dans tout autre pays, en ce qui a trait à la composition, la salubrité, l'efficacité, notamment.
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Permettez-moi de vous répondre en anglais.
Il ne suffit pas de mettre un petit logo sur une bouteille. Si cela suffisait, je pense que nous l'aurions fait il y a longtemps. Une reformulation s'impose pour que des produits faibles en calories ou ne contenant pas de calorie du tout restent libres de calorie en vertu des règles d'arrondissement. Il y a aussi les tableaux de valeur nutritive. Cela concerne des milliers de produits, à l'emballage primaire comme à l'emballage secondaire, pour lesquels des modifications s'imposent. Ensuite, je dirais qu'il y a environ 100 000 distributeurs automatiques au pays dont il nous faut modifier les boutons et je ne sais combien de fontaines également.
Nous parlons ici d'une approche par étapes. On va commencer par voir des changements sur les produits emballés. Une fois que ce sera fait, nous nous attaquerons aux fontaines, etc. La mise en oeuvre est une vaste entreprise qui coûte des dizaines de millions de dollars.
Cela dit, s'entendre sur des portions déterminées communes n'exige pas une longue discussion dans mon secteur car notre groupe est plutôt homogène. Vous me demandez si l'on peut s'attendre à une entente sur une portion déterminée commune. Nous y sommes parvenus très rapidement. Ce sont tous les autres éléments qui prennent du temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à chacun de vous d'être venu cet après-midi.
Comme vous avez pu le constater, nous avons entendu un grand nombre de témoins sur ce sujet et des sujets connexes, mais il y a encore bien des éléments qui sont nébuleux. Une des questions qui revient le plus souvent dans la bouche de mes électeurs, parce qu'ils savent que je siège au comité de la santé, concerne l'étiquetage et l'absence totale de cohérence en la matière. Vous êtes nombreux à y avoir fait allusion aujourd'hui.
Je vais poser ma question et celui ou celle d'entre vous qui voudra bien y répondra. Si vous voulez tous répondre, c'est très bien.
On nous a sans cesse répété qu'il fallait voir la situation dans son ensemble. Il faut prendre en compte l'équilibre alimentaire, l'exercice, et toute une gamme de facteurs, mais comment le Canadien moyen sait-il comment choisir les aliments qui lui garantiront une alimentation saine? Si vous êtes diabétique, vous choisissez des aliments faibles en sucre et pour ce faire, il faut lire l'étiquette. Si votre régime est un régime sans gras, vous optez pour des aliments faibles en gras. Si vous devez manger une nourriture faible en sodium, vous choisissez à l'avenant. Toutefois, les aliments faibles en gras sont très souvent riches en sodium ou en calories. Comment le Canadien moyen peut-il démêler tout cela, et comment peut-on changer l'étiquetage pour promouvoir une hygiène de vie saine?
Deuxièmement, est-ce que l'un ou l'une d'entre vous sait si on a fait de la recherche sur les risques potentiels pour la santé d'une mauvaise compréhension des tableaux de la valeur nutritive des aliments?
Madame Provencher, voulez-vous commencer?
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La conversation que nous tenons actuellement est tout à fait révélatrice de la situation que vous décrivez. Les gens parlent beaucoup de nutriments mais pas exactement de nutrition. C'est une chose que de parler de nutriments. Parler de nutrition en est une autre. Quand on met énormément l'accent sur le sodium, le gras ou sur des nutriments particuliers, comme je le disais tout à l'heure, on oublie le tableau d'ensemble.
En ce qui concerne l'alimentation des Canadiens, il y a certains éléments dont il faut s'occuper. Les Canadiens ne mangent pas assez de fruits et de légumes. Actuellement, il n'y a pas d'étiquetage pour ces aliments. C'est un problème. Les Canadiens ne consomment pas assez de lait ou de produits laitiers. C'est un autre problème. Le problème n'est pas le sucre ou le gras. Il y a ces classes d'aliments essentiels que nous ne consommons pas en assez grande quantité.
Il y a donc un certain nombre de problèmes à cet égard. Quand on met l'accent sur les nutriments, on oublie le tableau d'ensemble et, comme l'a dit ma collègue Mme Provencher, il nous faut fournir aux Canadiens les outils leur donnant accès à une alimentation holistique.
On a pris certaines initiatives. J'aime bien citer l'initiative lancée par le gouvernement du Québec l'année dernière, La Vision de la saine alimentation. Ce faisant, on donne aux aliments une certaine perspective, en mettant l'accent sur l'aliment et non pas sur les nutriments. Les gens consomment de la nourriture et non pas des nutriments. Les lignes directrices du département américain de l'Agriculture, rendues publiques à la fin du mois de janvier, reconnaissent cet aspect.
Cessons de mettre l'accent sur les nutriments et accordons plus d'importance aux aliments, avec un étiquetage à l'avenant. Actuellement, les nutriments sont en vedette sur les étiquettes et cela sème la confusion.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais poursuivre la discussion avec MM. Duhamel et Sherwood en ce qui concerne la teneur en sucre des boissons gazeuses. Qu'il s'agisse d'obésité, de diabète ou de maladies cardiaques, ces problèmes de santé consomment une part toujours plus grande des budgets de soins de santé au Canada.
Au Manitoba, l'un des problèmes, par exemple, plus particulièrement dans le Nord de la province, tient au fait qu'une bouteille de deux litres de boisson gazeuse coûte malheureusement beaucoup moins cher qu'une bouteille de lait. On s'inquiète énormément de la teneur en sucre de ces boissons, mais vous semblez penser qu'il n'y a pas lieu nécessairement de s'inquiéter.
Je me tourne vers vous, représentants du secteur, pour m'éclairer. Pensez-vous qu'il y a un nombre de canettes de boisson gazeuse recommandé — une canette équivaut à une portion de 255 millilitres — qu'un enfant de 10 ans peut consommer par semaine?
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Quant à moi, c'est une question très personnelle. Les parents doivent s'en occuper quand ils envisagent d'enseigner à leurs enfants comment bien s'alimenter.
Si c'est à moi que vous posez la question, j'ai deux garçons; l'un d'eux a quatre ans et ne boit aucune boisson gazeuse. L'autre a sept ans et en boit la moitié d'une cannette par semaine.
À propos des collectivités du Nord, je crois qu'en règle générale, les intervenants reconnaissent qu'elles sont aux prises avec des difficultés. Cela dit, à mon avis, c'est dans le monde entier que les boissons gazeuses coûtent moins cher que le lait. Cela tient surtout au fait que le lait provient d'un animal dont les soins sont à notre charge. De plus, au Canada, des structures de prix ont une influence déterminante sur le prix d'achat. À cela s'ajoute enfin la difficulté que représente le transport de fruits et de légumes frais jusque dans les collectivités éloignées et du Nord. Personne ne conteste qu'il y a lieu de se pencher sur ce problème.
Maintenant, est-ce que je recommanderais à un parent une quantité précise de boissons gazeuses que leur enfant devrait consommer? Non, mais à mon avis, il appartient quand même aux parents de se renseigner. Le Guide alimentaire canadien est une excellente source; il propose un certain nombre de quantités maximales. Il existe aussi des solutions de rechange sans calorie ou à très faible teneur en calories et ne contenant pas la moindre quantité de sucre.
L'objectif est que les parents soient en mesure de faire des choix et des achats éclairés.
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Merci, monsieur le président, et j'aimerais remercier tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
Après l'université, j'ai passé 10 ans dans la cuisine à préparer et à acheter des aliments, j'admire donc énormément votre travail. À cette étape de ma vie, je trouve que les progrès qui ont été faits pour ce qui est de la qualité des aliments, de la nutrition et de l'emballage sont très encourageants.
J'aimerais revenir à cette question sur l'uniformisation des portions. Certains d'entre vous semblaient dire que ce serait assez facile à faire, mais je me demande comment vous pourriez y parvenir à la lumière des nombreux choix qu'il faut faire. M. Duhamel a fait référence aux différents produits de céréale. Certains consommateurs se baseront sur le poids ou la taille. Il est difficile de prendre même une seule de ces mesures, lorsque l'on se rend compte qu'il y en a tant d'autres à prendre, mais peut-être qu'une de ces mesures pourrait être facilement entreprise. C'est le genre de chose que le comité peut envisager en tant que mesure pratique. J'aimerais entendre une brève observation de chacun d'entre vous à ce sujet.
Allez-y, monsieur Sherwood.