Soyez les bienvenus. Nous poursuivons notre étude des initiatives de transformation à Anciens Combattants Canada.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les témoins. L'ordre du jour a été légèrement modifié. Il semble que nous ne serons peut-être pas interrompus par des votes, ce qui serait bien agréable.
Brièvement, pour quiconque serait nouveau, je dirais qu'habituellement, nous écoutons les déclarations préliminaires, puis nous passons aux questions des députés. Nous essayons d'en faire le plus possible avant que le temps ne soit écoulé.
Cela dit, je vais nommer les témoins. Nous accueillons M. Sareen, professeur de psychiatrie à l'Université du Manitoba.
Nous entendrons aussi les représentants du ministère des Anciens Combattants. Il s'agit de David Pedlar, directeur, Politiques et recherches, et de Carlos Lourenso, directeur, Programmes des avantages médicaux et de l'autonomie des anciens combattants.
Le ministère de la Défense nationale est représenté par le colonel Gerry Blais, directeur, Gestion de soutien aux blessés, le colonel Bernier, médecin-chef adjoint, et Susan Truscott, directrice générale, Recherche et analyse (Personnel militaire). Si vous souhaitez nous présenter quelqu'un d'autre en cours de séance, libre à vous.
Si tout le monde est prêt, nous allons commencer. Vous aurez 10 minutes chacun pour faire votre déclaration préliminaire.
Monsieur Sareen, la parole est à vous.
J'aimerais remercier le comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. J'ai hâte de discuter avec vous des meilleures méthodes pour l'amélioration de la santé des Forces canadiennes et des anciens combattants.
Le Canada devrait être fier des efforts qui ont été faits ces 10 dernières années pour améliorer le système des soins en matière de santé mentale pour les militaires en service et les anciens combattants. Cependant, dans un contexte où les ressources sont limitées, pour relever les défis liés aux soins offerts aux anciens combattants qui ont participé à des combats en Afghanistan, les décideurs canadiens devront favoriser des partenariats solides avec le secteur universitaire et le secteur public.
Pendant mon exposé, afin de vous aider à comprendre le contexte dans lequel s'inscrivent mes commentaires, je vous donnerai un aperçu de mon cheminement de mon expérience. Je vous raconterai aussi une anecdote qui souligne certains des enjeux clés dont il faut tenir compte. Ensuite, je vous parlerai de certains aspects de l'important travail réalisé par notre groupe, et je terminerai par les orientations possibles à l'avenir.
Je suis un psychiatre pour adultes. Je travaille à la Clinique de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel du ministère des Anciens Combattants, à Winnipeg, au Manitoba. Je suis aussi professeur de psychiatrie et directeur de recherche à l'Université du Manitoba, et je préside le comité scientifique de l'Association des psychiatres du Canada.
Ma recherche a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil manitobain de la recherche en matière de santé et de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.
À titre d'exemple des enjeux importants auxquels nous sommes confrontés, je vais décrire un cas qui, afin de ne pas violer la règle de confidentialité et ne pas permettre l'identification d'une personne en particulier, est un amalgame de divers éléments tirés de cas que j'ai traités.
Un militaire de 25 ans est envoyé à notre clinique TSO pour y suivre une évaluation et un traitement. Le militaire souffre de cauchemars, d'insomnie et d'irritabilité et il a des idées suicidaires. Il se souvient d'avoir été éjecté de son véhicule en raison d'une explosion pendant son affectation en Afghanistan. Il s'est évanoui et a eu la jambe fracturée. Sa blessure physique a nécessité plusieurs semaines de convalescence. Son compagnon d'armes a été tué instantanément lors de l'explosion.
Il est revenu à la maison il y a neuf mois. Depuis, il évite de participer à des activités avec sa femme et ses enfants en raison d'une dépression. Il se sent très coupable et se demande s'il aurait pu faire quelque chose pour aider son compagnon d'armes.
Les fins de semaine, pour chasser les souvenirs, contrôler la douleur physique qu'il ressent et essayer de régler ses problèmes de sommeil, il boit de grandes quantités d'alcool. Son mariage est en péril.
Ce que vous venez d'entendre est une histoire qu'entendent souvent, au quotidien, grand nombre de ceux qui travaillent dans les cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel d'un bout à l'autre du Canada. Pour le Canada, comme vous pouvez l'imaginer, le déploiement en Afghanistan a engendré des coûts importants sur le plan humain. Les problèmes comme le trouble de stress post-traumatique, la dépression et l'abus d'alcool ne touchent pas seulement ces personnes et leur famille, mais ont aussi un effet important sur les militaires en service, les anciens combattants et la société.
Ces histoires soulèvent d'importantes questions. Combien de militaires en service canadiens ont développé des troubles de santé mentale en raison de leur déploiement? Pourquoi une personne ayant participé à des combats développe-t-elle des troubles de santé mentale et une autre, non? Quels militaires sont susceptibles de développer des troubles de santé mentale? Que peut-on faire pour réduire l'incidence de la maladie mentale chez les militaires en service et les anciens combattants? Et surtout, comment pouvons-nous prévenir le suicide?
et député de Charleswood, a visité notre clinique l'an dernier, et il a posé la question suivante, à laquelle je n'avais pas la réponse: au Canada, comparativement aux anciens combattants, les civils sont-ils plus ou moins susceptibles d'obtenir un traitement approprié pour la dépression? C'est une question importante, parce qu'on a déjà reproché aux militaires de ne pas s'occuper des besoins psychologiques des anciens combattants.
À ce jour, nous n'avons pas de données scientifiques nous permettant de répondre à bon nombre des questions que je vous ai posées. Grâce à des partenariats importants avec des chercheurs, les Forces canadiennes et les anciens combattants, notre objectif est d'essayer de régler certaines de ces questions importantes.
Notre groupe de recherche a été créé il y a environ 10 ans. En 2002, les Forces canadiennes et Statistique Canada ont mené une enquête sans précédent sur la santé mentale afin de comprendre les besoins en matière de santé mentale des militaires actifs. Statistique Canada a réalisé des entrevues auprès de plus de 8 000 militaires actifs afin de comprendre les besoins en matière de santé mentale. Ces 10 dernières années, pour l'analyse de cette volumineuse base de données unique au monde, nous avons eu le soutien des IRSC, les Instituts de recherche en santé du Canada.
Voici trois principales constatations de notre travail.
Premièrement, nous avons été inspirés par le livre du sénateur Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, dans lequel il décrit les horribles expériences qu'il a vécues en tant que Casque bleu au Rwanda. Il a grandement contribué aux efforts de sensibilisation sur le trouble de stress post-traumatique au Canada.
Deuxièmement, les conclusions de notre recherche ont démontré pour la première fois que les militaires canadiens qui ont participé à des combats lors de missions de maintien de la paix et qui ont été témoins d'atrocités — comme des génocides — avaient un risque plus élevé de souffrir de divers problèmes de santé mentale, et non seulement de TSPT. Cependant, il est important de noter que la majorité des problèmes de santé mentale chez les militaires ne sont pas liés au combat ou au déploiement. Lorsqu'il y avait un lien causal, moins de 10 p. 100 des maladies mentales étaient liées à des expériences pendant le déploiement.
La troisième principale constatation de notre étude importante a démontré qu'en 2002, la maladie mentale non traitée était un problème fréquent chez les militaires. Près de 50 p. 100 des personnes qui avaient eu un diagnostic de maladie mentale, comme la dépression et l'anxiété, n'avaient pas reçu de soins.
Les constatations de notre recherche ont eu un effet important sur le plan scientifique et sur les politiques. Nous avons publié des articles liés à ce travail dans des publications internationales et nous avons présenté nos conclusions lors de conférences à l'échelle nationale et internationale, y compris lors d'ateliers de l'OTAN portant sur la prévention du suicide et le trouble de stress post-traumatique. Il y a deux ans, j'ai été invité à faire un exposé sur les facteurs de risque du suicide au Sous-comité sénatorial des anciens combattants.
Au cours des 10 dernières années, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour améliorer l'accessibilité aux soins et la qualité des soins pour les membres. Le réseau des cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel du ministère des Anciens Combattants a été étendu dans l'ensemble du Canada. La section de la santé du déploiement a créé un test de dépistage post-déploiement sur la santé mentale afin d'offrir à nos soldats rapatriés, en temps opportun, un accès rapide aux soins.
Il est important de souligner que les conclusions de notre recherche sont fondées sur une étude en santé mentale de 2002, qui a été menée avant le déploiement des troupes terrestres, en 2004. En conséquence, il est nécessaire d'obtenir des renseignements plus récents sur les besoins de nos membres en service, parce qu'ils ont participé à beaucoup plus de missions de combat que jamais auparavant.
J'aimerais maintenant parler des partenariats auxquels nous participons.
À l'Université Queen's, la Dre Alice Aiken a dirigé un Forum de recherche sur la santé des militaires et des vétérans canadiens, auquel ont participé des universités de partout au Canada et des intervenants clés. L'objectif est d'améliorer les connaissances sur la santé mentale du personnel militaire.
L'an dernier, j'ai assisté à la conférence et j'ai participé à l'établissement de deux partenariats importants.
Premièrement, lors de cette conférence, j'ai pris connaissance de l'étude menée récemment par Statistique Canada et le ministère des Anciens Combattants, qui s'intitule « La vie après le service ». Notre groupe de recherche de l'Université du Manitoba a été invité à former un partenariat avec M. Pedlar et son groupe du ministère des Anciens Combattants afin d'étudier des questions importantes liées à la santé mentale. Parmi celles-ci, il y a: la variation du revenu du ménage et des difficultés financières en corrélation avec la maladie mentale; les problèmes de santé physique et la douleur chronique en corrélation avec le comportement suicidaire.
Deuxième, l'un des programmes que je dirige a pour objectif de créer une étude de suivi de la première enquête canadienne sur les membres en service, qui remonte à 2002. Mon travail consiste à créer des partenariats, grâce au financement de Recherche et développement pour la défense Canada, des Forces canadiennes et de la Commission de la santé mentale du Canada. Les premiers participants seront soit les personnes qui sont devenues les anciens combattants au cours des 10 dernières années, soit des personnes qui auront été déployées. Ce serait une étude unique en son genre, dans le monde. Elle portera sur des questions très importantes concernant les facteurs de risques et les facteurs de protection associés aux troubles de santé mentale, pendant les périodes de prédéploiement, de déploiement et de postdéploiement.
Pendant cet exposé, j'ai essayé de vous donner un aperçu des problèmes importants en matière de santé mentale que vivent nos membres en service. De toute évidence, chacun de ces problèmes comporte beaucoup plus de facettes, et c'est avec plaisir que j'en parlerai pendant la période des questions.
En terminant, j'aimerais rappeler au comité que les investissements dans la recherche et dans d'autres secteurs des soins de santé — les maladies cardiovasculaires, le VIH et le cancer, notamment — ont mené à l'acquisition rapide des connaissances et une réduction de la morbidité et de la mortalité au Canada et dans le monde. J'insiste fortement sur le fait qu'il est nécessaire d'investir dans la recherche en santé mentale dans le secteur militaire et dans les partenariats, car cela peut mener à l'acquisition rapide de connaissances et peut vraiment réduire la souffrance et sauver des vies.
Je vous remercie de votre attention.
Je suis ravi de me retrouver à nouveau devant le comité, cette fois pour vous parler de la façon dont les travaux de recherche à Anciens Combattants Canada sont principalement menés en partenariat avec divers ministères et organisations, afin d'approfondir notre compréhension collective de la santé et du bien-être des anciens combattants.
J'aimerais souligner la présence de mes collègues chercheurs, qui représentent certains de nos partenaires, qui sont venus participer à la discussion d’aujourd’hui.
Je dirige la section de la recherche d'ACC. Nous faisons de la recherche appliquée, ce qui veut dire que nos travaux soutiennent directement les priorités d'ACC et les font progresser. Même si nos capacités sont modestes, nous avons de solides antécédents en ce qui concerne la réalisation et l'analyse de recherches portant sur la santé des militaires et des anciens combattants, et nous avons produit bon nombre de rapports de recherche, d'examens et de publications. Nous fournissons également un soutien technique et administratif au Comité consultatif scientifique sur la santé des anciens combattants du ministère des Anciens Combattants.
Notre équipe de recherche comprend un gérontologue, un épidémiologiste, un économiste de la santé, un conseiller médical et des spécialistes de la statistique. Notre travail contribue à l'élaboration de politiques, de programmes et de services qui répondent aux besoins des anciens combattants et de leur famille. Nos efforts sont également importants pour la clarification et la compréhension des nouveaux enjeux liés à la santé et au bien-être physique et mental pouvant avoir une incidence tout au long de la vie des anciens combattants.
Notre travail comporte deux fonctions clés. Premièrement, nous acquérons de nouvelles connaissances grâce à des études de recherche rattachées aux priorités d'ACC. Ces dernières années, l'une des priorités en matière de recherche a porté sur la compréhension de la transition du service militaire à la vie civile. Par exemple, le programme de recherche « Études sur la vie après le service », dont je vous ai parlé en février, répond à cette priorité. Ce travail est essentiel pour comprendre la santé, le bien-être et l'invalidité de la nouvelle génération d'anciens combattants, ce qui procurera des faits probants qui nous permettront de progresser.
Nous avons aussi fait la synthèse des connaissances existantes, ce qui signifie que nous interprétons et que nous surveillons les observations scientifiques sur les militaires et les anciens combattants, de même que les opinions d'expert. Ce travail contribue à façonner les pratiques exemplaires dans le domaine de l'indemnisation en cas d'invalidité et des soins aux anciens combattants et à leur famille.
Permettez-moi de souligner qu'il s'agit d'un domaine spécialisé. Les nombreux problèmes de la santé que connaissent le personnel militaire, les anciens combattants et leur famille sont aussi vécus par les civils, mais il existe des différences se rapportant au contexte unique du service militaire. Par exemple, on retrouve rarement chez les civils la nature militaire des traumatismes physiques et psychologiques attribuables au service. Pensons au stress mental extrême que créent les combats ou des lésions par souffle. Ce sont des situations que l'on voit rarement dans la vie civile, mais qui surviennent couramment dans des opérations militaires ou sur les champs de bataille. La transition à effectuer du service militaire à la vie civile est également propre aux anciens militaires.
Les partenariats sont essentiels parce qu'ils nous permettent de nous acquitter de ce travail de manière plus efficace que si nous tentions de le faire par nous-mêmes. Grâce aux partenariats, nous pouvons coordonner les priorités de recherche de manière à travailler en vue d'objectifs communs ou complémentaires et éviter les chevauchements. Ils nous donnent aussi la possibilité de réunir les meilleurs experts, comme M. Sareen. Travailler en équipe nous permet d'apprendre ensemble et d'utiliser les ressources à bon escient, de maximiser l'efficacité et obtenir de meilleurs résultats. Parmi nos principaux partenaires de recherche, on compte le ministère de la Défense nationale, les Forces canadiennes et les Instituts de recherche en santé du Canada. Statistique Canada et l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants sont également des partenaires clés.
Dans le domaine de la recherche, nous collaborons étroitement avec le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes. Ce lien est naturel, car de nos jours, la santé d'un vétéran est déterminée par ses expériences de vie, dont le service fait évidemment partie. Par conséquent, en ce qui a trait à une vaste gamme d'enjeux liés à la santé, la recherche fait partie intégrante de nos relations de travail étroites. Ces dernières années, un des domaines d'intérêt mutuel sur lequel nous collaborons est la compréhension de la transition du service militaire à la vie civile et la question de savoir comment les militaires libérés s'adaptent à leur nouvelle vie après leur service militaire.
Grâce à une étroite collaboration avec le groupe de Susan Truscott et Statistique Canada, nous avons mené à bien deux études qui nous renseignent sur le travail d'ACC en matière de soutien à la transition de la vie militaire à la vie civile. L'une porte sur le revenu et l'autre, sur la santé et le bien-être. Ces études portaient sur tous les anciens membres de la force régulière qui ont été libérés au cours des 10 dernières années.
Nous avons aussi participé à une troisième étude, qui portait sur le cancer et la mortalité au sein des Forces canadiennes et qui était dirigée par les Services de santé des Forces canadiennes, le groupe du colonel Bernier. L'étude sur la mortalité, dans laquelle on comparait le taux de décès du personnel en service ou libéré à celui de l'ensemble de la population canadienne, a été publiée en 2011. L'étude sur le cancer est toujours en cours. Nous procédons actuellement à l'analyse exhaustive des données que nous avons recueillies et qui portent sur des questions comme la santé mentale, le revenu, le suicide et l'accès aux programmes d'ACC.
Statistique Canada est également un partenaire important en raison de son expertise technique. L'organisme tient des registres nationaux protégés de données sur des choses comme le cancer, les causes de décès et le revenu, des données qui sont essentielles pour ce genre de travail.
En ce qui a trait aux Instituts de recherche en santé du Canada, les chercheurs d'ACC tiennent un registre de leur participation à divers projets. L'un de ces projets, que nous avons dirigés, portait sur les défis que doivent relever les anciens combattants qui souffrent de troubles de santé mentale lorsqu'ils réintègrent le marché du travail.
En octobre dernier, le ministère des Anciens Combattants, les Forces canadiennes, le ministère de la Défense nationale et l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans ont rencontré le président des IRSC et leur conseil scientifique afin d'explorer les possibilités de renforcer leur collaboration par l'intermédiaire des programmes de recherche des IRSC. Depuis, les chercheurs d'ACC ont participé à un atelier, sur invitation, sur les traumatismes cérébraux, qui mènera à l'élaboration d'un réseau national sur les traumatismes cérébraux, dont ACC fera partie. Nous sommes également en pourparlers pour prendre part à d'autres projets, ayant pour but notamment l'adoption éventuelle de pratiques exemplaires sur les soins en santé mentale.
Ce travail a une portée internationale. De fait, la recherche sur la santé des anciens combattants est menée en grande partie par nos alliés dans d'autres pays, en particulier les États-Unis, mais également par l'Australie et le Royaume-Uni. Nous procédons donc à un vaste échange de renseignements avec ces pays. Par exemple, je préside un sous-comité international de recherche du Forum international des cadres supérieurs. Ce forum, qui réunit des cadres supérieurs des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, a lieu chaque année pour permettre de discuter de questions et d'initiatives communes. La recherche était le thème du forum de 2011, qui s'est déroulé à Ottawa. Tout au long du forum, et du sommet ministériel qui l'a précédé, les discussions ont surtout porté sur l'aide à la transition de la vie militaire vers la vie civile.
Avant de passer à la conclusion, j'aimerais parler d'un autre partenariat important, à savoir celui établi avec l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. Cette organisation, qui représente un réseau d'environ 21 universités dans l'ensemble du Canada, renforce avec succès l'engagement de la communauté universitaire canadienne dans le domaine de la santé des anciens combattants. Nous jouons un rôle actif en fournissant un soutien non financier à cette organisation et en participant à la structure de gouvernance de son conseil consultatif, de son comité sur l'orientation scientifique, ainsi que d'autres comités. De plus, nous contribuons largement au forum annuel dont M. Sareen vient de parler, grâce à la planification, au parrainage et à la participation. D'ailleurs, notre ministre, l', a fait un discours d'ouverture au forum de l'an dernier.
Depuis de nombreuses années, nous travaillons beaucoup avec des chercheurs universitaires de partout au pays. Et récemment, l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans nous a aidés en facilitant les relations avec les universités. Comme M. Sareen l'a dit, nous travaillons avec ce groupe sur trois études, dont une sur les idées suicidaires et une autre sur l'incidence du faible revenu sur la santé mentale. Ces travaux contribueront à documenter les activités du ministère en ce qui a trait à la prévention du suicide.
Nous avons aussi un partenariat avec l'Université Queen's pour deux études se rapportant à la douleur chronique et au bien-être, car il s'agit là d'un problème répandu chez les anciens combattants.
Enfin, nous collaborons avec l'Université de Sherbrooke à la mise au point d'un outil que nous avons conçu pour déterminer et réduire les obstacles à la réintégration en milieu de travail des anciens combattants dans le cadre de notre programme de réadaptation.
L'énergie et l'intérêt suscités chez les chercheurs canadiens ne cessent de croître. Nous attendons avec impatience le troisième Forum de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, dont l'institut sera l'hôte cet automne. Le forum met en valeur la portée croissante de la recherche actuelle au Canada à l'appui des besoins des anciens combattants et de leurs familles.
Pour conclure, en dépit de la taille modeste de sa section de recherche, ou peut-être grâce à elle, ACC mise sur ses partenariats pour jouer un rôle de chef de file national de la recherche portant sur la santé des anciens combattants. Nous sommes fiers d'avoir joué un rôle important dans la hausse du nombre de partenariats importants dans ce domaine au cours des 10 dernières années. La collaboration dans ce champ de recherche permet de disposer de preuves solides pour formuler les programmes, les politiques et les services d'ACC, ce qui, en fin de compte, sert les intérêts des anciens combattants du Canada.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des anciens combattants. Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de la recherche que nous menons et de notre partenariat avec le ministère des Anciens combattants.
Je m'appelle Susan Truscott, et je suis directrice générale de la recherche et de l'analyse du personnel militaire. Je suis une scientifique spécialisée dans le domaine de la défense et, depuis 30 années, j'exécute et je gère des travaux de recherche sur le personnel militaire au ministère de la Défense nationale et aux Forces canadiennes. Je suis accompagnée aujourd'hui du colonel Jean-Robert Bernier, médecin-chef adjoint des services de santé des Forces canadiennes, et du colonel Gerry Blais, directeur de la gestion du soutien aux blessés.
J'aimerais vous parler brièvement de mon organisme, du genre de recherches qui s'y font et des raisons qui les motivent et vous expliquer pourquoi notre collaboration avec Anciens combattants Canada est avantageuse pour ce ministère et le MDN ainsi que pour les militaires en service, pour les anciens combattants et pour leur famille.
La Direction générale de la recherche et de l'analyse du personnel militaire, ou la DGRAPM, est une division du Commandement du personnel militaire qui relève du chef du personnel militaire et aussi un centre de recherche rattaché à Recherche et développement pour la défense Canada, ou RDDC, qui relève du sous-ministre adjoint de la science et de la technologie. La DGRAPM est composée de chercheurs civils et militaires qui détiennent un doctorat ou une maîtrise dans une gamme de disciplines, mais surtout dans le domaine des sciences sociales.
Notre mission consiste à influer sur la politique et le processus décisionnel relatifs au personnel des Forces canadiennes et du ministère de la Défense nationale en remplissant les rôles suivants: effectuer des recherches et des analyses stratégiques et opérationnelles en matière de personnel qui sont pertinentes et adaptées aux besoins; élaborer et utiliser des méthodes et des mesures novatrices comme des tests de sélection, des instruments d'enquête et des modèles d'effectifs; exploiter des technologies de pointe afin d'améliorer l'efficacité de la recherche; offrir des conseils d'experts objectifs et fondés sur des preuves à l'intention des dirigeants; établir les priorités de la recherche et coordonner celle-ci de façon à accomplir la mission des Forces canadiennes; faire intervenir les partenaires universitaires, industriels, gouvernementaux et alliés dans l'élaboration et l'application des recherches et des analyses sur le personnel.
Le système de gestion du personnel militaire des Forces canadiennes est un ensemble complexe de sous-systèmes reliés entre eux et interdépendants qui nécessitent constamment le contrôle, l'établissement de priorités et la transition. En raison de ces liens de dépendance mutuelle, quiconque prend des décisions stratégiques dans un domaine doit le faire en étant parfaitement conscient des effets que ces dernières pourraient avoir à court et à long terme dans d'autres volets du système.
Par conséquent, la recherche sur le personnel constitue un instrument fondamental des gestionnaires du personnel militaire et elle est essentielle à l'élaboration d'une politique et de plans stratégiques éclairés et axés sur les faits aux fins de la gestion du personnel. C'est donc là le rôle que la DGRAPM remplit auprès du chef du personnel militaire dans son rôle d'autorité fonctionnelle des Forces canadiennes en ce qui concerne la politique sur le personnel militaire.
Nous exécutons la plupart des travaux de recherche avec nos propres ressources internes, mais si c'est possible et approprié, nous faisons aussi appel à des entrepreneurs et nous collaborons avec d'autres organismes du gouvernement et de l'extérieur, afin de maximiser nos moyens de recherche. Un des organismes avec lesquels nous collaborons est Anciens combattants Canada. Cela est tout à fait logique en ce qui concerne non seulement la recherche se rapportant directement à la transition des membres des Forces canadiennes à la vie civile, mais aussi si l'on songe à la vie des anciens combattants, une fois cette transition opérée.
Comme vous le savez déjà, la direction générale et ACC ont collaboré ensemble pour réaliser les études sur la vie après le service militaire, ce qui a abouti à trois rapports portant sur la méthodologie, les résultats de l'étude sur le revenu et les résultats de l'enquête sur la transition à la vie civile. En outre, les chercheurs médicaux de l'organisme du colonel Bernier, soit la Direction générale des services de santé, ont mené l'étude du cancer et de la mortalité chez les membres des Forces canadiennes, en collaboration avec ACC.
Le MDN a lui aussi mené des recherches sur la transition. Une analyse récente de la littérature sur la transition à la vie civile a mis l'accent sur la santé mentale des personnes qui quittent les forces armées et sur les défis professionnels auxquels ils font ensuite face. Par suite de ces recherches, on a cerné un certain nombre de thèmes importants sur lesquels d'autres recherches pourraient être exécutées en collaboration avec ACC, et des travaux comportant des analyses secondaires des données tirées des études sur la vie après le service militaire ont déjà commencé.
Le ministère de la Défense nationale participe en outre à des projets dirigés par des chercheurs universitaires qui examinent les données issues des études sur la vie après le service militaire et qui se penchent sur la relation entre la douleur chronique et la diminution du bien-être, ainsi que sur l'effet de tous les problèmes coexistants de santé physique et mentale sur les anciens combattants.
Enfin, on a amorcé la planification en vue de mener une étude sur les réservistes qui emploiera la même méthodologie que l'enquête sur la transition à la vie civile auprès d'anciens membres de la force régulière. Tout comme dans le cas de cette enquête, notre ministère prend part aux discussions sur la méthodologie de recherche en fournissant des données administratives et des indications sur les politiques propres aux réservistes; il contribuera également à la rédaction et à l'examen des rapports. On s'attend à ce qu'il y ait des problèmes uniques aux réservistes; en menant l'étude séparément, on pourra donc cerner ces problèmes et se pencher là-dessus aux stades de l'enquête et de l'analyse.
Je m'attends sans réserve à ce que la collaboration entre le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada dans le cadre de ces recherches se poursuive pendant de nombreuses années et à ce que les deux ministères continuent à en tirer des avantages lorsqu'il s'agira de coordonner leurs efforts pour élaborer des politiques et des programmes axés sur les faits à l'intention des membres des Forces canadiennes et des anciens combattants, à tous les stades de leur vie.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler des partenariats de recherche en santé des Forces canadiennes.
[Traduction]
En tant que conseiller principal du ministère de la Défense nationale sur toutes les questions liées à la santé et fournisseur de services de santé aux Forces canadiennes, le médecin-chef doit disposer d'une capacité solide en matière de surveillance, d'analyse et de recherche en santé pour déceler des problèmes et améliorer les politiques, les programmes et les capacités cliniques connexes. En raison de la nature particulière du service militaire et de ses dangers opérationnels, professionnels et environnementaux, il faut mener une recherche appliquée qui, souvent, n'est pas, ou ne peut pas, être réalisée dans le domaine civil.
Par conséquent, la stratégie et le programme de recherche en santé du médecin-chef portent sur les besoins militaires et visent à atteindre une productivité et une efficacité maximales grâce à la collaboration avec d'autres organisations.
Nous disposons d'une capacité de recherche interne considérable qui est assurée par nos cliniciens scientifiques, aussi bien dans les cliniques des Forces canadiennes que dans les centres médicaux universitaires, et par le personnel scientifique au quartier général national et au Centre de médecine environnementale des Forces canadiennes. Chaque année, ils publient des dizaines d'études, de thèses et de rapports techniques jugés par les pairs et ils ont une réputation mondiale comme chefs de file dans des domaines clés de la recherche en santé militaire, par exemple, dans la gestion des traumatismes, les soins critiques et la santé mentale.
[Français]
R & D pour la défense Canada est notre partenaire le plus important, et nous menons en ce moment plus de 40 projets communs. Cela nous permet de réaliser des recherches essentielles, uniques au Canada, dans plusieurs domaines d'importance militaire, notamment la défense contre les agents chimiques et biologiques, les lésions par souffle et certains éléments de la santé mentale. Nous collaborons également avec d'autres éléments du ministère de la Défense nationale du Canada, plusieurs ministères et agences gouvernementales, comme le ministère des Anciens Combattants, le secteur privé et des universités.
[Traduction]
Nous renforçons notre collaboration avec les universités depuis la fondation de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, qui a été établi en réponse à une proposition que le médecin-chef a formulée en 2009. Ce réseau de 22 universités constitue un complément de la recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants, car il permet de coordonner nos travaux de recherche pertinents et il a déjà organisé deux colloques de recherche afin de maximiser la transmission de résultats dans tout le pays.
Nous travaillons également en collaboration bilatérale et multilatérale avec les autorités en matière de recherche en santé militaire des pays alliés, y compris plusieurs organisations de recherche en santé de l'OTAN. En rassemblant nos ressources afin de faire de la recherche qui sert nos intérêts communs, nous obtenons souvent des résultats à un coût relativement faible ou qui affichent un rendement du capital investi extrêmement élevé.
En améliorant l'efficacité de la recherche et de la collaboration avec nos partenaires, nous cherchons à augmenter le plus possible le nombre de projets de recherche sur la santé qui permettent de protéger la vie et la santé des membres des Forces canadiennes.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
:
C'est une excellente question. Je suis un des codirigeants du site de Winnipeg dans le cadre du projet d’aide aux sans-abri de la Commission de la santé mentale. Comme vous le savez, la Commission de la santé mentale du Canada mène l'initiative Chez Soi dans cinq villes, et les anciens combattants représentent une portion petite, mais non moins importante de la population visée.
Oui, je pense que la maladie mentale peut influer sur le revenu personnel et le revenu du ménage et entraîner ce qu'on appelle une « dérive sociale ». De plus, aux États-Unis, les gens ayant des difficultés financières ont du mal à s'en sortir par les temps qui courent. Partout dans le monde, le revenu des ménages et les finances sont mis à rude épreuve. Les études que nous avons effectuées sur cette question révèlent qu'une telle situation présente un risque indépendant pour les problèmes de santé mentale, y compris le suicide.
Comme vous l'avez dit, il y a un lien solide entre l'itinérance, le stress financier et la santé mentale, et il s'agit d'une relation bidirectionnelle. Quand on est déprimé et qu'on ne peut pas travailler, on est alors invalide, ce qui peut mener à des problèmes financiers. Par ailleurs, si on subit des changements financiers ou une perte d'emploi, peu importe si on est dans l'armée ou en pleine transition de la vie militaire à la vie civile, il s'agit d'une question très importante.
Sans trop vouloir m'attarder sur les détails de l'étude sur l'itinérance, je dirais qu'une des principales questions abordées est l'idée d'accorder la priorité au logement. Au lieu de traiter la maladie mentale, puis d'aider la personne à trouver un logement, on doit plutôt essayer d'adopter l'approche de la priorité au logement. C'est, selon moi, ce qui s'impose.
On nous a invités à Winnipeg à cause de notre travail sur les Autochtones et la santé mentale. Je pense que vous entendrez parler d'exemples encourageants dans le cadre de cette étude.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux que trois des quatre exposés aient fait allusion à l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. Je suis très heureux que les cinq minutes du Parti libéral soient utilisées pour discuter de la manière dont le gouvernement du Canada peut en faire davantage pour assurer la continuité et le succès de cet organisme.
Le médecin-chef adjoint dit:
En raison de la nature particulière du service militaire et de ses dangers opérationnels, professionnels et environnementaux, il faut mener une recherche appliquée qui, souvent, n'est pas, ou ne peut pas, être réalisée dans le domaine civil.
Je suis tout à fait d’accord avec cela. Voilà pourquoi il faut mieux soutenir l’ICRSMV.
Monsieur Pedlar, vous avez très soigneusement choisi vos mots — et je peux comprendre pourquoi — lorsque vous avez dit qu’ACC fournissait « un soutien non financier » à l’ICRSMV. Vous avez également affirmé que vous contribuez largement au Forum annuel de recherche sur la santé des militaires et des vétérans canadiens. Nous entendons de telles paroles provenant d’ACC concernant bon nombre de partenariats dans lesquels le ministère n’investit pas réellement d’argent. Le programme Du régiment aux bâtiments me vient à l’esprit.
Monsieur Sareen, vous avez dit que l’ICRSMV vous aide dans vos travaux.
Je suis désolé de ce long préambule, mais j’aimerais entendre vos commentaires au sujet...
J’ai une dernière chose à dire avant de vous laisser la parole. Comme plusieurs d’entre vous le savent, je sais que des représentants de l’ICRSMV ont prononcé un plaidoyer très convaincant devant le Comité des finances de la Chambre des communes dans le cadre des propositions prébudgétaires. Ils cherchaient à obtenir du financement — des fonds réels et suffisants — pour leur permettre de réaliser leurs travaux. Ils ne l’ont pas obtenu.
J’aimerais que vous nous disiez ce que le gouvernement du Canada pourrait et devrait faire. De plus, à quels résultats pourrions-nous nous attendre si le gouvernement faisait ce qu’il doit faire au sujet de l’ICRSMV?
Merci.
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Je vais en aborder les origines. Pendant de nombreuses années, nous avions des chercheurs universitaires et des chercheurs associés des forces armées qui voulaient vraiment obtenir des données pour les aider à réaliser des travaux pour leur propre compte ou celui de leur faculté sur les militaires ou les domaines relatifs à la santé des militaires. Les Forces canadiennes, Recherche et développement pour la défense Canada et Anciens Combattants Canada, je crois, finançaient de manière indépendante les travaux de chercheurs universitaires ou de facultés au sujet de questions très précises.
Il faut suivre tout un processus pour les contrats et les soumissions.
Le médecin-chef a eu l’idée il y a quelques années de mettre sur pied un point d’accès central, un processus commun pour toutes les universités. Les intervenants n’auraient plus qu’à se rendre à ce point central pour trouver les éléments pertinents et intéressants concernant les problèmes de santé des militaires et des anciens combattants.
L’ICRSMV ne possède pas de capacité de recherche. Il s’agit d’un véhicule administratif ou d'un institut qui vise à améliorer et gérer l’ensemble des initiatives des intervenants du milieu universitaire qui veulent apporter leur soutien. L’argent provenant du ministère de la Défense ou d’Anciens Combattants Canada qui est accordé serait géré par l’ICRSMV; c’est l’institut qui déterminerait le mécanisme ou le groupe de chercheurs universitaires. Dans la plupart des cas, nos besoins en matière de recherche sont tellement grands qu’aucune université au Canada ne pourrait y répondre seule.
Pour répondre à nos besoins en matière de recherche, il faut souvent faire appel à de nombreux chercheurs d’une même université ou de diverses universités. Dans de tels cas, nous nommons souvent un chercheur associé des forces armées, de Recherche et développement pour la défense Canada ou d’Anciens Combattants Canada; ce chercheur explique aux autres la réalité et le contexte, soit deux éléments très importants pour faire en sorte que les recherches sur la santé réalisées par des chercheurs universitaires du milieu civil soient vraiment applicables aux forces armées.
Il y a actuellement de l’argent provenant du ministère de la Défense et d’Anciens Combattants Canada. Nous avons des questions de recherche précises que nous voulons aborder et nous avons demandé à l’ICRSMV de voir s’il y a de l’intérêt du côté des universités à ce sujet. Nous élaborons également une vaste offre permanente en vue d’éviter d’avoir à utiliser un processus bureaucratique très long et très fastidieux pour recevoir des soumissions pour les recherches. Nous espérons avoir une offre permanente avec l’ICRSMV qui servira de tremplin pour mettre en place une initiative concertée regroupant les meilleurs chercheurs du milieu universitaire qui possèdent les capacités et les connaissances en la matière.
J’aimerais seulement mentionner que les Australiens ont également un institut sur la santé des militaires et des vétérans, mais il leur a fallu 15 ans pour mettre le tout en branle. L’ICRSMV n’existe que depuis deux ans, et nous avons déjà remis le premier prix de recherche en santé militaire. C’est une première. Le médecin-chef a créé ce prix grâce à un parrainage privé. M. Sareen en a été le premier récipiendaire en reconnaissance de la grande qualité de la recherche qu’il a présentée lors du deuxième Forum de recherche sur la santé des militaires et des vétérans canadiens.
Les choses progressent. La structure des comités s’améliore progressivement. Cela nous permettra d’être plus efficaces et de mettre en place un processus juste dans lequel les intérêts, les compétences et les capacités de toutes les universités pourront être représentés. Il y aura un élément central qui se chargera de la distribution de l’argent du gouvernement fédéral.
Il faudra du temps pour que tout fonctionne rondement, mais il y a eu d’importants progrès. Bref, à un très faible coût pour les contribuables canadiens, nous avons mis en place un système beaucoup plus efficace et productif en vue d’aborder les questions de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.
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Oui, monsieur. C'est une nouvelle mentalité qui est maintenant bien ancrée dans les forces armées, et c'est devenu contre la culture de ne pas donner son soutien à ceux qui en ont besoin. Et c'est grâce à tous les efforts de sensibilisation déployés auprès des dirigeants, des pairs, des subordonnés, des membres eux-mêmes et de leur famille, pour les aider à reconnaître les signes et les symptômes et savoir comment obtenir des soins. De plus, nous avons environ cinq mesures objectives qui démontrent que...
L'une d'elles est une étude que nous avons effectuée il y a deux ou trois ans auprès des membres des Forces canadiennes, et qui nous a permis de constater que seuls 7 p. 100 environ des répondants auraient une opinion négative d'un autre soldat aux prises avec un problème de santé mentale ou qui en présente des symptômes. C'est très peu, surtout si on compare ces résultats à ceux obtenus auprès de la population civile.
La Royal Society of Medicine du Royaume-Uni a publié une étude comparant l'ampleur des préjugés dans cinq grands pays alliés anglo-saxons — la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni —, et a conclu que c'est au sein des Forces canadiennes que le moins d'idées préconçues sont véhiculées.
Tous les membres sont soumis à un dépistage postdéploiement, un processus amélioré qui est en fait une évaluation détaillée et approfondie permettant de détecter les problèmes de santé mentale et physique. On procède au dépistage de trois à six mois suivant un déploiement d'environ deux mois. Au moment où a été réalisé le Supplément de l'Enquête de 2002 sur la santé dans les collectivités pour les Forces canadiennes, on constatait qu'il fallait en moyenne cinq ans et demi pour qu'un membre réclame des soins en santé mentale.
Depuis quelques années, en fait depuis la mise en place du processus amélioré de dépistage postdéploiement, on remarque que plus de la moitié des membres reçoivent déjà des soins de trois à six mois après leur retour d'un déploiement.
Finalement, un chercheur américain de renom et d'une grande crédibilité a comparé des données américaines à des données canadiennes, et a conclu que le niveau de préjugés relevé dans les Forces canadiennes se situait à un tiers du niveau enregistré dans la population militaire américaine.
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Mme Truscott pourra également répondre à certaines de ces questions, puisqu'elle participe au programme de coopération technique entre l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.
Je préside le comité de recherche en médecine et santé de l'OTAN, qui compte plusieurs groupes de travail sur la recherche. Voici comment ça fonctionne. Des pays doivent avoir un intérêt commun et s'entendre sur le sujet de recherche qui leur convient, celui qui permet de traiter d'un problème commun. Ensuite, chacun fournit toutes les données qu'il possède sur le sujet, des données provenant principalement de l'analyse documentaire, mais aussi de ses propres recherches menées, habituellement, sur du personnel militaire.
Par exemple, un de nos chercheurs préside un groupe de travail sur les suicides au sein du personnel militaire. Quinze autres pays participent à ce groupe de travail.
Les résultats, soit les pratiques exemplaires, sont ensuite publiés. Chaque pays applique les pratiques qui conviennent le mieux à sa réalité et aux facteurs sociaux et organisationnels de sa force militaire.
Le financement de ces projets est aussi partagé. Les efforts multinationaux et bilatéraux sont très variés, notamment en ce qui concerne les États-Unis. Parfois, le Canada investit peu d'argent et d'efforts dans un projet de recherche, alors que les États-Unis y contribuent 50 fois plus.
Je ne parle pas particulièrement de la santé mentale. Par exemple, nous travaillons à l'élaboration de vaccins dans le cadre de la défense biologique — des vaccins contre les armes biologiques — et d'autres mesures de prévention médicales. Pour un de ces vaccins, le Canada assume 2 p. 100 des coûts et le Royaume-Uni une autre petite partie. Le reste, ce sont les États-Unis qui s'en chargent. Donc, dans de nombreux cas, pour une très petite participation, parfois simplement le financement de l'analyse, on obtient un rendement du capital investi extrêmement élevé.
Mais, ces recherches sont toujours alignées sur un intérêt et un sujet communs à tous les participants. Il faut que ce soit ainsi, notamment avec nos meilleurs alliés, car nous participons aux mêmes missions. Nous déployons rarement nos forces sans le soutien de nos alliés. Donc, les membres de l'OTAN travaillent à l'interopérabilité de leurs forces et à la normalisation de leurs pratiques et programmes sur le plan de la santé et sur tout autre plan ayant un impact sur les opérations militaires.