:
Bienvenue à tous. Comment allez-vous? En cette matinée radieuse de printemps, nous sommes très heureux de votre présence.
Aujourd'hui, le programme est on ne peut plus chargé. Je ferai donc respecter très rigoureusement le temps alloué à chacun. Quand je demanderai à un intervenant s'il a une question à poser, qu'il sache que son temps est presque écoulé. Il a le choix de continuer à parloter ou, s'il veut obtenir des réponses, de poser des questions. Je vous prie de bien vouloir vous le rappeler.
Par ailleurs, comme je veux favoriser le plus de questions possible, les exposés seront limités à cinq minutes. J'ai tendance à donner un peu de latitude à ceux qui présentent des exposés, parce que nous voulons entendre ce qu'ils ont à dire. Alors, disons de cinq à dix minutes. Je ferai preuve de souplesse, mais je vous arrêterai à 10 minutes. Donc, ce voyant rouge qui s'allumera est le signal que je devrai vous interrompre, malgré tout le déplaisir que j'éprouve, parce que nous tenons à entendre tous les exposés et à permettre à tous les membres du comité de poser autant de questions et à recevoir autant de réponses que possible.
Donc, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions la suppression de l'installation de fabrication de vaccins contre le VIH dans le cadre de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH.
Nos témoins sont ici. Nous accueillons M. Stefano Bertozzi... pardon le Dr Stefano Bertozzi — vous méritez assurément ce titre —, directeur de la Fondation Bill and Melinda Gates.
Nous accueillons en outre le Dr Alan Bernstein, de Global HIV Vaccine Enterprise, et Heather Medwick, de l'International Centre for Infectious Diseases.
Bienvenue. Vous êtes la présidente intérimaire et le chef de la direction.
Nous accueillons également le Dr Jeremy Carver, président, chef de la direction et conseiller scientifique en chef du Consortium international sur les thérapies antivirales. Bienvenue. Et Patrick Michaud, bienvenue également, président du conseil d'administration du même consortium.
Nous accueillons le Dr Keith Fowke, professeur aux départements de microbiologie médicale et des sciences de la santé communautaire de l'Université du Manitoba — mon alma mater, en passant, et l'alma mater de certains membres du comité. Nous accueillons enfin M. Ted Hewitt, vice-président de Recherche et relations internationales de l'University of Western Ontario.
Bienvenue donc à tous. Nous commençons avec le Dr Bertozzi, de la Fondation Bill and Melinda Gates.
[Français]
Madame la présidente, membres du comité, bonjour. Je vous remercie de votre invitation. Il me fait plaisir d'être parmi vous aujourd'hui.
Je suis Stefano Bertozzi, directeur des programmes de VIH à la Fondation Bill et Melinda Gates. J'ai joint la fondation il y a 8 mois. Auparavant, j'étais à l’Institut national de la santé publique au Mexique et avant cela, je travaillais pour l'ONUSIDA, le programme mondial sur le sida de l'OMS et de la Banque mondiale. J'espère que tout le monde a reçu sa copie de ce je vais présenter, parce que j'aimerais continuer en anglais.
[Traduction]
Tout d'abord, j'aimerais souligner le leadership qu'exerce le Canada sur le plan de la santé et du développement à l'échelle planétaire y compris, plus particulièrement, en ce qui concerne le VIH et le sida. J'aimerais l'en remercier. Ses efforts pour améliorer la vie des habitants des pays en voie de développement donnent des résultats extraordinaires.
La Fondation Gates est heureuse d'entretenir d'aussi bonnes relations avec le Canada. De concert avec lui, nous finançons plusieurs partenariats en santé et en développement à l'échelle mondiale. Nous avons accordé un certain nombre de subventions importantes à des organisations canadiennes — par exemple à l'Université du Manitoba, pour ses travaux sur le sida et d'autres problèmes de santé à l'échelle mondiale. Nous sommes également heureux de l'intention du Canada de faire de la santé des femmes et des enfants une question centrale pour la réunion du G8 de cette année.
Permettez que je prenne un moment pour vous entretenir de la stratégie de la Fondation Gates concernant la santé mondiale, y compris de son appui à la recherche-développement sur un vaccin contre le VIH.
Bill et Melinda Gates ont créé la fondation, il y a plus de 10 ans à peine, pour aider les gens de partout dans le monde à vivre en santé et à mener une vie productive. La santé mondiale constitue notre première cible en matière de subventions, lesquelles visent à tirer profit des avancées de la science et de la technologie afin de réduire l'incidence de la maladie et de la mortalité dans les pays en voie de développement. Notre priorité, à cet égard, est la mise au point et la livraison de vaccins pour enrayer les maladies infectieuses. L'obtention d'un vaccin contre le VIH est une priorité personnelle de M. et de Mme Gates.
Un vaccin contre le VIH est, sans aucun doute, l'une des priorités les plus urgentes de nos jours pour la santé mondiale. Malheureusement, c'est l'une des plus difficiles à réaliser. En raison de la nature dynamique de la science, nous devons savoir nous adapter à ses acquis c'est-à-dire, notamment, modifier nos stratégies ou orientations afin de profiter des connaissances nouvelles pour maximiser l'efficacité de nos ressources.
Comme vous le savez, en 2007, le gouvernement canadien et la fondation Gates ont annoncé un partenariat visant à intensifier les efforts consacrés à la recherche-développement d'un vaccin contre le VIH. Ce partenariat envisageait de satisfaire les besoins essentiels de la recherche identifiés par le Global HIV Vaccine Enterprise, une alliance internationale de chercheurs, de donateurs et de défenseurs de la lutte contre le VIH. Le partenariat, géré par l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, ou ICVV, avait promis une contribution de 111 millions de dollars de la part du Canada et de 28 millions de la part de la fondation Gates. La fondation apprécie beaucoup son partenariat avec le Canada et demeure résolue à respecter sa promesse de financement.
En 2007, à l'annonce du partenariat, l'une des six priorités reconnues par le Global HIV Vaccine Enterprise était d'augmenter la capacité mondiale de fabrication de vaccins contre le VIH à des fins d'essais cliniques. C'est ainsi que l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, l'ICVV, a lancé un appel d'offres en vue de la construction d'une usine pour la production de lots de vaccins à des fins d'essais. Elle a enfin invité quatre candidats à présenter des propositions complètes. Entre-temps, en prenant connaissance de deux faits importants, nous avons estimé que nous devions y réagir en conséquence.
Premièrement, le contexte scientifique de la recherche sur un vaccin contre le VIH a complètement changé. Au moment où le premier ministre Harper et M. Gates annonçaient le partenariat à Ottawa, en février 2007, un vaccin prometteur contre le VIH se trouvait aux stades avancés d'essais sur les humains. Beaucoup de spécialistes croyaient que ce candidat se révélerait au moins partiellement efficace, ce qui conduirait à des essais supplémentaires multiples afin de l'améliorer. Il aurait fallu ensuite fabriquer d'autres vaccins qui auraient été des candidats aux essais sur les humains. Malheureusement, le premier vaccin s'est révélé tout à fait inefficace.
À cause de ces résultats décevants, on a arrêté les essais cliniques des vaccins contre le VIH — ceux qui avaient été utilisés dans l'essai initial. D'éminents chercheurs ont préconisé le retour à la recherche fondamentale pour découvrir de nouveaux vaccins et déterminer de meilleures façons d'identifier ceux qui étaient les plus prometteurs.
Le deuxième fait découlait d'une analyse indépendante de la capacité mondiale de fabrication de vaccins, que la fondation Gates avait commandée en 2009. D'après cette analyse, la capacité de fabrication avait considérablement augmenté en Amérique du Nord et en Europe, depuis la publication du premier rapport du Global HIV Vaccine Enterprise, en 2005. De fait, le besoin de construire une nouvelle installation ne se faisait plus sentir.
La fondation a communiqué les conclusions de ce rapport à ses partenaires canadiens et, de concert, nous avons décidé de ne plus faire d'une nouvelle installation un objectif immédiat du partenariat.
Je pense que vous en avez déjà entendu parler, mais nous avons reçu les résultats de l'étude sur la capacité de fabrication au moment même où des analyses externes et indépendantes des propositions d'installations révélaient qu'aucune ne satisfaisait entièrement aux critères. Vu les conclusions de l'étude, il ne semblait pas logique pour nous de demander de nouvelles propositions ou des propositions modifiées.
Nous remercions sincèrement les auteurs des propositions, qui y ont consacré beaucoup de temps et de ressources. Cependant, du point de vue de la fondation, notre volte-face était judicieuse. Nous avons le mandat d'affecter nos ressources là où elles peuvent avoir le plus d'effet, et nous devons être prêts à changer de cap sur la foi de nouvelles données. J'aimerais cependant souligner que, de concert avec nos partenaires canadiens, nous n'avons pas pris cette décision à la légère.
Nous croyons que la recherche d'un vaccin contre le VIH a devant elle un avenir prometteur, mais que cet avenir sera probablement différent de celui que nous envisagions il y a quelques années. Les résultats récents de l'essai RV144 effectué en Thaïlande ont renouvelé en grande partie les motifs que nous avions d'être optimistes. Comme je l'ai mentionné au début, la Fondation Gates reste déterminée à trouver un vaccin contre le VIH et à maintenir son partenariat avec le Canada.
[Français]
Si vous me permettez d'insister, j'aimerais préciser, comme je vous l'ai mentionné au début de ma présentation, que la fondation Gates maintient son ferme engagement à l'égard des vaccins contre le VIH et son partenariat avec le Canada. À la fondation Gates, notre toute première priorité en matière de VIH est d'accélérer le développement de vaccins contre le VIH pour l'Afrique. Nous sommes donc en pourparlers avec nos collègues canadiens afin de déterminer nos futures priorités de financement, entendu que notre objectif premier demeure toujours le développement accéléré de vaccins contre le VIH.
La fondation respectera son engagement de financement en vertu du partenariat pour le vaccin contre le VIH, et nous nous félicitons du fait que le Canada a confirmé son intention d'en faire autant. Par ailleurs, il est important de souligner que, d'entrée de jeu, nous avons toujours compris que le financement canadien destiné à ce partenariat pour un vaccin serait constitué de ressources additionnelles et ne serait pas déduit des ressources gouvernementales déjà affectées au sida.
[Traduction]
Je le répète, il est important de souligner que, d'entrée de jeu, nous avons toujours compris que le financement canadien dans ce partenariat était constitué de ressources additionnelles, qui ne détourneraient pas de leur but des ressources que le gouvernement consacrait au sida.
En conclusion, j'aimerais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de vous parler. Le leadership du Canada, sur le plan scientifique et sur celui de la santé, à l'échelle mondiale, qui est le fait de tous les partis et de toutes les affiliations politiques, est de la plus haute importance. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Je suis à votre disposition. Merci.
:
Bonjour. Je veux remercier la présidente du comité de son chaleureux accueil. L'Université du Manitoba est un établissement de taille relativement modeste, mais, quand il s'agit de la recherche sur le VIH, il n'y a aucune commune mesure entre ses résultats et sa taille: le Dr Frank Plummer a travaillé 17 ans en Afrique; le Dr Stephen Moses travaille depuis 10 ans en Inde.
Comme je l'ai mentionné, mon nom est Keith Fowke, et je suis professeur à la fois à l'Université du Manitoba et à celle de Nairobi. Je suis également conseiller scientifique auprès de l'Association canadienne de recherche sur le VIH. Cependant, aujourd'hui, je m'exprime uniquement en mon nom personnel.
Ma recherche porte sur l'immunité pré-vaccinale, c'est-à-dire que j'essaie de déterminer quels éléments du système immunitaire doivent être stimulés afin de protéger le sujet contre l'infection par le VIH. Au Manitoba et au Kenya, des études visent à examiner les diverses facettes de cette question. Les études que nous menons au Kenya ont montré que des individus sont naturellement résistants à l'infection par le VIH. J'étudie l'immunité naturelle au VIH depuis 1988 et, au cours des 20 dernières années, ces études m'ont conduit régulièrement dans ce pays.
J'ai concentré ma recherche sur les travailleuses du sexe qui sont fortement exposées au virus et qui, pourtant, échappent toujours à l'infection. Nous croyons que si nous pouvons résoudre cette énigme nous pourrons, grâce à cette connaissance, produire un vaccin qui pourra protéger des millions de personnes dans le monde. La difficulté vient de la complexité énorme du système immunitaire et de celle, aussi grande, des investigations visant à lever le voile sur ses mystères.
Comme beaucoup le savent, j'ai été le premier à constater la nécessité d'un vaccin contre le VIH ici, au Canada, et en Afrique. J'ai éprouvé un sentiment énorme de fierté lorsque le gouvernement canadien a mis sur pied l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH. Grâce aux programmes de cette initiative, tous les chercheurs canadiens qui travaillaient sur le VIH ont eu l'impression qu'on leur donnait l'occasion de contribuer encore davantage à l'effort planétaire de mise au point d'un vaccin contre ce virus. Par exemple, grâce aux subventions à la découverte, j'ai eu la chance de recevoir l'une des subventions financées par l'initiative et offerte par l'entremise des Instituts de recherche en santé du Canada. Cette subvention nous permettra de préciser le rôle de certains gènes du système immunitaire contre l'infection par le VIH.
L'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH est importante, mais elle pourrait en faire davantage. Depuis ses débuts, en 2007, ses dirigeants ont promis de généreuses subventions aux équipes de chercheurs canadiens qui travaillent avec des chercheurs de pays à faible revenu et à revenu intermédiaire pour étudier des vaccins contre le VIH, en plein cœur de la pandémie. Plusieurs années se sont écoulées depuis, et ces promesses restent lettre morte, à la grande frustration des chercheurs canadiens et de leurs partenaires internationaux.
Le plus gros des programmes de l'initiative était évidemment l'installation de fabrication de vaccins contre le VIH. En ma qualité de chercheur qui étudie comment formuler des vaccins, avant que l'on en ait besoin, je me demande si cet établissement était nécessaire. Je crois qu'il l'était. Il n'est pas facile de mettre en rapport les chercheurs et les fabricants de vaccins, ce qu'aurait favorisé cette initiative particulière. J'estime que s'il fallait construire cette usine, il importait de s'assurer que ses directeurs noueraient des liens étroits avec les chercheurs sur le VIH. C'est pourquoi j'ai été heureux d'apprendre que l'Université du Manitoba était partenaire de l'International Center for Infectious Diseases pour la mise en œuvre de sa proposition.
La masse critique de chercheurs sur le VIH que nous avons réunie à Winnipeg et nos relations avec les joueurs internationaux ont permis d'y instaurer un climat favorable à ce lien dans le domaine de la recherche. Je crois qu'en supprimant l'installation de fabrication, nous ratons l'occasion d'unir plus étroitement les chercheurs sur le VIH et un fabricant de vaccins relié à une université et qui ne poursuivait aucun but lucratif.
Cependant, le principal message que je tiens à vous communiquer aujourd'hui concerne l'avenir. De St. John's à Vancouver, les chercheurs canadiens d'un vaccin contre le VIH forment un groupe solide. Comme ils reçoivent un financement parcimonieux, ils sont très efficaces et beaucoup sont des sommités internationales. Par exemple, en 2009, ils ont accueilli, à Vancouver, plus d'une centaine de scientifiques de partout dans le monde, tous intéressés à l'immunité naturelle contre le VIH. C'était la première réunion internationale de ce genre à avoir lieu. Désormais, notre équipe préside à la formation d'un consortium international, dont le but est de permettre aux chefs de file du domaine de l'immunité naturelle à collaborer ensemble de façon régulière.
Il existe de nombreux autres exemples de l'impulsion donnée par le Canada sur la scène internationale. Si on ne revient pas sur la décision de financer l'installation de fabrication de vaccins, je crois que l'on devrait réinvestir l'argent dans l'Initiative canadienne de vaccins contre le VIH et les Instituts de recherche en santé du Canada, pour aider les chercheurs canadiens à découvrir exactement de quoi un vaccin doit être constitué afin de le rendre efficace.
Notre ignorance des éléments du système immunitaire qu'il faut stimuler et des moyens à prendre pour les activer constitue un obstacle énorme à la mise au point d'un vaccin efficace contre le VIH. Les chercheurs canadiens sont les chefs de file reconnus à l'échelle internationale dans un certain nombre de domaines essentiels à la destruction de cet obstacle.
Nous devrions investir dans la recherche au Canada pour que les Canadiens puissent jouer un rôle de chef de file dans la découverte des façons d'éduquer le système immunitaire pour l'amener à tromper l'infection au VIH et dans l'élaboration d'un vaccin efficace pour le bénéfice du monde entier.
Les femmes fortes et indépendantes, qui résistent merveilleusement bien au VIH, avec lesquelles nous travaillons à Nairobi sont la preuve vivante qu'il y a une solution quelque part. Nous devons simplement être assez intelligents pour la trouver. Les chercheurs canadiens devraient être des meneurs grâce à l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je m'appelle Alan Bernstein. Je suis directeur exécutif de Global HIV Vaccine Enterprise. Auparavant, j'ai été président des Instituts de recherche en santé du Canada, ce qui m'a amené à participer, avec un certain nombre de personnes, à l'élaboration de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH. Je me souviens très bien de cette époque, qui remonte à 2005, et du jour où M. Gates est venu signer le protocole d'entente avec M. Harper. Le Canada participait ainsi à l'effort déployé dans le monde pour éradiquer le VIH-sida partout sur la planète.
L'Enterprise est une alliance à participation volontaire d'organisations indépendantes et de chercheurs qui ont à cœur de travailler ensemble pour accélérer la mise au point d'un vaccin contre le VIH. L'alliance a été créée en réaction aux défis humanitaires et scientifiques énormes que présente le VIH-sida; elle est axée sur deux principes fondamentaux. Premièrement, ses membres partagent la même détermination de stopper le virus et l'épidémie, qui est assurément la pire épidémie des temps modernes, sinon de toute l'histoire de l'humanité. Deuxièmement, l'alliance possède un plan stratégique scientifique commun qui unit tous ses membres. Je reviendrai là-dessus.
J'aimerais parler brièvement de trois choses, ce matin. Premièrement, permettez-moi de faire état de certains faits sur l'épidémie même. En 2008, qui est l'année la plus récente pour laquelle nous avons des données d'ONUSIDA, 2,7 millions de personnes ont été infectées par le virus. Deux personnes sur cinq recevront un traitement. Les trois autres — les autres 60 p. 100 — mourront du sida, causé par le virus.
Nous n'investirons jamais assez pour venir à bout de cette épidémie. Le coût du traitement du sida augmente chaque année, parce que 2,7 millions de personnes deviennent infectées. Ce sont les États-Unis qui consacrent la somme la plus importante aux médicaments servant à traiter le sida, et le président Obama a déjà indiqué qu'il n'augmentera pas les fonds pour le traitement. Je crois donc qu'au cours des prochaines années, nous passerons de deux personnes traitées sur cinq à une personne. Ainsi, seulement 10 à 20 p. 100 des malades qui ont besoin de médicaments les recevront.
Hier, le Dr Christopher Murray et ses collègues de l'Université de Washington ont publié un article très important dans lequel ils ont montré que la sida constitue la principale cause de mortalité maternelle sur la planète aujourd'hui. Environ 62 000 femmes mourront du sida pendant leur grossesse, leur accouchement ou dans le mois suivant. Il est intéressant d'observer, naturellement, que le Canada est l'hôte de la réunion du G8 cette année, et que le thème retenu est celui de la santé des mères et des enfants. Le sida représente la principale cause de décès chez les mères.
Parlons maintenant de la participation du Canada aux efforts déployés partout dans le monde. La participation du Canada à la recherche sur le virus est cruciale. Le Canada est l'un des pays les plus grands et les plus riches au monde. Il compte des chercheurs solides et reconnus, comme vous l'a dit le Dr Fowke, dotés d'un bon financement et d'une bonne infrastructure de recherche. Le Canada est probablement celui des pays du G8 qui a été le moins affecté par le ralentissement économique des deux dernières années. Le Canada peut s'enorgueillir d'avoir une tradition de multilatéralisme et de collaboration avec les autres pays pour la recherche sur des problèmes affectant toute la planète. C'est dans cet esprit que l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH a été élaborée.
Comment le Canada peut-il contribuer à la réalisation du plan stratégique de Global HIV Vaccine Enterprise pour éradiquer le VIH? Le plan a été élaboré en 2005, et la cérémonie de signature a eu lieu, comme vous l'avez appris, en 2007.
Depuis 2005, les choses ont bien changé. Au cours des deux dernières années tout particulièrement, la science a fait des progrès très importants. Le Dr Bertozzi a parlé des résultats de l'essai effectué en Thaïlande. Cet essai a marqué un point tournant, parce que, pour la première fois, on a montré qu'un vaccin pouvait fournir une certaine protection, soit environ 31 p. 100 —non pas permanente, mais temporaire — contre le VIH. Ce n'est pas un produit, mais une preuve importante que l'infection pourrait être stoppée par un vaccin.
Ce résultat, s'ajoute à un certain nombre d'avancées scientifiques importantes — le Dr Fowke vous a parlé d'une étude des personnes exposées qui n'ont pas été infectées; des contrôleurs d'élite; de la compréhension de certains des événements immunologiques précoces qui surviennent lorsqu'une personne est infectée par le VIH. Nous commencerons bientôt à connaître les données sur l'essai mené en Thaïlande. Pourquoi ces 31 p. 100 de gens ont-ils obtenu une protection de six mois à un an? Tous ces résultats constitueront, nous l'espérons, des indications sur les moyens à prendre pour passer d'un taux de protection de 31 p. 100 à un taux de 100 p. 100.
Ces progrès montrent que nous avons besoin d'un nouveau plan stratégique. Le dernier plan remonte à 2005. Nous sommes en 2010. Je peux vous dire, en qualité de dirigeant de cette alliance, que nous travaillons très fort pour élaborer un nouveau plan stratégique qui sera présenté plus tard au cours de la présente année. En qualité de chef d'Enterprise et de Canadien, je crois que le Canada doit jouer un rôle très actif dans le nouveau plan stratégique, comme il l'a fait en 2005 et en 2007. Je rappellerais au comité que l'objectif est de mettre au point un vaccin, rien de plus, rien de moins. C'est ce que nous visons.
Au moment où nous parlons, quelque 700 personnes seront infectées au VIH aujourd'hui, et de ce nombre, 400 en mourront. Je vous demande de garder cela en tête. Le monde a de toute urgence besoin de la contribution active du Canada dans la découverte d'un vaccin contre le VIH.
:
Merci, madame la présidente et merci aux membres du comité de m'inviter à comparaître devant vous aujourd'hui pour parler de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH. J'ai apporté des exemplaires de mon exposé dans les deux langues officielles.
Je m'appelle Heather Medwick. Je suis présidente intérimaire et PDG du International Centre for Infectious Diseases. Je suis devenue PDG par intérim le 31 juillet 2009. Avant de devenir PDG, j'étais directrice des initiatives de collaboration et ensuite vice-présidente. Pour bien situer les choses dans leur contexte aux fins de cette réunion, je précise que je n'ai pas fait partie de l'équipe qui a été chargée de la demande que nous avons présentée dans le cadre de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH. Cette responsabilité était du ressort de quelqu'un d'autre au sein de l'organisme. Même si j'ai eu un droit de regard sur la rédaction du document juste avant sa présentation, je n'y ai pas participé directement jusqu'à ce que j'assume les fonctions de PDG par intérim en juillet 2009.
Permettez-moi de vous dire un mot sur le centre et de passer ensuite à l'expérience que nous avons eue concernant la présentation d'une demande au titre de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH. Le centre est un organisme canadien à but non lucratif qui rassemble des personnes et des ressources dans le but de trouver de nouveaux moyens de lutter contre les maladies infectieuses à l'échelle mondiale. Il a été établi en 2004, au même moment que l'Agence de la santé publique du Canada. Le rôle du centre était de compléter et d'appuyer le mandat et les travaux de l'Agence.
Depuis 2004, notre rôle a évolué et nous sommes devenus un organisme catalyseur dans la recherche de solutions aux défis que posent les maladies infectieuses. Notre rôle comporte deux volets: nous amenons des personnes et des ressources à collaborer à des projets communs; et nous fournissons l'énergie, l'expertise et l'infrastructure nécessaires pour faire progresser les projets.
Nous travaillons actuellement dans certains domaines clés dont les suivants: la formation en biosécurité; la prévention du VIH; la préparation des entreprises à une pandémie et la prévention du papillovirus humain. Vous trouverez dans le document qui vous a été remis un certain nombre d'exemples. Je vais me concentrer sur deux pour gagner du temps, comme la présidente l'a demandé. Je vais vous parler des exemples 3 et 4.
Nous avons conclu un partenariat avec le Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg, et avec l'Université du Manitoba, pour tenir le premier symposium international sur l'immunité naturelle au VIH. Nous avons réuni des chercheurs de partout dans le monde qui sont venus discuter de leurs travaux et réfléchir à des projets de collaboration futurs. Notre rôle a été de fournir une infrastructure administrative pour l'événement. Nous espérons continuer d'aider ces scientifiques à collaborer les uns avec les autres par la création d'un consortium financé par la fondation Gates sur l'immunité naturelle au VIH, comme le Dr Fowke l'a dit plus tôt.
Nous avons aidé des PME de partout au Canada à se doter des moyens requis pour réagir aux défis qu'a posés la pandémie de grippe H1N1. Nous avons, dans une large mesure, présenté des ateliers et fourni des outils, du soutien et des encouragements pour l'élaboration d'un plan de lutte contre la pandémie. Nous voulions amener ces entreprises à bien cerner les défis qu'elles allaient devoir surmonter avant la pandémie même.
Les services du centre ont été davantage sollicités au cours des cinq dernières années. Pour ce qui est de sa participation à l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, le centre avait participé plus tôt au projet de ce qui était alors l'Initiative canadienne pour un vaccin contre le VIH. Il s'agissait d'un consortium d'organisations publiques, privées et universitaires qui s'employaient à élaborer une proposition pour appuyer la recherche, les essais cliniques et l'aménagement d'un centre de fabrication d'un lot de vaccins pilotes. Le consortium a présenté sa proposition au gouvernement fédéral. L'Initiative canadienne pour un vaccin contre le VIH est devenue l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH.
Ayant investi dans l'Initiative canadienne pour un vaccin contre le VIH et dans son mandat, nous étions très intéressés à soumissionner au titre de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, ce que nous avons fait et nous avons gagné. Le centre a créé et dirigé un consortium international qui a pu répondre à la demande de propositions. Le Serum Institute, l'un de nos partenaires, est le fabricant de vaccins le plus important au monde. Cangene Corp est la société biotechnologique la plus importante au Canada. L'International Aids Vaccine Initiative est l'organisme de recherche et de développement le plus important au monde pour un vaccin contre le V1H. Le consortium comprenait également quatre universités canadiennes: l'Université du Manitoba et l'Université de Montréal, avec leur centre de recherche sur le VIH et de liaison avec la communauté internationale, l'Université de la Saskatchewan, avec son organisme de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses, l'Université de la Colombie-Britannique, avec son réseau canadien d'essais cliniques sur le VIH.
Notre demande était très solide. Nous avons consulté des spécialistes d'affaires et de conception architecturale pour appuyer les efforts du consortium et pour créer une vision et un modèle de gestion de l'installation. Notre modèle était fondé sur une évaluation du marché qui a révélé une demande pour ce genre d'installation chez les scientifiques qui cherchent à développer un vaccin; il était fondé sur la participation de personnes infectées au VIH et non infectées pour élaborer et produire des lots d'essais cliniques, tout en donnant la priorité aux candidats qui étaient atteints du VIH.
J'affirme sans hésiter que cet effort colossal aurait débouché sur une usine de fabrication de calibre mondial abordable et accessible, où l'on aurait pu concevoir des lots pilotes de vaccins contre le VIH et d'autres maladies.
Pour l'ICID, comme pour les autres demandeurs d'ailleurs, le processus relatif à l'ICVV a été long et ardu. Nous avons commencé en 2007 lors de l'annonce, et ce n'est qu'en janvier 2010, près de trois ans plus tard, qu'une décision a été prise. Nous avons procédé en deux étapes: une réponse à la lettre d'intention, suivie d'une invitation à répondre à la demande de propositions ou DP.
Le processus de demande de propositions comportait des exigences élevées, et l'ICID s'est assuré d'y satisfaire et même de les dépasser afin d'être le meilleur demandeur. Et je crois que nous l'étions, si l'on fait abstraction de la décision, et sans vouloir manquer de respect envers les autres soumissionnaires. Le processus d'évaluation était difficile à comprendre. Il était subjectif, il était difficile de saisir le rôle des examinateurs externes et internes dans la prise de décision, et nous avons eu de la difficulté à obtenir de l'information pour savoir pourquoi la décision tardait.
Le résultat final a été une déception et une perte pour l'ICID, le Canada et le monde entier. Pour notre organisation, cette perte, résultant des dépenses afférentes à la proposition, a été assumée non seulement par l'ICID, mais également par nos partenaires, qui ont accordé temps et ressources au processus. Nous avons également laissé échapper des occasions que nous aurions pu saisir autrement. Cela dit, nous avons tout de même gagné de l'expérience, une certaine notoriété et des liens solides avec d'importants organismes et partenaires internationaux.
Le Canada pour sa part a perdu des emplois dans le secteur de la haute technologie et une capacité nationale de fabrication de vaccins. Je crois également que le leadership et la renommée du Canada dans le domaine de la prévention du VIH ont perdu des plumes. Quant au milieu international de la recherche, il a perdu la chance de construire une installation accessible et abordable pour trouver une solution au VIH et à d'autres maladies.
J'aimerais conclure en parlant de l'ICVV.
L'ICID a compris d'entrée de jeu que rien n'obligeait le gouvernement du Canada à mettre en œuvre ce projet. La demande de propositions l'indiquait clairement.
Le gouvernement a finalement décidé de privilégier l'information figurant dans le rapport de la Fondation Gates, qui était davantage axée sur la capacité de fabrication du vaccin contre le VIH, plutôt que notre étude de marché, qui portait sur les besoins de fabrication du secteur de conception de vaccins en général. C'est une issue qui a été décevante pour l'ICID, mais nous en avons pris notre parti.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
J'aimerais débuter par féliciter le gouvernement du Canada de sa volonté d'accorder une contribution novatrice et significative pour mener la lutte globale contre le SIDA. Comme vous le savez, à chaque minute, cette terrible maladie fait quatre nouvelles victimes, surtout dans les pays moins nantis. Comme l'a fait remarquer Alan Bernstein, ces victimes sont principalement des femmes et des enfants.
[Français]
Avant de répondre aux questions des membres du comité, je crois qu'il serait utile de vous décrire le mandat du Consortium International sur les Thérapies Antivirales, le CITAV, et d'expliquer pourquoi nous avons soumis une demande pour le contrat visant à établir un centre de fabrication de vaccins en tant que composante de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH.
[Traduction]
Le CITAV est une société conceptrice de médicaments sans but lucratif dont l'objectif consiste à accélérer la mise au point de traitements contre des maladies virales et à offrir ces traitements, au prix coûtant, à ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire les habitants des pays à faible et moyen revenu. Par conséquent, nous partageons les mêmes objectifs que le gouvernement dans le cadre de ce programme. En outre, au cours de nos cinq ans d'existence, nous avons établi un réseau international de chercheurs spécialisés en thérapie virale, qui comprend maintenant plus de 250 membres issus de 28 pays. Nous avons constitué ce réseau dans le cadre d'une série de conférences internationales; nous en avons organisées huit jusqu'à présent, et d'autres sont à venir. Nous en avons tenues au Nigéria, en Chine, en Australie, en France, en Allemagne et ici même, au Canada. En 2012, nous tiendrons l'événement en Inde. Le CITAV est une version internationale d'une invention canadienne couronnée d'un succès exceptionnel, c'est-à-dire le Réseau canadien de centres d'excellence, un programme auquel j'ai participé pendant 15 ans.
Je comprends qu'IAVI vous a informés qu'elle a réussi à produire des anticorps monoclonaux neutralisants pour le traitement et la prévention de l'infection au VIH. Je suis heureux de vous informer que le CITAV a mis au point une technologie similaire ici, au Canada, et l'a appliquée pour isoler des anticorps neutralisants contre le virus de la grippe H1N1 qui a provoqué la pandémie récente. En fait, c'est en partie à cause du potentiel émergent des anticorps monoclonaux neutralisants dans la gestion des maladies infectieuses que nous nous sommes efforcés avec enthousiasme de décrocher le contrat pour l'installation de fabrication dans le cadre de l'ICVV.
J'en arrive maintenant à l'objet de la rencontre d'aujourd'hui, et je dois admettre que nous avons été déçus par certains aspects du processus. Dans mes 28 ans de carrière comme chercheur universitaire, j'ai été membre d'un grand nombre de comités d'examen et ai participé à bien des processus de demande de cette envergure. Dans tous les cas, le processus d'examen pour de tels concours, qu'il s'agisse d'une initiative de l'IRSC, du CRSNG ou même de la FCI, comprenait toujours une visite sur place au cours de laquelle les membres du comité d'examen rencontraient personnellement les divers demandeurs. Le comité avait ainsi l'occasion de dissiper les malentendus ou de rectifier les omissions détectées au cours de l'examen initial.
Dans le cas présent, nous nous attendions à ce qu'il y ait une visite sur place. C'était particulièrement important dans notre cas, car nous voulions informer le comité d'examen que nous avions établi un nouveau partenariat stimulant avec BioVectra, une société canadienne de fabrication à contrat établie à l'Île-du-Prince-Édouard, qui possède d'importantes capacités de fabrication à l'échelle commerciale et qui ajoutait un poids considérable à notre demande. Nous avons attribué le fait que l'Agence de santé publique ait omis d'organiser une visite aux exigences extraordinaires de la gestion de la réaction du Canada à la pandémie du virus H1N1.
Nous avons donc été fort inquiets lorsque nous avons eu vent d'une rumeur selon laquelle le projet d'installation de fabrication de vaccins serait annulé. Mais nous avons été très soulagés lorsque nous avons appris que des fonds importants seraient réaffectés afin de contribuer différemment à l'accélération des stratégies visant à contrer la pandémie mondiale de VIH-sida.
Pour la plupart des spécialistes du domaine, il est évident que les résultats décevants des récents essais cliniques des vaccins contre le VIH révèlent tout simplement notre ignorance collective de la complexité de l'interaction entre le virus du VIH et le système immunitaire humain. De toute évidence, il faut poursuivre les recherches, comme vous l'ont d'ailleurs indiqué MM. Bernstein et Bertozzi.
Je m'en voudrais toutefois de ne pas profiter de l'occasion pour faire remarquer aux membres du comité que les vaccins ne sont pas les seuls outils qui s'offrent à nous. M. Bernstein a indiqué que ce n'est pas grâce aux traitements que nous allons enrayer cette épidémie; et pendant que nous attendons un vaccin — et ce que je dis est spontané et n'est pas tiré de mon texte —, nous allons devoir nous occuper des 33 millions de personnes qui ont actuellement le VIH-sida dans le monde.
Les antiviraux ont donc un nouveau rôle à jouer dans la prévention de la transmission. En traitant une personne infectée, on réduit sa charge virale et, par conséquent, la probabilité de transmission du virus. C'est le cas tant pour le VIH que pour la grippe.
[Français]
De plus, comme l'a mentionné récemment le docteur Michel Sidibé, directeur exécutif d'ONUSIDA, nous avons désespérément besoin d'une nouvelle génération de médicaments efficaces et moins coûteux pour traiter les infections par VIH.
[Traduction]
J'exhorte le comité à être proactif au moment où l'Agence de santé publique et la Fondation Gates réévaluent leurs choix. Ces fonds doivent être dépensés efficacement. Oui, une partie des ressources devrait être affectée afin de mieux comprendre les réactions immunologiques humaines de base aux infections provoquées par le virus du VIH, comme l'a souligné M. Fowke.
Rappelez-vous cependant que depuis 20 ans, ce sont les antiviraux qui ont permis de prolonger et d'améliorer la vie des personnes affectées par le VIH. Il faut affecter une partie de ces ressources aux solutions éprouvées, c'est-à-dire la fabrication d'une plus grande quantité d'antiviraux efficaces et abordables. Voilà où une stratégie immédiate et éprouvée peut réussir et où le Canada peut apporter une contribution utile. Sachez que le CITAV est prêt à mettre l'épaule à la roue.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour à tous.
[Traduction]
J'aimerais tout d'abord remercier les membres du comité de m'avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui au nom de l'University of Western Ontario.
Si jamais vous l'ignorez, sachez que notre établissement est l'une des plus grandes universités du Canada et l'une de celles qui connaissent un retentissant succès sur les plans de la recherche, du développement et de la commercialisation. Il s'agit de l'un des meilleurs centres de santé universitaires au pays, qui excelle dans le domaine des sciences de la vie. À l'appui de nos activités de recherche et développement, qui englobent la commercialisation, nous sommes heureux de recevoir le financement que nous accordent les conseils subventionnaires fédéraux et la FCI, ainsi que le soutien que nous octroient, souvent sous la forme de financement de contrepartie, la province de l'Ontario et nos partenaires industriels dans le cadre de programmes originaux. Nous offrons également beaucoup de formation dans le cadre de programmes d'études supérieures dans un large éventail de domaines, en mettant l'accent sur la formation des diplômés.
Nous nous sommes intéressés à l'ICVV pour diverses raisons, que je vous exposerai brièvement. Entrent certainement en jeu les travaux que nous réalisons actuellement sur le VIH/sida, particulièrement la mise au point de vaccins contre le sida et le VIH; les relations solides que nous avons nouées avec des partenaires internationaux du domaine de la promotion de la santé, notamment dans la région subsaharienne de l'Afrique; le fort soutien que nous continuons de recueillir à l'échelle locale et notre intention de renforcer davantage la capacité de London et du Sud-Ouest de l'Ontario d'effectuer de la recherche-développement dans les domaines des produits pharmaceutiques et des sciences de la vie; l'expertise concernant le développement et la réalisation d'essais cliniques; ainsi que l'enthousiasme et le soutien que nous avons suscités auprès de nos partenaires internationaux dans le cadre du processus.
Cela dit, j'avoue que le processus par l'entremise duquel nous avons présenté une demande concernant l'installation d'essais cliniques de vaccins vivants différait de tous les autres processus de demande auxquels nous avons participé jusqu'à présent. J'abonde dans le même sens que mes collègues de l'Université du Manitoba et M. Carver.
Lors du processus de demande de qualification, notre université a été présélectionnée avec trois autres finalistes afin de présenter des demandes complètes. À l'instar de mes collègues, nous croyions que notre demande était extrêmement intéressante, et je suis toujours persuadé que si nous avions remporté le concours, nous aurions fait de cette installation un pôle d'attraction international de la recherche sur les vaccins. Advenant que notre demande soit rejetée, nous caressions tout de même l'espoir de pouvoir collaborer avec le demandeur retenu.
Chose certaine, même si nous avons été déçus de ne pas être choisis, nous savions dès le départ, comme nous l'avons entendu plus tôt, que si le gouvernement du Canada ou la Fondation Gates décidaient de ne pas aller de l'avant, le concours serait annulé.
En somme, je peux vous dire, au nom de l'University of Western Ontario, que toute la communauté était enthousiaste à l'idée d'accueillir ce que nous croyions être une infrastructure colossale où auraient pu travailler des chercheurs de tous les pays du monde dans la course pour trouver un vaccin viable contre le VIH/sida et d'autres maladies. Nous avons été déçus de voir que ni notre université ni les autres demandeurs n'avaient pu remporter ce concours. Cependant, nous comprenons et acceptons les décisions prises par le gouvernement en collaboration avec la Fondation Gates.
Je serais ravi de répondre aux questions que vous pourriez avoir; mais je conclurai ici mon propos.
:
Merci, madame la présidente. Je remercie les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
En français, on dit qu'il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs. La Fondation Gates a fait une étude pour évaluer la capacité de fabrication de vaccins après avoir lancé le concours et créé des attentes. On entend les attentes. Il y a des consortiums et des universités qui ont présenté des demandes et qui sont aujourd'hui déçus de voir qu'aucune nouvelle installation de recherche clinique ne sera implantée. Je me demande donc pourquoi la Fondation Gates, avant de faire les grandes annonces, avant de lancer le concours, ne s'est pas assurée, d'une part, que cette étude sur la capacité de fabrication puisse être faite et d'en avoir un rapport concluant, et de l'autre, de vérifier si le vaccin, qui était déjà préparé, pouvait être efficace.
C'était ma première question, et j'en ai une autre que je pose tout de suite. Par la suite, je vous laisserai le temps de répondre, Dr. Bertozzi.
Le Dr. Cameron et le Dr. Carver, respectivement mardi dernier et aujourd'hui, ont identifié le besoin de savoir rapidement. Ils ont même fait des propositions quant à l'allocation des fonds mis de côté par le gouvernement fédéral, et également par la fondation Bill et Melinda Gates, dans la poursuite des recherches pour trouver des solutions au VIH-sida. Autant le Dr. Engelhardt, mardi dernier, que vous, aujourd'hui, ne nous avez pas vraiment dit ce que vous aviez en tête pour la suite des choses. J'aimerais savoir si, de votre côté, vous avez déjà entamé des discussions pour voir ce qui s'en venait à l'avenir.
:
Vous savez, c'est toujours difficile.
En 2005, les gens de l'entreprise avaient étudié le terrain. Ils avaient exprimé, dans leur programme et dans leur plan d'action, qu'il fallait une plus grande capacité de production de ces lots de vaccins. En 2007, on avait établi une collaboration entre la fondation et le gouvernement.
Le problème, c'est que le temps a passé. Au début de l'année 2009, on a eu une réunion au sein de la fondation et on s'est posé la question. La situation avait changé du point de vue de la science à cause des essais qui avaient été complétés. En plus, dans le monde, on avait continué d'augmenter la capacité de production des lots de vaccins. Malheureusement, tout le processus que vous voyez ici avait déjà été lancé.
C'est à ce moment qu'on avait demandé cette étude aux experts sur le terrain qui ont le plus de connaissances sur la production de vaccins. Selon l'étude, il y avait une grande capacité de production, beaucoup plus grande que ce qu'on pouvait prévoir pour les besoins de la production de lots de vaccins pour les essais cliniques.
Ce n'est pas la première fois que cela arrive, et c'est malheureux pour les gens qui ont fait tout ce travail, mais ce sont de bonnes nouvelles. En effet, cela veut dire que tout l'argent qu'on allait utiliser pour construire des installations de production pourra être utilisé pour d'autres choses afin d'accélérer le développement du vaccin.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à vous remercier tous de comparaître aujourd'hui.
J'aimerais commencer par vous, monsieur Stefano Bertozzi. Je sais que Bill et Melinda Gates tiennent beaucoup à ce projet qui vise à trouver une solution à une maladie qui infecte 700 personnes par jour et qui en tue 400, comme l'a expliqué le Dr Bernstein. Quelque 43 millions d'enfants sont touchés. C'est un chiffre énorme. Je sais donc que Bill et Melinda Gates sont déterminés à trouver une solution. Ils ont fait preuve d'une intégrité remarquable, comme on a pu le voir hier quand ils se sont engagés à mettre fin au financement du CRDI en raison des liens entre l'un des membres du conseil d'administration et Imperial Tobacco.
Donc, monsieur Bertozzi, maintenant que vous avez appris des scientifiques, des universitaires et de ceux qui s'intéressent de près à cette question pour des raisons administratives et scientifiques, qu'il n'existe en fait aucun fondement aux arguments que vous avez présentés aujourd'hui pour rejeter la proposition ou le projet, je me demande si vous êtes disposée à faire marche arrière et à trouver une autre manière de permettre à ce projet d'aller de l'avant. Je vous le demande pour deux raisons. D'abord, vous savez que dès le départ, ce projet ne concernait pas une simple installation de production. L'objectif était l'instauration d'un centre de découvertes, d'un lieu où on pourrait effectuer des essais cliniques, et vous savez qu'il y a en fait des percées énormes qui sont effectuées dans ce domaine, comme d'autres vous l'ont dit. Nous avons donc besoin d'un endroit pour mener ces travaux de recherche et ces essais cliniques. En fait, comme nous l'ont indiqué les scientifiques qui ont témoigné mardi, c'est une occasion en or. Nous n'avons jamais autant eu besoin de cette sorte d'installation pour effectuer ces travaux.
Ensuite, rien — à moins que vous puissiez présenter d'autres faits aujourd'hui — n'indique que l'un des quatre projets présentés dans le cadre de cette initiative avait des lacunes scientifiques ou techniques ou des problèmes de durabilité.
Je vous demande donc aujourd'hui si vous êtes disposée à rencontrer Bill et Melinda Gates pour leur dire que le temps est propice pour remettre ce projet sur la table, et à demander un examen des quatre soumissions qui ont été présentées ou à conseiller au gouvernement du Canada de remettre ce projet au programme. L'investissement de 88 millions de dollars, judicieux en 2007, est tout aussi valable aujourd'hui. Êtes-vous prête à défendre cet argument auprès de la Fondation Gates?
:
Merci, madame la présidente. Je comprends bien votre rôle et je vais m'efforcer de m'en tenir au temps imparti.
Je veux remercier tous nos témoins pour les exposés qu'ils nous ont présentés aujourd'hui.
Je dois préciser que je ne suis pas une membre régulière de ce comité. J'ai participé aux audiences sur cette question, surtout en raison de mes préoccupations quant au sort réservé à l'installation située au Manitoba. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier les deux Manitobains qui comparaissent devant nous aujourd'hui.
Il est fort probable que vous avez tous eu vent des rumeurs qui courent, surtout au Manitoba, relativement à la perception d'ingérence politique présumée dans ce projet. Sauf le respect que je dois aux autres soumissionnaires, je dois dire que de nombreux intervenants au Manitoba avaient cru comprendre que c'était la candidature retenue. Pour des raisons d'ordre politique, et ce, à plusieurs paliers, ce n'est pas le Manitoba qui a hérité du projet, cela dit en respectant tous les autres commentaires entendus ici, notamment au nom de la fondation Gates.
Madame Medwick, je me demande si vous pouviez nous dire si vous avez eu connaissance de cette ingérence politique qui a pu être perçue et si l'on pourrait retrouver dans les procès-verbaux des réunions de votre organisation des discussions en ce sens.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Et merci beaucoup à nos témoins qui nous ont présenté leurs exposés ce matin. Je crois que l'étude de ce dossier nous permet de recueillir des renseignements extrêmement utiles.
J'ai quelques questions à vous poser.
Dr Bertozzi, en regardant et en écoutant votre présentation, j'ai été heureuse d'entendre que votre plus grande priorité était le développement et la livraison de vaccins pour enrayer les maladies infectieuses, et qu'un vaccin pour le VIH était une priorité personnelle majeure pour M. et Mme Gates.
Vous avez enchaîné en parlant des priorités de l'heure en fait de santé mondiale, et vous nous avez aussi dit que le plan prévoyait la possibilité de modifier les stratégies actuelles. J'estime que c'est extrêmement important, vu le monde en constante ébullition dans lequel nous vivons et la rapidité avec laquelle les choses évoluent. Heureusement, la situation tend à s'améliorer en ce qui concerne le VIH. Il est primordial que nous reconnaissions cette réalité, de même que le fait que le gouvernement et la Fondation Gates ont réussi à s'adapter à l'égard de certains de ces changements.
Vous nous avez dit qu'un nouveau plan stratégique faisait l'objet de discussions. Le partenariat de vaccin contre le VIH qui a été annoncé était l'une des six priorités établies par l'Entreprise mondiale pour un vaccin contre le VIH. Quelles étaient les cinq autres? Est-ce que ces cinq autres priorités seront à la base du nouveau plan stratégique?
Comme vous l'avez indiqué, le plan de 2005 présentait six priorités, l'une d'elles étant la capacité de fabrication d'un vaccin. Pour ce qui est des cinq autres, je ne les énumérerai pas toutes, mais elles portaient notamment sur la recherche, la capacité des essais cliniques, la mobilisation communautaire, les questions liées à la propriété intellectuelle, et la mobilisation de l'industrie. Je crois que c'était les six priorités, j'ai perdu le fil. C'était celles qui figuraient dans le premier plan.
Lorsque nous avons entrepris l'élaboration du nouveau plan pour 2010, nous n'avons pas recommencé à zéro, mais presque. Il nous a fallu reconnaître que beaucoup de choses avaient changé, surtout dans le monde scientifique, au cours des dernières années, et il était devenu nécessaire de mettre à jour ce plan évolutif. Si la science n'avait pas évoluée, à quoi aurait servi tout cet argent? La science a effectivement permis de réelles avancées. La communauté scientifique et les bailleurs de fonds sont animés d'un nouvel élan d'optimisme. Nous savons que de réels progrès ont été faits et nous voulons miser sur ces nouvelles découvertes pour aller de l'avant.
En 2009, nous avons entrepris un très vaste processus de mobilisation et de consultation auprès des membres de la communauté scientifique et des groupes communautaires de partout dans le monde, pour savoir ce que devaient être selon eux les priorités pour les années à venir.
:
Nous allons attendre de vos nouvelles avec impatience. Vous savez que ce comité a le pouvoir de faire ces demandes et est en droit de s'attendre à ce que l'information lui soit fournie.
Revenons à la question qui nous occupe, c'est-à-dire l'occasion manquée pour le Canada de développer un vaccin contre le sida, mais aussi de favoriser la santé et la justice partout dans le monde. En fait, je crois que tous les scientifiques qui sont venus témoigner devant nous, qui connaissent le domaine, ont dit que l'annulation de la construction de cet établissement va nous ramener des années en arrière en ce qui a trait au développement d'un vaccin, un projet qui aurait aussi pu permettre au Canada de mettre à profit son énorme capacité de recherche et ses découvertes innovatrices ici, au Canada, et ailleurs, dans l'intérêt de la population mondiale.
Ted, vous nous avez dit qu'un essai clinique vous avait permis de réaliser une percée scientifique, mais que vous deviez aller poursuivre vos recherches aux États-Unis. Pouvez-vous nous dire qu'est-ce que nous allons perdre d'autre? Que se passerait-il si nous avions cette installation ici, que ce soit chez vous ou à Winnipeg, ou ailleurs au Canada?
Je tiens à rappeler à M. Bertozzi, au Dr Alan Bernstein, et aux autres, qu'il ne s'agit pas d'une installation de fabrication. Je me réfère au protocole d'entente qui a été conclu entre la Fondation Gates et ce gouvernement. On parle de recherche axée sur la découverte, d'essais cliniques. Tout repose sur la recherche. Il faut miser sur les percées scientifiques réalisées en Thaïlande et ailleurs, dont vous avez parlé, Monsieur Bernstein. Nous avons perdu cette capacité. Elle s'est envolée en fumée.
J'aimerais savoir à quel point cela nous retarde dans le développement d'un vaccin. Et pourquoi, en fait, nous laissons le bon travail de nos chercheurs traverser la frontière des États-Unis ou être exporté ailleurs dans le monde, pour être exploité par des compagnies pharmaceutiques du secteur privé qui n'ont aucun intérêt, vraiment, à développer ce vaccin?
Ces questions s'adressent à M. Hewitt. Je voudrais ensuite que M. Fowke y réponde aussi, du point de vue de la capacité de l'Université du Manitoba. Si nous arrivions à ramener ces découvertes au laboratoire, si nous pouvions remettre sur pied le consortium et arriver à une proposition, seriez-vous en mesure de faire le travail? Aurions-nous raison de nous battre pour que vous obteniez l'argent?
:
Merci, madame la présidente.
À la lumière des témoignages entendus aujourd'hui, il serait primordial selon moi que le comité tienne une séance supplémentaire à ce sujet. Nous pourrions y convoquer la ministre Aglukkaq et David Butler-Jones pour discuter de la réattribution des fonds, et de la façon dont nous pouvons accélérer les choses le plus possible. Il nous faudrait également établir quel est l'engagement à l'égard du fonds mondial et voir si nous pouvons consigner le tout avant la réunion de l'Assemblée mondiale de la Santé, qui aura lieu le mois prochain.
Toutefois, compte tenu de ce que nous avons entendu au sujet de l'interférence, de l'éthique, de la transparence, de la responsabilisation, employez le terme que vous voulez, je propose également que nous invitions le ministre Toews, le ministre Clement, le Dr Frank Plummer et Mme Jo Kennelly, afin de tirer les choses au clair et de leur permettre de se défendre contre les insinuations ou les allégations formulées à ce jour. J'estime qu'ils méritent d'avoir la chance de donner leur version des faits.
Je propose donc que nous tenions une séance supplémentaire, à laquelle comparaîtront la ministre Aglukkaq, David Butler-Jones, le ministre Toews, le ministre Clement, le Dr Frank Plummer et Mme Jo Kennelly.